Les Témoins de Jéhovah
et la Bible

H. - Ch. Chéry o.p.

 

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Très nombreux sont les foyers qui reçoivent la visite des Témoins de Jéhovah et qui se demandent ce qu'il faut en penser. Il n'est guère de région où l'on ne signale leur passage de porte à porte, systématiquement, pendant quelques semaines. Après quoi on n'en entend plus parler. Un an ou deux plus tard, ils reviennent. A chaque raid, ils convainquent quelques personnes qui acceptent leurs " études bibliques à domicile ". Certaines deviennent à leur tour des propagandistes. D'autres les abandonnent au bout de quelque temps. Ici et là, quand ils ont créé un groupe local, ils ouvrent une " Salle du Royaume ", où ils tiennent des réunions régulières. Ils multiplient aussi les rassemblements régionaux dans certains centres, où des autocars amènent les adeptes d'un vaste secteur ; à cette occasion des articles dans les journaux locaux attirent l'attention sur eux. Bref, c'est une secte dont on parle beaucoup.

Est-ce à dire que ce soit la secte la plus nombreuse ? Non. D'autres les dépassent en nombre dans le monde. Ce n'est donc pas leur importance numérique qui m'amène à en parler, mais bien plutôt le souci de vous éclairer, à partir où leur manière de lire la Bible, sur ce que doit être, par contraste, une lecture de la Bible intelligente et fructueuse pour la vie spirituelle.


  1. Histoire et doctrine
  2. Comment ils lisent la Bible


I - Histoire et doctrine

C.-T. Russell, J.-F. Rutherford, N. Knorr, F. W. Franz

Inutile de nous attarder sur l'historique du mouvement. La plupart des études qui leur ont été consacrées le font abondamment. Quelques mots suffiront. L'histoire des Témoins de Jéhovah se confond avec l'évolution de leur propagande et de leurs conceptions sur la " prochaine " fin des temps.

Leur fondateur s'appelle Charles-Taze Russell (1852-1916). Il est né à Pittsburgh (Pennsylvanie) d'une famille presbytérienne. Il fréquente quelque temps les Adventistes et prend dans leur manière de lire la Bible le goût des calculs relatifs à la fin du monde et au retour du Christ sur terre, considérés comme prochains. En 1878, il se sépare des Adventistes, vend son commerce pour se consacrer tout entier à sa mission et se fait désormais appeler " pasteur ". Il crée un journal qui aura pour titre La Tour de Garde de Sion, et une société, la " Société de la Tour de Garde et des tracts " (Watch Tower) qui est toujours la raison sociale de l'Association. En ce temps-là, on ne s'appelle pas encore " Témoins de Jéhovah ", mais " Etudiants de la Bible ". Russell écrit beaucoup, notamment un ouvrage en sept volumes : Etudes des Ecritures. Il voyage aux Etats-Unis, au Canada, en Europe, en Asie Mineure, en Russie et jusqu'en Extrême-orient, prononçant quelque 30.000 discours et fondant 1.200 groupes d' " Etudiants de la Bible ". Il rationalise la propagande avec un très grand sens de la publicité. C'est lui qui invente le système du porte à porte, qui reste aujourd'hui l'instrument le plus efficace du travail missionnaire. En 1911, il annonce que l'année 1914 verra la fin du " temps des Gentils " et le début du " millenium ". En 1913, il donne à ses 25.000 adeptes le nom d' " Association internationale des Etudiants de la Bible ".

Russell avait fondé à Brooklyn, faubourg de New-York, une imprimerie et une maison d'édition. C'est le directeur de l'imprimerie, J.-F. Rutherford, qui prit la tête du mouvement, en 1917, après la mort de Russell. Sous son énergique impulsion, les " Etudiants de la Bible " connaissent un grand développement. C'est lui qui crée en 1919 le périodique bimensuel qui va devenir Réveillez-vous. Il utilise largement la radio, puis le disque, pour diffuser ses propos. Il écrit abondamment : une vingtaine de livres et quelque quatre-vingts brochures, où il reprend, en les modifiant, les prédictions de Russell sur le prochain retour du Christ. Il mène avec violence la campagne contre les Eglises chrétiennes, la catholique surtout, toutes englobées sous le nom qui se veut méprisant de " chrétienté ". C'est lui surtout qui a donné à l'association le caractère combatif que nous lui connaissons. C'est lui aussi qui en a fait, selon son expression, une " théocratie ", c'est-à-dire une entreprise dirigée directement par Dieu - pratiquement une organisation centralisée, où l'élection a été remplacée par la nomination, à tous les échelons d'une hiérarchie rigoureusement structurée. Désormais, comme ils disent :

" Le Roi Jésus est maintenant à la barre de son organisation terrestre, puisqu'il dirige les nominations et guide le gouvernement des assemblées du peuple de Jéhovah... (Ses Témoins appartiennent) à une organisation combative et ils s'y soumettent joyeusement à une direction royale théocratique " (Watch Tower, 1938, pp. 333-334). En 1931, il a découvert que Dieu lui-même, " de sa propre bouche ", a donné à ses adeptes leur nom propre : Témoins de Jéhovah. Son caractère autoritaire et despotique a engendré bon nombre de dissidences - une dizaine environ - notamment, en 1920, celle du dirigeant des " Etudiants de la Bible " de Genève, Alexandre Freytag, qui se sépara de Rutherford pour fonder son propre groupement, les " Amis de l'homme ", moins doctrinaires, et qui se veulent plus persuasifs que discuteurs.

Rutherford est mort en 1942. Son successeur, Nathan Knorr, a introduit dans les méthodes de propagande plus de courtoisie, moins de brutalité et d'agressivité. Il a maintenu et renforcé la centralisation et l'organisation. Il a continué et intensifié l'entreprise de librairie : c'est sous sa direction qu'ont été publiés les livres les plus diffusés actuellement par la Secte : La vérité vous affranchira (1943), Le Royaume s'est approché (1944), Que Dieu soit reconnu pour vrai (1946), Equipé pour toute bonne ouvre (1951), etc... une multitude de brochures et de petits feuillets. Mais il n'a rien signé de son nom ; désormais toutes les publications sont anonymes. Sous son règne, les Témoins ont édité leur propre traduction (anglaise) de la Bible, en deux parties : Traduction du Nouveau Monde des Ecritures hébraïques, - c'est l'Ancien Testament - et (traduit en français d'après l'anglais) Les Ecritures grecques chrétiennes, traduction du Monde Nouveau, c'est le Nouveau Testament. Il a surtout poussé la diffusion des deux journaux, La Tour de Garde et Réveillez-vous, dont le tirage est monté à des dizaines de millions d'exemplaires en totalisant les éditions publiées en plusieurs langues (26 langues et 4.900.000 exemplaires, en 1938, pour chaque numéro de Réveillez-vous). Nathan Knorr a également développé le porte à porte, les réunions bibliques à domicile, les rassemblements régionaux et internationaux grâce à quoi les adeptes sont constamment en alerte pour préparer la réunion ou le congrès de demain ou d'après-demain. Il était présent au grand Congrès international de Colombes en août 1969. Il a beaucoup valorisé la formation des propagandistes, de telle sorte qu'ils soient parfaitement instruits des doctrines de la secte et ne risquent pas de se livrer à l'inspiration personnelle dans leur propagande.

L'organisation des Témoins de Jéhovah est actuellement dirigée par Frédérick W. Franz.

L'organisation

Pionniers et proclamateurs

'est le moment de dire quelques mots de l'organisation des Témoins de Jéhovah et de leurs méthodes de travail.

Tout Témoin de Jéhovah se considère comme un ministre de la Parole de Dieu, ordonné par Jéhovah lui-même pour annoncer la venue du Royaume. On est un vrai Témoin de Jéhovah du fait qu'où va de porte en porte ou dans la rue, vendre les publications de la Secte et réciter un des sermons qu'on a appris et qui doivent durer de trois à huit minutes. Il y a ainsi deux catégories de propagandistes :

Pionniers et proclamateurs tiennent un compte minutieux de leurs activités : personnes visitées, publications vendues. Chacun fait rapport de son travail à l'échelon supérieur, et cela se transforme en statistiques, tableaux et graphiques : remis sous les yeux des propagandistes, ces résultats doivent agir comme des stimulants entre les individus et entre les groupes, à qui obtiendra le meilleur résultat.

Structure

L'unité de base du mouvement s'appelle la congrégation (regroupant jusqu'à 200 membres). Il est constitué par les Témoins de Jéhovah d'une même localité qui se réunissent régulièrement pour le culte et l'étude de la Bible et qui prêchent en union les uns avec les autres. Leurs réunions se tiennent dans une salle quelconque jusqu'à ce qu'on puisse louer ou édifier un local permanent, dès lors appelé " salle du Royaume ". Ces réunions sont au nombre de cinq par semaine, d'une heure environ chacune. Celle du dimanche est ouverte aux sympathisants ; elle consiste habituellement en un discours. Les autres sont des réunions d'études, autour d'un livre ou du journal de l'Association. On procède par questions et réponses, le tout se trouvant déjà imprimé sur un feuillet que chacun a en main ; on y fait aussi le point de la propagande et on détermine les objectifs à atteindre.

Au-dessus du groupe, il y a la circonscription : c'est une circonscription qui englobe de 10 à 20 congrégations. Son chef instruit et contrôle les propagandistes, tient les finances, stimule les ventes, organise deux fois par an des assemblées.

Au-dessus de la circonscription vient le district, correspondant à une vaste région, souvent un pays tout entier.

Chaque pays constitue une filiale, avec un Béthel, lui-même relié au Béthel du Collège central, La Société, avec son bureau de direction, représentant visible de Jéhovah sur terre : c'est Lui qui en a choisi les membres. Les équipes dirigeantes résident naturellement aux Etats-Unis et doivent être composées en majorité écrasante de citoyens américains.

Activité des membres

La formation des propagandistes supérieurs se fait à New-York, dans une maison créée par Nathan Knorr et qu'on appelle " Béthel " ; et dans une autre qu'on appelle " Galaad ", où résident les missionnaires destinés aux pays étrangers et les " pionniers " étrangers dont on a distingué la valeur et à qui on paye voyage et séjour : chaque année, deux sessions de cinq mois, au cours desquelles on enseigne les techniques de diffusion, la parole publique, une langue étrangère et la manière jéhoviste de lire la Bible. Dans le reste du monde, les candidats responsables ont à leur disposition des " écoles du ministère théocratique ", où ils prennent des cours hebdomadaires d'une heure.

Sur quoi débouche cette vaste entreprise aux rouages bien engrenés ? L'objectif unique est d'annoncer l'urgence de se rallier aux Témoins de Jéhovah pour faire partie du " Royaume " et échapper ainsi à la catastrophe qui menace les rebelles. Donc recruter des adeptes et les amener à s'engager de plus en plus dans le mouvement.

Pour cela première visite à domicile et présentation de quelques papiers. Deuxième visite, " complémentaire ", pour inviter à poursuivre l'étude de la publication. Troisième étape : on invite à participer à une étude biblique hebdomadaire à domicile. Quatrième étape : le sympathisant prend part à des réunions en compagnie d'adeptes plus avancés et se convainc de la doctrine essentielle : le monde actuel approche de sa fin, la bataille d'Harmaguédon est imminente ; il faut se sauver de la colère de Dieu en adhérant à la Société du Monde Nouveau. L'adepte convaincu s'engage dans les équipes de propagandistes. Finalement, il signifie sa consécration en recevant le baptême par immersion.

Cette activité, je le disais il y a un instant, a quelque chose qui force l'admiration. Les militants qui s'y engagent à fond se veulent vraiment consacrés à leur oeuvre. La rigueur de l'embrigadement et du contrôle ne les rebutent pas, puisque " l'unité d'action " est à ce prix ; non plus que la soumission constante à une façon uniforme de penser la même chose sur tout, imposée d'en haut, puisqu'ils croient que c'est la façon de penser de Jéhovah.

Ce " désir d'une pensée unifiée et d'unité d'action ", me faisait remarquer quelqu'un qui fut de leurs plus actifs militants pendant onze ans, se retrouve chez bien des gens autres que les Témoins de Jéhovah, en différents secteurs de l'activité religieuse ou politique. Il serait facile ici d'évoquer le " monolithisme " de certains partis, et les dévouements passionnés qu'il détermine, en même temps que les conséquences tragiques auxquelles il aboutit parfois. Mais, chez nous-mêmes catholiques, nous avons connu cette avidité de directives précises, de consignes impérieuses, de mots d'ordre à exécuter, cette foi donnée aveuglément à des formules toutes faites qu'il suffit de tenir ferme pour être dans " la vérité "..., de la part de gens qui " marchent à fond " dès là qu'ils se sentent encadrés. Cela existe encore dans certains secteurs (restreints) de la pensée catholique. Nous considérons à juste titre que c'est de l'infantilisme et contraire à la sainte " liberté des enfants de Dieu ". Mais ne nous étonnons pas de le retrouver - au maximum il est vrai - chez les Témoins de Jéhovah et ailleurs.

Sans plus parler de ces excès, nous connaissons chez nous, au cours de l'histoire et en ce moment, des milliers et des milliers de chrétiens qui se sont consacrés corps et âme à l'évangélisation, qui " témoignent " de leur foi et de leur charité par un dévouement sans limites. Ce que nous pourrions reprocher aux Témoins de Jéhovah, c'est d'ignorer ces grandeurs quand elles existent ailleurs que chez eux, de penser naïvement qu'ils ont le monopole de la " consécration ". Mais ce n'est pas une raison pour refuser de les saluer chez eux.

A cet " endroit ", il y a d'ailleurs un " envers ". Quand, en dehors de son travail, on consacre plusieurs heures par semaine à des réunions et à une propagande entièrement axées sur les mêmes thèmes ; quand on se refuse, en vertu de la doctrine elle-même, à participer aux activités politiques, syndicales, artistiques, culturelles et même de bienfaisance - car tout cela, c'est " le monde ", radicalement mauvais, le royaume de Satan ; quand on ne lit plus que les publications des Témoins de Jéhovah, qu'on n'entend plus que des conférences des Témoins de Jéhovah, qu'on n'a plus de relations qu'avec les Témoins de Jéhovah ou avec ceux qu'on veut gagner aux Témoins de Jéhovah - on s'enferme inévitablement dans un monde à part, où l'on peut certes trouver pendant un temps une certaine ambiance d'amitié fraternelle, une certaine chaleur, mais où l'on finit par se dessécher l'esprit et le coeur.

Ecoutez deux passages du long mémoire qui m'a été adressé par cet ancien militant Témoin de Jéhovah que je citais tout à l'heure.

D'abord une protestation contre ce qu'il estime être des calomnies :

" J'affirme en conscience - et je parle ici au nom de mes anciens coreligionnaires - que l'unique motif de mon activité missionnaire passée sous la bannière des Témoins de Jéhovah voulait être l'expansion du Royaume de Dieu. J'ai accompli cette oeuvre souvent dans la joie profonde de servir mon Créateur..., m'attachant de tout mon coeur à sauver mes frères menacés du fléau de Dieu. " Puis une analyse des causes de déception et de lassitude : " Un dirigisme absolu qui finit à la longue par lasser ceux qui parviennent à en prendre conscience... "

" L'excès de la 'promiscuité fraternelle' : un groupe local vit en vase clos. On se fatigue :

J'ajouterai, en évoquant maintes et maintes confidences déchirantes reçues depuis une vingtaine d'années : combien de foyers détruits parce que l'un des deux est tellement convaincu des exigences de sa mission qu'il persécute les siens pour les amener à penser comme lui !

N'est-ce pas l'inévitable rançon d'une doctrine qui est tout le contraire de ce que nous appelons " l'ouverture de l'Eglise au monde " ?

La doctrine

Quelle est donc cette doctrine ?

Encore qu'elle soit détaillée en d'innombrables imprimés, elle se ramène à quelques thèses essentielles, où la conception du destin de l'humanité tient la place majeure :

  1. Le nom propre du Dieu unique est Jéhovah. La Trinité est une invention païenne.
  1. L'Esprit-Saint n'est pas une Personne divine. C'est le souffle de Dieu dont sont animés ceux qui croient.
  1. Jésus-Christ n'est pas Dieu. C'est " la première des créatures ". Avant sa venue sur terre, il était un archange, l'archange Saint Michel (Studies in the Scriptures, II, p. 147). Il est devenu Messie au moment de son baptême par Jean. Après sa mort, il n'est pas ressuscité, mais il est redevenu une créature spirituelle et il a pris une apparence de corps pour apparaître à ses disciples.
  1. L'âme humaine n'est ni spirituelle ni immortelle ; elle n'est pas différente de celle des animaux ; elle mourra avec le corps.
  1. Depuis peu de temps après la Création, le règne de Satan s'étend sur le monde. L'histoire de l'humanité est celle de son oeuvre pour ravir à Jéhovah sa royauté. C'est lui qui a créé " la religion ", entreprise idolâtrique. C'est lui qui dirige tous les gouvernements civils. Il a été précipité sur la terre, chassé des cieux lui et ses anges, et " de nombreuses preuves permettent de situer cet événement entre 1914 et 1918 " (Que Dieu soit reconnu pour vrai, p. 55). Pour tromper les hommes, il se sert des " associations pour la sécurité mondiale, de l'O.N.U., des groupements confessionnels et autres institutions de ce genre " (p. 56). Mais cela ne durera plus longtemps. Depuis 1914, " christ Jésus a été investi du pouvoir royal et commença à régner " (p. 223). Jéhovah s'est suscité des Témoins pour lui rallier tous les hommes et les conduire à " ce Royaume destiné à remplacer définitivement tous les gouvernements terrestres actuels qui seront bientôt détruits par Jéhovah à la bataille d'Harmaguédon. Bien que, depuis près de soixante siècles, Jéhovah Dieu ait eu des Témoins sur la terre, ce n'est que de nos jours qu'ils se sont rassemblés pour une ouvre mondiale " (p. 226). Ils " n'essaient pas de convertir le monde entier au christianisme... Dieu ne leur donne aucun ordre semblable. Ils reconnaissent qu'il est impossible de convertir les méchants et les impies " (p. 234). Leur rôle est de dénoncer " sans ménagements les faux principes blasphématoires de toutes les religions " et d'annoncer aux hommes de bonne volonté la Venue du Royaume de Jéhovah Dieu. " Ils n'espèrent pas tous aller au Ciel. Ils savent qu'un nombre restreint de fidèles aura cette gloire. Le Dieu tout-puissant a limité à 144.000 le nombre de ceux qui formeront le 'corps du Christ' et régneront avec lui dans son Royaume céleste " (p.238). Quelques grands Personnages de l'Ancien Testament, les Apôtres, et un certain nombre de Témoins de Jéhovah formeront cette élite des 144.000. Les autres justes de l'Ancien et du Nouveau Testament et les autres Témoins de Jéhovah n'iront pas au ciel : " la promesse leur a été faite de vivre éternellement ici-bas, où ils auront le privilège de soumettre, d'embellir et de peupler la terre si toutefois, comme Témoins de Jéhovah ils lui prouvent leur fidélité avant la bataille d'Harmaguédon. " Les 144.000 forment le " petit troupeau " ; les " autres brebis " sont appelées des " Jonadabs " (du nom d'un Compagnon de Jéhu) (p .238). Quant aux hommes qui n'auront pas rallié le Royaume théocratique de Jéhovah, ils seront anéantis.
  2. Les calculs qu'ils ont faits dans la Bible permettent aux Témoins de Jéhovah d'affirmer que 1914 a marqué la fin du " temps des nations " et le " rétablissement de la théocratie de Jéhovah " (pp. 262-263). Satan, furieux, suscita alors la guerre de 1914-1918, la famine et la peste qui la suivirent, puis la seconde guerre mondiale : " Le monde plus opprimé que jamais se débat sous l'étreinte de Satan, son démoniaque chef invisible " (p. 264-265). Inutile de compter sur l'O.N.U., pour obtenir la paix : avec son ancêtre, la société des Nations, ce sont les deux " bêtes " de l'Apocalypse (pp. 268-269). Mais voici proche la bataille d'Harmaguédon, ultime cataclysme qui détruira complètement l'organisation visible et invisible de Satan. En vue de ce " jour de la colère de Jéhovah ", " Jésus invite tous les hommes bien disposés envers Dieu à se réfugier dans l'organisation de son Royaume " - celle des Témoins de Jéhovah (pp. 270-271).
     

  3. Tout cela se trouve dans LA BIBLE, dont chaque phrase est à prendre au pied de la lettre et qui donne une réponse à toutes les questions qu'on peut se poser, y compris celles que la science prétend (faussement) résoudre, comme l'origine de l'homme, le lieu et la date de la création, l'histoire de l'humanité, l'époque où elle finira, etc... (cf. Réveillez-vous, numéro spécial du 8 octobre 1963 : " La Bible triomphe dans un monde épris de science ". A l'aide des publications des Témoins de Jéhovah, la Bible peut enfin être lue dans sa vérité.
Je n'ai pas l'intention de discuter ici ces doctrines des Témoins de Jéhovah : un gros volume n'y suffirait pas. Au reste, plusieurs existent, auxquels vous pourrez vous reporter (cf. bibliographie). Mon propos, je vous l'ai dit, est seulement d'examiner leur manière de lire la Bible. Mais auparavant je voudrais vous livrer quelques réflexions sur la thèse que nous venons de résumer.

Je suis frappé de voir comme elle s'apparente à l'antique manichéisme par sa division radicale de l'humanité en deux blocs : les bons et les mauvais, les bons dirigés par Dieu, les mauvais sous l'emprise de Satan - le Royaume de Jéhovah-Dieu auquel il est urgent de se rallier si on ne veut pas être exterminé, et le Royaume de Satan qui englobe tous ceux qui ne s'enrôlent pas sous la bannière des Témoins de Jéhovah.

Certes, le thème de la lutte entre les ténèbres et la lumière est traditionnel dans le christianisme et on le trouve largement exprimé dans saint Jean (par exemple, 16, 18 et sq.), l'opposition des " deux Cités " était chère à saint Augustin et celle des " deux étendards " à saint Ignace de Loyola. Quant au " monde ", il est clair que dans le Nouveau Testament un des sens de ce mot signifie ceux qui refusent le Christ (Jn 1, 10), le mal auquel le Christ est venu nous arracher (Gal 1,4), le règne de Satan (Act 26, 18).

Où donc est le tort de ceux que vous écoutez, à chers Témoins de Jéhovah, à qui je voudrais maintenant parler aussi fraternellement que possible ?

  1. Il est d'abord de ne pas saisir que la lutte du bien et du mal, des ténèbres et de la lumière, se situe au coeur de chacun de nous. Il n'y a pas deux troupes adverses sur lesquelles se détacherait en gros caractères l'étiquette " bons " ou " mauvais ". C'est une image d'Epinal, que nous sonnes tous tentés d'accepter quand nous nous rangeons parmi les " bons ", mais qui ne répond pas à la réalité et dont il faut nous défaire. Aux Pharisiens qui lui demandent quand arrivera le Royaume de Dieu, Jésus répond : " La venue du Royaume de Dieu ne se laisse pas observer et on ne saurait dire : le voici ! Le voilà ! Car, sachez-le, le Royaume de Dieu est parmi vous " (ou) " au-dedans de vous " (Lc 17,20). Le Royaume de Dieu, c'est le Christ. - Qui est du Christ ? Une fois il affirme : " Celui qui n'est pas avec moi est contre moi " (Lc 11,23). Et une autre fois, à ses disciples qui veulent écarter certains qui se réclament de lui sans faire partie de leur groupe : " Celui qui n'est pas contre nous est pour nous " (Mc 9,40). Ce n'est pas à nous qu'il appartient de déterminer ceux qui sont " pour " et ceux qui sont " contre ". Dieu seul " sonde les reins et les coeurs " (Ps 7,10; Jér 11,20). " Ne jugez pas et vous ne serez pas jugés " (Lc 6,37). " Qui que tu sois, à homme, toi qui juges, tu es inexcusable ; car en jugeant les autres tu te condamnes toi-même " (Rom 2,21).
  1. Un autre tort est d'accaparer pour les seuls Témoins de Jéhovah le monopole du " Royaume " en rejetant tous les autres sous la bannière de Satan. Que vous ayez une foi vive dans le Dieu, unique, lue vous vous efforciez à une vie honnête et pure, loyale et désintéressée, conforme à l'évangile, je n'en doute pas. Mais... il y en a d'autres, c'est le moins qu'on puisse dire. Pourquoi ignorer systématiquement la multitude des saints de toutes les religions, et éminemment du christianisme, d'hier et d'aujourd'hui, qui ont pratiqué, parfois jusqu'à l'héroïsme et au martyre, la foi, la charité, l'humilité, le pardon des offenses, l'amour de Dieu et de Jésus-Christ - tout ce que leur " religion " leur avait appris - cette " religion " qui est ta bête noire de vos conducteurs et dont ils attribuent la paternité à Satan ? Je suis sûr que vous éprouvez un malaise quand vous lisez dans leurs publications tous les sarcasmes dont ils accablent " la chrétienté ", " le religionisme ", " les religionistes ", " les religieux " ; quand ils vous disent que " Satan, le diable, a introduit la religion dans le monde " (4) ; ou encore que " les catholiques, protestants, juifs, bien qu'ils invoquent le nom de Jéhovah, n'ont en réalité que mépris pour sa parole et pour son Royaume " (5) - vous savez bien que ce n'est pas vrai ! Ou encore quand ils affirment que " le principal ennemi visible de Dieu et, par suite, le plus grand et le pire ennemi public, est l'organisation religieuse catholique romaine " (6), allant jusqu'à la présenter comme l'inspiratrice d'Hitler (dont le racisme a été condamné par Pie XI) :
      " Le bras séculier de l'Eglise catholique romaine, le führer nazi Hitler, commença à s'abattre avec fureur sur l'Europe, opération facilitée par la cinquième colonne catholique. L'année 1940 fut le 400ème anniversaire de l'ordre des Jésuites. Il ne paraît pas douteux que l'Eglise romaine ait choisi cette date pour essayer de conquérir le contrôle du monde grâce à la pieuvre nazie, à la cinquième colonne et à l'action catholique " (7).
       
    Vous connaissez assez l'histoire pour savoir que ces propos sont malhonnêtes.
       
  1. Ne croyez-vous pas aussi qu'il est excessif d'attribuer à Satan, comme le font vos conducteurs, la paternité des articles de la foi chrétienne qu'ils rejettent - la Trinité : " Que Satan en soit le promoteur, cela saute aux yeux " (8) ; l'immortalité de l'âme : " Cette doctrine est la principale imposture que Satan propagea à travers les âges pour égarer l'humanité et l'asservir aux religieux " (9) ; la divinité de Jésus-Christ (parce qu'ils croient, comme les Juifs et les Musulmans, qu'elle s'oppose à la foi au Dieu unique, ce qui est bien mal connaître la théologie de la Trinité !) - ou encore d'affirmer que les fêtes chrétiennes, et surtout la fête de Noël, sont des inventions de Satan (alors que tout le cycle des fêtes de l'année liturgique, de l'Avent à la Pentecôte, sont des célébrations du salut par le Christ, à la gloire de Dieu) ? ...
  1.  Enfin ne sentez-vous pas qu'il y a un abus à traiter de " Royaume de Satan " tous les Etats, toutes les organisations temporelles ? à considérer comme un acte d'idolâtrie le fait de saluer un drapeau ? à se considérer soi-même comme un étranger dans le pays où l'on est né, un ambassadeur du " Royaume théocratique " auprès de ce pays, de telle sorte qu'on n'est tenu à aucune des obligations politiques imposées aux citoyens de ce pays ? à affirmer :
    " Puisqu'ils doivent l'obéissance au Tout-Puissant et à son Royaume, (les Témoins de Jéhovah) ne peuvent s'ingérer dans la politique ou participer aux élections... Ils en sont dispensés par la loi divine qui leur ordonne de se garder des souillures du monde... Une autre raison pour laquelle ils s'abstiennent de participer aux affaires du monde actuel, c'est que celui-ci est gouverné, invisiblement, par le diable... " (10).
Pourquoi cette évasion hors de la société civile - qui va, vous le savez, jusqu'au refus d'adhérer à quelque groupement que ce soit - cette haine de toutes les organisations ? C'est un cas typique du phénomène que Lanternari a étudié dans sa thèse de sociologie religieuse :  Les mouvements religieux des peuples opprimés (11). Dans la multitude des mouvements " messianiques " d'autrefois et d'aujourd'hui, il discerne le transfert sur un plan religieux d'une réaction contre l'oppression (d'un milieu, d'une classe, de la caste sacerdotale, d'un gouvernement...). Tandis que les hommes évolués et adultes traduisent leur révolte en organisations temporelles (syndicales, nationales, raciales, etc...) pour faire triompher leur cause, les infantiles et les impuissants rêvent d'interventions miraculeuses des puissances célestes qui les dispenseront d'agir. C'est exactement " l'opium du peuple ". Ce rêve peut certes trouver des répondants dans la Bible ancienne, histoire d'un peuple temporel dont l'espérance s'est difficilement dégagée d'une idée de revanche temporelle. Il n'a plus rien à voir avec l'espérance chrétienne, qui ne se situe en aucune façon sur un plan temporel, pour qui " le salut " est la conversion des coeurs et non l'extermination des " méchants ", et qui fait aux chrétiens un devoir d'oeuvrer présentement pour la justice, pour la paix, pour la défense des opprimés. Il est remarquable que les Témoins de Jéhovah, s'ils s'entraident entre eux d'une façon louable, n'ont aucune oeuvre de bienfaisance comme nos Conférences de Saint-Vincent-de-Paul, la Cimade, le Secours Catholique, l'Armée du Salut... Tout cela : coopération avec un monde mauvais, prétention à faire l'oeuvre de Dieu avec des moyens humains. Tout leur dévouement, qui est grand, se porte sur l'annonce du " Monde Nouveau " : " Il faut prendre part au témoignage final pour avoir part à la victoire finale ".

" Quoique âgée et infirme ", m'écrivait une dame, " j'ai une mission à remplir : étant Témoin de Jéhovah, notre devoir est d'apporter à notre prochain, en obéissance au commandement divin qui dit 'Tu aimeras ton prochain comme toi-même', une merveilleuse espérance et une grande consolation ".

C'est assurément très beau, mais j'avoue que je ne saisis pas en quoi cela s'oppose à une action charitable organisée, ni à une action sociale pour la liberté et pour la justice, en union avec tous les hommes de bonne volonté.

Et pour en finir avec ce thème, vous serez certainement d'accord avec moi si je vous dis que, sans méconnaître l'action dans le monde de la Puissance des Ténèbres, j'aime mieux admirer l'action de la Grâce qui, sans se lasser, tire le bien du mal, ne veut pas la mort du pécheur qu'il se convertisse et qu'il vive, est à l'oeuvre au coeur de tant d'hommes épris de vérité et de paix. J'aime mieux admirer et faire confiance que de juger et de condamner - car :

" Dieu a tant aimé le monde qu'il lui a donné son Fils unique... et il n'a pas envoyé son Fils dans le monde pour condamner le monde mais pour que le monde par lui fût sauvé " (Jn 3, 16-17).


II - Comment ils lisent la Bible

Il nous faut maintenant en venir à la manière dont vos conducteurs, ô chers Témoins de Jéhovah, vous apprennent à lire la Bible. Beaucoup d'entre nous ont découvert la Bible grâce à eux et ils leur en gardent une légitime reconnaissance, même quand ils ont cessé de les suivre dans leurs interprétations ; j'ai dans mes dossiers maints témoignages de ce genre. Il est assez émouvant de lire certaines longues lettres, de gens généralement assez simples, qui ont pris la peine, pour convaincre leurs correspondants, d'accumuler les textes bibliques, en mentionnant minutieusement les références. Ces textes sont généralement pris dans les publications jéhovistes, bourrées de citations de l'Ecriture. Un petit nombre s'en dégage pour lire la Bible d'une manière personnelle, mais la plupart leur font confiance et ne lisent guère la Bible qu'avec les yeux qui leur sont fournis par la Watch Tower.

Récemment, en réponse à une enquête sur la lecture de la Bible que nous avions lancée dans notre revue La Bible et son message (12), nous avons reçu ces quelques lignes :

" J'étudie la Bible avec l'aide des Témoins de Jéhovah et de leurs si précieuses éditions de la Watch Tower. Catholique de naissance et après avoir longuement été à la recherche de la vérité, j'ai pu constater que les Témoins de Jéhovah sont les seuls se servant, sans interprétation aucune, de la parole de Dieu intégrale et non tronquée. " Une autre personne, après avoir entendu leurs propos, appuyés sur la Bible, nous écrivait au contraire : " Mon mari a accepté d'étudier la Bible avec eux. Ce qu'ils ont fait, c'est de nous diviser complètement. Faut-il vraiment lire la Bible et y trouver réponse comme ils le font ? Ce livre, soi-disant inspiré, contient-il tout ce qui se passe, comment cela se passe, comme ils le prétendent ? ... Mon Dieu, qui croire de tout cela ? Voyez où la Bible peut conduire. Je vous en supplie, expliquez ce qu'elle veut dire, on ne comprend plus rien à rien. " Voilà le problème bien posé par ces deux correspondants. L'un qui accepte sans discuter la manière jéhoviste de lire la Bible, l'autre qui est tellement scandalisée par ce qu'ils en tirent qu'elle est tentée de la rejeter.

Comment lire la Bible

Disons d'abord : oui, la Bible est inspirée, oui, elle contient la Parole de Dieu. Ce n'est pas parce que certains l'interprètent d'une manière contestable qu'il faut renoncer à la lire. Il faut seulement, pour y découvrir l'authentique message qu'elle contient, ne pas se fier à n'importe qui, au hasard des rencontres, mais à ceux qui sont fidèles à ce que les chrétiens ont toujours cru depuis les Apôtres.

Oui, l'Eglise nous recommande de lire la Bible. On vous a dit le contraire, et il est exact qu'à certaines époques l'Eglise a réagi maladroitement, face à ceux qui se servaient de la Bible comme d'une arme contre elle en apportant des restrictions à sa lecture, encore qu'il n'y eut jamais d'interdictions de la lire et que toujours le Livre Saint ait été répandu par ses soins. Cette époque de controverses est aujourd'hui lointaine (même si elle a laissé longtemps des traces) et les textes officiels abondent qui nous exhortent à la fréquentation des saintes Ecritures. Ainsi le Concile Vatican II :

" exhorte avec force et de façon spéciale tous les chrétiens à acquérir par la lecture fréquente des divines Ecritures une 'science éminente de Jésus-Christ' (Ph 3, 8), car ignorer les Ecritures c'est ignorer le Christ. Qu'ils approchent donc de tout coeur le texte sacré lui-même, soit par la sainte liturgie, soit par une pieuse lecture, soit par des cours faits pour cela " (13) . Que cet appel soit largement entendu, ceux qui sont au courant peuvent l'attester. Plus de deux millions d'exemplaires de la seule Bible de Jérusalem vendus, sans compter les centaines de mille de la Bible de Crampon, de la Bible du Cardinal Liénart, de la Bible de Maredsous (et je ne parle que des éditions catholiques) ; les Evangiles, le Nouveau Testament, les Psaumes, la Genèse abondamment diffusés en éditions " de poche " les Evangiles, à eux seuls, ont dépassé le million)... Une extraordinaire floraison d'études bibliques, des livres les plus savants aux magazines de vulgarisation... Des cours bibliques et des cercles bibliques dans un nombre considérable de paroisses et de groupements... Les cours bibliques par correspondance du Cercle Saint-Jean-Baptiste (14) ; les milliers d'abonnés de Bible et terre sainte (15) et des cahiers bibliques Evangile (16) ; les 40.000 exemplaires de notre revue La Bible et son message vendus chaque mois... Oui on peut dire que les catholiques d'aujourd'hui lisent la Bible et la travaillent, pas aussi nombreux encore qu'on le souhaiterait, mais de plus en plus (17).

Comment mener fructueusement et intelligemment une lecture de la Bible ? Je m'en suis expliqué dans une série d'éditoriaux de La Bible et son message (18). Que ce soit en commençant par le commencement et en lisant peu à peu tous les livres, de la Genèse à l'Apocalypse, - que ce soit en étudiant à fond un seul livre, - ou bien en partant de l'Evangile et de saint Paul pour remonter à l'Ancien Testament, - ou à partir du dictionnaire biblique que l'Eglise nous propose dans sa liturgie, - ou en étudiant un thème à travers toute la Bible (la tendresse de Dieu, le Messie, le Rédempteur, la conversion, la charité...) - la première règle est de lire honnêtement. Comme dit Sulivan : ne pas mettre dans le panier ce qu'on voudrait y trouver. Se soumettre au texte. Purifier son regard de tout préjugé. Recevoir la Parole telle qu'elle est. Ce qui entraîne :

  1. Une exigence de fidélité absolue dans la traduction. Ce n'est pas mon idée à moi que les mots choisis doivent traduire, mais le sens du mot hébreu ou du mot grec.
  1. Qu'on replace toujours un texte dans son contexte - dans ce qui le précède et ce qui le suit ; si on isole une phrase de l'ensemble où elle se trouve, on peut lui faire dire juste le contraire de ce qu'elle dit. Un exemple amusant : dans un psaume nous lisons " Il n'y a pas de Dieu ". Inquiétant ! Mais lisons ce qui précède : " L'insensé dit en son coeur : Il n'y a pas de Dieu ". On respire...
  1. Quand on aborde un livre, le situer dans l'histoire, chercher dans quel milieu il est né, comment il a été composé, quels étaient les buts de celui qui l'a écrit, quelles ont été ses sources. Tout cela importe pour comprendre ce qu'il a voulu dire, et donc le Message divin qu'il contient (19).
  1. Se demander aussi de quel " genre littéraire " il relève : dans cette petite bibliothèque qu'est la Bible, il y a des genres littéraires très différents : des poèmes comme le " Cantique des Cantiques ", des contes comme Jonas, des récits historiques comme les Actes des Apôtres, des épopées comme l'Exode, des récits inventés comme les paraboles, et ce genre littéraire très particulier qui s'appelle le genre " apocalyptique ", qui est celui de l'Apocalypse, de certaines pages de Daniel, etc... Chaque genre littéraire a ses lois. Cela ne s'invente pas au gré de la fantaisie, cela s'apprend ; et il faut le savoir pour ne pas faire dire à la Révélation ce qu'elle n'a jamais voulu dire. Si l'on va piocher des textes un peu partout, sans tenir compte de ces exigences, si on les prend (croit-on !) " au pied de la lettre " et qu'on les rapproche arbitrairement, on se trompe sur leur sens et on induit les autres en erreur, à l'aide de citations qui n'ont pas du tout le sens qu'on leur attribue.
  1. Il faut prendre garde enfin au génie propre de la langue hébraïque dans laquelle l'Ancien Testament a été écrit. L'hébreu n'est pas le français. Il a ses procédés de composition, ses expressions bien à lui. On peut toujours le traduire littéralement en français : si on entend cette traduction comme elle sonne à nos oreilles, on comprend tout de travers. Ainsi dans le psaume 90 (v. 4) que saint Pierre cite (2P 3,8) : " Devant le Seigneur un jour est comme mille ans et mille ans comme un jour " - il s'agit évidemment d'une hyperbole familière au style hébraïque : au regard de l'éternité de Dieu, le temps n'est rien ! Si on entreprend de faire des calculs à partir du chiffre " mille " en le rapprochant du mot " jour " pour déterminer des dates d'événements, on obtient des résultats ahurissants - et qui n'ont rien à voir avec la Révélation divine.
Il y a encore d'autres règles de bonne interprétation, mais je pense vous avoir dit les principales. Elles se ramènent en somme à ceci : tâcher de comprendre ce que l'écrivain sacré a voulu dire. C'est un travail délicat, difficile, qui demande pas mal de science et surtout beaucoup d'honnêteté. Il ne vous est évidemment pas demandé de le faire ! C'est le rôle de ceux qui écrivent les livres et les revues dont vous vous servez pour bien comprendre la Bible. Il vous revient, à vous, de donner votre confiance à ceux qui observent les règles que nous avons dites.

Or vous allez juger sur pièces, par quelques exemples, que ces règles sont souvent violées dans les ouvrages que vous donnent les écrivains que vous lisez, Témoins de Jéhovah.

En toute bonne foi d'ailleurs, j'en suis persuadé. Mais la bonne foi n'exclut pas l'erreur. D'où vient l'erreur ? De ce qu'ils recourent à la Bible pour y trouver la confirmation de leur thèses. Ils ont un certain nombre d'idées chères - sur la fin du monde, sur la nature de l'homme, sur Jésus-Christ, sur la création, etc... Ils les affirment. Puis ils vont chercher toutes les phrases de la Bible qui semblent leur donner raison : ils mettent dans le panier ce qu'ils veulent y trouver.

Un exemple typique du procédé est le petit livre qu'ils vous remettent pour la propagande : " Eprouvez toutes choses ". Soixante-dix thèmes disposés par ordre alphabétique ; sous chaque titre une suite d'affirmations sous chaque affirmation des textes bibliques. Or j'ai fait l'expérience que vous pouvez faire vous-mêmes - et je l'ai faite avec la personne qui m'apportait ce livre et qui en ce temps-là vous suivait : lire lentement à haute voix les passages bibliques cités. Il sautait aux yeux que souvent leurs ressemblances avec la thèse étaient purement verbales et qu'ils ne la confirmaient pas du tout. Et quand on lit l'ensemble des ouvrages de vos écrivains, sans se laisser impressionner par la puissance massive de l'affirmation, mais d'un oeil exigeant, on arrive à la même conclusion. De plus, comme le mouvement est né d'une réaction contre ce qu'ils appellent " la Chrétienté ", contre les Eglises chrétiennes et leur foi, la Bible, entre leurs mains, devient une arme de guerre, un arsenal d'arguments pour assommer l'adversaire. La lecture de la Bible, qui devrait aboutir à l'action de grâces, à la prière, au mea culpa sur sa propre poitrine, à la repentance, à la charité, débouche en polémiques, en jugements durs, en insultes, en sarcasmes... Ne trouvez-vous pas que c'est triste - et finalement lassant ?

Traductions fausses

Nous allons maintenant prendre quelques exemples qui vous montreront de quelle manière vos conducteurs manquent aux règles que nous avons dites, pour justifier leurs thèses. Quelques exemples seulement ; on pourrait en citer beaucoup d'autres.

Et d'abord des exemples de traductions fausses. Je les prends dans votre traduction du Nouveau Testament : Les Ecritures grecques chrétiennes.

Nos frères protestants ne croient pas de la même manière que nous à la présence de Jésus dans l'Eucharistie ; mais toutes leurs versions (celle de Segond par exemple, que citent les Témoins de Jéhovah quand elle leur convient) traduisent comme les nôtres : " Jésus prit du pain... et il dit : Prenez, mangez. Ceci est mon corps ", parce que c'est la seule manière honnête de rendre l'original grec. Or votre traduction dit : " Ceci signifie mon corps " ; et le mot " signifie " est souligné dans chacun des textes cités par ," Eprouvez toutes choses " p. 229. " Au commencement était le Verbe (ou La Parole), et le Verbe était avec Dieu et le Verbe était Dieu. "

Il n'y a pas moyen de traduire autrement si on veut se soumettre au texte grec. Or votre traduction dit : " A l'origine était la Parole, et la Parole était auprès de Dieu, et la Parole était un dieu ", avec un petit d. Aucune argutie textuelle ne peut autoriser cette malversation. L'identité de nature entre le " Logos " et Dieu est affirmée sans ambages et d'ailleurs confirmée par ce qui suit : l'identité entre le Verbe et le Créateur : " Tout a été fait par lui et sans lui rien n'a été fait ". Au reste il faudrait être polythéiste pour prétendre qu'à côté du grand Dieu, il y aurait un petit dieu... (20) .

" Nous savons que le Fils de Dieu est venu et qu'il nous a donné l'intelligence afin que nous connaissions le Véritable (= le Dieu vrai). Nous sommes dans le Véritable, dans son Fils Jésus-Christ. Celui-ci est le Véritable et la vie éternelle. "

Traduction des Témoins de Jéhovah : " Nous savons que le Fils de Dieu est venu et qu'il nous a donné des capacités intellectuelles (!), afin que nous acquérions la connaissance du véritable. Et nous sonnes en union avec le véritable par le moyen de son Fils Jésus-Christ. C'est ici le vrai Dieu et la vie éternelle. "

" En lui (le Christ) habite corporellement toute la Plénitude de la Divinité " (même traduction dans Segond ; dans Darby : " En lui toute la plénitude de déité habite corporellement ").

Traduction des Témoins de Jéhovah : " En lui toute la plénitude de la qualité divine habite corporellement ". " Qualité divine " ! Il faut vraiment être gêné par le texte pour traduire ainsi le mot grec " théotêtos " qui signifie exactement " divinité " ! D'autant que les mêmes traducteurs, à un endroit où le mot ne les gêne pas (Rom 1, 20) le traduisent par " divinité "...

Ici un simple déplacement de ponctuation suffit à changez le sens. Il s'agit du dialogue du bon larron et de Jésus sur la croix : " Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton royaume. Il lui répondit : En vérité je te le dis : aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis ". Les manuscrits, vous le savez, ne comportent aucune ponctuation ; celle que toutes les Bibles chrétiennes ont adoptée s'impose par le bon sens et aussi par le parallélisme des termes qui se répondent : " souviens-toi de moi quand tu reviendras... aujourd'hui tu seras avec moi... "

Les Témoins de Jéhovah changent de place les deux points et cela donne : " En vérité je te le dis aujourd'hui : tu seras avec moi... " Ce qui est évidemment contraire au bon sens : Jésus n'a pas besoin de dire qu'il parle aujourd'hui... Et ce qui détruit le parallélisme voulu par saint Luc. Mais quand on ne croit qu'à la résurrection des corps à la fin des temps, c'est gênant. Alors on s'en tire comme ça...

Un dernier exemple de traduction, faite à l'encontre de toute la tradition chrétienne, en vertu d'une idée préconçue. Dans leur révolte contre les images et dans leur volonté d'attribuer une origine païenne à toutes les coutumes chrétiennes, vos conducteurs s'en prennent à la Croix. Pour eux, c'est un " signe phallique ", qui a passé du culte d'Osiris et autres divinités égyptiennes dans le culte de " la Chrétienté " (21). Non, Jésus n'a pas été crucifié, il a été attaché à un poteau et il est mort pendu...

Il fallait évidemment faire passer cette invention dans la traduction. Cela donne des résultats navrants, qui ne peuvent pas ne pas provoquer en vous le malaise qu'ils provoquent en nous.

Durant la Passion, la foule ne crie plus : " Qu'il soit crucifié ! ", mais " Qu'il soit mis au poteau ! " (Mt 27, 23) ; Simon de Cyrène est requis pour " soulever son poteau de torture " (27, 32) ; les grands prêtres l'insultent en disant : " Si tu es un fils de Dieu, descends du poteau de torture ! " (27, 40). Durant sa vie publique, Jésus disait : " Si quelqu'un veut venir à ma suite... qu'il prenne son poteau de torture jour après jour... " (Lc 9,23). Mais c'est dans saint Paul que l'expression revêt les aspects les plus pénibles : " Le langage de la croix, folie pour ceux qui se perdent, etc... " devient : " Le langage du poteau de torture est folie pour ceux qui périssent... " (1 Co 1,18) ; le " scandale de la croix " devient " la pierre d'achoppement du poteau de torture " (Ga 5,11) ; Paul ne s'écrie plus : " Que jamais je ne me glorifie sinon dans la croix de Notre-Seigneur Jésus-Christ qui a fait du monde un crucifié pour moi et de moi un crucifié pour le monde ", mais : " Que cela n'arrive jamais que je me glorifie, sinon dans le poteau de torture de Notre-Seigneur Jésus-Christ par qui le monde a été mis au poteau pour moi et moi pour le monde " (Ga 6,14) ; l'hymne célèbre des Philippiens (2, 8), " S'étant comporté comme un homme, il s'humilia plus encore, obéissant jusqu'à la mort, oui la mort sur un poteau de torture ".

Voilà ce qui arrive quand on utilise l'Ecriture au service d'une idéologie de combat. Je ne sais pas ce que vous en pensez ; pour moi, je trouve tout cela infiniment triste. L'invention est d'ailleurs récente : dans la " Concordance théocratique " de 1953, on trouvait encore partout le mot " croix ".

Sens déformés

Je répète que, dans cette conférence, mon intention n'est pas de discuter de la Trinité, de la divinité de Jésus-Christ, de l'immortalité de l'âme, de la fin des temps ou de n'importe quel point de doctrine, mon seul propos et de vous inviter à réfléchir sur la manière dont ceux qui vous ont apporté la Bible vous la font lire. Nous venons de voir quelques malversations dans leurs traductions. Regardons maintenant comment ils déforment le sens de certains passages pour les besoins de leur cause.

Fausses utilisations des chiffres bibliques

Venons-en maintenant à l'usage que font vos conducteurs des chiffres qu'ils trouvent dans la Bible pour étayer leurs conceptions, notamment sur la fin des temps. Nous avons là de remarquables exemples d'une méconnaissance totale des règles qui s'imposent pour lire correctement la Bible en tenant compte du " genre littéraire " de chaque livre. Il est clair que, dans les Actes des Apôtres (19, 8), quand Luc nous dit que Paul parla " pendant trois mois " à la synagogue d'Ephèse, nous sommes dans le genre littéraire " histoire " et qu'il s'agit bien de trois mois. Tandis que dans le poème de la création, au début de la Genèse, quand il est parlé des six jours de la création, il ne s'agit pas de six de nos jours. Les Témoins de Jéhovah en sont bien d'accord, qui interprètent à leur manière les chiffres bibliques. Mais que vaut cette interprétation ? Nous allons le voir par quelques exemples.

La date de la création de l'homme

Les données présentes de la science préhistorique nous apprennent que l'homme existe depuis plusieurs dizaines, peut-être même depuis plusieurs centaines de milliers d'années. Même pour l'histoire - où l'on atteint le passé grâce aux fouilles, en Egypte, en Babylonie, etc... - les découvertes les plus récentes attestent l'existence de civilisations avancées il y a six ou sept mille ans.

A l'époque où l'on ignorait cela, on était excusable d'accorder quelque crédit aux chiffres bibliques pour tenter une chronologie. Encore que, depuis fort longtemps, les biblistes sérieux aient montré que l'intention de la Bible n'est point du tout de nous fournir des informations scientifiques, mais de nous dire le dessein d'amour de Dieu sur le monde et son plan de salut, par la préparation du peuple d'Israël. Les découvertes scientifiques, n'ont pas du tout " discrédité la Bible ", comme les Témoins de Jéhovah nous accusent de le croire (23) ; elles nous ont aidé à chercher dans la Bible un message spirituel qui s'exprime aussi bien à travers des poèmes qu'à travers l'histoire proprement dite, à travers des conceptions cosmologiques périmées qu'à travers d'antiques traditions communes aux peuples orientaux. Vouloir faire de la Bible, en tous ses livres, un ouvrage scientifique et refuser, par exemple, l'évolutionnisme au nom de la Bible, c'est la vouer gratuitement au ridicule : Dieu ne nous a pas parlé pour nous dire à quelle date avait été créé l'homme, mais pour nous dire qu'il a créé l'homme à son image et à sa ressemblance et que c'est une oeuvre d'amour.

Vos conducteurs tiennent pourtant à vous apprendre à quelle date remonte la création de l'homme, et ils précisent : l'année 46.028 avant Jésus-Christ. Cette précision augmente-t-elle dans vos coeurs l'amour de Dieu et du prochain ? à vous de le dire. En tout cas vous savez le nombre de pages que cette démonstration occupe dans les ouvrages que vous connaissez... Prenez par exemple le chapitre 11 du livre La vérité vous affranchira, intitulé Le calcul du temps :

  1. La chronologie depuis Adam jusqu'à nos jours est introduite par ces mots : " Dieu s'en tient strictement aux dates qu'il a fixées pour la réalisation de ses desseins... " - et elle est établie d'après la liste des patriarches et la durée de leur vie. Cela donne 1.656 années depuis Adam jusqu'au déluge + 427 années du déluge à Abraham + 1.945 années d'Abraham à Jésus-christ. Total : 4.028 ans.

  2.  
    Est-il besoin de préciser que les généalogies qu'on trouve dans la Genèse n'offrent aucune garantie mathématique ? Premièrement parce qu'il n'est pas du tout sûr que les chiffres des traditions orientales aient la même valeur que les nôtres. Deuxièmement parce que ces traditions sont très flottantes ; c'est ainsi que le texte hébreu compte 1.656 ans avant le déluge, tandis que la version des septante en compte 2.242 et le Pentateuque samaritain 1.307... Troisièmement et surtout parce que les très vieilles traditions rapportées dans les onze premiers chapitres de La Genèse (avant Abraham) relèvent d'un genre littéraire qui n'a rien à voir avec l'histoire. Fixer la date du déluge ou de la Tour de Babel, additionner des chiffres à partir de l'âge de Mathusalem et des autres, est un travail absolument vain. L'histoire biblique commence avec Abraham (vers 1.800 avant Jésus-Christ) et se précise quelque peu avec Moïse (vers 1.200 avant Jésus-Christ). Et même, jusqu'à l'institution de la royauté (vers 1.000 avant Jésus-Christ), l'imprécision est de rigueur. Passons...
  1. Reste à trouver 42.000 ans. Comment les trouve-t-on ? En lisant le récit de la création. Tout le monde sait qu'il est distribué en six jours - et Dieu se reposa le septième... Admirable poème, qui chante l'oeuvre créatrice à la manière orientale, en décrivant ses merveilles dans le cadre de la semaine, rythme traditionnel de l'activité humaine, pour aboutir au repos du septième jour. Les auteurs des livres Du paradis perdu au paradis retrouvé (pp. 1-26), La vérité vous affranchira (pp. 50-74), etc... se donnent un mal fou pour donner une allure " scientifique " à ce poème, afin de le rendre acceptable pour des esprits modernes. C'est de la bien mauvaise apologétique. Quant aux chiffres, ils affirment qu'un jour équivaut à 7.000 ans. Pourquoi ? Parce que, depuis que Dieu s'est arrêté de créer, il s'est déjà écoulé plus de 6.000 ans et que nous sommes dans le septième millénaire. Si le " septième jour ", celui du " repos de Dieu " est de 7.000 ans, les six jours de son activité créatrice ont dû être chacun également de 7.000 ans. Six fois sept = quarante deux :
" Le grand repos ou sabbat de Dieu a duré six mille ans déjà (affirmation sans preuve...), et sa parole nous assure (où ? ...) qu'il se prolongera pendant un millénaire encore, de sorte que sa durée totale sera de sept mille ans environ. si ce septième jour est une période de sept millénaires, il est on ne peut plus raisonnable de supposer que les précédents six jours de la création eurent chacun la même longueur, ce qui donne pour ces derniers un total de quarante-deux mille années ". (La Vérité vous affranchira pp. 52-53). Trouvez-vous que cette démonstration est vraiment convaincante ? Trouvez-vous surtout qu'il vaille la peine d'y consacrer des pages et des chapitres ? Ne pensez-vous pas que c'est bien du temps perdu ? Notre foi n'a rien à y gagner, parce que ce n'est pas l'objet de la Révélation. Et notre curiosité n'y trouve que des erreurs.

La fin du " temps des gentils "

Regardons maintenant à l'autre extrémité du temps, du côté de la fin ...

Depuis toujours, il se rencontre des inquiets pour faire des calculs relatifs à la fin des temps. Et depuis vingt siècles, il se rencontre des calculateurs pour aller chercher dans la Bible de quoi alimenter leurs calculs, chacun a découvert, au temps où il vivait, de quoi prédire la fin des temps pour les années " prochaines ", chaque fois ces calculs ont été démentis, mais, inlassablement, d'autres calculateurs ont pris le relais. Il serait très intéressant que l'histoire fût faite de toutes ces prédictions déjouées par les événements ; intéressant et instructif pour ceux qui continuent à croire à celles d'aujourd'hui (24) - y compris dans certains cercles catholiques qui ressemblent étrangement aux sectes. On ne saurait espérer que ce petit jeu prenne fin... avant la fin des temps. Du moins peut-on essayer de montrer que tous ces calculs reposent sur de fausses interprétations de la Bible. Jésus d'ailleurs ne nous a-t-il pas avertis : " Pour ce qui est du jour et de l'heure, personne ne le sait, ni les anges des cieux, ni le Fils, mais le Père seul " (Ht 24, 36).

Vos conducteurs, Témoins de Jéhovah, citent cette parole, mais ils prétendent qu'elle s'applique seulement à la fin " définitive ". Le Seigneur nous inviterait au contraire à supputer le temps où arrivera la fin de notre monde mauvais (royaume de Satan) et le début des mille ans de bonheur où le royaume de Dieu sera établi sur la terre (La Vérité vous affranchira p. 265).

Sur quoi s'appuient-ils pour établir leurs calculs ? Principalement sur deux livres qui relèvent du genre " apocalyptique " : le livre de Daniel et le livre de l'Apocalyspe. Ce genre littéraire a ses lois : tout y est symbole ; les noms, les personnages, les "bêtes", les pierres, les chiffres et la suite des événements, qui n'a rien à voir avec une suite chronologique, chercher à interpréter chaque image, chaque chiffre, pour eux- mêmes, est une entreprise aberrante qui débouche inévitablement dans l'incohérence ou dans l'erreur.

Pour lire correctement Daniel et l'Apocalyspe, il faut :

  1. Les considérer comme de grandes fresques dont on ne peut saisir le sens qu'en les considérant dans leur ensemble - et non pas s'armer d'une loupe : c'est un mauvais instrument pour regarder une fresque.
  2. Ne pas rapporter à la fin du monde des passages qui peuvent légitimement s'appliquer à des événements historiques déjà accomplis.
Daniel a été composé à la fin du IIème siècle avant Jésus-Christ, à l'époque de l'empereur persécuteur Antiochus Epiphane, qui pille Jérusalem et détruit les Livres Saints. Les visions qui le composent décrivent la succession de quatre empires qui deviennent de plus en plus cruels et impies : Assyrie-Babylonie, Mèdes, Perses, Macédoniens. Un enchevêtrement de " jours ", de " semaines ", d' " années ", de " temps "... en rend la lecture très difficile pour les commentateurs sérieux, et il faut une intrépidité primaire pour la rendre limpide. Daniel lui-même dit à plusieurs reprises qu'il ne comprend rien aux visions qui lui sont données (7,15,28 ; 8,27 ; 12,8) et que tout ça le rend malade (25).

L'Apocalyspe est la réplique de Daniel au début de l'ère chrétienne. Elle est écrite à l'époque de la terrible persécution de Domitien contre les premiers chrétiens. Saint Jean revit, et jusque dans les termes qu'il emploie, les épreuves qu'ont connues les Juifs aux temps d'Antiochus. Comme Daniel, il entrevoit la délivrance et son regard bondit au-delà des luttes au milieu desquelles il est plongé, jusqu'au déroulement de l'histoire de l'Eglise, jusqu'à sa consommation à la fin des temps. Ecrit de circonstance, destiné à relever et à raffermir le moral des chrétiens, qui pourrait être ébranlé par l'épreuve : " Ayez confiance, j'ai vaincu le monde ! " Epopée de l'espérance chrétienne ; chant de victoire de l'Eglise persécutée. Inutile de chercher dans les visions de L'Apocalyspe une succession de périodes historiques : elles représentent la même réalité sous des images différentes.

" La Bête " et toutes les autres représentations du même type, c'est évidemment l'empire romain, à ce moment persécuteur des chrétiens ; mais c'est aussi , tous les persécuteurs de l'avenir, et par-dessus tout Satan, l'adversaire par excellence du Christ et de son Eglise. Les tremblements de terre, les phénomènes qui se produisent dans le soleil et la lune, la chute des étoiles, l'écroulement des collines et des montagnes, etc... : il faut savoir que ce sont des lieux communs de la littérature apocalyptique et même de la littérature prophétique en Orient. Toutes ces images à profusion signifient la même chose : Dieu ne laissera pas les crimes impunis, le châtiment s'abattra sur les persécuteurs. On retrouve cette imagerie chez tous les prophètes. Vous pensez bien que de telles catastrophes, prises littéralement, atteignant par leur nature même les innocents et les coupables, il est ridicule d'y voir des manifestations de la " colère de Dieu "... (26).

Revenons maintenant aux calculs de Russell et de Rutherford.

Russell a prédit que 1914 serait l'année du retour du Christ sur la terre et de la restauration du royaume théocratique. Rutherford, devant l'évidence que rien ne s'était produit, a affirmé qu'en 1914 le Christ était bien revenu sur terre, mais de façon invisible, sensible aux seuls Témoins de Jéhovah.

Pourquoi 1914 ?

D'abord une affirmation gratuite : la domination théocratique de Jéhovah, abolie par la déportation des Juifs à Babylone au temps de Nabuchodonosor, sera rétablie - en interprétant un chiffre de Daniel - au bout de " sept temps ".

Puis une deuxième affirmation gratuite : un " temps " de Daniel équivaut à une année symbolique ; les " sept temps " de Daniel équivalent donc à 84 mois de 30 jours, soit 2.520 jours ; un " jour " de Daniel c'est une de nos années. Donc il s'agit de 2.520 de nos années.

Enfin une erreur historique : le point de départ (la déportation) est fixé à l'année 607 avant Jésus-Christ (en fait la déportation a eu lieu en 587-586).

Muni de ces données arbitraires, on affirme : à partir de 607 avant Jésus-Christ calculons 2.520 années : cela nous donne 1914 (27).

Or les " sept temps " dont il est question dans un songe de Nabuchodonosor qu'interprète Daniel s'appliquent au seul Nabuchodonosor. Il n'y a qu'à lire le texte pour s'en rendre compte (10, 15 ; 25, 31). Cela n'a absolument rien à voir avec la fin des temps !

Et pourquoi un " jour " équivaudrait-il à une " année " ? Ah ! là on va chercher un verset du prophète Ezéchiel : " Je t'impose un jour pour chaque année " (4, 6). Allez voir le contexte de ce verset : vous verrez qu'il s'agit d'un siège de Jérusalem et de sa durée, dans un symbolisme d'ailleurs obscur. Rien à voir avec d'autres passages de la Bible où il est question de " jours ".

Toujours les mêmes procédés : sortir une phrase de son contexte, inventer des interprétations personnelles pour faire dire aux pages de la Bible ce qu'on veut qu'elles disent, au mépris de ce qu'elles disent réellement. Jugez vous-même : est-ce là respecter la Parole de Dieu ?

Le " millenarium "

Venons-en à ces fameux " mille ans ", ce fameux " millénarium ", qui a été si exploité par les " fanatiques de l'Apocalypse " qu'on peut grouper tout un ensemble de sectes sous l'étiquette " millénaristes ".

A telle date - une date qui varie bien entendu avec les sectes et avec l'époque où elles vaticinent - en 1914, selon M. Russell, en 1918 selon M. Rutherford, puis à une date indéterminée - mais prochaine - va commencer sur terre, après la bataille d'Harmaguédon, le règne théocratique du Christ pour mille ans. Pendant ces mille ans, un certain nombre de morts ressusciteront (pas tous : il y en a qui sont anéantis pour toujours, notamment les " religionistes ", entendez les fidèles des diverses confessions chrétiennes). Cette résurrection se fera par étapes, par catégories. Ce sera une ère de prospérité terrestre, où la terre deviendra un paradis : les justes ressuscités " goûteront la vraie paix, en communion parfaite avec les fidèles d'autrefois, devenus les princes du Monde Nouveau " ; ils " se marieront, auront des enfants, etc... " Tout cela a été révélé en 1918. Pendant ces mille ans, le diable est enchaîné. Au bout des mille ans, il sera déchaîné de nouveau, essaiera de " réintroduire la religion ici-bas " (laquelle religion, " démoniaque ", aura été " entièrement supprimée de la planète " pendant les mille ans). Il échouera, bien entendu, après avoir séduit pas mal de malheureux. Point final : règne des Témoins de Jéhovah, anéantissement de tous les autres (28).

Je vous fais grâce des détails de ces élucubrations, qu'on retrouve à longueur de volumes.

D'où viennent donc - bibliquement parlant - ces mille ans ?

De six versets de l'Apocalypse (20, 1-6). Il y est question en effet du diable enchaîné pour mille années, d'une première et d'une seconde résurrection. Qu'est-ce à dire ?

C'est le cas d'éclairer ce qui est obscur par ce qui est clair. Or, dans le chapitre 25 de saint Matthieu, il est clair que la description du Jugement (" Venez, les bénis de mon Père... Allez, maudits, au feu éternel ! ") se rapporte à un seul acte, au moment de l'unique second Avènement du Seigneur. De même en saint Jean (5, 28-29), où Jésus affirme : " L'heure vient où tous ceux qui gisent dans la tombe en sortiront à l'appel (du Fils de l'homme) : ceux qui auront fait le bien ressusciteront pour la vie, ceux qui auront fait le mal pour la damnation ". C'est clair : une seule résurrection des corps à la fin des temps, pour tous, un seul jugement. Et l'Epître aux Hébreux (9, 27) dit nettement : " Les hommes ne meurent qu'une fois, après quoi il y a le jugement. "

Comment donc comprendre le texte apocalyptique des " mille ans " ? En un sens spirituel, évidemment.

La " première résurrection " est celle que nous donne le Christ en nous faisant participer à la sienne par le baptême. Les textes de saint Paul abondent : " Vous êtes ressuscités avec le Christ " (Col 3, 1), Dieu " nous a ressuscités avec le Christ ! ". La vie éternelle est déjà commencée pour ceux qui ont accepté le Christ par la foi. Sur eux, Satan n'a plus d'empire ; ils ont vaincu la mort avec le Christ : " Heureux - conclut ce passage de l'Apocalypse - heureux et saint celui qui participe à la première résurrection ! La seconde mort (la mort éternelle) n'a point pouvoir sur eux, mais ils seront prêtres de Dieu et du Christ avec qui ils régneront mille années. "

Les " mille ans ", ce n'est pas 999 ans + 1 ; c'est ce temps indéfini qui a commencé avec le Christ ressuscité et qui s'achèvera à la fin des temps - préparation, anticipation de l'éternité bienheureuse.

Ne soyez pas des obsédés morbides des calculs eschatologiques, comme ceux qui s'hypnotisent sur de tels passages pour en faire (c'est ce qui est le plus triste) la pièce majeure de leur prédication. Il y a mieux à faire du temps que de le calculer ! Il y a le vivre, aujourd'hui, " l'aujourd'hui de Dieu ", car cet aujourd'hui est déjà engagé dans l'éternité.

Les 144.000

Finissons-en avec les chiffres en regardant du côté du ciel, où vont accéder, pour y régner avec le Christ, 144.000 élus, pas un de plus, pas un de moins, tandis que les autres sauvés, les " autres brebis ", les " Jonadabs " vivront heureux sur une terre renouvelée. Eux seuls, les 144.000, sont le " corps de Christ " ; eux seuls sont l'Eglise : " La Bible dit sans équivoque que le nombre des membres de l'Eglise céleste sera de 144.000... L'Eglise est donc limitée à ce nombre prédestiné d'élus et devient dans les cieux le corps gouvernemental de l'organisation de Jéhovah Dieu... Les autres créatures qui recevront de Dieu la vie... n'appartiendront pas à l'Eglise, mais habiteront sur cette terre qui sera gouvernée du ciel par Christ et son Eglise. " (Que Dieu soit reconnu pour vrai p.121).

Quand on lit ces énormités, on se frotte les yeux pour relire les deux passages de l'Apocalypse où il est question des 144.000 (7, 4-8; 14, 1-4). Au chapitre 7, la vision du ciel par saint Jean : " Marqués du sceau, 12.000 de la tribu de Juda, 12.000 de la tribu de Ruben... " etc... " Après quoi voici qu'apparut à mes yeux une foule immense, impossible à dénombrer, appartenant à toute nation, race, peuple et langue... "

Pour saisir le sens de cette vision, il faut d'abord savoir que " mille " indique toujours la multitude indéfinie. Ensuite que " douze ", dans la symbolique biblique, est le chiffre du peuple d'Israël, issu des douze patriarches, ancêtres des douze tribus d'Israël - et dans sa symbolique chrétienne, il est devenu le chiffre de l'Eglise, issue des douze Apôtres. Dans l'Apocalypse, la Jérusalem nouvelle a douze portes, où sont inscrits les noms des douze tribus d'Israël (21, 12), ses remparts reposent sur douze soubassements qui portent les noms des douze Apôtres de l'Agneau (21,14)... Douze au carré = 144. Les 144.000 du chapitre 7 représentent donc la multitude (indéfinie) des élus issus d'Israël, soit de l'Israël selon la chair, soit de l'Israël nouveau. La " foule immense de toute nation, race, peuple et langue... " (formule stéréotypée pour signifier l'universalité), vêtue " de robes blanches " (symbole du bonheur céleste) et " des palmes à la main " (symbole de triomphe), ce sont ceux, nous dit le verset 14, " qui viennent de la grande épreuve ", les martyrs de la persécution de Néron. Au chapitre 14 (1-4) les 144.000 qui suivent l'Agneau représentent l'Israël nouveau, fidèle au Christ. Ils sont " vierges " de toute idolâtrie, ayant refusé de se plier à l'adoration des idoles... De toutes manières, " 144.000 " et " foule immense " sont dans le même ciel, et non pas, les uns au ciel, les autres dans un paradis terrestre.

Traduire ce symbole en un chiffre matériellement limité (143.999 + 1), c'est méconnaître la symbolique biblique et tomber dans la puérilité. Réduire à ce nombre celui des membres du Corps du Christ et des élus du ciel, c'est aller contre le contexte de l'Apocalypse que nous venons de voir et contre maints autres passages du Nouveau Testament - les Béatitudes par exemple (Mt 5, 2-12) : " Heureux les pauvres en esprit, car le Royaume des cieux est à eux... Heureux êtes-vous si l'on vous persécute et si l'on vous calomnie à cause de moi... car votre récompense est grande dots les cieux " : cela ne s'adresserait qu'à 144,000 personnes ? ! ... En vérité, si l'on voulait forcer comme eux les paroles de l'Ecriture, ne serait-on pas en droit d'appliquer à ceux qui soutiennent de pareilles théories la parole du Seigneur : " Vous fermez aux hommes le Royaume des Cieux et vous n'y laissez pas pénétrer ceux qui le voudraient " (Ht 23, 13).

" Harmaguédon "

J'ai nommé Harmaguédon..., la prochaine bataille d'Harmaguédon... un des leitmotiv de votre propagande. Qu'est-ce donc qu'Harmaguédon ? On vous dit que c'est le lieu où bientôt Jéhovah va détruire, premièrement la " chrétienté ", " la religion organisée ", puis toutes les puissances politiques (La vérité vous affranchira pp.320-321) pour établir son royaume terrestre à lui : " Le dessein immuable de Jéhovah d'établir un Royaume de justice se réalisa en 1914. A la bataille d'Harmaguédon qui est proche, il frappera avec toutes ses forces rassemblées l'organisation entière du diable et détruira toutes ses institutions, les visibles et les invisibles. " (Que Dieu soit reconnu pour vrai p.138)
 
A l'appui de cette affirmation, qu'on trouve dans toute la littérature qu'il vous font lire, sont jetés en vrac une multitude de textes empruntés à Zacharie, à l'Apocalypse, à Michée, aux Psaumes, aux Chroniques, à Isaïe, à Daniel, etc.., on pourrait en ajouter cent autres : le thème de l'espérance du peuple d'Israël opprimé par ses ennemis et certain du triomphe final de Yahvé sur ses oppresseurs se trouve dans tout l'Ancien Testament et l'espérance chrétienne l'a repris en le spiritualisant.

Mais où est Harmaguédon dans tout cela ?

Dans un seul verset de l'Apocalypse (16, 16) : " Ils les rassemblèrent au lieu dit, en hébreu, Harmaguédon ", dans un contexte (une vision) où il est parlé de toutes les puissances du mal qui doivent être détruites par le Christ. " Harmaguédon " signifie en hébreu " la montagne de Meggido ".

Meggido, au milieu de la plaine d'Esdrelon, était demeurée tristement célèbre chez les Hébreux depuis que Josias et ses troupes y avaient subi un désastre mémorable (2 R 23, 29 et sq.), quelque chose comme pour nous Waterloo ou la Bérésina ou Trafalgar : " Quel coup de Trafalgar ! " dit-on pour traduire : " Quel désastre ! ". Je veux bien qu'une fois en passant, comme le fait l'Apocalypse, on invoque ce nom symbolique. Mais ne croyez-vous pas qu'il y a de l'abus à matérialiser autour de ce nom, en de fulgurantes descriptions indéfiniment répétées et destinées à terrifier, la ferme espérance chrétienne qu'un jour le mal sera vaincu - le mal, et non pas la chrétienté, ni les Etats politiques, ni les pécheurs.

  

Notes

(1) L'offensive des Sectes, 3ème éd. 1 vol. 520p, coll. Rencontres. Ed. du Cerf.

(2) Que penser des Sectes ? Album " Fêtes et Saisons ".

(3) Connaissez-vous les Mormons ? H. Chéry.

(4) Conspiration Against Democracy, p. 5.

(5) Le Royaume, un refuge dans la détresse, p. 11

(6) Ennemis, p. 286

(7) Réjouissez-vous ! p. 53

(8) Que Dieu soit reconnu pour vrai, p. 68

(9) Id. p. 70

(10) Id. p. 244 et tout le ch. 18. Les Témoins de Jéhovah sont " objecteurs de conscience ", comme beaucoup de chrétiens. Mais, alors que les chrétiens le sont par refus de porter les armes contre leurs frères, les Témoins de Jéhovah soulignent qu'ils ne sont pas " des pacifistes pour un motif politique, religieux ou philosophique ", mais qu'ils refusent tout service, militaire ou civil, en tant qu'opposé au service de l'Evangile (p. 246).

(11) Vittorio Lanternari : Les mouvements religieux des peuples opprimés, 1 vol. 399 p. Ed. Maspéro, Paris 1962.

(12) On en trouvera 1e dépouillement dans La Vie Spirituelle de janvier 1968

(13) Constitution La Révélation divine, n° 25

(14) Cercle Saint-Jean-Baptiste, 3 rue de l'Abbaye, Paris VIe

(15) Bible et Terre Sainte, mensuel, Bonne Presse, 5 rue Bayard, Paris VIIIe

(16) Cahiers Evangile, Ligue catholique de l'Evangile, trimestriel ; plus de 75 cahiers parus

(17) Lire Les Catholiques et la Bible, 1 brochure 28 p. 1959. Même adresse.

(18) La Bible et son Message, n° 12 à 23, réunis en un volume broché : " Vers la Terre promise ". L'essentiel des n° 1à 11 a été réimprimé dans un autre volume " La Genèse ". Les n° 2 à 36 (de Josué au schisme des dix tribus) constituent le volume " Les débuts du Royaume ".

(19) On lira avec profit à ce sujet les Cahiers Evangile, n° 36 et 37 : " Les livres de la Bible ".

(20) Lire l'étude de Boisnard : Le prologue de saint Jean, 1 vol, coll. Lectio divina. Ed. du Cerf.

(21) La religion a-t-elle servi l'humanité ? pp. 94-95

(22) Que Dieu soit reconnu pour vrai, pp. 116-117

(23) Reveillez-vous du 8 octobre 1963 : " La Bible triomphe... " p. 3

(24) Cette histoire a été écrite pour le Moyen-Age, spécialement en Allemagne : Les fanatiques de l'Apocalypse, par M. Norman Cohn, chez Julliard

(25) Iintroduction au Livre de Daniel, dans l'édition de ce fascicule de la Bible de Jérusalem, 1 vol. 98 p. Ed. du Cerf

(26) Lisez l'introduction à L'Apocalypse, l vol. 88 p. même collection

(27) Que Dieu soit reconnu pour vrai, ch, 18 : " Sept temps "

(28) Id. ch. 20 : " Le règne de mille ans "

  

 
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