Citation de la Scientologie
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Le Parisien, 1er août 2000 par François Vignolle[Texte intégral]Enquête
France : Anthroposophie
Un rapport inquiétant sur les écoles Steiner
Enfants non vaccinés, absence de normes de sécurité, pédagogie incohérente : un rapport commandé par le ministère de l'Education nationale s'étonne du fonctionnement des écoles Steiner.
Ces établissements scolaires s'inspirent de la Société anthroposophique fondée par le théoricien controversé Rudolf Steiner (1861-1925) : ils proposent aux élèves d'appréhender le " monde physique " mais aussi le " monde spirituel et divin ". Cette association figure dans deux rapports parlementaires belge et français sur les sectes.
Un contrôle inopinéPour la première fois, quatorze écoles privées Steiner, regroupant un peu plus de 3 000 enfants de la maternelle au secondaire, ont été inspectées par des fonctionnaires de l'Education nationale. Ce contrôle inopiné, effectué en décembre, présente une série d'observations surprenantes.
Les émissaires de l'Education nationale qui se sont présentés à l'Ecole Monteils (Gard) notent : " Les activités organisées ne laissent aucune place pour l'esprit critique, ni pour l'éducation physique et sportive, ni pour la biologie. " Même constat à l'école de Sorgues (Vaucluse). " Dans ses trois classes, aucun apprentissage structuré. Une maîtresse dit procéder par imprégnation. "
Les inspecteurs relèvent ainsi que les programmes d'enseignement sont fondés sur des thèmes mythiques et mystiques qui ne laissent aucune initiative aux élèves. " Les jeunes sont transformés en de simples exécutants gentils mais béats. On ne leur demande surtout pas de discuter ", constate un fonctionnaire à Saint-Julien-du-Sault (Yonne). Dans l'établissement de Strasbourg, l'eurythmie (recherche de l'équilibre et de l'harmonie), spécificité de la pédagogie Steiner, suscite le malaise des inspecteurs. " Ceux-ci (les enfants) ont évolué en musique (vieille dame au piano), revêtus de tuniques uniformes et de la même couleur. Ils ont essentiellement imité le professeur en représentant (...) un alphabet gestuel. On peut se demander si l'on ne cherche pas à gommer la personnalité des individus à travers l'uniformité du geste et du vêtement. Il s'agit sans doute de la séance la plus étrange qui nous a été donnée à voir. "
Des conditions sanitaires insuffisantes
Après la pédagogie, le rapport de l'Education nationale s'inquiète du nombre important de certificats de vaccinations non conformes. Ainsi, à l'école Steiner de Campagne-sur-Arize (Ariège), 42 enfants sur 68 ne sont pas vaccinés.Les contrôles sanitaires effectués ne sont pas plus brillants. Cuisine à gaz dans une salle de classe, sanitaires inachevés... : seules trois écoles Steiner observent les normes de sécurité en vigueur.
Les inspecteurs n'ont cependant fait état d'aucune brimade sur des élèves comme l'affirmait un rapport des renseignements généraux (RG) de 1998 sur les enfants dans les sectes. " Les enfants faisant preuve d'inadaptation à la pédagogie Steiner sont en situation de danger psychique et physique", écrivaient les RG. Devant être " cassés " pour éviter qu'ils ne " mangent les autres ", ils sont régulièrement soumis à des sévices (isolement, soins médicaux forcés). " La Société anthroposophique, injoignable, a récemment indiqué que ses institutions ne portent pas en elle de caractère de secte. Elle ajoute qu'elle ne figurait pas dans le rapport parlementaire sur les sectes publié en 1997, même si elle l'est sur le dernier document portant sur l'argent des mouvements sectaires. Prudent, le ministère de l'Education nationale admet que les écoles Steiner ont interprété très librement les méthodes éducatives anthroposophistes, mais " qu'elles ne semblent pas relever d'une organisation sectaire ". Pour l'instant, les autorités demandent surtout aux établissements de se mettre en conformité avec les règlements de sécurité.
Bulles , n°66, 2ème trimestre 2000
Allemagne : Scientologie
Bête noire : la France n'est pas la seule pour la Scientologie
[Texte intégral]Où le gouvernement américain intervient
Hambourg, le 25 octobre 1999 : lors de la pompeuse clôture d'un "Marathon européen pour les droits de l'homme", la Scientologie présente ses nouveaux locaux, en plein centre de la ville hanséatique, Domstrasse, à 100 mètres de l'Hôtel de Ville : immeuble de 5 étages, 3 000 m2 utilisables.L'opération avait été tenue secrète jusqu'à ce que David Miscavage, chef suprême de l'organisation, l'eut annoncée triomphalement lors de la réunion annuelle de l'IAS tenue les 22-24 octobre à St Hill Manor (Angleterre). Le propriétaire est Waterfront SARL, au capital de 5,75 millions de DM (environ 19 millions de Fr), elle-même émanation d'une société américaine d'investissements sise à Washington, DC. Celle-ci avait chargé l'un de ses directeurs, Robert Drew Roseman, de créer en Allemagne une société pour l'acquisition de biens immobiliers. Ce qui fut fait en septembre 98. Unique associé : la firme de Washington. PDG : Robert Roseman.
Au printemps 99, Waterfront achète à Hambourg l'immeuble en question pour près de 20 millions de DM (67 millions de Frs) et y établit son siège. Le locataire fut vite trouvé : la Scientologie hambourgeoise avait dû quitter son siège en raison d'affaires peu claires : loyers impayés disent les uns, fuites d'eau, pannes de chauffage, disent les scientologues. Ils affirment que le contentieux a été réglé légalement. Le 27 novembre 1999 la Scientologie emménage, après transformations et installations luxueuses.
Qui a financé, en réalité, l'acquisition de l'immeuble ? "Nous avons de bonnes relations" avec le propriétaire, dit le porte-parole scientologue. À la Sûreté de Hambourg, on est persuadé que l'argent est venu, en tout ou en partie, de la centrale scientologue américaine, ce qui ne serait pas illégal. Alors pourquoi le camoufler ?
Les travaux de transformation ont été effectués sans permis. Le services d'urbanisme de Hambourg, avertis, ont envoyé un fonctionnaire se rendre sur place, et assigner un délai pour la présentation de la demande avec les documents requis.
Réaction : 48 heures plus tard, un fonctionnaire du Consulat général des États Unis à Hambourg se présente au Département de l'Intérieur du Sénat (gouvernement) de la Ville-État et demande des explications à la déléguée pour la Scientologie. C'est le Département d'État (ministère des Affaires étrangères américain) qui a donné ordre de s'occuper de l'affaire.Étonnement : la Scientologie de Hambourg est une association allemande, déclarée à Hambourg (sans but lucratif bien sûr). En quoi cela regarde-t-il les autorités américaines ? Réponse : "Nous avons l'obligation de nous préoccuper des problèmes des citoyens américains". Mais la présidente de l'association scientologue est allemande. C'est d'ailleurs elle qui est allée se plaindre au consulat.
Le Sénat de Hambourg a adressé un courrier au Consulat américain pour lui préciser la législation allemande en la matière. le Département d'État comprend-il mieux l'allemand que le français ? (Morgenpost, 28.10.99 - Focus n° 52, 1999)
Bulles , n°66, 2ème trimestre 2000
Allemagne : Scientologie
Les scientologues déboutés par le tribunal administratif de Hambourg
[Texte intégral]Objet du litige : depuis plusieurs années, le bureau "scientologie" du Département de l'Intérieur de la Ville-État de Hambourg a mis au point un formulaire que des entreprises peuvent utiliser pour s'assurer que leurs partenaires commerciaux n'utilisent pas les méthodes inventées par Lafayette Ron Hubbard (prophète de la Scientologie). Il s'agit d'éviter, dans la mesure du possible, l'infiltration d'entreprises par la Scientologie, en particulier par le biais de "séminaires de formation".
Deux scientologues se plaignaient d'avoir été lésées dans leurs affaires, et voulaient faire interdire la diffusion de ces questionnaires. La Scientologie s'était jointe aux plaignants.
Le 7 avril 2000, le tribunal a débouté tout le monde. La Scientologie, comme association, n'est pas concernée ; ses buts déclarés sont purement spirituels. Quant aux plaignantes : tout chef d'entreprise est libre de s'informer sur les méthodes et pratiques de ses partenaires. Le bureau "scientologie" de la Ville-État de Hambourg n'a fait que fournir informations et conseils, selon sa mission. Les chefs d'entreprise en font ce qu'ils veulent. Il n'est pas question de discrimination religieuse.
La Scientologie a fait appel et se dit décidée à aller jusqu'aux tribunaux européens.(Die Welt, 7-8.04.2000)
Regards sur, Eté 2000 par Jean-Pierre Bousquet - Directeur des publications du CCMM.
France : Sectes
Editorial : Proposition de loi du 22 juin 2000
[Texte intégral]Il est des endroits de la route, virages ou carrefours qui se révèlent à l'usage plus dangereux que d'autres. D'autant que s'y conjugue, parfois, le sans- gêne et l'imprudence de certains conducteurs.
Nul ne s'offusque que l'on se décide un jour à diminuer le risque par tous moyens techniques appropriés. Bien au contraire, chacun s'interroge : combien aura-t-il fallu d'accidents avant que l'autorité prenne la décision d'agir ? Il apparaît tout aussi naturel que le conducteur responsable d'une faute caractérisée enfreignant le code de la route soit sanctionné par un retrait de permis.
La loi de 1901 sur le contrat d'association ouvrait un large chemin de liberté parcouru paisiblement par une grande foule depuis un siècle. Mais force était de r'connaître que, parmi les honnêtes citoyens respectueux des règles et dispositions de la loi, s'étaient glissés des conducteurs importuns. Il s'agissait, bien sûr, de ces organismes à caractère sectaire qui ont fait l'objet de plusieurs rapports parlementaires ou interministériels et à propos desquels nos associations tentaient, depuis longtemps, d'alerter les pouvoirs publics.
Combien de temps et combien de victimes allait-il falloir pour que l'on se décide à agir ?
Et voici que le 22 juin 2000, une proposition de loi "destinée à renforcer la protection des personnes abusées ou des familles déchirées par l'action des organismes à caractère sectaire" a été soumise à l'Assemblée nationale. Au cours du débat précédant le vote de nombreux orateurs, représentant toutes les familles politiques, ont exprimé leur conviction que l'ampleur et la force du phénomène sectaire ne permettait plus de tergiverser. Il fallait "appeler un chat un chat", et il est vrai que c'est la première fois que le mot "sectaire" apparaît clairement dans un texte de loi. Alors, diront certains : n'est-ce pas là la mise en place d'une législation anti-secte dont on prétendait ne pas vouloir ?
Mais seules les associations qui refusent à leurs adhérents la liberté dont elles-mêmes se réclament avec parfois tant de véhémence pourront redouter les rigueurs de la nouvelle loi.
D'autres estimeront que les outils juridiques existant suffisaient et que cette loi était donc inutile. Mais alors pourquoi la craindre ? A moins, bien sûr, de se reconnaître dans les actes dangereux qu'elle veut réprimer afin de mieux protéger l'exercice normal des libertés.
La loi votée à l'unanimité par l'Assemblée nationale va maintenant entamer sa navette parlementaire pendant laquelle elle sera, sans nul doute scrutée avec attention par tous ceux que préoccupent les Droits de l'Homme et, certainement, encore améliorée dans sa forme.
Mais le vieil argument selon lequel il n'était pas possible de définir ce qu'est une secte et qui a alimenté tant de polémiques extérieures aux familles vivant une extrême détresse à cause du fait sectaire, ce vieil argument risque fort de perdre beaucoup de sa validité.
Et il faudra toujours plus de mauvaise foi pour justifier la prospérité des "organismes à caractère sectaire".
Regards sur, Eté 2000
France : Sectes
Communiqué de Raymond Forni, président de l'Assemblée nationale
[Texte intégral]
Le communiqué qui va suivre fait suite à l'assignation dont les membres, au nombre de quinze députés, en 1998-99, de la Commission d'enquête parlementaire sur les sectes viennent de faire l'objet, assignation déposée au Tribunal de Grande Instance de Paris par la société Stratégique dont le gérant est Christian Cotten.
L'association Stratégique ayant des activités dites de formation a été citée dans le rapport parlementaire "Les sectes et l'argent" de juin 1999 en page 141 comme liée à la scientologie ; à ce titre celle-ci estime avoir subi un préjudice grave et réclame 4,5 millions de francs de dommages et intérêts.Voici le communiqué tel que l'a prononcé M.Forni
"L'Assemblée nationale, a adopté à l'unanimité le IS décembre 1998 une proposition de résolution créant une commission d'enquête chargée d'étudier le phénomène des sectes qui, je le souligne, se caractérise souvent par des pratiques dangereuses et condamnables.
Les travaux de cette commission d'enquête ont donné lieu à un rapport en date du 10 juin 1999. Les quinze députés membres de cette commission d'enquête font l'objet d'une assignation devant le Tribunal de Grande Instance de Paris à l'initiative des gérants d'une société citée dans le rapport parlementaire de cette commission.
En qualité de président de l'Assemblée nationale, je tiens d'abord à exprimer ma totale solidarité à l'égard des parlementaires mis en cause. Je me dois de rappeler que l'article 26 de la Constitution protège les membres des assemblées de toutes poursuites "à l'occasion des opinions et des votes émis par eux dans l'exercice de leurs fonctions". Il est évident pour moi que les travaux accomplis par cette commission d'enquête relèvent de cette disposition. Aussi, la procédure engagée contre mes collègues ne peut se rattacher qu'à une manouvre d'intimidation, d'autant plus contestable qu'elle porte atteinte à la liberté d'expression des parlementaires, principe de la Démocratie ".Regards sur, Eté 2000
France : Sectes
Tolérance ou intolérance ?
[Texte intégral]
Quelle "phobie" peut bien éprouver la Fédération Protestante de France (F.P.F), sous l'influence de son nouveau président, Jean-Arnold de Clermont, à l'égard des personnes, des associations ou des pouvoirs publics qui prennent la défense des victimes des sectes, pour ouvrir, par cette citation, un important dossier sur les sectes, dans cinq numéros de l'hebdomadaire protestant d'information générale REFORME (N° 2865-2866-2868-2869) ?
Benoît Hervieu-Léger, l'auteur de ce dossier, commence son premier article par cette citation du pasteur de Clermont, qu'il trouve sévère, mais qui a, selon lui, "le mérite de pointer l'erreur fondamentale de vue qui affecte le combat anti-sectes des pouvoirs publics depuis ses débuts : celle d'avoir introduit comme critère répressif la vocation religieuse (réelle ou non) de groupes par ailleurs convaincus mais pas toujours ? de crimes ou de délit".
Comment peut-on comprendre et admettre une telle diffamation accusant les pouvoirs publics, et les "anti-sectes", de discrimination religieuse ? On croit rêver ou, mieux, lire "Ethique et Liberté".
On est d'autant plus surpris de cette position que la Fédération Protestante de France nous avait habitué à un autre discours en matière de secte. On se rappelle l'excellent dossier préparé par Claudine Castelneau, intitulé "Voyage au Pays des sectes", paru dans le n° 2464 de REFORME du samedi 4 juillet 1992. On avait retenu en particulier cette phrase
Tolérance ou intolérance
"La phobie des pouvoirs publics à l'égard des sectes va bien au-delà de la seule volonté de défendre les victimes des groupes sectaires. Elle traduit, plus largement, une suspicion à l'égard du religieux général"."Si le discours de la Fédération Protestante sur l'obligation de la tolérance a sûrement sa raison d'être en France, il dérape totalement aujourd'hui répéter que le christianisme "est une secte qui a réussi" ou que les Eglises protestantes françaises doivent être tolérantes parce qu'elles étaient considérées comme des sectes, il y a peu encore, n'intéresse plus personne et ce discours, utilisé par les groupes sectaires, désespère ceux qui attendent un encouragement positif et adapté, quand ils se battent sur le terrain sectaire".
L'amalgame est un peu gros. Avoir voulu, au nom de la sociologie des religions, ou de la théologie, baptiser les sectes de "nouveaux mouvements religieux" puis prendre leur défense en portant l'accusation d'atteinte à la liberté religieuse contre ceux qui se battent uniquement pour défendre les Droits de l'Homme bafoués et violés par les sectes, est simplement intolérable.
La tolérance devient intolérable quand elle tolère l'intolérable.
Regards sur, Eté 2000
France : Scientologie
Un dirigeant pas très au courant
[Texte intégral]
Deux anciens scientologues ayant quitté la secte depuis plusieurs mois continuaient à être relancés par l'intermédiaire de l'Association Spirituelle de l'Eglise de Scientologie d'Ile-de-France (A.S.E.S.I.F.). Des plaintes ont été déposées, avec constitution de partie civile.
Sur les instructions de M. Renaud Van Ruymbecke, magistrat instructeur, une perquisition a été effectuée dans les locaux de l'A.S.E.I.F., rue Jules César dans le 12° arrondissement à Paris.
Dans les sous-sols de l'immeuble, les policiers du SEFTI -une unité spécialisée dans la criminalité informatique - ont découvert, dissimulée dans le local électrique, une petite pièce verrouillée où se trouvaient un serveur informatique contenant les fichiers des adhérents de l'association et cinq ordinateurs ainsi que des documents en rapport avec le contenu de ces machines.
Les deux porte-parole de la scientologie, Danièle Gounord et Jean Dupuis ont tenté de minimiser l'affaire, expliquant que les machines saisies leur avaient été retournées très rapidement ensuite par la Justice, et qu'elles ne contenaient rien qui puisse les gêner.
Quant au président de l'A.S.E.S.I.R, M. Marc Walter, titulaire d'un doctorat en informatique appliquée, il a déclaré ne rien connaître au système informatique gérant les fichiers de l'A.S.E.S.I.R.
Regards sur, Eté 2000
France : Scientologie
Autres poursuites engagées
[Texte intégral]
Trois citoyens américains ont également porté plainte contre divers organes ou personnages de la scientologie, pour diffamation.
L'un d'eux est le millionnaire américain Bob Minton, financier de 53 ans à la retraite, qui dénonce les pratiques illégales et scandaleuses de la scientologie aux Etats-Unis.
En effet, dans son dernier numéro de "Ethique et Liberté", la secte, non contente de s'en prendre à Alain Vivien, président de la MILS, à Jacques Guyard, rapporteur de l'Assemblée nationale, et à Nicolas About, sénateur dont le projet de loi ne lui est pas favorable, s'est payé la tête de Jesse Prince, un ancien haut dirigeant scientologue dont certaines révélations avaient été utilisées dans le rapport 1999 de la MILS paru le 7 février dernier.
De surcroît, la scientologie ayant appris la venue à Paris de Bob Minton et Stacy Brooks, classés parmi ses principaux ennemis aux USA, envoyait alors des "paks d'agent mort" à divers organes de presse ou aux ministres, ainsi qu'à divers membres du gouvernement allemand.
Mal lui en a pris, car la justice a été saisie pour diffamation à leur encontre, les dossiers contenant fort peu d'éléments capables de convaincre un juge de la bonne foi des auteurs de ces pamphlets... Un "pack d'agent mort", c'est cet ensemble de documents présentés par la scientologie pour tenter de faire avaler aux crédules que ses opposants sont des criminels endurcis et des menteurs pathologiques.
Pour corser le tout, Bob Minton a également porté plainte pour diffamation contre la scientologie en Allemagne, et vient de remporter un procès que la secte lui avait indirectement intenté aux Etats-Unis: là-bas, un scientologue s'était arrangé pour être heurté par le panneau de carton porté par B. Minton , lors d'une manifestation en face des locaux de la secte à Clearwater. Ce scientologue s'était laissé tomber à terre et emmener à l'hôpital.
Le jury de six personnes a unanimement décidé de l'innocence de B. Minton pour les "voies de faits" que lui reprochait le Procureur de l'état de Floride. Il fait dire que la vidéo montrant un gaillard de 30 ans et de 1,80 m se faisant tomber par terre en recevant une poussée d'un panneau de 200 grammes n'était guère à l'avantage de la "victime" !
Regards sur, Eté 2000 (Suite de l'article précédent)
France : Scientologie
L'ennemi public n ° 1 est récompensé en Allemagne
[Texte intégral]
Quelques semaines plus tard, B.Minton et Stacy Brooks, fondateur du Lisa Mac Pherson Trust à Clearwater, revenaient à Paris pour rencontrer plusieurs membres de la MILS et quelques autres personnes : ils étaient en route pour l'Allemagne - Leipzig - où les attendait un bon nombre de critiques nationaux et internationaux de la secte, pour la remise du prix "Charlemagne alternatif"', récompense créée sur le modèle du Prix Charlemagne.
Bill Clinton recevait le prix Charlemagne - on peut se demander pourquoi - tandis que Bob Minton recevait ce prix alternatif.
On notait ainsi parmi d'autres, la présence de Ursula Caberta et de quelques-uns de ses assistants, celle du professeur Alexander Dvorkin, responsable du groupe St-Irénée de Lyon à Moscou ou de Suzanne Haller, connue pour ses activités anti-sectaires en Suisse alémanique. La présidente du Lisa Mc Pherson Trust (http://www.lisatrust.net), Stacy Brooks, et B.Minton sont donc en train d'étendre leurs activités à l'Europe, plus que jamais décidés à faire entendre raison à ce groupe scientologue qui se dit honnête mais ne cesse néanmoins d'attaquer tous ses critiques par des moyens inqualifiables, et de réduire ses propres membres à l'état d'esclaves obéissants en entretenant de véritables goulags privés et des armées de gens de l'ombre qui s'infiltrent partout où ils peuvent pour récupérer toute information ou assistance allant dans leur sens. Comme l'ont bien résumé B. Minton et le rapport de la MILS, nous ne sommes pas ici en présence d'une église, mais d'un groupement politique à visées totalitaires caché sous un masque pseudo-religieux. Gageons que cette nouvelle installation de B.Minton et de ses amis ne va pas faire plaisir à l'armée de l'ombre qui se cache derrière le nom d'OSA, point central de transmission de l'essentiel des illégalités scientologues.
France : Raël
Les Raëliens récidivent
Regards sur, Eté 2000
[Texte intégral]
La secte des Raëliens, religion athée (sic), annonce à grand renfort de trompette qu'elle vient "d'être reconnue officiellement comme religion aux USA".
Un mensonge de plus : le premier amendement à la Constitution américaine interdit au gouvernement des Etats-Unis de reconnaître une religion. Pour contourner cet obstacle, les Raëliens ont pris modèle sur les scientologues. Ils ont demandé et obtenu ? d'être défiscalisés. Ce qui est tout autre chose. Il ne s'agit plus de spiritualité, même athée, mais bien de gros sous.
Les Raëliens montrent d'ailleurs le bout de l'oreille en se félicitant "des avantages fiscaux très importants sur les ventes mais aussi la possibilité de déduire leurs cotisations de leurs revenus imposables". Mais ce n'est encore rien. Cette défiscalisation baptisée reconnaissance "permettra également aux raëliens européens qui souffrent de la discrimination antisecte de demander aux USA, comme au temps des persécutions contre les protestants, le statut de réfugiés politiques pour motif religieux" (resic).
En d'autres termes, on contournera aussi les lois américaines sur l'immigration en se faisant passer pour des martyrs : "le rapport contre les sectes de l'Assemblée nationale classant la religion raëlienne parmi les sectes dangereuses est le document idéal pour être accepté comme réfugié politique pour motif religieux aux USA. On ne pouvait espérer mieux".
Toutes ces citations sont extraites de la revue raëlienne "Apocalypse international" 2ème trimestre 2000.
France : Omnium des libertés
Manipulation mentale : épouvantail ou réalité
Regards sur, Eté 2000
[Texte intégral]
Dans la "Lettre d'information" de l'Omnium des Libertés, édition spéciale juin 2000, on peut lire sous le titre "Normalisation mentale" "La notion de manipulation mentale, un terme forgé pour effrayer les citoyens, est une notion qui n'a aucun fondement scientifique et qui a été réfutée par les associations professionnelles et les cours de justice de plusieurs grandes démocraties, comme le fut la notion de piagio forgée par les fascistes italiens. Cette notion est pourtant au centre de la proposition de Mme Picard qui la définit comme des pressions graves et réitérées afin de créer ou d'exploiter un état de dépendance et de conduire une personne, contre son gré ou non, à un acte ou une abstention qui lui est gravement préjudiciable. Une personne déçue par son passage dans un mouvement peut très bien estimer après coup, sous la pression de son entourage et d'associations de détracteurs, qu'elle a fait l'objet de pressions graves et réitérées même si à l'époque des faits elle était pleinement consentante ! On voit quelle dose d'arbitraire ce projet de loi contient en germe". De son côté, à la question : "que recouvre la notion de manipulation mentale en psychiatrie ?"
Le docteur Samuel Lepastier, psychanalyste, psychiatre à la Salpétrière à Paris, répond dans le journal "La Croix" du 22 juin 2000 "Elle va au delà de la persuasion ou de la séduction. Pour l'expliquer, je fais référence à ce qu'en psychanalyse nous appelons un transfert : dans certaines circonstances, on reporte sur une personne les sentiments que l'on a éprouvé autrefois pour ses parents. C'est ce qui se passe dans l'état amoureux, ou lors d'une cure analytique. Le transfert est aussi ce qui dans une secte, lie l'adepte au gourou. Mais tandis que le psychanalyste s'efforce d'amener son patient à prendre conscience du caractère imaginaire du transfert, le gourou, lui, feint de prendre ce transfert pour une réalité, afin de l'utiliser de façon perverse. On peut alors parler de manipulation mentale. Là où le psychanalyste dit: vous me parlez comme si j'étais votre père, le gourou affirme : je suis votre père. Il exploite le besoin de dépendance qui existe en chacun de nous, tirant plaisir du pouvoir qu'il existe ainsi sur l'autre".
Il est permis de douter de la garantie scientifique offerte par les "associations professionnelles" auxquelles l'Omnium des Libertés se réfère, sans daigner nous faire connaître la nature des professions qu'elles regroupent, alors que l'opinion du docteur Lepastier est fondée sur de véritables connaissances scientifiques ainsi qu'une expérience et une compétence reconnues.
Regards sur, Eté 2000
Etats-Unis :Scientologie
Mort dans un studio de film de la Scientologie
[Texte intégral]
Le 26 juin dernier un bizarre accident semble être survenu dans les studios de la Golden Era, firme qui se consacre à la promotion de la secte sous le masque d'activités cinématographiques.
Une jeune femme adepte depuis deux ans et demi de la scientologie a été retrouvée au nord de San Jacinto dans les sous-sols des studios, électrocutée et gravement brûlée. Son corps a été découvert sans vie par un gardien, lui-même membre de la secte. C'est le deuxième accident mortel survenu à San Jacinto.
Le 17 mai dernier une jeune fille de 16 ans avait perdu la vie "dans une tragique collision avec un tracteur qui travaillait pour le studio scientologue".
Regards sur, Eté 2000
Suède :Scientologie
Scientologie : mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose
[Texte intégral]
Dans le dernier numéro de son organe français, la secte de scientologie annonce une nouvelle victoire : elle aurait été reconnue comme religion par le "Kammarkollegiet" suédois.
Nous savons en France ce que vaut ce type d'annonce. La secte de scientologie n'avait-elle pas claironné sa reconnaissance à la suite d'un modeste attendu du procès de Lyon (qui avait vu plusieurs de ses membres condamnés pour escroquerie et l'un d'entre eux pour avoir poussé un ex-adepte au suicide). La Cour de Cassation n'avait pas tardé à faire justice de cette prétention abusive.
Que s'est-il passé en Suède ? Dans ce pays, l'enregistrement des actes d'état civil, comme les mariages, est fait après que les cérémonies privées organisées dans le cadre des convictions individuelles aient été achevées (En France, le mariage civil doit au contraire être effectué avant lesdites cérémonies).
La décision du "Kammarkollegiet" va donc permettre à des scientologues d'organiser pour des scientologues des cérémonies scientologues qui devront ensuite passer devant l'état civil public s'ils veulent valider juridiquement leurs mariages ! Comme on le voit, une vraie révolution...
Regards sur, Eté 2000
Grèce : Sectes
En Grèce : lentement mais sûrement
[Texte intégral]
Les principes de laïcité, c'est à dire de séparation des églises et de l'Etat, viennent de progresser sensiblement en Grèce.
Désormais la mention de l'appartenance religieuse ne figurera plus sur les cartes d'identité.
Cette décision a été vivement combattue par la hiérarchie de l'église orthodoxe, très largement majoritaire en Grèce, et soutenue par les milieux progressistes, laïques ou appartenant à des minorités religieuses.
Cette réforme de la loi grecque, qui s'accompagne de la suppression simultanée des mentions concernant la profession et l'identité du conjoint, abolit également les empreintes digitales sur la carte d'identité.
La Grèce, à la veille de son entrée dans la zone euro, rejoint donc le peloton des membres de l'Union européenne dont elle respecte désormais les obligations découlant des principes des Droits de l'Homme.
France : Sectes
L'Express, 3 août 2000 par François KochLa nouvelle loi renforçant les moyens de lutte contre les sectes dangereuses a provoqué une vive controverse
[Texte intégral]La députée Catherine Picard et le pasteur Jean-Arnold de Clermont ont répondu aux questions de L'Express
POUR La députée PS de l'Eure Catherine Picard préside le groupe d'études parlementaires sur les sectes.
Pourquoi légiférer alors qu'en 1996 la commission d'enquête parlementaire avait conclu que l'arsenal juridique était suffisant?
Il manquait dans l'arsenal juridique les moyens de protéger les personnes physiques vulnérables lorsqu'elles ne sont pas victimes d'escroquerie
.Pourquoi préférer la dissolution d'une secte par la voie judiciaire plutôt que par décret présidentiel?
Force est de constater que le pouvoir politique ne dissout pas les associations, à l'exception du SAC et de deux groupes kurdes proches du PKK. Sinon, il aurait supprimé le DPS [service d'ordre du FN] en utilisant la loi de 1936 [sur les groupes de combat et les milices]. Donner cette responsabilité aux magistrats permet d'avoir un débat public et contradictoire, ce qui est essentiel pour préserver les libertés publiques.Pourquoi était-il utile de créer un délit punissant la manipulation mentale?
Nous ne confondons pas conviction et contrainte. Ne sont visées que des pressions graves et réitérées, au travers de techniques qui altèrent le jugement et l'esprit critique, sans consentement. Lorsqu'une personne est sous-alimentée, privée de sommeil ou soignée par des charlatans, il n'y a plus de liberté. Les magistrats forgeront leur conviction en étudiant les preuves fournies par les victimes et, si besoin est, des expertises psychiatriques. Sans être la panacée, ce nouveau délit constituera un outil supplémentaire pour les juges.La Fédération protestante et des évêques catholiques ont exprimé de vives réserves...
Chacun doit faire le ménage chez soi: certaines extensions groupusculaires, tolérées dans les grandes religions, ne commencent-elles pas à leur porter ombrage? Je n'ai jamais pensé qu'un mouvement religieux puisse faire des pressions graves et réitérées sur des pratiquants, les privant de liberté ou les menaçant. Je ne comprends donc pas ces récriminations.CONTRE
Le pasteur Jean-Arnold de Clermont préside la Fédération protestante de France.
Comment réagissez-vous à la loi Picard, en particulier à la dissolution judiciaire des sectes?
Cela me choque moins que le nouveau délit de manipulation mentale. Je préfère une dissolution par le juge qu'un acte administratif, comme le prône le sénateur Nicolas About [UDF]. Il n'empêche: je ne vois pas l'intérêt d'une nouvelle loi, superflue selon moi, puisque les tribunaux ont déjà tous les moyens utiles pour lutter contre les dérives sectaires et dissoudre une association. Les députés ont donc seulement voulu manifester leur sensibilité aux dangers des mouvements sectaires, stigmatisant, une fois de plus, le manque de volonté politique. Bravo. Mais je crains que ce ne soit un acte velléitaire.Pourquoi êtes-vous très hostile au nouveau délit de manipulation mentale?
Il nous choque, car, pas plus qu'il n'y a de définition de la secte, il n'y a de définition claire de la manipulation mentale. Lorsqu'un délit n'est pas défini, la loi qui le condamne peut servir à n'importe quoi. L'exploitation de la fragilité est condamnable, mais comment apporter la preuve qu'il ne s'agit pas de libre arbitre, de consentement? Si un enfant majeur décide d'entrer dans les ordres et que cela ne plaît pas à ses parents, ces derniers pourraient utiliser ce nouveau délit contre ceux qui l'auraient «détourné» de la carrière qu'ils imaginaient pour lui. Je veux bien que cette loi ne soit pas antireligieuse, mais elle s'oppose tout de même à la transmission de convictions fortes, notamment religieuses, mais aussi politiques. Cela induit une vision molle de la société, alors que j'aime le choc des convictions. Cette proposition de loi - adoptée en première lecture sans débat ouvert - traduit le sentiment de supériorité du monde politique: «Nous savons, bon peuple, ce qui est bon pour vous.» Et qu'il soit clair que je n'ai aucune complaisance à l'égard des conduites délictueuses de certains mouvements spirituels ou religieux !Le Parisien, 4 août 2000
France : Scientologie
La présidente de l'UNADFI et son avocat, M° Morice, renvoyés en correctionnelle
La présidente de l'association de lutte contre les sectes UNADFI, Janine Tavernier, et son avocat, Me Morice, sont renvoyés devant le tribunal correctionnel pour diffamation à l'encontre de la Scientologie. Mme Tavernier avait mis en cause dans la presse la secte dans l'affaire de la disparition de pièces d'un dossier sur la Scientologie instruit à Paris en 1998.
Commentaire de Mathieu Cossu : Le renvoi vers le Tribunal Correctionnel ne signifie ni culpabilité, ni surtout, condamnation. Il est normal que le juge fasse ce qu'il considère comme son devoir. Quand on sait ce que l'UNADFI a fait et fait pour les victimes des sectes, on comprend l'empressement de la scientologie à déposer plainte. On peut supposer qu'elle en a les moyens. La Présidente de l'UNADFI (Association qui n'a pas beaucoup de moyens) ne devrait pas manquer, si besoin était, de témoins de moralité, (y compris l'auteur de ce commentaire) car son action est connue et celle de l'Association dont elle est la présidente, reconnue ... d'utilité publique !
Le Parisien, 8 août 2000
France :Anthroposophie
Récusation des critiques du rapport de l'Education nationale
[Texte intégral]
La Fédération des Ecoles Steiner de France, qui regroupe les établissements d'enseignement privé, a récusé, hier, les critisques qui lui ont été faites dans un récent rapport de l'Education nationale. Ce rapport avait soulevé de "graves disfonctionnements en matière d'hygiène et de sécurité", sans toutefois retenir la thèse "d'un lien avec une organisation sectaire" pourtant souligné par la commission d'enquête parlementaire sur les sectes en 1999.
La Croix, 8 août 2000 par Le Père Gaston Pietri, prêtre à Ajaccio
France :Sectes
Définir une secte est difficile. Observer des comportements est possible
[Texte intégral]
LIBRE OPINION - Pour le délit de manipulation mentale. Définir une secte est difficile. Observer des comportements est possible. Voir où ils conduisent est un impératif moral.; Gaston Pietri. Prêtre à Ajaccio.
Rien n'est plus précieux que la liberté religieuse. Par rapport à des mentalités catholiques longtemps crispées sur la vérité à préserver à tout prix, c'est un grand coup qu'a frappé le Concile Vatican II par sa déclaration sur la liberté religieuse.
Il s'agit d'un droit fondamental, d'un droit pour tous, d'un droit qui, au demeurant, est symétrique du devoir de chercher la vérité librement. Les groupements qualifiés de sectaires mais aussi les Eglises ont vu dans la récente loi sur les sectes une grave menace pour cette liberté. Le délit de « manipulation
mentale » introduit dans le texte de la loi leur est apparu comme la porte ouverte, non seulement à la chasse aux sorcières, mais encore à l'ingérence systématique de la puissance publique dans la vie interne des groupes religieux.La crainte est facile à comprendre. Toute législation dite « d'exception » court le risque d'attenter au libre exercice des croyances et des pratiques de type religieux. Les régimes totalitaires nous ont appris à quel point la protection de l'ordre public peut servir de couverture à la neutralisation et à l'éviction du fait religieux en ses diverses expressions. Ce qui n'empêche pas pourtant de penser que la reconnaissance du « délit de manipulation mentale » peut, en certaines circonstances, protéger la liberté religieuse plutôt que l'entraver.
La société en tant que telle n'a aucune compétence pour juger des croyances en elles-mêmes. Mais n'est-il pas de son devoir de veiller à ce que les méthodes employées ne relèvent pas de pressions génératrices d'extrême dépendance et, en définitive, totalement aliénantes ? Il est heureux que le garde des Sceaux ait proposé d'organiser une « réflexion complémentaire ». Car la définition du « délit de manipulation mentale » ne sera jamais assez rigoureuse pour éviter que son interprétation devienne à son tour liberticide. Il reste que le péril est si grave qu'il serait lâche de la part de la puissance publique de ne pas aller, autant que possible, au fond des choses. L'actuelle palette du droit, manifestement, n'y suffit pas.
Notre société favorise au maximum l'autonomie individuelle. De tous côtés l'on observe que l'exacerbation de cette autonomie entraîne, dans un certain nombre de situations, des contrecoups désastreux. Ceux qui se sentent trop seuls, en leur vulnérabilité, pour porter le poids de leur existence trouvent, un jour ou l'autre, l'occasion de s'en décharger entre les mains de quelque « guide spirituel » et du groupe qu'il anime. Définir une secte est difficile. Observer des comportements est possible. Voir où ils conduisent est un impératif moral auquel nul ne peut se dérober, ni la société ni les Eglises elles-mêmes.
Les « justes exigences de l'ordre public », mentionnées par la déclaration conciliaire sur la liberté religieuse (n° 4) sont aussi les justes limites en dehors desquelles, inévitablement, le droit à cette liberté religieuse se dénature. Aucun chrétien ne peut oublier l'exclamation de saint Paul dans sa Lettre aux Galates : « C'est pour que nous soyons vraiment libres que le Christ nous a libérés. Tenez donc ferme et ne vous laissez pas remettre le joug de l'esclavage. » Il est des privations de liberté psychologique qui sont de véritables esclavages, même quand un adulte est entré de son plein gré dans un groupe dont il s'avère, à l'usage, que telle méthode se traduit par une allégeance inconditionnelle et donc une réelle abdication de l'esprit critique. La sagesse séculaire de l'Eglise a donné naissance à un certain nombre de règles pratiques qu'observent généralement, pour le bon équilibre spirituel de leurs membres, les instituts religieux dûment reconnus.
Si certains croyants pensent pouvoir redouter, comme l'a signalé un évêque, la « généralisation du soupçon », il n'y a cependant pas de raison que l'Eglise elle-même ne redouble pas de sens de la responsabilité devant tout ce qui pourrait, jusqu'en son sein, contredire le véritable esprit de liberté. C'est la meilleure façon pour elle de promouvoir l'authentique liberté religieuse. Il en est qui imposent leurs propres idées en les présentant comme venant de Dieu, en quelque sorte par fil direct. Ils transforment leur bon vouloir en expression immédiate de la volonté de Dieu. Une telle tendance s'accuse ici ou là en s'appuyant sur des indications diverses soi-disant manifestées à travers des signes irrécusables. Lorsque se déguise ainsi en conseil spirituel ou, comme on dit encore, en direction spirituelle la manipulation des esprits, il est normal que celle-ci soit dénoncée pour ce qu'elle est, c'est-à-dire comme une « manipulation mentale ». Pourquoi alors ne pas accepter que la société s'en inquiète en en faisant un délit ?
Le Parisien, 8 août 2000
France :Sectes
Ecrouée pour l'enlèvement de sa fille
[Texte intégral]
La petite Victoria, 10 ans, devrait bientôt rentrer en France, dans les Yvelines.
Sa mère, qui l'avait enlevée le 14 juillet, a été interpellée le 28 juillet à Belfast (Irlande du Nord).
Après avoir été au centre d'une affaire de secte au Vésinet alors qu'elle n'avait que 3 ans, cette petite fille vient de subir un autre choc lorsque, le 14 juillet dernier, sa maman, Delwin JohnsSchmidt, 34 ans, d'origine néo-zélandaise, l'a kidnappée.
La fillette résidait alors à Louveciennes, chez ses grands-parents, qui en avaient la garde depuis 1993. La mère a ensuite quitté illégalement la France avec sa fille pour se rendre en Irlande du Nord.
Le 25 juillet, un juge d'instruction de Versailles délivrait un mandat d'arrêt international pour " enlèvement et séquestration " à l'encontre de la mère. La fugitive a fini par être retrouvée. Elle est aujourd'hui placée sous mandat d'écrou extraditionnel.
La petite Victoria a été placée dans un foyer d'accueil. Elle ne devrait pas tarder à retrouver sa famille, car le parquet de Versailles a formulé une demande d'extradition en début de semaine. La mère de Victoria n'a visiblement pas voulu se contenter du droit d'hébergement sous contrôle qu'aurait pu lui concéder la justice française.
Cette arrestation constitue un ultime rebondissement dans la troublante affaire de là Citadelle.
En 1995, trois responsables de cette secte, également dénommée Eglise chrétienne biblique, basée au Vésinet comparaissaient devant le tribunal correctionnel de Versailles. Le père de Victoria, âgé de 40 ans, et les deux autres adeptes avaient alors été condamnés à des peines de 18 mois à 3 ans de prison pour " séquestration et coups et blessures volontaires " sur sept mineurs, dont Victoria.
Le Temps, 9 août 2000, par Battiste Cesa
Suisse : Sectes
Fribourg dit non au centre d'information sur les croyances
[Texte intégral]
L'affaire tragique de l'OTS a marqué de plein fouet le canton de Fribourg.Pourtant, le Conseil d'Etat a décidé de ne pas participer au Centre romand d'information sur les croyances, initié par le canton de Genève. La décision prise il y a plus d'un mois jette le malaise sur la collaboration intercantonale en la matière.
Le conseiller d'Etat fribourgeois Pascal Corminboeuf justifie cette attitude «par la nécessité d'une approche supra-régionale des sectes. Sur les 180 à 200 mouvements recensés, leurs ramifications dépassent la Suisse romande. Sachant que les travaux à l'échelon de la Confédération sont avancés, nous estimons qu'il serait judicieux d'appréhender le problème au niveau suisse et non pas seulement romand.»
Canton bilingue, Fribourg n'a pas l'intention d'oeuvrer dans une fondation qui laisserait de côté une partie de sa population. Bien plus, le Conseil d'Etat n'a pas été convaincu par le catalogage des mouvements religieux: «Lorsque l'on voit que les Témoins de Jéhovah ou alors l'Armée du Salut sont considérés comme dangereux, ça peut prêter à sourire.»
Dès la création de la Commission intercantonale sur les dérives sectaires en 1997, Fribourg s'était démarqué en proposant le rattachement du futur centre d'information à une chaire universitaire. En désaccord sur la forme, Fribourg ne veut pas d'un cavalier seul de la Suisse romande. Mais alors de qui viendra l'initiative de la création d'une commission nationale en la matière?
Pas de la Confédération en tous les cas. La commission de gestion du Conseil national a d'ores et déjà affirmé qu'en matière de croyances, la compétence relevait des cantons. Les affirmations fribourgeoises sont donc paradoxales: d'un côté, l'action locale est refusée pour exiger une vision globale, de l'autre, la compétence cantonale en la matière est «oubliée». Un moyen de repousser le problème?
L'initiative genevoise semble à l'heure actuelle la plus à même de réaliser une coordination sur le sujet. On voit en effet mal comment une structure confédérale pourrait rapidement voir le jour.
Me François Bellanger, président genevois de la commission intercantonale, juge «la décision fribourgeoise regrettable. Mais celle-ci ne saurait perturber l'ouverture du centre au début 2001.»
La fondation doit permettre l'accès au public d'une information précise sur les mouvements religieux: «Si l'information donnée sera vulgarisée pour un accès au public le plus large possible, les protocoles seront basés sur des études universitaires. L'avenir de la fondation n'est d'ailleurs pas limité aux seuls cantons romands. Si d'aventure une structure nationale se met en place, nous pourrons l'intégrer. Mais il faut bien que quelqu'un commence.»
Un élément de plus qui souligne bien l'ambiguïté de la position fribourgeoise.
Le Temps, 11 août 2000, par Patricia Briel
Suisse : Scientologie
La scientologie lance une campagne publicitaire de grande envergure
[Texte intégral]
«L'important, ce n'est pas tant de décider où vous voulez aller, c'est de savoir comment y aller.»
Ce slogan, accompagné d'un dessin qui montre des cyclistes en pleine action et d'une publicité pour un livre signé L. Ron Hubbard, figure sur la nouvelle campagne d'affichage de la scientologie.
Sur un autre type d'affiche, on peut voir un montagnard qui chausse des patins à roulettes, et une formule proche de la précédente: «L'important, ce n'est pas tant ce que vous voulez atteindre, mais c'est de savoir comment l'atteindre.»
Selon Eric Ribaud, responsable de cette campagne, près de 350 affiches ont été placardées essentiellement dans le bassin lémanique, dans des gares, des centres commerciaux et des parkings. La scientologie s'apprête à mettre des annonces dans les journaux, et à distribuer 140 000 papillons tous ménages.
«C'est la première fois que nous lançons une campagne de cette ampleur. Il s'agit donc d'une campagne-pilote, qui marche très bien. Beaucoup de gens nous appellent, et commandent le livre», explique Eric Ribaud. «Une peur a été générée par tout ce qu'on a dit sur la scientologie, affirme Suzanne Montangero, porte-parole de la secte. Nous voulons donc améliorer notre communication pour que les gens puissent s'informer par eux-mêmes.»
Ennuis à Lausanne et à Zurich
La scientologie a d'autres campagnes de publicité à son actif, qui lui ont valu des ennuis dans différentes villes. Il y a deux ans, la Municipalité de Lausanne donnait un préavis négatif à la Société Générale d'Affichage qui s'apprêtait à lancer une campagne en Suisse romande. Silvia Zamora, alors directrice des Travaux, fondait sa décision «sur le maintien de la tranquillité publique vu le caractère contesté de la scientologie».La secte avait fait recours au Tribunal administratif. Celui-ci n'a pas encore rendu son verdict.
En 1994, la scientologie avait également rencontré des problèmes à Zu-rich. La municipalité avait interdit aux scientologues de distribuer dans la rue des tracts et un test de personnalité. A la fin du mois de juin de cette année, le Tribunal fédéral a confirmé une décision du Tribunal administratif zurichois qui oblige la Ville à autoriser cette distribution à certaines conditions.
Il n'y a pas que les autorités pour s'inquiéter des campagnes de la scientologie. Certains citoyens, comme ce lecteur d'un quotidien romand, crient à la manipulation mentale et estiment que le rôle de l'Etat est d'interdire une telle propagande. Cette année, à Lausanne, la secte a limité sa publicité aux seuls parkings et aux centres commerciaux. A Genève en revanche, elle a pu afficher sur l'ensemble du domaine public. La Société Générale d'Affichage a toutefois pris la précaution de soumettre la campagne au Département de justice et police et des transports (DJPT). «La SGA ne fait aucune censure, explique Claude Miffon, directeur. Elle n'a pas le droit de refuser une affiche. Mais en cas de doute, elle en réfère au DJPT.»
Selon Christophe Friederich, secrétaire adjoint au DJPT, «les possibilités d'interdire ou de censurer une affiche sont extrêmement limitées. Pour qu'une telle mesure soit appliquée, il faudrait que l'affiche soit contraire aux m¦urs ou menace l'ordre public. Ce n'est pas le cas de la campagne actuelle de la scientologie».
Claire-Lise Hoehn, membre du Centre de liaison et d'information concernant les minorités spirituelles, adopte une attitude de neutralité face à cette campagne: «Du moment qu'on permet à toutes sortes de groupes d'afficher leurs convictions, on doit laisser la possibilité à la scientologie de faire de même.»
Yahoo, 11 août 2000, par Patricia Briel (AFP)
Philippines : Esprit de Dieu Catholique
Affrontements dans une secte chrétienne
[Texte intégral]
Au moins 20 morts dans des affrontements entre policiers et membres d'une secte chrétienne dans le sud des Philippines
Malaybalay, Philippines (AP) -- Au moins 20 personnes ont été tuées et deux autres blessées au cours d'affrontements entre policiers et membres d'une secte chrétienne dans le sud des Philippines, a annoncé samedi la policeLes incidents ont éclaté après qu'un groupe de policiers s'est rendu tard vendredi dans une colonie de l'Esprit de dieu catholique dans le village de Kimanait, dans la province du Bukidnon, pour y arrêter un membre de la secte, Roberto Madrina. L'homme est recherché pour tentative de meurtre, a précisé la police.
Les membres de la secte se sont servis de couteaux et d'armes à feu artisanales pour empêcher la police de s'emparer du suspect, selon le chef de la police provinciale, Edgardo Villamayor.
M. Madrina ainsi que 15 membres de la secte ont été tués, de même que quatre civils qui accompagnaient les policiers.
Le Soir : 12 août 2000, par Catherine Callico
Belgique : Sectes
La femme qui décrypte les sectes
[Texte intégral]
La femme qui décrypte les sectes Julia Nyssens se bat pour renforcer la loi contre les sociétés secrètes.
Procès saints coeurs. Cela se trouve ici, pointe Julia Nyssens sur une coupure de presse déchiffrée à la loupe. Un accessoire qui lui est devenu inséparable depuis qu'un voile lui opalise l'iris gauche.
Dans ce corps fatigué, tout respire la soif d'être. Un tempérament vivace, qui se manifeste par de petits indices extérieurs : un châle vert vif jeté sur les épaules, un collier de perles rouges autour du cou, une chaleur dans les gestes. Non, Julia n'a rien perdu de sa fougue. Ni de sa faconde. Et se plaît à évoquer son passé.
Les sectes ? J'ai été amenée à m'y intéresser par hasard, il y a bientôt trente ans, lors de "l'affaire des Trois-saints-coeurs". C'est suite à l'enlèvement d'une jeune fille de vingt ans par un groupe sectaire pseudoreligieux que l'Adif a été créée. Avec pour but de procurer une aide psychologique et juridique aux
(ex-)adeptes de sectes et à leur proches. A ce moment, j'ai ouvert la boîte de Pandore en Belgique. Les autorités belges ne s'étaient jamais encore penchées sur le problème sectaire.Avant cette prise de conscience, son parcours fut jalonné par un certain nombre d'événements qui m'ont forgé l'esprit. La Seconde Guerre, les études de droit à Saint-Louis, la Question royale - J'effectuais alors un stage auprès du ministre Pierlot, très contesté à l'époque -, un mariage puis un départ en Afrique avec un haut responsable des "cités extracoutumières de la main-d'oeuvre de l'Union minière" du Katanga, d'où fut extrait l'uranium utilisé par Marie Curie et... pour la bombe d'Hiroshima.
La juriste revient en Belgique après l'indépendance du Congo et un nouveau passage au Katanga, puis elle établit définitivement son cabinet à Tervueren. Dans son bureau, les dossiers s'empilent: Ecoovie, Organisation Moon, Scientologie, Enfants de Dieu, OKC, Témoins de Jehovah... Julia étudie chaque groupe de manière autonome, en concertation avec d'autres associations de l'Union européenne. Elle se rend à Paris, Barcelone, Cologne et même à Toronto et à New York pour compléter ses données. Mon rôle est d'informer les trois pouvoirs par rapport aux actes nuisibles d'associations sectaires.
Entendue lors des dernières enquêtes parlementaires sur le problème, puis nommée membre suppléant du nouveau "centre d'avis et d'information sur les sectes" qui dépend du ministère de la Justice, Julia Nyssens concède que ce centre représente une étape importante pour contrer les effets destructeurs des groupes sectaires. Ses membres sont chargés d'émettre un avis sur un groupe sectaire, à la demande d'une autorité publique. Mais il y a du pain sur la planche.
Car les pratiques sectaires évoluent. Il y a vingt ans, des groupuscules se contentaient de prôner des idéaux philosophiques et religieux. Mais aujourd'hui, des organisations tentaculaires s'infiltrent dans tous les rouages de la société: politique, économie, éducation et santé. La création d'un centre administratif vient d'être publiée au Moniteur, qui vise la communication entre les différents ministères. Encore faut-il que chacun transmette les informations qu'il détient, précise-t-elle avec scepticisme.
Tandis qu'elle applaudit à la proposition de loi votée à l'unanimité par l'Assemblée nationale en France le 21 juin. Démocratiquement, je suis contente que l'Assemblée ait proposé de légiférer sur les sectes. Cette initiative jette les bases d'une réflexion par rapport à l'inertie parlementaire mondiale dans ce domaine. De mon côté, je me bats pour défendre un texte juridique adéquat. Pour l'instant, une modification de la loi sur les ASBL est en cours car les groupes sectaires opèrent souvent sous cette étiquette.
Depuis le rapport parlementaire rendu en avril 1997, les choses bougent. Des victimes ont eu le courage de quitter des groupes et les magistrats sont mieux informés. Du coup, les inculpés changent leur fusil d'épaule et jouent les "faux repentis". On entre dans une phase d'espionnage, poursuit Julia Nyssens qui, depuis, assume les coups de fils anonymes et les consultations de membres de groupes sectaires - qui se font passer pour des victimes - dans le but de connaître les nouveaux arguments juridiques qui leur sont opposés. Par cette tactique, ils me font perdre du temps et tentent de déstabiliser le système car ils répandent de fausses rumeurs. Mais Julia n'est pas dupe.
Le Monde, 14 août 2000
Chine :Falungong
Quelques victimes de la répression
[Texte intégral]
La Chine à l'heure de la " rectification idéologique "
An Xiukun, institutrice de 50 ans, arrêtée place Tiananmen dans une manifestation de membres de la secte Fa Lun Gong, décédée le 23 juin d'asphyxie à la prison de Hengshui (province du Hebei, Nord), après avoir été nourrie de force au bout de six jours de grève de la faim, selon le Centre d'information sur les droits de l'homme et la démocratie en Chine (CIDHDC, basé à Hongkong).
Ce serait le vingt-cinquième cas de décès en détention depuis l'interdiction du mouvement en juillet 1999.
Gong Baohua, 35 ans, décédée le 27 juin à la prison de Pinggu, près de Pékin, nourrie elle aussi de force durant une grève de la faim.
Huang Jinchun, juge au tribunal intermédiaire de Beihai (Sud), licencié en novembre 1999 pour refus d'abjurer sa foi, aurait été enfermé à l'hôpital psychiatrique Longqianshan (province du Guangxi).
Trois journalistes
travaillaient pour la télévision de Zhuhai (sud de la Chine) ont été récemment démis de leurs fonctions pour avoir par inadvertance diffusé une photo du mouvement étudiant de 1989.
Le Monde, 14 août 2000 par Frédéric Bobin
Chine :Falungong
Falungong, la secte qui donne des sueurs froides aux hiérarques de Pékin
[Texte intégral]
PÉKIN de notre correspondant
C'est une répression implacable mais pour une large part silencieuse. Depuis le déclenchement - il y a précisément un an - de la " chasse aux sorcières " contre le mouvement d'inspiration bouddhiste et taoïste chinois Fa Lun Gong, les informations filtrent au compte-gouttes, relayées par le Centre d'informations sur les droits de l'homme et la démocratie en Chine, basé à Hongkong. Grèves de la faim fatales en prison, suicides, brutalités voire tortures infligées par des gardes résolus à toutes les extrémités pour faire abjurer leur foi aux détenus... Ces accès de violence carcérale traduisent une évidente impuissance. En un an de campagne, le régime n'est toujours pas parvenu à extirper du corps social le " poison " Fa Lun Gong.
Des dizaines de milliers de membres de la secte ont été interpellés - souvent relâchés ensuite. Pourtant, des noyaux d'irréductibles continuent de manifester régulièrement au coeur de Pékin, des escouades de policiers les y attendent pour les emmener de force. Le régime chinois se plaint souvent des images
" caricaturales " et " biaisées " véhiculées dans la presse étrangère sur ces interpellations. Pourtant, l'image de policiers frappant à terre un adepte de Fa Lun Gong au visage ensanglanté est d'une incontournable réalité.La nervosité du pouvoir s'explique aisément. La désobéissance civile que continue de manifester Fa Lun Gong dans l'adversité lui apparaît comme une insupportable provocation signant l'échec de ses schémas classiques de répression. Depuis 1949, l'appareil de sécurité du Parti communiste a été formé à écraser les " ennemis de classe " ou les factions rivales de la direction, puis des mouvements démocratiques quêtant une alternative au communisme. Mais l'émergence d'un mouvement mystique ne s'inscrivant pas expressément dans le champ politique temporel constitue un défi nouveau.
Quête du martyre
Il y a un côté sacrificiel dans les sorties des adeptes de Fa Lun Gong, allant au-devant d'arrestations certaines, qui frappent de stérilité des techniques policières fondées sur la peur et l'intimidation. Comment effrayer quand les protestataires s'offrent de plein gré aux fourgonnettes de police ? La quête du martyre des intégristes de Fa Lun Gong, déjà si troublante dans une société chinoise gagnée par l'argent-roi, est d'autant plus insupportable pour le parti qu'elle lui renvoie l'image de sa propre épopée héroïque, époque révolue où les militants communistes combattaient pour un idéal. Fa Lun Gong est l'insoutenable mauvaise conscience du parti.
Au-delà, la " secte hérétique " - selon le vocable officiel - conjugue bien des périls. En premier lieu, Fa Lun Gong illustre la crise idéologique et morale profonde que traverse la Chine de la réforme économique. La débâcle du messianisme maoïste suivie du triomphe du mercantilisme le plus cru ont attisé le désir de nouveaux credo et de nouvelles cosmologies.
Ce réveil des spiritualités, qu'il se manifeste sous la forme d'une adhésion à des religions constituées (bouddhisme, christianisme, islam) ou d'un retour à des croyances puisées dans le fonds taoïste populaire, place le régime sur la défensive. Depuis l'éruption du phénomène Fa Lun Gong, le pouvoir riposte en durcissant le contrôle des églises, des mosquées et des monastères tout en resserrant la surveillance autour des multiples associations de qigong (" travail du souffle ") suspectées d'être la couverture de structures sectaires revitalisées. Simultanément, il a intensifié ses campagnes de propagande fustigeant les
" superstitions " et exaltant les vertus de la science et de l'athéisme.Les scientifiques des académies officielles sont invités à visiter la Chine profonde afin de prononcer des conférences déjouant les complots des sectes. Une série de dix émissions " antisuperstitions " a été diffusée sur les chaînes de télévision. On a même créé un Prix récompensant des " héros " du combat contre les superstitions comme on célébrait naguère des " héros " de la construction socialiste.
Désarroi social
Deuxième péril qui a de bonnes raisons d'inquiéter le pouvoir est d'ordre social. Car Fa Lun Gong a prospéré sur le désarroi de couches déboussolées par la réforme, licenciés des entreprises d'Etat ou retraités rangés au garage de l'inutilité sociale. Parmi les groupes ayant rejoint Fa Lun Gong - noyaux de jeunes intellectuels et des cadres du parti lui-même -, la catégorie du " troisième âge ", absorbée par les soucis de santé mais rejetée par un système médical corrompu, a particulièrement retenu l'attention des autorités.
Depuis un an, les sexagénaires chinois sont l'objet de toutes les sollicitudes. Les diverses " organisations de masse " censées s'occuper d'eux, sévèrement critiquées par la direction du parti pour leur inaction avant l'émergence de la secte, sont désormais aux petits soins pour eux. Les retraités prisent-ils les exercices de gymnastique respiratoire dans les parcs ? On en contrôlera plus sévèrement les séances. On multiplie également les festivals de chant et de danse réservés aux retraités afin de recréer des réseaux de sociabilité dont la carence avait permis l'essor de la " contre-société " Fa Lun Gong.
Enfin, le troisième péril illustré par Fa Lun Gong, et non le moindre, a trait à l'irruption des nouvelles technologies sur la scène sociale chinoise. Bien que souvent taxé d'obscurantiste, Fa Lun Gong a usé de manière très habile des méthodes de communication offertes par Internet. On sait aujourd'hui que la fameuse manifestation du 25 avril 1999 - dix mille personnes autour de Zhongnanhai (siège du pouvoir) - a été organisée en partie grâce au courrier électronique. Depuis, le gouvernement a bloqué l'accès aux sites Fa Lun Gong localisés aux Etats-Unis, tout en les bombardant d'attaques de ses hackers. Mais la riposte n'a pas permis de colmater les brèches de la " cyber Grande Muraille ", celle-ci étant par nature impossible à bétonner. L'accession prochaine de Pékin à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) rendra l'exercice encore plus futile.
Triple défi moral, social et technologique, on comprend que Fa Lun Gong donne des sueurs froides aux hiérarques de Pékin.
Pour information, 15 août 2000
France : Scientologie
Un avis partagé par la Scientologie
et le Dr Massimo Introvigne, président du CESNUR.
Une citation de la ScientologieA titre personnel, Monsieur Denis Barthélémy a parfaitement le droit de défendre les points de vue les plus fantaisistes. Mais c'est en tant que secrétaire général d'une structure interministérielle française digne de l' Inquisition (la MILS) qui, sous la férule d'Alain Vivien, Jacques Guyard et consorts, s'attaque à la liberté de croyance, que D. Barthélémy s'est exprimé le 22 mars dernier.
Il s'est adressé à 320 délégués de gouvernements et d'associations de défense de Droits de l'Homme européens réunis à Vienne ; c'est donc notre image nationale qui a souffert.
D. Barthélémy répondait aux nombreux participants à la conférence organisée par l'OSCE (Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe), qui avaient exprimé leur inquiétude devant l'attitude de la France et son blocage de tout dialogue par le choix de mesures hostiles et discriminatoires à l'encontre des minorités religieuses.
Le problème, selon D. Barthélémy, c'est que toutes les attaques contre la France émanant de représentants des gouvernements étrangers ou d' organisations internationales « peuvent être interprétées comme émanant » de l'Église de Scientologie française ou des Témoins de Jéhovah. Un des orateurs a résumé la réaction des assistants dans un commentaire poli, décrivant le discours de D. Barthélémy comme « une déclaration faite sous le coup de l'émotion - frisant par moment l'hystérie ». Selon un autre participant, « la France a remporté le prix du pays le plus hystérique et le plus paranoïaque ».
Avant l'éclat de D. Barthélémy, un large consensus s'était établi sur la nécessité d'ouvrir le dialogue.
La Commission avait proposé une déclaration de principe engageant à « un dialogue renforcé », « essentiel... à l'objectif qui nous est commun, la promotion d'une tolérance et d'une compréhension plus grandes ». Même le chef de la délégation allemande, le Dr Rudolph Schmidt, parlait "d' une prise de conscience de plus en plus nette des liens entre le dialogue religieux - ou son absence - et la prévention des conflits, qui est l'une des fonctions essentielles de cet organisme (l'OSCE) ". Le principal catalyseur qui a conduit à la réaction de D. Barthélémy a été un rapport présenté à la conférence par la Fédération Internationale d' Helsinki pour les Droits de l'Homme (FIH).
Le rapport de la Fédération d'Helsinki mettait en cause la nomination d'une figure de proue du mouvement anti-sectes comme Alain Vivien, à la tête de la Mission interministérielle de lutte contre les sectes (MILS), dont D. Barthélémy est le secrétaire général. « Alors que d'autres rapports à l' étranger (comme le rapport parlementaire suédois ou le rapport du canton du Tessin) recommandent le dialogue avec les prétendues « sectes », la France a choisi la confrontation ouverte », écrit la FIH.
Qui plus est, afin d'insister sur l'intolérance religieuse concrète encouragée par Vivien et sa petite clique politicienne, le rapport de la FIH ajoute : « Cette attitude a engendré des articles de presse calomnieux, des pertes d'emploi, de la discrimination religieuse de la part des autorités françaises, et la montée de l'intolérance de la société civile à l'égard de gens ordinaires à cause de leurs croyances religieuses personnelles. » Selon le Dr Massimo Introvigne, président du CESNUR, Centre d'études sur les Nouvelles Religions, établi à Turin(Lire cette déclaration ci dessous): « Plus que n'importe quelle analyse sociologique, la réponse quelque peu extraordinaire de D. Barthélémy lors de la conférence de l'OSCE démontre à l'évidence l'intolérance qui prédomine actuellement en France, particulièrement au sein de la MILS. Non seulement la théorie paranoïaque de l'infiltration, qui voit en tout critique un scientologue ou un adepte d'une secte semble y avoir remplacé toute approche rationnelle du sujet, mais une idéologie de la laïcité datant du XIXe siècle et hostile à la religion en général est présentée dans un forum international comme la position officielle française sur la liberté de religion. » Tout naturellement, la conférence de l'OSCE n'est que l'une des occasions où la réputation de la France s'est trouvée mise à mal en raison des violations des Droits de l'Homme prônées par Vivien.
Une déclaration de Massimo Introvigne
Réaction hystérique du secrétaire général de la Mission Interministérielle de Lutte contre les Sectes
L'OSCE (Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe) a tenu à Vienne, au Hofburg, le 22 mars 1999 sa conférence sur le thème " Liberté de religion ", sous la présidence de l'ambassadeur Leif Mevik (Norvège). Y ont participé des délégations de tous les pays de l'OSCE (y compris le Saint Siège) et de plus de 100 organisation non gouvernementales (NGOs) et organisations religieuses (dont les témoins de Jéhovah et l'Eglise de Scientologie - la France avait protesté contre la participation de cette dernière).
Le deuxième thème de l'agenda, consacré au pluralisme religieux et aux violations de la liberté religieuse, a occupé la plupart de la journée. Le thème a été introduit par trois " relations des experts " invités par l'OSCE : le docteur Massimo Introvigne, directeur du CESNUR , le révérend Michael Bourdeaux, directeur du Keston Institute ; et Maître Alan Garay, avocat au barreau de Paris.
Plus de 70 délégations de gouvernements, NGOs et organisations religieuses ont pris la parole dans le débat. Si la Russie, la Belgique, la Grèce, la Biélorussie et l'Uzbekistan ont aussi été critiqués, c'est surtout la France, avec sa politique sur les " sectes ", qui s'est trouvée dans le box des accusés.
En prenant la parole au nom de la France, M. Denis Barthélemy, secrétaire général de la Mission Interministérielle de Lutte contre les Sectes (MILS), dans un discours très émotionnel et aux tons souvent franchement hystériques , a déclaré que tous les attaques contre la France " émanaient de la Scientologie ou des témoins de Jéhovah " (alors que la Scientologie elle-même s'était montrée, d'après M. Barthélemy, " plutôt modérée " dans sa déclaration).
Ce commentaire, parfaitement ridicule compte tenu du fait que les critiques à la politique française et à la MILS venaient de plusieurs gouvernements et NGOs indépendantes, n'a pas trop amusé les délégations des Etats-Unis et de plusieurs autres gouvernements. M. Barthélemy a aussi déclaré que la France respecte la liberté religieuse dans les limites de l'ordre public et aussi " de l'ordre civil, l'ordre social, l'ordre économique ". Il a mentionné que la liberté religieuse est protégée au même titre que la " liberté des conscience ", et qu'il peut y avoir conflit entre les deux (un argument, comme plusieurs spécialistes l'ont noté, qui avait été utilisé en France au 19ème pour dissoudre des congrégations religieuses catholiques, et qui refait surface aujourd'hui). La France, a conclu M. Barthélemy, protégera contre les sectes non seulement les enfants, mais aussi " l'adulte à protéger ", notion dont l'ambiguïté est évidente.
En conversant avec des journalistes italiens et d'autres pays, le Dr Massimo Introvigne a indiqué que, bien mieux que n'aurait pu le faire n'importe quelle analyse d'un chercheur ou universitaire, le discours, extraordinaire dans son genre, de M. Barthélemy a montré à tout le monde l'intolérance des milieux de la MILS, qui non seulement substituent à la discussion et au dialogue une attitude " complotiste " paranoïaque (tout ceux qui critiquent la MILS sont des agents de la Scientologie ou des sectes), mais proposent comme position officielle de la France en matière de liberté religieuse des notions hostiles à la religion en général qui remontent à l'anticléricalisme du 19ème siècle.
Communiqué de la Religion Raëlienne, 16 août 2000France : Raël
"Raël supporte l'eugénisme génétique de l'intelligence
Suite aux découvertes récentes de l'équipe de Robert Plomin du King's Collège de Londres qui prouve que l'intelligence est génétique, c'est une nouvelle facette des découvertes scientifiques annoncées par RAËL il y a 27 ans qui est dévoilée.
Jusqu'alors, il était admis qu'un enfant intelligent était le résultat de son environnement même si le bon sens populaire soulignait toujours la ressemblance avec tel ou tel aîné. Il est aujourd'hui établi que cette intelligence est génétiquement programmée et qu'il est possible de naître idiot quelque soit le lieu de naissance.
En corollaire à cette découverte, on comprend bien que puisque l'intelligence est génétique, il sera bientôt possible de l'améliorer et de la choisir. De la même façon que les parents peuvent choisir le sexe de leur enfant et certaines morphologies, il sera bientôt possible de déterminer son niveau d'intelligence, de sélectionner son type d'intelligence, et même de la modifier.
Aucun parent au monde ne peut vouloir transmettre consciemment une maladie génétique grave à ses enfants qui pourrait les faire souffrir toute leur vie ou mourir prématurément . Et aucun parent digne de ce nom pourrait ne pas souhaiter que ses enfants aient une intelligence la meilleure possible. RAËL déclare
" Remettre le niveau d'intelligence au hasard ou à un dieu, quand on sait génétiquement en faire des génies au lieu d'idiots, est une attitude profondément irresponsable et criminelle et aucun parent sensé ne fera ce choix lorsque la technologie sera disponible. Les opposants à ces progrès oublient une chose importante lorsqu'ils rapprochent ces progrès des projets nazis : ces derniers voulaient améliorer une seule race pour la rendre " supérieure " aux autres. L'eugénisme génétique moderne va permettre d'améliorer la race humaine dans son ensemble sans distinction de race, d'ethnie ou de religion. " .Commentaire de Mickael Tussier : Quand un article de presse annonce que des gênes impliqués dans le développement de l'intelligence d'un individu ont été identifiés, Rael a enfin trouvé la preuve que l'intelligence peut être d'origine génétique... Non sans blagues ? Il ne doutait pas que si le QI de l'Homo Sapiens Sapiens était en général plus élévé que celui de son cousin le chimpanzé, l'explication devait forcément se trouver quelque part dans leur ADN ???
Message reçu : 16 août 2000France : Témoins de Jéhovah
Une réaction à "Les Témoins de Jéhovah et la Bible"
Monsieur CHERY,
J'ai parcouru votre article:"Les Témoins de Jéhovah et la Bible". Etant moi-même "TJ",je m'interroge depuis quelques années sur l'origine de mon organisation.
Apres avoir visité de nombreux sites traitant de cette question, je ne vous cache pas que je suis trouble par ce que j'y ai découvert.
Or vous conviendrez facilement,qu'il s'avère,qu'aucune organisations,mouvements,sectes ou grandes religions, Judéo-christienne,ne sortiraient indemnes d'une telle analyse.
Donc,soit,toutes les religions sont mauvaises,mais il suffirait d'être sincère, soit,elles sont des chemins différents,permettant à chacun d'éprouver sa Foi. Ou alors,la religion n'est que le support du besoin de spiritualité,qui caractérise l'homme,par rapport à l'animal. Dans ces cas pourquoi s'acharner contre certaines de ces confession religieuses. Je vous accorde que cela n'empêche en rien qu'on dénonce certaines pratiques ou abus,qui pourraient porter atteinte a l'intégrité,tant morale que physique,des individus.Rien n'est parfait.
Au demeurant,s'il suffisait à chacun,de tirer ses propres conclusions,de sa lecture ou étude personnelle de la bible, aboutirions à quelque chose de plus cohérent? Sachant malheureusement,que pour la majorité des individus,dont je fait partie, tout un chacun n'est pas exégète en langues anciennes,en histoire Judeo-chrétienne,etc...
Mais au fait,l'unité de pensée,est-elle souhaitable? Peut-on en conclure en citant 'l'ecclésiaste:"tout est vanité..."
J'espère qu'il n'en est pas ainsi,et je veux y croire, car pour faire encore une citation, tirée du film Contact:"Quel beau gâchis ce serait". Voila ma réaction a chaud. Je vous la transmets bien amicalement.
Le Monde: 16 août 2000 par Acaccio PereiraFrance : Ordre du Temple Solaire (OTS)
La nébuleuse de l'Ordre du Temple solaire
[Texte intégral]
Des structures templières au service d'un enseignement initiatique
Dans l'enchevêtrement de structures qui constituaient la nébuleuse de l'Ordre du Temple solaire (OTS), le nom de Joseph Di Mambro, décédé lors du suicide collectif de Salvan, n'apparaît qu'une seule fois, comme président de la Fondation Golden Way (FGW), de 1978 - date de sa création - à 1981.
A compter de cette date, Michel Tabachnik en devient le président jusqu'à sa dissolution officielle le 3 avril 1990. La FGW, qui selon d'anciens adeptes, était le noyau dur autour duquel gravitaient un certain nombre d'organisations satellites, n'en continuera pas moins d'exister. D'abord par le biais d'une Association des membres fondateurs de la Fondation Golden Way, puis dans le cadre de l'Ecole des Mystères, une structure regroupant l'« élite » de l'OTS. La quasi-totalité des personnes mortes lors des cinq suicides collectifs, en France, en Suisse et au Canada, en étaient issues.
A compter du 21 juin 1984, une première structure templière, l'Ordre chevaleresque international de Tradition solaire (Ocits), est créée. Dirigé à ses débuts par le docteur Luc Jouret, un proche de Jo Di Mambro décédé lors d'un des suicides collectifs, qui porte le titre occulte de Grand maître, l'Ocits est alors constitué d'un Conseil de l'Ordre, dans lequel figure notamment Michel Tabachnik avec le titre occulte d'ambassadeur.
Parallèlement à la mise en place de cette structure templière secrète, de nombreuses associations voient le jour. Plus ouvertes, elles ont pour objet l'organisation de conférences, la diffusion de l'enseignement, la vente de livres et de cassettes.
Ainsi, dès 1981, Joseph Di Mambro lance, avec des proches, les clubs Amenta, qui deviendront l'association Archedia, le principal vivier dans lequel l'Ordre vient puiser ses futurs adeptes.
En 1986, l'association se subdivise en deux structures : l'une secrète, l'autre exotérique, donc grand public, à but commercial. L'existence concomitante de deux structures, l'une ésotérique, initiatique et secrète, l'autre ouverte et publique, sera une constante tout au long de l'histoire de l'Ordre.
L'année 1990 marque une étape charnière dans l'histoire de cette nébuleuse. L'Ocits est remplacé par l'OTS auquel sont affiliées quatre commanderies : France, Martinique, Canaries, Canada. C'est dans ce dernier pays que l'OTS développe initialement ses activités. Mais, tous les témoignages d'anciens adeptes recueillis au cours de l'enquête concordent pour dire que Jo Di Mambro était « l'unique référence », le « sommet de la hiérarchie ». D'autres organisations annexes sont alors créées : l'Hermetica fraternitas templi universalis (HFTU), chargée de la diffusion d'une partie de l'enseignement ; la Ferme agricole de recherche et culture (FARC), qui fera l'acquisition de la ferme de Cheiry, en Suisse, où s'est produit l'un des suicides collectifs. Cette FARC
« exotérique » avait son pendant ésotérique, les Frères aînés de la Rose-Croix. Enfin, au Canada, Luc Jouret lance l'Académie de recherche de connaissance des hautes sciences (ARCHS), dont l'objet social était « la formation de cadres au niveau spirituel ».Au sein de l'OTS, cohabitent trois degrés distincts, qui marquent autant d'étapes dans la progression de l'enseignement. Au premier degré, les Frères du parvis portent une aube blanche lors des cérémonies. Au deuxième, les Chevaliers de l'Alliance sont affublés d'une cape blanche, alors que les membres du troisième degré, les Frères de temps anciens, portent une cape rouge. Un quatrième degré, dont le nom des membres devait demeurer secret, constitue l'Ecole des Mystères, en réalité la Fondation Golden Way. Les initiés de ce degré supérieur, également appelé Cercle doré, portent une cape dorée.
Dans cet Ordre initiatique, l'enseignement « avait une dimension d'absolu car officiellement censé émaner d'êtres suprêmes initiés », indique le juge Fontaine dans son ordonnance de renvoi. Aussi, chacun se devait de suivre avec assiduité l'enseignement réservé à son degré s'il voulait espérer gravir les échelons. Le but final était de parvenir à l'Ecole des Mystères qui, d'après un document de l'Ordre, était réservée à ceux qui avaient atteint « un degré conscienciel foncièrement distinct ».C'est dans le cadre de ces enseignements qu'est intervenu Michel Tabachnik, dont les cours, intitulés les Archées, « permettaient d'accéder à l'ultime degré initiatique », note le juge Fontaine. Le docteur Jean-Marie Abgrall, expert près la Cour de cassation et spécialiste des sectes, a examiné le contenu de ces Archées au cours de l'instruction. Selon lui, l'idée de « transformation énergétique par voie de combustion était au coeur de cet enseignement ». « [Son] caractère gradué avait pour effet d'accoutumer l'adepte à cette idée de mutation, de transformation, de sublimation alchimique, présupposant à terme, la »destruction de l'enveloppe matérielle (le corps) et de ses supports physiques« ». S'il n'exclut pas l'éventualité d'une lecture symbolique de ces Archées, il précise qu' « il n'était pas possible [pour l'adepte] de sortir d'une logique conditionnante car tout l'enseignement intégrait et exposait un corpus théorique homogène ayant pour effet de dépouiller la psychodynamique de suicides ou de meurtres de toute connotation critique, les intégrant dans une forme d'actes sacrificiels, la notion de mort étant peu à peu dépouillée de sa dimension angoissante pour devenir le signe objectif de l'aboutissement du parcours initiatique ».
L'annonce de la fin de l'Ordre, le 24 septembre 1994, onze jours avant les premiers suicides collectifs, marque aussi l'avènement d'une nouvelle structure : l'Alliance Rose-Croix hermétique, ésotérique et exotérique à la fois, dépourvue de hiérarchie contrairement à l'OTS.
Pour le magistrat instructeur, la naissance de cette alliance devait permettre d'atteindre « le 5e règne, le règne de l'esprit », marquant « l'étape irréversible du retour vers le père » que ne pouvait franchir qu'une « élite consciente ».
Une étape irréversible synonyme de « transit », donc de mort.
Le Monde: 16 août 2000 par Acaccio PereiraFrance : Ordre du Temple Solaire (OTS)
Selon le juge, Michel Tabachnik ne pouvait ignorer ce qui se préparait
[Texte intégral]
En annonçant le 24 septembre, à Avignon, la fin de l'Ordre du Temple solaire (OTS), Michel Tabachnik, conférencier habituel de la secte et proche de Joseph Di Mambro, savait-il que des suicides collectifs, qualifiés de « transit » par les adeptes, se préparaient ?
Pour le juge d'instruction Luc Fontaine, qui a décidé de renvoyer Michel Tabachnik devant le tribunal correctionnel pour « association de malfaiteurs en vue de la préparation de crimes d'assassinats » pour le suicide collectif de seize adeptes, le 23 décembre 1995, dans le Vercors, la réponse est positive.
« Il savait, écrit-il, que le but de l'initiation dans l'Ordre était le »retour vers le Père« ». « C'est donc bien (...) le »transit« de l'Ecole des Mystères, donc la mort physique, qu'elle soit consentie ou provoquée (...) que Michel Tabachnik avait annoncé », poursuit le magistrat.Le suicide n'est pas « pénalement répréhensible », reconnaît le juge, mais « le fait que certaines personnes aient accepté la mort n'écarte pas la responsabilité homicide de ceux qui les ont tuées ». Pour le magistrat instructeur, Michel Tabachnik « savait que la mission de l'Ordre, aboutissement du processus initiatique, était le »transit« de son élite Rose-Croix et que la réalisation concrète de cette mort en groupe pourrait nécessiter des gestes homicides ». Considéré comme faisant partie de « la haute hiérarchie » de l'OTS, rédacteur en 1991 d'un texte annonçant déjà le « Retour vers le Père », Michel Tabachnik ne pouvait donc ignorer ce qui se préparait, affirme l'ordonnance de renvoi.
Le juge Luc Fontaine rappelle que le chef d'orchestre avait « exercé de l'année 1981 au 3 avril 1990 les fonctions de président de la Fondation Golden Way, devenue Ecole des Mystères », qui était considérée comme le « coeur » de la nébuleuse de l'OTS.
Toujours selon le magistrat, il était « associé au plus haut niveau à la création de l'Ordre chevaleresque international de tradition solaire (Ocits) [prédécesseur de l'OTS] en participant à son conseil secret avec le titre occulte d'ambassadeur ». Par ailleurs, il aurait été « l'alter ego de Jo Di Mambro au plan des rituels » et il avait « seul, la responsabilité de l'enseignement initiatique des Archées, réservé aux hauts grades, l'étude dudit enseignement permettant d'accéder à l'Ecole des Mystères dont sont issues la quasi-exclusivité des victimes ».
Sollicité à plusieurs reprises par Le Monde, Michel Tabachnik n'a pas donné suite à nos demandes d'entretien. Il a néanmoins livré ses réflexions sur cette affaire, dans un ouvrage, Bouc émissaire, dans le piège du Temple solaire, paru en 1997 aux éditions Michel Lafon. Dans ce livre-confession, il dit sa haine de Joseph Di Mambro, « pour tout le mal qu'il a fait, tout le mal qu'il m'a fait ». Le leader de l'OTS était, à l'en croire, « un escroc, mais aussi un mythomane qui croyait à sa mission et y a sans doute cru jusqu'à sa mort ».
Michel Tabachnik conteste formellement toute participation active dans la hiérarchie de l'OTS et indique : « Je n'ai jamais voulu m'engager ni dans la structure ni dans les activités de cet Ordre. Je n'ai jamais assisté aux réunions ordinaires, aux rituels traditionnels, ou aux cérémonies régulières de l'Ordre. Conférencier, je me considérais comme un tiers. » Evoquant la conférence qu'il avait donnée le 24 septembre 1994 à Avignon, le chef d'orchestre affirme que son « langage » ne prônait « rien d'autre qu'un futur sur Terre, bien vivant. Un futur où la mort n'avait pas de place ! »
Le Monde: 17 août 2000 par Acaccio PereiraFrance : Ordre du Temple Solaire (OTS)
L'OTS, une secte qui avait fait de la mort « le cour de sa doctrine »
[Texte intégral]
Dans une ordonnance de renvoi de 427 pages, le juge Fontaine retrace l'histoire de l'Ordre du temple solaire, organisation occulte dont 71 adeptes sont morts au cours de suicides collectifs de 1994 à 1997. Le chef d'orchestre Michel Tabachnik comparaîtra pour « association de malfaiteurs ».
Il aura fallu des centaines d'auditions de témoins, de nombreuses commissions rogatoires internationales et plus de quatre ans d'enquête pour que Luc Fontaine, juge d'instruction à Grenoble, boucle le dossier de l'Ordre du Temple solaire (OTS).
Dans les 427 pages de l'ordonnance qu'il a rendue, le 11 juillet, le magistrat retrace avec force détails l'histoire de cette organisation occulte, sectaire et initiatique dotée de ramifications internationales. Dirigée par Joseph Di Mambro, un « gourou mégalomane » qui était devenu le « leader charismatique » de ce groupe d'illuminés, l'OTS avait fait de la mort « le cour de sa doctrine » et « le fondement de ses enseignements », indique le juge.
Lors des cinq « suicides collectifs » organisés d'octobre 1994 à mars 1997, en Suisse, en France et au Canada, soixante-et-onze adeptes ont trouvé la mort.
Parce que la plupart des responsables de l'OTS sont morts lors de ces suicides et qu'il a été difficile d'apporter la preuve de l'implication des survivants, le juge ne renvoie qu'une seule personne devant le tribunal correctionnel, Michel Tabachnik.Ce chef d'orchestre réputé, féru d'occultisme et proche de Joseph Di Mambro, devra répondre d'« association de malfaiteurs en vue de la préparation de crimes d'assassinats ». Présenté comme le créateur, avec Joseph Di Mambro, de la Fondation Golden Way (FGW), noyau dur de l'OTS, Michel Tabachnik était notamment chargé, selon le juge, de l'enseignement initiatique réservé aux hauts grades de l'organisation. La justice lui reproche d'avoir su que des « suicides collectifs » se préparaient et d'avoir, en annonçant la fin de l'Ordre lors d'une conférence à Avignon le 24 septembre 1994, ouvert la voie au « transit », terme utilisé par les adeptes de l'OTS pour parler de la mort.
Pour la justice française, l'« affaire du Temple solaire » débute le 23 décembre 1995 avec la découverte, dans une forêt du Vercors, à Saint-Pierre-de-Chérennes (Isère), de seize corps calcinés . Les expertises médico-légales révèlent que quatorze d'entre eux, dont trois enfants, ont avalé des médicaments avant d'être tuées par balles et jetées dans le brasier. Leurs meurtriers se sont ensuite donnés la mort. Grâce aux papiers retrouvés dans les quatre véhicules immatriculés en Suisse et dans le Vaucluse, les enquêteurs identifient rapidement les victimes.
Sollicités par leurs collègues français, les policiers suisses indiquent que les propriétaires des véhicules sont signalés disparus depuis le 16 décembre et qu'ils sont des adeptes de l'Ordre du Temple solaire.
Quatorze mois plus tôt, dans la nuit du 4 au 5 octobre 1994, quarante-huit personnes ont trouvé la mort dans les mêmes circonstances en Suisse, dans des chalets de l'OTS à Cheiry (canton de Fribourg) et à Salvan (canton du Valais).
Le même jour, deux fidèles de la secte sont mortes dans des conditions similaires à Morin-Heights (Canada). Les suicides collectifs ne sont pas terminés : le 27 mars 1997, soit un an et demi après les crimes du Vercors, cinq autres adeptes de l'OTS périssent à nouveau par le feu dans une maison à Saint-Casimir (Canada).
Pour le juge d'instruction français, l'instigateur de ces différents massacres est Joseph Di Mambro, aidé du docteur Luc Jouret, un médecin homéopathe, qualifié de « rabatteur efficace » par le magistrat parce qu'il a su rassembler autour de la « secte » un petit groupe de fidèles capables d'accepter l'idée du suicide collectif, le « transit ». Reste que tous deux sont morts à Cheiry et à Salvan en 1994.
Comment, dès lors, expliquer que le délire meurtrier se soit poursuivi après leur disparition ? Qui peut être tenu pour responsable de ce que le juge d'instruction appelle des crimes, même si, pour la plupart, les victimes semblent avoir été consentantes pour « partir » ?
Après avoir dirigé, dans les années 60, la Loge Debussy de Nîmes, dépendante de l'Ancien et mystique ordre Rose-Croix (Amorc), Joseph Di Mambro réapparaît en 1974 en créant en Haute-Savoie une première association, le Centre de préparation à l'âge nouveau-école de vie. Deux ans plus tard, il constitue une Société civile immobilière, La Pyramide, qui achète une bâtisse à Collonges-sous-Salève (Haute-Savoie), où s'installe une petite communauté qui s'inscrit clairement dans la filiation idéologique de la Rose-Croix. Là se forme le cercle restreint des fidèles qui suivront le gourou lors de la création de la Fondation Golden Way en 1978.
Structuré comme un ordre initiatique, l'OTS affectionne l'organisation de cérémonies rituelliques au cours desquelles les adeptes attendent des manifestations surnaturelles et des apparitions. A ces occasions, des Maîtres se seraient manifestés aux fidèles, délivrant des messages à caractère apocalyptiques, incompréhensibles par le commun des mortels, mais que Joseph Di Mambro et Michel Tabachnik se seraient chargés de traduire. Les adeptes devaient, entre autre, se préparer à « la transmutation du règne humain à un règne supérieur ».
Au début des années 90, des adeptes quittent la secte : ce qu'on leur présentait comme des miracles n'était, selon l'ordonnance de renvoi, qu'un ingénieux trucage utilisant des hologrammes pour faire « apparaître » des êtres « cosmiques ». Ils commencent à douter aussi de l'existence de ces Maîtres inconnus, qui sont censés faire partie d'une mystérieuse Loge-mère qui, de Zurich, dirigeait toute l'organisation et dont Joseph Di Mambro était le représentant auprès des adeptes. D'anciens fidèles affirmeront aux enquêteurs que cette prétendue hiérarchie ultra-secrète avait été inventée de toutes pièces par le gourou pour imposer à ses ouailles des décisions difficiles.
C'est également au début des années 90 qu'apparaît le concept de « transit » dans la philosophie de l'Ordre, notamment dans les discours de Luc Jouret. Les adeptes sont avertis que, le moment venu, ils devront « abandonner leurs corps physiques et transiter sur Sirius ». L'astre, symbole d'une nouvelle religion et présentée comme « l'étoile-relais pour le transit des âmes », est le territoire des Maîtres, « entités de lumière, à l'image du Christ ressuscité ».
Joseph Di Mambro enseigne à ses fidèles que seule l'âme peut migrer sur Sirius, l'enveloppe charnelle étant abandonnée à la Terre pour permettre le passage.
A la fin du premier trimestre 1994, Joseph Di Mambro annonce à certains de ses proches que « la mission de l'Ordre est achevée ». Selon le juge d'instruction Luc Fontaine, cette annonce est officiellement confirmée par Michel Tabachnik lors de sa conférence d'Avignon en septembre 1994. L'anéantissement du noyau dur de l'Ecole des Mystères, structure occulte de niveau supérieur qui regroupe les initiés de l'OTS, devient inéluctable et les transits sont programmés. Selon le juge Fontaine, qui reprend des propos d'un proche de Di Mambro, « le but sublime » que s'étaient assigné les dirigeants de l'OTS consistait en « l'ascension des êtres, leur sublimation alchimique dans la lumière divine ». Une perspective pour laquelle les adeptes avaient été préparés dans le cadre des enseignements qu'ils recevaient.
Dans la nuit du 4 au 5 octobre 1994, quarante-huit personnes, dont Joseph Di Mambro, meurent en Suisse, dans les chalets de l'OTS de Cheiry (canton de Fribourg) etSalvan (canton du Valais) ainsi que deux à Morin-Heights (Canada). Le 23 décembre 1995, seize corps calcinés sont découverts dans le Vercors. Dès lors, la prophétie écrite dès 1975 par un spécialiste de l'ésotérisme, dont Joseph Di Mambro se serait largement inspiré, pouvait se concrétiser : « Quand l'Ordre aura réalisé son programme, il ne lui restera plus qu'à s'évanouir dans le temps et dans l'espace, à l'image de son Maître, ne laissant pour seule trace de son passage que le souvenir d'une aventure en apparence incomplète et difficilement explicable ».
La plupart des responsables de l'OTS étant morts lors des suicides collectifs et l'implication des survivants étant difficile à prouver, il n'y a qu'une seule personne, le chef d'orchestre Michel Tabachnik, que le juge Fontaine est en mesure de renvoyer devant le tribunal correctionnel
Le Monde: 17 août 2000 par Acaccio Pereira
France : Ordre du Temple Solaire OTS)
Une « multinationale » financière qui devait beaucoup à ses mécènes
[Texte intégral]
Pour le juge, l'OTS était une « gigantesque affaire commerciale »
Des sommes considérables ont été englouties, sur une période de plus de quinze ans, dans le fonctionnement de la nébuleuse d'associations et de structures gigognes de l'Ordre du Temple solaire (OTS). « Structuré comme une multinationale, l'Ordre était bel et bien une gigantesque affaire commerciale dont les intérêts financiers étaient répartis sur trois continents : l'Europe, le Canada et l'Australie », résume le juge d'instruction de Grenoble, Luc Fontaine, dans son ordonnance de renvoi.Le patrimoine de l'OTS est d'abord immobilier. Parti de rien, le dirigeant de l'Ordre, Joseph Di Mambro, et ses proches parviennent, de 1976 à 1994, à acquérir de nombreux biens. Le 27 avril 1976, Jo Di Mambro crée la SCI La Pyramide qui achète quelque temps plus tard une bâtisse à Collonges-sous-Salève (Haute-Savoie). C'est le début de l'empire immobilier « dimambresque », selon l'expression du juge. Dans cette maison s'installe la Fraternité, une petite communauté d'une trentaine de personnes qui gravite autour du leader charismatique.
Deux ans plus tard, après un incendie, le groupe de fidèles habite dans une maison de maître à Plan-les-Ouates (canton de Genève) achetée par la Fondation Golden Way, que vient de créer Jo Di Mambro. D'autres acquisitions viendront, au fil des années, compléter le patrimoine de l'OTS dans le Vaucluse, au Canada et en Australie. En Suisse, l'Ordre devient propriétaire des chalets de Salvan et de la ferme de la Rochette à Cheiry, où se produiront les premiers suicides collectifs. En gestionnaires avisés, les dirigeants de l'Ordre savent aussi revendre des biens, achetés depuis peu, et empocher ainsi de belles plus-values.
«Un océan d'argent »
L'absence de pièces comptables et la mort des trois femmes, proches de Jo Di Mambro, qui s'occupaient de la trésorerie de l'Ordre n'ont pas facilité les investigations. Néanmoins, il ressort de l'enquête que les ressources de l'OTS provenaient en grande partie de la Fraternité de Plan-les-Ouates. De 1983 à 1993, ses ressources sont évaluées à 8 millions de francs suisses. Après la dispersion de la communauté et la revente de la ferme en 1993, les revenus de l'Ordre connaissent d'ailleurs une baisse significative. Une part importante des dons et du produit de la communauté était reversée en numéraire à Jo Di Mambro lui-même ou à ses fidèles gestionnaires.
Pour développer son « entreprise », selon le mot du juge, le gourou de l'OTS n'aurait pas pu agir sans le soutien financier massif de « mécènes » convaincus d'agir pour la bonne cause.
Au total, la Fondation Golden Way, sommet de la pyramide de l'OTS, aurait perçu, en dons et prêts, plus de 8 millions de francs, près de 2,5 millions de francs suisses, 891 891 dollars canadiens et 280 000 dollars australiens. Il faut ajouter à ces sommes des dons en liquide pour un minimum de 4 350 000 francs et de 4 380 000 francs suisses.
Camille Pilet, ex-numéro un des montres Piaget, est le principal « bienfaiteur » de l'organisation. « Il colmatait les brèches financières occasionnées par la gestion de Jo Di Mambro, lequel dépensait sans compter pour lui-même et sa garde rapprochée », indique le juge Luc Fontaine dans son ordonnance de renvoi. Camille Pilet, décédé dans un des suicides collectifs, a aussi « complètement entretenu » un conférencier proche de Jo Di Mambro, Luc Jouret, qui avait une procuration sur le compte du « mécène » à la Société de banque suisse de Genève. Les autres comptes bancaires de l'ancien entrepreneur ont d'ailleurs largement été sollicités pour le plus grand profit de membres de l'Ordre. Selon l'ordonnance, la fortune personnelle de Camille Pilet, évaluée à 18 millions de francs suisses, a largement pâti de ses dons à la Fondation Golden Way et à ses associations satellites pour une somme minimum de 3 232 429 francs suisses, 6 958 300 francs français et 199 891 dollars canadiens.
Autre pourvoyeur de fonds important de l'OTS, Albert Giacobino, lui aussi mort lors d'un suicide collectif, aurait dépensé pour sa part 3 millions de francs suisses. Sans doute, le prix du « transit » vers Sirius que leur faisait miroiter Jo Di Mambro... A l'aune de ces sommes colossales, les autres ressources de l'Ordre - cotisations des membres, participation aux cérémonies... - « ne constituaient que des gouttes d'eau dans un océan d'argent », à en croire le magistrat instructeur.
Il est vrai aussi que la « multinationale » de Jo Di Mambro avait quelques charges. Tous les membres de la Fraternité étaient nourris, logés et blanchis. Jo Di Mambro lui-même, officiellement salarié en qualité d'animateur-organisateur, était à la charge de la Fondation Golden Way. Entre 1981 et 1986 il a perçu, selon le juge, une somme de 247 000 francs suisses. Et encore, ces sommes-là ne représentent-elles que la partie visible de l'iceberg financier qui faisait vivre le gourou. A en croire les anciens adeptes entendus au cours de l'enquête, Jo Di Mambro aurait détourné à son profit personnel une partie des revenus mensuels de la Fondation Golden Way.
Officiellement, ces revenus étaient en effet divisés en trois parts égales : un tiers pour l'entretien des personnes, un tiers pour le fonctionnement de la Fraternité et un tiers pour la loge-mère de Zurich. Or, cette loge était une pure invention de Jo Di Mambro. Ses anciens fidèles affirment aujourd'hui que ce dernier tiers est parti directement dans les poches du leader charismatique.
Les millions africains d'un proche de Jo Di Mambro
Raymond Bernard, qui a derrière lui un long passé dans les milieux ésotériques, est le fondateur de l'Ordre rénové du Temple (ORT) qui est présenté, dans l'ordonnance de renvoi, comme le « berceau » de l'Ordre du Temple solaire. Selon le juge, le patrimoine financier de ce « proche » de Jo Di Mambro peut être évalué à 20 millions de francs, alors qu'il n'a, selon l'ordonnance, « jamais travaillé ». De 1992 à 1998, 11,2 millions de francs ont été virés sur son compte personnel par la Société nationale des hydrocarbures (SNH) du Cameroun.
Raymond Bernard a expliqué aux enquêteurs que cette somme correspondait à des « conseils » donnés à Paul Biya, président de la République du Cameroun (600 000 francs), à la vente d'un tableau de Bernard Buffet à cette même présidence (5 millions de francs) et à un don de Paul Biya à une organisation ésotérique créée par Raymond Bernard lui-même, le Centre international de recherches culturelles et spirituelles (Circes), crédité par erreur sur son compte personnel (5,6 millions de francs) et ensuite remboursé. Ce même Circes a également bénéficié d'un virement de 2 millions de francs versés par la SNH du Cameroun et de 40 millions de francs de Paul Biya. Plus étonnant encore, la FAO, organisme dépendant de l'ONU, a versé plus de 20 millions de francs au Circes.
Nice Matin: 17 août 2000 par Georges Bertolino
France : Le Mandarom
Le Mandarom, opération séduction,
[Résumé]
Par décision de la Cour de Cassation, la grande statue du "messie cosmoplanétaire" érigée au Mandarom devra être démolie le 21 août.
Selon la présidente de l'association "Vajra Triomphant", cette décision est inexécutable car aucun notification de la Cour de Cassation n'est encore parvenue.
En attendant, les adeptes se mobilisent contre cette " atteinte à la liberté de conscience" en organisant des actions médiatiques : journée portes ouvertes à la presse et projet d'une manifestation à Strasbourg, le 22 août, devant le parlement européen. Christine Amory prévoit même de faire accuser la France auprès de l'ONU pour "discrimination religieuse".
L'encart " Vous avez dit secte ", rend compte des points essentiels évoqués lors de la conférence de presse. Les intervenants ont dit vouloir obtenir le statut de congrégation religieuse, déjà demandé aux ministres Louis Debré, puis Jean-Pierre Chevènement.
Ils ont fait également savoir qu'ils attendaient un nouveau chef religieux, le "hierokarantine" pour succéder au défunt maître Gilbert Bourdin. Selon la présidente, l'organisation serait composée de 400 membres actifs et près de 2000 fidèles dans le monde, des femmes majoritairement.
Dans un article intitulé « Les millions africains d'un proche de Jo Di Mambro » nous faisions état d'une information contenue dans
l'ordonnance du juge Luc Fontaine, chargé d'instruire à Grenoble le dossier de l'Ordre du Temple solaire (OTS).Le juge écrivait que la Food and Agriculture Organization (FAO) avait versé plus de 20 millions de francs au Centre international de recherches culturelles et spirituelles.
La FAO nous prie d'indiquer que cette information est erronée . « Nous ne connaissons pas cette association et l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (OAA en français, FAO en anglais) ne lui a jamais versé de fonds d'aucune sorte », précise l'institution.
France : l'Ordre du temple Solaire OTS)
L'OTS, une secte qui avait fait de la mort " le coeur de sa doctrine " (suite)
Le Monde : 17 août 2000
[Texte intégral]
VERBATIM : " Di Mambro nous a expliqué qu'il faudrait probablement abandonner "nos corps trop lourds"
Dans son ordonnance de renvoi du 11 juillet, le juge d'instruction du tribunal de Grenoble (Isère), Luc Fontaine, chargé des investigations sur le décès, le 23 décembre 1995, de seize adeptes de l'Ordre du Temple solaire (OTS) dans une forêt du massif du Vercors, cite les témoignages des anciens membres de l'Ordre sur le thème du " transit ".
Développé dès 1990 auprès des initiés, ce terme, selon l'ordonnance de renvoi, signifiait " clairement la mort ".
Nous publions ci-dessous des extraits de ces témoignages :
Jacqueline C. " Le transit supposait un "voyage" sur Sirius qui aurait dû se faire en soucoupes volantes. Un jour, Di Mambro nous a expliqué que pour partir sur Sirius il faudrait probablement abandonner "nos corps trop lourds". Pour moi, c'était la mort, et j'ai posé la question à Di Mambro. Il m'a répondu : "Ne t'inquiète pas, les maîtres s'occupent de tout". "
Marianne S. " On croyait qu'un jour, quand la mission de l'humanité serait terminée, on pourrait partir dans la lumière en se tenant la main. "
Claude G. " Le terme transit est un terme maçonnique désignant clairement la mort. Par contre, "transiter" sur Sirius n'avait strictement aucun sens, et quand bien même il en aurait eu un, il ne s'agissait que de symboles, pas de projets réels. "
Roger B. " Cela signifiait un tri parmi les meilleurs pour permettre à un vaisseau spatial de les emporter ".
Le corpus doctrinal développé au sein de l'OTS dans le cadre des enseignements délivrés aux adeptes, pour abscons qu'il soit, n'en traduit pas moins l'obsession morbide de ses auteurs. Nous publions ci-dessous des extraits de certains de ces textes :
Plagium B13 : " La mort réelle n'est pas la perte de vie, mais l'inaction, l'absence de mouvement et de conscience dans la vie, l'immobilité et le non- emploi des énergies vitales. La vie est un courant, elle coule, passe de véhicule en véhicule, de formes en formes, pour porter plus loin l'évolution et la Conscience. L'Homme a peur de la première mort, de la disparition du corps qui porte sur sa conscience. Il songe rarement à la Seconde Mort, celle de la conscience elle-même. (...) L'homme juge et, bourreau de son propre devenir, est seul responsable tant de sa survie, par des incarnations de plus en plus conscientes et dirigées, que de sa Seconde Mort éventuelle dans l'anéantissement total de son individualité et de ses potentialités créatrices."
Plagium B6 : " Il te faut aussi apprendre à accepter et tolérer l'humainement intolérable car il y a Appel et Réponse de la conscience cosmique qui, en te plaçant sur un autre plan de compréhension, te donne les moyens de dépasser et transformer les choses en toute conscience, lucidité et amour. "
Epitre 5 : " L'Alchimie des Frères aînés de la Rose+Croix est simultanément spirituelle et matérielle. C'est-à-dire qu'elle se donne pour objet de transmuter l'homme vulgaire, le profane, en un initié véritable ; et pour le dit initié de transmuter le plomb, métal-vil, en or, Substance Divine. A cette double fin, les adeptes et leurs disciples méditent et mettent en pratique quarante-deux axiomes
(extraits) : Axiome 11 : " Dans la calcination, le corps ne se réduit pas, mais augmente en quantité. "
Axiome 29 : "Ce qui est grossier et épais doit être rendu subtil et fin par la calcination. Ceci est une opération très pénible et très lente ; elle est nécessaire pour arracher la racine même du mal. "
La Croix, 18 août 2000
Japon : Sectes
Sectes liées aux "Nouvelles Religions"
[Texte intégral]
MONDE. JAPON. Les corps décomposés de cinq membres d'une secte bouddhiste " familiale " ont été découverts mercredi par la police japonaise, près d'Osaka. Le gourou était l'oncle des victimes qui se seraient laissées mourir de faim pour des raisons religieuses.
Cette affaire s'ajoute à plusieurs autres mettant en cause des sectes liées aux " nouvelles religions ", en vogue sur l'archipel.
Le Soir, 18 août 2000
Japon : Sectes
Cinq adeptes d'une secte japonaise morts de faim
[Texte intégral]
Leur maître avait ordonné le jeûne pour accroître les performances religieuses
La police japonaise a découvert les corps décomposés de cinq membres d'une petite secte bouddhiste qui se seraient laissés mourir de faim pour des raisons religieuses.
Les policiers, alertés par un voisin, ont découvert mercredi les corps des cinq frère et soeurs sur des matelas dans la maison de leur oncle, Takao Wakasa, 66 ans, près d'Osaka (ouest). Quand nous sommes arrivés, l'odeur était tellement forte que nous savions que quelqu'un devait être décédé, a expliqué un porte-parole de la police.
Les corps étaient méconnaissables et couverts de mouches. Ils ne portaient pas de traces de blessures, donc nous pensons qu'ils sont morts d'inanition, sans doute à la mi-juillet, a-t-il ajouté. Les victimes ont été identifiées comme étant les enfants de la soeur de Takao Wakasa, Akiko, 66 ans, qui avait quatre filles âgées de 41, 38, 29 et 28 ans, et un fils de 27 ans.
Akiko a indiqué que ses enfants avaient cessé de se nourrir pendant un mois pour suivre des préceptes religieux enseignés par son frère Takao. Takao est le maître. Il leur a ordonné de ne pas boire ni manger pour accroître leur performance religieuse, a expliqué Akiko, citée par la police, qui a présenté la secte comme purement familiale.
Aucune nourriture n'a été trouvée dans la maison.
Le frère et la soeur ont été hospitalisés en raison de leur maigreur. Si nous ne les avions pas découverts, ils seraient morts comme les cinq autres avant la fin du mois, a indiqué le porte-parole. Cette affaire vient s'ajouter à plusieurs autres mettant en cause des sectes liées aux "nouvelles religions" en vogue sur l'archipel. En juillet, le gourou de la secte "LifeSpace" a été accusé de meurtre pour avoir conservé le corps momifié d'un adepte dans une chambre d'hôtel en assurant qu'il était vivant. La justice a par ailleurs condamné à la peine de mort sept adeptes de la secte Aoum pour leur participation à un attentat au gaz sarin qui avait fait 12 morts dans le métro de Tokyo en 1995. (AFP.)
Libération, 19 août 2000
France : Sectes
Deux mises en examen après des profanations
[Texte intégral]
Deux jeunes de 19 et 23 ans, soupçonnés de dégradations sur une quinzaine de sépultures dans un cimetière près de Rouen, ont été mis en examen vendredi et placés sous contrôle judiciaire.
Dans la nuit du 21 au 22 juillet, des pierres tombales avaient été renversées et des croix retournées dans le cimetière de Franqueville-Saint-Pierre (Seine-Maritime).
Lors d'une perquisition chez les suspects, des signes d'appartenance à une secte satanique ont été trouvés.
France : l'Ordre du temple Solaire OTS)
Les millions africains d'un proche de Jo Di Mambro
Le Monde : 17 août 2000
[Extrait]
Raymond Bernard, qui a derrière lui un long passé dans les milieux ésotériques, est le fondateur de l'Ordre rénové du Temple (ORT) qui est présenté, dans l'ordonnance de renvoi, comme le « berceau » de l'Ordre du Temple solaire. Selon le juge, le patrimoine financier de ce « proche » de Jo Di Mambro peut être évalué à 20 millions de francs, alors qu'il n'a, selon l'ordonnance, « jamais travaillé ». De 1992 à 1998, 11,2 millions de francs ont été virés sur son compte personnel par la Société nationale des hydrocarbures (SNH) du Cameroun.
Raymond Bernard a expliqué aux enquêteurs que cette somme correspondait à des « conseils » donnés à Paul Biya, président de la République du Cameroun (600 000 francs), à la vente d'un tableau de Bernard Buffet à cette même présidence (5 millions de francs) et à un don de Paul Biya à une organisation ésotérique créée par Raymond Bernard lui-même, le Centre international de recherches culturelles et spirituelles (Circes), crédité par erreur sur son compte personnel (5,6 millions de francs) et ensuite remboursé. Ce même Circes a également bénéficié d'un virement de 2 millions de francs versés par la SNH du Cameroun et de 40 millions de francs de Paul Biya. Plus étonnant encore, la FAO, organisme dépendant de l'ONU, a versé plus de 20 millions de francs au Circes.
Le Parisien: 24 août 2000 par Jean-Louis Pacull
France : Le Mandarom
Le Mandarom veut garder sa statue
[Texte intégral]
Les adeptes du Vajra triomphant du Mandarom de Castellane (Alpes-de-Haute-Provence) viennent de fêter un anniversaire symbolique pour cette communauté.
Ils célébraient ce mardi les dix ans de la consécration de la statue de 33 mètres de hauteur bâtie sans autorisation et représentant un immense " Messie de synthèse entre le Christ, Bouddha et le prophète ". Un événement pour les membres de la communauté de feu Gilbert Bourdin, le gourou du Mandarom, décédé le 19 mars 1998.
Plus de mille ballons multicolores se sont envolés dans le ciel de Castellane, tous porteurs d'un message très clair : non à la destruction de la statue de l'idole cosmoplanétaire. Car, depuis le 30 juillet 1998, la statue et son socle, soit quelque 2 000 tonnes de béton et d'acier, sont frappés d'un jugement ordonnant leur démolition par le tribunal de Digne.
Ce jugement, assorti d'une amende de 120 000 F, a été confirmé le 15 juin 1999 par la cour d'appel d'Aix-en-Provence, qui a admis l'existence d'un permis de construire tout en pointant des irrégularités concernant, par exemple, la date effective du début des travaux. En conséquence, la secte de Castellane aurait dû normalement démolir la statue dans les deux mois suivant l'ordonnance sous une astreinte de 500 F par jour de retard. Une guérilla de procédures a alors commencé entre la justice et les responsables du Mandarom, qui se sont pourvus en cassation.
Mais le 20 juin 2000, la plus haute juridiction de France a rejeté cette ultime requête et a confirmé l'obligation de destruction. Or aucune notification n'est parvenue depuis cette date aux adeptes de la communauté, qui ont profité de l'occasion pour saisir hier la Cour européenne des droits de l'homme. Ils ont, par ailleurs, alerté les parlementaires sur l'éventualité " d'une évacuation forcée du monastère de Castellane ".
Les adeptes sont entrés en résistance
C'est que, en spécialistes du droit, les responsables du Mandarom ont organisé leur riposte.
Les notifications des divers jugements ont été en effet adressées à la présidente des Chevaliers du Lotus. Or c'est une autre association, le Vajra triomphant, qui a succédé en août 1995 à celle du Lotus. Pour eux, les procédures ne sont donc pas valables.
En célébrant très médiatiquement le dixième anniversaire de la consécration de la statue du Messie de synthèse, les adeptes du Mandarom sont donc entrés en résistance.
Et, une nouvelle fois, la justice française va devoir statuer sur cet épineux dossier.
Quand on sait que la statue elle-même a été érigée sans les autorisations indispensables mais que le socle sur lequel se dresse le Messie a été construit en toute légalité, on se dit que la communauté religieuse pourra faire visiter encore longtemps le Mandarom.
La Tribune de Genève: 24 août 2000 par Christiane IMSAND
Suisse : Raël
Les raéliens veulent cloner un bébé américain décédé
[Texte intégral]
Expérimentation - Les 500'000 francs ( en FS) nécessaires seront versés par les parents
Tandis que la Grande-Bretagne donnait à la mi-août son feu vert aux recherches dans le domaine du clonage d'embryons humains, mais uniquement dans le but de cultiver des tissus, le mouvement raélien, dont le siège mondial est à Genève, s'apprête allégrement à passer à l'étape suivante « Nous avons reçu les fonds nécessaires pour cloner le premier être humain », annonçait-il triomphalement en début de semaine.
Cette opération hasardeuse, totalement interdite en Suisse, sera effectuée sous les auspices de la société Clonaid, fondée par les raéliens il y a trois ans aux Bahamas et dirigée par le Dr Brigitte Boisselier, une scientifique française. Nous l'avons atteinte aux Etats-Unis.
Tribune de Genève : Dans quel pays allez-vous opérer ?
Brigotte Boisselier : Dans un pays où ce type d'intervention est légal. Je ne peux pas vous dire précisément lequel car nous ne voudrions pas qu'on dépose une bombe dans nos locaux.
TG : D'où proviennent les fonds ?
BB : D'une famille américaine dont le bébé est mort il y a quelques mois à la suite d'une erreur médicale. C'était un petit garçon de dix mois et sa famille souhaite le faire revivre. Nous entendons donner cette chance à cet enfant. C'est une belle démonstration de l'utilité du clonage.
J'estime les coûts à environ 500'000 FS.TG : Mais ce ne sera pas le même enfant !
BB : C'est le même code génétique qui aura la chance de s'exprimer. Nous commencerons les travaux en septembre. Nous espérons pouvoir présenter
un bébé dans un an.TG : Si lintervention réussit, on fera peser un poids très lourd sur les épaules de cet enfant.
BB : On a dit la même chose quand le premier bébé éprouvette, Louise Brown, est né. Aujourd'hui c'est une jeune femme qui mène une vie tout à
fait normale. Je ne vois aucun obstacle éthique à cet enfantement.TG : A quoi bon généraliser le clonage ?
BB : Une réussite provoquerait un choc et un débat de société mais ensuite je suis certaine que ce type d'intervention va se banaliser. On ne peut pas empêcher la science d'avancer. Je suis convaincue que dans quinze à vingt ans nous aurons accès à une forme de vie éternelle. Le clonage est une première étape.
TG : Mais un clone ne sera jamais qu'un jumeau, il n'aura pas vos souvenirs !
BB : Les souvenirs sont des connexions électrochimiques. Je pense qu'ils seront reprogrammables à l'avenir.
TG : Nous allons donc nous recloner indéfiniment ? C'est la fin de l'évolution...
BB : C'est une forme de vie éternelle. Cela ne peut choquer que ceux qui croient à une création divine ou aux théories de l'évolution selon lesquelles l'homme descendrait du singe. Nous croyons pour notre part que l'homme a été créé par des êtres intelligents (/n.d.l.r. : venus d'une autre planète/) et nous sommes sur le point de faire la même chose.
Je suis prête à vivre 2000 ans et je ferai tout pour y arriver.
Il faudra bien sûr que la société adapte sa façon de vivre à cette nouvelle donne. Nous ne pourrons plus nous permettre d'avoir cinq ou six enfants. Il faudra un contrôle des naissances très strict.
Le Temps, 24 août 2000 par Laurent Busslinger,
Suisse : Raël
Pour leur propre pub, les raéliens exploitent le nom de l'Unesco
[Texte intégral]
Surprise pour un groupe d'étudiants vaudois samedi après-midi sur les quais d'Ouchy. Comme de nombreux autres promeneurs, ils sont abordés par trois personnes récoltant des signatures en faveur du «Manifeste 2000 pour la culture de la paix et de la non-violence», diffusé dans le monde entier sous l'égide de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture. Mais à côté du sigle de l'Unesco figure sur le papier à signer celui de l'autoproclamée «Religion raélienne».
Le texte du manifeste onusien lui-même est authentique, et suffisamment vague pour être signé par tout le monde. On s'y engage à «respecter toutes les vies», rejeter la violence», à «libérer sa générosité», à «écouter pour comprendre», à «préserver la planète» et à «réinventer la solidarité». S'ajoutent à ce document bien intentionné quelques paragraphes typiques de la prose de la secte. «S'appuyant sur le message révélé par les Elohims, ceux qui ont créé la vie sur terre, les raéliens militent en faveur de la paix, de l'amour, du respect de la vie...» Au passage, ces lignes n'oublient pas de vanter «Le vrai visage de Dieu», livre que les extraterrestres Elohims auraient dicté au gourou Claude Vorilhon, alias Raél, après l'avoir enlevé sur leur planète en 1973. En dépit de l'évidence, il faudra de la pugnacité aux étudiants pour faire admettre son appartenance raélienne à l'une des récolteuses de signatures. Elle est là comme «messagère du texte de l'Unesco» et c'est tout.
Partenariat catégoriquement démenti par l'Unesco: «Contrairement à ce que les raéliens ont affirmé le 26 juillet, cette organisation n'est pas «Messager» du Manifeste 2000 et ne figure dans aucune des listes publiées sur notre site Web», fait savoir en quatre lignes son service de presse. «D'après nous, les raéliens ne correspondent pas aux critères que nous avons fixés, dont l'absence de fanatisme et la transparence», ajoute David Adams, directeur du programme de l'année de la culture de la paix. Tant si l'objectif de 100 millions de signatures affiché par le manifeste est loin d'être atteint - il en manque encore les trois quarts - le siège central de l'Unesco reste de marbre.
Il en faudrait plus pour décourager les raéliens. «En Corée et au Japon nous avons obtenu le titre de partenaire, et nous avons figuré durant un mois sur le site Web central du manifeste. Nous n'en avons été enlevés qu'à la suite de pressions du gouvernement français», contre Alexandra Nanchen, leur porte-parole en Suisse romande. A l'appui de ses dires, elle produit une lettre de confirmation, obtenue le 9 août dernier de Kwon Tai Joon, secrétaire général de la commission coréenne pour l'Unesco.
Des valeurs communes?
«Nous dépendons de commissions nationales qui sont nos antennes dans différents pays, mais qui sont des bureaux gouvernementaux. Si ces commissions acceptent des partenaires sur leur territoire, c'est sous leur seule responsabilité», rétorque David Adams. Entre centrale et succursale de l'Unesco, les exigences ne sont visiblement pas les mêmes.
Criant à la persécution, Raél a annoncé dès le 31 juillet qu'il se considérait toujours comme un messager, qu'il continuerait à récolter des signatures, et qu'il les remettrait à l'Unesco. Obéissant, les adeptes romands se sont donc mis en chasse, et d'autres paraphes semblent avoir été glanés au Canada. Pour David Adams, il n'est même pas question de mettre les adorateurs des extraterrestres en demeure de cesser: «Nous n'entrerons pas dans ce débat, il est évident que
ces gens veulent exploiter la situation à leur avantage.» Soupçon vertueusement écarté par Alexandra Nanchen: «La religion raélienne a simplement des valeurs communes avec celles du manifeste, donc nous les défendons.»Bien plus que des adresses, c'est en fait de la respectabilité que chasse la secte, présente selon ses dires dans plus de 80 pays, et qui annonce 50 000 membres. Cataloguée comme «dangereuse» en France, elle traîne dans sa doctrine des textes sur les rapports sexuels entre enfants et adultes «pour le moins ambigus» comme a eu l'occasion de le constater le Tribunal fédéral lui-même en 1998.
A la recherche de millions
Raél cherche aussi les millions de dollars nécessaires à la construction «près de Jérusalem, et sinon dans un climat tempéré» de la fameuse ambassade terrienne destinée à l'accueil confortable des Elohims, qui réclame la bagatelle de 347 hectares (la taille de la commune vaudoise de Mies) pour respecter leurs plans. Sans compter le nouveau projet de cette «religion» scientiste et athée. Mardi, Raél annonçait que sa compagnie «Clonaid», fondée avait «presque signé» un accord avec un investisseur prêt à financer le premier clonage humain.
Le Monde Diplomatique : 24 août 2000 un texte de Denis DUCLOS
France : Sectes
De la manipulation mentale à la secte globale
Selon le sociologue Denis Duclos, la secte "n'est qu'une copie microscopique de la secte planétaire"
Elle en partage les méthodes et les tendances profondes qu'elle amplifie bien souvent.
Le développement de mouvements sectaires s'inscrit totalement dans le fonctionnement de la ''grande secte'' qu'est la société globale. Par son ultra libéralisme et sa technologie toute puissante, elle fait le lit des sectes. Celles-ci forment ainsi ''un marché hospitalier du malaise de la civilisation" dans lequel s'expriment d'autres mythes et aspirations, tout comme l'inquiétude d'une société traversée par la peur du désastre écologique.
On retrouve dans les sectes "trois grandes réactions à la crise de la culture"
- l'accepter, en vouant un culte à la modernité, à la technologie, la science, la réussite, ce qui amène ces sectes à être en concurrence avec la société (Scientologie, Moon)
- la critiquer, en s'en prenant à "l'autorité paternaliste" pour privilégier l'individualisme, dont l'effet entraîne une multiplication de cultes issus du protestantisme
- la fuir, en arrêtant le temps (Amish, Mennonites) ou en attendant "l'événement salvateur final" (Témoins de Jéhovah) ou encore en précipitant la fin par un suicide collectif (Waco, OTS ). Même ces situations extrêmes de rupture ou d'autodestruction collective, ne sont pas, analyse l'auteur, une spécificité des sectes contemporaines. Car au cours de l'histoire, des communautés y ont eu recours et de telles tendances sont toujours repérables aujourd'hui dans nos sociétés, hors de tout groupe sectaire.
Selon Denis Duclos, stigmatiser les sectes en les dénonçant pour leur danger de manipulation mentale ou vouloir réduire leur influence, procède d'un aveuglement sur la réalité de la société. Cette réaction risque de "soutenir la grande secte sociétale contre la petite". Car la gestion de la société dominée par l'économie et la technologie présente un ''caractère foncièrement coercitif". Aussi, en contraignant l'homme à s'accorder à ce modèle, la société globale donne-t-elle pouvoir aux sectes d'exploiter les "plaies" et les désillusions dont elle est à l'origine
La Tribune de Genève, 24 août 2000 par André Allemand
Suisse : Raël
L'ONU menace de déposer plainte contre les raéliens
[Texte intégral]
Tract détourné : Curieusement, l'Unesco se montre peu pressée d'attaquer l'abuseur
Nous vous l'annoncions hier, des adeptes de la doctrine raélienne distribuent depuis quelques jours un dépliant pour le moins équivoque dans les rues de Genève. Celui-ci donne l'impression d'une parfaite collaboration de ce mouvement avec l'ONU et l'Unesco.
En l'occurrence, les "ambassadeurs des extraterrestres" détournent purement et simplement un document onusien, le "Manifeste 2000 pour une culture de la paix et de la non-violence", remplaçant l'une des six pages par leur propre propagande. Or si les Nations Unies semblent vouloir condamner avec détermination cette récupération, l'Unesco semble quelque peu gênée aux entournures.
Les raéliens réfute [sic] toute accusation
Porte-parole des raéliens en Suisse romande, Alexandra Nanchen réfute toute accusation de détournement. "Nous avons tout simplement des valeurs communes à celles présentées dans le Manifeste 2000 de l'Unesco. Fin juin, nous sommes donc devenus des "messagers de la paix", c'est-à-dire que nous comptons parmi ceux qui récoltent des signatures en faveur de ces valeurs. Un mois durant nous avons figuré sur le site Internet de l'Unesco. Mais suite à des pressions du gouvernement français, nous avons été exclus. Cela dit, nous sommes toujours inscrits officiellement en tant que " partenaires " sur le site de plusieurs pays ", insiste la représentante du mouvement en brandissant une lettre de confirmation paraphée par Kwon Tai Joon, secrétaire général de la Commission nationale coréenne pour l'Unesco. " Et nous n'avons jamais reçu de document officiel nous informant de notre exclusion du Manifeste ! "
Contacté à paris, siège de l'Unesco, le directeur du programme de l'Année internationale de la culture de la paix, David Adams, se dit conscient du problème. Depuis fin juillet, il martèle la même mise au point : " Les raéliens ont annoncé dans un communiqué qu'ils auraient été acceptés par l'Unesco comme partenaires en tant que messagers du Manifeste 2000. C'est faux. Cette organisation ne figure dans aucune des listes publiées sur notre site Web. " L'Unesco s'apprête-t-elle à déposer plainte ? " Nous examinons toutes les possibilités, nous étudions les ressources légales dans chaque pays ", affirme David Adams. " mais notre situation est difficile, puisque par ailleurs notre organisation se pose en défenseur de la liberté d'expression. "
Course à la reconnaissance Au service de presse des nations Unies à Genève, Jamel Ben Yahmed ne fait pas autant de sentiment. Découvrant le dépliant, il rappelle que " l'ONU n'accepte pas que son logo soit utilisé par d'autres organismes, car elle poursuit des buts et des objectifs qui ne doivent être confondus avec d'autres. Dans le cas présent, il s'agit évidemment d'une utilisation abusive. Surtout si ce dépliant est présenté en donnant l'impression qu'il est produit par les Nations Unies. Nous allons immédiatement saisir notre conseil juridique et prendre les mesures adéquates. Cela peut aller jusqu'à la plainte devant les tribunaux ! " " Cette affaire est tout à fait significative ", estime pour sa part Me François Bellanger.
L'avocat genevois fait autorité dans la République, depuis son audit sur les dérives sectaires, commandé par le Conseil d'Etat. " Certains mouvements se livrent à une course à la reconnaissance, que ce soit au niveau national ou international. La récupération du nom de l'Unesco n'est évidemment pas innocente, elle donne une légitimité aux raéliens. " " Ces mouvements réagissent probablement par crainte d'être marginalisés dans le cadre des lois en cours d'élaboration. Ils veulent qu'on les considère comme des religions et non comme des sectes. Comme si cela leur donnait des droits particuliers ! " s'emporte Me Bellanger.
" Pour ma part, en tant que citoyen, je suis profondément choqué de voir comment les raéliens cherchent à commercialiser la vie humaine en développant la technique du clonage. L'Unesco ferait mieux de s'en démarquer rapidement. "
Le Monde: 24 août 2000 par Xavier Ternisien
France : Le Mandarom
Itinéraire du « Messie cosmoplanétaire »
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Des portes de l'ENA au petit cimetière de Castillon
Une adepte : « Il était très intelligent, d'une grande beauté, avec un regard doux »
« EN 1990, Sa Sainteté le Seigneur Hamsah Manarah s'est révélé au monde en tant que Messie cosmoplanétaire attendu par toutes les traditions », rappelle la brochure de présentation de « l'aumisme, la religion de l'unité ». Ce jour-là, le 22 août 1990, Gilbert Bourdin est assis sur un trône pourpre, devant un millier de « chevaliers du Lotus d'or ». Au cours de la cérémonie, qui dure deux heures, le gourou pose successivement sur sa tête glabre sept couronnes. Vient enfin le moment tant attendu où il ceint la tiare de « grand pontife de l'ordre du diamant cosmique », la même que celle qui orne la statue colossale de 33 mètres de haut qui vient alors d'être construite en un temps record.
La carrière spirituelle de Gilbert Bourdin commence dans les années 1960, quand il ouvre un ashram avec trois disciples, dans une grotte près de Vénasque (Vaucluse). Titulaire d'une licence de droit et d'un doctorat d'économie politique, il a travaillé un temps pour le ministère des finances et raté le concours interne de l'ENA. L'homme a du charisme. Métis aux yeux bleus, né à la Martinique en 1923, il exerce une forte séduction, notamment auprès des femmes.
« Il était très intelligent, d'une grande beauté, avec un regard doux », se souvient une ancienne adepte. A cette date, Gilbert Bourdin a déjà publié plusieurs livres sur le yoga. Ancien membre de loges maçonniques, il affirme être « initié » à l'ésotérisme et aux spiritualités orientales.Le gourou s'installe à Castellane en 1969. Sur les pentes de La Baume, il bâtit peu à peu son palais idéal. Des temples dédiés à toutes les religions. Des
statues, toujours plus grandes. Une « maison du lotus » dans laquelle il établit sa demeure. Les autorités ferment les yeux. Jusqu'à accorder, en 1983, un permis de construire régularisant toutes les constructions existantes.A partir de 1979, plusieurs adeptes constatent un changement dans le comportement de Gilbert Bourdin, après un séjour en Afrique. « Il s'est mis à pratiquer la magie noire. Il devenait fou. Il croyait être menacé par des démons », affirme une adepte qui a quitté le Mandarom en 1989. C'est à cette époque que débutent les « combats contre les démons ». Lui et ses disciples, armés de pistolets en plastique, traquent les « atlantes » et les « lémuriens ». Une voisine s'en souvient encore : « Nous étions réveillés la nuit par des bruits de mitraillettes et la voix de Bourdin qui criait au haut-parleur : "Ici, il y en a 10 000 !, là 20 000 !" » Chercheuse au CNRS, Christine Amory, la présidente du Vajra triomphant, reconnaît avoir participé à ces « combats » : « Les pistolets en plastique, c'était pour favoriser l'imaginaire. Ils symbolisaient la prière. » Selon elle, la paix relative qui règne dans le monde tient à « l'acquis » des combats de Gilbert Bourdin contre les « égrégors de pensée négative ».
MIS EN EXAMEN POUR VIOL
Entre deux combats, « l'instructeur spirituel » du Mandarom rédige « par transmission de pensée » des livres au titre sans équivoque : Je suis le Messie attendu, voici les preuves ; Je suis l'Avatar lumineux de synthèse, voici pourquoi. Gilbert Bourdin affirme être la réincarnation de Pythagore, de Jésus,
de Mahomet et de Napoléon. Il est le « sublime héros des temps nouveaux venu pour sauver le monde ».Ces prétentions ne l'empêchent pas d'être mis en examen pour viol et incarcéré en juin 1995. Une ancienne adepte affirme avoir été victime d'abus sexuels
entre quatorze et dix- huit ans, alors qu'elle habitait au Mandarom avec sa mère. Les langues se délient. Dans un procès-verbal d'audition du 5 mars 1996,
un témoin raconte que le gourou « prêchait l'abstinence sexuelle mais ne suivait pas ce qu'il prêchait ». Il avait des relations sexuelles avec plusieurs femmes qui « n'étaient pas toutes consentantes ». Aujourd'hui encore, les responsables du Mandarom continuent de nier les faits. Ils affirment en particulier que la plaignante n'a pas mentionné dans sa déposition les « tatouages sacrés » qui couvraient le corps du gourou.Le procès n'aura pas lieu. Gilbert Bourdin meurt à l'hôpital de Grasse le 19 mars 1998, des suites d'un diabète mal soigné. A la grande surprise des adeptes
du Mandarom, à qui l'on avait raconté que « l'instructeur spirituel » se portait bien, mais s'était isolé dans la prière...Commence alors une rocambolesque histoire autour de sa dépouille. La mairie de Grasse fait savoir qu'elle n'en veut pas dans son cimetière. Un convoi funéraire quitte pourtant l'hôpital pour le cimetière de Grasse, suivi par tous les journalistes. C'est un leurre. Le vrai cortège rejoint les Alpes-de-Haute- Provence par les petites routes. Direction : le Mandarom, où le « Messie » voulait être inhumé.Vers 20 heures, un peloton de gendarmerie intercepte le cortège. La dépouille est transférée au dépositoire du cimetière de Castellane, où les adeptes se
relaient jour et nuit pour réciter des prières. Où inhumer le défunt ? Le maire et la population de Castellane n'en veulent pas. Et le préfet interdit l'inhumation au Mandarom. Une solution est finalement trouvée : Gilbert Bourdin sera enterré dans le petit cimetière de Castillon, où ont été transférées d'anciennes tombes quand le lac artificiel a recouvert l'ancien cimetière.Mais le sous-préfet de Castellane, craignant qu'on ne vienne enlever la dépouille, fait couler une dalle de béton armé de 300 kilos sur le cercueil plombé. Celui qui disait être le « Messie universel » repose donc dans un petit cimetière romantique, au bord du lac et à l'ombre des pins. Aucune inscription
sur sa tombe, seulement une étoile « aumiste », un pot de bégonias et une bordure d'oeillets d'Inde. La Tribune de Genève, 29 août 2000
Suisse : Raël
Peut être pas d'hôtel pour Raël
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Surprise ! En consultant le site Internet des raéliens, on découvre que le mouvement convoque à Genève ses adeptes du monde entier, su 5 au 8 octobre, à l'occasion de sa 4e convention internationale.
Lieu prévu pour le grand raout : le Noga Hilton. Au service des banquets de l'hôtel, on confirme d'ailleurs l'information.
Pourtant, interrgogé sur la politique de la maison en la matière, le directeur général se dépêche de nuancer. "ces gens sont déjà venus il y a des années. Peu nombreux, ils me semblaient totalement pacifiques et, à vrai dire, simplement illuminés", raconte Eric Kuhne. "mais depuis que j'ai appris leur volonté de cloner l'être humain, j'ai décidé de réserver ma réponse", enchaîne le directeur. "De tels agissements ne sont pas propres à l'éthique d'un hôtel comme le nôtre. Et puis je crains des manifestations à l'extérieur. de manière générale, j'évite toute organisation ou parti qui risque de heurter la communauté locale."
Droits de l'Homme sans Frontières, 29 août 2000
Chine : Fang-Cheng
130 fidèles dun mouvement protestant sont arrêtés
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CHINE - Les autorités chinoises ont fait arrêter 130 membres du mouvement Fang-Cheng, une communauté protestante non reconnue par le régime de Pékin. Les personnes arrêtées ont été incarcérées le 23 août près de Dawangzhuang, dans la province centrale du Henan, annonce le Centre dinformation pour les droits de lhomme et la démocratie basé à Hongkong
Le gouvernement communiste chinois autorise les cultes bouddhiste, taoïste, musulman, catholique et protestant, moyennant enregistrement des communautés croyantes auprès des autorités.
En décembre dernier, le fondateur du mouvement Fang-Cheng, Zhang Rong Liang, a été condamné à deux ans de camp de travail forcé sous laccusation de diriger une secte.
Les chrétiens chinois sont reconnus dans le cadre du Mouvement des Trois Autonomies et de lAssociation Patriotique des Catholiques de Chine, deux organisations contrôlées par le régime de Pékin. Les groupes se rattachant à des Églises ou mouvances protestantes évangéliques passent pour être plus charismatiques et plus missionnaires que les Églises protestantes officielles ; ils regrouperaient quatre fois plus de membres que les dix millions de protestants des Églises enregistrées, mais sont contraints de se réunir dans la clandestinité. Or, les communautés croyantes non reconnues ou interdites sont soumises à une dure répression en Chine. Cest ainsi que les autorités chinoises ont fait arrêter un grand nombre de chrétiens nappartenant pas à des communautés enregistrées.
Trois des 130 protestants arrêtés, Henry Chu, Patricia Lan et Sandee Lin, étaient porteurs dun passeport américain. Ils sont originaires de Taiwan, mais vivent en Californie. Ils sont arrivés en Chine populaire comme missionnaires au service du mouvement Fang-Cheng, qui fait partie dune bonne dizaine dÉglises interdites par le gouvernement et qui vivent dans la clandestinité. LÉglise protestante Fang-Cheng estime le nombre de ses membres à un demi million.
Les Églises qui refusent de saffilier aux associations patriotiques reconnues entretiennent, en revanche, des liens avec des organisations chrétiennes à létranger, ce qui est strictement interdit en vertu du principe des " trois autonomies " : le financement de lÉglise, son encadrement pastoral et ses agents évangélisateurs doivent être nationaux et non soumis à une influence étrangère.
Les autorités chinoises ont qualifié les chrétiens se rattachant à la tendance Fang-Cheng de pratiquer une " religion subversive ". Du coup, leur organisation est considérée de la même manière que la secte interdite Falun Gong, soumise à une répression massive. Des milliers de membres de ce mouvement spirituel dobédience bouddhiste ont été appréhendés et une vingtaine sont morts en détention.
Selon le Centre dinformation de Hongkong, plusieurs milliers de protestants membres de mouvements clandestins sont actuellement emprisonnés en Chine. Parmi eux, le fondateur au Henan de la Société Évangélique de Chine dont une quinzaine de responsables ont été arrêtés au printemps. Au milieu des années 80, des responsables de cultes évangéliques, comme les " crieurs " et le mouvement Beiliwang ont été exécutés. Le même sort a été réservé en 1999, dans la province du Hunan, à Liu Jiaguo, chef du mouvement Zhushen (lEsprit suprême), condamné à mort pour viol.
Selon le Bureau des affaires religieuses (BAR) qui dépend du gouvernement de Pékin et prétend tout ignorer de lÉglise Fang-Cheng, les cultes
" hérétiques " relèvent du ministère de la Sécurité publique. Le Soir, 29 août 2000 par A.L
Belgique : OKC
Un ex-adepte d'OKC règle ses comptes en public
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La clientèle d'un restaurant d'Ixelles, otage d'un conflit privé. C'est un bien curieux fait divers qui s'est produit ce vendredi dans un restaurant d'Ixelles, à une heure de grande affluence: un jeune homme, disposant visiblement d'alliés dans la place, a fait irruption dans le restaurant, "tenu" la place et monopolisé l'attention durant une dizaine de minutes, apparemment sans violence autre que verbale et sans causer le moindre dégât. Il a ensuite quitté l'établissement avant d'être intercepté par la police locale.
Mais, le jour même, les restaurateurs portaient plainte pour... extorsion: le jeune homme réclamait depuis quelque semaine une somme d'argent aux responsables de ce restaurant, et avait annoncé, ultimatum à la clé, qu'il entamerait délibérément ce type d'actions.
Si la démarche n'est pas courante, le fond du litige l'est encore moins, quoique connu de la justice depuis trois ans: il s'agit d'un jeune homme qui a été élevé, a vécu et travaillé durant sept années dans la secte qu'avait choisie sa mère - laquelle y a elle-même travaillé durant quinze ans - et exige désormais du mouvement, sans succès, des "dommages et intérêts" pour lui et sa parente.
Or le restaurant où il fit scandale ce vendredi appartient à ce même mouvement: il s'agit donc d'une action en représailles, face au silence du mouvement. Si le comportement du jeune T...., 24 ans, n'est ni acceptable ni bien intelligent - il déforce le témoignage qu'il apporta à la justice face à cette secte, alors que l'instruction est toujours en cours -, il illustre parfaitement le genre de déséquilibres et de conflits qu'ont générés certains mouvements à prétention philosophique aujourd'hui poursuivis.
T., originaire du Mozambique, est issu d'une famille qui se disloque rapidement. Il suit sa mère, bientôt adepte du belge Robert Spatz (du mouvement bouddhiste Ogyen Kunzang Choling) et est placé, de 6 à 13 ans, dans les communautés française et belge du mouvement. Où il se rebelle - il en témoignera ultérieurement sur procès-verbal: contre le confinement dont les membres seraient l'objet, contre les coups, les punitions, l'absence de chauffage, la dévotion au "lama Kunzang" (Spatz), les corvées et travaux imposés...
Il faut également savoir qu'il a été, à cette époque, durant de longues années, placé dans une communauté qui n'est pas celle de sa mère, et qu'il ressent cruellement, toujours à l'heure actuelle, le fait de n'avoir jamais eu de cadeau qu'il puisse partager ou de vêtements lui appartenant. Parvenant finalement à quitter le groupe à 13 ans, il mènera ensuite une vie passablement déséquilibrée, pour se retrouver à l'heure actuelle sans ressources. Il vit avec une mère qui a désormais quitté le groupe et perçoit une aide du CPAS, mais qui est restée faible psychologiquement. Et c'est donc un cri de révolte que T. formule très maladroitement, se retrouvant à 24 ans la tête dans le sac, ignorant tout du droit et de la manière dont il pourrait faire connaître légalement ses griefs... Il aurait sans doute été plus judicieux de se constituer partie civile dans un procès qui ne saurait tarder: les perquisitions contre Ogyen Kunzang Choling ne remontent-elles pas à mai 1997 déjà ?
News, par Roger Gonnet, 30 août 2000
Etats-Unis :Scientologie
Déclaration de guerre des scientologues à la France
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de Joava M. Good, directeur exécutif "Fondation pour la tolérance religieuse"," Foundation for Religious Tolerance"
Sujet: appel aux armes du président Heber Jentzsch ?
Dans le passé, nous avons fort peu lancé "d'appels aux armes". Je vous fais suivre celui que vient de publier le Président Heber Jentzsch.
L'église de scientologie, votre église, conduit la bataille pour la liberté religieuse en Europe. Vous devez être là. Sinon, vous devez payer le voyage à quelqu'un d'autre qui pourra s'y rendre. Pour répondre à cet appel aux armes:
1/Lisez-le bien à fond
2/Faxez-le ou expédiez-le par e-mail à tout scientologue que vous connaissez,
3/appelez le 323xxxxxxxxx pour obtenir d'autres informations ou pour mettre en place desz arrangements destinés à répondre à cet appel aux armes, et rejoindre vos compagnons des Combattants pour la Liberté.Le 23 octobre, nous rejoindrons les Ambassadeurs de la Paix à Paris, où nous démontrerons au gouvernement français et au monde ce que nous pensons des restrictions françaises aux libertés religieuses. Si vous ne pouvez absolument pas venir, vous pouvez sponsoriser un autre. Appelez le 323xxxxxx, ou le 818xxxxxx, ou faxez au 323xxxxxx, ou contactez-nous via xxx@relaypoint.net. Allez sur notre site pour obtenir l'information à jour sur www.religioustolerance.net.
Sincèrement, Joava M. Good, Directeur exécutifAPPEL AUX ARMES! Evènements pour la Liberté religieuse - Europe 2000 par le Révérend Heber Jentzsch Président de l'Eglise de Scientologie
Voici 55 ans, les soldats américains rentraient victorieux d'Europe, ayant expulsé les allemands des pays occupés. La fière France avait subi la guerre: elle était tombée en six semaines. Les anglais avaient été contraints d'évacuer Dunkerque. Les espérances de liberté en Europe étaient minces. Mais quatre ans plus tard, les troupes américaines traversaient la manche. Elles pénétraient en France par les plages normandes et libéraient la France.
La France est à nouveau assiégée. Pas par des armées, mais par un ensemble de SPs [personnes suppressives, la pire injure scientologue, ndt] qui tentent de faire tourner les montres à l'envers et de souffler la flamme de la Liberté. Cette attaque contre la religion se dessine dans un pays possédant 14000 psychiatres et l'un des taux les plus élevés d'Europe de placement involontaire en hopitaux psychiatriques. Pour Paris seulement, les psychiatres placent en institution sans leur accord plus de gens que pour tout le Royaume Uni. La consommation de psychotropes est la plus forte au monde. Tentant ainsi de distraire l'attention portée aux suicides, drogues et criminalité qu'ils ont créés, les Suppressifs [entendez ici les députés français, ndt] ont mis sur liste noire 173 groupes religieux - incluant les Baptistes (la religion du Président et du vice-président des Eats-Unis), les Mormons, les Témoins de Jéhovah, les Adventistes du Septième Jour et les scientologues. [ seuls le Témoins de Jéhovah sont dans la liste ndt ]
La phase suivante de leur plan consiste à détruire complètement ces religions. Le 22 juin, l'assemblée nationale française passait un projet de loi suppressif pour tenter de "dissoudre" les sectes indésirables. Seuls 18 membres du Parlement étaient présents lorsqu'on a fait passer ce projet en vitesse. Le projet parviendra plus tard au Sénat. Il est si extrème que des chefs catholiques et protestants français l'ont condamné. La France est une fois de plus un champ de bataille!
Nous appelons donc tous les scientologues aux armes afin d'inverser la marée d'oppression et de restaurer la liberté de religion en France. Le flambeau de la Liberté sera allumé une fois de plus le 20 semptembre, devant le Parlement européen de Bruxelles. Le Marathon 2000 du Flambeau de la Liberté commencera. Une équipe de scientologues dévoués, ambassadeurs de la paix, passera en France. Ils amèneront le Flambeau et son message sur des milliers de kilomètres du sol français. Ils rencontreront chaque jour des chefs du gouvernement, de la communauté, des droits de l'homme et des chefs religieux. Ils sonneront l'alarme contre la dangereuse législation en marche et les pousseront à la condamner publiquement au nom d'une France libre. Le 23 octobre, juste après l'évènement de l'association internationale des scientologues (IAS) à St Hill (East Grinstead, UK), ils parviendront à Paris.
Une immense marche et un rallye auront lieu. Des milliers de scientologues et d'autres représentant une vaste gamme de dénominations religieuses convergeront dans la ville en une démonstration de solidarité, annonçant au gouvernement qu'ils ne toléreront pas une nouvelle inquisition. Le lendemain se tiendra un Tribunal des Crimes de Haine Religieux.
Des cibles de la discrimination religieuse témoigneront devant un panel d'experts universitaires et de chefs religieux, afin d'exposer les hommes-clé qui perpétuent un climat de haine contre la religion en France. Il est de votre responsabilité d'être présents. Levez-vous pour défendre la liberté religieuse. Participez à ce week-end de manifestations qui commencera par l'évènement IAS du 20 vendredi octobre, et s'achèvera à Paris par la marche pour l'unité religieuse du lundi 23 octobre.
Américains! Nous devons ranimer la flamme de liberté dans une nation qui nous aida voici deux siècles à forger la nôtre! Et lorsque l'appel retentira en un autre lieu et à une autre époque, vous pourrez répondre "J'y étais! J'ai répondu à l'appel aux Armes. Et nous avons modifié le cours de l'histoire ce jour-là dans les rues de Paris, et aidé à restaurer la liberté au coeur de la France"
Le Jeudi, 31 août 2000, par Saïda Benabdelaziz
Luxembourg :EURD
L'implantation récente sur le sol luxembourgeois de l'EURD soulève une polémique.
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Ces nouveaux recruteurs de brebis égarés inquiètent à juste titre.
Dans l'imaginaire collectif, le mot secte évoque très souvent des illuminés enturbannés au crâne rasé ou aux accoutrements folkloriques. Si ce modèle existe, il en est un autre, plus pervers et plus discret, qui convient mieux aux stratégies de recrutement.Tissant habilement leur toile, les sectes consolident leurs réseaux, leurs pouvoirs et leurs richesses. Parmi elles, l'Eglise universelle du royaume de Dieu, d'inspiration judéo-chrétienne, après avoir exploité la crédulité des classes populaires brésiliennes, étend son champ d'action au monde entier. L'histoire se répète et l'on voit déjà se profiler le spectre des laveurs de cerveau.
En effet, les sectes ne constituent pas un phénomène nouveau: Platon et Aristote avaient leurs séides, mais les gourous du troisième millénaire, friands des techniques les plus récentes de persuasion, de communication et de marketing, semblent plus dangereux.
A la tête d'une fortune colossale, le fondateur de l'EURD, Edir Macedo, coule des jours paisibles sous les tropiques, pendant que ses disciples prêchent la bonne parole aux quatre coins du globe tout en alimentant les caisses du «boss».
Si l'on devait avancer un argument expliquant le succès de ces groupes, ce serait certainement celui de la faillite des idéaux. Bénéficiant indubitablement d'un regain d'activité, ils semblent comprendre, beaucoup mieux que ne le font les religions traditionnelles, les préoccupations des profanes en manque de foi. Mais le terreau dans lequel naissent et prospèrent les sectes a tôt fait de virer à l'escroquerie.
Evidemment, le renouveau du mysticisme favorise leur prolifération. Elles développent des filiales multinationales, et lorsqu'elles n'agissent pas en sous-main, profitent du vide juridique.
Le Luxembourg ne possède pas de «législation sur les sectes et c'est pourquoi on tombe dans le droit commun», nous explique François Biltgen ministre des Cultes. De fait, la liberté de religion inscrite dans la constitution ne permet pas d'interdire ce genre d'organisation sans porter atteinte aux libertés individuelles.
Proies faciles
Quant aux nouvelles proies, elles ressemblent plutôt à la modeste ouvrière, accompagnée d'un ou plusieurs enfants, entrant volontiers expier les péchés des siens. Le spectacle commence au cinéma Marivaux, où la messe qui s'y donne (plusieurs fois par semaine) prend des airs de show avec musique d'accompagnement.Sur le seuil, deux jeunes hommes en guise de chiens de garde veillent aux entrées et sorties. Saluant les têtes connues, ces cerbères refusent catégoriquement l'accès aux journalistes en avançant des motifs fallacieux. Pourquoi alors l'église d'Ettelbruck affirme-t-elle être ouverte à tout le monde, journalistes compris?
Sans conteste, le lot d'incohérences et d'aberrations rend compte que, derrière la façade, la pièce qui se joue a tous les ingrédients de la farce. On comprend alors pourquoi l'un des deux, mégalomane pasteur-videur de cette fameuse et fumeuse église refuse de parler, mais son arrogance juvénile suffit amplement à nous convaincre de la perversité de cette organisation charlatanesque. Peut-être ne sait-il pas que pour être crédible, prôner la transparence et l'honnêteté ne suffit pas!
Et dans la pénombre, on imagine la manipulation dont sont victimes les disciples, capables de s'endetter, quand ils ne lèguent pas carrément leur maison à leur «nouvelle famille». D'ailleurs, comme l'indique un rapport parlementaire belge, l'EURD serait à classer parmi des «associations criminelles, dont le seul but est l'enrichissement».
«Difficile de procéder à des investigations sans constater d'infraction», nuance cependant Robert Biever, procureur d'Etat. Or, si le droit à la liberté religieuse ne doit pas être remis en cause, il ne faudrait pas que le fait de se réfugier derrière le label «église» permette l'impunité.
Finalement, si une comparaison devait être faite entre l'état d'accoutumance d'un toxicomane et l'assuétude des adeptes d'une secte, on constaterait que, dans les deux cas, l'asservissement de l'individu est total. Mais, alors que la vente de stupéfiants est prohibée, il n'existe à ce jour, à l'exception de la législation régissant le nazisme, l'antisémitisme et le racisme, aucune loi interdisant la diffusion d'idéologies contraignantes.
Le Jeudi, 31 août 2000
Luxembourg : Sectes
«Contre une loi anti-secte»
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Le Jeudi: «Le Luxembourg est souvent montré du doigt
comme étant «trop accueillant» vis-à-vis des sectes. Qu'en pensez-vous?»Ronald Pierre: «Je pense que le phénomène est assez mineur. En fait, on n'en voit pas beaucoup. C'est plutôt une question de point de vue. Il existe beaucoup de mouvements à l'intérieur de l'Eglise que l'on pourrait assimiler aux sectes. Les milieux catholiques s'inquiètent parce que pour eux, il y a concurrence.»
Laurent Mosar: «Il est vrai que certaines religions qui s'apparentent plus à des sectes s'installent dans notre pays. La secte brésilienne qui se nomme Eglise universelle du royaume de Dieu est un exemple de cette sorte d'implantation. La Chambre des députés luxembourgeoise a conscience de ce problème. Elle a d'ailleurs réagi en créant une commission spéciale "Sectes" présidée par Jean-Paul Rippinger.»
Le Jeudi : «Pensez-vous que la législation actuelle en la matière est assez sévère?»
R. P: «Je suis d'avis qu'il faut éviter de faire l'amalgame. Certaines sectes sont dangereuses. Ceux qui crient au danger, c'est l'Eglise catholique, une secte qui a réussi depuis deux millénaires. Il faut juger au cas par cas et faire la distinction entre sectes plutôt inoffensives et celles qui sont très dangereuses. Je suis contre une loi anti-secte, c'est porter atteinte à la liberté de penser. Il vaut mieux diligenter des enquêtes.»
L. M.: «Nous avons une législation qui réprime un certain nombre d'infractions à la loi. En ce qui me concerne, le problème est de la faire respecter. Mais les sectes sont très bien organisées et ont des structures en apparence respectables. Donc il est difficile de trouver des infractions. S'il n'existe pas de plaintes enregistrées au parquet, il devient compliqué de diligenter, dans un Etat de droit, des enquêtes judiciaires.»
Le Jeudi: «Que craindre de ce genre d'institutions?»
R. P.: «Les gens n'ont plus de référence et souvent se réfugient dans ces sectes qui isolent ces personnes. Leur emprise sur les jeunes notamment est dangereuse car elles parviennent à les hypnotiser. Mais il faut faire attention à ne pas toutes les condamner. Il faut se méfier de celles qui sont dangereuses pour l'homme et la société, par exemple la secte Aoûm au Japon, qui a jeté des gaz dans le métro. Mais je suis d'avis que c'est le rôle de la justice plutôt que des lois de régler ce genre de problème.»
L. M.: «Je crois que les nombreux exemples, dans le monde entier, de sectes frauduleuses peuvent nous faire craindre le pire pour les personnes victimes de ce genre de machination. Surtout quand on voit les gens ayant perdu toute leur fortune et devant subir des traitements psychiatriques pour échapper à l'emprise des sectes. Les pouvoirs publics réagiraient immédiatement s'il s'avérait que l'EURD s'adonnait à des pratiques illicites.»«La Chambre a conscience du problème»
* Ronald Pierre est membre de l'association Liberté de conscience
* Laurent Mosar est député du Parti chrétien-social (PCS)
Le Soir, 31 août 2000
Belgique : Scientologie
Protestation contre une expo sur la scientologie
[Texte intégral]
BRUXELLES. Des protestations se sont élevées contre l'organisation dans un hôtel appartenant à la Sabena d'une exposition sur la scientologie. «Qu'est-ce que la scientologie ?» sera inauguré dans l'hôtel bruxellois Carrefour de l'Europe, lundi.
Jacques De Grave, député bruxellois PRL, s'étonne de l'organisation d'une telle exposition dans un hôtel appartenant à la Sabena, une société dont l'Etat belge est actionnaire.
Il fait remarquer que le rapport de la Chambre sur les sectes reprend l'Eglise de scientologie dans sa liste sur les mouvements nuisibles.
De son côté, la Sabena fait remarquer qu'il n'y a aucune interdiction pénale contre les manifestations de l'Eglise de scientologie.
Le vrai papier journal, : juillet-août 2000 par Renaud Marhic
France : Anthroposophie
Les anthroposophes sont là !
[Texte intégral]
Pierre l'a mauvaise, les tripes retournées par une solide trouille: il est l'un des 17000 membres d'ATTAC, (1) association qui suscite beaucoup d'espoirs depuis sa création, en 1998. Et voici qu'elle risque d'être infiltrée, phagocytée...
Pierre raconte: "En juin 1999, notre collectif local a organisé une rencontre sur le thème de l'économie solidaire. Nous avions invité un organisme de prêts alternatif, la NEF... "
Cette Nouvelle Economie Fraternelle représente une chance pour le monde alternatif, celle de voir enfin un jour une "banque verte ", dont le fonctionnement financier serait en rupture avec les modes bancaires classiques.Fondée en 1968, la NEF était à l'origine une simple association. Vingt ans plus tard, ayant obtenu le visa de la Commission des opérations de Bourse, elle lançait un appel public à l'épargne; Objectif : la création d'une Société financière coopérative nécessitant un capital minimum de 7,5 millions de francs. 8,2 millions furent engrangés grâce à sept cents souscripteurs.
Depuis, forte de son nouveau statut, la NEF propose des prêts à ceux qui se les voient habituellement refuser: pension de famille pratiquant la restauration macrobiotique dans les Landes, retraités menacés de saisie immobilière, chômeurs désireux de créer leur entreprise... Les taux n'excèdent pas ceux en vigueur dans le circuit traditionnel. En revanche, les épargnants ont leur mot à dire sur l'utilisation de leur épargne.
Hébergée pour l'instant par le Crédit Coopératif, la NEF espère bientôt voler de ses propres ailes. Un événement: il s'agirait là de la première création de banque en France depuis 1948. Autant dire que celle-là, de par sa spécificité, deviendrait incontournable pour les milieux alternatifs. Pierre : "Nous avons vite constaté que la NEF se référait à la doctrine ésotérique d'un certain Steiner. ATTAC étant une association laïque, nous avons voulu en savoir plus... "
Et là, en fouillant un peu, on découvre que Rudolf Steiner (1861-1925) a créé en 1913 à Berlin un mouvement de pensée baptisé Société anthroposophique.
Premiers aperçus de sa doctrine: " Je me suis rendu récemment à Bâle, il y avait un roman nègre qui s'inscrit dans la ligne d'une infiltration progressive de la civilisation africaine dans la civilisation européenne contemporaine. (...) S'il sort encore un certain nombre de romans nègres et que nous en donnons à lire aux femmes enceintes, [cela] donnera naissance à un bon nombre d'enfants tout gris, mulâtres. " Ou encore: "Les antécédents d'un singe ressemblent aussi peu à ceux d'un poisson que les antécédents de l'esprit de Goethe à ceux d'un sauvage. " (2) Le style est abominable, une bouillie informe. Mais Steiner a de hautes vues, il appelle carrément de ses voeux un nouveau système social en Europe.
" Quand nous avons découvert qui était Steiner, reprend Pierre, nous avons réagi par une mise en garde sur la liste de diffusion électronique d'ATTAC. A notre grande surprise, de nombreux membres ont pris fait et cause pour ce type qu'ils qualifiaient d"`extraordinaire". Ces prosélytes avaient pour la plupart été en contact avec la NEE Nous avons alors craint que cette société soit un cheval de Troie et, qu'en fait, ce soit l'anthroposophie qui fasse son nid dans les milieux alternatifs. "
Marie, présidente départementale de l'association, confirme qu'elle a immédiatement alerté la direction d'ATTAC, mais que celle-ci " a botté en touche ". Il s'agirait d'un problème purement local et sans grande importance. ATTAC serait trop diversifiée pour être infiltrée par qui que ce soit...
Or, le problème n'est pas isolé. Philippe est un bénévole du réseau Biocoop, premier distributeur français de produits biologiques avec deux cents magasins, un millier de salariés et un milliard de francs de chiffre d'affaires, soit 12 % du marché. Localement, il assure la présidence du conseil de surveillance d'une coopérative. Lui aussi est inquiet. " Suite à un partenariat signé en 1998, Biocoop assure la promotion du compte épargne nature de la NEF. C'est un placement proposé aux particuliers et destiné à financer des "projets écologiques". En 1999, par échange de bons procédés, la NEF a accordé un total de 3,485 millions de francs à Biocoop. . . Quand j'ai tiqué à cause des fumeuses théories de Steiner, un représentant de la NEF m'a affirmé que les critiques qui circulent sont le fruit d'un complot communisto-mâçonniquel"
On chercherait à diaboliser l'anthroposophie? Pas sûr. En fait de complot, ce sont des questions très simples que posent ces militants. Dans sa volonté de créer en France la " banque du développement durable et des solidarités ", la NEF peut aujourd'hui compter sur la collaboration d'une large part du mouvement alternatif. Des associations comme Bâtir Humain, Ethique et Investissement ou le réseau de commerce équitable Artisans du Soleil lui ont déjà apporté leur soutien. Quelques poids lourds écolos également. Sur une brochure de la NEF figurent les logos de France Nature Environnement (FNE) et du World Wild life Fund (WWF).
Comme celle de Ron Hubbard pour les scientologues, la pensée de Steiner irrigue tout le mouvement anthroposophique actuel.
Mais qui était-il ? Un enfant pas comme les autres, né dans l'Empire austro?hongrois, affirmant jouir du don de clairvoyance. Un étudiant viennois fasciné par Goethe. Un prédicateur berlinois tourmenté par ses visions.
De fait, l'omniscience de Steiner rappelle celle des " fous littéraires ". La transcription de ses 6000 conférences et quarante ouvrages couvrirait près d'un million de pages. Rien n'est épargné: religion, éducation, médecine, agriculture, politique, économie... Et quand Steiner estime dans le livre "L'âme des peuples" que " ce n'est pas pour le plaisir des Européens que la population indienne a péri, mais parce que la population indienne devait acquérir les forces nécessaires pour l'amener à périr", la chose est pour lui parfaitement logique. C'est la théorie de l'" involution-évolution " des races. Selon elle, l'humanité évolue selon des cycles au cours desquels se succèdent sept races dont les quatre premières, inférieures, doivent disparaître pour assurer la rédemption des trois suivantes. A cette cosmogénèse, Steiner ajoute les forces du mal, qui auraient volontairement fait dérailler le système en faisant cohabiter les races...
En 1936, à Nuremberg, on retrouve l'Association des médecins anthroposophiques au sein du Groupe d'étude du Reich pour une nouvelle médecine allemande. Avant de tomber en disgrâce, certains principes anthroposophiques avaient donc séduit les nazis. Plus récemment, en 1995, le gouvernement hollandais a dû inciter les écoles Waldorf à la prudence. Appliquant une méthode pédagogique créée par Steiner, certains enseignants apprenaient aux enfants que la race noire est au stade de l'enfance, la jaune à celui de l'adolescence, seule la race blanche pouvant être considérée comme adulte.
Aux EtatsUnis, le groupe PLANS (Pour des écoles légales et non sectaires) a dénoncé les mêmes dérapages. En Allemagne, c'est l'AKDH, le mouvement des enfants de l'Holocauste, qui s'inquiète. En France, un rapport parlementaire - plutôt décrié - de 1999 sur " les sectes et l'argent" épinglait l'anthroposophie.
Ecolos et alternatifs sont sous le charme
Comment les promoteurs d'une économie fraternelle et solidaire peuvent-ils se réclamer d'une doctrine aussi nauséabonde? Jacky Blanc, directeur général de la NEF, nous déclare d'emblée que sa société ne tient pas pour parole d'évangile l'enseignement de Steiner, qu'elle n'est en rien liée à l'anthroposophie. Ignore-t-il que la charte même de la NEF se réfère à Steiner? Faut-il rappeler que la Société d'anthroposophie, sociétaire de la NEF à hauteur de 180.400 francs, évoque clairement celle-ci au rang de ses " réalisations sociales " ? Jacky Blanc concède que la NEF s'est bâtie grâce à des personnes en lien direct ou indirect avec Steiner. D'ailleurs, les hypothèses du philosophe lui semblent de " bonnes hypothèses ". " Pour moi, Steiner n'a jamais eu d'attitude raciste. II a essayé de comprendre l'évolution du monde et comment celle-ci a fait qu'il y a eu une différenciation en races. On ne peut pas dire qu'on est tous identiques. On peut dire qu'on est tous égaux. Avoir osé dire qu'on n'est pas tous identiques, c'est peut-être ça qu'aujourd'hui on reproche à Steiner. "
Le 12 décembre 1999, Alain Lipietz, député européen (Verts), a signé dans le Monde un communiqué de soutien à la NEF: " Je travaille avec des gens de la NEF, je n'ai jamais rien trouvé de raciste ni de sectaire chez aucun d'eux. Ce rattachement de la NEF à la pensée de Steiner me semble donc douteux et en tout cas indémontré. L'ont-ils seulement lu? "
GuyHascoët, le nouveau secrétaire d'Etat à l'Economie solidaire, se trouble quand on expose devant lui le contenu raciste de la pensée de Steiner. "J'avoue ne pas avoir étudié le dossier comme vous... ça pose problème... S'il y a un prosélytisme raciste, il existe une loi pour le condamner. Si votre reportage met en lumière les choses, on verra bien quelles seront les réactions. "
Seule Marie-Christine Blandin, ex-présidente du conseil régional Nord-Pas-de-Calais, est d'emblée réservée: "Défendons l'économie solidaire comme un secteur éthique à part entière. Chez nous, cinq ans d'effort ont abouti à la création de la Caisse Solidaire, spécialisée dans les prêts aux chômeurs et aux Très petites entreprises. " Quelle différence avec la NEF? Pour Christian Tytgat, directeur de la caisse en question, le problème touche à la laïcité: "Une banque confessionnelle me semble inconcevable".
Bien que la NEF soit une coopérative, les anthroposophes occupent 100 % des postes de direction, alors qu'ils ne représentent qu'un quart des sociétaires... " Aujourd'hui en Angleterre, une banque anthroposophe finance la création du premier collège technique " vert ". Cette collusion n'est pas unique en Europe. Le 12 septembre 1987, à Liestal, l'assemblée des délégués du Parti écologiste suisse a adopté un texte concernant la politique culturelle et l'éducation inspiré des théories de Steiner.
C'est justement en Suisse que l'anthroposophie trouve ses bases. Nous y avons découvert comment la NEF s'inscrit concrètement dans cette curieuse philosophie qui ne laisse rien au hasard.
Dornach, petit village de Suisse alémanique, à une dizaine de kilomètres au sud de Bâle. Là, se dresse le Goetheanum. Entre bunker et cathédrale, le gigantesque édifice en béton armé abrite le siège de la Société anthroposophique universelle (SAU). Autour, douze bâtiments annexes aux formes baroques. La commune est ravie. Le Goetheanum, qui a placé quatre de ses représentants au conseil municipal, attire des milliers de " pèlerins ". Deux cents francs la visite, suivez le guide dans un labyrinthe mégalomaniaque. "Steiner, cet homme extraordinaire" par-ci, " Steiner, ce génie" par-là...
DU MONDE ENTIER, DES MASSES D'ARGENT REMONTENT VERS LA MAISON MÈRE SUISSE
Le Goetheanum est une "pompe à phynances"
Plus difficile d'en savoir plus sur la nébuleuse planétaire qui s'articule autour du Goetheanum et se décline en quarante-cinq représentations nationales. Celles-ci assurent la promotion d'une série de sous sructures en apparence hétéroclites: les écoles Waldorf (650 dans le monde, dont une dizaine en France accueillant 2500 élèves environ), la Communauté des Chrétiens, diverses maisons d'édition, une kyrielle d'associations à caractère médical, pharmaceutique ou agricole. Toutes, à leur façon, appliquent les enseignements de Steiner.
A en croire le guide, ce complexe organigramme est totalement indépendant du Goetheanum. En réalité, des sommes considérables " remontent" vers la maison mère de Dornach. Chaque représentation nationale lui reverse un tiers de ses cotisations. Pour la France, cela peut représenter jusqu'a 500 000 francs par an. Peu de chose en comparaison des droits d'auteur sur les 354 ouvrages de Steiner diffusés à travers le monde et gérés par la Rudolf Steiner Verlag du Goetheanum.
Cette dernière est par ailleurs l'actionnaire majoritaire du groupe Weleda, qui commercialise les fameux " remèdes anthroposophiques " (dont Iscador, un extrait de gui censé combattre le cancer). En 1997, Weleda, avec 1100 salariés dans dix-huit pays, affichait un chiffre d'affaires de 700 millions de francs. Weleda finance notamment les " travaux scientifiques " de la Section médicale du Goetheanum. Dans le même registre, les produits de " l'agriculture anthroposophique bio-dynamique " (des engrais chargés en " force astrale ") sont gérés par l'association internationale Demeter, administrée par des anthroposophes.Le jeu des cotisations, des copyrights ou de l'actionnariat contribue donc à alimenter les caisses de la maison mère. Sans oublier les dons.
La NEF, dans ce circuit, apparaît comme une pompe à finances, à l'instar des autres établissements ouverts en Belgique, aux Pays-Bas,ou en Angleterre. Pour engranger l'épargne de tous, il faut prêter à tous. Ainsi seulement, "l'argent qui relie les hommes " peut, à terme, profiter au Goetheanum.
Récemment, la revue L'Esprit du temps normalement réservée aux seuls adeptes, exprimait ses craintes que la NEF ne finisse par perdre son âme steinerienne. Une inquiétude aussitôt démentie par un " droit de réponse " signé Jean-Pierre Bideau et Henri Nouyrit, responsables du conseil de surveillance de la NEF: " La charte de la NEF qui fait explicitement référence à l'oeuvre de Rudolf Steiner (...) témoigne que l'élargissement et la diversification de son sociétariat n'ont pas eu pour conséquence une trahison de ses fondements (. . . ). Dans les milieux de l'économie sociale, de l'économie alternative et solidaire, de l'agriculture durable, du logement social qui n'avaient quasiment aucun contact avec la pensée et l'uvre de Steiner la NEF a apporté au cours des années un témoignage qui a ouvert un horizon nouveau à bien des personnes. Mais en même temps, chaque fois qu'une institution steinerienne s'est adressée à la NEF pour avoir un appui, elle a trouvé une équipe dévouée à sa cause. "Voilà qui est explicite.
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1) Association pour une taxation des transactions finacières pour l'aide aux citoyens.
2) Conférence de 1922 sur le thème "santé et maladie".