Le journal mooniste " Unification News " (mai 1986) annonce la " bénédiction " : de trente six couples à Séoul, le 11 avril. Parmi eux, une des filles de M. Moon, Un Jim Nam, mariée à un fils du Colonel Ro Hi Pak, Jin Hi Pak. Ce n'est pas le premier mariage entre les deux " premières familles " de cette Église. Le fils de M. Moon qui s'est tué en voiture il y a dix-huit mois était marié avec une des filles du Colonel. Lors de l'enterrement, M. Moon aurait fiancé la jeune veuve à un autre de ses fils.
Les Principes ne sont pas les mêmes pour tous : pour créer une race nouvelle et amener la paix sur terre, M. Moon marie systématiquement des gens de couleurs et de nationalités différentes. Mais cela n'est pas valable pour les chefs coréens : pour eux, il importe de sauvegarder la pureté de la race coréenne, celle dont devait obligatoirement, selon les " Principes Divins ", naître le Seigneur du Second Avènement. Dans le Royaume de Dieu, la langue sera d'ailleurs le coréen.
Le même journal mentionne un " Rlessing Workshop " (" atelier de bénédiction ") au Séminaire de Rarrytown. Certains mariages auraient des difficultés. Il est question de " bénédictions rompues " et de " rematching " (attribution d'un nouveau conjoint). Ces difficultés se produisent ailleurs que dans cette Église - mais cela ne cadre nullement avec les louanges dithyrambiques que nous avons pu lire sur la supériorité des mariages moonistes (y compris sous la plume d'un Jésuite américain).
Le mariage mooniste prévu pour le mois de juin à Séoul a été annulé. Les troubles graves qui agitaient déjà la Corée au printemps dernier - et qui ont continué) sont sans doute la cause de ce changement de programme.
M. Moon a néanmoins passé plus de deux mois en Corée, mais il a eu plus de chance (ou plus de prudence) que le Lt-Colonel Bo Hi Pak. Il a " inauguré la 'Fédération Nationale de l'Unification de la Corée du Nord et du Sud' ". Lors de la première réunion, le 15 mai 1987, les 1.500 participants ont décidé à l'unanimité : " 1) d'établir un nouveau système universel de valeurs... 3) de construire le long du 38e parallèle (la zone démilitarisée) des 'Temples de l'Unification' et des centres d'entraînement au combat contre l'idéologie marxiste-léniniste ".
D'autre part, M. Moon a institué " le 'Conseil au sommet
pour la paix du monde'. Entre le 31 mai et le 4 juin 1987, 87 anciens présidents,
chefs d'État, premiers ministres, ministres et membres de familles
royales de vingt-quatre nations ont assisté à la réunion
de ce Conseil et formulé la 'Déclaration de Séoul
pour la Paix'. Tous les représentants étaient des politiciens
et dirigeants puissants et de haut rang ", (Unifications News, juillet
87).
Dans son numéro d'avril 1987, Unification News consacre sa première page à une photo de la " Famille Moon élargie ", avec, au centre, Hyun Jin Moon, 18 ans, et Jun Sook Kwak, 19 ans, juste après qu'ils aient été mariés par le " Révérend " et Madame Moon. " Félicitations ! ", tel est le gros titre. M. Kwak est l'un des plus hauts dignitaires de l'Unification, bien que moins connu que Bo Hi Pak, qui faisait fonction de " Maître des Cérémonies ". Pak fait lui aussi partie du club très exclusif des " in-laws ", les familles alliées par mariage à la famille Moon. La description des festivités, qui, avec les photos, remplit plusieurs pages du journal, ne le cède en rien au style des magazines spécialisés dans les mariages et autres événements royaux : toilettes, parures, demoiselles et garçons d'honneur, confettis, serpentins, ballons et mirlitons. Cela se passait au QG de l'Unification à New York, aux sons de la " Marche Nuptiale " et de la " musique céleste de l'Ave Maria " (1). Les grandes familles ne se mésallient pas, et on reste entre Coréens. Cela montre bien l'abîme qui sépare les chefs de la masse des adeptes. Les représentants moonistes de 128 nations ont été admis comme spectateurs.
(1): Les auteurs de ces morceaux ne sont pas précisés.
Pour le rédacteur, il n'existe apparemment qu'une seule " marche
nuptiale " et qu'un seul " Ave Maria ".
Si la presse coréenne a peu parlé du mariage de masse du 30 octobre 88, la presse japonaise s'y est intéressée. Il faut dire que l'aéroport de Narita (Tokyo) a été très embouteillé le vendredi 28 octobre. Sur les 13.032 personnes convoquées, 8.900 étaient japonaises (2.600 couples étaient mixtes : coréen/japonais ; 3.800 uniquement japonais ; il y avait en plus des adeptes de quinze autres nationalités).
Le lieu de la cérémonie n'était pas le stade olympique de Séoul, comme il en avait été question, mais une usine de Moon à Yong-in, au sud de Séoul. (Elle fabrique nouvelle boisson " Mc Col ", destinée à supplanter le Coca Cola). Outre les difficultés du transport aérien, il y a eu de gros retard pour amener les futurs époux de l'aéroport de Kimpo jusqu'à l'entrepôt et certains ne sont arrivés qu'après la cérémonie. Le conjoint esseulé tenait à la main une photo de son partenaire. Le désordre a été causé aussi par le fait que la date n'a été connue qu'au dernier moment, ainsi que le lieu. Selon M. Moon c'était destiné à " tromper Satan ", et la ruse a réussi. Satan avait donc réussi à s'infiltrer lors des mariages précédents, ce qui explique sans doute les séparations et divorces qui ne devraient jamais se produire selon les théories moonistes).
En guise de banquet, chacun a reçu un repas froid préemballé et une boîte de boisson Mc Col. Plus une couverture, car il a fallu dormir à l'usine. Les costumes étaient plutôt fripés lors du voyage de retour. De toute façon, la nuit de noces a dû attendre un temps variable. Quel contraste avec la pompe et le luxe des mariages entre les rejetons des " Premières familles " moonistes, purement coréennes celles-là : les Moon, Pak, Kwang, etc.
Un autre mariage, pour Européens et autres Occidentaux, (certains avec un conjoint japonais) était prévu pour plus tard. Il a eu lieu le 12 janvier 1989. 1.716 couples ont été ainsi " bénis ", la plupart japonais et coréens. Des Français(es) étaient parmi eux.
Chacun a dû payer environ 10.000 F, certains ont demandé
de l'argent à leur famille " physique ", les autres ont dû
travailler en supplément pour gagner la somme.
En 1979, Britta Adolfsson, jeune Suédoise de 22 ans, arrive aux États-Unis avec une bourse d'études d'un an. Peu avant de repartir dans son pays, en 1980, elle fait la connaissance de jeunes gens très aimables qui l'invitent à des rencontres, à un week-end (air connu)... elle se retrouve adepte de M. Moon et n'est toujours pas retournée en Suède, à ce jour.
Au bout de deux ans seulement (les délais ordinaires sont bien plus longs), elle étai l'une des 2.075 mariées bénies par M. Moon au Madison Square Garden de New York (juillet 1982). Le conjoint : un Américain. Elle obtenait ainsi la " cane verte " - le permis de séjour illimité aux États-Unis.
En 1987, elle fait l'objet d'une tentative de " deprogramming " à l'initiative de ses parents, inquiets. Elle réussit à s'échapper. Ses deux ravisseurs comparaissent en octobre 1988 devant un tribunal de Denver (Colorado), inculpés d'enlèvement et séquestration, ils étaient acquittés le 4 novembre. Le jury et le juge avaient admis qu'en recourant à des " déprogrammeurs ", sa famille avait choisi le " moindre mal ".
L'histoire ne s'arrête pas là. A l'audience, Britta a déclaré qu'elle n'avait jamais consommé son mariage et avait divorcé au bout de trois ans. Mais elle avait toujours sa cane verte.
Les déclarations de Britta sur son mariage blanc et son divorce n'ont pas été perdues pour les services américains de l'Immigration. Ils lui ont aussitôt notifié qu'ils entamaient la procédure d'expulsion. Motif : le permis de séjour avait été obtenu au moyen de fausses déclarations sous serment, quand elle avait certifié vivre conjugalement avec son mari.
Ce " truc " classique est souvent employé par l'organisation
Moon et par d'autres (notamment chez le " Bhagwan " Shri Rajneesh, et ce
fut l'un des motifs de son inculpation, suivie d'expulsion en 1985).
Au cours d'une émission télévisée sur Antenne 2, le journaliste demande à une mooniste si elle souhaite, si elle peut se marier si elle est libre de choisir son fiancé. Réponse : " Notre façon de nous marier est très spéciale dans notre communauté, parce que nous sommes des frères et des soeurs. C'est une communauté de croyants. Comme dans toutes les Églises, dans l'Église catholique, les époux préfèrent avoir une même foi. Nous, c'est exactement pareil. Moi-même, c'est mon témoignage : j'ai confiance au fait que le Révérend Moon peut choisir mon époux ".
" C'est Moon en personne qui arrange les mariages sur présentation de photos. La cérémonie des 1.800 mariages célébrés à Séoul en 1975 est célèbre. Ne peuvent d'ailleurs être admis au mariage que ceux qui ont atteint la perfection, c'est-à-dire qui ont parfaitement assimilé la doctrine ! Le couple aura besoin ensuite de la permission du " Père " " pour donner naissance à (vos) descendants, à (vos) enfants, pour le monde entier, pour un monde sans péché et pour le monde de demain ".
Dans un numéro spécial du " Nouvel Espoir " sur la Famille. Pierre Ceyrac parle de son mariage : " Le 21 mai 1978 nous avons été bénis en mariage par le Révérend Moon... lors d'une cérémonie rassemblant 118 couples de toute l'Europe... C'est alors que Franziska et moi nous nous sommes rencontrés pour la première fois... Je ne la connaissais pas avant que le Révérend Moon me la présente à cette occasion ".
Deux " bénédictions " ont eu lieu à New-York, le 7 avril 1989. Le mensuel du " Mouvement de l'Unification " de mai 89 en fait son gros titre. Il n'indique pas le nombre des heureux mariés, ni même le lieu des festivités, mais c'était sans doute le QG mooniste de l'Hôtel New-Yorker. Les mariés venaient de trente-six pays différents. La décision n'ayant été prise que le 31 mai, ce fut une course contre la montre. Comme dans des mariages précédents, il est peut-être arrivé qu'en l'absence d'un des partenaires, l'autre soit marié avec une photo. Grande nouveauté : certains des jeunes mariés étaient de la génération de M. Moon ou même plus âgés. D'autres étaient " bénis " pour la seconde fois. Et d'autres encore étaient des parents de membres de l'organisation.
Le même numéro du mensuel mooniste reproduit la photo de M. Pierre Ceyrac, député européen, et de sa petite famille : les prénoms de ses enfants étonnent chez cet adversaire intransigeant de l'invasion étrangère : Jérôme Myung-Jin, Stéphanie Myung-Goon, Jeanne Sun-Mee, Thierry Hope. La même photo a servi pour la propagande électorale de Pierre Ceyrac (mais les noms coréens n'étaient pas mentionnés).
En cas de divorce, ceux-ci sont généralement confiés à leur mère. Les choses se compliquent du fait que les conjoints sont de nationalité différente.
Un exemple : le mari, américain, a réfléchi et s'est progressivement détaché de la secte. Sa femme, française, a deux enfants de lui, et voudrait le retenir afin de concevoir tous les enfants qu'elle pourra, afin d'en faire de bons soldats de Moon, et de les marier le plus tôt possible. Elle est persuadée que ces enfants auront la vie bien plus facile que leurs parents : Moon ayant progressivement subjugué le monde, ou au moins plusieurs pays, ils pourront faire de bonnes études et n'auront pas besoin de faire des années de " fundraising " (récolte d'argent par la mendicité, les ventes au porte-à-porte). Si le mari ne se laisse pas fléchir, la secte envoie la mère dans son pays d'origine, avec les enfants. Elle demande le divorce, et la garde des enfants. Le père obtiendra un droit de visite et d'hébergement... mais à quel prix pourra-t-il l'exercer ? Rien que pour la procédure de divorce, il est obligé de venir des Etats-Unis en France. Ses enfants ne parlent plus l'anglais ; lui ne sait pas un mot de français. Une fois libéré du moonisme, il est sans emploi et a du mal à en trouver. Il est psychiquement éprouvé par un double traumatisme : ses années de vie mooniste, qui laissent des traces et dont on ne se remet qu'avec du temps - et de l'aide ; et l'impossibilité pratique de revoir ses enfants. A la rigueur, il les verra une ou deux fois l'an, s'il peut payer les voyages. Et ne parlons pas du malheur des enfants !
A noter qu'aux Etats-Unis, où il n'y a pas de Sécurité Sociale généralisée, les moonistes qui se déclarent sans ressources bénéficient pour leurs enfants d'une sorte d'" Aide Sociale " réservée aux plus démunis. Font-ils de même en France ? Vivant en petites collectivités (quelques familles par appartement, plusieurs appartements dans le même quartier) ils vivent à peu de frais, touchent les Allocations familiales, font garder les enfants par l'une des femmes tandis que les autres sortent (la mendicité continue) ; bref, jusqu'ici, les enfants ne coûtent pas cher. Il ne s'agit bien sûr que des familles du " rang " : les chefs gardent leurs enfants chez eux et peuvent avoir à leur service des moonistes comme nounous.
Il ne semble pas qu'il y ait en France de grandes crèches
où les mères moonistes ordinaires sont obligées de
laisser leurs bébés au bout de cent jours pour retourner
" sur le champ de bataille ". Dans une ville du Colorado, selon un témoin,
il y avait quatre-vingts enfants dans une de ces crèches, soignés
tant bien que mal par quelques femmes, aux moindres frais. Et on pouvait
les muter comme des paquets si on trouvait qu'un de leurs parents s'occupait
trop d'eux - ou par pur arbitraire. Ce qui surprend, ce n'est pas que certains
refusent et quittent l'organisation, mais que tant d'autres acceptent ces
conditions.
On apprend que Moon projette de marier 30.000, voire 50.000 couples en août 1991, au Stade Olympique de Séoul. Les candidats au mariage, en majorité Coréens et Japonais, devront payer entre 1 million de yens (pour les Japonais des régions rurales) et 1 million et demi (pour les citadins), soit environ 40.000 et 60.000 F. Cette somme donne droit au transport, au costume ou à la robe et au voile, au panier-repas, et bien sûr, au " saint vin ", breuvage sans alcool, mais contenant du sang de M. Moon.
Peu d'Européens sont attendus.
Selon les disciples japonais, il y aura même des couples " mixtes " (un des conjoints n'étant pas mooniste) ou même non-moonistes, ce qui paraît très surprenant. Il n'est pas impossible qu'il s'agisse de salariés des entreprises de Moon en Corée. Lors des mariages précédents, les leaders japonais avaient prévenu les candidats que les Coréens n'avaient pas tous la foi totale, mais considéraient Moon surtout comme leur employeur. Certes, il est difficile de refuser quelque chose à ce patron, mais l'organisation, pour impressionner, doit remplir le stade. Or, elle n'a certainement pas 100.000 ni même 60.000 adeptes célibataires en âge d'être mariés, même en tenant compte des enfants des premiers " couples bénits ".
Du Japon encore, on nous signale que lors du voyage officiel que
M.
Gorbatchev doit faire dans ce pays au printemps de 1991, il est prévu
une réception par l'organisation Moon, qui la veut grandiose.
Le mariage mooniste monstre prévu pour le 27 août au Stade Olympique de Séoul est annulé.
D'une part, il n'y aurait pas assez de candidats pour remplir le stade ; d'autre part, les difficultés financières ont pris un tour aigu, du fait des dettes importantes de l'" Eglise " mooniste de Corée, dettes que les adeptes japonais ne peuvent et ne veulent plus éponger. Dans l'article de la Far Eastern Economic Review mentionné plus haut, Mark Clifford signalait qu'après qu'eut éclaté, en 1987 le scandale des " objets miraculeux " vendus à des prix prohibitifs, au porte-à-porte, par les moonistes japonais, l'" Église " a fait contracter des emprunts aux adeptes et aux entreprises moonistes japonaises, le montant de ces dettes est estimé à une somme allant de 1 à 5 milliards de dollars américains. L'argent va à Moon, mais ce sont les disciples qui sont personnellement responsables des remboursements.
Le président et principal actionnaire des deux grandes
entreprises moonistes au Japon (Happy World, qui
commercialise toute sorte de produits, généralement fabriqués
en Corée, depuis les boissons au ginseng jusqu'au poisson, et Wacom,
qui fabrique du matériel de bureau, surtout informatique), un certain
Furuta Motoo, 48 ans, serait dans une situation difficile.
30.000 couples ont été " bénis " par Moon et sa femme le 25 août ; ce mariage monstre avait déjà été prévu pour août 91, puis reporté, faute d'un nombre suffisant de candidats. Moon voulait 50.000 couples. Il s'est contenté de 20.000, au Stade olympique de Séoul ; 10.000 autres ont dû se contenter d'échanger leurs promesses devant un écran de télévision renvoyant l'image des " Vrais Parents " dans leurs atours solennels : robes blanches galonnées d'or et tiares assorties. Cette image était transmise par satellite au Kenya, Nigeria, Zaïre, Brésil et aux Philippines.
Les nouveaux mariés provenaient de 131 pays, dont près de la moitié du Japon. Il y avait déjà un certain nombre de moonistes de la deuxième génération, nettement plus jeunes que les autres (aux environs de 20 ans), et aussi, selon Neil Albert Salonen (porte-parole de l'événement, ancien patron de la " Fondation culturelle internationale ", qui organisait, au début des années 70, les " séminaires internationaux " de Barrytown et bien d'autres conférences, dont les " ICUS ") de nombreux couples déjà mariés, qui ont reçu la bénédiction comme un renouvellement de leur engagement. La mariée " star " était une actrice de cinéma japonaise, Junko Sakurada, présentée aux visiteurs américains comme " la Michelle Pfeiffer du Japon ". Plus de 300 reporters et cameramen étaient venus de Tokyo pour la filmer à cette occasion. Mais dans l'ensemble, la cérémonie n'a pas beaucoup intéressé les médias internationaux. A part son gigantisme, elle était banale (en 1988, Moon avait marié 6.516 couples venus de 38 pays, dans un hall de son usine de boissons " Mccol " près de Séoul).
Financièrement, l'opération est rentable : chaque marié japonais paye 2.000 $ (U.S.) ; pour un Coréen, le tarif est de 1.200 $, 1.000 $ pour les Américains et les Européens, 300 $ pour ceux du Tiers Monde. Les participants payent leur billet d'avion, les alliances, le voile de la mariée. Cela ferait 24 millions de $, selon le calcul du Wall Street Journal (24/08/92). Il n'est pas précisé combien payent les mariés par satellite. En déduisant 24.000 $ pour la location du stade, continue le Journal, 115.000 $ pour la transmission par satellite télé, le transport par autocars et le " lunch " distribué avant la cérémonie, pour éviter les bousculades (pour ne pas trop encombrer les nouveaux mariés, il consistait en un morceau de gâteau non glacé et une boîte de boisson Mccol), le bénéfice reste substantiel. Les organisateurs travaillent gratuitement. Sans doute faut-il aussi déduire les frais du dîner offert par Moon à ses invités de marque, précédant un spectacle de danse, à l'Ecole des " Petits Anges ".
Le mariage n'était que le " clou " et sans doute le moyen de financement) de tout un programme ambitieux qui s'est déroulé à Séoul durant 11 jours sous le nom d'ensemble de " Festival Mondial de la culture et des sports ". Outre deux journées de compétitions athlétiques, il y a eu la 12ème " Conférence mondiale des médias ", le 5ème " Conseil au sommet pour la paix mondiale " honoré de la présence de Stanislas Schouchkevitch, Président de la nouvelle République de Biélorus, d'Edward Heath, ancien Premier Ministre britannique (entre autres) ; la 3ème " Assemblée Mondiale des Religions ", présidée par le métropolite Mar Gregorios, chef de l'Eglise orthodoxe de l'Inde ; la Convention de la " Fédération des Femmes pour la Paix mondiale ", présidée par Mme Moon ; le 19ème ICUS (" International Congress on the Unity of the Sciences ") (sujet : " Valeurs absolues et Nouvel ordre mondial ") ; et le 5ème Congrès de l'Académie Mondiale de Professeurs pour la Paix ". Des participants à ces manifestations (tous frais payés, comme d'habitude) ont été invités au mariage, et " très impressionnés ". Mgr Gregorios a déclaré que ce genre de mariage était promis à un plus grand succès que les formes courantes en Occident. D'ailleurs, 3.000 couples musulmans ont été mariés au cours d'un mariage collectif au Soudan ette année, et des Chrétiens syriaques orthodoxes ont célébré des mariages collectifs en Inde.
Ajoutons que les 20.000 mariés non-Coréens ont été obligés de subir un test de dépistage du virus du SIDA. Il a fallu pour cela faire venir des équipes de médecins du Japon, les médecins coréens n'y suffisant pas. Comme il se passe des mois et souvent des années avant que les " bénis " soient autorisés à consommer leur union, ils auront le temps d'avoir et même de confirmer les résultats...
Sources: The Wall Street Journal 24/08/92 ; The
Washington Times (journal de Moon) ; The London Times, 26/08/92.
Extraits du prospectus, distribué à Paris sur la place publique, en mai 1995 :
"Beaucoup de ... couples salit déjà marié dans le cadre de leur propre religion ; sans la quitter, ils veulent, ensemble, prendre un nouveau départ." ...
"Renseignez-vous : Mariage International pour la Paix Mondiale ...
"Demandez la brochure: De vraies familles pour guérir le monde, 36 pages, 15 F ou 5 timbres à 2,80 F."
Sur les 360.000 couples mariés (ou re-mariés) par Moon, 36.000 seulement ont été "bénis" par leur "vrai Père" au stade olympique de Séoul. Depuis plusieurs jours, des pluies catastrophiques s'abattaient sur la Corée, détruisant routes, ponts, récoltes, maisons, faisant de nombreuses victimes. Nullement ému, Moon et sa femme, dans leurs robes blanc et or, coiffés de couronnes dorées, et bien abrités, ont présidé la cérémonie; les mariés se protégeaient comme ils pouvaient sous des housses en plastique...
Selon le Washington Times (journal de Moon) du 26/08/95, il y avait plus de 400.000 couples en tout, dont plus de la moitié en Afrique. (Ils n'étaient pas tous de religion mooniste), ceux qui n'étaient pas à Séoul se sont réunis devant des écrans de télévision, la cérémonie étant retransmise par satellite. Là où la retransmission n'a pas fonctionné, on s'est contenté de passer la cassette vidéo du mariage de 1992.
La contribution aux frais était fixée, selon ce journal, à un minimum de 500 $ par personne pour l'Amérique du Sud, 2.000 $ pour l'Amérique du Nord, 29.000 $ pour les Japonais, sans compter les frais de voyage. Mais, remarque sereinement un porte-parole de l'organisation, des couples de la classe moyenne, japonaise dépensent souvent 100.000 $ pour leur mariage (500.000 Fr.) mais pour ce prix, ils offrent un banquet à leurs parents et amis, et les époux sont présents en chair et en os, ce qui n'était pas le cas pour bien des mariés de Moon, qui se contentaient d'une photo.
Toujours selon le journal de Moon, les Africains n'ont rien à payer: "les membres occidentaux, et spécialement l'église du Japon (sic) subventionnent les participants d'Afrique et d'autres pays pauvres".
"Dans plusieurs pays du Tiers Monde, notamment en Afrique, des gouvernements ont encouragé et même aidé la réalisation de ces mariages" (ils espéraient encourager ainsi la monogamie et enrayer la progression du SIDA)
(Signalons qu'une mooniste française a été
mariée cette année pour la troisième fois, chaque
fois à un homme différent).
Les moonistes se vantent d'avoir très peu de divorces. En principe il ne doit pas y en avoir puisque le Père (Moon) est totalement " clairvoyant " et sait infailliblement parmi les candidats au mariage, qui doit épouser qui.
Par exemple, une jeune Japonaise mariée par Moon en 1992 a passé 3 ans en Corée, sans être autorisée par l'organisation à vivre avec son mari. Elle distribue le Segye Ilbo (journal de Moon). Ayant compris qu'elle avait été trompée, elle s'est échappée. Sans ressources, elle a été accueillie par une famille de chrétiens à Séoul. En février 1996, elle a pu retourner au Japon, où elle vit maintenant parmi les d'autres anciens adeptes essayant de retrouver une vie autonome. Après s'être sauvée de la secte, elle a pensé bien des fois à se suicider, dit-elle. Elle reprend goût à la vie. Ce n'est qu'un exemple parmi beaucoup d'autres.
Si les moonistes peuvent prétendre qu'il n'y a pas de divorces parmi les mariés de Moon, c'est aussi que les nouveaux mariés doivent souvent attendre plusieurs années avant d'être autorisés à consommer le mariage. Pendant ce temps, en général, il n'y a pas de mariage civil (sauf si la secte y trouve son avantage: obtention de permis de séjour, par exemple). Bien des adeptes quittent pendant cette période, mais les divorces ne sont pas plus officialisés que les mariages.
Même pour ceux qui ont procédé au mariage civil, il y a beaucoup de divorces à la suite de défections. Beaucoup d'annulations de mariage ont lieu au Japon, d'autres sont en cours.
Les choses prennent parfois une tournure dramatique. Ainsi, une Japonaise mariée par Moon à un Coréen, mère de deux enfants, avait engagé une procédure de divorce. Elle avait confié ses enfants à sa mère, au Japon (Préfecture de Fukushima, au nord de Honshu). Le 15 mars 1996 au matin, le Coréen a tenté d'emmener les enfants de force. Sa belle-mère a voulu l'en empêcher, mais il l'a poignardée, puis étranglée. Il a été arrêté peu après (de notre correspondant au Japon).
En France, des cas de divorce nous ont été signalés.
Une famille a signalé que sa fille a été mariée
en août par Moon, pour la troisième fois. Les deux premiers
maris avaient disparu. Elle n'avait été mariée civilement
qu'au premier d'entre eux. Heureusement, elle n'a pas eu d'enfants. Mais
l'ADFI connaît bien d'autres cas de divorce, souvent douloureux et
difficiles, quand les conjoints sont de nationalité différente,
et qu'il y a des enfants.
30 novembre 1997, Stade Robert F. Kennedy à Washington DC : temps froid et couvert. 2.500 couples moonistes, en grand costume de mariés, sont bénis par S. M. et Mme Moon, en robes blanc et or, hautes couronnes dorées sur la tête. Une section du stade est occupée par des mariés, dont des mariés solitaires, tenant à la main la photo du partenaire.
Le stade de 52.000 places n'est rempli qu'aux 3/4. Les moonistes travaillaient pourtant d'arrache-pied depuis des mois, dans le monde entier, proposant des tickets d'entrée à 70 $ aux couples de tous âges et de toutes religions, sous couvert d'une « Fédération de Familles pour la Paix dans le Monde et l'Unification » (nouveau déguisement de l'organisation Moon). Dans les rues, les jardins publics, au porte-à-porte. Dans la région de Washington, les derniers jours, les prix avaient baissé - finalement c'était gratuit.
Même ainsi, pas moyen de remplir le stade, malgré l'annonce d'un programme divertissant après la cérémonie. Le clou devait être un tour de chant de 45 minutes de la chanteuse Whitney Houston. Las : elle s'est fait porter malade au dernier moment. Le carton-repas tenant lieu de banquet de noces se dégustait dehors : morceau de volaille, riz et haricots rouges, tranche de gâteau. Les invités de marque ont eu droit à un vrai déjeuner, servi à l'intérieur.
Mais ce n'était là, parait-il, qu'un petit échantillon des 3.600.000 couples annoncés par Moon. Mieux, dix jours avant l'événement, Moon annonçait dans son Washington Times (19/11/97) qu'ils seraient ... plus de 36 millions, grâce aux efforts de tous (Et pour 2001, il en annonce 360 millions !). Ils sont impossibles à décompter, car les lieux ne sont pas précisés, les couples devant assister, devant un écran de télévision, à la cérémonie transmise par satellite. Cette année, les organisateurs ne pouvaient préciser où la réception télé serait possible.
La semaine précédant le mariage se tenaient dans les hôtels les plus chers de Washington les habituelles conférences moonistes : de scientifiques (ICUS), de religieux, des médias, des femmes ... Beaucoup des célébrités annoncées brillaient par leur absence : Benazir Bhutto, ancien Premier ministre du Pakistan ; Lou Dobbs, de CNN. Gamilia Anouar Sadate, la fille du Président égyptien assassiné, a fait savoir qu'elle avait été trompée sur la véritable identité de la puissance invitante. Mais Maureen Reagan, la fille de l'ex-Président, était fidèle au poste.
Ce désappointement a mis en rage les dirigeants moonistes. Il fallait un coupable : ce fut le Washington Post, le grand journal que Moon voulait supplanter. La semaine précédente, le Washington Post avait publié une série d'articles, très bien documentés, récapitulant l'histoire du moonisme, une grande partie de ses entreprises (industrie, commerce, pêche, presse, etc.) partout dans le monde. Selon les spécialistes consultés, ces entreprises ne dégagent pas, bien loin de là, les bénéfices alimentant les énormes dépenses de Moon.
Le coréen Dong Moon Joo, président de la Washington Times Corporation, a publié sur une pleine page du journal (28/11/97) une violente diatribe contre M. Donald Graham, président du Washington Post. M. Joo accuse M. Graham de s'en prendre à Moon, de façon déloyale, pour éliminer un concurrent. M. Joo passe aux menaces : il pourrait révéler les affaires louches de la société du Washington Post ; les mauvais traitements infligés aux employés, etc.
Et si les invités de Moon ont boudé la fête, c'est
parce que les journalistes du Washington Post auraient « harcelé
» au moins 30 des orateurs invités par Moon...
Traduction par Michel Leblank
(Source : Indemnity Ceremony ((Beating Your Spouse))
Cette cérémonie ne saurait représenter une quelconque valeur pour Dieu. Ce n'est rien d'autre qu'une pratique de malade dans une secte destructrice ayant des rituels bizarres et secret ; et non pas ouvertes, honnêtes et saines.
Il est intéressant de noter qu'un jeune homme qui avait été arrêté parce qu'il mettait en pièces des voitures à Singapour il y a quelques années, ait dû supporter un châtiment comparable. Il s'en est suivi un tollé d'indignation contre l'inhumanité de ces châtiments corporels en public. Même le président des Etats-Unis les avait dénoncé. Mais des millions de moonistes ont subi le même châtiment barbare, la moitié d'entre eux étant des femmes. C'est absolument consternant. Cette aberration n'a été conçue, comme tant d'autres pratiques de l'Église de l'Unification, que dans le but de maintenir l'adepte dans un état de dépendance infantile.
Entre autres exemples, les adeptes sont obligés de s'assoir sur le plancher lors des conférences de Moon, tandis que le gourou trône comme un roi au-dessus de l'assemblée, installé dans une chaise confortable. S'assoir sur le plancher, avec lui au-dessus de vous, vous amène à le voir comme une figure paternelle ce qui represente une forme de contrôle pour dominer complètement les membres. Le mooniste doit attendre une permission pour faire pratiquement quoi que ce soit en tant que membre à temps plein. Le mooniste est constamment corrigé et doit tout demander, ce qui est très infantile. Pour cette raison, beaucoup de membres, y compris dans la quarantaine, ressemblent véritablement à des enfants, mais pas dans le bon sens du terme. Bon nombre d'entre eux été en fait recrutés par Moon dans la vingtaine, dépendant de Moon et des leaders comme toujours face à leurs décisions. C'est un effet secondaire tragique de cette secte. Les membres croient que ces regards angéliques constituent la preuve que Moon les a rendus " purs et innocents ", alors qu'ils sont simplement enfantins.
Nagano (Japon) : 9 avril 98, la mairie reçoit une demande de l'organisation Moon : celle-ci veut louer la patinoire couverte pour les 9-11 juin. Douze associations demandent au maire de ne pas accueillir la mascarade mooniste. L'organisation est de plus en plus controversée au Japon où elle a été récemment condamnée en justice ; plusieurs procès sont encore en cours. À la mi-avril, soulagement : les moonistes retirent leur demande. Les festivités auront lieu à New York du 25 et au 27 juin. (Mainichi Daily News, 17/4/98)
Comme il est maintenant d'usage, quelques milliers de couples seront unis par M et Mme Moon en personne. Le reste recevra la " bénédiction " à distance lors d'une retransmission par satellite télé. Selon le bulletin des moonistes français (Liaison du 15/2/98), il faut trouver 76.247.000 couples pour l'Europe, dont 8.700.000 pour la France. En février, on en avait recruté 815 pour la " prébénédiction ". Les tarifs pour la prochaine " bénédiction " : " matching " (attribution des conjoints) 1.400 $ par personne ; " prébénédiction " : 1.400 $ (mari et femme). Désormais, la condition pour changer le " lignage du sang " (faire des nouveaux mariés les enfants du couple Moon, et non plus de leurs parents), est la " cérémonie du vin ". C'est efficace même si les intéressés ne savent pas de quoi il s'agit. Un mooniste de Lyon, père de six enfants scolarisés, explique qu'il emporte sa bouteille de vin partout ou il va, pour en faire boire aux couples qu'il rencontre (aux réunions de parents d'élèves, d'association sportive culturelle, etc.) ; il offre même des petits gâteaux. Au besoin, on peut bénir un seul conjoint, et donner de ce vin aux enfants, même aux bébés, pour "changer leur lignage". Le mooniste lyonnais ne précise pas si les gens qui ont bu de son vin ont été ensuite invités à payer, ni s'ils ont consenti.
[Résumé]
12.000 couples se sont dits " oui " dimanche lors d'un mariage-monstre, organisé dans le stade olympique de Séoul. Environ 30.000 autres couples ont également venus pour renouveler leurs voeux. Selon un porte-parole de la secte, c'était " le plus grand mariage jamais organisé ".
" Mes parents se sont mariés de cette façon. Je suis très heureuse de partager ce bonheur avec tous ces gens ", a déclaré Yuko Itou, une des heureuses mariées. Elle ne voyait rien d'étonnant au fait d'épouser un homme qu'elle ne connaissait pas deux jours auparavant, et qui a été choisi par le " Messie " à partir de photographies. " Cette méthode ", a souligné Yuko, " est impossible à expliquer du point de vue scientifique ".
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