" Chrétiens inquiets " | Des adeptes arrêtés et expulsés par la police israëlienne |
Sectes | Alain Vivien a reçu des menaces |
La Famille | Six ans après, les enfants de Dieu héritent d'un non-lieu |
Human Universal Energy | Maître Dang arrêté par la police de Bruxelles |
Trois Saints Coeurs | La Cour de cassation donne raison à la victime d'une secte |
Mouvement raëlien | Les raëliens contestent toute dérive pédophile |
Horus | Des malades sans soins, des tomates géantes sans engrais |
Secte Moon | Moon lâché par Dieu, les banques et ses fidèles |
Secte Moon | L'éclipse de Moon |
Bernard Lempert | Trois médecins renommés se font licencier de l'hôpital du Coteau |
Témoins de Jéhovah | Accès à la fonction publique |
Sectes | Les sectes à l'assaut des entreprises |
Témoins de Jéhovah | La France prise à témoin par Jéhovah |
[Résumé]
Suite à leur arrestation le 3 janvier dernier, la police israélienne a commencé le 8 janvier l'expulsion vers les Etats-Unis de 14 américains membres d'une secte chrétienne apocalyptique, soupçonnés de vouloir se livrer à des violences à Jérusalem afin de hâter le " retour du messie " avant l'an 2000. Cette expulsion est le point final de l'opération contre la secte, baptisée par la police " Marchez sur l'eau ".
La police les soupçonne d'avoir voulu se livrer à des violences contre des policiers israéliens à Jérusalem dans l'espoir de déclencher un bain de sang susceptible, selon eux, d'accélérer le retour du messie. Leur avocat a dénié ces accusations, mais n'a pas fait appel contre la décision d'expulsion.
Israël craint l'arrivée de nombreux membres de sectes messianiques en terre sainte à l'approche de l'an 2000.
Voir Présence d'une secte chrétienne à Jérusalem jugée dangereuse, octobre 1998.
[Extrait]
" Nous savons où vos enfants vont à l'ecole ", " Vous vous etes exprimé hier soir à la télévision, ce sera la derniere fois ". Quelques menaces parmi d'autres reçues par Alain Vivien, nommé depuis peu président de la Mission interministérielle de lutte contre les sectes. M. Vivien a été placé depuis une semaine, à sa demande, sous protection policière. Le président fraîchement nommé fait l'objet de menaces et d'actes depuis plusieurs mois, depuis que son nom a commencé à circuler à l'automne, pour prendre la tete de cet organisme...
L'affaire qui vient de se conclure par un non-lieu au tribunal d'Aix-en-Provence, au regret des parties civiles qui le qualifie de " catastrophe ", avait défrayé la chronique notamment lors du coup de filet du 9 juin 1993, quand, dans toute la France, près de 150 enfants furent placés dans des organismes sociaux pour être entendus de la justice, avant d'être rendus à leur parents.
Les expertises avaient alors fait état de " malnutrition, déscolarisation, attouchements, et même, semble-t-il, des actes sexuels sur deux mineurs ". Les gendarmes avaient également découvert lors des perquisitions des " enfants conditionnés ", en retard scolaire significatif, ainsi que de la littérature pornographique et des ouvrages du gourou de la secte recommandant de favoriser la sexualité des mineurs.
Mais les témoignages d'anciens adeptes qui remontaient aux années 80 n'auraient pas permis d'établir la réalité des faits de proxénétisme aggravé, d'attentats à la pudeur et de séquestration, selon le juge d'instruction. En particulier, les enfants actuellement dans la secte n'ont rien dit. Seule la charge " d'excitation à la débauche " fut alors retenue. " Une piste, peut-être : les gendarmes se souviennent de la désagréable impression qu'ils ont ressentie lors de leur coup de filet : "Les gens de la Famille semblaient informés de notre venue ".
L'avocat des adeptes de la Famille, Dominique Inchaupsé, commente : " On satanise un maximum de gens sous le vocable "secte". On fait des arrestations massives et, quand la justice travaille, elle montre que l'on a diabolisé des gens qui n'ont rien à se reprocher ". D'après le journaliste, la secte ne compterait plus en France qu'une poignée de foyer plus ou moins structurés, sans aucun représentant déclaré, avec une boîte postale à Zurich.
[Résumé]
Après une première interpellation le vendredi 8 janvier dernier, Maître Dang alias « Kong King Khang » a été arrêté par la Brigade de Surveillance et de Recherche (BSR), jeudi 14 vers 10 heures, alors qu'il dispensait un séminaire d' « énergétique » à plus de 1.000 personnes. Cette arrestation a été ordonnée par le substitut du Parquet de Bruxelles, assurant la coordination des dossiers « sectes ».
Maître Dang, citoyen américain, devait prendre l'avion le jour même, direction Genève, pour présider le premier congrès mondial SHY (Spiritualité, humanité, yoga). L'homme qui voulait « devenir roi du Vietnam » fait l'objet de poursuites pour exercice illégal de la médecine et escroquerie. Ces inculpations font suite à la plainte des grands-parents d'une enfant âgée de quelques mois. Le bébé, atteint d'une atrophie musculaire, avait été confié contre espèces sonnantes et trébuchantes entre les mains du gourou. Face à l'aggravation de son état, les grands-parents l'avaient emmenée d'urgence à l'hôpital, avant d'actionner la justice.
Les gendarmes ont perquisitionné au siège national du mouvement à Bruxelles, ainsi qu'au domicile privé de Vo Thi Minh Hiep, secrétaire et trésorière de l'association, également interpellée. Ils ont découvert un document faisant état d'un virement de 40 millions de francs belges (près d'un million d'Euros) sur le compte en banque américain de Maître Dang, via l'association belge. Les explications de Maître Dang sur l'utilisation (et la déclaration fiscale) de ces honoraires étaient troubles. Il ne parlait plus que le vietnamien lorsqu'il s'est agi de l'interroger, alors que ses fidèles affirment qu'il parle 22 langues. Un redressement fiscal est lui aussi probable. A Narbonne (France), une inspection fiscale menée en mars 1998 avait résolu SHY à fermer ses locaux.
La recette du faiseur de miracles Maître Dang ? " Débloquer des chakras ", centres invisibles tous reliés à nos organes vitaux, pour soigner des maladies énumérées sur une longue liste dans le désordre : y compris asphyxies, noyades, cancers et SIDA. Sur ce point toutefois, il évite toute publicité, car il craint que cela ne lui amène trop de travail...
La date du 29 janvier, quant à elle, est plus énigmatique. Maître Dang aurait annoncé ce jour-là « une augmentation des vibrations sur terre », signalant ainsi « l'entrée dans la quatrième dimension ». A cette date butoir, ceux qui utilisent l'énergie à des fins néfastes (la définition reste floue) perdront tous les pouvoirs acquis précédemment. « Cette prédiction ne concerne que les adeptes de l'Energie Universelle », précise Tri-Thien Nguyen. Elle ne serait en fait qu'une manouvre interne destinée à remettre de l'ordre dans les troupes. Selon les responsables, on est bien loin de l'Apocalypse ! [ Affirmation peu convaincante, lorsque qu'on découvre le compte-rendu de leur dernier séminaire en Hollande, où il est question de l'éventualité d'une explosion nucléaire...]
[Texte intégral]
Après huit ans de procédure, la Cour de cassation a donné gain de cause à la victime d'une secte, Mme Geneviève Bosse-Platière, dans un différend immobilier. Elle avait vendu, en 1980, sa maison de Brunoy (Essonne) pour 650.000 francs à la société Jojema, émanation de la secte des Trois Saints Coeurs.
En 1996, la Cour d'appel de Paris lui a donné gain de cause, en invoquant des violences commises contre Mme Bosse-Platière. Il apparaissait en effet, selon d'anciens adeptes de la secte, qu'elle avait reversé le prix en espèces à la communauté. La somme aurait été transférée au Luxembourg. Il y avait donc, selon la Cour d'appel, " donation déguisée consentie sous la violence ". L'arrêt constate que la cour d'appel avait souverainement apprécié les faits en observant que la propriétaire avait subi des violences morales et physiques " de nature à faire impression sur une personne raisonnable et à inspirer la crainte d'exposer sa personne ou sa fortune à un mal considérable et présent ".
[Résumé]
Un ressortissant luxembourgeois, Jean-Albert Fisch, bien connu pour son action véhémente contre les sectes, avait déclaré devant la commission d'enquête parlementaire belge sur les sectes que le Mouvement raëlien se rendrait coupable " d'abus graves contre les enfants, incitation à la débauche, voire même au viol de ses propres enfants ". M. Fisch a également parlé de l'existence de " cassettes vidéo, notamment à Liège, démontrant les tendances pédophiles prônées par le gourou ". La gravité des propos tenus, et le mode de défense aléatoire et expéditif de M. Fisch, pourraient donner à penser que l'affaire est entendue.
En juin 1984, la cour d'appel de Liège avait dû se prononcer dans un cas de divorce, sur une demande d'extension de droit de visite des enfants par le père qui se disait prêtre du Mouvement raëlien. La Cour s'appuya alors sur un extrait de « La méditation sensuelle » (p. 124) écrit par Raël, et releva que les adeptes de cette religion doivent notamment apprendre à leurs enfants « à se toucher », à les « toucher » et à « être touchés », car ils doivent se souvenir « combien de fois certains d'entre nous (eux) auraient souhaité être embrassés par leur père autrement que du bout des lèvres ou sur le front, caressés, pétris, manipulés, pressés contre leur poitrine au lieu d'être tenus à distance comme des pestiférés » (...) Compte tenu de l'âge des enfants du requérant, la Cour a estimé qu'ils risqueraient de subir des troubles profonds et graves s'ils étaient initiés, voire associés, aux pratiques susindiquées.
La jurisprudence suisse est plus sévère encore : en novembre 1997, le tribunal civil de l'arrondissement de la Sarine rejette une plainte du mouvement raëlien local, réclamant un droit de réponse dans le journal La Liberté, suite à leur article intitulé " La doctrine raëlienne peut inciter à la pédophilie ". Et la secte, qui a interjeté appel de ce jugement devant le tribunal fédéral suisse, a été déboutée le 24 août dernier...
Derrière la procédure un brin loufoque, qui s'engage maintenant devant les tribunaux belges, se cache donc un véritable débat : le discours des raëliens serait-il effectivement favorable à la pédophilie ?
Malgré la sévérité des peines encourues et la gravité des faits reprochés, l'audience prend un tour presque comique lorsque Marie-Thérèse Castano alias " Maïté ", fondatrice de la secte Horus, expose sa défense : elle nie tout en bloc (" Je n'ai jamais soigné quiconque, je ne soigne que mes plantes "), dénigre tous les témoins qui "conspirent" contre elle, et présente ses théories sur la bio-culture, les bienfaits des journées de prière, et fait même circuler des photographies de légumes géants obtenus grâce à des " ondes de formes ". Son avocat, Jean-Pierre Joseph, reprend également à son compte les théories de " Maïté ", en dénoncant " le marché des laboratoires entretenu par la vaccination " et en distribuant son livre Les Radis de la colère ou le Complot démasqué dans la salle des Pas-Perdus.
La lecture d'un journal de bord de la secte, tenu par une adepte chercheur au CNRS, amène à des digressions sur l'importance de la présence de crottes de chiens dans la maison. Enfin, une adepte, mère d'un enfant de 18 mois, clame que les vaccins sont faits avec " du sérum de veau ", et qu'en " ces temps de vache folle, les vaccins sont des bombes atomiques ".
Une tante et sa fille, Isabelle et Marie-Antoinette Brosse, sont mortes au sein de la secte, la première du diabète en juillet 1994, et l'autre en janvier 1995 des suites d'un malaise cardiaque, puis " ont été évacuées en voiture vers leurs villages respectifs, où les décès ont été faussement déclarés, et les corps ont été incinérés, empêchant ainsi toute autopsie qui aurait pu permettre de vérifier si les traitements médicaux, notamment en ce qui concerne la diabétique, avaient été réellement observés ".
Deux couples ont également refusé des soins à leurs enfants, tout en bénéficiant de l'aide de l'adepte Juliette Boillon, médecin, pour falsifier leurs carnets de vaccination : l'un de ces enfants contracta à l'âge de quatre ans le tétanos et connut des souffrances terribles. Les médecins avaient eu des difficultés à diagnostiquer la maladie, car son carnet de santé indiquait qu'il était vacciné. L'autre n'aura pas été soigné à un traitement antibiotique malgré une toxoplasmose congénitale, car sa mère la privait de soins autre que ceux d'homéopathie. Elle risque à présent une cécité totale et des atteintes neurologiques graves avec arriération mentale.
La secte comptait une quinzaine d'enfants, dont la plupart n'étaient pas scolarisés. L'affirmation de " Maïté " selon laquelle elle ne prétendait pas soigner devient encore plus intenable quand on sait que, encore aujourd'hui, on trouve à l'entrée de son domaine de La Coucourde (Drôme) un panneau indiquant : " Viens chez moi, arrête tes médicaments ! ".
Les témoignages recueillis par les parties civiles font de plus état de " poudre chinoise " pour cicatriser les plaies, de " salle spéciale de soins " au sein de la secte et de promesses de " guérisons miracles ", comme le soin du diabète par le " soleil égyptien " en lieu et place de l'insuline.
Pour ces raisons, le procureur adjoint a réclamé contre Marie-Thérèse Castano quatre ans de prison dont deux fermes pour " non-assistance à personne en danger, complicité de faux en écriture, et exercice illégal de la médecine ". Il a réclamé également, contre Juliette Boillon, la médecin radiée de l'ordre, trois ans de prison dont quinze mois fermes, contre le couple de l'enfant victime du tétanos, en fuite aux Comores, deux ans de prison avec sursis, et un an de prison avec sursis contre l'autre couple. Le verdict sera rendu le 30 mars.
La valeur estimée du groupe de sociétés de la secte, Tong Il, s'est effondrée en quelques années. Le groupe, un des plus puissants de Corée du Sud (présent dans un projet de liaison souterraine entre ce pays et la Japon) qui pesait 3 milliards il y a peu, est maintenant en redressement judiciaire et menacé de liquidation, les dettes s'élevant selon certaines estimations à près de 7 milliards de francs. L'action de la deuxième plus importante et la plus saine des sociétés du groupe de Moon a ainsi perdu 90% de sa valeur. A quelques semaines de la décision des tribunaux de Séoul sur l'avenir du groupe, son responsable du département des affaires générales confie pourtant : " Je ne connais rien aux affaires. Je ne m'intéresse qu'à la religion ", et e consacre à l'organisation des mariages de masse.
" En 1991, Tong Il était déjà passé à deux doigts de la faillite ". Moon, oubliant son anticommunisme, avait rencontré le dictateur communiste de la Corée du Nord, s'exposant ainsi à des sanctions des banques de Corée du Sud, qui ne se concrétisèrent pas grâce au rétablissement des liens diplomatiques entre les deux pays. Mais la crise économique actuelle semble un danger autrement plus irréversible. Selon un analyste, " comme beaucoup d'entreprises coréennes, Tong Il avait des pratiques comptables artisanales et évaluait mal la rentabilité de ses investissements. Ses sociétés n'avaient même pas un cash-flow suffisant pour couvrir ses frais financiers ". Moon, qui a déjà pu injecter l'an dernier des centaines de millions de francs dans son groupe, affirme pourtant avoir les moyens de faire face à la crise mais aussi à ses créanciers qui projettent " de lui prendre les terrains qu'il utilise pour ses activités religieuses " pour le pousser vers la sortie.
L'origine de cet argent est douteuse. Le secrétaire du syndicat ouvrier d'une des usines du groupe se demande : " Chaque société était garante des emprunts des autres. Où est passé l'argent emprunté aux banques ? A quoi a-t-il servi ? Il n'y a que Moon qui connaisse la réponse. Et je ne peux m'empêcher de penser qu'ils ont tapé dans les caisses pour financer la secte ". En attendant, ses collègues sont en grève depuis deux mois, pour cause de non-paiement des salaires depuis un an.
La situation de la secte n'est pas plus brillante ailleurs. La construction des chaînes d'auto Panda dans le sud de la Chine est au point mort. Au Japon, elle a fait des investissements calamiteux en Bourse et dans l'immobilier, et les ventes d'objets de culte périclitent, victimes de la désaffection des fidèles. En France, les actifs de Moon se limitent, selon Alain Vivien (...) à un quarantaine de millions de francs entre un château dans la région parisienne et la XXX, située rue de la Paix à Paris. En Allemagne, il a mis la clef sous la porte en 1994.(...) Le révérend avait investi massivement en Uruguay. Il y possédait une des cinq premières banques du pays, La Banco de Credito, un palace cinq étoiles, ainsi que des journaux et des usines. Mais, il y a quelques semaines, une société d'Etat a pris le contrôle de son empire et exige qu'il apporte 150 millions de francs de capitaux frais.
Le " royaume " de Moon ne se réduit maintenant plus donc qu'à un projet d'un nouvel eden dans une ville perdu de l'ouest du Brésil, Jardim, dans le Mato Grosso. Projet qui n'est pour l'instant qu'une ébauche de chantier.
[Résumé]
La présence de Georges Bush, certes payé 100.000 dollars, à Buenos Aires le 23 novembre 1996 pour faire la promotion du journal de Moon, le Washington Times, n'est plus qu'un signe d'une situation passée. Dans les années 80, ce journal, dirigé par le bras droit de Moon qui fut aussi attaché militaire de l'ambassade coréenne à Washingtion, était " le quotidien préféré " de Reagan.
Depuis l'élection de Bill Clinton, " bête noire de Moon
", l'emprise de la secte est allée en diminuant très
fortement, au gré de la révélation des scandales
de moeurs impliquant des membres de la famille. La perte d'intérêt
d'un allié anticommuniste n'aide en rien la secte. Moon se met de
plus à critiquer les Etats-Unis, qui deviennent pour lui le nouveau
Satan. Le nombre des
adeptes est en chute libre, à peine 3.000 selon une estimation.
Le centre psychothérapique du Coteau de Vitry-sur-Seine, spécialisé dans l'accueil des enfants manifestant des troubles du comportement, va devoir se passer des services des trois psychiatres de renommée internationale et d'une psychologue : Jean-Claude Arfouilloux, Gilbert Diatkine, Anette Fréjaville et Germaine Muzynski.
Officiellement, tous quatre ont été licenciés pour cause de " perte de confiance " rapporte Politis. En fait, le personnel du centre, en grève depuis le 18 janvier, dénonce les méthodes du directeur du Coteau, Yvon Boutréau. Ce dernier attaquerait en effet systématiquement son personnel, allant jusqu'à sous-entendre des accusations de maltraitance et de pédophilie contre ses collaborateurs.
Yvon Boutréau semble suivre en la matière les thèses de Bernard Lempert, conférencier qui était intervenu au Coteau en octobre 1998 et pour qui " l'école même est une violence faite à l'enfant ". Or, Politis rappelle que selon l'ADFI, Bernard Lempert avait des liens avec l'association L'Arbre au Milieu identifié par le rapport de l'Assemblée nationale comme une secte.
En réponse à une question parlementaire posée par J-P Brard, le 26 octobre 1998, concernant la possibilité d'accès des Témoins de Jéhovah à la fonction publique depuis la suppression du service militaire (leur refus d'effectuer le service militaire les empêchait d'y accéder), le Ministre de la fonction publique a répondu le 25 janvier dernier, précisant notamment que :
- aucune distinction ne peut être faite entre les fonctionnaires en raison de leurs opinions politiques, syndicales, philosophiques ou religieuses, ...
- toutefois, l'administration conserve la possibilité d'interdire à titre individuel l'accès à la fonction publique à un can-didat qui ne présenterait pas toutes les garanties nécessaires pour l'exercice de ses futures fonctions ...
- après la titularisation d'un fonctionnaire l'administration reste vigilante quant au respect de l'obligation de neutralité qui s'impose à tout agent public. La violation de cette obligation, notamment par un fonctionnaire qui, dans le cadre de ses fonctions, ferait du prosélytisme, entraînerait l'application de sanctions disciplinaires ...
- en cas de faute grave, l'article 30 de la loi 83-634 du 13 juillet 1983 prévoit que l'agent concerné peut être immédiatement suspendu et cela jusqu'à l'achèvement de la procédure disciplinaire.
Serge Faubert rappelle deux décisions de justice qui prouvent que l'accusation de chasse aux sorcières contre les sectes ne reflète pas la réalité. Ainsi, en mars 98, " le tribunal administratif de Lyon a confirmé une décision du conseil général de l'Ardèche qui retirait son agrément à une assistante maternelle membre des Témoins de Jéhovah " (qui refusait de célébrer Noël et les anniversaires des enfants à sa charge). Tandis qu'en décembre 98, " le tribunal administratif de Grenoble a annulé un arrêté du ministre de l'Education résiliant le contrat d'un enseignant considéré comme proche de la secte Horus ".
Le journaliste propose ensuite deux larges extraits du livre de Thomas Lardeur, Les Sectes dans l'entreprise. Il propose également une interview de Jean-Pierre Brard, rapporteur de la mission parlementaire sur l'argent des sectes.
Les Témoins de Jéhovah qui se qualifient de " troisième église chrétienne de France " ont mobilisé plusieurs dizaines de milliers des leurs pour distribuer 12 millions de tracts dans toute la France (Paris, Lyon, Rennes, Rouen, Tours, Bordeaux, le Nord, Pas-de-Calais, Nice, Strasbourg, etc...).
" On veut bien accepter la critique, mais elle ne doit pas porter atteinte à l'honneur. On nous traite comme des parias. Alors que les témoins sont des gens comme les autres ", explique leur porte-parole Jean-Claude Pons.
Simultanément à cette opération, la secte dévoilait une étude menée par SOFRES sur 1.025 de leurs fidèles. Selon cette étude, " 94% des enfants d'adeptes sont scolarisés à l'école publique. (...) En outre, 97% des personnes interrogées ont un médecin traitant et 78% ont déjà été hospitalisées. Les Témoins refusent la transfusion sanguine, mais ils affirment qu'il s'agit d'un "choix thérapeutique" et non d'un refus de la médecine ".
La Croix, 1er février 1999. Par Benoît Hervieu-Léger.
[Extrait]
Le texte oppose les propos attribués à deux membres du conseil d'administration de la Mission Interministérielle sur les sectes : son président, Alain Vivien et le député communiste de Seine-Saint-Denis, Jean-Pierre Brard, également membre de la cette mission. A ce dernier, les Témoins de Jéhovah reprochent des " propos diffamatoires ". Parallèlement, le tract reproduit un extrait d'interview d'Alain Vivien au Monde (édition des 3 et 4 décembre 1998 [ Voir les commentaires de Michel Marjollet plus bas], au cours de laquelle le nouveau président de la Mission Interministérielle sur les sectes qualifiait les Témoins de Jéhovah de " parfaitement respectables ".
" Ce tract est l'hommage du vice à la vertu ", commente Jean-Pierre BRARD. " Les déclarations qu'il m'attribue portaient sur le viol de la loi, en matière fiscale notamment, et non sur la liberté de conscience. D'ailleurs la secte fait référence à ce sujet à un arrêt de la cour d'appel de Versailles, sans préciser que celle-ci m'a donné raison."
" Je me demande qui a payé le tirage aussi colossal d'un tract à 5 centimes pièce et dont le dépôt légal date de février 1999, alors qu'il est diffusé en janvier, ironise de son côté Alain Vivien. Si c'est un coup contre la Mission Interministérielle sur les sectes, c'est un flop ". Un " flop " dont le coût se chiffre, selon ses auteurs, à 1 million de francs.
Commentaires de Michel Marjollet à propos de l'article de La Croix : Attention ! L'auteur de l'article, Benoît Hervieu-Léger, s'est mépris lorsque qu'il écrit que les propos d'Alain Vivien sont extraits du Monde des 3 et 4 décembre 1998. Il s'agit en fait de l'édition des 3 et 4 décembre 1978. Ce n'est donc pas le nouveau président de la Mission Interministérielle sur les sectes qui qualifiait les Témoins de Jéhovah de " parfaitement respectables " en...1998.
Il est intéressant de constater, dans ce cas, que les Témoins de Jéhovah ont réussi par une habile manouvre à créer la confusion dans l'esprit de Benoît Hervieu-Léger jusqu'à l'amener à lui faire écrire (sous sa responsabilité) une contre-vérité à leur avantage. Les journalistes honnêtes devraient être beaucoup plus vigilants et rigoureux en matière de secte.