Invité par les organisateurs de l'émission
télévisée " En quête de vérité
" (TF1, 18 décembre 1991) à venir témoigner des agissements
de l'organisation Moon au Japon où il réside depuis plusieurs
années, Pascal Zivi mis en cause par Laurent Ladouce, nous communique
la réponse suivante.
Réponse. Les différents stratagèmes
de "l'Eglise de l'Unification" pour ramasser de l'argent:
La discussion portait sur l'affaire Claire Chateau, jeune mooniste que
ses parents avaient " enlevée ", en 1982, pour lui faire rencontrer
d'anciens moonistes et tenter de la faire réfléchir sur ce
qu'est vraiment l'"Église de l'Unification". Ce fut un échec.
Retrouvée rapidement pas ses coreligionnaires, la jeune fille repartit
avec eux.
Mon intervention, tout à la fin de l'émission, n'a
été que de courte durée, et il m'a été
impossible de répondre à M. Ladouce. C'est pourquoi je le
fais dans cette lettre.
Ayant entendu mon témoignage, M. Ladouce a déclaré
que je n'y connaissais rien, que je racontais n importe quoi ; il a reproché
à J. -P. Foucault " d'inviter n'importe quelle personne trouvée
dans la rue pour parler ". En un mot, il m'accusait d'être un
menteur.
Je veux donc d'abord préciser que tout ce que j'ai dit,
ce sont les témoignages des anciens de " l'Église "
de Moon au Japon. En m'insultant de cette manière, ce sont eux que
M. Ladouce insulte. Je vais donc reprendre mes déclarations avec
plus de détails ; si je mens, que M. Ladouce le prouve.
J'ai signalé que 93 anciens moonistes avaient porté
plainte contre l'" Église de l'Unification ", et que d'autres vont
en faire autant. les plaintes portent sur la manipulation mentale, la destruction
de la famille, l'exploitation de main-d'oeuvre sans salaire ni assurance,
la pression pour accomplir des actes illégaux.
J'ai signalé qu'au Japon, pour ramasser de l'argent, l'EU
("Église de l'Unification") a recours à toutes sortes de
stratagèmes :
1. Les minibus
Dans son livre, " le visage de la secte Moon et ses manipulations ", Mme
Kawasaki Kyoko, pasteur, dit ceci : " Dans ces minibus, la secte entasse
toute sorte de marchandises, poissons séchés, coquilles St-Jacques,
amuse-gueule pour l'apéritif etc. En général il y
a sept personnes par minibus. Les moonistes font le porte-à-porte.
Jamais ils ne se présentent comme tels ni disent qu'ils vendent
au profit de leur groupe. En fait, ils mentent pour soutirer de l'argent.
On nous a toujours interdit, disent-ils, de nous identifier. On nous a
même demandé, au cas où nous serions appréhendés
par la police, de dire que nous travaillions pour notre propre compte,
sinon cela risquait de devenir un problème pour notre Père
(c'est-à-dire M. Moon). Ces jeunes travaillent de longues heures,
souvent dans des conditions déplorables ". Un ancien a encore
précisé : " Bien souvent nous étions obligés
de surveiller le conducteur pour qu'il ne s'endorme pas au volant ".
Les sommes collectées sont importantes : " en un mois
j'ai rapporté 70.000 F et mes compagnons presque autant chacun ",
dit un témoin. " Des jeunes filles ont raconté que lorsqu'un
client ne voulait rien acheter, on leur demandait de chanter ou de danser
devant lui pour l'attendrir. On leur faisait mettre des boules rouges et
des rubans dans les cheveux pour avoir l'air plus jeune. Bien entendu,
ces vendeurs ne gardent pas d'argent : ils donnent tout à la secte
".
Alors, que peut bien devenir cet argent ? M. Ladouce pourrait
peut-être nous éclairer.
2. Les cartes de crédit
L'EU, demande à ceux de ses adeptes qui travaillent encore de prendre
des cartes de crédit permettant d'emprunter de l'argent à
la banque. Le plafond est variable selon les personnes, entre 60.000 et
70.000 F. Les dirigeants de l'EU expliquent à ces jeunes ce qu'ils
doivent dire à la banque pour obtenir un crédit. " On
m'a indiqué qu'il valait mieux mentir ", m'a dit une ancienne.
" Dis, par exemple, que tu vas te marier ". Dans certains cas, l'EU
a demandé à ces jeunes qui allaient bientôt quitter
leur emploi (pour se consacrer à plein temps à la secte)
de prendre une deuxième carte de crédit, l'EU dit à
ses adeptes qu'elle remboursera les sommes retirées. Mais ceci est
une véritable épée de Damoclès, qui les empêche
de quitter l'EU - car alors il faudrait qu'ils remboursent eux-mêmes.
Si M. Ladouce doute de mes propos, je lui présenterais des anciens
qui pourront lui donner encore plus de détails que moi.
3. Les collectes pour le Shokyo Rengo.
(Victoire sur le communisme).
Le Shokyo Rengo est le groupe politique fondé, dirigé et
organisé par Moon au Japon, en association avec des politiciens
d'extrême-droite (y compris du parti au pouvoir depuis la fin de
la guerre). Beaucoup d'anciens moonistes (surtout des étudiants)
racontent qu'ils quêtaient au nom du Shokyo Rengo, par exemple pour
la Paix dans le monde. Là aussi, c'est un mensonge, et l'argent
aboutit dans les caisses de l'EU. Rencontrant ces quêteurs, je leur
ai demandé : Pourquoi mentir ? - " C'est que notre religion est
en pleine persécution, les gens ont une mauvaise image de nous.
Alors... ". (Pour ma part je dirais que je n'ai jamais vu une persécution
rapporter autant, là aussi M. Ladouce me dira que je n'y connais
rien).
4. La manipulation des femmes mariées.
Les Japonais, en raison de leurs traditions religieuses, se préoccupent
beaucoup des âmes de leurs ancêtres. D'une façon générale,
ils croient aux esprits. La plupart des femmes japonaises sont attirées
par ceux qui prédisent l'avenir, disent communiquer avec les esprits,
etc, les moonistes ont donc ouvert pour elles des centres spécialisés.
Celui de Sapporo s'intitule: "Culture Salon". Mais les jeunes femmes ne
doivent pas parler à leurs maris de leurs nouvelles fréquentations
; on les oblige donc à mentir. " Ce n'est pas encore le moment...
il vaut mieux attendre pour lui en parler... " leur dit-on. C'est ce
que m'a expliqué une jeune femme qui a fréquenté cette
filiale de la secte pendant trois ans. "L'ennui a-t-elle ajouté,
c'est que ce n'est jamais le moment, et que mentir à nos maris devient
une habitude".
Au Japon, ce sont généralement les femmes qui ont
la responsabilité de l'argent du ménage, et la secte finit
par leur extorquer de grosses sommes. Elle organise aussi des ventes dans
des chambres d'hôtel ou des appartements. Elle y propose toute sorte
d'objets : kimonos, manteaux, produits de beauté, et aussi les bijoux
XXX. (Un petit dépliant publicitaire qui m'a été
donné par une ancienne de la secte mentionne les prix, élevés,
et cela s'intitule "Collection biblique" !), les jeunes femmes sont priées
d'amener leurs amies, leurs parentes, mais surtout de ne pas leur dire
que les ventes sont au profit de l'EU, là encore, on les incite
à mentir. Certaines jeunes femmes ont compris qu'elles avaient été
bernées et ont décidé de rompre avec l'EU ; mais bien
souvent, elles ont dû recourir à un avocat pour récupérer
leur argent. Si M. Ladouce est intéressé, je pourrai lui
présenter des avocats qui se sont occupé de ce genre d'affaires
et qui pourront lui donner encore plus de détails. Mais je trouve
tout de même assez étrange que Dieu ait besoin d'autant d'argent
et en soit réduit à de pareils stratagèmes.
5. Le scandale des vases et des pagodes.
Là encore, l'EU exploite la piété envers les esprits
des morts pour vendre aux gens des pagodes (miniatures) et des vases ("
sacrés ") à des prix astronomiques. Ce fait a été
expliqué par M. Soejima Yoshikazu, ancien leader mooniste, expulsé
brutalement de la secte. (Voir le magazine japonais Bungeishunju,
juillet 1984, p, 141, ainsi que l'International Herald Tribune des
24 et 25 septembre 1984, reproduisant deux articles de John Burgess et
Michael Isikoff parus dans le Washington Post). Les faits sont relatés
par J.F. Boyer, l'Empire Moon, éd. de la
Découverte 1986, pp. 156-159.
Ces objets sont fabriqués par une usine de Moon en Corée
; leur prix de revient est infime, ils étaient vendus dans les rues,
dans les gares, à la sortie du métro, mais surtout au porte-à-porte,
mais pas au hasard. Les vendeurs se renseignaient pour savoir si une personne
venait de perdre un être cher. Ils s'introduisaient chez elle, se
liaient peu à peu d'amitié, parlant de sa santé, de
ses amis, pour déceler ses points vulnérables. Le but était
de la persuader en temps opportun de venir rencontrer un soi-disant devin
ayant de grands pouvoirs. Bien sûr, ces clients n'entendront jamais
parler de l'EU ni de Moon. Lorsqu'ils sont présentés au "devin",
ils ne savent pas que celui-ci n'est qu'un simple membre de l'EU, ni que
les moonistes répètent le scénario depuis plusieurs
jours. " On nous a entraînées à pleurer avec une
adepte expérimentée. Dans certains cas, toujours pour impressionner
le client nous devions faire croire que l'esprit du défunt (mari,
père, enfant) était entré en nous et parlait par notre
bouche ", a témoigné encore une ancienne adepte, spécialisée
dans la vente de ces objets. " Ces visites duraient parfois des heures
; on ne laissait aux gens aucun répit. J'ai vu des personnes supplier
qu'on les laisse repartir... nous, notre seul but était de vendre
le plus cher possible - pour le salut de cette personne, et pour l'oeuvre
de notre Père, je veux dire M. Moon ". (Témoignage lors
d'une émission de télévision). C'est par ces comédies
qu'on persuadait les gens de payer des prix très élevés
pour ces objets dont les vertus surnaturelles assureraient la paix des
esprits de leur famille. Il est arrivé qu'un mooniste aille passer
la nuit chez une personne afin de l'accompagner à la banque dès
le lendemain matin pour retirer l'argent. Après avoir encaissé
la somme, il disparaissait.
Plus de 6.700 personnes ont porté plainte, pour un total
de 31 milliards de Yens (100 yens représentent environ 5 francs).
Il s'agit donc de près d'1,5 milliard de F. L'EU a déjà
perdu pas mal de procès et dû rembourser beaucoup d'argent
; elle préfère souvent rembourser tout de suite afin d'éviter
les poursuites. Des procès sont encore en cours. L'année
dernière, à Tokyo, des anciens de l'EU, ont fait une démonstration
de la manière dont se passent les rencontres entre les " devins
" et les clients. Si M. Ladouce est intéressé, ils sont prêts
à faire une autre démonstration devant lui, et je peux lui
présenter des avocats qui s'occupent de ces différents procès.
Selon les anciens adeptes, ils étaient entraînés
par des stages audio-visuels, et des manuels leur expliquaient comment
repérer et exploiter les points faibles des clients. (Cela aussi
est signalé par J.-F Boyer, op. cit. p.
158). Ces objets ont souvent été vendus plus de dix fois
leur valeur et même beaucoup plus.
6. Comment la secte fait passer l'argent d'un pays à un autre.
Les procédés sont nombreux. Lors du grand mariage mooniste
du 29 octobre 1988 en Corée, la plupart des nombreux participants
japonais ont reçu avant leur départ du Japon une enveloppe
contenant entre 500.000 et 1.500.000 Yens. Arrivés à l'usine
appartenant à Moon, où avait lieu la cérémonie,
ils ont trouvé à l'entrée du hall des tables où
ils devaient déposer les enveloppes. Il y a eu bientôt une
" montagne d'enveloppes ", et des gens criaient en japonais : " N'oubliez
pas les enveloppes, n'oubliez pas les enveloppes ! ". Ceux qui ont
donné ce témoignage ne savaient pas très bien d'où
venait l'argent, mais ils savent très bien où ils l'ont déposé.
Voilà bien une mesure efficace pour faire échapper de l'argent
à tout contrôle. (Ce fait est aussi signalé par le
magazine japonais Gekkan Times-Sha, sept. 1989, p. 56).
Si M. Ladouce n'a pas l'occasion d'aller au Japon, je peux lui
faire rencontrer un Japonais qui est actuellement à Paris. Il a
publié deux livres : " Les crimes de l'Église de l'Unification
" et " La cabale de l'Église de l'Unification ". Il pourra confirmer
ce que j'écris, avec encore plus de détails.
En conclusion, je ne puis que citer les trop justes paroles de M. le Juge
Bruel, lors de l'émission "En quête de vérité"
: " Les diverses enquêtes qui ont été faites tous
azimuts montrent que l'association pour l'unification du christianisme
mondial (AUCM) était quand même une
entreprise commerciale qui avait, semble-t-il
oublié son but principal, c'est-à-dire une certaine spiritualité
".