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France : Sectes
Le Parisien ,1er février 2000 par Jean-Louis Ruchon
[Texte intégral]
Le Docteur gourou Geerd Hamer, 64 ans, a joué l'Arlésienne hier en correctionnelle
L'ex-médecin allemand, dont la méthode de guérison du cancer lui a valu radiation et peine de dix-neuf mois de prison dans son pays, ne s'est pas présenté devant le tribunal (voir nos éditions d'hier).
Mis en examen pour " complicité d'exercice illégal de la médecine, complicité de non assistance à personne en danger et escroqueries ", il s'est contenté d'une lettre dans laquelle il affirme " qu'il n'a pas à se justifier " et que " sa méthode était vérifiée et juste ".
Ce que ne mettront à aucun moment en doute les deux autres prévenues, bien présentes quant à elles. Marie-Thérèse Gros, 70 ans, enseignante retraitée, qui avait participé en 1985 à Chambéry à la fondation de l'association Stop au cancer, explique avoir été séduite par le docteur Hamer dont elle avait suivi des conférences. Dans son appartement de Chambéry qui servira un temps de siège à l'association, elle recevra bon nombre de patients pour des " consultations ".
Traitements interrompus
Même si elle nie les faits, les scanners qui y ont été découverts et les écoutes téléphoniques sont sans équivoque. Andrée Sixt, 52 ans, ancienne infirmière, appliquait pour sa part à la lettre les préceptes du " maître ". Elle a incité plusieurs patients à interrompre leur traitement pour " ne pas troubler leur guérison ". Cette guérison, selon elle, ne pouvait que survenir après qu'elle leur a révélé l'origine " psychologique " de leur mal. Trois d'entre eux sont morts, refusant tout traitement classique.
Ni Marie-Thérèse, ni Andrée ne semblent douter de la valeur scientifique de leur " maître " dont elles évoquent, document à l'appui, la valeur reconnue par l'université de Bratislava (Slovaquie). Mais le Pr Thierry Philip, président de la Fédération nationale des centres de lutte contre le cancer et directeur du centre lyonnais Léon-Bérard, vient expliquer que Bratislava ne possède pas de faculté de médecine, mais un simple service d'éducation pour la santé. Le document attestant des qualités scientifiques du médecin allemand n'est qu'un faux.
Cela n'émeut pas ses deux disciples.
Pas plus que le témoignage du professeur Simon Schraub, directeur du centre anticancéreux de Strasbourg, venu évoquer la mort, dans de terribles conditions, des patients du docteur Hamer qui ont refusé tout traitement.
Ils avaient suivi les conseils insensés d'Andrée Sixt.
France : Eglise du Christ de Paris
Phosphore n° 54 1er Février 2000, par Michel Guyon
[Texte intégral]
Seul à Paris, Yassenko voulait juste se faire des amis. Mais son rêve d'intégration s'est changé en cauchemar d'oppression. Témoignage
C'est sans souci que Yassenko traverse aujourd'hui la rue. Cette
même rue du quartier Saint-Germain, à Paris, où sa vie a pourtant connu un "
fâcheux contretemps", comme il dit.
C'était en 1995. Deux ans plus tôt, Yassenko se réfugiait en France pour fuir Sarajevo, la guerre et les miliciens qui voulaient l'embrigader. "Je parlais français mais j'étais un peu paumé, je ne devais pas passer inaperçu", explique le basketteur du haut de son 1,94 m.
A l'image de ces jeunes de province, venu étudier dans la capitale,Yassenko, 22 ans, inscrit en 1ère année de droit à Assas, s'avère être une proie idéale pour l'Église du Christ.
La première fois que les adeptes de cette secte l'accostent, il se dit "intéressé, sans plus" par les soirées avec étude de la Bible qu'on lui propose. Mais il se sent seul. Peu d'amis, peu de sorties.
L'ÉGLISE DU CHRIST INTERNATIONALE Selon le magazine américain Time, cette secte connaît le plus fort développement au monde. C'est aussi une de celles dont le caractère sectaire est le plus dur à détecter. Créée en 1979 aux USA, l'Église du Christ internationale compte plus d'une centaine de "congrégations" dans le monde. Elle est implantée en France depuis 1986 et cible prioritairement les jeunes, étudiants en particulier. Elle propose "la recherche dans les Écritures de ce que l'Église de Jésus devrait être". Plus largement, elle se présente comme un mouvement jeune et généreux opposé à la société moderne "hypocrite et inhumaine". |
Quatre mois plus tard, lorsqu'il croise de nouveau les jeunes de " l'Église", Yassenko accepte leur invitation. Il y voit surtout "l'occasion de se faire des amis". Et des "amis", il va en avoir "clés en main".
"Dès le premier rendez-vous, dans la salle du cinéma Grand Rex, note l'invité, je me suis senti très entouré."
Davantage encore trois jours plus tard, à l'occasion d'une rencontre plus intime, dans un appart "Les jeunes étaient attentionnés, chaleureux." C'est ce qu'on appelle le "love bombing", le "bombardement d'amour". De quoi séduire les moins convaincus par l'étude - très orientée - de la Bible. D'ailleurs, "on parle religion mais c'est clair que l'essentiel est ailleurs", remarque vite Yassenko.
Au fil des soirées, ses hôtes le questionnent longuement sur ses peurs, ses goûts, ses attirances, y compris sexuelles. En fait, "la secte constitue une fiche sur chaque adepte potentiel, rien ne doit lui échapper", explique Mathieu Cossu, spécialiste de la question à l'association antisectes ADFI (Association pour la défense des familles et de l'individu).
Humiliations et "Sacrifices"
Un mois durant, les réunions se multiplient, jusqu'à quatre par semaine. Et jusqu'au baptême! "Il fallait y passer, obligatoire", ironise Yassenko. Et il y passe dans une baignoire, en slip, devant une trentaine de personnes. D'autres auront moins de chance et feront trempette dans la fontaine du Trocadéro!
À partir de là, " le façonnage commence", note Mathieu Cossu. Vient le temps des "sacrifices" : pas de vacances dans les villes où "l'Église" n'a pas une antenne, interdiction formelle de regarder les filles et de se masturber. Le tout couplé à des "devoirs", la confession notamment, en groupe. "Si on ne respecte pas les interdits, on doit s'humilier et la secte nous fait constamment culpabiliser", raconte Yassenko.
Pour parachever cette emprise, Yassenko est incité à prendre un appart avec des adeptes. Ils seront trois dans 30 m2, quand d'autres s'entassent jusqu'à six sur une surface identique. "Les clashs entre colocs étaient quotidiens", raconte Yassenko, qui quittera sa tante comme d'autres quitteront leurs parents. "Après ça, la secte va contrôler totalement les adeptes qui se contrôlent entre eux", note Mathieu Cossu.
Chacun est chargé d'épier le voisin et ne doit rien cacher à son formateur, à qui il est impératif de téléphoner une fois par jour. C'est également lui qui contrôle la vie amoureuse des locataires, "invités" à ne pas sortir en couple. Parfois, le chaperon va jusqu'à demander à l'adepte de faire une liste des filles de " l'Église" qui lui "plaisent."Il est sûr de ne jamais sortir avec elles", assure Yassenko, qui a vu la secte "pousser des homos à se marier ou défaire des couples juste avant leur mariage, soi disant parce qu'ils n'avaient pas le même niveau de foi".
La secte quadrille la ville
À chaque jour son nouveau lot de "devoirs" : se lever tôt (5 heures), prier une heure et ne pas oublier les réunions du soir. Entre-temps, pas question de chômer.
Direction la rue et les facs pour conquérir de nouveaux adeptes.
Très vite, Yassenko s'aperçoit que " la secte quadrille la ville". Une
fois par semaine, les jeunes de
" l'Eglise" se retrouvent au sous-sol d'un restaurant. On s'y fixe des
objectifs en terme d'étudiants à recruter et d'argent à collecter.
Certains donnent 500 F par semaine
S'appuyant sur une interprétation très personnelle de la Bible, la secte demande à ses adeptes de donner 10 % de leurs revenus." Avec mes 70 F, je n'étais pas intéressant, note Yassenko, mais certains, qui ont des parents aisés, donnaient 500 F par semaine."
Le tout multiplié par 22 lors de la collecte annuelle, destinée à de mystérieuses missions humanitaires à l'étranger.
Et la fac dans tout ça ? Les étudiants sont incités à bosser comme des dingues. " Pas de session de septembre, passez des nuits blanches s'il le faut", stipule un document interne à la secte. Et "choisissez des options et des UV qui ne vont pas empiéter sur les horaires de l'Église". Yassenko rate son année, comme beaucoup d'autres. "On nous disait "Vous n'avez pas la foi, c'est pour ça que vous échouez" : En réalité, on était crevé." Au bout d'un an et demi, fort d'un"esprit encore libre",Yassenko décide de prendre une chambre en cité U. La secte essaie de l'en dissuader. En vain. Certains le suivront.
Mais " comme la secte te prend tout ton temps, quand tu pars, tu n'as plus rien", souligne Yassenko.
Sans compter que le monde extérieur est diabolisé. Les formateurs font ainsi courir le bruit que Mathieu Cossu "déprogramme" dans sa cave les ex adeptes qu'il reçoit !
" Du coup, soupire Yassenko, il y en a pas mal qui retournent dans "l'Eglise". Et cette fois, sûrement pour longtemps..."
France :Sectes
Phosphore n°224, 1er Février 2000, par Michel Guyon
[Texte intégral]
Sur le campus ou dans la rue, la chasse est ouverte.
Pour séduire les jeunes, les étudiants de préférence, les sectes ont des méthodes aguerries . Décodage.
Au centre Roger-Ikor, une des principales associations anti-sectes, cela fait déjà quelques années que l'on a fait ce constat. " Ce n'est pas une preuve, explique la directrice, Patricia Casano, mais la majorité des victimes qui viennent nous voir, des jeunes filles surtout, sont au lycée ou viennent d'entrer en fac."
À chaque visite ses témoignages, ses souffrances personnelles. Néanmoins, note Patricia Casano, "il y a beaucoup de points communs dans les histoires de tous ces jeunes". Le premier contact avec la secte, notamment. Souvent direct, toujours habilement amené.
A l'affût des viandes crues.
Premier lieu de "chasse" : la rue, ses bouches de métro, ses Abribus.
L'Église de scientologie est très forte dans ce registre. Elle aurait disposé ses antennes régionales à proximité de rues très passantes, pour être au contact de ceux qu'elle nomme les " raw meat", les "viandes crues". Si ça ne mord pas, on improvise un petit concert dans un square, sous couvert de l'association "Non à la drogue, oui à la vie". C'est vendeur.
Une fois l'embuscade tendue, reste à donner l'assaut. En première ligne, des jeunes filles et des garçons, style jeunes cadres dynamiques, charmants.
Leur arme: un test de personnalité, intitulé Test Oxford Capacity
Analysis. Difficile d'y déceler la trace de la Scientologie, qui n'apparaît
qu'en petits caractères. Mais dans l'esprit, tout y est. "Mangez-vous
lentement?", "Êtes-vous favorable à la ségrégation
raciale et à la distinction des classes sociales ?" Au total,
200 questions banales ou profondes. Accepter d'y répondre revient à
se dévoiler. Et à s'exposer à un verdict sans surprise.
Toujours négatif.
"Le but, explique Jean-M. Abgrall, psychiatre, est de vous montrer
que vous n'utilisez pas à fond vos capacités mais qu'on peut vous
aider à y parvenir."
Grâce à des cours ou des cassettes.
En somme moyennant finances: "Si les étudiants pensent que le "registrar" ,( le chargé d'inscription) est là pour les aider,vous pourrez faire parvenir des flots à l'unité des finances sans vous casser la tête" stipule une consigne inerne à la scientologie.
Les "nouveaux chômeurs" bardés de diplômes
sont une cible toute désignée. "Comme ces jeunes vont
s'en sortir à court terme, l'idéal, pour la secte, est de leur
faire croire que ce sera grâce à elle", note Jean-Marie
Abgrall.
La scientologie a ainsi infiltré les files d'attente de l'ANPE, comme
on l'a vu à Toulon notamment : des jeunes se sont retrouvés en
formation dans des entreprises d'Europe du Nord, sous contrôle scientologue
avec le voyage payé par les ASSEDIC ! Au programme : initiation à
l'informatique
et aux écrits du père de la Scientologie,
Ron Hubbard.
Les étudiants restent cependant le meilleur "marché"
des sectes.
L'Eglise du Christ leur a même réservé un secteur spécial, comme aux Antillais ou aux Africains. On mise sur la proximité. Seuls les étudiants abordent d'autres étudiants qui racontent souvent la même histoire :"J'avais l'habitude de m'asseoir seul sur un banc pour bouquiner devant la fac, c'est là que je me suis fait aborder."
Les lycéens résistent mieux que les étudiants.
Egalement dans la ligne de mire des jeunes "Missionnaires":
les clubs de gym et les bars proches des facs. Ainsi que la sortie des lycées
(ce sont les mieux cotés, avec les classes prépas) où -
sauf arrêté municipal - rien n'interdit aux sectes de distribuer
des tracts.
L'exercice n'est pas, pour autant de tout repos. Récemment, des élèves
du lycée Victor Duruy, à Paris, ont fait fuir, eux mêmes,
des scientologues qui distribuaient leurs tests devant l'établissement.
Un épisode qui vient renforcer le constat de Daniel Grocolas, chargé du dossier "sectes" à l'Education nationale : "Il est beaucoup plus facile de sensibiliser les lycéens que les étudiants d'université moins captifs".
De fait, les sectes se sentent comme chez elles sur les campus, collant leurs
affiches partout, inondant de tracts les boîtes aux lettres des cités
U. Sans oublier les invitations à des conférences plus ou moins
bidons. C'est la grande spécialité du mouvement
raëlien, qui prône l'amour des différences sur ses affiches
et le clonage humain en parallèle!
France :Eglise Universelle du Royaume de Dieu
Le Figaro ,2 février 2000 par Cyril Hofstein
[Larges extraits]
La Scala, auberge, caf'conç, music hall, cinéma ........, et peut-être bientôt centre culturel pour une église évangélique classée comme secte par le rapport du député Jacques Guyard,
Tout commence la semaine dernière, lorsqu'un représentant de la mairie du Xe arrondissement s'inquiète de la présence d'ouvriers et d'engins de travaux devant la façade du 13, boulevard de Strasbourg et prévient immédiatement sa hiérarchie. " Lorsque j'ai constaté les faits, explique Michel Ottaway, premier adjoint au maire du Xe, j'ai immédiatement vérifié l'existence d'un permis de construire. Or il n'en existe pas à l'heure actuelle car les deux demandes déposées en 1992 par l'ancien propriétaire, ont été systématiquement refusées "
Toutefois les services de la Ville dépêchés sur place n'ont pu constater aucune anomalie. Les travaux entamés ne concernent en effet que des opérations de déblayage de gravats, qui, selon la législation en vigueur, ne nécessitent aucun permis.
Les choses auraient pu en rester là, lorsque le nouveau propriétaire de la Scala, association loi 1901 ÉURD (Eglise Universelle du Royaume de Dieu), a fait part de son projet de transformer les lieux en salle de réunion et en centre d'accueil pour personnes en difficulté.
En effet, cette association, également connue sous le nom d'Église universelle du royaume de Dieu, est assimilée à un mouvement sectaire par la commission d'enquête sur les sectes et par les Renseignements généraux.
Fondée en 1977 par un ancien employé de loterie au Brésil, cette église évangélique néopentecôtiste à tendance guérisseuse revendique 3 000 adeptes en France, recrutés principalement dans la communauté portugaise, et plus de 200 000 dans le monde.
En 1996. son chiffre d'affaires a été estimé à près de cinq milliards de francs, provenant des cotisations de ses fidèles mais aussi des opérations commerciales de son groupe multimédia, composé notamment d'une vingtaine de stations de radio dans le monde d'un hebdomadaire brésilien tirant à 800 000 exemplaires et d'une chaîne de télévision, TV Record.
L'association a également créé un parti politique au Portugal. Edir Macedo, le fondateur, a étendu son influence en Amérique du Sud, en Afrique du Sud, en Europe et aux États Unis. où il réside depuis que la justice brésilienne l'a poursuivi pour charlatanisme. " Nous réfutons totalement le qualificatif de secte et une procédure en diffamation est actuellement en cours, assure le président de la branche française de l'ÉURD. Nous sommes présents en France depuis 1993 et disposons déjà d'un local rue du Faubourg Saint-Martin. Le but que nous poursuivons est de réhabiliter cette salle comme elle a pu etre au temps de sa splendeur et en aucun cas de la détruire "
En 1995, ce mouvement religieux avait déclenché un véritable scandale à Porto, au Por tugal, en tentant de racheter um célèbre cinéma de la ville, le Coliseu, pour y construire un temple de 5 000 mètres carrés. Actuellement, I'ÉURD aurait plus de 2 500 temples dans le monde, dont un grand nombre sont d'anciennes salles obscures. " Je suis particulièrement préoccupé par la situation actuelle de La Scala, souligne Michel Ottaway, d'autant plus que cette salle se trouve sur le périmètre concerné par l'opération de réhabilitation des Grands Boulevards, annoncée en septembre 1998 par Jean Tiberi " Une rencontre est prévue aujourd'hui entre le propriétaire et la mairie du XIe.
France :Sectes
Le Parisien, 3 février 2000 par Sophie Bordier
[Texte intégral]
Les sectes ont du souci à se faire.
L'antenne départementale du Comité contre les manipulations mentales Roger-Ikor a ouvert ses portes hier matin à Pontault-Combault.
Un bureau, un téléphone et déjà de nombreux appels téléphoniques durant cette première permanence tenue de 9 heures à midi.
Objectif de Jean-Marie Baudry, délégué départemental et régional du CCMM : répondre aux appels au secours des personnes touchées par ce fléau. " Nous définissons d'abord le caractère sectaire ou non du mouvement en question. Par exemple, l'association Krishna de Gretz n'est pas une secte... Il ne s'agit pas d'affoler les gens ! ", insiste Jean-Marie Baudry. " Puis nous apportons un éclairage sur l'arsenal législatif existant en la matière. Nous comptons aussi mener une grande campagne d'information contre les sectes dans les établissements scolaires, écoles, collèges, lycées et même universités. "
La Seine-et-Marne comble son retard.
Cette antenne départementale s'ajoute aux cinq autres du CCMM installées en Ile-de-France.
La Seine-et-Marne comble ainsi son retard. Il était temps. Quatre sectes d'importance sont déjà implantées dans le département : les Témoins de Jéhovah (treize sites), le Mandarom (siège Ile-de-France à Vaux-le-Pénil), Orkos au château de Montramé à Soisy-Bouy, près de Provins, et la Soka Gakkaï à Chartrettes, près de Melun. " La Seine-et-Marne les intéresse d'un point de vue immobilier, en raison des nombreux terrains qu'ils peuvent y acheter, à proximité de Paris ", explique Jean-Marie Baudry. Selon lui, les sectes trouvent également un terrain de prédilection dans le milieu citadin " où chacun vit pour soi, de manière individualiste ". Enfin, plus que jamais, l'heure est à la vigilance. " Les années 2000 et 2001 constituent des rendez-vous millénaristes durant lesquels les sectes vont faire le forcing"
France :Le Mandarom
France Soir, 3 février 2000 par Jean-Michel Verne
[Extraits]
Le Mandarom veut construire un temple colossal de 27 mètres à
Castellane
Les " Chevaliers du Lotus d'or " ne baissent pas le bouclier.
Malgré le précédent échec de la construction d'un
gigantesque temple pyramide sur les hauteurs de Castellane, les adeptes de la
secte du Mandarom viennent de déposer une nouvelle demande de permis
de construire.
Ce projet n'est en rien comparable avec le mégalomaniaque édifice
voulu jadis par le gourou Gilbert Bourdin, mais dans le village on s'inquiète
devant la perspective de voir pousser au-dessus du lac de Castillon et au beau
milieu de ce cocktail architectural un bâtiment de 2300 m2 au sol et de
27 mètres de haut.
Cette nouvelle offensive urbanistique de la secte est d'autant plus étonnante que voici quelques mois le tribunal de grande instance de Digne a ordonné la destruction de la statue à l'effigie du gourou disparu en 98. Si les 33 mètres de béton doré trônent toujours sous les regards ébahis des touristes de passage, le sort de la construction ne tient plus aujourd'hui qu'à la décision de la Cour de Cassation. La Cour d'appel d'Aix-en-Provence a de son côté confirmé le jugement des magistrats des Alpes-de-Haute-Provence.[.....]
Après la mort du gourou, la secte du Mandarom reste toujours active avec des projets pharaoniques.[.....]
Ce projet a-t-il une chance d'aboutir ? Le maire de Castellane dit qu'il serait surprenant que ce permis puisse être accordé. Les écologistes de l'association de protection des lacs et sites du Verdon restent "vigilants ". " Nous attaquerons, comme nous l'avons toujours fait tout permis de construire accordé à cette secte dangereuse et dont la commission d'enquête parlementaire sur les sectes souhaite la dissolution " affirme Rober Ferrato. Le président de l'association s'étonne que, tout récemment, les responsables aumistes aient été reçus à la mairie pour présenter leur vux .
France :Soka Gakkaï
Midi Libre, 3 février 2000 par E.D
[Texte Intégral]
Contrainte par un jugement de laisser un droit de visite au père membre de la secte, elle vient de débuter une grève de la faim.
Une femme de 37 ans vient de débuter une grève de la faim chez
ses parents à Aspiran, non loin de Clermont l'Herault. Elle proteste
contre la décision prise par un juge aux affaires familiales toulonnais
d'accorder au père de sa fille un droit de garde partiel , alors qu'il
est un membre du mouvement sectaire Soka Gakkaï.
" Il se cherchait, il était en quête de vérité
qu'il ne trouvait pas dans le christianisme ",raconte-t-elle pour expliquer
le choix spirituel de son ancien concubin.
Le couple vit alors dans le var.. En 1995, suite à une agression, l'homme
va s'inscrire dans un club d'arts martiaux de la ville, se réclamant
du mouvement laïque du bouddhisme orthodoxe et y vénère le
maître comme un second père..
Tandis que naît la fille du couple (cinq ans aujourd'hui) il s'implique de plus en plus au point de donner six mois à sa compagne en 1997, pour devenir bouddhiste. " Il disait que mes karmas étaient mauvais, me culpabilisait mais j'ai ma foi "
Le couple vole en éclats. Une procédure oppose alors les parties pour la garde de l'enfant que le père voudrait "purifier".
Soupçonnant un embrigadement sectaire, la mère découvre que derrière le club d'arts martiaux se cache la Soka Gakkaï une des plus importantes sectes en France (6000 adeptes) et la plus développée dans le monde ( 17 millions d'adeptes) selon le rapport parlementaire " Les sectes en France, " la Soka Gakkaï , mouvement de type orientaliste " est au Bouddhisme ce que les Témoins de Jéhovah sont au Christianisme " Son principe tient en la récitation du Daimoku devant le Gohonzon (texte sacré et principal objet du culte), plus on récite et plus les vux seront exhaucés.
Effrayée par le " conditionnement mental " et craignant pour son enfant,la mère est " comme un zombie " quand elle décide de fuir le Var " où on me prenait pour une folle " pour se cloîtrer "comme une bête terrorisée " pendant huit mois dans la maison parentale à Aspiran.
" Il a fallu un an pour que ma fille retrouve ses esprits. Mais elle sort comme hypnotisée des visites de son père, il lui récite ses mantras. Il a essayé avec moi des déclarations d'amour, puis l'intimidation. Il voulait que j'intègre la secte avec ma fille pour devenir membre supérieur ".
Cette semaine, un juge des affaires familiales de Toulon lui a ordonné de confier la fillette à son père, un week-end sur deux et la moitié des vacances scolaires. Interdiction est faite au père d'emmener l'enfant à la Soka Gakkaï.
Ca ne la rassure pas. Elle entame une grève de la faim " pour
qu'on me prenne au sérieux. Etre victime d'une secte c'est une maladie
honteuse et personne n'en parle "
La grand mère aussi a peur pour sa petite fille : " on ne vit plus, on nous a arraché notre vieillesse. Je ne voulais pas que ma petite fille subisse cela. C'est un grand gâchis. "
Chine :Falungong
Libération, 7 février 2000 par Anne Loussarn
[Texte intégral]
Une cinquantaine d'adeptes de la secte ont été arrêtés place Tiananmen
Au moment où les pétards célébrant l'année du Dragon retentissaient dans Pékin, la police a violemment réprimé une manifestation des membres de la secte Falungong dans la nuit de vendredi à samedi sur la place Tiananmen, arrêtant une centaine de personnes.
A l'approche de minuit, des adeptes du mouvement de qigong d'inspiration boudhite ont tenté de déployer des banderoles en face du mât qui porte le drapeau national. D'autres, émergeant des passages souterrains qui mènent à la place, se sont assis dans la position du lotus, une posture de méditation caractéristique du Falungong
La police, convergeant des quatre coins de la place, s'est abattue sur les manifestants, insultant et battant brutalement les adeptes à coups de pied et de poing avant de les emmener dans des fourgons. Une personne aurait perdu connaissance. Au bout d'une demi-heure, des renforts de police ont bouclé la place pour empêcher toute personne d'entrer, alors que les derniers badauds étaient expulsés.
Ce nouveau défi de Falungong au pouvoir est le plus spectaculaire de ces derniers mois.
La place Tiananmen est régulièrement le théâtre d'arrestations depuis que Falungong a été interdit, le 22 juillet, trois mois après une manifestation de plus de 10000 personnes en face de Zhongnan hai, le coeur du pouvoir à Pékin.
Les adeptes se rendent régulièrement sur la place Tiananmen, en face de la cité interdite, pour protester contre la campagne de répresion menée par le gouvernement.
Ils auraient tenté, en Janvier de déployer un portrait de leur gourou, Li Hongzhi sur celui de Mao Zedong qui trône sur la porte de la Paix céleste.
Selon le Centre d'information sur les droits de l'homme et la démocratie en Chine, basé à Hong-kong, 5 000 membres de Falun gong ont été envoyés en camp de travail, une peine administrative généralement d'une durée de trois ans qui ne nécessite pas de procès, et 300 adeptes condamnés à des peines de prison depuis septembre.
Parmi les dernières victimes de cette campagne répressive figure Jiang Zhaohui, organisateur d'une conférence de presse clandestine de Falungong à laquelle avaient assisté quelque journalistes étrangers en poste Pékin.ll a été condamné à douze ans de prison lors d'un procès secret, a affirmé hier aux Etats-Unis un porte-parole du mouvement
France :Sectes
Libération, 8 février 2000, par Daniel Licht
[Texte intégral]
Alain Vivien, président de la Mission interministérielle de lutte contre les sectes, créée il y a deux ans, a remis hier son premier rapport à Lionel Jospin.
Pour la première fois dans un document gouvernemental, la Scientologie est décrite comme un ennemi venant de l'étranger: "Les actions conduites par les scientologues désignés pour agir au sein de l'OSA (bureau des affaires spéciales, service de renseignement de la secte, (ndlr) semblent être commandées depuis le quartier général de la secte aux Etats-Unis et peuvent être qualifiées d'activités clandestines menées à partir d'une nation étrangère."
"Régulation".
Deux ans après sa création, la Mission interministérielle de lutte contre les
sectes (Mils) est arrivée à cette conclusion.
Développé au gré des 80 pages de son premier rapport - remis hier à Lionel Jospin par son président, Alain Vivien -, ce constat est contenu dans cette sentence qui résume un argumentaire précis: "Lorsque la répétition des infractions ou des crimes démontre la nocivité sociale de tels mouvements, un Etat de droit manquerait à ses devoirs de protection des libertés fondamentales en négligeant sa mission de régulation."
Dans ce document construit sur une rhétorique maniant habilement litotes et sous-entendus, le terme de "régulation" doit bien sûr être compris dans le sens de mission de répression. Un processus dans lequel la mission entend jouer son rôle de force de proposition. Notamment en rappelant que les armes actuellement disponibles pour les pouvoirs publics ne sont pas sans limites.
D'abord, parce que le droit pénal permet de sanctionner les individus sans s'attaquer aux structures responsables qui hébergent ces mêmes individus. Bref, on punit celui qui a fait mais "rarement celui qui a dit de faire". Et, plus grave, selon le rapport, "rien ne permet de dissoudre une association du Nord pour des faits commis par une association de même obédience et dont l'activité s'exerce de la même manière dans le Sud". Une allusion visant directement la secte Eglise de scientologie, impliquée dans de retentissants procès à Lyon et à Marseille, mais hors d'atteinte dans son siège d'Ile-de-France...
Certes, le rapport rappelle qu'en 1994, le code pénal a bel et bien intégré un décret loi du 10 janvier 1936 visant à dissoudre les groupes possédant une organisation militaire ou un service d'espionnage. Relevant d'une décision prise en Conseil des ministres, voire déférée au Conseil d'Etat, cette législation n'est toutefois jamais appliquée.
Jusqu'à présent, c'est le harcèlement fiscal qui a eu raison des Hare Krishna et de la secte Moon en France.
"Sécurité économique".
Aussi la Mils propose-t-elle d'étendre la notion de trouble à l'ordre public
"aux activités nouvelles dangereuses pour la sécurité intérieure ou la sécurité
économique". Visée encore une fois, la Scientologie,"vaste multinationale à
plusieurs facettes d'activités, dont le caractère commercial n'est pas douteux".
Mais aussi l'ordre du Temple solaire à propos duquel la mission préconise "des
mesures appropriées à prendre préventivement dans le respect des lois de la
République" à cause de "sa nuisance potentielle au vu des leçons du passé".
Hors rapport, mais suivie par la Mils, la Soka Gakkaï, secte japonaise new age à base d'un cocktail bouddhisant, repérée pour ses tentatives d'infiltration dans la base spatiale de Kourou en Guyane, où des "attitudes inacceptables sont restées sans sanction".
Toujours en Guyane, des sectes imposent leurs jours fériés et condamnent les travaux dits "profanes" dans la fonction publique et l'enseignement.
La Mils insiste, suivant la position des parlementaires en 1983, sur l'inutilité d'une législation spécifique. "En revanche", elle estime qu'il convient d'"adapter nos lois".
A cet effet, le rapport met en avant et encourage avec ferveur l'adoption de la proposition de loi du sénateur Nicolas About (DL) plaidant pour un dispositif destiné à dissoudre les sectes dangereuses (lire ci-dessous). Le texte a été adopté à l'unanimité par le Sénat le 16 décembre, dans une indifférence quasi générale. Sauf auprès des groupes sectaires, qui ont, pendant plusieurs semaines, littéralement inondé de courriers types rédactions et ministères pour dénoncer le caractère liberticide de ce projet.
Alain Vivien est conscient du risque que ferait courir une législation antisecte appliquée à mauvais escient. Ce n'est donc pas la référence spirituelle, réelle ou fallacieuse, qui est visée par le rapport.
Reproches techniques.
Dans ce qui apparaît comme la première tentative de définition des sectes,
Alain Vivien décrit le phénomène "comme une association de structure totalitaire
déclarant ou non des objectifs religieux, dont le comportement porte atteinte
aux droits de l'homme et à l'équilibre social". Plutôt que de se référer
à la liste issue du rapport parlementaire de 1995, inattaquable et très médiatisé,
qui peut parfois avoir l'effet de condamnation sans appel, la Mils tisse une
toile juridique pointilleuse. Par exemple, les pressions contre les adeptes
désireux de quitter une secte tombent sous le coup de deux articles cadrant
la liberté de changer de religion, dans la Déclaration universelle des droits
de l'homme et dans la Convention européenne de sauvegarde
des droits de l'homme et des libertés fondamentales.
Engagé dans la promotion du projet About, le rapport reste pourtant prudent sur le suivi législatif. D'ailleurs, dans une note confidentielle, le Premier ministre "invite les ministères concernés à réfléchir à des alternatives" à cause "des reproches techniques qui peuvent être adressés à ce texte", tout en reconnaissant que "le gouvernement n'a pas de meilleure solution disponible que celle proposée par le Sénat".
La législation antiligue de 1936 En envoyant une copie de sa proposition de loi au Premier ministre en septembre dernier, le sénateur Nicolas About (DL) n'imaginait pas que son texte serait soutenu aussi fermement par la Mils. L'idée d'une législation antisecte déclenche traditionnellement des cris d'orfraie, notamment à la chancellerie ou au ministère de l'Intérieur, au nom du principe constitutionnel de la liberté de croyance. Mais le texte, ravaudant la législation contre les ligues factieuses de 1936, prétend s'attaquer à tous les groupes dont la dangerosité est établie par l'accumulation des condamnations. De l'exercice illégal de la médecine à la fraude fiscale en passant par l'abus de confiance. "Il est clair qu'une épée de Damoclès doit être suspendue au-dessus de certains groupes. Pour en dissoudre les uns et faire rentrer d'autres dans le rang", estime le sénateur. D.L. Depuis la création de la Mission interministérielle de lutte contre les sectes (Mils), la Scientologie tremblait. Il y avait le nom ("lutte contre les sectes"), il y avait Alain Vivien, adversaire déclaré, et il y avait Matignon derrière. Aussi, depuis un an, les adeptes de Ron Hubbard multipliaient les recours contre la Mils et s'employaient dans l'art du lobbying qu'ils maîtrisent tant. Mieux: tout au long de 1999, le secrétariat d'Etat américain (l'équivalent du ministère des Affaires étrangères) envoyait des émissaires au Quai d'Orsay, histoire de demander à la France de mettre un peu d'eau dans son vin. En pure perte, donc. |
France :Sectes
Le Parisien, 8 février 2000, par Christophe Dubois
[Texte intégral]
Dans un rapport remis hier au Premier ministre,
la Mission interministérielle de lutte contre les sectes (Mils) préconise
la dissolution des mouvements les plus dangereux. L'OTS et l'Eglise de scientologie
sont particulièrement visés.
UN PAS est désormais franchi : le gouvernement envisage bel et bien de dissoudre les sectes les plus dangereuses, en particulier celles qui auraient été condamnées à plusieurs reprises. Cette proposition figure dans le premier rapport de la Mils (Mission interministérielle de lutte contre les sectes) remis hier au Premier ministre. Pour les " groupements d'essence et de comportement totalitaires ", la Mils préconise la dissolution et l'interdiction de reconstitution.
Elle s'inspire pour cela d'un décret-loi du 10 janvier 1936, qui était prévu à l'origine pour permettre de dissoudre les " groupes de combat et milices privées ", et a été, par exemple, appliqué au Service d'action civique (SAC) en 1982.
Deux secteurs très touchés
Cette proposition de loi a
fait l'objet de débats très vifs au sein même de la Mils
et de son conseil d'orientation dont au moins deux membres ont fait connaître
leur opposition . Le ministre de l'Intérieur, Jean-Pierre Chevènement,
avait également exprimé sa réticence face à ce texte
voté à l'unanimité par le Sénat
en décembre 1999.
Finalement, le Premier ministre a fait savoir qu'il ne s'y opposerait pas, moyennant des ajustements techniques. Selon son entourage, la loi de 1936 ne serait pas " le meilleur support juridique " et ne garantirait pas forcément la " liberté d'association et de conscience ", mais l'" objectif est le bon ".
Deux sectes sont précisément visées par une éventuelle dissolution : l'Ordre du Temple solaire (OTS) et l'Eglise de scientologie.
La Mils, présidée par Alain Vivien, s'est également penchée sur deux secteurs professionnels, dans lesquels les sectes sont très présentes.
Il s'agit des domaines de la psychothérapie et de la formation professionnelle.
Les psychothérapeutes n'ont aucun diplôme spécifique et ne sont soumis à aucune déontologie réglementaire. La même confusion règne pour les formateurs, via lesquels les sectes trouvent une bonne porte d'entrée dans les entreprises. La Mils préconise un meilleur contrôle de ces professions, notamment la mise en place d'une véritable formation professionnelle pour les psychothérapeutes. Elle a aussi instauré un partenariat avec les entreprises publiques et privées, pour prévenir les tentatives d'infiltration des sectes.
Dans son tour d'horizon des sectes, la Mils a fait un crochet par l'outre-mer
où elle a découvert une situation effarante. En Guyane, la mission
se demande si
" l'existence d'activités de haute valeur technologique et commerciale
n'attire pas des intérêts particuliers ". La base de lancement
de Kourou est à quelques encablures de certains temples des Témoins
de Jéhovah
A la Réunion, " entre 20 et 25 % de la
population " est concerné par le phénomène sectaire.
La Mils rapporte que l'Etat " a manifesté trop souvent désintérêt
ou indifférence ". De nombreux professeurs Témoins de
Jéhovah refusent ainsi de travailler le samedi en raison de leurs convictions
" religieuses ".
France :Sectes
Le Parisien, 8 février 2000, par Christophe Dubois
[Texte intégral]
Des enquêtes menées dans les écoles privées
L'Education Nationale a pris sérieusement en compte les tentatives
d'infiltration des écoles par les sectes, en créant, en 1996,
une cellule chargée spécifiquement de ce phénomène.
Tous les inspecteurs d'académie ont ainsi reçu une formation spécifique,
et une dizaine de professeurs ont été sanctionnés pour
" non-respect du principe de laïcité ".
Les écoles sont surtout menacées par les intervenants extérieurs,
qui viennent faire du prosélytisme dans les établissements scolaires.
Un problème peu à peu résolu grâce à la sensibilisation
du corps d'inspection.
Six mille enfants concernés
La plus grosse difficulté est posée par les écoles
privées, qui ne sont pas sous contrat avec l'Éducation nationale.
Depuis la rentrée 1999-2000, les inspecteurs de l'Éducation nationale
ont la possibilité d'enquêter dans ces structures scolaires. Environ
six mille enfants seraient scolarisés dans des écoles tenues par
des sectes.
Le 14 décembre dernier, le ministère a, pour la première fois, lancé une opération coup de poing contre les écoles Steiner. Soixante inspecteurs ont pénétré le même jour, à la même heure dans les 15 établissements qui pratiquent la pédagogie de Steiner et effectué un contrôle en règle. Un rapport devrait être remis très prochainement au ministre de l'Éducation nationale.
Celui-ci conclurait que les écoles Steiner ne sont pas une secte. Mais les inspecteurs auraient pointé des " comportements laissant penser qu'elles sont sous influence ". Des problèmes de soins (refus de la vaccination...) et de sécurité ont également été relevés. Dans son rapport, la Mils évoque aussi le " point difficile " des enseignants qui " sans manifester en classe leur appartenance (...) à une secte sont connus, hors de l'école, pour leur activisme en faveur d'une secte ". La Mils interroge : " Faut-il laisser cet enseignant en contact direct avec des mineurs ? "
Cette question fait bondir Daniel Groscolas, l'un des dissidents de la Mils
: " On introduit ainsi la notion de délit d'opinion. Un professeur
n'a pas le droit de faire du prosélytisme, mais peut-on interdire à
quelqu'un d'être membre d'une organisation ? "
France :Sectes
Le Parisien, 8 février 2000, par Christophe Dubois
[Texte intégral]
On a frisé l'incident diplomatique ! Depuis son installation, Alain Vivien, président de la Mils, a multiplié les contacts internationaux, notamment avec les Etats-Unis, qui, selon lui, servent de " base arrière et de sanctuaire " aux sectes internationales. Une délégation de missionnaires américains avait été reçue en avril 1999 pour être informés de la " législation française ".
Aux Etats-Unis, les sectes ont une plus grande marge de manoeuvre. La Scientologie
a ainsi obtenu le statut de " religion " qu'elle réclame
à cor et à cri en France. L'objectif était de convaincre
la délégation américaine que la France ne portait pas atteinte
à la liberté de religion par sa politique antisecte. Le résultat
a été pour le moins mitigé. Selon la Mils, le Département
d'Etat américain a rendu publiques " plusieurs allégations
inexactes et inamicales sur la situation qui prévaut en France en matière
de liberté ". Très refroidie par cette visite, la Mils
ne juge pas " opportun d'entretenir un dialogue " avec les
Américains. Et de juger
" exorbitante " la protection dont bénéficient
les sectes aux Etats-Unis, " dès qu'elles s'autoproclament religieuses
" !
France :Sectes
Le Parisien, 8 février 2000, par Christophe Dubois
[Texte intégral]
La remise de ce premier rapport de la Mils a été le théâtre d'une mini-fronde au sein du conseil d'orientation de la mission. Le professeur Jean-Marie Abgrall, psychiatre et expert auprès des tribunaux, et Daniel Groscolas, responsable de la cellule chargée de la prévention du phénomène sectaire dans l'éducation, reprochent de manière générale au président de la Mils, Alain Vivien, d'avoir rédigé son rapport " sans concertation ".
Ils en contestent également le contenu, notamment la reprise de la proposition
de loi du sénateur Nicolas About sur la dissolution des sectes : "
Si l'on interdit les sectes, on pourra bientôt interdire autre chose.
C'est un artifice inefficace et liberticide. " Cet inspecteur général
de l'Education nationale a quitté hier matin la réunion consacrée
à la présentation du rapport : " Cela a été
une parodie. On ne pouvait plus rien changer à ce rapport. "
Encore plus virulent, le professeur Abgrall assure n'avoir " jamais
été consulté " et dénonce un rapport "
répressif et inadapté ".
France :Sectes
Le Parisien, 8 février 2000, propos recueillis par Christophe Dubois
[Texte intégral]
Propos recueillis par Christophe Dubois
Quelles ont été les évolutions en matière de lutte contre les sectes depuis le rapport parlementaire d'Alain Gest et de Jacques Guyard en 1995 ?
Alain Vivien : Les choses se sont accélérées. Le gouvernement Juppé, puis celui de Lionel Jospin, a préconisé la création de cellules de vigilance. La Mils a remplacé l'Observatoire sur les sectes, qui fonctionnait cahin-caha.
Désormais, on peut déférer au procureur un dossier pénalement qualifiable, ce que nous avons fait à quatre ou cinq reprises cette année.
Faut-il créer une loi spécifique antisecte ?
Il faut appliquer le droit tel qu'il est, mais il y a des failles. En décembre 1998, nous avons refondu la loi Jules Ferry datant de 1882, qui permet à l'Education nationale d'enquêter dans toutes les écoles, y compris celles qui ne sont pas sous contrat. Par ailleurs, la loi sur la présomption d'innocence (NDLR : examinée en deuxième lecture à l'Assemblée nationale cette semaine) permettra aux associations de se constituer partie civile. Enfin, une proposition de loi du sénateur Nicolas About (RI) visant à dissoudre les associations qui auraient subi de nombreuses condamnations judiciaires, votée à l'unanimité par le Sénat, sera examinée au printemps 2000 par les députés.
Ce texte n'est-il pas trop liberticide ?
Tel qu'il est actuellement rédigé, il exige des améliorations
sensibles. Il prévoit, par exemple, de dissoudre une association qui
aura commis des infractions, ce qui n'est pas suffisamment précis. On
ne peut pas mettre sur le même plan une secte qui distribue des tracts
et celle qui pousse quelqu'un au suicide ! Mais il n'est pas mauvais qu'il y
ait une épée de Damoclès sur les mouvements qui irritent
l'opinion. " Les grandes sectes multinationales sont en train de marquer
le pas "
Quelles sont les sectes qui, par exemple, entrent dans la catégorie " dangereuses " ?
Il y a l'Eglise de scientologie, l'Ordre du Temple solaire (NDLR : cités dans le rapport), mais aussi la Nouvelle Acropole ou la Soka Gakkai.
Les entreprises semblent de plus en plus prisées par les sectes
Oui, et cela va s'amplifier. Il faut d'abord que les entreprises s'organisent elles-mêmes. Ainsi, les formateurs sont en train de mettre en place une charte de déontologie. Par ailleurs, la Mils contracte avec les entreprises des accords de partenariat à vocation préventive.
Il y a des dérapages, notamment dans le domaine de la sous-traitance informatique.
Deux entreprises ont ainsi été infiltrées par des patrons liés à la Scientologie, dont l'un avait été condamné en 1997 à Lille, l'autre en 1998 à Paris, pour le stockage d'informations en dehors du contrôle de la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil). Les sectes peuvent ainsi accéder aux fichiers du personnel ou fichiers clients d'une société !
L'appartenance à des mouvements sectaires est-elle compatible avec l'exercice d'une profession dans l'administration ?
Les fonctionnaires sont soumis au devoir de réserve. Ils sont chargés de faire un travail et ne doivent pas servir une autre cause. Le conseil général de l'Ardèche avait recruté une assistante maternelle, qui s'est révélée Témoin de Jéhovah. C'est son droit, mais elle refusait de conduire les enfants à l'arbre de Noël ou aux goûters, car c'était profane. Elle a été licenciée, a fait appel et le tribunal administratif a donné raison au conseil général.
Le tribunal administratif de Rouen vient d'exonérer de taxe foncière les lieux de culte des Témoins de Jéhovah, considérant qu'ils étaient une association cultuelle
Dans les quarante-huit heures, le ministère de l'Economie va faire appel. Pour avoir le statut cultuel, il faut respecter l'ordre public, c'est-à-dire, par exemple, faire son service national
Les sectes sont-elles toujours en expansion en France ?
Des rapports récents indiquent que les grandes sectes multinationales sont en train de marquer le pas.
Leurs structures vieillissent et leur recrutement ne progresse plus. La stratégie de lutte contre les sectes commence à porter ses fruits, même si l'on voit l'émergence de nouveaux groupuscules pseudo bouddhistes ou hindouistes.
France :Sectes
Libération, 8 février 2000, par David Dufresne
[Texte intégral]
"Alain Vivien mène un combat militant contre nous. Mais il va se brûler." La porte-parole de la Scientologie |
A Paris, sa porte-parole parle d'"amalgames et de fantasmes".
Depuis la création de la Mission interministérielle de lutte contre les sectes (Mils), la Scientologie tremblait. Il y avait le nom ("lutte contre les sectes"), il y avait Alain Vivien, adversaire déclaré, et il y avait Matignon derrière. Aussi, depuis un an, les adeptes de Ron Hubbard multipliaient les recours contre la Mils et s'employaient dans l'art du lobbying qu'ils maîtrisent tant.
Mieux: tout au long de 1999, le secrétariat d'Etat américain (l'équivalent du ministère des Affaires étrangères) envoyait des émissaires au Quai d'Orsay, histoire de demander à la France de mettre un peu d'eau dans son vin. En pure perte, donc. Le rapport de la Mils est tombé, hier. Et il y va plutôt franco contre la Scientologie.
«Accusations gratuites».
Alors, forcément, du côté de la place de la Bastille, au
QG de la secte, la colère gronde. Ainsi Danièle Gounord, porte-parole
française, jointe par Libération: "Ce rapport est du bricolage,
sans rigueur, qui procède par amalgames et fantasmes." D'un
geste, Danièle Gounord balaye tout. Même les évidences.
Les plaintes d'ex-adeptes? "Deux ou trois membres qui se battent en
duel." Les fichiers informatiques de données personnelles, pieusement
conservés mais non déclarés à la Cnil? "Faux,
archi-faux." Les moyens et buts du service de renseignement interne
à la secte, l'Office of Special Affairs (OSA)? "De pures accusations
gratuites, des points de vue paranoïaques, qui nous font doucement rigoler.
Et puis, nous ne faisons pas mystère que nos structures sont identiques
de par le monde: pourquoi l'OSA serait-il donc suspect en France, et pas aux
Etats-Unis?"
«République bananière».
C'est bien simple, Danièle Gounord ne décolère pas. Elle
sait que la Scientologie ne peut laisser une brèche s'ouvrir dans son
empire international. Déjà qu'avec l'Allemagne, et depuis peu
la Belgique, la secte a fort à faire. Alors, pas question de laisser
passer l'offensive française, ce «rapport malhonnête».
Aussi, Danièle Gounord attaque: "Avec ce rapport, la France se met au rang des républiques bananières." Pire, le pays calquerait sa position à propos des libertés de croyance «sur celle de la Chine». Et ça continue: "Alain Vivien mène un combat militant contre nous. Mais il va se brûler. On ne dégomme pas la Scientologie comme ça. Il va y avoir une levée de boucliers du monde entier. Nous allons tout réfuter point par point, et nous tourner partout: ONU, OSCE, etc. Rien ne nous empêchera de continuer." Et la responsable française d'assurer que, "s'il le faut", les adeptes de Ron Hubbard iront se réfugier «dans les caves". Seulement, pour réfuter l'argumentation centrale de la Mils à l'égard de la secte, accusée explicitement d'infiltrer "les pouvoirs publics" et implicitement le monde professionnel, Danièle Gounord est un peu en manque d'argument. La Scientologie, un péril pour la "laïcité républicaine"? "Ça veut dire quoi, demande-t-elle. Encore du bricolage! Encore des mots!"
Elle n'a peut-être pas tord, au fond. Depuis 1982, les rapports se succèdent, les condamnations tombent, mais, rien, réellement, ne change.
France : Témoins de Jéhovah
Libération, 8 février 2000, par Nathalie Castetz
[Texte intégral]
Le tribunal de Rouen permet à leurs centres d'être exonérés de taxe foncière.
L'association des Témoins de Jéhovah doit être regardée comme "constituant une association cultuelle", déclare en substance le tribunal administratif de Rouen, et dès lors, elle "est fondée à demander la décharge de l'imposition qu'elle conteste".
Les Témoins de Jéhovah seront donc exonérés de la taxe foncière pour leurs "salles du royaume" implantées dans une trentaine de communes de Haute-Normandie.
Un jugement qui va à l'encontre d'un arrêt du Conseil d'Etat du 1er février 1985, qui déniait tout caractère cultuel aux "pratiques et activités" menées par les Témoins de Jéhovah, prenant en compte leur refus de la transfusion sanguine, du service militaire et de l'exercice du droit de vote.
A l'époque, il s'agissait de savoir si cette association pouvait recevoir des dons et legs comme les autres Eglises.
En 1998, les services fiscaux de l'Eure et de la Seine-Maritime rejetaient les demandes d'associations locales pour le culte des Témoins de Jéhovah. Ceux-ci voulaient être exonérées de la taxe foncière pour leurs propriétés bâties. Ils invoquaient la loi du 9 décembre 1905, qui exonère les édifices affectés à l'exercice d'un culte. Le 17 novembre, 31 recours étaient présentés devant le tribunal administratif qui vient de délibérer.
Selon le jugement, les Témoins de Jéhovah répondent bien aux dispositions légales: "Les associations revendiquant le statut d'association cultuelle doivent avoir pour objet exclusif l'exercice d'un culte et ne peuvent mener que des activités en relation avec cet objet qui ne portent pas atteinte à l'ordre public."
Le tribunal assure que les positions de principe en ce qui concerne la transfusion sanguine, le service militaire ou l'exercice du droit de vote "ne signifient aucunement contrevenir à l'ordre public". Mille "salles du Royaume" sont implantées sur le territoire français et, actuellement, on dénombre plus de mille recours d'associations locales pour demander l'exonération de cet impôt.
Les tribunaux administratifs de Strasbourg et Besançon ont débouté les Témoins de Jéhovah, mais la cour administrative d'appel de Nancy leur a donné raison, suivie de celles de Lyon, Marseille et Douai. Par ailleurs, les Témoins de Jéhovah font l'objet d'un redressement fiscal à hauteur de 303 millions de francs concernant les dons.
France : Sectes
Ouest France 9 février 2000, par Jean Gautier
[Texte intégral]
Mandat d'arrêt international contre le couple. Les parents suivaient
les préceptes d'un mouvement sectaire
Quatre ans ferme pour malnutrition
Le tribunal correctionnel de Rennes a condamné à quatre ans de
prison ferme deux parents qui ne nourrissaient leurs enfants qu'avec des produits
végétaux. Ils suivaient, en cela, les préceptes d'un mouvement
sectaire.
En juillet 1998, deux enfants, figés de 15 et 10 ans, arrivent avec
leurs parents à l'hôpital de Fougères. C'est la stupeur:
ils sont dans un état de malnutrition incroyable. On les transfère
aussitôt sur Rennes. Le rapport médical est affligeant: anémie,
rachitisme important entraînant des lésions osseuses irréversibles...
" Ils peuvent à peine marcher et souffrent d'importantes douleurs
osseuses."
Ils venaient de Val-d'Izé, une petite commune proche de Vitré. Leurs parents, d'origine guadeloupéenne, sont adeptes d'un mouvement sectaire appelé "Le Resté", version intégriste et dissidente des . "Adventistes du 7ejour " Une grande prêtresse, réfugiée en Haute-Savoie, dirige le mouvement.
Viols de conscience
La famille applique à la lettre ses préceptes: "Jésus
doit revenir bientôt. II convient donc de se purifier et de n'être
pas contaminé par une alimentation à base de produits animaux.
Seule nourriture possible: les végétaux." On est donc
végétalien.
L'école étant une autre source de contamination, les deux enfants suivent des cours à la maison pendant que le père s'occupe de prosélytisme dans la région.
D'ailleurs, s'ils sont venus ici, c'est parce que Dieu, via la prêtresse,
les a désignés comme prophètes. Sur les murs de la maison,
au confort spartiate, les pensées de la prêtresse animent les leçons
des enfants, subissant un enfermement total, et les repas, exclusivement à
base de produits du jardin.
Très vite, les parents sont mis pendant cinq mois en détention
et les enfants placés dans un foyer.
En juin 1998, ils bénéficient d'une mise en contrôle judiciaire,
mais en profitent pour organiser leur fuite: ils vendent la maison, convertissent
l'argent en dollars et l'envoient aux USA. Lors d'un droit de visite, ils enlèvent
leurs enfants et gagnent l'Amérique.
Ils étaient poursuivis hier, en leur absence, devant le tribunal correctionnel
de Rennes pour " privation de soins, soustraction d'enfants, soustraction
à une obligation légale en compromettant santé, sécurité,
moralité, éducation des enfants"
Des mouvements de ce type peuvent véhiculer, "auprés d'esprits
fragiles des viols de conscience, des matraquages psychologiques .... s'indigne
Me Laurence Pruneult, représentant l'administrateur des enfants et ..inquiète
du devenir de deux, êtres " 'Manipulés par leurs propres parerits.
"
Le tribunal les a condamriés à quatre ans de prison ferme et
a lancé un mandat d'arrêt international.
France : Sectes
L'Express,10 février 2000
[Texte intégral]
L'ancien ministre Alain Vivien ne décolère pas contre Jean Pierre Chevènement.
Le président de la Mission Interministérielle de Lutte Contre les Sectes (MILS) reproche au ministre de l'Intérieur d'avoir signé, le 20 décembre 1999, une circulaire donnant aux préfets le pouvoir de reconnaître le "caractère cultuel" d'une association, au travers de faveurs fiscales.
"Le texte de Chevènement apporte une aide aux témoins de Jéhovah, mais pas à Christian Sautter, assène Vivien.Cette secte s'est autodéclarée "cultuelle" et demande à la juridiction administrative les exonérations fiscales réservées aux religions, comme la Scientologie aux Etats-Unis."
Un coup fourré ? Sans doute soutient Vivien, puisque la circulaire n'a fait l'objet d'aucune concertation avec Matignon et la Mils.
De surcroît, elle a été envoyée quelques jours après un conflit entre un membre du cabinet de Chevènement et le patron de la Mils sur une proposition de loi permettant de dissoudre les sectes les plus dangereuses....
Désaccord arbitré par les conseillers du Premier ministre en faveur de Vivien.
France : Dianova (ex Le Patriarche)
Le Parisien,12 février 2000
[Texte intégral]
La direction du supermarché ATAC de Vitry ne s'attendait sûrement pas à ce qu'un stand " d'information sur la toxicomanie ", installé provisoirement dans la galerie marchande, fasse autant de bruit.
En découvrant l'installation de l'association Dianova, des clients ont pourtant manifesté leur inquiétude, précipitant ainsi le départ du stand.
Dès lundi matin, devant les caisses du supermarché, deux membres de Dianova avaient commencé la distribution de dépliants, pétitions et caisse de dons à l'appui, pour la lutte contre la toxicomanie.
Si l'accueil a été globalement favorable, quelques clients ont, pour leur part émis des doutes sur la réelle vocation de l'organisation. " Quand j'ai lu attentivement le dépliant, ça m'a rappelé l'association du Patriarche (NDLR : une organisation reconnue sectaire) ", raconte un riverain. " Je me suis inquiété de l'impact que pourrait avoir une secte sur les nombreux jeunes du quartier ".
Sur le document, l'association internationale annonce en dix principes ses
" objectifs principaux : prévention des toxicomanies, réhabilitation et réinsertion
sociale des toxicomanes ". Et se recommande de 25 années d'expérience, date
à laquelle a été créé Le Patriarche. " On nous accuse souvent d'être une
secte mais c'est faux, nous ne renions pas notre expérience passée mais Dianova
est une organisation démocratique depuis que nous avons
demandé la démission de Lucien Engelmajer (NDLR : gourou du Patriarche), il
y a deux ans ", explique Pierre Puchot, médecin, membre du conseil d'administration
de Dianova.
" Mutation du Patriarche " Les antécédents de Dianova suscitent cependant
la plus haute vigilance des associations de lutte contre les sectes. " Comme
il s'agit d'une mutation du Patriarche, nous restons prudents, même si aucune
plainte n'a été déposée contre Dianova ", explique-t-on à l'Association
de défense des familles et des individus.
De son côté, la mission interministérielle de lutte contre les sectes souligne que l'association n'a pas reçu l'agrément du ministère des Affaires sociales.
Alertée par un client mardi, la présidente de l'association des commerçants de la galerie n'a pas tardé à réagir. Elle a prévenu les intervenants de Dianova qu'ils devraient quitter les lieux. " J'ai été surprise que ces gens s'installent sans qu'on m'en parle, puisque d'habitude la location des stands précaires passe toujours par moi ", précise la commerçante. Explication : Dianova a directement sollicité la direction du supermarché. " Nous n'avons pas vu d'objection à ce qu'une association à " vocation sociale " s'installe une semaine, au même titre qu'on peut laisser une table aux Restos du coeur ou aux pompiers. Mais si ça pose trop de problèmes, ils ne resteront pas ", affirmait mardi soir la direction, en précisant qu'un contrôle d'identité des deux responsables du stand avait été effectué par la police dans l'après-midi, a priori à la demande d'un usager...
Le lendemain Dianova avait plié bagage.
Corée du Sud: Moon
AFP, 13 février 2000
[Texte intégral]
Quelque 60.000 membres de l'Eglise de l'Unification, créée par le "révérend" milliardaire Sun Myung Moon, se sont mariés dimanche, pour la première ou la deuxième fois, lors d'une cérémonie gigantesque au stade olympique de Séoul.
Certains de ces "moonies", adeptes de cette secte dirigée par le "révérend Moon", ne se connaissaient pas avant de prononcer leurs serments de mariage.
Sun Myung Moon a béni 20.000 nouveaux époux et 40.000 personnes venues renouveler leur engagement de mariage, a indiqué le porte-parole de l'Eglise de l'Unification Robin Marsh.
Le "révérend" Moon et sa femme, portant robes blanches et couronnes ornées de motifs en or, ont présidé à cette cérémonie. Les couples tous habillés de costumes noirs et de robes de mariées d'un blanc immaculé ont dansé sous les applaudissements d'une foule de plusieurs dizaines de milliers d'invités.
"Je l'aime sincèrement comme Dieu sera au centre de notre amour", a déclaré Natacha Vasilievskaïya, 28 ans, en faisant allusion à son époux coréen Kim Hyo-Sung, 36 ans. Natacha Vasilievskaïa est arrivée à Séoul il y a trois mois depuis le Belarus pour épouser Kim qu'elle n'avait jamais vu auparavant. "Avec le temps, mon amour pour lui augmentera", a-t-elle assuré.
Ce mariage de masse représentait la clé de voûte d'un festival organisé par la secte du 9 au 14 février à Séoul.
L'Eglise de l'Unification, basée en Corée du sud, revendique 4,5 millions de membres "à plein temps" dans le monde entier.
Elle a déjà organisé dans le passé de semblables cérémonies destinées, entre autres, à recruter de nouveaux adeptes. Selon M. Marsh, Moon envisage de bénir quelque 400 millions de couples à l'avenir lors de cérémonies analogues. Ce mariage de masse à Séoul a été retransmis en direct par la télévison dans 193 pays via satellite et sur l'internet, a affirmé l'Eglise.
Moon, connu de ses adeptes comme le "Vrai Père" affirme que ses enseignements religieux sont basés sur le principe de la "vraie famille", mais ses détracteurs estiment que cette doctrine est offensante puisqu'il se considère comme le Messie.
Ce mariage en masse a coincidé avec le 80ème anniversaire du leader de l'Eglise de l'Unification. Quelque 16.000 personnes ont célébré jeudi à Séoul les 80 ans du "révérend" multimilliardaire, selon des responsables de la secte.
L'ancien vice-président américain Dan Quayle et l'ancien Premier ministre britannique Edward Heath figuraient sur la liste des invités présents jeudi à Séoul.
Ils n'ont toutefois pas assisté à la cérémonie de dimanche.
Commentaire : Il leur reste un tout petit, petit peu de pudeur !
France : Secte Tournesol
Femme actuelle, n°802, 7 au 13 février 2000 par Loïc Chauveau
[Texte intégral]
Durant vingt ans, une "sainte", un moine défroqué et une intégriste ont raconté à 300 naïfs que l'Apocalypse était proche. Pour mieux les voler.
Monsieur le maire a dit non.
Qu'une femme de 50 ans: prétende avoir accouché d'un petit garçon,
même si on lui présente un certificat de naissance délivré
par une clinique de Paris, Hubert Baubois, maire de Barlieu dans le Cher, répond:
" Non, il y a tromperie ! " Il n'inscrira pas ce bébé
sur le livret de famille de la pseudo?maman, Zofia Gibas. Et en cette fin novembre
98, il alerte la gendarmerie.
Il faudra attendre le 14 février 1999 pour que les autorités bougent. Ce jour-là, M6 diffuse un reportage sur " Tournesol " une secte vivant à La Sauldre, splendide domaine situé à Barlieu.
Zofia Gibas en est le gourou mystique et déclare d'un air triomphal que " son bébé est issu de la Providence "... Depuis, un juge la poursuit pour " faux et usage de faux, abus de confiance et substitution d'enfant ". Les enquêteurs se demandent même s'il ne s'agirait pas d'un trafic d'enfants. mais leur descente à La Sauldre arrive trop tard : le gourou s'est volatilisé...
Le bébé aurait pour père la Providence, et sa mère
serait la soeur... de Jésus !
Toutefois, un ancien adepte, Stéphane de Keyzer(1), a réussi à retracer l'histoire à dormir debout de Zofia Gibas.
Elle se dit orpheline, venant de Czéstochowa en Pologne, un célèbre
lieu de pèlerinage. Fillette, plongée dans les prières,
une jolie dame lui est apparue, déclarant être la vierge Marie...
et sa maman. Zofia est donc la sueur de Jésus ! Comme lui, elle va souffrir
pour l'humanité : des stigmates blessent ses mains.
Arrivée en France dans des conditions peu claires, elle ne serait restée
qu'une illuminée si elle n'avait rencontré Andrée de Chazeaux,
une militante des milieux catholiques intégristes qui veut "sauver
la France de l'apocalypse" .Selon elle, le ciel s'ouvrira bientôt,
un combat cosmique s'engagera entre Jésus et le démon, celui-ci
prenant, au choix, le visage du capitalisme, du communisme, de la franc maçonnerie,
du judaïsme... Après la victoire, les quelques rescapés de
la guerre céleste formeront le peuple élu, et arrivera enfin le
règne du " Grand Monarque " .
Ce genre de délire fleurit chez les intégristes. Mais lancer
un nouveau mouvement exige de l'argent: dons et adhérents ne peuvent
affluer que si un personnage
mystique appelle les élus.
La petite Polonaise devient donc, à partir de 1982, la martyre de "Tournesol
". Ce nom reste un mystère que se partagent " la sainte
et la manager " . Leur rencontre aussi. Mais la division du travail
entre elles va produire de gros bénéfices.
Car Andrée sait où trouver de l'argent.
Son carnet d'adresses est bien rempli : Alsace, Midi, Sud-Ouest, Bretagne,
ces régions regorgent de proies qu'elle connaît. De vieux curés
qui ont un peu de bien, des royalistes intégristes ayant la République
en horreur. Pour ces derniers, l'Apocalypse est pain bénit. C'est le
cas de Mme V., une femme médecin vivant à La Sauldre qui a donné
toute sa fortune à la secte, au grand dam de ses propres enfants.
En revanche, les vieux curés sont plus délicats à manier.
Eux connaissent les Evangiles ! Andrée leur fait donc miroiter une bonne
oeuvre : Tournesol va éduquer des orphelins, comme l'est la pseudo-martyre.
Le père Simon, un cure des Landes aujourd'hui décédé,
ayant cru ce mensonge, a versé 750 000 F. Mais peu avant sa mort, s'étant
rendu compte qu'on l'avait volé, il a écrit à Stéphane
de Keyser : " Ces manipulatrices jonglent avec le sacré pour
mieux escroquer. " Car l'orphelinat n'existe pas, la secte n'ayant
jamais demandé d'agrément à l'Etat.
Pourtant, l'argent afflue au point qu'à la fin des années 80, " la sainte et la banquière" sont rejointes par Dominique Robert, un moine expulsé de son ordre pour "déviances intégristes" . Le trio s'installe à La Sauldre, un domaine de 5 millions de F.
Et pendant dix ans, personne ne saura ce qui se passe derrière les murs de la propriété.
Andrée la militante intégriste et Zofia la "sainte"
font équipe : l'argent commence à affluer.
Si l'on a aujourd'hui une idée des délires qui s'y sont déroulés,
c'est grâce à M. de Keyser. Il a rencontré Dominique Robert
au moment où, à la suite d'une faillite, sa famille allait se
retrouver à la rue. L'ex-religieux lui a tendu une main secourable, puis
l'a embrigadé. Et pendant cinq ans, Stéphane a cru qu'il fallait
se préparer à l'Apocalypse. Adepte obéissant, il est parti
pour des " missions " incon rues commandées par Zofia.
Traversant la France pour aller prier de nuit dans une chapelle isolée.
S'agenouillant à Carnac, à Lourdes... comme la dizaine de personnes
vivant à demeure à La Sauldre, il a passé son temps à
satisfaire les caprices de Zofia.
Car " la martyre " souffre et a besoin de serviteurs. Le diable
ne la laisse jamais en paix. La nuit, les portes claquent, des hurlements jaillissent,
les carreaux de sa chambre se brisent, son lit se soulève, les stigmates
font saigner ses mains. Mais pas question de vérifier ou soigner ses
plaies, seules les prières en latin et les soirées de méditation
peuvent adoucir sa souffrance. Curieusement, " la sainte "
combat le mal mais ne vieillit pas. Les années glissent sur elle et Andrée
continue d'affirmer que la petite mystique a 20 ans.
La vérité, c'est que Zofia est née en 1948, qu'un mécanisme
fait bouger son lit et que le frère Robert casse les vitres de sa chambre
avec des cailloux !
Ce cinéma serait parfaitement ridicule, voire risible, si le bébé " tombé du ciel " ne montrait pas le cynisme de la secte.
En fait, le petit garçon est né en novembre 1998 dans une clinique de Paris. Sa maman s'appelle Elisabeth, une adepte âgée de 37 ans. C'est le docteur V. qui a rempli l'acte de naissance, substituant au nom de la mère celui de Zofia Gibas.
Pour quelle raison ? - Stéphane de Keyser émet deux hypothèses:
soit pour vendre cet enfant à un couple prêt à l'adopter
hors des circuits légaux (le trafic d'enfant serait alors établi),
soit pour apporter la preuve que Zofia, soeur de Jésus et ayant enfanté
grâce à la Providence, a mis au monde le " Grand Monarque
" . Une annonce qui aurait fait affluer les dons des zélateurs
de l'Apocalypse ! Excepté que le maire de Barlieu a été
vigilant...
Les deux femmes et le frère renégat se sont évanouis avec l'enfant et les fonds détournés.
Les gendarmes, qui ont saisi des kilos de documents au siège de la secte, estiment que quelque 300 " gogos " ont été escroqués.
Pour le moment, persuadés que la prophétie va se réaliser (en 2000 ?), aucun d'eux n'a encore porté plainte. Leurs directrices de conscience, elles, en revanche, ont préféré échapper à la justice des hommes. Sainte Zofia, Andrée la banquière ainsi que Dominique, le frère renégat, se sont évanouis dans la nature avec l'enfant et l'argent.
Ils sont peut-être en Pologne où Zofia aurait gardé des
attaches.
" Voyage au bout de la secte
", Buchet Chastel éditeur, 96 F.
France : Sectes et Eglise universelle du Royaume de Dieu
Le Parisien,14 février 2000 , par H.L
[Texte intégral]
Le rachat de la Scala, l'ancienne salle de music-hall située au 13, boulevard de Strasbourg (Xe), par l'Eglise universelle du royaume de Dieu, un mouvement répertorié comme sectaire par la commission d'enquête parlementaire sur les sectes, provoque la colère du maire du Xe arrondissement, Tony Dreyfus.
Celui-ci a décidé d'organiser une manifestation devant la Scala samedi prochain " pour sauver la Scala ", et " contre la construction du temple de cette secte ", déjà présente à Paris, rue du Faubourg-Saint-Martin.
De son côté, le maire de Paris, Jean Tiberi, s'inquiète également de la prolifération des organisations sectaires dans la capitale.
Dans un communiqué publié samedi, il constate que " l'Eglise universelle du royaume de Dieu a entrepris en toute illégalité de transformer l'ancien music-hall de La Scala (Xe) en lieu de culte". " A la demande de Jean Tiberi, les services municipaux ont dressé un procès-verbal et le procureur de la République a été saisi afin d'entamer des poursuites ", précise le communiqué.
Jean Tiberi annonce qu'il entend déposer une proposition de loi visant à protéger " du risque de manipulation ou d'embrigadement "des personnes vulnérables , de la part des sectes, en créant des " périmètres protégés ". Cette proposition de loi viserait à créer ces périmètres de sécurité autour d'établissements accueillant des personnes vulnérables (écoles, résidences de personnes âgées, centres sociaux, d'hébergement...) et également à la " restriction de la publicité pour les structures identifiées comme organismes sectaires, à l'instar de ce qui est prévu pour les commerces pornographiques ".
La manifestation pour " sauver la Scala " organisée par Tony Dreyfus et les élus du Xe se déroulera samedi 19 février, à 11 heures, devant le 13, boulevard de Strasbourg (Mo Strasbourg-Saint-Denis).
France :Les amis de la Croix Glorieuse de Dozulé
DMS,14 février 2000
[Texte intégral]
Une trentaine de plaintes ont été déposées auprès des gendarmes par des habitants de Nancray-sur-Rimarde(Loiret), contre un couple du village ayant installé dans son jardin une croix qu'il persistent à illuminer malgrès un arrêté municipal.
Cette croix de 7 m 38 avait été érigée sur le modèle de la croix de Dozulé, du nom du village du Calvados où une femme aurait eu des apparations du Christ sur la croix dans les années 70.
L'église n'a jamais reconnu ces apparitions. Elle considère qu'une croix est faite pour "rassembler" et non pour "semer la pagaille".
Le 25 janvier dernier, le maire de Nancray-sur-Rimarde (360 habitants) avait pris un arrêté municipal interdisant l'llumination de cette croix. Mais malgré cet arrêté, le couple continue de l'illuminer, selon l'association "Non à la croix de Dozulé".
Ces dépôts de plainte font suite à une réunion d'information sur la croix de Dozulé qui s'est tenue vendredi soir à Nancray, à l'ititiative de cette association, et à l'aquelle ont assisté quelque 170 personnes.
L'un des intervenants, Eric Claveau, Président de l'association de lutte contre les sectes, DMS "Délivre-moi- des sectes", avait appelé les participants à déposer plainte pour non respect de l'arrêté municipal.
Brésil :Moon
Le Temps, 14 févvrier 2000, par Yann Le Houelleur
[Larges extraits]
Fuyant la crise asiatique, le révérend Moon prospecte l'Amérique du Sud
À 80 kilomètres du Paraguay, dans un état de Mato grosso du sud, Jardim est une commune engluée dans sa nonchalance provinciale. Un Coréen, dont là plupart des 21000 habitants de Jardim n'avaient jamais entendu parler, a rompu cette monotonie.
Sun Myung Moon, plus connu sous le nom de révérend Moon, en est devenu le premier propriétaire, acquérant 50 000 hectares de terres par le biais de l'Association des familles pour l'unification et la paix mondiale. Il a acheté des propriétés encore plus vastes de l'autre côté de la frontière.
"Le révérend voulait trouver un nouveau souffle dans une région façonnée par le catholicisme.." |
Présente dans 180 pays, l'association qui compte 10 000 membres rien qu'au Brésil a déjà investi 45 millions de francs dans le Mato Grosso. De quoi déclencher les foudres du clergé local. L'évêque de Jardim a dénoncé le péril que constitue le projet New Hope East Garden, une fazenda (propriété) où se dressent de magnifiques bâtiments de brique accueillant des flots de séminaristes et de visiteurs...
[.........] le conglomérat de Moon en Asie bat de l'aile.
Les Etats-Unis, où il a étendu son empire dans les années 1970, ne l'enchantent plus. Voilà donc le vaillant octogénaire à la conquête de l'Amérique du Sud ! Après avoir mis le pied en Argentine, au Paraguay et en Uruguay, le révérend a jeté son dévolu sur le Brésil.
Gérant de New Hope, Cesar Zaduski fournit les raisons officielles de cette offensive: Pendant vingt ans, le révérend a uvré au sein d'une culture mêlée de confucianisme et de bouddhisme. Puis il a travaillé vingt ans aux Etats-Unis et en Europe dans un contexte catholico-protestant. Il voulait trouver un nouveau souffle dans une région façonnée par le catholicisme.
Certes, le Brésil est considéré comme la plus grande nation catholique. Mais une profusion de communautés pentecôtistes, issues du protestantisme, menacent la suprématie de l'Eglise. Elles attirent des millions de personnes dans leurs temples poussant tels des champignons. L'une des plus puissantes, l'Eglise universelle du Royaume de Dieu, revendique cinq millions de fidèles. Son leader, le Bispo (évêque) Macedo, mêle allègrement la foi et les affaires. Il détient des stations de radio ainsi que Record, un réseau national de télévision.
La communication n'est pas prioritaire pour Moon au Brésil, qui pour l'instant mise sur l'élevage, et s'apprête à acquérir d'autres prairies. On lui prête aussi l'intention d'investir dans le tourisme. Jardim se trouve à proximité d'un écosystème à la faune prolifique.
La presse a accusé le patriarche coréen d'accueillir des touristes dans sa fazenda et de leur faire payer leur séjour par des travaux volontaires. Opposant un démenti catégorique, les animateurs de New Hope racontent qu'ils proposent des séminaires gratuits aux habitants des 33 communes alentour.
Les missionnaires de cette organisation religieuse leur présentent la vision mooniste de la morale et de la famille.
En tout, 70 000 personnes ont déjà franchi la rivière Miranda séparant New Hope du reste du monde. Les bâtiments de briques renferment aussi une école.
Les politiciens commencent à s'intéresser à nous car tous ces gens sont autant d'électeurs potentiels ! Attaché de presse de New Hope, l'ex-banquier Joâo Braga a été invité à poser sa candidature aux élections municipales, à Campo Grande, la capitale du Mato Grosso do Sul. Mais "faire de la politique ne nous intéresse pas. Notre mouvement est au-dessus des partis"
Dernier investissement du leader coréen: un club de foot brésilien de première division
Les autorités surveillent d'un oeil attentif les activités de l'Eglise. .
Les projets de Moon au Brésil commencent à intriguer les autorités, à tel point qu'une commission d'enquête parlementaire a vu le jnur." L'Association des familles pour l'unification et la paix mondiale a commis l'erreur de ne pas procéder à une étude d'impact sur l'environnement avant de bâtir New Hope", explique Eduardo de Godoy Pereira, responsable de la communication du gouvernement du Mato Grosso do Sul. Ce dernier a demandé au fisc une enquête sur l'origine des fonds de l'association. Les projets de Moon sont mal vus car " l'association produit tout ce qu'elle consomme et ne génère aucun emploi", affirme Eduardo de Godoy Pereira. "Les politiciens aimeraient nous prendre une partie de notre argent", rétorque Cesar Zaduski, affirmant verser de copieux impôts. Ce qui fait sourire Margarida Maria Almeida, chef de cabinet du maire de Jardim: "Nous avons dû assigner l'association pour la forcer à acquitterdiverses taxes municipales."
Rien de mieux, au Brésil, que le foot pour acquérir la respectabilité. L'association vient de créer un club de première division à Jardim, club qui porte le nom de l'une des entreprises du révérend, II Hwa Chunma. Dans l'unique stade de la bourgade, 24 professionnels recrutés à travers tout le Brésil s'entraînent six heures par jour. L'argent coule à flots, selon l'entraîneur Ney Cesar.
France :Sectes
Le Nouvel Obs, 17 février 2000, n°1841, par Thomas Renou
[Extraits]
Il existe un antagonisme fort entre la France et les Etats-Unis sur le dossier des sectes.
Le premier amendement de la Constitution américaine stipule que le Congrès ne fera aucune loi qui interdise le libre exercice d'une religion.
Cette liberté sans restriction a permis le développement d'un grand nombre de sectes, dont la plus fameuse est l'Eglise de la Scientologie.
Le rapport Vivien parle des Etats-Unis comme d'une " base arrière et d'un sanctuaire " des sectes internationales.
En France, les croyances sont tout aussi protégées, mais le pouvoir politique s'est toujours donné la possibilité d'intervenir en matière de culte, à partir de la notion de trouble à l'ordre public.
Notre liberté est délimitée par les lois de la République. La délégation américaine venue l'année dernière étudier la politique conduite par les gouvernements européens à l'égard des sectes n'a visiblement pas compris la position française puisque, dans le rapport qu'elle a remis au président Bill Clinton, elle a condamné la possibilité de refuser " aux individus le droit à la liberté de religion ou de croyance ".
La France n'est pas isolée sur ce sujet.
Selon Anne Fournier, de la Mission interministérielle de Lutte contre les Sectes (Mils), ce serait plutôt le contraire.
Dans une interview accordée à l'AFP, elle explique que " plusieurs pays européens ont réagi face aux activités des sectes ; l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe a adopté à l'unanimité une recommandation équilibrée sur les activités illégales des sectes ". Aujourd'hui, la Mils " ne juge pas opportun d'entretenir un dialogue " avec les Américains.
France :Scientologie
Le Nouvel Obs, 17 février 2000, n°1841, par Fabien Gruhier
[Texte intégral]
Elle dépisterait toutes les émotions Sans électromètre, il n'y a pas de bons scientologues. Des scientifiques ont examiné l'engin. Ils sont formels : mise à part la transpiration, l'électromètre ne détecte rien
Bien sûr, il faut être un peu taré, ou réellement paumé dans la vie, pour succomber à daussi médiocres sortilèges, gober toutes ces sornettes. Nempêche, la Scientologie, cest moderne, cest de notre temps, cest... scientifique, technologique même.
La preuve : dans ses « églises » on vous propose à la vente - et surtout à lachat - une sorte de prétendu détecteur démotions, baptisé à tort « électromètre ». Cela pour un prix oscillant - dune façon aussi irrationnelle que laiguille de linstrument - entre 15 000 et 40 000 francs. Lengin aurait été inventé par le fondateur de la secte. Comme celui-ci est mort en 1986, et avait créé son fameux truc bien avant, on peut supposer que la technologie futuriste de lélectromètre est un peu dépassée. Pourtant la secte nen démord pas, cet instrument emblématique de son culte, ce très vieillot cyber-ciboire reste insurpassable. Et indispensable.
Selon une expertise judiciaire helvétique dont on reparlera, il sagit d« un instrument capital », au point que « la Scientologie serait impossible sans lui ». Dans ses documents, la secte affirme : « Sans lélectromètre, nous ne pourrions accomplir les miracles dont nous sommes quotidiennement témoins », et « il nexiste aucun autre moyen connu damener une personne à létat de clair ». Jusquà une époque toute récente, on en était resté là : un mirifique électromètre indispensable à la secte, et une secte qui refusait bien entendu de le montrer. Mais les choses viennent de changer, et la preuve est faite quil sagit (ce dont on pouvait se douter) dune calembredaine doublée dune fumisterie.
Car dune part un éminent médecin-rhumatologue français,
le professeur Marcel-Francis Kahn, a eu accès au mythique appareil. Il
a pu observer que cet engin est
« beau comme un dessus de cheminée de la Belle Epoque »,
et nabrite que « ladaptation dun instrument fort
simple mis au point en... 1844 par sir Charles Wheatstone, connu depuis sous
le nom de pont de Wheatstone ». Les conclusions de Marcel-Francis
Kahn sont publiées dans le dernier numéro(1) de la petite revue
« Science et pseudo-sciences ». Il en ressort que lappareil
nest pas un électromètre. Quil se borne à détecter,
sans les mesurer, les variations de résistance électrique de la
peau du sujet - lesquelles sont notamment liées au taux de transpiration,
que les émotions ne sont pas seules à influencer.
Dautre part, à la demande de Claude Wenger, juge dinstruction, la justice helvétique a fait procéder, en 1997, à une expertise poussée, avec des essais en situation réelle, de deux de ces gadgets scientologiques, les modèles dits « Mark VI » et « Mark Super VII ». Les conclusions de cette étude, menée par de nombreux spécialistes de lInstitut de Criminologie de lUniversité de Lausanne et de lEcole dIngénieurs de Genève, viennent dêtre rendues publiques (2). Elles réduisent à néant les prétentions des scientologues quant aux fabuleuses vertus de la machine. Et conduisent pour le moins à sétonner de son prix de vente.
Ici, on sexcuse de devoir insérer un (tout petit) cours de Scientologie. Le « préclair » ou « PC », adepte débutant qui rêve de devenir « clair », doit se décharger de lénergie émotionnelle néfaste liée à toutes ses expériences et souvenirs désagréables, depuis tel sentiment de culpabilité jusquà un accident de moto. Ces souvenirs sont des fac-similés ou engrammes, qui « contiennent de lénergie et de la masse » (sic). Il sagit de se les remémorer, en réponse aux questions dune sorte de confesseur - la personne qui « audite ». Les émotions correspondantes seront signalées par laiguille de lélectromètre, pour peu que, en se concentrant beaucoup, lon tienne dans chaque main lune de ses deux électrodes. Et on va recommencer, autant de fois que nécessaire, jusquà ce que lévocation de ces souvenirs finisse par, si lon ose dire, laisser laiguille de marbre. Alors, le fâcheux engramme sera réputé effacé, ainsi dailleurs que sa mystérieuse masse pesante : au cours de ces séances, on est censé dabord prendre du poids (au réveil des lourds souvenirs), puis le perdre...
Comme il sagit dun rapport officiel, le rédacteur final du document suisse évite de laisser percer ses ricanements, même si on sent que parfois il a du mal. Il nen constate pas moins que la Scientologie prétend ainsi débarrasser le préclair de tous ses stress passés, exactement comme on efface une cassette vidéo. Ce préclair pourra même remonter jusquà la pureté absolue de létat foetal, saffranchir des mauvais souvenirs vécus dans le ventre de maman. A condition, bien sûr, dacquérir un second électromètre, plus sensible forcément, donc passer du « Mark VI » au « Mark Super VII ».
Le coordonnateur et rédacteur final du rapport - dans la version publiée, il ne signe que de ses initiales « D. C. », pour éviter dêtre harcelé par la redoutable secte -, ce spécialiste, donc, est contraint de constater que « le courant électrique se déplace seulement en surface de la peau ». Sa plus ou moins bonne circulation (la pile nest que de 1,5 volt) ne dépend que de la transpiration. Ce maigre courant superficiel ne saurait traverser lorganisme, encore moins y aller effacer dhypothétiques fac-similés, cachés Dieu sait où. « D. C. » remarque encore que le pseudo-électromètre est doté dune échelle de lecture non linéaire, que ses graduations ne correspondent à aucune unité connue, et quil ne permet « aucune lecture objective ». Les résultats ne sont jamais reproductibles. Dailleurs, « la manière de tenir les électrodes influence énormément le déroulement des essais ». Comme de plus « les explications du phénomène sont en contradiction avec les lois fondamentales de la physique », il est hors de question de « prétendre en faire un usage scientifique ». La Scientologie est tout sauf scientifique. CQFD.
Cest une lamentable psychanalyse du pauvre, et son faux électromètre
une caricature du déjà pas très convaincant détecteur
de mensonge - dont la technologie, beaucoup plus sophistiquée, inclut
pourtant, avec le pouls, la tension, la respiration, plusieurs autres paramètres
que la conductivité de la peau. Lexpert suisse
« D. C. », dont on respectera lanonymat, ose se demander
si la Scientologie ne fait pas de lélectromètre un autre
usage que celui officiellement avoué. Et si les auditeurs-confesseurs,
formés comme des « robots insensibles », ne sont pas
de « véritables inquisiteurs », jouant avec les «
zones de détresse de leurs préclairs » pour les asservir,
culpabiliser, détruire. Cette question reste sans réponse.
Comme celle du prix, bizarrement très élevé, de lappareil.
Pour Marcel-Francis Kahn, « il y a là, à tout casser,
pour quelques centaines de francs de matériel ». Les experts
helvétiques sont un peu plus généreux. Ils ont calculé
que lélectromètre, à condition dêtre
fabriqué à la main, en très petites séries, avec
des pièces achetées à lunité, comme un vieux
coucou, et par des ouvriers
« payés au tarif suisse », pourrait coûter jusquà
1 195 francs suisses. Même en mettant les choses vraiment au maximum,
on narrive pas à dépasser les 5 000 francs français
pour un (faux) électromètre, vendu jusquà six à
huit fois plus cher.
La Scientologie nest pas scientifique.
Mais elle est lucrative.
(1) N° 240. AFIS, 14, rue de l'Ecole-Polytechnique, 75005 Paris. Internet
: http://spsafis.ctw.cc/
(2) Sur internet : http://www.home.ch/~spaw1736/sciento-vs-internet/emeter-swiss.htm
France :Scientologie
Paris Match, 17 février 2000, par Thomas Lardeur
[Extraits]
Une enquête de Thomas Lardeur (1)
(.........) "Nous avons immédiatement mis un terme à nos relations. Jusqu'alors, à aucun moment, je n'avais été informé d'un quelconque lien avec la Scientologie. J'ai énormément culpabilisé par la suite, car c'est moi qui les ai introduits dans la société"
Cette histire n'est pas un cas isolé. D'autres entreprises françaises ont récemment décidé de ne plus travailler avec Valgo, après avoir découvert ses accointances avec la Scientologie. Il est facile de comprendre comme elles ont pu être abusées : Valgo se présente en effet comme une entreprise de conseil en management comme les autres. Sauf qu'elle n'est pas tout-à-fait comme les autres. Elle apparaît dans un document encore inédit que nous publions :" L'annuaire international des entreprises scientologues." Daté de 1999, ce guide interne à la secte recense 2427 entreprises scientologues présentes sur tous les continents et oeuvrant dans tous les secteurs d'activité: management, marketing, communication, hôtellerie, éducation, musique, services administratifs, informatique... La moitié d'entre elles sont implantées aux Etats-Unis
(.........) En France, toujours selon ce guide, on dénombre 34 entreprises scientologues, presque trois fois plus qu'en 1991. Et cela malgré plusieurs condamnations retentissantes contre des responsables français de la secte, à Lyon en 1995 et à Marseille en 1999, sans oublier les deux rapports parlementaires de 1995 et 1999, très critiques à l'égard de l'Eglise de scientologie.
Quant au nombre de sociétés qui ont été démarchées par ces entreprises scientologues, il est difficile à connaître (.......) en France, de nombreuses grandes entreprises ont travaillé avec des entreprises scientologues ces dernières années. Par exemple, la société de formation Business Dynamic avance dans son dossier de presse des références prestigieuses comme Rhône-Poulenc, Société Générale, B.n.p., Elf, Accor, Lyonnaise des eaux, Peugeot... Et les références de Valgo France forcent tout autant le respect : France Telecom, E.g.t., E.d.f.-g.d.f. services, B.m.w, Ford, Lancia, Naf Naf, Kookaï, Sadec-Schneider, Orly restauration, groupe Rentokil... .
(1) Thomas Lardeur est l'auteur du livre "Les sectes dans l'entreprise", éditions d'organisation, 1999
Japon : Secte Aum
AFP, Tokyo, 17 février 2000
[Texte intégral]
TOKYO-Un tribunal japonais a condamné jeudi à la prison à
vie un adepte de la secte Aum, reconnu coupable d'avoir aidé les auteurs
d'un attentat au gaz sarin qui avait tué douze
personnes dans le métro de Tokyo en 1995.
Kiyotaka Tonozaki, 36 ans, a été reconnu coupable de complicité
pour avoir conduit en voiture un autre adepte sur les lieux de l'attentat et
l'avoir repris ensuite.
Le tribunal du district de Tokyo a estimé que Tonozaki savait que son
complice allait tuer avec le gaz qu'il transportait.
"I1 est naturel qu'il en porte aussi la responsabilité",
a déclaré le juge Takao Nakayama, en mettant en avant "la
forte unité, le fanatisme et la profonde hostilité de la secte
vis à vis de la société".
Le disciple que Tonozaki avait conduit, Masato Yokoyama, a été
condamné en septembre dernier à la peine de mort par pendaison
par le même tribunal.
Plusieurs autres adeptes ou ex-adeptes sont toujours en cours de jugement,
dont le gourou-fondateur Shoko Asahara, accusé d'avoir co-organisé
l'attentat au gaz sarin qui avait également intoxiqué plusieurs
centaines d'usagers du métro en mars 1995.
La secte, récemment rebaptisée Aleph, fait l'objet d'une surveillance renforcée de la part des pouvoirs publics au titre d'une nouvelle loi votée fin 1999 pour mieux contrôler ses activités.
France :Sectes
Mairie de Paris - Communiqué de presse, 18 février 2000
Communiqué de presse
Projet de loi
Exposé des motifs
Article 1
Article 2
Article 3
Article 4
DIRECTION GENERALE DE L'INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION
Comme il l'avait annoncé .vendredi dernier, Jean TIBERI, Maire de Paris,
déposera mardi 22 février une proposition de loi à l'Assemblée
Nationale visant à renforcer la protection des citoyens contre les agissements
des sectes.
Cette proposition prévoit d'une part .la création de périmètre
de protection interdisant l'installation de sectes dans un rayon de 300 m autour
des établissements accueillant des personnes vulnérables (établissements
scolaires,
résidences de personnes âgées, centres sociaux, hôpitaux
, etc
) et d'autre part, la restriction de la publicité des sectes
sur la voie publique
.
Le Maire de Paris rappelle, à titre d'exemple, que dans le respect des
libertés publiques, des dispositions contraignantes ont pu être
adoptées à l'encontre des commerces ou des films pornographiques.
Cette initiative viendra compléter la proposition de loi du Sénateur
Nicolas ABOUT, déjà adoptée par Sénat qui vise â
étendre aux sectes le champ de la loi de 1936 sur la dissolution des
groupes de combats et des milices privées.
Jean Tiberi souligne que le Conseil Constitutionnel a qualifié en 1994
de principe à valeur constitutionnelle " la sauvegarde de la dignité
de la personne humaine contre toute forme d'asservissement et de dégradation
". De même, la cour européenne des droits de l'homme a-t-elle
reconnu eu 1996 , que les états disposaient du pouvoir de contrôler
si un mouvement ou une association poursuivant, à des fins prétendument
religieuses, des activités nuisible à la population
.
Aussi Jean TIBERI, en tant que Maire de Paris, en tant que Député
de la capitale demande que soit donnée sans délai une définition
précise des sectes avec leur liste, ainsi que vient de s'efforcer de
le faire la Mission Interministérielle de Lutte contre les Sectes (MILS)
- ou à tout le moins, que soit déterminé un faisceau d'indices
qui permette d'appliquer pleinement la loi.
Les citoyens, les éducateurs, les associations et les responsables religieux, le savent bien : les sectes ne sont ni des associations ni des cultes. Il est essentiel des les priver de la possibilité de s'abriter derrière la liberté d'association et la liberté de conscience.HOTEL DE VILLE 75196 PARIS RP
L'opinion publique s'émeut à juste titre de l'influence croissante d'organisations sectaires dans toute la France. Le. comportement de ces groupes ou de ces associations porte en effet manifestement atteinte aux droits et preincipes fondamentaux de la République en abusant des situations de détresse et de la vulnérabilité des catégories les plus fragiles de la population. Si ces agissements sont déjà pour partie réprimés par la loi pénale au titre de l'abus de confiance, de l'escroquerie, de l`exercice illégal de la médecine ou de la mise en danger de la vie d'autrui, il n'en demeure pas moins nécessaire et urgent d'agir préventivement pour protéger des personnes les plus exposées à ces activités.
Pour ce faire, le législateur gardien des libertés publiques,
se doit d'assurer la sauvegarde de la dignité de la personne humaine
contre toute forme d'asservissement et de dégradation. Il peut le faire,
comme Il le fait déjà à l'égard des mineurs et des
personnes vulnérables, en veillant à éviter que des sectes
ne s'établissent â proximité des écoles, des centres
sociaux ou d'autres lieux accueillant des personnes particulièrement
vulnérables.
L'extension de cette protection suppose que soit désarmais reconnues
et caractérisées l'organisation et l'activité vérifiable
des sectes. Le rapport récemment remis au Premier Ministre par la mission
interministérielle de lutte contre les sectes a de ce point de vue permis
d'établir, grâce à un travail d'écoute et d'analyse,
une définition des organisations présentant des risques majeurs
pour l'ordre public. C'est cette définition qu'il vous est aujourd'hui
proposé d'introduire dans la loi.
ARTICLE 1 : Définition des sectes.
Sont définies comme sectes les groupes ou associations de structure totalitaire, déclarant ou non des objectifs religieux, dont le cornportement porte atteinte aux droits de l'homme et à l'équilibre social.
Ce caractère de secte peut être pleinement caractèrisé par l'autorité publique dès lors qu'un groupe, une association ou l'un de ses responsables poursuivi dans ce cadre a été pénalement condamné pour des activités reconnues comme portant atteinte aux droits de l'homme et à l'équilibre social.
ARTICLE 2 - Création de périmètres de protection.
Est interdite !'installation d'un local occupé par une organisation ayant le caractère de secte à moins de trois cents mètres de l'un des établissements suivants dont la liste est limitative :
- hôpitaux, hospices, maisons de retraites et tous établissements publics ou privés de prévention, de cure ou de soins hospitalisation ainsi que les dispensaires de prévention relevant des services départementaux d'hygiène scolaire.
- Centres sociaux et médico?sociaux et tous centres accueillant des populations en difficulté.
- Etablissements d'Instruction publique et établissements scolaires privés ainsi que tous établissements de formation ou de loisirs de la jeunesse.
- stades, piscines, terrains de sport publics ou privés. ? Etablissements pénitentiaires
L'infraction au présent article est punie de 200 000 F d'amende.
ARTICLE 3 - Restriction en matière de publicité
Le fait d'organiser la diffusion sur la voie publique de messages faisant la
promotion d'une organisation à caractère de secte et invitant
à la rejoindre, est puni d'une peine de 10 000 F d'amende lorsque ce
message est susceptible d'être vu ou perçu par un mineur.
Est puni de !a même peine le fait d'organiser l'envoi ou la distribution
de tels messages dès lors qu'ils pourraient âtre accessibles à
un mineur.
ARTICLE 4 - Restriction en matière de publication destinées à la jeunesse
Au premier alinéa de l'article 2 de la loi n° 49?956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse après les mots "à la débauche" ajouter les mots " l'activité des organisations à caractère de secte".
Japon : Secte Aum
AFP, 19 février 2000
[Texte intégral]
Deux des filles de Shoko Asahara, le fondateur de la secte Aum responsable
de l'attaque mortelle au gaz sarin dans le métro de
Tokyo en 1995, ont été arrêtées samedi pour avoir
kidnappé un de leurs frères âgé de sept ans, a annoncé
un porte-parole de la police japonaise.
Les deuxième et troisième filles de Asahara, âgées
de 19 et 16 ans, étaient recherchées depuis l'enlèvement
perpétré le 21 janvier dans le village d'Asahi, à 100 kilomètres
au nord-est de Tokyo, où le garçon vivait en compagnie de la soeur
aînée, qui a 21 ans.
La secte, qui se fait désormais appeler "Aleph"
et a pris en apparence ses distances vis à vis de son fondateur pour
tenter de se refaire une virginité, a attribué l'épisode
à une simple querelle familiale.
Le garçon, dont le nom n'a pas été communiqué,
avait été retrouvé deux jours après l'enlèvement
à Hakone, une station de montagne située à 80 kilomètres
à l'ouest de Tokyo.
La famille de l'ex-gourou d'Aum est intimement mêlée à
la vie de la secte. La fille de 16 ans y exerce une forte influence parce qu'elle
est le premier enfant né après la "révélation"
qui a conduit Asahara à fonder Aum.
Le garçon enlevé et son frère cadet âgé de
cinq ans sont considérés comme .. des guides spirituels par les
adeptes du culte depuis le retrait de leur père, actuellement poursuivi
pour meurtre et 16 autres chefs d'accusation dans un procès marathon.
La femme d'Asahara, Tomoko Matsumoto, a déjà été
condamnée pour complicité dans le meurtre d'un ancien disciple
de Aum.
Depuis le vote l'an dernier d'une loi ad hoc, la secte est placée sous stricte surveillance policière.
Japon : Life Space
AFP, Tokyo, 22 février 2000
[Texte intégral]
Arrestation de huit membres d'une secte adoratrice d'une momie-
La police japonaise a arrêté mardi huit membres d'une secte qui prétendaient maintenir en vie le corps momifié d'un homme victime d'une hémorragie cérébrale, a indiqué un porte-parole.
Le corps momifié de Shinichi Kobayashi, 66 ans, avait été découvert en novembre dernier dans une chambre d'hôtel proche de l'aéroport international de Narita, où les membres de la secte "Espace vital" l'avaient installé en juillet dernier après l'avoir enlevé de l'hôpital où il était en traitement.
Parmi personnes arrêtées figurent la femme ainsi que le fils de la victime. Ce dernier avait participé personnellement à l'enlèvement sur l'ordre du gourou de la secte, Koji Takahashi. "M. Kobayashi avait besoin d'un traitement médical mais ils n'ont rien fait pour cela", a indiqué le porte-parole de la police en expliquant l'arrestation du gourou et de sept de ses disciples.
Après la découverte du corps momifié en novembre, Takahashi avait affirmé dans une conférence de presse que Kobayashi était "absolument vivant".
Lors de son arrestation mardi, il a nié les accusations portées contre lui, a indiqué la police.
Takahashi, qui a fondé la secte en 1983, avait pratiqué sur la victime un "traitement spécial" consistant à lui donner des coups sur la tête.
Chine : Falungong
AFP, Hong Kong, 22 février 2000
[Texte intégral]
Un adepte de la secte interdite Falungong est mort après avoir été
nourri de force par la police chinoise qui voulait l'empêcher d'observer
une grève de la faim, a affirmé mardi à Hong Kong une organisation
de défense des droits de l'homme.
Liu Xugo, un ingénieur âgé de 29 ans, a succombé à des blessures aux poumons et à la trachée après l'implantation "brutale" d'un tube d'alimentation par la police, a indiqué le Centre d'information sur les droits de l'homme et le mouvement démocratique en Chine.
L'homme est décédé le 11 février, six jours après avoir entamé une grève de la faim au camp de "rééducation par le travail" de Jining, dans la province du Shandong (Est), a précisé le Centre d'information dans un communiqué.
Interrogé par l'AFP, l'hôpital où M. Liu a été transféré s'est refusé à tout commentaire, tandis que le camp de travail a démenti ces informations.
Selon le Centre d'information de Hong Kong, M. Liu avait été condamné au début du mois à trois ans de camp, après son arrestation en octobre pour avoir protesté contre l'interdiction du mouvement d'inspiration bouddhiste.
Le Falungong a défié les autorités en avril 1999 en rassemblant plus de 10.000 manifestants devant le siège du régime communiste à Pékin. Quelque 35.000 membres ont été interpellés depuis l'interdiction du mouvement en juillet.
France :Eglise Universelle du Royaume de Dieu
Le Parisien, 20 février 2000, par Florence Sterg
[Texte intégral]
Paris Manif contre les sectes "SAUVONS LA SCALA, non aux mouvements sectaires dans le Xe. "
Immense, la banderole accrochée au fronton de l'ancien music-hall, au 13, boulevard de Strasbourg, frappe fort.
L'appel à la manifestation anti-sectes du maire socialiste Tony Dreyfus aura rencontré hier un écho dépassant les frontières de l'arrondissement.
A partir de 11 heures, quelque 200 personnes se sont rassemblées devant la Scala pour exprimer leur inquiétude. Ce fief de Mistinguett et de Maurice Chevalier dans les années folles, qui a abrité, jusqu'à l'été dernier, un cinéma porno, vient d'être racheté par l'Eglise universelle du royaume de Dieu pour le transformer en lieu de culte. " Nous demandons à Jean Tiberi de refuser à ce mouvement sectaire le permis de construire un lieu de culte dans la Scala ", indique le président de l'association Paradis-Bonne Nouvelle qui compte 400 riverains.
Mais, à l'intérieur de l'ancien music-hall, les travaux ont commencé, sans autorisation.
L'Eglise universelle du royaume de Dieu est déjà à l'oeuvre. Son siège est installé depuis 1993 rue du Faubourg-Saint-Martin (Xe). " Devant l'église Saint Martin , raconte une dame aux tempes blanches, les adeptes m'ont demandé si je croyais à une vie après la mort. J'ai coupé court ".
Les habitants du Xe ont déjà vu des membres de cette secte qui promet la guérison interpeller les passants après une transe hystérique sur le trottoir. Les habitants du Xe ne sont pas les seuls à souffrir de ce voisinage qu'ils jugent indésirable.
Installée dans le XVe, la Nouvelle Acropole se dissimule sous les traits anodins d'un centre culturel. De petits prospectus glissés sous les pare-brise invitent les habitants à assister à des cours de philosophie payante. L'Eglise de scientologie soigne son image par des manifestations de masse, comme des concerts contre la drogue, des petites annonces dans la presse étudiante, des distributions de vêtements aux plus démunis.
" Ces sectes, c'est le diable ", conclut un riverain de la Scala...
France : Sectes
AFP, 21 février 2000
Les députés communistes ont déposé une proposition de loi permettant la dissolution d'organisations sectaires, inspirée notamment par un texte voté à l'unanimité au Sénat à la mi-décembre.
I1 s'agit, comme pour le Sénat, de "mettre hors d'état de nuire les organisations sectaires en fonction de leur caractère criminogène attesté par des décisions de justice devenues définitives, et du trouble à l'ordre public ou du péril majeur pour la personne humaine qu'elles constituent", selon l'exposé des motifs du texte diffusé lundi.
La proposition, dont le premier signataire est le député-maire de Montreuil Jean-Pierre Brard, membre de l'observatoire interministériel sur les sectes, permet en outre "de sanctionner l'exercice illégal de la médecine et de la pharmacie par des personnes morales, ce qui est fréquemment le cas des organisations à caractère sectaire".
Enfin les députés communistes proposent que des décisions de justice rendues dans d'autres pays de l'Union européenne puissent également servir de base à la dissolution de sectes.
Interpellée au début du mois par des députés, la ministre de la Justice Elisabeth Guigou avait déclaré que le texte sénatorial serait "bientôt" soumis à l'Assemblée nationale.
France :ACC
Le Parisien, 24 février 2000, par Cécile Beaulieu
[Texte intégral]
Le deuxième volet de l'affaire Essor-Optique s'ouvre cet après-midi devant le conseil des prud'hommes de Nanterre .
Six des neuf commerciaux de l'entreprise d'optique de Villeneuve-la-Garenne, congédiés en septembre 1998, y retrouveront, le temps d'une audience, les dirigeants de la société qu'ils accusent de les avoir licenciés abusivement.
La partie émergée de l'iceberg.
Car, bien au-delà du droit du travail, c'est à une secte, Au coeur de la communication (ACC), dont Essor-Optique était devenu le champ d'application, que s'intéresse désormais la justice.
En 1998, neuf des salariés de l'entreprise, annoncent à leur directeur Sam Cohen leur intention de ne pas se rendre à un séminaire organisé au Canet-en-Roussillon : ils savent, pour l'avoir expérimenté à leurs dépens, que ce type de réunion prend plutôt des allures de scéance d'endoctrinement souvent impitoyable. Toujours insupportables : « Nous avons vécu, confie l'un des salariés, de véritables scènes organisées de destruction psychologique. On nous faisait culpabiliser, craquer devant tout le monde. Bref, nous servions de cobayes, chargés d'expérimenter les méthodes prônées par ACC avec un mot d'ordre, le fil rouge de la stratégie de Sam Cohen : Changer les schémas mentaux de vos clients après avoir changé les vôtres. Bref, il faisait du prosélytisme à travers sa société commerciale. »
Enquête préliminaire du parquet de Nanterre
Le refus de participer au séminaire du Canet se traduit immédiatement par le licenciement collectif des neufs salariés récalcitrants qui, depuis, n'ont jamais baissé les bras, bien décidés à ce que toute la lumière soit faite sur l'infiltration d'Essor-Optique par la secte ACC : les prud'hommes examinent les motifs de licenciements.
Les juges ont estimé une première fois, sur la forme, qu'ils reposaient sur « une cause réelle et sérieuse » et le parquet de Nanterre, de son côté, garde un oeil ouvert sur le fond de l'affaire, par le biais d'une enquête préliminaire portant sur les activités parallèles d'Essor-Optique. Enquête qui pourrait aboutir, comme le souhaitent les plaignants et leur avocat Me Brihi, à l'ouverture d'une information judiciaire.
Face à eux, Sam Cohen se défend avec la dernière énergie et nombre de ses actuels employés font chorus, niant en bloc l'interpénétration entre Essor et ACC. Détail troublant, cependant : la fondatrice de la secte, Claire Nuer aujourd'hui décédée n'était autre que l'épouse du même Sam Cohen ! Au coeur de la communication, enfin, privée de son antenne parisienne, mais qui a toujours pignon sur rue à San Francisco et Montréal où sont organisés de nombreux stages facturés à prix d'or en direction des cadres de grandes entreprises, n'a pas attendu les déclarations des neuf commerciaux licenciés pour faire parler d'elle.
A deux reprises la secte a été épinglée par des rapports parlementaires.
France :ACC
Le Parisien, 24 février 2000, par Cécile Beaulieu
[Texte intégral]
La secte au Coeur de la communication a été fondée en 1989 par Claire Nuer, l'épouse de Sam Cohen, sous le nom Clarté et confusion.
Rebaptisée ACC en 1991, elle avait alors pignon sur rue à Paris, dans le XVIIe arrondissement.
Elle s'offrait alors de vastes encarts publicitaires dans la presse, vantant les mérites de ses méthodes dans une multitude de domaines, de l'amaigrissement au sevrage tabagique.
L'antenne française a aujourd'hui disparu, mais ACC sévit encore aux Etats-Unis sous le nom de Learning as leadership et au Canada où sont organisés des séminaires de communication.
Si le rapport parlementaire français consacré aux sectes épinglait très sévèrement ACC au mois de juin dernier, révélant une étroite corrélation entre au Coeur de la communication et Essor-Optique, le rapport belge dénonçait les pratiques d'ACC dès 1995 en des termes sans concession aucune : « Il s'agit, peut-on lire, d'une organisation sectaire française dirigée par Claire Nuer, une secte new-age de type thérapeutique. Ses dirigeants se mettent eux-mêmes sur un piédestal, car c'est grâce à eux que l'adepte a soi-disant identifié son(ses) problèmes(s). Ils l'invitent à participer à des séminaires payants et l'adepte devient de plus en plus dépendant . Un séminaire coûte entre 30 000 F et 40 000 F. Comme quelque 250 personnes y participent, chaque session peut rapporter de 7 à 8 millions de francs. »
France :Ordre du Temple Solaire (OTS)
Le Parisien, 24 février 2000, par Frédéric Vézard
]Extrait].
Aveu d'échec d'un magistrat épuisé qui estime avoir été abandonné par sa hiérarchie.
En mars 1997, alors que cinq adeptes de l'ordre du temple solaire viennent de se suicider au Canada, Luc Fontaine, (juge chargé de l'enquête), s'inquiète de son manque de moyens. Confiées dans un premier temps à la gendarmerie de Grenoble, les investigations ont été ensuite centralisée à la direction centrale de la police judiciaire. Un seul policier travaille à plein temps sur ce dossier.
Le magistrat estime cela insuffisant et demande un renfort à Bernard Gravet, alors patron de la PJ, qui lui répond : "Monsieur le juge, vous aurez tous les moyens qu'il vous faudra". "Je les attends toujours", regrette aujourd'hui le magistrat qui révèle également que le ministère de la justice, alerté aussi, lui as répondu en substance "débrouillez-vous".
Le livre (1) va plus loin sur l'attitude étrange du policier. On apprend ainsi que il avait fait pression auprès de certaines familles des victimes. Au cours de l'été 1996, il appelle ainsi Alain Vuarnet qui a perdu sa mère et son frère dans le drame. "Il nous a conseillé de retirer nos plaintes", explique Alain Vuarnet à Bernard Nicolas. "Il nous a dit que nos perdions temps, que nos proches s'étaient suicidés il et qu'il n'y avait plus rien à faire." Jean Péchot, dont le frère, la belle-soeur et le fils ont été tués en Suisse, a reçu le même appel.
Ces démarches illégales n'ont pas été sanctionnées.
Selon les auteurs du livre il y a plus grave : il a beaucoup travaillé sur Jean-Pierre Lardanchet, ce policier qui fut l'un des exécuteurs du massacre de Saint-Pierre-de-Cherennes. "Il est établi que Lardanchet a passé une partie de son temps a sillonner Paris pour distribuer des enveloppes d'argent liquide, explique Bernard Nicolas. C'est mentionné dans plusieurs procès-verbaux. Les adresses de ces livraisons sont précisées. Bizarrement, cela a totalement disparu du rapport d'enquête final." Le juge Fontaine conclut avec cette étonnante confidence : "Cette affaire est énorme. A 4 kilomètres près , elle était du ressort du Tribunal de Valence. J'aurais préféré."
Exaspérés par cette impuissance, quatre familles de victimes, les Vuarnet, les Rostan, les Sleimer et les Grandcoin, ont, le 20 janvier dernier, demandé à la Cour de cassation de dessaisir ce magistrat.(1) "l'Ordre du temple Solaire, les secrets d'une manipulation "par Arnaud Bédat, Gilles Bouleau et bernard Nicolas. Flammarion.
France :Raël
AFP - 24 février 2000
[Texte intégral]
La Cour de cassation interdit à des parents de mettre les enfants
en contact a avec leur secte
La Cour de cassation a jugé mardi que la justice pouvait interdire à une mère de mettre ses enfants en contact avec les membres du mouvement raëlien sans qu'il y ait pour autant atteinte à la vie privée et à la liberté religieuse, a-t-on appris vendredi auprès de la Cour.
Le mouvement, qui à son siège à Genève et prône
depuis peu le clonage des enfants, s'était fait connaître il y
a quelques années pour avoir réclamé une ambassade pour
les extra-terrestres.
Le fondateur français du mouvement Claude vorilhon aurait rencontré
en 1973 un "Elohim" au fond d'un volcan éteint du centre
de la France. Celui-ci l'aurait prénommé Raël et lui aurait
confié "un message pour l'humanité".
La Cour d'appel de Versailles avait imposé à des parents, adeptes
de la secte, de ne pas mettre leurs enfants en contact avec d'autres membres
du mouvement.
La mère, invoquant la Convention européenne des droits de l'homme
(CEDH), soutenait qu'on lui interdisait ainsi de recevoir des adeptes chez elle,
ce qui portait atteinte à son droit au respect de la vie privée.
Elle ajoutait qu'on lui interdisait de manifester ses convictions religieuses
et de pratiquer sa religion à son domicile.
La lère chambre civile de la Cour de cassation, présidée par M. Jacques Lemontey, a répondu que la CEDH autorisait des limitations légales nécessaires, dans une société démocratique, à la poursuite de ses buts légitimes.
Elle a ajouté qu'il n'y avait pas, en l'espèce, d'atteinte directe au droits et libertés de l'intéressée puisque l'exercice de ces droits et libertés étaient seulement soumis à certaines conditions commandées par le seul intérêt des enfants
France :ACC
Le Parisien, 25 février 2000, par Cécile Beaulieu
[Texte intégral]
ESSOR-OPTIQUE s'est défendue pied à pied hier, devant le conseil des prud'hommes de Nanterre .
L'entreprise de verres optiques de Villeneuve-la-Garenne, y répondait du licenciement collectif pour faute grave de six agents commerciaux qui avaient refusé de se rendre à un séminaire professionnel, organisé au Canet-en-Roussillon par le directeur d'Essor, Sam Cohen, en 1998. Un dossier de droit du travail empoisonné par les relents persistants d'une affaire corollaire.
Car, sur Essor, plane depuis de nombreuses années l'ombre de la secte Au Coeur de la Communication (ACC), suspectée par le rapport parlementaire français sur les sectes, de juin 1999, d'avoir purement et simplement infiltré l'entreprise d'optique.
Pour cette raison, d'ailleurs, les agents commerciaux d'Essor, ont contesté,
en 1998, l'opportunité de se rendre au séminaire du Canet : «
Ce jour-là, plaide Me Brihi, l'avocat des plaignants, ils ont tout simplement
fait connaître à Sam Cohen leur exaspération face aux méthodes
sectaires pratiquées par l'encadrement d'Essor. [....]
Les réunions de travail, notamment, dont ils ne connaissent jamais par avance l'ordre du jour ni le nom des intervenants et qui se déroulent à un rythme épuisant, au gré d'horaires infernaux, ne laissant pas aux commerciaux une minute de répit. En outre, poursuit Me Brihi, au cours de ces séminaires, véritables champs d'application des méthodes d'ACC, on ne parle que très accessoirement de verre optique Il y est surtout question de la vie privée des salariés et l'on y évoque sans retenue les valeurs de la vie, l'amour, l'attachement familial, l'étude des barrières psychologiques. Bref : ces réunions organisées dans des lieux de rêve ont un but évident : faire accepter l'inacceptable. »
Dans la salle d'audience des prud'hommes, fait rarissime, un représentant du parquet de Nanterre a pris place. Le motif de sa présence ? « la sensibilisation de la justice aux affaires de sectes, annonce-t-il dans un bref réquisitoire, avant d'ajouter qu'une enquête préliminaire concernant Essor a bien été ouverte. »
De son côté, Me Fedida, le conseil d'Essor est formel. Avec une pointe d'humour, il réfute farouchement la moindre interpénétration entre l'entreprise d'Essor et ACC Dont la fondatrice, Claire Nuer, aujourd'hui décédée, était néanmoins l'épouse de Sam Cohen ! « Je ne sais qu'une chose, a-t-il précisé, excédé : cette « rumeur » a sérieusement compromis l'avenir commercial d'Essor-Optique qui vient de perdre son plus gros contrat avec la société Nikon ».
Le jugement a été mis en délibéré au 6 avril.
Etats-Unis : Sectes et politique
[Texte intégral]
WASHINGTON (AFP) - Le département d'Etat dénonce les violences
policières en France et la situation dans les prisons, dans son rapport
annuel sur les droits de l'homme dans le monde en 1999, publié vendredi.
Le document, qui passe en revue tous les pays d'Europe, critique, dans son chapitre
sur la France, "l'usage excessif de la violence, en particulier contre
des immigrants", par les forces de l'ordre, qui "s'est traduit
par des décès, même s'il n'y a pas d'indication que cela
ait été à dessein".
Le document reconnaît que les prisons françaises "sont généralement au-dessus des normes internationales", mais fait état d'un "débat public" sur les conditions de détention.
"Des observateurs continuent de critiquer le fait que les prisons ne fournissent pas assez de lumière, d'espace pour dormir, de couvertures, de repas, d'exercice extérieur et de soins médicaux aux prisonniers", indique le rapport.
La lenteur de la justice française est elle aussi épinglée. "Certains suspects passent plusieurs années en prison avant que leur procès ne commence", souligne le texte.
Le rapport américain mentionne également la polémique sur le port du foulard islamique dans les écoles publiques, indiquant que "certaines minorités religieuses ont connu des problèmes avec le port de vêtements religieux spécifiques".
Le rapport signale également l'"atmosphère d'intolérance" dont se sont plaintes certaines minorités à caractère religieux en raison du débat sur les sectes.
France : Sectes
La santé de l'homme - n° 345 - janvier-février 2000 par Paul Ariès
[Texte intégral]
Les sectes et la santé une bonne occasion d'interroger nos propres pratiques
Les sectes sont dangereuses dans la mesure où elles nous sont proches, c'est-à-dire qu'elles caricaturent à l'extrême certaines tendances morbides de notre modernité. Elles ne sont pas à ce titre un phénomène marginal, mais de véritables laboratoires du futur.-
Les sectes laboratoires du futur ?
Les sectes se développent clans le cadre de la destruction des repères symboliques. Elles interfèrent pour cette raison avec la santé physique, mais aussi mentale, des individus.
La mondialisation en cours peut être comprise comme un processus de régression sociale (précarité), politique (fin des utopies), culturelle (McDonalisation), psychiques.
Les sectes offrent dans chacun de ces territoires en crise leurs propres résolutions. Elles constituent, par-delà leur diversité, une menace pour les valeurs de tout humanisme. Cette offensive des sectes se réalise notamment sur le terrain de l'éducation à la santé. Elle peut donc être l'occasion de réfléchir à nos propres pratiques, mais aussi aux prénotions et aux représentations (parfois fantasmatiques) qui animent les acteurs.
Le mythe de la perfection peut-on guérir de tout ?
Les sectes développent une logique de purification fondée sur le culte de la perfection. Elles considèrent que le problème dans l'homme, c'est l'homme lui-même, parce qu'il serait toujours imparfait, parce qu'il aurait des attachements, des dépendances, etc. Il faudrait donc chasser l'humain dans l'homme en lui substituant des techniques. L'être parfait serait ainsi un individu réduit à des normes techniques, un personnage moyen.
Cette logique est doublement perverse. Elle l'est dans la mesure où elle considère
toute faiblesse comme un dysfonctionnement à corriger, alors que l'on peut penser
que l'homme n'est grand que dans le respect de sa faiblesse (les " faibles"
de la société ( les chômeurs, les malades, les handicapés, les pauvres ou la
part de
" faiblesse" de chacun de nous).
L'histoire nous rappelle pourtant que toutes les tentatives pour " purifier" l'homme se sont toujours soldées par des monstruosités collectives ou individuelles. II en va de la reconnaissance que tout n'est pas possible, que l'humanité n'est pas toute-puissante. Cette soustraction engendre notre humanisation, bref notre accès à la symbolique.
Le respect de la part du faible n'est donc pas seulement un point de vue généreux, mais une condition essentielle à la construction de l'humain en sujet autonome (responsable.).
Prenons garde de ne pas fantasmer sur les fantasmes sectaires de toute-puissance.
La scientologie propose ainsi de créer le surhomme, mais fragilise en fait les individus. Elle obtient par ses " teck " la pulvérisation du moi et la soumission au groupe. Cet exemple prouve que tout projet de technologisation de l'humain est en soi dangereux.
Les sectes " guérisseuses " ont aussi évolué en ne reprochant plus à la médecine son caractère (parfois) inhumain, mais de ne pas être toute-puissante (sida, cancer, etc.). Elles ne proposent plus de guérir des incurables, mais " médicalisent " les " bien-portants " qu'elles tentent de convaincre du caractère inacceptable de leur faiblesse. Elles sont posées, de ce fait, à privilégier des solutions fantaisistes, voire dangereuses, et à culpabiliser les " malades ", car il leur faut bien donner une raison à leur propre échec.
L'utilisation hors contexte des outils thérapeutiques : peut-on guérir les gens malgré eux ?
Les sectes sont expertes clans l'utilisation hors contexte des outils thérapeutiques. Nous avons pu ainsi démontrer que les techniques de régression sectaires tirent leur efficacité de l'usage pervers de méthodes fort banales de modifications mentales comme certaines techniques de saturation/privation sensorielles, de double contrainte contradictoire, etc. Cette dérive est facilitée par la banalisation actuelle de toutes sortes de manipulations. Ainsi en est-i1 des techniques de dressage commercial, de motivation des cadres, etc.