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Ouganda : Secte : Rétablissement des dix commandements de Dieu
La secte ougandaise a fait près d'un millier de victimes
Le Soir, 1er avril 2000Cinq mandats d'arrêts internationaux
En Ouganda, au lendemain de l'exhumation de 80 nouveaux cadavres, le bilan des tueries organisées par le "Mouvement pour le rétablissement des dix commandements de Dieu" serait d'au moins 924 morts dont 530 pour la seule église de Kanunga, incendiée le 17 mars.
La tragédie ougandaise fait désormais figure de plus grand massacre de membres d'une secte jamais découvert. En 1978, au Guyana, la tuerie de Jonestown avait fait 913 victimes.
Selon les enquêteurs, ces massacres auraient pu être provoqués par les gourous du mouvement lorsqu'ils se sont rendu compte que, mécontents, des adeptes de plus en plus nombreux voulaient récupérer les biens qu'ils avaient cédés à l'église.
Vendredi, les autorités ougandaises ont renoncé à fouiller une cinquième propriété de la secte. Faute d'équipement adéquat: l'endroit se situe en pleine jungle, près de la frontière congolaise.
L'Ouganda a l'intention de demander à Interpol la diffusion de mandats d'arrêts internationaux contre cinq dirigeants de la secte dont Joseph Kibwetere et Credonia Mwerinde.
Un deuxième suspect a été arrêté. Son arrestation serait justifiée par l'appartenance de certains membres de sa famille à la secte.
France : Sectes
Enfants " embrigadés "
Alsace Presse, 2 avril 2000,[texte intégral]
Plusieurs dizaines de milliers d'enfants sont " embrigadés " dans des sectes ou des mouvements sectaires dont 500 directement dans des " communautés fermées ", selon un rapport des renseignements généraux dont l'AFP a eu connaissance. Ce document, qui n'était pas destiné à être rendu public, a été remis la semaine dernière à la mission interministérielle de lutte contre les sectes. Il s'agit, selon elle, " d'un travail de synthèse intéressant " sur une réalité déjà en partie connue.
Selon le rapport des RG, 500 mineurs sont à la merci de 19 " communautés fermées ", plus de 40.000 autres dépendent soit directement soit par l'intermédiaire de leurs parents de 48 communautés non autarciques " caractérisées par l'embrigadement des enfants ", auxquelles s'ajoutent 18 mouvements para-sectaires.
Quelque 6.000 enfants sont astreints à une scolarité " hors norme " (établissements privés hors contrat affiliés à des organisations sectaires, instruction et/ou éducation familiales), d'autres se voient interdire de participer, au sein même des établissements relevant de l'Education Nationale, à certaines activités scolaires ou aux fêtes de fin d'année.
Diverses structures à " caractère simili-scolaire ", émanations directes de plusieurs sectes, proposent en outre des gardes d'enfants, des cours de rattrapage, des activités d'éveil. Outre l'endoctrinement, certaines des sectes les plus dangereuses refusent la vaccination des enfants, usent de maltraitances, d'abus sexuels, voire (organisation du Temple Solaire) pratiquent des meurtres d'enfants dans le cadre de " suicides " collectifs.
Certaines sectes, particulièrement les mouvements autarciques, pratiquent la " dépossession " en séparant les enfants de leurs parents.
Un récent décret du ministère de l'Education nationale a renforcé le contrôle de l'enseignement dispensé dans les écoles hors contrat. Mais la lutte contre les sectes a aussi tendance à s'européaniser, les sectes s'adaptant " aux différentes législations nationales selon les pays dans lesquelles elles s'implantent, telles l'église de scientologie, Moon, les raéliens ", notent les spécialistes.
Des réunions de travail de plusieurs services de police et de renseignements de pays européens sont organisées sur ce thème.
De son côté, la commission des Libertés publiques et des Affaires intérieures du Parlement Européen a émis un avis pour inciter les pays membres de l'UE à " faire usage efficacement de leurs législations respectives pour garantir que les mineurs dont les parents sont membres d'une secte n'échappent pas aux dispositions relatives à la protection de la jeunesse " telles que les obligations alimentaires et scolaires.
En décembre dernier, des raéliens ont manifesté à Paris alors que l'Assemblée nationale discutait des sectes.
France : HUE - SHY (Energie Universelle)
La secte briseuse de couple
Sud-Ouest, 2 avril 2000, par Jean-Paul Chaintrier[texte intégral]
Le juge aux affaires familiales de Pau vient de rendre un jugement de divorce original en ce sens que, malgré les torts partagés entre le mari et son: épouse, malgré l'exercice conjoint de l'autorité parentale sur leurs deux enfants (8 ans et 11 ans), il est dit que ces derniers résideront de manière habituelle chez le père parce que l'appartenance de la mère à une. secte n'est pas étrangère aux difficultés rencontrées par le couple.
Fin novembre 1998, l'ordonnance de non-conciliation avait déjà précisé que les enfants auraient leur résidence principale chez le père, fonctionnaire, dont ils dépendraient fiscalement et socialement.
Le magistrat avait fait sien les arguments de l'avocate du mari, Me Maripierre Massou, en motivant sa décision par la distance qu'il prenait avec les sectes; il avait retenu que l'épouse, secrétaire en milieu hospitalier, avait adhéré depuis de nombreux mois à l'organisation. Spiritualité et Partage, transformée en Spiritualité HumanYoga 64, association classée. comme secte:par le rapport que la commission d'information sur les sectes avait rendu en décembre 1995.
Le désintérêt familial.
Le 29 novembre 1999,la cour d'appel de Pau confirma en toutes ses dispositions l'ordonnance de non-conciliation. Le jugement de
divorce, rendu courant mars, prend certes en compte la déclaration de la mère qui affirme ne plus appartenir au mouvement SHY (NDLR cette association a effectivement été dissoute dans les Pyrénées-Atlantiques).Mais il ne l'exonère pas pour autant du passé. Les attendus précisent en effet:" Par son adhésion à une secte quinze ans après le mariage, Mme X. s'est rendue responsable des difficultés de communication et d'un désintérêt à l'égard de la vie familiale ce, au moment même où le mari, victime d'un accident du travail, avait le plus besoin de son assistance".
Le juge reproche également à la mère d'avoir caché à sa famille qu'elle avait demandé à son employeur le bénéfice d'un temps partiel en raison du travail supplémentaire que lui procuraient ses responsabilités dans la secte. .
Ouganda : Secte : Rétablissement des dix commandements de Dieu
Libération , 5 avril 2000, par Marie-Laure Colson Secte tueuse : plongée aux racines du mal
[Texte intégral]Près de 1000 morts déjà déterrés en Ouganda et les fouilles continuent. A l'origine, deux gourous infernaux.Chaque chemin de l'ouest de l'Ouganda, région frontalière de l'ex-Zaïre en guerre et du Rwanda brisé par le génocide de 1994, est bordé d'écriteaux indiquant la direction d'une Eglise ou d'une secte. C'est sur cette terre malmenée par les régimes sanguinaires d'Idi Amin Dada et de Milton Obote qu'a eu lieu le plus grand massacre de ces dernières années, perpétré au nom d'une religion inventée par un fonctionnaire exalté, Joseph Kibwetere, et une prostituée opportuniste, Credonia Mwerinde .Après l'incendie - volontaire ou criminel - de l'église de Kanungu, le 17 mars, entraînant la mort de 400 fidèles, les policiers ougandais et leurs ilotes - des prisonniers sortis des geôles pour déterrer les corps en décomposition - ont découvert six autres fosses communes. Le nombre des victimes avoisinerait le millier, les fouilles continuent.
Il faudra du temps pour évaluer l'ampleur de ce drame. Les membres de la secte avaient interdiction de parler. Ils étaient constamment déplacés pour les séparer de leur familles et de leurs voisins. Les victimes étaient originaires d'autres régions de l'Ouganda, et même du Rwanda. Les «camps de transit» abritaient des centaines de déracinés, dont de nombreux enfants sans leurs parents. Dans un pays où s'occuper des siens est une tâche déjà trop lourde, les responsables de la secte pouvaient tuer tranquillement derrière les haies entourant leurs maisons.Les complicités des notables locaux avec le Mouvement pour le rétablissement des dix commandements de Dieu entourent les massacres d'un silence encore plus lourd. Complicité basée sur l'appât du gain (les fidèles payaient cher pour appartenir au groupe) et sur le calcul politique: les sectes en Ouganda appartiennent à toutes les obédiences (dans ce pays, protestants, musulmans et catholiques se côtoient) et jouent sans conteste un rôle de stabilisateur social, mission laissée à l'abandon par un Etat confronté à plusieurs rébellions.Les plaintes, et il y en a eu, comme le confirme le témoignage d'un ancien adepte , émanent de citoyens privés du droit le plus élémentaire, celui de se voir garantir protection par ses élus et son administration.Sans doute parce que la fin du monde n'est pas venue, parce que les adeptes ont commencé à se poser des questions et peut-être à demander remboursement, les dirigeants de la secte ont planifié leur mort. Des survivants assurent avoir reçu une lettre de Kibwetere commandant aux fidèles de converger vers Kanungu où ils allaient rencontrer Jésus-Christ et la Vierge Marie. Mortelle randonnée.
Les gourous, eux, seraient en fuite. La police ougandaise n'a pas retrouvé de trace d'argent, ce qui constitue un indice sérieux. Il y a deux jours, dans un rare sursaut d'autorité, les autorités ougandaises ont opéré un raid dans un lotissement qui abrite une autre secte, dans l'espoir que Kibwetere s'y soit caché. Il n'y était pas. Et les activités de cette secte ne donneront sans doute pas lieu à une enquête.
Libération, 5 avril 2000, par Jean-Philippe RemyOuganda : Secte : Rétablissement des dix commandements de Dieu
Credonia, prêtresse démoniaque
[Texte intégral]
«Autoritaire», «dure», c'est elle qui dictait sa loi aux adeptes.
Mbarara, envoyé spécial
Dix ans durant, Credonia Mwerinde a promis l'apocalypse à ses fidèles. Sur ce point au moins, elle ne les aura pas trompés. Près de 1000 d'entre eux ont été assassinés ou brûlés vifs dans les décombres de bâtiments de la secte du Mouvement pour la restauration des dix commandements de Dieu. Même si les circonstances exactes de ces meurtres restent inconnues, il est établi qu'aux racines du drame, il y a une rencontre, celle de Credonia Mwerinde et de Joseph Kibwetere, les deux chefs de la secte millénariste. Elle est l'âme noire de la secte, «vive et intelligente» selon un ancien adepte, il est un petit fonctionnaire exalté qui se prend pour Jésus.
Née dans la misère.
La première partie de la vie de Credonia est d'une mortelle banalité. Née sur une terre si ingrate que ces habitants migrent vers d'autres régions, Credonia habite à Kabale, ville frontière avec le Rwanda. Mariée deux fois, deux fois veuve. Avant l'expérience des illuminations, Credonia vit celle de la misère. Elle pratique les rares métiers à sa portée, vente de bières ou d'alcool de banane de contrebande, prostitution généralement. «A la fin des années 80, toute cette région de l'Ouganda était complètement détruite par la guerre civile et les années de dictature d'Idi Amin Dada et Milton Obote. Alors, c'est vrai, Credonia a travaillé dans les bars de la ville. Au fond, elle n'avait pas beaucoup d'autres choix», témoigne un responsable de l'évêché de Mbarara, qui a suivi le dossier de la secte.
Un fait décisif va marquer ces années de débine. A Kabale, parmi les exilés rwandais tutsis passés de l'autre côté de la frontière pour fuir les pogroms du régime Hutu, vit une femme originaire de Kibeho, ville de sud du Rwanda célèbre à l'époque pour ses apparitions de la Vierge. Cette réfugiée et Credonia se croisent dans une église de Kabale et sympathisent. «Credonia qui n'avait jamais été réputée pour sa foi, bien au contraire, a été extrêmement influencée par cette rencontre, dit le responsable de l'évêché. Kibeho était alors un lieu de pèlerinage très important. Cela a dû la faire réfléchir.»
Un jour, Credonia et sa nouvelle amie se rendent à Nyabuguto. Dans cette petite ville de la région, on visite une grotte où se trouve une pierre à forme vaguement humaine. «C'est là que Credonia aurait affirmé avoir eu sa première vision, en voyant soudainement la pierre s'animer et apparaître comme la Vierge Marie.»
L'exemple d'Alice.
Les prophétesses, justement, se multiplient à travers l'Ouganda. En 1986, l'une d'entre elles a même montré que les visions pouvaient devenir un outil de pouvoir. Alice Lakwena, une jeune fille, se dit visitée par l'Esprit-Saint et lève dans la ville de Gulu, à l'extrême nord du pays, une armée d'anciens soldats et de paysans, tous membres de l'ethnie Acholie, vaincue par les troupes d'un guérillero qui a pris le pouvoir cette année-là, Yoweri Museveni.
A la tête de son Holy Spirit Movement, Alice Lakwena affirme vouloir «instaurer la loi des dix commandements dans le pays et transférer la banque centrale ougandaise à Gulu». Elle approche des portes de la capitale avec son armée de soldats, persuadés d'être invincibles grâce à des pratiques magiques transformant les balles de leurs ennemis en eau. L'offensive est endiguée par les troupes gouvernementales, Alice Lakwena fuit le pays. Elle vit aujourd'hui dans une hutte de boue séchée au Kenya, aux murs de laquelle sont accrochés, en évidence, les dix commandements.
En 1988, Credonia est toujours parfaitement inconnue et exerce la même profession. A Ishaka, autre ville de l'ouest où elle échoue alors, on a aujourd'hui perdu le souvenir de la prostituée qui faisait les cabines de camions. Mais pas celui de la femme devenue riche et autoritaire qui, six ans plus tard, a loué une maison pour les activités de son groupe religieux. Car entre-temps, Credonia Mwerinde a choisi le tremplin de ses ambitions.
Il s'appelle Joseph Kibwetere. C'est l'un de ces potentats locaux, homme d'argent et de relations, qui s'est d'abord essayé à la politique dans les années 70 avant de verser dans la religion. Ses premières ambitions ayant coulé en même temps que son parti, Joseph Kibwetere est retourné à son exploitation agricole prospère, tout en occupant la fonction d'inspecteur de l'enseignement catholique, bien noté par l'évêché pour sa foi ardente. Kibwetere se distingue par des prêches qui émeuvent les foules locales. Plus tard, il deviendra un merveilleux recruteur pour la secte, allant chercher les enfants jusqu'à la sortie des écoles qu'il inspectait quelques années plus tôt.
L'alliance avec Kibwetere. Credonia, fille perdue mais fille de tête, remarque ce Big Man qui a aussi fait plusieurs passages en hôpital psychiatrique. Le 3 janvier 1989, elle prend contact avec lui, affirmant «être investie d'un message de la Vierge à son intention», comme l'a raconté l'épouse de Joseph Kibwetere au journal ougandais New Vision. Aussitôt séduit, Kibwetere ouvre sa maison à Credonia, promue prophétesse, et à l'une de ses parentes, Ursula Komuhangi. L'idée de fonder un mouvement religieux, lui aussi inspiré des dix commandements, est mis en application.
Les premiers fidèles rejoignent le culte, surtout grâce aux relations de Kibwetere. Son épouse Theresa, ancienne institutrice, adhérera à la secte avant de la quitter en 1993, affolée par ses dérives. Credonia Mwerinde a en effet pris la tête des opérations. Francis Byaruhonga, fidèle de la première heure qui a été à deux doigts d'en être la première victime (lire son témoignage page suivante), est catégorique: «Credonia était à la tête du mouvement. C'est une femme autoritaire, très dure. Elle nous dictait toutes les règles, insistait pour que les prières aient lieu jour et nuit, semblait tout diriger.»
Vers 1990, le mouvement grossit lorsque trois prêtres catholiques rejoignent Kibwetere avec leurs ouailles. De ces fidèles, choisis en priorité parmi les petits propriétaires terriens, Credonia Mwerinde en fera son poumon économique. Car ces paysans en difficulté vivent sur un tas d'or, la terre. A Mbarara, une responsable de l'administration locale reconnaît: «Nous savions que les fidèles devaient vendre leurs terres. Mais comment les en empêcher? Ici, la terre atteint des prix très élevés même si les gens sont pauvres.»
L'idée de génie.
Pour conserver près d'elle ses fidèles, Credonia assure à la perfection son rôle de prophétesse. Ses visions se multiplient, son contrôle sur le Mouvement se renforce. Son coup de génie, alors, consiste à faire de la secte une sorte de copie grossière de la Bible. «Elle insistait beaucoup sur le fait qu'elle était une ancienne prostituée touchée par la grâce, ce qui faisait d'elle une Marie-Madeleine. Et Joseph Kibwetere, lui, était comparé au Christ lui-même», raconte Francis Byaruhonga.
On ignore si ce Jésus ougandais a été tenté par sa Marie-Madeleine, mais le décalque biblique a été poussé beaucoup plus loin. Ainsi, les douze responsables de la secte seront bientôt baptisés «apôtres» par les soins de Credonia, qui va ensuite faire de son père mort dans la misère, l'Abraham de la secte. D'ailleurs, lorsque l'argent commence à affluer dans les caisses du Mouvement, ses chefs songent à se donner un lieu de culte plus imposant que les simples maisons dans lesquelles s'entassent les fidèles par dizaines. L'endroit est vite trouvé. Ce sera Kanungu, lieu de naissance de Credonia. «L'église du culte a été construite sur l'emplacement même des tombes des parents de Credonia, témoigne-t-on à l'évêché de Mbarara, et cette église a été présentée aux fidèles comme une nouvelle arche de Noé dans laquelle ils allaient échapper à la fin du monde.» C'est là que l'apocalypse annoncée par Credonia a commencé.
Libération, 5 avril 2000, éditorial de Pierre Haski
France : Sectes
Démission de l'Etat
[Texte intégral]
Du métro de Tokyo au massif du Vercors, de la forêt guyanaise au désert californien, les victimes des sectes se comptent par milliers.
C'est cette fois au tour de l'Afrique de découvrir la fin monstrueuse infligée par des prophètes de malheur aux centaines de fidèles bernés par leurs discours apocalyptiques.
Les découvertes macabres faites en Ouganda sur les traces du Mouvement pour la restauration des dix commandements de Dieu sont sans doute la plus grande tuerie collective liée à un phénomène sectaire, même si chaque histoire est unique.
Sans doute y verra-t-on la conséquence des profonds traumatismes qu'a connus ce pays, autrefois surnommé par Churchill la «perle de l'Afrique», et qui a subi les dictatures abominables d'Idi Amin Dada et de Milton Obote, le fléau du sida à une échelle rarement atteinte ailleurs, et a envoyé des troupes participer au dépeçage du Congo voisin.
On ne s'étonnera pas plus d'apprendre que les sectes prolifèrent au Rwanda, au lendemain du génocide et de l'implication de membres de l'Eglise catholique dans ces massacres, au Liberia ou au Sierra Leone, victimes de terribles guerres civiles.
Pour tourner le dos au mal absolu qu'ont vécu ces pays, le discours des nouveaux prophètes peut paraître séduisant. L'explication est sans doute insuffisante, car il n'est pas un Etat africain, aujourd'hui, qui ne soit devenu terre d'élection de ces nouvelles Eglises surgies de nulle part et censées apporter réconfort et protection.
Et surtout, pas un continent qui soit à l'abri, pas même ceux qu'un niveau élevé d'éducation et de prospérité devrait prémunir contre les arnaques spirituelles.
A l'heure ou une partie du monde s'émeut des déboires de Bill Gates et des soubresauts de la Net économie, une autre partie du globe se réfugie dans les bras de vendeurs d'assurances contre le Mal, dont certains sont sans doute des mystiques de bonne foi, mais beaucoup se révèlent des escrocs en quête d'argent et de pouvoir.
Ce que démontre à souhait l'exemple ougandais, c'est la conséquence tragique de la démission de l'Etat, qui laisse libre court à toutes les errances. Loin d'être un énième massacre exotique, c'est une leçon universelle.
Libération, 5 avril 2000, par Jean-Philippe RemyOuganda : Secte : Rétablissement des dix commandements de Dieu
Francis et sa vision des ténèbres
[Texte intégral]Un ancien adepte raconte brimades, sévices et menaces de mort.
Vingt ans de «suicides» Novembre 1978: Temple du peuple (Guyana), 914 adeptes se suicident sur ordre de leur «révérend» Jim Jones, qui se déclare la réincarnation de Lénine, Jésus Christ et Bouddha.
19 septembre 1985: le grand prêtre d'une tribu de l'île de Mindanao (Philippines) pousse 60 de ses disciples à absorber du poison mortel.
1er novembre 1986: sept corps de femme appartenant à l'Eglise des amis de la vérité (Japon) sont retrouvés carbonisés sur une plage.
Août 1987: après avoir absorbé des doses insuffisantes de poison, 32 fidèles de la secte de la «prêtresse» Park Soon-ja (Corée du Sud) sont égorgés près de Séoul.
Décembre 1991: 30 membres d'une secte mexicaine se donnent la mort.
19 avril 1993: secte des davidiens (Texas), le gourou David Koresh succombe dans l'incendie de Waco avec 87 de ses disciples.
Octobre 1993: 53 villageois se suicident au Viêt-nam dans l'espoir d'accéder directement au paradis.
Octobre 1994: ordre du Temple solaire, 48 corps sont retrouvés calcinés en Suisse, dont ceux des gourous Joseph Di Mambro et Luc Jouret, et cinq autres au Québec.
20 mars 1995: secte Aum (Japon), 11 morts et plus de 5 000 intoxiqués sont recensés par la police suite à l'attentat au gaz sarin dans le métro de Tokyo. Le gourou Shoko Asahara est sous les verrous.
Décembre 1995: ordre du Temple solaire (Grenoble), 16 corps sont découverts. Deux policiers français font partie des victimes.
23 mars 1997: ordre du Temple solaire, 5 corps carbonisés sont trouvés dans la maison d'un adepte, au Québec.
26-27 mars 1997: Heaven's Gate (Californie, Etats-Unis), 39 membres de la secte se suicident pour embarquer à bord d'un ovni à destination du paradis.
17 mars 2000: Mouvement pour la restauration des dix commandements de Dieu (Ouganda), près de 1 000 victimes dénombrées à ce jour. Les gourous de la secte sont en fuite.
Dans un minuscule atelier au bord de la route, Francis Byaruhonga ponce des meubles. A moins de 10 kilomètres de l'un des plus importants charniers du Mouvement pour la restauration des dix commandements de Dieu - dont il a été un adepte pendant dix ans -, il ressasse, au milieu des copeaux, son passage au sein de la secte créée par Joseph Kibwetere.
«J'ai rejoint le culte en 1989 et je l'ai quitté deux ans plus tard, lorsque je suis arrivé à la conclusion que ses chefs étaient des escrocs. J'étais le bedeau du père Dominic Katarbaabo (chef de la branche de Rugazi, où 183 cadavres ont été retrouvés dans des fosses communes, ndlr) depuis plus de dix ans. Lorsqu'il a quitté l'Eglise catholique pour rejoindre le culte, je suis parti avec lui. Au début, personne ne m'a demandé d'argent. C'est seulement plus tard que j'ai dû, comme tous les autres, vendre mes biens: ma maison, mes champs, mon bétail. J'ai alors donné tout l'argent, 1,5 million de schillings (plus de 6 000 F) aux responsables, Joseph Kibwetere et Credonia Mwerinde. J'ignore ce qu'est devenu cet argent.»
«On ne s'exprimait que par signes.» «Ma femme et mes dix enfants ont rejoint le culte en même temps que moi, ainsi que tous mes voisins, mon frère, mes cousins. Le culte était basé sur une série de règles, dictée par Credonia Mwerinde: ne pas s'exprimer autrement que par signes, ne pas boire d'alcool, s'abstenir de toutes relations avec sa propre femme. Mon épouse ne pouvait plus m'approcher lorsque nous dormions tous ensemble sur de simples nattes, à même le sol. Mais l'essentiel du culte était les prières. Nous avions des séances de prières jour et nuit, sans arrêt. Il était parfois impossible de dormir, plusieurs jours d'affilée, et les chefs de chaque branche de la secte étaient très stricts à ce sujet. Le matin, ils nous faisaient boire une boisson préparée avec des herbes secrètes qui devaient nous rendre plus proches de la vraie foi.
«Mes problèmes ont commencé, en fait, à cause de mes visions. L'Esprit-Saint peut s'adresser à nous par la parole, l'écriture, la pensée ou les apparitions. Or j'ai la chance d'avoir ces quatre capacités de communiquer avec Lui. Lorsque les leaders l'ont découvert, j'ai senti leur contrariété. Dans le groupe, les visions étaient le privilège de Credonia Mwerinde et de Joseph Kibwetere. Lorsqu'il s'est aperçu que je pouvais le concurrencer, alors ont commencé les brimades pour que je cesse de me fourvoyer dans ce qu'ils appelaient la voie du diable.
«En 1990, une délégation est venue nous voir à l'église de Rugazi pour régler mon cas. Je m'attendais à pouvoir m'expliquer. En fait, deux semaines de mauvais traitements commençaient. Ils m'insultaient, me faisaient jeûner, m'isolaient des autres fidèles. Mais l'Esprit-Saint m'a encore visité. Ils m'ont alors ramené à Kabumba, dans le pick-up de Joseph Kibwetere. Là, j'ai été battu sans interruption de 5 heures de l'après-midi jusqu'à 6 heures du matin. Ils hurlaient qu'ils étaient en train de chasser les démons de mon corps. Je ne me souviens plus des jours suivants, j'ai cru mourir.
«Quand je me suis rétabli et que je suis rentré à l'église, il s'est écoulé un mois ou deux. Mes visions continuaient. Un soir, Joseph Kibwetere est venu me chercher avec un groupe d'hommes. Dans l'obscurité, nous avons marché jusqu'au lac. Là, ils m'ont demandé d'attendre et se sont éloignés pour discuter entre eux. Au bout d'un moment, Joseph Kibwetere s'est approché de moi et m'a dit, très en colère, que je pouvais louer le Seigneur, qu'il venait de lui parler et de lui conseiller de ne pas me tuer en me noyant dans le lac, comme il en avait l'intention. A condition que je cesse d'avoir ces apparitions. J'avais si peur que j'ai promis. Et puis j'ai quitté le culte quelques mois plus tard. J'ai alors écrit aux autorités religieuses de la région, jusqu'à l'évêque, pour leur signaler les abus de cette secte. Je n'ai reçu aucune réponse. J'ai envoyé des courriers aux journaux pour dénoncer leurs méfaits, jamais personne n'a donné suite.»
«Il y aura d'autres fosses.» «J'ai réussi à sauver ma femme et mes dix enfants lorsque j'ai décidé de partir. Beaucoup de mes voisins, mon propre frère, sont restés. On a surtout trouvé des femmes et d'enfants dans les fosses, les hommes doivent bien être quelque part. Je crois qu'il y aura encore beaucoup de ces fosses communes. Notre secte avait 22 branches, seules cinq ont été explorées pour l'instant. Quant à Joseph Kibwetere et Credonia Mwerinde, ils doivent être en vie quelque part. De toute évidence, tout avait été préparé à l'avance.».
Libération, 5 avril 2000, par Pierre HaskiOuganda : Secte : Rétablissement des dix commandements de Dieu
Un spécialiste explique le regain des sectes en Afrique
[Texte intégral]«Là-bas tout pouvoir vient du monde spirituel»
Stephen Ellis, chercheur au centre d'études africaines de l'université de Leiden (Pays-Bas), travaille actuellement sur les mouvements religieux en Afrique subsaharienne.
Cette région d'Afrique est depuis longtemps une terre d'élection des sectes. Quelle en est la raison?
C'est général en Afrique aujourd'hui. Il y a d'abord une longue tradition de croyance sur ce continent. Les Africains estiment qu'il y a dans le monde un élément invisible très important. Ils l'expriment dans la croyance en l'existence d'un ou plusieurs dieux, ou des esprits des ancêtres ou de la nature. Mais, depuis les années 60, on assiste à la multiplication des Eglises indépendantes. Pour des raisons spirituelles d'abord: les Africains veulent prendre le contrôle de leurs propres paroisses, alors que les Eglises d'origine missionnaire (catholique, anglicane...) étaient dominées par des Blancs. Et il y a une raison théologique: les Eglises indépendantes agissent beaucoup sur les guérisons de maladies, l'exorcisme des esprits. Il y a peu de distinction entre les maladies telles qu'on les définit en Occident et les maladies psychologiques. En Afrique, il y a un élément spirituel important que les Eglises classiques ont négligé jusqu'à récemment.
Le fait que l'Ouganda ait été durement frappé par le Sida, par les conflits et les massacres, explique-t-il en partie le succès de ces mouvements?
Pas totalement. Toute religion, en Afrique comme ailleurs, est préoccupée par l'existence du bien et du mal dans ce monde. Elle cherche à récupérer à son avantage les éléments du bien (prospérité, santé, sentiment de bien-être, protection contre la maladie) et à se protéger contre le mal, non seulement dans un sens métaphysique, mais aussi concret (guerres, chômage, maladie, famine...). Lorsqu'il y a beaucoup de menaces, les gens ont le sentiment que tous ces maux sont la manifestation du diable.
Comment devient-on un prophète?
Les rêves sont très importants dans ce processus. Souvent, la création d'une nouvelle Eglise par un ancien membre d'une Eglise classique est interprétée par les Occidentaux en terme de scission, d'hérésie, de divergence. L'essentiel n'est pas là. En fait, les gens sont convaincus que les individus peuvent communiquer directement avec le monde invisible par toute une gamme de techniques spirituelles, dont la plus importante est le rêve. Si Jésus apparaît dans l'un de vos rêves et vous donne des instructions, vous vous sentez fondé à créer une nouvelle Eglise. Comment distinguer un «vrai» prophète d'un «faux»? La question reste sans réponse: il faut souvent plusieurs années pour le juger sur ses actions et la qualité de son travail. Un «vrai» prophète, pour les gens, peut vraiment guérir et rendre la vie meilleure. C'est aussi quelqu'un qui ne demande pas d'argent. D'autre part, il y a le rapport à l'Eglise établie: l'Eglise catholique ne tolère pas les prophètes. La révélation, pour elle, ne vient que du haut, de l'évêque ou du pape. Si, à la base, quelqu'un dit qu'il a eu un rapport direct avec Dieu, l'Eglise ne peut l'accepter. C'est ce qui arrive à chaque fois avec les «miracles», type Lourdes ou Fatima: l'Eglise les récuse d'abord, avant de les récupérer s'ils restent populaire.
Qu'indique le phénomène des sectes sur l'évolution politique de l'Afrique?
En Afrique, religion et politique sont très proches. L'opinion estime que tout pouvoir vient du monde spirituel. Aux yeux des gens, tout homme de pouvoir doit être «pistonné» par ces forces. Si un prophète apparaît, les hommes politiques le voient comme un rival potentiel. Un homme politique doit toujours prendre très au sérieux les pouvoirs spirituels.
Message en provenance du Danemark, le 6 avril 2000
Danemark : Scientologie
Demande de reconnaissance repoussée
La demande de reconnaissance en tant que religion de la Scientologie à été repoussée indéfiniment par le ministère de l'église danois.
Entre autre, dû au travail de plusieurs groupes et de médias contre la Scientologie, surtout du journal danois 'Jyllands Posten'.
Le ministère a laissé traîner sa décision.
La Scientologie elle-même a demandé au ministère de repousser cette décision. Surement dams l'espoir de se faire un peu oublier et de réitérer sa demande plus tard, sous des jours meilleurs.
Le Parisien, 7 avril 2000, par Cécile Beaulieu[texte intégral]
France :Sectes
La lutte s'organise dans le département des Hauts-de-Seine
Alors que le parquet de Nanterre garde un oeil ouvert sur les activités parallèles d'Essor Optique, le département des Hauts-de-Seine vient de se doter d'une cellule de lutte contre les agissements répréhensibles des mouvements sectaires.
Il s'agit, pour cette nouvelle structure qui s'est déjà réunie en présence d'Alain Vivien, le président de la Mission interministérielle de lutte contre les sectes et du procureur de la République, Yves Bot de mieux utiliser les dispositifs législatifs et réglementaires de droit commun, afin de combattre plus efficacement et de façon coordonnée les mouvements sectaires.
L'action de la cellule sera dirigée, notamment, vers les domaines des libertés publiques, de l'éducation, de la formation, de la fiscalité et de l'ordre public. Ces actes, mieux repérés, pourront ainsi, dans un avenir proche, être signalés plus efficacement à l'autorité judiciaire.
La première réunion de la toute jeune cellule a rassemblé, entre autres, au mois de mars dernier, différents représentants du conseil général, de l'Association des maires du département, des services de police, de l'inspection académique, de la Direction départementale du travail et de l'Association pour la défense des familles et de l'individu.
Le Parisien, 7 avril 2000, par C.B.[texte intégral]Le second volet de l'affaire Essor Optique vient de se refermer hier après-midi devant le conseil des prud'hommes de Nanterre (« le Parisien » des 12 janvier et 24 février) qui rendait son jugement sur le licenciement, en 1998, de salariés de l'entreprise d'optique, implantée à Villeneuve-la-Garenne.
France : ACC
Les salariés d'Essor Optique déboutés aux prud'hommes
Les six commerciaux, qui attaquaient l'entreprise pour avoir été congédiés de manière abrupte ont été déboutés, le conseil estimant que les licenciements reposaient sur « des causes réelles et sérieuses », même si la faute grave, invoquée par la direction d'Essor, n'a pas été retenue.
Le jugement rendu au mois de janvier dernier pour trois autres cadres de l'entreprise d'optique était en tout point identique. L'affaire pourrait être close, mais il n'en est rien. Car le fond du différend qui oppose les neuf commerciaux d'Essor au directeur de la société, Sam Cohen, dépasse, et de très loin, un simple problème de droit du travail bafoué.
La partie immergée de l'iceberg, sur laquelle le parquet de Nanterre vient d'ouvrir une enquête préliminaire, suggère purement et simplement qu'Essor Optique servait de champ d'expérimentation aux méthodes de la secte Au coeur de la communication (ACC), déjà plusieurs fois épinglée par deux rapports parlementaires accablants. Et, c'est précisément pour s'être dérobés aux tentatives d'endoctrinement de Sam Cohen, que les neuf salariés rétifs ont été invités à plier bagage : « Nous servions tout simplement de cobayes à ACC, soutient l'un d'eux. Les salariés, poursuit-il, ont vécu de véritables scènes organisées de destruction psychologique. On nous faisait culpabiliser, craquer devant tout le monde, au nom d'un mot d'ordre, le fil rouge de la stratégie de Sam Cohen : changer les schémas mentaux de nos clients après avoir changé les nôtres. Bref, il faisait du prosélytisme à travers sa société commerciale ».
Une nouvelle procédure en appel
Détail troublant qui amène incontestablement de l'eau au moulin des plaignants : la fondatrice de la secte ACC, Claire Nuer aujourd'hui décédée n'était autre que l'épouse du même Sam Cohen ! Hier, sur la forme tout au moins, Essor vient donc de remporter une fois encore la bataille... Mais les commerciaux et leur conseil, Me Brihi, sont bien décidés à « sortir la grosse artillerie » pour que soit reconnue l'interpénétration entre la société d'optique et ACC. Ils s'apprêtent, d'une part, à faire appel des jugements rendus par le conseil des prud'hommes, et d'autre part, comptent fermement que l'affaire soit examinée sur le fond, au plan pénal. Une démarche susceptible d'aboutir, tout comme l'enquête préliminaire pourrait mener à l'ouverture d'une information judiciaire.
Le Soir, 8 avril 2000[texte intégral]La responsable de l'association «Joie et loisirs» a été mise en examen (inculpée) et écrouée vendredi après la mort d'un bébé décédé de malnutrition et de déshydratation.
France : Joie et loisirs
Bébé décédé - arrestation d'une responsable..
Au total, dix personnes proches de cette association ont été mises en examen pour homicide involontaire, non assistance à personne en danger, privation de soins et défaut d'alimentation ou complicité
L'affaire a débuté le 3 août de nier, quand des médecins de l'hôpital d'Avallon, dans l'Yonne ont saisi la justice après la mort de Christophe, deux ans et demi suite à un régime trop strict.
L'enquête a révélé que ses parents étaient membres de l'association "Joie et loisirs" créée en 1989 dans la Nièvre et que l'ascendant de la responsable de celle-ci sur les membres de la communauté allait au delà de l'objet culturel déclaré.
... déja condamnée auparavant
La fondatrice de « Joie et loisirs », âgée de 61 ans, aujourd'hui sous les verrous bien qu'elle conteste les charges dont elle fait l'objet, se présente comme conseillère en assistance personnelle et naturopathe.
Elle avait été condamnée en 1999 pour exercice illégal de la médecine après la mort de deux enfants. L'association n'est pas répertoriée comme une secte dans le dernier rapport parlementaire français, mais est toutefois présentée comme "groupe dangereux".
Le Parisien, 9 avril 2000Ouganda : Secte : Rétablissement des dix commandements de Dieu
C'est le plus grand carnage jamais organisé par une secte
[Texte intégral]Près de mille fidèles, peut-être beaucoup plus, abattus et enterrés dans des charniers dans le sud-ouest de l'Ouganda. Les gourous auraient pris la fuite, sans doute avec l'argent des adeptes. Kanungu (Ouganda) Les gourous avaient planifié le massacre
Le massacre, d'une ampleur jamais vue, aura été l'oeuvre d'une ancienne prostituée et d'un petit notable exalté.Dans leur délire mystique, Joseph Kibwetere et Credonia Mwerinde, les deux gourous de la secte ougandaise baptisée Rétablissement des Dix Commandements de Dieu, activement recherchés par la police, ont mené à la mort plus de mille fidèles. Selon les enquêteurs, qui pensent que d'autres « charniers » de fidèles peuvent être encore découverts dans la région, les gourous pourraient avoir pris la fuite avec un véritable pactole car la secte brassait beaucoup d'argent. Les gourous auraient par ailleurs organisé méticuleusement ce massacre à grande échelle grâce à une garde prétorienne chargée d'abattre les fidèles et de les enterrer dans des fosses communes (cinq ont déjà été découvertes à ce jour). Les enquêteurs cherchent par ailleurs à savoir si la secte n'a pas des ramifications dans les pays voisins, voire en Europe. Mais cette dernière hypothèse paraît désormais peu probable.
Dans les flammes de l'église
Depuis le 17 mars dernier, jour après jour, les policiers exhument, des charniers de Lugazi, de Buhunga et des villages alentour (deux villes situées au sud-ouest de l'Ouganda), des cadavres qui portent des traces de strangulation ou des blessures dues à des coups de hache. Quant à la majorité des 500 victimes qui ont péri dans les flammes de l'église de Kanungu, elles auraient reçu des sédatifs avant que l'édifice ne s'embrase. Derrière ce macabre bilan se pose une question fondamentale : comment la secte a-t-elle pu agir en toute impunité pendant plus de sept ans ? L'explication se trouve en partie dans le parcours de ses deux fondateurs.
Dans les années soixante, Joseph Kibwetere, obscur fonctionnaire du gouvernement, s'installe à Rwashamire, au sud-ouest de l'Ouganda, à mi-chemin entre le Rwanda et l'ex-Zaïre. Dans un pays en proie à une violente guerre civile, Kibwetere, ardent défenseur de l'ancien dictateur Amin Dada, abandonne son portefeuille gouvernemental pour se consacrer à des activités plus lucratives. « Il s'est mis à vendre des vêtements dans le district de Mbarara, se souvient son épouse Teresa, un médaillon à l'effigie de Jésus-Christ autour du cou. Il n'oubliait jamais d'aller à la messe. C'était un homme très bon avec les siens. » En 1989, l'homme pieux reçoit dans sa maison une femme à la réputation sulfureuse. Credonia, ancienne prostituée, vient lui faire part d'une vision qu'elle a eue de la Sainte Vierge. Elle lui a dit qu'« elle venait de la part de Dieu, et que Joseph avait été élu prophète », ajoute Teresa. La rencontre, apparemment fortuite, relève d'un savant calcul de Credonia. La jeune femme, qui est passée du plaisir de la chair à l'exaltation spirituelle, mesure pleinement les avantages qu'elle peut tirer du futur gourou de la secte. Joseph Kibwetere a tissé un réseau important de relations auprès de la communauté catholique et des élus locaux. L'homme est respecté et écouté.
« Tout a basculé »
« C'est à partir de ce moment que tout a basculé », regrette Teresa, réprimant un sanglot. La maison familiale devient un lieu de pèlerinage pour les premiers adeptes. En 1993, l'épouse délaissée est violemment frappée par Credonia et d'autres membres. « Ils disaient qu'ils voulaient enlever le mal qui était en moi. Ils voulaient surtout me chasser de chez moi. » Bientôt dans la terre couleur brique s'élève une église, puis une seconde. Les fidèles très généreux donnent sans compter leur temps et leur argent pour que la secte prospère. Pendant que Credonia la pasionaria façonne son empire, Joseph Kibwetere le pragmatique recrute à tour de manche. Des prêtres englués dans leurs guerres intestines abandonnent leur soutane. De petits propriétaires terriens font une croix sur leur exploitation, « pour une meilleure vie dans l'au-delà ». Credonia ne leur a-t-elle pas promis que lors du jugement dernier ils « gagneraient tous leur place au paradis »...
Le Parisien, 9 avril 2000Ouganda : Secte : Rétablissement des dix commandements de Dieu
La famille de Deus a été décimée
[Texte intégral]Bushenyi DE NOTRE ENVOYE SPECIAL
Ce jour-là, Deus Byarunga quitte un peu plus tôt la plantation de bananes. A son retour, sa maison aux murs de glaise et au toit en tôle demeure désespérément muette.
Ni rires d'enfants ni bruits de vaisselle. Bientôt, quelques habitants du village de Bushenyi, au sud-ouest de l'Ouganda, murmurent que leurs proches sont partis en toute hâte vers la ville de Kanungu, à deux cents kilomètres de là, rejoindre d'autres membres de la secte baptisée Rétablissement des Dix Commandements de Dieu.
« Laulance, ma femme, a emmené mes cinq enfants sans même m'avertir. Ils ont revêtu leur tunique verte, pris un peu d'argent et s'en sont allés. Je ne les ai jamais revus », soupire Deus, assis dans sa chambre constellée de portraits de Jean-Paul II.
Six jours plus tard, le 17 mars, le paysan apprend que sa famille a péri dans les flammes de l'église de Kanungu, propriété de la secte millénariste. Dix-sept autres proches parents, frères, soeurs, oncles, tantes et cousins ont suivi ce funeste chemin. Anéanti, le mari et père des victimes se rend sur les lieux du drame. « Je n'ai pas pu les identifier. Tous les corps étaient enchevêtrés et totalement calcinés. Je ne pourrai jamais faire le deuil. » Deus doit son salut à ses vices : « Je fumais et je buvais. La secte l'interdisait. » Sa femme, convertie par l'un de ses frères, refusait, elle, toute entorse au règlement dicté par le mouvement religieux. « J'étais contraint à l'abstinence sexuelle plusieurs fois dans la semaine », explique Deus. Le foyer, d'habitude bruyant, se mue rapidement en un sanctuaire religieux. Des fidèles de la secte, originaires de Bushenyi, y passent des journées entre prières et méditation.
Deus l'hérétique est écarté de ces activités religieuses, relégué aux travaux agricoles. « Les membres de la secte étaient tenus de ne pas parler aux autres personnes de ce qu'ils faisaient. Il y avait trop de secrets. » Au fil des pèlerinages à Kanungu, l'humeur de Laulance s'altère. Il n'est désormais plus question de se plier aux tâches ménagères mais « d'obtenir son ticket pour le paradis ». « Elle m'a demandé avant de partir de vendre mes biens et mes terres. Cela correspondait à quatorze mois de salaire. Je m'y suis refusé. Elle m'a répondu alors que ceux qui resteraient sur terre iraient en enfer », se souvient Deus qui secoue nerveusement un trousseau de clefs. L'épouse exaltée tranchera sans ciller entre le mari et le gourou, emportant avec elle toute la descendance de Deus. Depuis, celui qui est resté « en enfer » tente de se reconstruire une vie. « J'espère refonder un foyer avec des enfants. » Dans sa chambre obscure, le calendrier s'est figé sur le mois de mars. Les posters du pape n'ont pas été arrachés. Deus croit toujours en Dieu, mais « plus en ses prophètes ». Hagard, il esquisse un léger sourire : « Ma femme me répétait souvent que l'un des commandements de la secte était : Tu ne tueras point. »
Le Parisien, 9 avril 2000Ouganda : Secte : Rétablissement des dix commandements de Dieu
" La prêtresse voulait chasser Satan en nous " - Abdul, adepte rescape, sauvé par ses deux fils
[Texte intégral]Lugazi (Ouganda) DE NOTRE ENVOYE SPECIAL
Ses enfants l'auront sauvé des flammes de l'Apocalypse.
Abdul Bishodulolile, adepte de la secte et originaire de Lugazi, village situé au sud-ouest du pays, devait rejoindre Kanungu en mars dernier. Quelques jours avant la tragédie, un membre influent du Rétablissement des Dix Commandements de Dieu lui indique le prix à payer pour que son voyage vers le Ciel s'accomplisse dans les meilleures conditions.
Réunis en famille, les deux fils Bishodulolile refusent catégoriquement que leur père les abandonne pour cette improbable destination. Trois semaines après la découverte du charnier à Kanungu, Abdul rend grâce à sa progéniture. Ses trois années passées au sein du mouvement religieux lui auront laissé de très pénibles souvenirs. « L'ancien prêtre Dominic Kataribaao (NDLR : 153 cadavres ont été découverts dans sa maison à Lugazi) m'a convaincu d'intégrer les Dix Commandements de Dieu. Au début, j'étais séduit par son message fondé sur l'Evangile. » Fasciné par ce projet de vie, le nouveau fidèle ira de désillusion en désillusion. « Le jour de mon arrivée, Credonia, la prêtresse de la secte, ancienne prostituée touchée par la grâce de Dieu, a dit qu'il fallait chasser Satan qui était en moi. On m'a allongé par terre et les fidèles ont piétiné mon cou pendant plusieurs minutes. »
« On chantait durant des heures »
« Je travaillais aux champs du matin au soir, se souvient Abdul. Il fallait aussi s'occuper du bétail. Le lundi et le vendredi, nous n'avions pas le droit de manger. » Dans les dépendances de la propriété de Kanungu, hommes et femmes dormaient séparément, allongés, à même le sol, sur des paillasses. A l'heure du réveil, ils se rassemblaient dans l'église. « On chantait pendant des heures entières. Joseph Kibwetere le gourou de la secte lisait des passages de l'Ancien Testament. Nous étudiions avec ferveur la Bible. »
Depuis la découverte des fosses communes, peu de choses ont transpiré sur les séjours des fidèles dans la « ville sainte ». « On ne devait parler à personne de ce qu'on faisait à Kanungu. La secte exigeait que ses membres ne s'informent ni par la radio ni par les journaux. Pour consolider les fondations du mouvement, les fidèles étaient « invités » à amener leur contribution. « Cela pouvait être de l'argent, mais aussi des vêtements. Tout était bon », explique Abdul qui a perdu son travail le jour de son intégration à Kanungu.
Aujourd'hui, l'ancien adepte tente d'effacer les cauchemars « qui hantent encore ses nuits ». Beaucoup de ses amis ont péri, victimes de leurs croyances. La main sur la Bible, Abdul éclaircit sa voix : « J'espère que toutes ces personnes rejoindront finalement le paradis. »
Le Parisien, 9 avril 2000Ouganda : Secte : Rétablissement des dix commandements de Dieu
« Ici, c'est le royaume des forces surnaturelles »
[Texte intégral]Kampala (Ouganda) DE NOTRE ENVOYE SPECIAL
Henri Valette, prêtre français en Ouganda depuis 1958, a pu observer au fil des années l'émergence des sectes millénaristes qui se sont fondées sur une lecture très particulière de la Bible.
Comment expliquez-vous le succès de ces sectes en Ouganda ?
Henri Valette. Ces mouvements religieux se sont servis de l'état de pauvreté et du sentiment d'impuissance des populations défavorisées. A partir du moment où quelqu'un a une « vision » de la Vierge Marie ou de Jésus-Christ, il devient le Sauveur. Si le visionnaire a des pouvoirs de guérisseur, il aura davantage d'influence sur ses fidèles qui n'ont pas d'argent pour se faire soigner. Le guérisseur pourra chasser le mauvais esprit qui habite le malade. Ici, c'est le royaume des forces surnaturelles qui jouent un rôle prépondérant en Afrique.
Pourquoi ces sectes s'appuient-elles sur la Bible ?
En Ouganda, la dévotion pour la Sainte Vierge et le sens du péché sont très présents. Les sectes lisent la Bible sans en dégager la portée symbolique. Elles pratiquent l'ascèse rigoureusement. Autre exemple, l'apocalypse correspondait pour ces mouvements religieux à l'an 2000 et chacun devait s'y préparer. Leurs adeptes, peu éduqués, ne comprennent pas le symbolisme des différents passages de l'Ancien Testament.
Le Temps, 11 avril 2000 par D. Mog
Suisse : Fiat-Lux
Une ancienne adepte de Fiat Lux réclame 625 000 francs à la «prêtresse» Uriella
[texte intégral]
Elle avait donné tous ses biens dans l'attente de la fin du monde. Elle en demande le remboursement devant la justice argovienne. Une ancienne adepte de Fiat Lux réclame 625 000 francs à la «prêtresse» Uriella.
Erika Bertschinger Eicke, 71 ans, a bien de la chance. D'abord, elle a été Eve - oui, oui, l'Eve original du Paradis terrestre -, puis Marie-Madeleine.
Deux millénaires plus tard, réincarnée en une modeste secrétaire de direction, cette Zurichoise ne le savait pas avant qu'une chute de cheval ne la plonge dans le coma.
Le 4 août 1973, à son réveil, un ange se tenait à côté de son lit.
Depuis, Erika est devenue Uriella, guérisseuse, grande prêtresse de la secte Fiat Lux qui lui rapporte beaucoup d'argent, «interprète de Dieu» jusqu'à la fin du monde qui est pour bientôt mais qui la verra s'envoler en soucoupe volante fonder Amora, le nouvel âge d'or.
Poursuivie en Allemagne, elle y a été condamnée à 22 mois de prison avec sursis pour fraude fiscale et importation illégale de médicaments.
Cette fois, c'est en Argovie qu'une de ses anciennes adeptes la poursuit. Entrée dans la secte à la fin des années 80, la plaignante avait dû se séparer de ses biens terrestres dans l'attente de la fin du monde, laissant ainsi 625 000 francs dans les caisses de Fiat Lux. Astreinte à un régime draconien comme tous les membres (102 jours de jeûne par an, viande, alcool, nicotine et sexe interdits), elle s'est lassée des prédictions fantaisistes d'Uriella et de son mari, Eberhard, dit Icordo, qui mêlent joyeusement christianisme, hindouisme, bouddhisme et science-fiction depuis leur maison-temple de la Forêt-Noire.
En 1997, l'adepte frustrée quitte la secte et réclame le remboursement de son «prêt». C'est cette affaire dont le jugement a débuté hier en Argovie en l'absence d'Uriella, représentée par son mari.
Exceptionnellement, les débats ont dû avoir lieu dans la salle du parlement d'Appenzell Rhodes-Intérieures, pour cause d'affluence exceptionnelle.
Le tribunal doit ainsi déterminer si la plaignante était capable de jugement ou si elle a été influencée par les menaces de maladie ou de mort en cas de non-paiement.
Le jugement tombera mercredi.
Courrier international n°492, du 6 au 12 avril 2000Ouganda : Secte : Rétablissement des dix commandements de Dieu
La secte qui se nourrit des fautes de l'Eglise catholique
[Texte intégral]OUGANDA -
The Monitor (extraits) Kampala par Charles Omango-ObboMalgré leur folie meurtrière et la tragédie de Kanungu, les sectes millénaristes risquent de continuer à s'épanouir en Ouganda, car la population se sent trahie par des prêtres corrompus et abandonnée par une église dédaigneuse.
Nous connaissons désormais l'ampleur du drame qui s'est produit le vendredi 17 mars dans l'église du Mouvement pour la restauration des dix commandements de Dieu, à Kanungu, dans le sud-ouest de l'Ouganda. 400 membres de cette organisation, qui a rompu avec l'Eglise catholique dans les années 80, ont péri dans un incendie. [Depuis, plusieurs autres charniers ont été découverts dans le sud-ouest de l'Ouganda, ce qui porte à plus de 1 000 le nombre des victimes de ce mouvement millénariste et en fait à ce jour la secte la plus meurtrière du monde.
Joseph Kibwetere, le soi-disant prophète qui dirigeait ce mouvement apocalyptique, avait promis l'apocalypse pour le 1er janvier 2000.Mais le feu divin n'a pas dévoré la Terre au premier jour de cette année, et Kibwetere craignait sans doute que sa crédibilité n'en pâtisse.
Lui et ses associés ont donc annoncé, une bonne fois pour toutes, que la fin du monde aurait lieu le 17 mars 2000.Aujourd'hui, nous connaissons un peu mieux les événements survenus à Kanungu ,(un grand nombre de fidèles aurait été assassiné par les dirigeants de la secte). Mais il faudra encore attendre plusieurs années avant de savoir pourquoi ils se sont produits.
Essayons tout de même d'y voir plus clair.
Le Mouvement pour la restauration des dix commandements de Dieu est une petite organisation religieuse fondée à la fin des années 80 par Credonia Mwerinde, serveuse et prostituée. Parmi les responsables figuraient également deux anciens prêtres excommuniés par l'Eglise catholique, Dominic Kataribabo et Joseph Kasaparu. Le premier d'entre eux est particulièrement intéressant : prêtre brillant, Dominic Kataribabo était titulaire d'un doctorat en théologie et avait été recteur de séminaire. Si Credonia Mwerinde a bien eu le parcours qu'on lui prête, elle est très proche d'Alice Lakwena, la prophétesse du Mouvement de l'Esprit saint.
Présentée comme une ancienne prostituée, celle-ci avait dirigé un mouvement de rébellion contre le régime de Yoweri Museveni à la fin des années 80. Lakwena affirmait recevoir des messages de l'au-delà : elle affirmait aussi à ses soldats qu'ils pouvaient se protéger des balles en s'enduisant d'un beurre de karité préalablement béni par elle. Lakwena et les siens ont été finalement mis en déroute par les troupes gouvernementales. Chargeant torse nu, la peau luisante, les combattants rebelles sont tombés par milliers sous les balles de celles-ci. Lakwena était parvenue à compter parmi ses adeptes certains personnages très cultivés, dont l'ancien ministre de l'Education, Isaac Newton Ojok.
Retrouver la pureté de la religion
Selon des sources bien informées, il faut remonter aux années 60 pour expliquer le drame de Kanungu. C'est à la fin de cette décennie-là que se produit l'événement décisif: le partage en trois du diocèse d'Ankole [sud-ouest de l'Ouganda]. Le choix des évêques des nouveaux diocèses par les autorités ecclésiastiques a provoqué un fort ressentiment et marqué le début du processus d'aliénation.
D'après ce que l'on sait de certains de leurs disciples, Kibwetere et Katirababo ont exploité un besoin très profond. Celui d'hommes et de femmes d'âge mûr qui aspiraient à retrouver les certitudes du passé et la "pureté" de la religion.
Ces gens avaient été déçus par des autorités religieuses coupées du peuple, par des prêtres corrompus, voleurs et fornicateurs. Ils n'avaient personne vers qui se tourner et haïssaient tous ces politiques familiers du mensonge, des promesses non tenues et de l'enrichissement personnel.
Logiquement, pour Kibwetere et Kataribabo, cette pureté retrouvée passait par la restauration des dix commandements de Dieu.
On aurait pu croire qu'en cette période agitée l'Eglise catholique allait faire un geste, accorder aux rebelles l' "amnistie" qu'elle exhortait le gouvernement à offrir à l'Armée de résistance du Seigneur - qui tue, elle aussi - afin que le pays soit dirigé dans le respect des dix commandements.
L'Eglise, pourtant, s'y refuse.
Aucune messe ne sera célébrée à la mémoire des morts de Kanungu. Même les enfants, qui n'ont certainement pas choisi de mourir, n'auront pas droit aux prières des évêques.(1)
C'est précisément cette incapacité de l'Eglise à tendre la main qui donne naissance aux Kibwetere et transforme d'anciennes prostituées comme Mwerinde en nouveaux messies. Par conséquent, il y a fort à craindre que seuls les corps des membres du Mouvement pour la restauration des dix commandements aient été brûlés et enterrés à Kanungu : l'esprit de cette organisation reste plus vivant que jamais.
(1) Ceci nous donne un bel exemple de la charité chrétienne observée par l'Eglise catholique - Mathieu Ph Cossu.
Réforme, n°2869 du 6 au 12 avril 2000, par Benoît Hervieu-LégerFrance : Eglise Universelle du Royaume de Dieu (EURD)
Effervescence néo-pentecôtiste
[Texte intégral]
Implantée en France depuis 1992, l'Eglise universelle du Royaume de Dieu conjugue théologie néopentecôtiste et rites d'origine afro?brésilienne. Elle est devenue un acteur involontaire de la précampagne municipale parisienne. Le sociologue brésilien Marco de Andrade Leon explique l'influence à la fois médiatique et politique de cette Eglise au Brésil. [....]
Point n'est question ici de mesurer les vertus ecclésiales de l'Eglise universelle du Royaume de Dieu (EURD). Le fait est que cette étoile montante de la galaxie néopentecôtiste vient d'instaurer - contre elle - la communion la plus improbable : celle de tous les élus parisiens dans un contexte ô combien secoué de précampagne municipale.
Fondée en 1977 au Brésil (où se concentrent plus des deux tiers de ses trois millions de fidèles) par un ancien fonctionnaire de la loterie nationale brésilienne, Edir Macedo, l'EURD s'implante en France à partir de 1992. " Elle totaliserait aujourd'hui quelque 2 000 membres hexagonaux, dont près de 500 dans son temple parisien, mais le chiffre est difficile à vérifier vu l'extrême rotativité des fidèles, souvent issus d'autres Eglises pentecôtistes et parfois de retour vers leur Eglise d'origine ", explique Marion Aubrée, anthropologue à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) et spécialiste des cultes brésiliens. " A l'heure de son implantation française, l'EURD a d'abord attiré une population d'immigrés portugais, qui s'efface aujourd'hui au profit d'une population afro-antillaise, très sensible à la dimension spectaculaire du culte."
La première villégiature parisienne de l'EURD se situe, en 1992, au sous-sol d'une synagogue, trois ans avant son installation rue du Faubourg-Saint-Martin (XI arrondissement). " l'EURD lorgne vers le judaïsme par la place qu'elle donne à l'Ancien Testament. Un chandelier à sept branches garnit l'autel de chacun de ses lieux de culte, poursuit Marion Aubrée. La force de cette Eglise, et de son fondateur, est de jouer sur plusieurs registres- cultes de guérison, séances d'exorcisme parfois violentes, empruntées aux cultes afro-brésiliens - tout en conservant une théologie de base pentecôtiste assez rigide et moralisante. Ce qui ne permet pas de parler d'un syncrétisme. "
Cette configuration dépasse d'ailleurs le seul cadre de l'EURD. Elle caractérise l'ensemble de la mouvance dite " néopentecôtiste ". " l'EURD se distingue cependant par un discours qui valorise à l'extrême la fonction de l'argent, continue Marion Aubrée. L'argent, dont ses fidèles souvent d'origine modeste ont le plus grand besoin, y est considéré comme la contrepartie des grâces accordées dans le cadre du culte: guérison, réussite professionnelle, ascension sociale... " et extension de l'Eglise, l'institution de salut.
" Peu après l'acquisition du nouveau site parisien en octobre, un appel à l'argent a été lancé lors d'un culte pour rémunérer l'architecte", raconte l'anthropologue qui y a assisté. Il manquait 38 000 francs, les enchères ont commencé à 1 000 francs, puis elles ont baissé jusqu'à 30 francs pour les plus modestes. En s'acquittant d'une somme, les gens ont le sentiment d'être acteurs. L'EURD considère l'investissement financier comme un geste religieux. C'est, en un sens, sa modernité. Elle n'est pas la seule.
C'est justement ce qui inquiète une opinion publique française et ses représentants, peu préparés à voir émerger ce type d'Eglises, où l'apparente irrationalité du discours le dispute à l'extrême efficacité économique.
Répertoriée en 1996 dans le premier rapport antisectes Gest/Guyard. l'EURD opte alors pour la discrétion vis-a-vis du dehors, tout en continuant d'investir. En octobre dernier, elle acquiert un cinéma porno désaffecté- La Scala - toujours dans le X' arrondissement de Paris, pour 13 millions de francs. " Grâce à cette somme, la secte a pu aussi acquérir des appartements voisins et ainsi devenir majoritaire au sein du syndicat de copropriété de l'immeuble de La Scala, se lamente Maurice Tinchant, distributeur de films indépendant et candidat malheureux à la reprise du site. La Mairie de Paris, qui pouvait faire jouer son droit de préemption, n'a pas alerté comme elle le devait la mairie du X` de l'existence de cet investissement. Quand les travaux sur le site ont commencé, la mairie du X° n'a pas cherché à connaître auprès de l'Hôtel de Ville l'identité de l'acquéreur."
Une version partiellement confirmée par un responsable de la Fédération PS de Paris. " La Ville de Paris n'a pas appliqué une disposition légale qui l'oblige normalement à informer les municipalités d'arrondissement des transactions immobilières à venir sur leur secteur". En l'occurrence, la nouvelle de cet investissement lui était connue quatre mois avant la vente. Mais les dossiers sont nombreux et des retards peuvent survenir. De fait, il n'a pas été possible de stopper la vente. Dans l'attente de la délivrance d'un permis de démolir et de construire, la mairie a accepté, comme souvent, que l'aménageur entame de petits travaux de déblaiements, qui ont démarré en janvier: Dans l'intervalle, Maurice Tinchant apprend que le repreneur est " une confession religieuse ". La peur de la secte joue pour lui. " J'ai dit qu'il s'agissait d'une secte. Cela m'a suffi à gagner le soutien des élus des deux bords [de la mairie du XI, socialiste, et de la Mairie de Paris, de droite] et à remonter un projet alternatif de reprise de La Scala. "
Le 28 février 2000, la Mairie de Paris a refusé le permis de construire à l'EURD. Les travaux sont interrompus mais le site reste sa propriété. Elus et associations ont promis de maintenir la pression, jusqu'à ce que l'EURD jette l'éponge. Or, de source bien informée, Edir Macedo, l'évêque fondateur, envisageait récemment de venir à Paris pour négocier.
Réforme, n°2869 du 6 au 12 avril 2000 par Marco de Andrade Leon (1)Brésil :Eglise Universelle du Royaume de Dieu (EURD)
Une Eglise qui sait rebondir
[Texte intégral]Au Brésil, mais pas seulement, l'Eglise universelle du Royaume de Dieu (EURD) est devenue un remarquable exemple de ce que l'on appelle le " marketing religieux ".
Depuis une dizaine d'années, l'EURD a franchi l'espace géographique du Brésil, pour s'installer à New York, en Afrique australe (Mozambique) et se prépare à conquérir les populations hispaniques et lusophones européennes.
Mais sa capacité d'influence se mesure surtout dans son pays d'origine.
A quoi tient la réussite de cette Eglise issue de la mouvance dite " néo-pentecôtiste " ? Le phénomène du télévangélisme américain fournit un début de réponse. Dans les années 80, l'anthropologue américain Marvin Harris, auteur d'une analyse des changements de valeurs dans la société américaine, American Civilization : An Anthropolo gical Approach, insistait sur l'amélioration des techniques de transmission du message. Le néo-pentecôtisme déculpabilise du péché. Personne n'est plus coupable. Le péché et la pauvreté sont en conséquence l'oeuvre du démon qu'il faut chasser par l'exorcisme.
S'il a condamné d'emblée la théologie de la libération, le fondateur de l'Eglise, "l'évêque" Edir Macedo, a également rejeté la théologie de la croix. La sophistication doctrinale du chef de l'EURD est cependant tout à fait récente. Son avocat - Maître Evaristo de Morais Filho, un célèbre juriste brésilien, récemment décédé - racontait un jour que son client méconnaissait le sens du pentecôtisme et qu'il avait dû se plonger dans la version portugaise de l'Encyclopédie britannique pour combler cette lacune. A l'époque, l'évêque Edir Macedo était accusé de malversations, d'évasion fiscale et de blanchiment d'argent. Il fut acquitté.
Maître Evaristo, pendant l'organisation de sa défense, se servit des dépositions de plusieurs témoins ayant trait, de près ou de loin, aux expériences mystiques de l'Eglise ; certaines émanaient de notables et de magistrats. Plusieurs témoignages portaient sur des conversions de drogués et sur des guérisons difficilement explicables d'un point de vue rationnel ou scientifique.
Religion et politique
L'Eglise univelle du Royaume de Dieu a initié ses activités en 1977 et se trouve implantée aujourd'hui dans 39 pays. Elle totaliserait 6 millions de fidèles et 7 000 pasteurs. Avec un chiffre d'affaires de 8 milliards de dollars au Brésil, elle y est devenue une puissance politique. Elle a notamment démontré sa capacité de mobilisation (un million de personnes), au cours de la dernière visite du pape, avec des cultes alternatifs et manifestations de rue.
Cinq après sa fondation, l'Eglise universelle a acheté la troisième chaîne de télévision brésilienne - TV Record - grâce à sa puissance électorale alors pointée par le ministre des Communications, aujourd'hui devenu le tout-puissant président du Sénat, Antônio Carlos Magalhaes.
Cette puissance médiatique en a gêné plus d'un.
La chaîne TV Globo n'a pas apprécié cette concurrence et son PDG, Roberto Marinho, a personnellement mené campagne contre l'évêque Edir Macedo sous forme d'une mini-série télévisée qui a enregistré une audience de 80 millions de Brésiliens. Remarquable démonstration de guerre psychologique.
Contre les apparences, l'Eglise universelle n'est pas la plus puissante des Eglises évangéliques du continent sud-américain. Les Assemblées de Dieu la dépassent de loin en nombre de fidèles. Au Parlement, la mouvance évangélique a triplé son nombre de députés, passant de 14 sièges à 48. On estime que l'ensemble des Eglises évangéliques (baptistes, Assemblées de Dieu et EURD) mobilise 30 % de l'électorat brésilien.
Sur l'échiquier politique, l'Eglise universelle a soutenu dès sa fondation les candidats de droite, à l'inverse des autres courants évangéliques. Or, depuis peu, on assiste à un renversement des alliances. Le vice-gouverneur de l'Etat du Rio de Janeiro, Benedita da Silva, dirigeante du Parti des Travailleurs (PT), est aujourd'hui en train de négocier le soutien de l'évêque Rodrigues, neveu de l'évêque Edir Macedo, et deuxième dans la hiérarchie de l'Eglise universelle.
A Sao Paulo (15 millions d'habitants), l'Eglise universelle a promis d'appuyer un candidat de gauche ou de centre gauche. La candidate du PT, Marta Suplicy, sexologue et connue pour ses prises de position libérales en la matière, est devenue l'une des probables candidates de l'EURD.
Et justement, en ce qui concerne les questions sexuelles, l'évêque Edir a manifesté à plusieurs reprises une ouverture d'esprit propice à la déculpabilisation.
Etre riche, éprouver du plaisir - bien sûr dans le cadre du mariage - serait donc la marque d'un comportement évangélique. "C'est même le devoir de tout chrétien", assure-t-il.
Comme quoi l'opportunisme de l'évêque ne souffre décidément aucune limite
(1)Marco de Andrade Leon est journaliste et directeur de cours de communication sociale de l'université indépendante.
Lisbonne.
Chine:Falungong
AFP : 13 avril 2000 Attaque informatique contre des sites de la secte chinoise Falungong
[Texte intégral]
PEKIN - Cinq sites internet de la secte chinoise interdite Falungong, basés aux Etats-Unis et au Canada, ont été attaqués depuis mardi, a indiqué jeudi par téléphone depuis les Etats-Unis une porte-parole de la secte.
D'après elle, trois sites basés aux Etats-Unis et deux au Canada ont fait l'objet d'une attaque massive et simultanée, selon une technique bien connue des pirates informatiques: des flots de messages envoyés en même temps depuis des dizaines d'ordinateurs, ce qui paralyse totalement le site.
La porte parole a dénoncé le bureau informatique de la police chinoise qui serait derrière cette offensive d'une ampleur nettement supérieure à celle qui avait déjà été lancée le 5 août dernier, quelques jours après l'interdiction de la secte d'inspiration bouddhiste par les autorités chinoises.
Il avait alors fallu environ 24 heures aux informaticiens pour remettre les choses en état, mais jeudi matin, le principal site de la secte, http://www.falundafa.org, n'était toujours pas accessible. "Ce type de piratage informatique nécessite beaucoup d'efforts et de préparatifs" a commenté par téléphone Yuan Li, un informaticien membre de la secte, qui vit aux Etats-Unis.
En février, un mystérieux mouvement se présentant comme "l'extrême droite chinoise" avait revendiqué des attaques contre des sites informatiques japonais et appelé les "patriotes" chinois à se joindre au combat virtuel contre "les chiens enragés" nippons.
Mais un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères avait condamné cette attaque.
France : L'Arbre au Milieu
Une mise au point sur l'Arbre au Milieu.
Le Nouvel Obs -13 au 19 avril 2000 Courrier des lecteurs.
"l'Obs du 17 février (n°1841) en donnant "Les dernières nouvelles des sectes", a commis une lourde injustice. Selon [.....] la présidente de l'Union de Défense des familles et de l'Individu (UNADFI), le cas du psychothérapeute, Bernard Lempert "est assez significatif" de l'infiltration de cette profession par les sectes; son association "L'Arbre au Milieu" s'est d'ailleurs retrouvée dans la liste publiée par le rapport parlementaire de 1996.
"L'Obs" oublie de préciser que le propre rapporteur de la commission a reconnu que "l'association l'Arbre au milieu faisait partie des mouvements que l'on n'aurait pas dû mettre dans la liste car, manifestement, ce n'est pas une secte.
La commission a jugé Lempert sur la foi d'un dossier secret, sans l'entendre et sans possibilité d'appel ; le dossier (des RG) s'est avéré vide, mais la présidente de l'UNADFI ne s'y résoud pas, bien qu'un membre de l'ADFI ait été condamné pour diffamation. "Libération" a montré, le 30 mars 1998, que Lempert avait été épinglé par erreur, après l'étrange alliance des représentant bretons de l'ADFI et d'une association qui regroupait à la fois des maltraiteurs d'enfants et un président nostalgique de la Waffen SS.
L'UNADFI a attaqué en justice mais s'est désistée au vu du dossier, trois jour avant l'audience, néanmoins [elle] entretien, depuis, soigneusement la rumeur. Ce n'est sans doute pas au "Nouvel Observateur" sans enquête préalable et sans même joindre le psychothérapeute, de relayer cet acharnement insensé.
FRANCK JOHANNES - Journaliste à" Libération".
(Jacques Guyard, Député de l'Essonne et rapporteur de la commission, avait effetivement dit, lors d'une interviex réalisée par la Cinquième, qu' "on n'aurait pas dû mettre l'Arbre au milieu dans la liste des sectes du rapport de 1996."
Ayant par la suite obtenu des informations supplémentaires, et consdtaté qu'il y a, en l'occurrence, "une vraie utilisation de domination psychologique", Jacques Guyar a demandé au président de "La Cinquième" de "ne pas figurer" dans une émission durant laquelle il aurait pu dédouaner l'Association "l'Arbre au Milieu" depuis dissoute. Ajoutons que, contrairement à ce qu'affirme Franck Johannès, l'article a été précédé, cela va de soi, d'une enquête sérieuse.- T.R)
Le Matin, 13 avril 2000 par Victor Fingal
Allemagne : Sectes
Uriella battue par Jupita
[Résumé]L'ancienne adepte de la secte fiat Lux, qui réclamait 625.000 francs "prêtés" en 1996 à la secte, a obtenu provisoirement gain de cause.
La première instance du Tribunal cantonal d'Appenzell Rhodes-Extérieures a estimé que la secte devait rembourser de suite le prêt avec intérêt à 5% l'an, bien que le contrat liant les parties stipulât que ladite somme aurait dû être remboursée par tranches, jusqu'en 2017.
Au cours du procès, la plaignante a déclaré n'avoir pas été responsable de ses actes à l'époque, et qu'elle avait subi des pressions psychologiques.
Ayant rejoint la secte en 1981 à cause de ses fils malades, elle la quitte 16 ans plus tard, et réclame son argent. Ce qui n'est pas du goût des dirigeants.
Le jugement ne stipule toutefois pas si la plaignante a prêté l'argent sous la dépendance d'Uriella. Le mari de celle-ci, la représentant, a déjà annoncé un recours auprès de la deuxième instance du Tribunal cantonal.
La secte compte quelques 700 adeptes en Suisse, en Allemagne et en Autriche. Elle a suscité des craintes lorsqu'à l'approche de l'an 2000, ses membres on commencé à construire des abris.
De plus, Uriella a fait l'objet de nombreux procès à cause des "soins naturels" qu'elle prodigue.
Etats-Unis : Scientologie
Le Point , N°1439, 14 avril 2000, par Christophe Deloire Le défi de Bob Minton
[Texte intégral]
Avant, Bob Minton connaissait de la Scientologie ce qu'en racontaient John Travolta ou Tom Cruise, c'est-à-dire du bien.
Puis le banquier américain a lu des critiques, qu'il a d'abord cru exagérées.
En fin de compte, c'est en se rendant à Clearwater (Floride), où il vit les jeunes scientologues dans la rue, en uniforme paramilitaire, que Bob Minton a changé d'avis, il y a quatre ans.
Ce retraité de 50 ans, qui a fait fortune dans la négociation de dettes de pays du tiers-monde - il dit être riche de " dizaines de millions de dollars " -, a fondé le Lisa McPherson Trust.
Lisa McPherson, adepte morte d'une thrombose due à un manque d'eau, après que la secte - du moins l'en accuse-t-on - l'eut gardée dix-sept jours dans ses murs, est devenue l'emblème des opposants à la Scientologie. Bob Minton commença par financer l'avocat de la famille de Lisa. Puis il aida sept autres anciens adeptes. Il a d'ores et déjà déboursé 4 millions de dollars en leur faveur. Pour qu'ils puissent lutter à armes égales dans des procédures si onéreuses qu'elles dissuadent la plupart d'aller jusqu'au bout.
Bob Minton prétend avoir souffert du harcèlement de la secte : tracts collés aux alentours de sa villa, enquêtes de détectives privés, pressions sur sa famille et ses amis...
Le lendemain de notre rendez-vous avec lui, Le Point recevait un courrier de l'association de Scientologie d'Ile-de-France, accusant le banquier retraité d'être " impliqué dans une affaire de rachat des dettes du Nigeria ". Copies d'articles du Sunday Times à l'appui.
La Scientologie fournit en outre un dossier contenant des duplicata de PV de police constatant que Bob Minton a tiré deux fois en l'air avec une arme à feu pour menacer des scientologues, et qu'il aurait brandi une hache et jeté des pierres contre d'autres adeptes.
Le document prouve en tout cas que la Scientologie entretient les meilleures relations du monde avec la police locale, à qui elle offre parfois ses sites.
Pas de quoi dissuader Bob Minton. Il a racheté des locaux à deux pas du quartier général de la Scientologie, à Clearwater, comme pour narguer ses dirigeants. Et a installé là le siège de son association.
Chine :Falungong
Le Soir 14 Mars 2000 Arrestation de 200 adeptes d'une secte
[Texte intégral]
La police chinoise a arrêté ce jeudi environ 200 adeptes de la secte interdite Falun Gong alors que ceux-ci entamaient une manifestation dans le centre de Pékin afin d'empêcher que toute cérémonie ne soit bannie le 25 avril. Cette date correspond en effet au premier anniversaire le la grande opération de répression dirigée contre la secte qui s'était déroulée alors que Falun Gong organisait déjà une première manifestation de masse pour protester contre les critiques de la presse officielle. Selon Pékin, la secte rassemble quelque 70 millions d'adeptes et représente un réel danger pour la société. En effet, Falun Gong a déjà entraîné la mort de plus l'un millier de ses fidèles.
commentaire : c'est la première fois qu'il est fait mention de la mort d'adeptes de la secte. Il s'agit peut-être des membres de la secte arrêtés par la police et battus à mort : "Zhao avait été battu à mort ce qui était attesté par les blessures relevées sur son cadavre" (AFP, 13/12/99). Il semble donc un peu scabreux d'en imputer la responsabilité à la secte. Quant au chiffre de 1000, il vient de ce que "Plus de 1000 disciples auraient déjà
été discrètement envoyés en camp de rééducation" (le vif/l'express, 3/12/99, p. 65).Le Parisien, 17 avril 2000, par Grégory Magne[texte intégral]Mis en place il y a moins d'un mois, le numéro gratuit anti-sectes du Centre Roger Ikor « fonctionne trop bien » aux dires Jean-Marie Baudry.
France : Lutte contre les sectes
L'inquiétant succès du numéro vert
Délégué départemental de cette association de lutte contre les sectes, il s'occupe de l'antenne de Pontault-Combault où sont centralisés tous les appels de ce nouveau service. « Nous recevons en moyenne trois coups de fil exploitables par jours. Les gens peuvent nous laisser un message 24 heures sur 24 et on les rappelle. »
Le bureau de Pontault répercute ensuite les informations en direction des autres antennes du centre implantées partout en France. « Le gros des appels concerne des urgences, affirme Jean-Marie Baudry. Une grand mère, par exemple, qui nous demande comment faire pour récupérer sa petite fille qui grandit chez Krischna et qui, lorsqu'elle vient les voir, récite des psaumes à longueur de journée. » « Les entreprises multinationales appellent aussi »
Suivent les propositions de soutien et aussi quelques appels farfelus. « L'autre jour un type de Montereau nous a téléphoné parce qu'on lui avait dit qu'il pourrait facilement trouver une femme dans une secte. »
Autres demandeurs, plus inattendus, des services du centre : les entreprises. « Surtout les multinationales comme on en trouve beaucoup sur Marne-la-Vallée », précise Jean-Marie Baudry. Leurs directeurs du personnel appellent pour demander que l'on sensibilise les employés sur le thème des sectes ou pour se renseigner sur les organismes de formations auxquels ils font appel.
« Depuis quelques années, les sectes tentent d'infiltrer les entreprises pour récupérer leurs fichiers informatiques. Elles le font souvent par le biais de ces formations. »
Grandes banques, armée, fonction publique... l'actualité récente a montré que les sectes arrivaient souvent à frapper des personnes occupant des postes de hauts responsables. " Il n'y a pas que des gourous en tuniques bariolées. Aujourd'hui, les sectes avancent en costume trois-pièces. Certaines essaient même de s'unir, comme Moon et l'Eglise de scientologie en Russie l'année dernière".
Un peu débordés par le nombre d'appels reçus, alors qu'ils n'ont pratiquement pas fait la promotion de leur numéro gratuit, les membres du centre Roger Ikor réfléchissent à la manière dont il convient de structurer ce service. « Nous ne sommes ni juges, ni flics, prévient Jean-Marie Baudry. Nous essayons de lutter en répercutant les informations reçues et en fournissant des éléments de vigilance. »
Le Temps, 17 avril 2000, par Jean-Philippe Remy envoyé spécial à KampalayOuganda : Secte : Rétablissement des dix commandements de Dieu
En Ouganda, la prolifération des sectes est encouragée par l'absence de
démocratie[Texte intégral]De Joseph Kibwetere, chef du Mouvement pour la restauration des Dix Commandements de Dieu, en fuite après avoir laissé derrière lui près de 1000 cadavres, on prétendrait difficilement qu'il était un parfait inconnu, même avant la découverte du massacre des membres de la secte.
Chaque jour, depuis des années, ce prophète du désastre parlait sur Radio Toro, l'une des plus importantes stations d'Ouganda. Une demi-heure d'antenne au cours de laquelle, seul invité, il annonçait de façon répétitive la fin du monde, et invitait les fidèles à le rejoindre. Jamais ces activités étranges n'avaient semblé préoccuper les autorités d'un pays pourtant connu pour l'étendue de ses services de renseignement intérieur. Et un mois après l'incendie de l'église de Kanungu où près de 500 personnes ont péri brûlées vives, l'enquête piétine et ces années de tolérance officielle de la secte lèvent d'épaisses interrogations.
En particulier, la complaisance de nombreux responsables locaux cache-t-elle celle des autorités de Kampala?
Après tout, en Ouganda, politique et religion entretiennent des rapports singulièrement troubles. Les organisations religieuses qui prolifèrent au point que le ministère de l'Intérieur renonce à en tenir la comptabilité, jouent un double rôle. D'abord, dans un pays où les fonctions de l'Etat dans les domaines de la santé et de l'éducation ont atteint un état de déréliction avancée à cause des coupes budgétaires recommandées par les bailleurs de fonds internationaux, ce sont les églises qui assurent de facto ces services vitaux.
Mais au-delà cette fonction sociale, les cultes locaux sont aussi une indispensable soupape politique, dans le contexte étouffant d'un système de parti unique de fait, baptisé le Mouvement. Pour le député Aggrey Awori, "la prolifération de ces sectes est l'expression de l'absence de démocratie en Ouganda. Toute forme d'expression politique étant confisquée par le Mouvement, c'est-à-dire par le gouvernement, les ambitieux n'ont que les cultes pour se faire un nom. Kibwetere aurait été un homme politique brillant, mais il a occupé le seul espace d'expression à sa disposition, c'est-à-dire la religion".
Carrières politiques avortées
Le passé des dirigeants de la secte, d'ailleurs, illustre ce principe à la perfection. En effet, rappelle un proche de la secte, "durant les années de guerre civile, Joseph Kibwetere et John Mary Kasapurari, un autre leader du groupe, étaient des recruteurs en brousse pour le compte du chef de la
guérilla, Yoweri Museveni. Ce dernier, une fois arrivé au pouvoir en 1986, a préféré s'entourer de proches pour gérer la paix et écarter ces catholiques susceptibles de s'opposer à lui. Du jour au lendemain, Kibwetere et Kasapurari ont vu leur carrière réduite à néant. Quelques années plus tard, ils créaient la secte".Dans l'Ouest ougandais, deux partis s'opposaient traditionnellement. Le premier, strictement catholique, avait trouvé en Joseph Kibwetere l'une de ses principales figures. Le second, en revanche, était entièrement contrôlé par des protestants. Si bien que la lutte pour l'influence politique, encore aujourd'hui, a le visage d'une guerre de religion. Kibwetere, devenu prophète et chef de secte, restera fidèle à son camp, puisque la couleur verte des robes de ses fidèles est précisément celui du drapeau de son ancien parti.
Or, cette multitude de cultes, dirigés par des ambitieux aux ailes rognées par le monopartisme, vont s'avérer de précieux auxiliaires du pouvoir. Paddy Musana, chercheur de l'Université de Makerere, à Kampala, spécialisé dans les cultes religieux et le satanisme, résume: "Le gouvernement s'appuie délibérément sur les groupes religieux pour contrôler les régions. Pour continuer à exercer leur ministère très lucratif, les chefs des cultes obéissent aveuglément aux consignes de Kampala et entraînent leurs fidèles dans leur sillage. J'ai assisté récemment à une cérémonie dans l'Ouest. Plusieurs milliers de fidèles étaient venus de tout l'Ouganda, habillés de robes blanches et pieds nus pour honorer un prophète avec des chèques de 100 000 Ush (1$= 1500 Ush). Parmi ces fidèles, il y avait les autorités locales, et même une patrouille de la police."
Toutefois, lorsque l'un de ces groupes, comme dans le cas du Mouvement pour le rétablissement des Dix Commandements de Dieu, vient à déraper, il est
encore possible de récupérer la situation, car, comme le remarque Nicolas de Torrente, chercheur spécialiste de l'Ouganda, "les alliances entre pouvoir et groupes religieux sont extrêmement discrètes. En public, le président Yoweri Museveni se présente toujours comme le représentant des forces du progrès, et décrit son travail comme une lutte contre tout ce que le pays compte d'arriérés. Ces sectes, au fond, servent la propagande".Dans ces conditions, l'enquête risque de piétiner longtemps
Sud-Ouest ,20 avril 2000 par Claude Garnier
France : Sectes
Débat animé hier à Bordeaux où les sectes étaient sur la sellette
[Extraits]
Il est douteux que l'huissier mandaté par on ne sait quelle association pour enregistrer le débat qui avait lieu hier au Hangar 14 sur « les sectes et le sectarisme » ait trouvé matière à procès. Mais enfin, dans le climat passionnel qui entoure un sujet aussi hypersensible, on ne peut s'étonner d'en être là ! Toujours est-il que la salle était comble (au moins huit cents personnes), peuplée de « pour » et de « contre » -les uns et les autres applaudissant les réparties allant dans le sens de leurs convictions.
Le débat en quelques phrases-clé
Martine Cohen, sociologue : « nous, chercheurs, disons qu'il faut prendre au sérieux la polémique sociale, mais nous méfier des excès (...) Aujourd'hui, le terme de sectes renvoie à un écart avec les valeurs. Toute la question est de savoir : quel écart ? avec quelles valeurs ? ».
Jean Vernette, délégué de l'épiscopat pour les sectes et les nouvelles croyances : « les députés européens se sont refusés à fournir une définition juridique des sectes. Pour autant, il faut savoir distinguer entre l'admirable et l'inacceptable (aliénation des personnes, clôture sur soi, manipulation des livres saints, marketing spirituel). L'essentiel est de se mettre toujours du côté de l'homme ».
Daniel Picotin : « le rapport parlementaire de 1995 a sonné comme un coup de tonnerre et a déclenché une prise de conscience dans l'opinion et dans les médias, qui sont devenus beaucoup plus vigilants ».
Catherine Picard, présidente du groupe parlementaire sur les sectes : « l'essentiel, c'est d'éviter une législation spéciale, mais d'adapter les lois existantes, par un travail patient de broderie, pour resserrer l'étau autour de pratiques inadmissibles qui ne sont pas seulement le fait des mouvements sectaires ».
Isabelle Bobst : « On ne "rentre" pas dans une secte pour la bonne raison qu'on n'en a pas conscience. Mais le jour où vous vous apercevez que vous en faites partie, vous constatez les dégâts fait dans votre esprit par les pratiques de manipu lation, et vous êtes très, très mal. Et vous en relevez très difficilement ».
Guy Canonici , représentant les Témoins de Jéhovah: « les Témoins de Jéhovah pensent qu'il ne faut pas consommer de sang ni en faire trafic. Mais ceux qui disent que nous refusons la transfusion sanguine caricaturent les pratiques des familles qui se mettent systématiquement en relation avec les équipes médicales pour voir s'il est possible de trouver une alternative aux tranfusions ».
Jean-Marie Abgrall, Membre de la Mission Interministerielle de lutte contre les sectes: « le problème n'est pas d'avoir un débat truqué sur le point de savoir si une secte est ou non une religion. Il est de voir comment des groupes coercitifs exercent des pressions sur des individus qu'ils privent de leur liberté. D'une façon ou d'une autre, la notion de manipulation mentale doit rentrer dans notre droit pénal ».
France : Communiqué de la M.I.L.S
Mise en garde
PREMIER MINISTRE
MISSION INTERMINISTERIELLE DE LUTTE CONTRE LES SECTESCOMMUNIQUE
MISE EN GARDE
Le 20 avril 2000
Inquiètes de la montée en puissance de la lutte contre les agissements sectaires, les principales sectes implantées en France tentent actuellement de réagir en dénonçant une prétendue persécution dont elles seraient l'objet.
Afin de réunir des "témoignages", la Scientologie, ses filiales et ses alliés organisent depuis quelques mois des séances d' hystérie collective au cours desquelles sont mis en accusation tous ceux qui mettent en lumière les activités illégales des sectes.
Ces séances publiques sont organisées sous couvert d'une soi-disant ''commission d'enquête permanente sur les violations des Droits de l'Homme en France". Les convocations, signées de manière illisible, ne portent mention que d'adresses provisoires ou inexistantes
D'ores et déjà, des réunions accusatoires ont été tenues à Paris, à Marseille et à Lille avec la complicité de divers gourous venus pour la plupart d'Amérique.
La Mission met en garde contre cette nouvelle forme d'agressivité sectaire.
Elle rappelle qu'en France, les Droits de l' Homme sont garantis par la Constitution et placés sous le regard permanent de la Justice.
Les véritables associations de Défense des Droits de l'Homme ont, d'ailleurs, protesté à maintes reprises contre l'amalgame dont elles sont victimes du fait de l'abus que les sectes et leurs filiales font de la fiction -non labellisable- de "droits de l' Homme".
La Mission constate que l'activisme sectaire actuel témoigne d'un grand désarroi et qu'il ne saurait se déployer sans les concours actifs d'organismes et de sièges sociaux installés à l'étranger, dans des Etats qui les sanctuarisent et, parfois, n'hésitent pas à les utiliser.
Libération, 21 avril 2000, par Olivier Costemaille[texte intégral]Le quotidien plaide une erreur technique pour expliquer la publication.
France : Sectes
"France-Soir" piégé par une pub prosectes
"C'est une connerie, je l'assume" Jean-Luc Mano, directeur de la rédaction de France-Soir, est consterné. Son journal a publié hier une pleine page de publicité émanant d'une personnalité proche de la scientologie. «On m'a signalé cette pub la veille, explique-t-il. En accord avec Georges Ghosn, le PDG du journal, j'ai décidé de ne pas la passer. Et puis elle s'est retrouvée le lendemain dans nos colonnes à la suite d'une mauvaise manipulation technique.»
Présentée sous la forme d'une «Lettre ouverte au président de la République», cette pub demande «la dissolution de la Mission interministérielle de lutte contre les sectes (Mils)», un organisme rattaché aux services du Premier ministre, au motif qu'il ne respecterait ni la Constitution ni les textes de référence en matière des droits de l'homme.
La publication de la pub a soulevé «l'émoi, l'indignation et la réprobation unanime de toute la rédaction, du directeur aux CDD, en passant par les chefs de service», souligne un journaliste délégué syndical de France-Soir. Les journalistes ont protesté lors de la conférence de rédaction du matin et devaient évoquer la question lors d'une assemblée générale dans l'après-midi. Le délégué syndical ne contredit pas la version de Jean-Luc Mano: «Il semble bien qu'il s'agisse d'un accident.»
Libération, qui s'est vu proposer cette page de publicité, a refusé de la publier. Et, selon la Mils, «d'autres journaux nationaux et régionaux ont été contactés, mais tous ont refusé de la passer». Seul l'International Herald Tribune a publié une publicité du même tonneau, le 23 mars.
La «lettre ouverte» est signée par 52 personnes, pour la plupart dirigeants de mouvements religieux américains. Selon Joël Labruyère, commanditaire de la page au nom de l'association Omnium des libertés: «Aucune de ces personnalités n'appartient à la scientologie, et moi non plus.» En réalité, selon plusieurs journalistes spécialisés, Joël Labruyère est un proche de la secte, de même que plusieurs des signataires, bien qu'ils n'en fassent pas officiellement partie. «Ça, il faudra le prouver!», rétorque l'intéressé, qui affirme se battre au nom de la liberté de religion et d'expression.
Le Parisien , 21 avril 2000, par Marie-Anne Gairaud[texte intégral]Tout le monde le sait. Depuis des années, l'Eglise de scientologie est installée au coeur du quartier des Batignolles, rue Legendre.
France : Sectes
Les habitants se mobilisent contre les sectes et créent : "Attention Enfants !"
Régulièrement, les riverains trouvent dans leur boîte aux lettres ou sur le pare-brise de leur voiture des tracts sur les activités proposées par cette organisation. Depuis quelque temps, les habitants trouvent que l'organisme, répertorié comme secte par deux rapports parlementaires, se montre encore plus offensif et fait preuve d'un regain d'activité. Les riverains ont donc décidé de prendre leurs précautions.Aujourd'hui, pour prémunir leurs enfants d'un potentiel danger, ils ont décidé de monter une association nommée Attention enfants !
" Il y a beaucoup d'activités périphériques, comme du soutien scolaire, des services de garderie, du chant... qui sont proposées par diverses organisations. Nous voulons appeler les riverains à la vigilance. Nous n'avons aucune preuve qui nous permette d'affirmer que ces ateliers sont en fait des actions de prosélytisme. Mais nous savons que cela existe et qu'il faut être prudent ", explique l'un des membres fondateurs.Pour mener à bien leur mission d'information, Attention enfants ! va assurer le troisième samedi de chaque mois une permanence au bureau n° 12 de la mairie. De même, une ligne de téléphone va être mise en service afin que les habitants puissent transmettre tous les renseignements qu'ils recueillent sur des ateliers " douteux ".
En collaboration avec d'autres asociations des Batignolles, Attention enfants ! participera à toutes les animations de quartier afin de sensibiliser systématiquement le plus de personnes possible. " Nous voulons juste attirer l'attention des personnes peut-être un peu trop confiantes et naïves qui ne se rendent pas compte de certains dangers ", conclut Corinne, une jeune maman de deux petites filles.
Si vous souhaitez entrer en contact avec Attention enfants ! vous pouvez les joindre en appelant le standard de la mairie du XVII e : 01.44.69.17.00
Le Figaro, 22 avril 2000, par Rodolphe Geisler[texte intégral]Le Collectif des habitants du centre de Paris, à l'initiative d'une pétition ayant recueilli plusieurs centaines de signatures, organise le 25 avril, une réunion sur le thème "les sectes : un danger pour notre quartier".
France : Scientologie
Mobilisation contre la Scientologie
Composé d'élus locaux, de parents d'élèves et de commerçants, ce collectif entend dénoncer les dangers de la Scientologie qui a ouvert une librairie dans le IIè arrondissement, près de deux écoles, et distribue des tracts dans les zones piétonnes.
Une proposition de loi déposée récemment à l'Assemblée Nationale par Jean Tiberi suggère d'interdire l'implantation des sectes à moins de 300m d'établissements accueillant des personnes vulnérables. Pour sa part la préfecture de police ne peut intervenir "tant que la notion de trouble à l'ordre public n'est pas établie", ce que conteste Pierre Schapira, conseiller de Paris et vice-président du groupe socialiste.
La voix de l'Aisne, 22 avril 2000 par BW[texte intégral]Un " cartel des sectes " s`en prend au père Trouslard.
France : Sectes
Le père Jacques Trouslard convoqué devant un tribunal fantoche
Des nouvelles révélations du prêtre soissonnais, spécialiste des sectes ?
Les sectes ne s'avouent jamais vaincues. Pour preuve, le père Jacques Trouslard, prêtre à Soissons et spécialiste national de la lutte contre les sectes, vient de révéler une nouvelle pratique au ministre Alain Vivien, président de la mission interministérielle de lutte contre les sectes.
" Un cartel de sectes, explique Jacques Trouslard, a créé de toute pièce une. "commission d'enquête permanente sur les violations des droits de l'homme en France". Cette commission se dit avoir été saisie, par des "communautés religieuses" de plaintes en violation des Droits de l' homme, diffamation ou discrimination.
Cette soi-disant commission, véritable tribunal fantoche, convoque des acteurs particulièrement en pointe dans le combat contre les sectes en France. Ainsi, le père Trouslard a-t-il reçu,. par lettre recommandée, une " convocation ", en date du 12 avril dernier.
Le prêtre est cité à comparaître devant cette fameuse commission, "constituée d'un panel d'experts indépendants" selon ce courrier.
Une commission qui aurait été saisie " d'un certain nombre de plaintes concernant vos actions contre les minorités religieuses". " L'audition portera sur les points suivants :
1 - incitation à la discrimination envers les membres de communautés religieuses
2 - diffusion d'informations infamantes à rencontre de communautés religieuses
3 - Diffusion dans les médias de déclarations diffamatoires sur des associations entraînant des dommages pour leurs membres .La Scientologie montrée du doigt
Cette ahurissante audience était fixée à mercredi dernier, " le lieu vous sera transmis ultérieurement ", concluait le courrier. Le 18 avril, le père Trouslard recevait un fax lui précisant le lieu : un hôtel, à Lille.
Bien entendu, le prêtre ne s'est rendu nulle part.
II a immédiatement alerté le ministre Alain Vivien. Celui-ci a réagi au quart de tour.
Dans une mise garde, la mission interministérielle, au nom du Premier ministre, dénonce ces agissements et nomme les responsables : "La scientologie, ses filiales et alliés ".
Pour la mission de lutte contre les sectes, celles-ci "organisent des séances d'hystérie collective au cours desquelles sont mis en accusation tous ceux qui mettent en lumière les activités illégales des sectes ".
Ces audiences sont tenues, poursuit le ministre, " avec:: la complicité de divers gourous venus, pour la plupart; d' Amérique".
Pour le père Trouslard l'affaire est grave : " Cette parodie de justice est intolérable au pays des Droits de l'homme, d'autant que les jugements de ces pseudos tribunaux seront rendus publics et adressés aux Etats-Unis. "
On le voit, le combat contre les sectarismes est loin d'être gagné.
Chine:Falungong
AFP : 24 avril 2000 La police chinoise sur les dents
[Texte intégral]
La police chinoise se préparait lundi à contrer tout nouveau défi de la secte interdite Falungong, à la veille de l'anniversaire de la première manifestation d'un mouvement soudain sorti de l'ombre il y a un an en encerclant le siège du régime communiste à Pékin.
Japon : Secte Moon
Presse Japonaise : 24 avril 2000 La secte Moon condamnée
[Résumé]
Le 24 avril la cour de Tokyo a condamné la secte Moon à payer 75 millions de yen a une ancienne adepte de la secte.
La secte avait obligé cette personne de 75 ans à payer de très fortes sommes d'argent dans le but de sauver l'âme de ses ancêtres.
Le président de la cour de Tokyo Monsieur Kenichi Tanaka a déclaré que les agissements de la secte et de leur gourou étaient inacceptables dans la société Japonaise. Toute la presse Japonaise a parle de cette condamnation.
Belgique : OTS
Le Soir, 25 avril 2000 L'ami de Luc Jouret, «suspect idéal après chaque braquage»
[Texte intégral]
Ll'ex-para belge se défend Soupçonné par les enquêteurs belges et luxembourgeois d'être impliqué dans le «casse du siècle» commis lundi dernier au préjudice de la Brink's Ziegler à Luxembourg,D.G., l'ex-commandant parachutiste belge et ancien chef de la sécurité de la firme de transport de fonds préjudiciée, a réfuté dimanche, dans une interview au journal «Le Républicain Lorrain», toute participation à cette attaque qui a rapporté à ses auteurs plus de 600 millions de francs(Le Soir des 22 et 23 avril).
Qu'il y ait un casse en France, en Suisse en Belgique ou au Canada, c'est à moi que l'on pense. Tout a commencé avec l'affaire de l'OTS (NDLR: l'Ordre du Temple solaire) car j'ai eu comme ami intime Luc Jouret (le gourou de la secte). Après les suicides collectifs, explique D.G., je me suis mis à la disposition de la justice mais il n'y a jamais eu de collaboration. J'ai fait l'objet de perquisitions, d'interrogatoires jusqu'à ce qu'ils mettent en exergue mon passé militaire et qu'ils me soupçonnent même d'être membre des troupes de choc. J'étais le suspect idéal. Aujourd'hui, je le redeviens après chaque braquage.
Dans cet interview, D.G. dénonce le harcèlement dont il dit avoir été victime de la part des policiers belges chargés de l'enquête sur l'OTS. Il déplore l'acharnement de la commission d'enquête parlementaire belge sur les sectes. et se désole que des plaintes sans fondement aient été lancées contre lui suite à des attaques de fourgons blindés.
Tout cela est invraisemblable.
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Dans toute cette histoire, conclut D.G., ce qui est la cause de mon «malheur», c'est d'avoir pris publiquement la défense d'un type comme Jouret. Au lendemain des suicides collectifs dont furent victimes en Suisse, en France et au Canada, des adeptes de l'Ordre du Temple solaire, D.G. s'était commis d'un livre «Luc Jouret, toujours vivant» prenant la défense de son ancien compagnon d'armes, le médecin-parachutiste avec lequel il avait sauté sur Kolwezi en 1978.
Belgique : Sectes
AVCS, 26 avril 2000, par Jean-Paul Vankeerberghen Soulager les souffrances des victimes de sectes
[Texte intégral]
Les sectes nuisent souvent à la santé physique et psychique de leurs adeptes
Les sectes font parfois la une des journaux, à l'occasion de l'un ou l'autre événement sensationnel. Mais le vécu quotidien de ceux qui en sont victimes est moins souvent mis en lumière.
Ceux qui parviennent à échapper à l'emprise d'une secte ont encore un long chemin à faire pour retrouver une vie normale.
Pendant des années, ces personnes ont en effet été soumises à une entreprise de déstructuration de leur personnalité qui laisse bien entendu des séquelles.
Qu'elles se soient laissées embarquer plus ou moins volontairement dans ces dérives sectaires ou qu'elles aient été plongées dans ces organisations sans l'avoir choisi (les enfants notamment), les victimes ont fait l'objet de manipulations mentales et d'abus graves.
Les atteintes à la santé ne sont pas que psychiques. Dans nombre de sectes, les adeptes sont victimes de maltraitance, de malnutrition, de manque de sommeil, de travail forcé, de sévices corporels. Les agressions sexuelles et les actes de pédophilie n'y sont pas rares. En outre, les adeptes malades doivent fréquemment se contenter de l'une ou l'autre médecine parallèle ésotérique.
Jusqu'à présent, il n'existe que très peu de structures destinées à apporter une aide aux victimes des pratiques sectaires. C'est en faisant ce constat qu'une ex-adepte a fondé en compagnie de quelques professionnels l'association Aide aux victimes des comportements sectaires (AVCS).
Son but: aider les victimes à se réinsérer dans leur famille et dans la société en leur apportant des conseils, une écoute, un appui ainsi qu'une guidance psychologique, sociale et juridique. Elle peut aussi orienter les personnes vers des associations ou des structures professionnelles qui ont une connaissance spécifique du mode d'action des sectes.
Cette jeune association dispose encore de peu de moyens, mais elle a déjà réuni, à la fin de l'an dernier, plusieurs spécialistes de l'aide aux victimes des sectes. Les actes de ce colloque viennent d'être publiés.
Le Parisien, 27 avril 2000 par François Vignolle
Ouganda : Rétablissement des dix commandements de Dieu
Les étranges connexions de la secte ougandaise
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Tandis que des dizaines de fossoyeurs s'apprêtent à exhumer des cadavres d'un nouveau charnier découvert dans une résidence de la banlieue de Kampala (capitale de l'Ouganda) louée par l'un des leaders de la secte le Rétablissement des Dix Commandements de Dieu, les policiers s'intéressent aux liens tissés entre ce mouvement religieux et une secte australienne.
Les autorités ougandaises ont désormais la certitude que Joseph Kibwetere, gourou de la secte, toujours recherché pour le meurtre d'un millier de ses fidèles en mars dernier, entretenait d'étroites relations avec un mouvement sectaire australien, appelé The Marian Workers of Atonement (les Serviteurs de la Rédemption).
Teresa Kibwetere se souvient avoir assisté en compagnie de son mari à des conférences à Kampala où l'on discutait de " la manifestation des forces surnaturelles ".
Grand ordonnateur de ces rencontres mystiques, le gourou australien William Kamm, 49 ans, surnommé par ses fidèles Little Pebble (petite pierre). Selon les enquêteurs ougandais, la secte australienne, implantée dans la ville de Nowra, tout près de Sydney, partage les mêmes croyances que son homologue ougandaise.
Une vénération pour la Sainte Vierge et une croyance sans faille aux forces occultes.
Kibwetere l'Ougandais et William Kamm l'Australien s'étaient rencontrés à plusieurs reprises, au moins quatre fois. Des documents retrouvés dans l'ancienne demeure du chef du Rétablissement des Dix Commandements de Dieu font état de ces entrevues qui datent d'octobre 1989. Les deux hommes se sont-ils revus depuis cette année-là ? Kibwetere a-t-il bénéficié de l'aide de Kamm pour s'enfuir vers une destination étrangère ? Seule certitude, Joseph Kibwetere vénérait celui qu'il considérait comme un prophète. " Nous étions fascinés par les visions de la Sainte Vierge qu'il avait eues, raconte Teresa Kibwetere. Nous avons entretenu une longue correspondance avec lui avant qu'il ne vienne en Ouganda. "
" Ces groupes apocalyptiques se nourrissent des mêmes croyances "
Rugambwa, l'un des fils du gourou ougandais, n'a pas oublié les mots exaltés de son père après le passage de Kamm. " Il a dit qu'il avait de nouveaux projets pour la secte, qu'il était rempli d'espoir. " En 1991, le Rétablissement des Dix Commandements de Dieu avait publié son manifeste intitulé " Message présent du Paradis ". Dans celui-ci était mentionné le nom de Little Pebble, homme " d'une autre nation qui avait eu des visions du châtiment prochain ".
Les associations anti-secte australiennes ne paraissent guère étonnées par le rapprochement de ces deux mouvements millénaristes. " Ces groupes apocalyptiques se nourrissent des mêmes croyances. Il n'est pas surprenant de retrouver des messages de William Kamm dans l'ancienne maison de Kibwetere ", a expliqué au journal ougandais " The New Vision "
Wally Anglessa, responsable de l'une de ces associations qui surveillent The Marian Workers of Atonement depuis seize ans.
" Mais attention, ces liens ne veulent pas nécessairement dire que Kamm est à l'origine de ce terrible massacre ", conclut l'Australienne.
Japon : Honohana Sangogyo
L'Humanité 28 Avril 2000 - par Jean-Pierre Léonardini L'avenir et la santé dans la plante des pieds !
La jobardise étant au monde la chose la mieux partagée, on s'étonne à peine d'apprendre qu'une enquête policière est en cours, au Japon, à l'encontre des dirigeants d'une secte qui prétend lire l'avenir et la santé dans la plante des pieds ! Une douzaine de responsables de l'organisation Honohana Sangogyo sont actuellement cuisinés, notamment son ancien chef, un certain Hogen Fukunaga (cinquante-quatre ans).
On les soupçonne en effet d'avoir soutiré 210 000 dollars à trois femmes pour avoir, entre novembre 1994 et juin 1995, diagnostiqué de prétendus cancers et autres maladies redoutables à partir des lignes des pieds. Cette chiromancie par le bas les autorisait à convaincre leurs victimes de s'inscrire à des cours spéciaux - au tarif tiré vers le haut - censés les aider à mieux se soigner. De tels " frais de formation ", soutirés à des milliers d'adeptes, auraient rapporté aux escrocs 950 millions de dollars.
L'ancien chef de la secte, qui déclare avoir abandonné son poste en janvier dernier sur " conseil céleste " (il se considère accessoirement comme le prochain sauveur, après le Christ et Bouddha), repousse toute accusation de fraude.
C'est décidé. Le journalisme ne rapportant rien, j'ouvre demain une officine pour lire l'avenir dans le lobe de l'oreille. Dans six mois, je suis le nouveau Crésus et je nage dans une piscine de dollars. [.....] Il est temps de changer de vie ! .
Etats-Unis : Scientologie
Le Secticide , 29 avril 2000 L'église de scientologie semble avoir perdu deux de ses disciples très célèbres
[Texte intégral]
http://www.scmp.com/News/World/Article/FullText_asp_ArticleID-20000429033821311.asp
South China Morning Post LES GENS..
Confirmation TV . Cruise perd la foi en la scientologie--------------------------------------------------------------------------------
IAN MARKHAM-SMITH
Tom Cruise et sa femme, l'actrice australienne Nicole Kidman ont laissé tomber peu après la fin de Yeux Fermés (Eyes Wide Shut) de Stanley Kubrick, d'après des rapports hollywoodiens.
La rumeur veut que Cruise et Kidman aient tranquillement coupé les liens avec l'église de scientologie, raconte les échotiers américains Marcus Baram et Marc Malkin dans le dernier "US weekly magazine".
"Malgré les dénégations de leurs représentants, nous avons entendu que Cruise et Kidman avaient diminué leur implicaion en scientologie à la fin du film de Kubrick".
La défection du couple multimillionaire serait un coup majeur au groupe controversé, qui subit des attaques de nombreux gouvernements européens et voit son effectif baisser.
[.....]
Mais si la scientologie tente de mettre la pression sur les deux vedettes afin qu'elles demeurent dans son giron, ça pourrait bien s'avérer mission impossible.
US Weekly indiquait que le pouvoir de Cruise et de Kidman à Hollywood pourrait faciliter un départ sans encombre.
Cruise est entré à la secte en 1987 par sa première femme, l'actrice Mimi Rogers, scientologue depuis longtemps.
Mais l'acteur a réagi par la défensive lorsqu'on l'a questionné sur sa participation, et Kidman a dit à la radio qu'elle était catholique.
"J'ai beaucoup acquis en scientologie", disait Cruise en 1993. Mais il ajoutait"L'église de scientologie ne mène ni ma vie ni ma carrière". Et il ne semble pas qu'il ait supporté son collègue scientologue Travolta lors de la réalisation du film tiré de l'oeuvre d'Hubbard, "Terre, Champ de Bataille".
Pendant qu'il travaillait à Eyes Wide Shut, on dit qu'il discutait avec les patrons de la Warner Bros en leur signalant que la production du film de Travolta-Hubbard serait une erreur.
Les premières critiques ont été mauvaises. Le film, où Travolta tient le rôle d'un méchant extra-terrestre. Terre Champ de Bataille doit sortir aux USA le 12 mai.
--------------------------------------------------------------------------------La TV: "ENTERTAINMENT TONIGHT"
Entertainment Tonight a raconté brièvement que Tom Cruise et Nicole Kidman auraient pris leurs distances vis-à-vis de la scientologie. Il y aurait une publication disant qu'ils limitaient leur implication en scientologie depuis Eyes Wide Shut de Kubrick. Leurs Relations Publiques ont nié.