La Liberté (Suisse), 12 décembre 1997.
Voir aussi l'intégralité du jugement du 28 novembre 1997 et Quand le mouvement raelien prétend avoir "toujours" condamné la pédophilie.
Voir également un extrait video sur la position ambigue du mouvement raelien au sujet de la pédophilie.
En possession de documents qu'elle juge accablants, « La Liberté » a refusé le droit de réponse. On ne peut pas prétendre condamner la pédophilie et l'inceste et en même temps diffuser largement, dans les ouvrages du fondateur de la secte et dans sa revue interne, des prises de positions allant clairement en sens contraire. Tout au long de cinq heures d'audience les parties ont fait défiler témoins et arguments. Côté « Liberté », une spécialiste parisienne, Hayat El Moutacir, chargée d'études à l'ADFI, auteur d'un livre intitulé « Les enfants des sectes ». La spécialiste a répété que le mouvement prône « très clairement » la pédophilie dans nombre de ses écrits. Plusieurs éléments, dans le discours de la secte, évoquent pour les psychiatres la démarche d'intellectualisation et de théorisation typique des pédophiles.
Indigné qu'« on lui joue les Lumières contre l'obscurantisme du Fribourg catholique », l'avocat de « La Liberté » a impliqué la secte dans de nouvelles affaires (un de ses ex-fondateurs a avoué récemment des abus sexuels sur des mineurs). L'avocat a clamé que « les paroles d'hier sont les actes de demain », ce qui semble confirmé par ces derniers événements.
Citant une abondance de jurisprudence et d'auteurs, le juge estime qu'il faut d'abord déterminer dans l'article incriminé ce qui comporte une évaluation négative, donnant au lecteur moyen une image défavorable de la personne concernée. Il doit ensuite déterminer si la réponse proposée se limite à présenter des faits et si elle doit permettre en principe de rétablir la vérité aux yeux du public par la présentation des faits correspondant à la version de l'auteur.
Et cela même si le droit de réponse n'est en principe pas un droit de rectification.
Le plus grave de ces reproches est bien sûr le second. Pour y répondre, les raëliens avaient affirmé condamner formellement la pédophilie et l'inceste, estimant qu'il s'agit d'abominations et que les individus s'adonnant à de telles pratiques sont psychiquement dérangés et doivent se voir prodiguer des soins psychiatriques adéquats.
En fouillant dans la littérature de la secte, le juge n'a trouvé qu'un certain nombre de passages dont les plus gentils sont au moins ambigus, et les plus graves tout à fait révélateurs. Mais nulle part dans les sept livres de Raël et les 55 revues fournies par le mouvement il n'a trouvé le moindre indice de condamnation de ces graves déviances sexuelles. Au contraire, il en a plutôt retiré l'impression que Raël soi-même semblait plutôt regretter que la loi pose des limites à ses épanchements envers la jeunesse.
« On doit bien admettre que certains passages peuvent conduire certains adultes à des dérives sexuelles du comportement à l'égard d'enfants mineurs. Les témoignages tendant à démontrer le contraire ne changent rien au contenu des ouvrages (...), qui constituent la doctrine officielle du mouvement et qui peuvent indiscutablement conduire à des comportements prohibés à l'égard des mineurs ». Manifestement inexacte sur ce point aussi, la réponse doit également être refusée.
Soutenir une telle position, c'est lancer le bouchon un peu loin estime le juge. D'abord, ces appréciations dépassent les limites que la loi fixe au droit de réponse : ce sont des opinions et non des faits. On ne se limite donc pas à l'objet de la présentation contestée.
Ensuite, ces fameuses « valeurs » raëliennes que serait la condamnation de la pédophilie et de l'inceste ne se retrouvent pas dans les textes, ce qui rend la réponse, là également, manifestement inexacte. Et conduit à la rejeter.
Non, La Liberté n'a pas déclaré la guerre aux extraterrestres ni à l'ancien journaliste sportif français Claude Vorilhon, dit Raël, Lhomme chargé le 13 décembre 1973 par des êtres venus du ciel (Les Elohim, ils sont petits avec les yeux en amande) de préparer leur ambassade sur la terre. Non, nous sommes trop farouchement attachés à la liberté de conscience et de croyance!
Alors, pourquoi tout ce tintamarre ? Parce que, dans un article publié le 6 août dernier dans notre journal, le journaliste Pierre Rottet, de l'Agence de presse internationale catholique (APIC), à Fribourg, affirme que les écrits du Mouvement raëlien prônent "théoriquement", la pédophilie et l'inceste. Touchés, les raëliens exigent que « La Liberté » publie un droit de réponse par lequel ils qualifient « d'abominations » la pédophilie et l'inceste.
Nous pensons qu'un journal doit donner largement la parole à ses lecteurs. En ouvrant un « Forum » des lecteurs mais aussi en publiant les droits de réponse qui nous sont adressés. Nous sommes d'ailleurs tenus à le faire par la loi. Pourtant, nous avons refusé la publication de la réponse exigée par Raël. Pourquoi ? Parce que de nombreux textes internes à la secte, provenant tant du journal des raëliens que des livres de Claude Vorilhon, nous ont paru pour le moins ambigus, voire dangereux. Réunis par le journaliste Rottet ou par ses interlocuteurs, ces textes montrent un autre réalité derrière la vitrine jeune et fantaisiste présentée par ces admirateurs d'ovnis. Bien plus sinistre. Pas question d'accuser tous les raëliens d'inceste ou de pédophilie. Mais il n'y a pas de doute qu'une partie de leur prose pourrait alléger la mauvaise conscience de celles ou ceux qui souffrent de penchants sexuels pervers envers les enfants, peut-être même leur permettre de justifier leurs actes coupables.
Ce constat établi, la question ne se posait plus. Notre journal devait refuser la publication du droit de réponse raëlien manifestement inexact, ne serait-ce que pour respecter sa charte qui lui impose de défendre les valeurs de vérité, de justice et de liberté.
Le Mouvement raëlien suisse a demandé au juge fribourgeois de nous imposer la publication de son droit de réponse. Ce qui nous a permis d'étayer sur le fond, témoins et textes à l'appui, les écrits de Pierre Rottet. Alors que les deux avocats de Raël tentaient de faire passer notre défense comme une bataille d'arrière-garde de l'obscurantisme catholique contre la liberté des meurs. Il fallait s'y attendre!
En réalité, nous nous moquons comme de colin-tampon des "galipettes entre adultes", fussent-ils terrestres ou extraterrestres. Seuls comptent pour nous les dangers pour l'enfant, que Raël tente de masquer en dénonçant la nouvelle inquisition judéo-chrétienne dont serait victime son mouvement.
Minutieux et courageux, un petit juge fribourgeois s'est donné la peine et le temps de comprendre, de lire les textes et les livres de Raël, et de trancher : « Ces écrits peuvent indiscutablement conduire à des comportements prohibés à l'égard des mineurs ». La plainte des raëliens leur revient en soucoupe volante dans les gencives. Ils vont faire recours, c'est sûr. Mais si les autres instances judiciaires devaient confirmer la sentence du premier juge, se posera alors l'ultime question : « Faut-il continuer à tolérer une telle secte? ».
Son confrère Alexandre Emery, l'autre avocat du mouvement, estime que, à chaque étape du raisonnement, on a le sentiment que le président a fait une analyse unilatérale, sans jamais discuter les éléments apportés par le mouvement raëlien. Cela donne finalement le sentiment que si le mouvement n'était pas une secte, il aurait certainement obtenu ce droit de réponse. En conclusion, l'avocat confirme que le mouvement raëlien n'a pas hésité une seconde à porter l'affaire en seconde instance. Recours il y aura donc, et le Tribunal cantonal sera appelé à se repencher sur cette affaire. En attendant que peut-être, le Tribunal fédéral, voire la Cour européenne des droits de l'homme s'en saisissent.
Dans la « Bible » vorilhonnesque :
« Ne rien dire à ses enfants au sujet du sexe c'est mal. Leur expliquer à quoi ça sert c'est mieux, mais ce n'est pas encore suffisant : il faut leur expliquer comment ils peuvent s'en servir pour en retirer du plaisir ».
« Combien de fois certains d'entre nous auraient-ils souhaité être embrassés par leur père autrement que du bout des lèvres ou sur le front, caressés, pétris, manipulés, pressés contre sa poitrine au lieu d'être tenus à distance comme des pestiférés ».
« (...) à partir de quatorze ans les adolescents devraient avoir le droit d'avoir une vie sexuelle, politique et religieuse indépendante de leurs parents. Il faut donc supprimer les lois faisant automatiquement un détournement de mineur d'un rapport sexuel entre un individu de plus de dix-huit ans et un individu de moins de dix-huit ans ».
« Cette éducation sensuelle théorique pourrait d'ailleurs être complétée (...) par une mise en pratique (...) ou en compagnie des initiateurs dans les centres d'épanouissement, avec toutes les garanties qu'amène la présence de spécialistes sur le plan de la progressivité tant physique que psychique ».
« (...) malgré la résistance que nous avons à le reconnaître, l'enfant est, pour l'adulte, un objet sexuel privilégié (d'après Pierre Henry). Non, ce n'est pas par « frustration » (de la femme) que l'homme aime passionnément, intensément, amoureusement l'enfant ».
Dans un texte où un père raconte un stage en Afrique avec ses deux filles: « (...) le statut de père ne doit pas durer toute la vie. On doit savoir grandir et ces deux superbes demoiselles m'ont surpris. Elles s'affirment. Elles deviennent déjà des femmes. Elles furent ma grande satisfaction car j'étais un père jusque-là distrait et... discret ».
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