Actualités sur les sectes en mars 2000

Secte Aum Secte Aum : le cyber retour
Sectes La chasse aux sorcières
Chaînes d'argent Le "patron" de la pyramide Goldfinger écroué
Sectes Financement des cultes
Scientologie La Scientologie paiera l'impôt
La Famille (ex enfants de Dieu) Non-lieu confirmé pour les Enfants de Dieu
Sectes Soupçons : une secte au congrès
Sectes Actions en référé
Sectes Les sectes apprécient la Seine-et-Marne
Le Patriarche (Dianova) Les dérives du Patriarche
Dianova (ex Le patriarche) Dianova dans le collimateur
Scientologie Justice européenne: la Scientologie a gain de cause contre la France
Tabitha's Place L'ex ordre-apostolique en liquidation judiciaire
Scientologie La Scientologie lave le cerveau
Témoins de Jéhovah Des médecins piégés par les Témoins de Jéhovah
Scientologie La Scientologie érigée en Suède au rang de "communauté religieuse"
Stop au cancer Le bon Docteur
Rétablissement des dix commandements de Dieu Près de 200 morts dans un suicide collectif en Ouganda.
Dozulé Les amis de la croix glorieuse de Dozulé poursuivent leur expansion
Rétablissement des dix commandements de Dieu Plus de 200 adeptes s'immolent par le feu
Rétablissement des dix commandements de Dieu Près de 400 morts en Ouganda
Sectes Les sectes se multiplients en Ouganda
Mission interministérielle de lutte contre les sectes A propos de la tuerie sectaire en Ougnada.
Sectes Le Millénarisme interprétation littérale de la Bible
Sectes (*) Information et prévention en milieu scolaire
Anthroposophie Jacques Guyard condamné pour avoir qualifié le mouvement anthroposophe de secte
Sectes A Grenoble, la rumeur fait fuir les congressistes
Rétablissement des dix commandements de Dieu Déjà 500 victimes de la secte
Sectes M. Jaeglé, le procureur dignois anti-sectes
Scientologie Condamnation confirmée
Scientologie (*) La scientologie contre l'égalité

Arès (*)

Que sait-on de ....? Arès
OKC Visite de contrôle surprise à la secte OKC
Témoins de Jéhovah Note de la MILS au sujet de la transfusion sanguine
Témoins de Jéhovah Lettre de l'UNADFI au Président du Conseil national de l'Ordre des médecins
Sectes La ville garde les sectes à l'oeil

Scientologie

Voeux inattendus
Témoins de Jéhovah Stupéfaction !
Témoins de Jéhovah La taxe foncière sur les propriétés bâties,une taxe "cultuellement" favorable
Sectes Prévention des risques sectaires
Sectes Le Ministère a un rôle de police administrative
Dozulé Le mystère des croix de l'an 2000

(*) Articles ou documents qui, compte tenu de leur taille, ne sont pas ci-dessous, mais sur une page particulière.



Japon : Secte Aum

La secte Aum : le cyber retour

Les News , 3 mars 2000

A la suite d'une descente dans les locaux de la secte japonaise Aum, la police nippone a découvert, jeudi, qu'elle faisait développer des logiciels pour 80 grandes compagnies japonaises et de nombreux services gouvernementaux, dont les Ministères de la Défense et de l'Education.

L'enquête sur la secte Aum Shrinrikyo connue pour son attentat au gaz sarin dans le métro de Tokyo il y a cinq ans, a révélé que de la secte sévissait sous la fausse identité d'Aleph pour faire développer des logiciels destinés à 80 grandes compagnies japonaises ainsi qu'à de nombreux services d'Etat.

Ce sont les Ministères de la Défense, de l'Education, des Postes et des Communications mais aussi la Nippon Telegraph and Telephon Corportation, soit le principal opérateur téléphonique et fournisseur d'accès à Internet, qui sont concernés.

L' Internet Initiativ Japan Inc (IIJI), autre FAI nippon, avait quant à lui, demandé à Aleph de développer un système pour collecter les frais d'accès à Internet auprès de 108 499 clients (un logiciel qui véhicule des informations confidentielles tels les noms et les numéros de compte en banque et de cartes de crédit).

Des officiels de la Sécurité Gouvernementale ayant choisi l'anonymat déclarent craindre que les compagnies affiliées à Aum n'ait développé des codes pour briser les fire-walls (système de protection), répandre des virus ou envoyer des messages de recrutement. C'est la crédibilité des sites gouvernementaux, déjà mise à mal par l'attaque de hackers chinois en janvier dernier, qui est en jeu.



France : Sectes

La chasse aux sorcières

Libération, 4 et 5 mars 2000, par Daniel Licht

[Texte intégral]

Une atmosphère "de chasse aux sorcières" régnerait actuellement en France.

C'est le constat qu'ont fait plus d'une dizaine de personnes vendredi à Paris, lors d'une réunion organisée par l'Omnium des libertés, une association prosecte qui en avait convié une cinquantaine.

Documentaliste quadragénaire, Rose-Croix à 19 ans, Michel affirme que l'administration l'a dépossédé de ses deux enfants "pour cause d'adhésions spirituelles non conformes".

Naturopathe depuis trente ans, un important Breton obèse à queue-de-cheval, narre ses déboires commerciaux depuis qu'un magazine, il y a une dizaine d'années, l'a hâtivement accusé d'être un affidé de l'OTS...

"Il y a des témoignages sur la persécution religieuse en France très émouvants. Il y a même eu des larmes..", se félicitait hier Danielle Gounord, présidente de la Scientologie, qui a choisi le registre affectif pour sensibiliser l'opinion sur les discriminations dont elle ferait l'objet.

En donnant la parole à leurs adeptes soi-disant persécutés par une laïcité intolérante, les sectes ont donc modifié leur stratégie contre Alain Vivien (président de la Mils, Mission interministérielle de lutte contre les sectes, qui vient de publier son premier rapport le 7 février).

Au Forum de Grenelle, une salle du XVIe arrondissement à Paris, une kyrielle de témoignages se sont étalés pendant six heures, tous censés prouver des "actes racistes et discriminatoires".

Le chef d'orchestre de la journée, Joël Labruyère, président d'Omnium des libertés, entend constituer ainsi des rapports d'"experts internationaux", destinés à la Cour européenne des droits de l'homme... Manipulant à la perfection l'art de "recentrer" le débat, pimentant les témoignages d'emphatiques lamentos - "Il est impossible de se défendre contre l'Adfi [Association de défense de la famille et de l'individu]. Il faut dire qu'en France il n'y a donc aucun recours ! ",

Joël Labruyère ne craint pas les approximations historiques. Il décrit la France comme le pays d'origine de l'Inquisition, tout en considérant la lutte antisecte comme "une situation d'une gravité historique sans précédent depuis le Moyen Age".

Le tout face à une salle électrique, faisant crépiter les standing ovations.



France : Chaînes d'argent

Le "patron de la pyramide Goldfinger écroué

Nice-Matin, 4 avril 2000, par D.C

[Texte intégral]

Ce sont désormais douze membres de la pyramide Goldfinger, dont six sont écroués, qui sont mis en examen depuis la "décapitation" de la chaîne financière d'escroquerie dont l'existence a été révélée par "Nice Matin" en octobre dernier.

Les enquêteurs de la division économique et financière de Nice et de Toulon continuent de progresser dans le démantèlement de l'organisation que d'aucuns nomment "la secte des escrocs"

Ils viennent, en effet, d'expédier derrière les barreaux en début de semaine, un haut responsable présumé de la pyramide qu'ils recherchaient depuis longtemps. Cet homme est, en effet, le cadre le plus haut placé dans l'organisation.

Ce directeur de salle qui supervisait les réunions en Italie et qui "relevait les compteurs" chaque week-end s'était, en effet, mis au vert en Italie à l'annonce du démantèlement de l'organisation financière.

Se sachant recherché et fatigué de vivre dans la clandestinité, il a préféré se constituer prisonnier mardi à la PJ de Nice. Cet homme, originaire de Moselle et âgé de 38 ans a reconnu être parfaitement au courant de l'interdiction en France des chaînes financières et des risques encourus. En revanche, comme ses complices déjà incarcérés, il a expliqué avoir dépensé l'intégralité de l'argent.

Mais la justice a de bonnes raisons de penser qu'il était sur le point de monter une société de négoce d'automobiles dans le Var avec un autre membre de la pyramide qui est écroué.

Présenté au magistrat instructeur de Draguignan, il a été en examen pour escroquerie en bande organisée et a été écroué à Nice

L'enquête continue afin de remonter la chaîne jusqu'au sommet, mais comte tenu de la discrétion des membres et des pseudonymes utilisés, l'exercice s'annonce difficile.DC



Belgique : Sectes

Financement des cultes

Le Soir , 6 mars 2000, par Christian Laporte

[Texte intégral]

L'instauration d'un impôt philosophiquement dédicacé en lieu et place de l'actuel système de financement des cultes pourrait avoir pour conséquence de provoquer une discussion parlementaire générale sur la reconnaissance des cultes en Belgique.

C'est une des conclusions d'un intéressant dossier que le Crisp (Centre de recherche et d'information socio-politique) vient de consacrer à la problématique générale des rapports entre l'Etat et l'Eglise (1). En fait, entre l'Etat d'une part et les différentes Eglises et la laïcité organisée de l'autre.

SYNTHESE COMPLETE

L'étude, cosignée par Caroline Sägesser et Vincent de Coorebyter, vient à la bonne heure...

En ces temps de grand remue-méninges autour du financement des cultes et de la laïcité, les deux chercheurs présentent une synthèse complète d'une question aux implications et imbrications multiples.

L'on y apprend, par exemple, que le financement ne touche pas seulement la vie quotidienne en paroisse mais se répercute aussi sur nombre d'institutions publiques où les représentants des cultes et de la laïcité font oeuvre d'assistance sociale, spirituelle et/ou morale. Sägesser et de Coorebyter ont aussi eu la bonne idée d'aligner différentes estimations récentes afin d'évaluer la représentativité des différents cultes. Et d'évoquer les cultes plus minoritaires mais néanmoins présents - Témoins de Jéhovah, mormons, bouddhistes, baha'is - et même les sectes épinglées par une récente commission parlementaire.

Les coauteurs décrivent le financement actuel jusque dans le détail: on y apprend entre autres choses que le cardinal Danneels gagne 3.362.136 F par an alors que le grand rabbin de Belgique se voit octroyer 1.935.945 F, qu'il y a des cadres très précis haut clergé/bas clergé pour tous les cultes reconnus, etc. Mais ils comparent aussi utilement les positions des différents partis sur un éventuel refinancement.

Le dossier passe encore en revue la manière dont l'impôt philosophiquement dédicacé a cours dans différents pays européens. Enfin, c'est une mine d'or pour les futurs travaux parlementaires: il comprend la liste de toutes les dispositions juridiques en la matière. Même le texte de la loi de 1870 qui gère le temporel des cultes.

"Cultes et laïcité en Belgique", Caroline Sägesser et Vincent de Coorebyter, Dossier du Crisp, 250 F.



Italie : Scientologie

La Scientologie paiera l'impôt

La Repubblica, 6 mars 2000

[Résumé]

La Cour Suprême a expliqué ainsi sa décision :

"Tout en admettant le caractère religieux de l'église de Scientologie et de ses articulations thérapeutiques, il s'agit d'une activité religieuse
"onéreuse". Puisqu'elle produit des ressources pour l'organisation qui la gère, elle n'est pas dispensée de payer l'impôt."

Commentaire de Roger Gonnet :La sciento se prend un coup de plus dans la tête en Italie, après des décennies de guerres devant les tribunaux ! La sciento contrainte à payer, par la Cour Suprème à Rome. "Religieuse, elle engendre des revenus , donc, elle paie"



France : La Famille (ex enfants de Dieu)

Non-lieu confirmé pour les Enfants de Dieu

La Provence, 7 mars 2000, par Denis Trossero

[Texte intégral]

La chambre d'accusation de la cour d'appel d'Aix a confirmé le non-lieu en faveur de 21 membres de la secte des "Enfants de Dieu"

C'est la fin d'un long et très controversé épisode judiciaire. La chambre d'accusation de la cour d'appel d'Aix-en-Provence vient en effet de confirmer le non-lieu en faveur de 21 membres de la secte des "Enfants de Dieu". Les magistrats ont estimé que l'instruction n'avait pas permis de réunir des charges concernant des faits de proxénétisme aggravé sur mineurs, de séquestration de personnes, de violences volontaires, voire de corruption sur mineurs. En. revanche, les diverses investigations diligentées avaient fait apparaître des carences éducatives directement liées au mode de vie. Des carences qui n'exigeront que 1a saisine du juge des enfants, pas d'un tribunal correctionnel.

Créée aux Etats-Unis par David Berg, puis déclarée à Paris en 1972, la secte avait initialement pour but de "favoriser le bien?être spirituel et social de l'homme par la diffusion de l'Evangile et d'aider les jeunes sans abri, drogués... " L'association "Les Enfants de Dieu" s'est dissoute en France en 1978, pour devenir ensuite "La Famille". La secte était connue pour recruter par des méthodes dites de "flirty fishing", par le biais de relations sexuelles applicables aux adultes comme aux mineurs.

En juin 1993, les gendarmes avaient investi la maison des "Enfants de Dieu" à Eguilles, près d'Aix, interpellant 43 adultes et 148 enfants âgés de quelques mois à 16 ans.

Des ouvrages et des textes avaient été saisis, qui préconisaient l'éveil sexuel des enfants le plus tôt possible. Mais aucune violence sexuelle n'avait été mise au jour.

Une seule personne, qui n'appartient pas à la communauté d'Eguilles, a été renvoyée devant le tribunal pour "corruption de mineur".

M" Anne Carrel et Dominique Inshauspé, les avocats des "Enfants de Dieu" avaient déjà obtenu un non-lieu du juge d'instruction le 11 janvier 1999, mais les parties civiles avaient fait appel.



France : Sectes

Soupçons : Une secte au congrès

Le Parisien , 8 mars 2000

[Texte intégral]

Les organisateurs d'un congrès qui doit rassembler à la fin du mois de mars à Grenoble, sous le comité d'honneur de Claude Allègre, Catherine Trautmann et Marie-George Buffet, de très nombreuses personnalités du monde culturel, économique, scientifique, sportif, sur le thème de la réussite, envisagent de porter plainte contre X.

Cela à la suite de rumeurs faisant état des liens que leur organisme, fédérant trois associations culturelles grenobloises, entretiendraient avec un mouvement sectaire.



Belgique : Sectes

Actions en référé

Le Soir , 11 mars 2000, par J-p B

[Texte intégral]

Suite à la publication d'une brochure de la Communauté française sur les pratiques illégales de mouvements nuisibles, plusieurs sectes citées avaient entrepris des actions en référé en vue de suspendre la diffusion de ces informations. En première instance, OKC et le Mouvement humaniste avaient été déboutés. Seule la Société anthroposophique belge avait eu gain de cause. En appel, celle-ci a perdu ainsi que OKC. La cause du Mouvement humaniste devait être plaidée vendredi. Il se fait qu'il s'est désisté de son appel. Restent deux procédures au fond, pour OKC et les Anthroposophes.



France : Sectes

Les sectes apprécient la Seine-et-Marne

Le Parisien , 14 mars 2000

[Texte intégral]

Les sectes apprécient l'étendue des terrains et les vieilles pierres de la Seine-et-Marne.

Orkos a acquis une magnifique propriété près de Provins, à Soisy-Bouy, dans les années quatre-vingt.

Depuis 1997, et l'incarcération du gourou Guy-Claude Burger pour viol sur mineurs, un certain calme semble être revenu autour de la propriété, qui ne s'occupe plus que de commercialiser des produits bio.

Les activités de la Soka Gakkaï sont beaucoup plus surveillées, soupçonnée qu'elle est d'espionnage industriel. Son site de Chartrettes, un château reposant sur 40 hectares de verdure, fait l'objet d'une attention particulière des autorités départementales.

Le Mandarom, en revanche, est à bout de souffle. Le couple Cosani, qui habite Vaux-le-Pénil, est le représentant dans le département de la secte basée à Castellane. Entre 60 et 100 adeptes résideraient en Seine-et-Marne.

Les Témoins de Jéhovah, pour leur part, comptent pas moins de treize salles du royaume dans le département. Et se reposent sur cent trente mille adeptes en France.



France : Le Patriarche

Les dérives du Patriarche

Le Parisien , 14 mars 2000

[Texte intégral]

Créé en 1972 par Lucien Engelmejer, le Patriarche propose aux toxicomanes le sevrage sans substitution, encadrés par d'anciens toxicomanes.

Une période durant laquelle le toxicomane est astreint à se reconstruire en communauté, selon un rythme de vie collective très orchestré.

Les dérapages ne tardent pas. Plusieurs toxicomanes dénoncent des violences sur leurs personnes, des femmes portent plainte pour viols, le tout dans le culte de la personnalité du « Vieux », Lucien Engelmejer.

Enfin le détournement de fonds public est caractérisé : l'association encaisse les revenus des pensionnaires (RMI, Assedic, allocation adulte handicapé) qui continuent de verser de l'argent une fois le sevrage achevé ; leur fait payer cher la pension (des témoignages parlent d'une avance de 5 000 ou 8 000 F, puis de 3 000 F par mois) sans pour autant leur offrir une alimentation saine et équilibrée.

Le Patriarche perçoit aussi des subventions de la Ddass pour chaque toxicomane. Où va l'argent ? Quatre holdings ont été situés au Luxembourg (paradis fiscal) sans compter huit autres qui existeraient dans le monde. Selon le rapport 1999 contre les sectes, le patrimoine immobilier d'Engelmejer atteignait 41 millions de francs en 1994.

En 1986, le rapport Consigny (commandé par Fabius, alors Premier ministre) suggère le retrait de son agrément et la suspension des aides financières de l'Etat. Mais rien ne bouge. Il faut attendre le rapport parlementaire 1996 qui épingle le Patriarche comme secte pour que l'Etat lui supprime ses subventions.

Le Patriarche revendique 100 000 drogués soignés depuis 25 ans dans seize pays.



France : DIANOVA (ex Le Patriarche)

Dianova dans le collimateur

Le Parisien , 14 mars 2000, par Sophie Bordier

[Texte intégral]

Une nouvelle vient de s'installer dans le département.(Seine-et-Marne) Et Jean Calvet, responsable du service d'aide aux jeunes en difficulté de Pontault (Sajed), la surveille de très près.

Il a d'ailleurs pris sa plus belle plume pour prévenir les pouvoirs publics.

Objectif : les alerter de la présence de Dianova en Seine-et-Marne. Une association d'aide aux toxicomanes épinglée en 1999 comme secte dans le rapport parlementaire consacré aux sectes et l'argent. Un texte qui définit Dianova comme ex-Patriarche, lui-même classé comme secte dans le rapport parlementaire 1996 contre les sectes.

Vendredi dernier, Jean Calvet a adressé un premier courrier sur le sujet au président du conseil général de Seine-et-Marne, Jacques Larché. Une missive bientôt suivie d'une autre à Alain Vivien, président de la mission interministérielle de lutte contre les sectes. « Dianova a une adresse officielle en Seine-et-Marne, à Roissy-en-Brie (1, 4e-Avenue) », s'exclame Jean Calvet, spécialiste de ces questions (NDLR : de 1981 à 1986, il fut secrétaire à la mission interministérielle de lutte contre la toxicomanie, Milt). La nouvelle a cloué sur place le maire de Roissy, qui se dit « prêt à la plus grande vigilance ».

Présente dans les hypermarchés


Jean Calvet va aussi alerter les directeurs de Carrefour, Auchan, etc. « Les gens de Dianova font du prosélytisme devant certains magasins Intermarché, notamment ceux de Lizy-sur-Ourcq et de Thorigny-sur-Marne. » Le directeur d'Intermarché de Lizy confirme. « Ils sont venus trois fois devant mon magasin pour faire connaître leur action. Pour la bonne cause, j'ai accepté. Une certaine Mme Simonin m'a laissé une brochure. J'étais loin de penser qu'il s'agissait d'une secte. » Curieusement, le département a déjà attiré le Patriarche, à La Trétoire, dans le canton de Rebais, fief de Jacques Larché.

Le rapport parlementaire de 1999 évoque là-bas un centre de post-cure de cinq bâtiments au nom de Dianova. Mais le lieu est aujourd'hui déserté. Jean Calvet s'interroge. « Dianova présente les mêmes principes de thérapie que le Patriarche, mais aussi le même encadrement, le même siège, en Haute-Garonne. Peut-on prouver que Lucien Engelmejer, père fondateur et gourou du mouvement, n'est pas derrière tout cela ? J'en appelle à M. Larché, président de la commission des Lois au Sénat. »

Sensible aux difficultés des toxicomanes, il fulmine : « Le Patriarche possède quatre holdings au Luxembourg et d'autres dans le monde. Ne pourrait-on pas récupérer et redistribuer cet argent pour réellement l'utiliser à la lutte contre la toxicomanie ? »



France : Scientologie

Justice européenne: la Scientologie a gain de cause contre la France

AFP , 14 mars 2000

[Larges extraits]

L'Eglise de Scientologie a obtenu gain de cause contre la France devant la Cour européenne de justice (CEJ) de Luxembourg qui, dans un arrêt rendu mardi, a jugé une loi française sur les restrictions aux investissements étrangers non conforme au droit européen.

Cette loi, prévoyant que le gouvernement français peut, pour assurer la défense d'intérêts nationaux, soumettre à une autorisation préalable certains investissements étrangers, est considérée par la Cour "trop générale, trop floue et incompatible avec le principe de liberté de circulation des capitaux".

Les juges européens ont également estimé que le régime français est "contraire au principe de sécurité juridique" et donc incompatible avec le Traité européen.

Une loi française du 28 décembre 1966 complétée par une loi du 14 février 1996 donne le pouvoir au ministre de l'Economie d'interdire ou de faire modifier un investissement si celui-ci est jugé "de nature à mettre en cause l'ordre public, la santé ou la sécurité publiques".

Les magistrats européens se sont prononcés à la demande du Conseil d'Etat français qui avait lui-même été saisi, en février 1996, par l'Eglise de Scientologie de Paris et le Scientology International Reserve Trust de Grande-Bretagne.

Le recours de ces associations avait été introduit à la suite de deux décisions du ministre français de l'Economie d'ajourner l'exécution d'investissements étrangers destinés à l'Eglise de Paris.

La première, le 27 avril 1995, concernait des financements de l'Eglise de Scientologie américaine destinés à reprendre tout le patrimoine de celle de Paris. La seconde, le 29 novembre 1995, concernait des investissements de l'Eglise de Scientologie anglaise qui voulait, pour le compte de l'américaine, éteindre toutes les dettes de l'Eglise de Scientologie française.

Paris avait expliqué, devant la CJE, que les deux mesures étaient fondées sur l'existence en France de différentes procédures pénales contre des membres de l'Eglise de Scientologie, accusés d'exercice illégal de la mécine, d'escroquerie et de violence, et sur la présence d'un "risque diffus qu'ils usent de méthodes de nature à tromper un public peu averti, en particulier la jeunesse".

Entre ces décisions de 1995 et l'arrêt de mardi, des membres de l'Eglise de Scientologie ont été condamnés en France dans le cadre de deux procès.
( Lyon et Marseille)
[....]



France : Tabitha's Place

L'ex Ordre apostolique en liquidation judiciaire

Sud-Ouest,14 mars 2000, par J-P Ch

[Texte intégral]

ANGOUS L'association, qui devait 585 000 francs à l'URSSAF, a déposé son bilan

Le 7 mars, le tribunal de grande instance de Pau, statuant en matière commerciale a prononcé la liquidation judiciaire de la communauté implantée depuis plusieurs années à Sus sous le nom d'Ordre apostolique Tabitha's Place. II y a quelques mois, elle avait changé d'appellation: elle s'appelait "La Ferme" du nom du site d'Angous, La ferme du Roi, son siège social.

Elle s'était installée dans ce bâtiment agricole rénové après la destruction, en juillet 1997, sur décision de justice, de douze maisons d'habitation et d'un local communautaire édifiés sans permis sur un terrain inconstructible, à Sus.

La liquidation judiciaire de l'association a eu lieu sur dépôt de bilan et sur assignation de l'URSSAF qui réclamait 585 000 francs de cotisations impayées.

Cette " ardoise " était venue s'ajouter au redressement fiscal de plusieurs millions de francs dont la communauté avait fait l'objet il y a plusieurs années.

Instruction terminée.

Sur le plan pénal, l'instruction de l'affaire au centre de laquelle l'ex Tabitha's Place s'est trouvée placée il y a bientôt trois ans est terminée.
Le 5 avril 1997, le juge avait mis en examen du chef de privation d'alimentation et de soins ayant entraîné la mort, le père et la mère d'un enfant de 19 mois, Raphaël Ginhoux; décédé deux jours auparavant à la Ferme d'Angous.

Le magistrat instructeur a rendu une ordonnance de transmission des pièces au Parquet général. On attend maintenant l'arrêt de la Chambre d'accusation de la Cour d'appel de Pau : non lieu ou renvoi devant une juridiction répressive.




France : Scientologie

La Scientologie lave le cerveau

Charlie hebdo, 15 mars 2000, par Xavier Pasquini

[Texte intégral]

Un problème ? la secte a toujours une solution ….

L'Eglise de Scientologie a lancé dernièrement une grande campagne de communication. Toutes les mairies d'Ile-de-France ont reçu une invitation pour le vernissage d'une exposition consacrée à Ron Hubbard, son gourou fondateur. Celui-ci est présenté comme " écrivain et humaniste ". Sur le carton d'invitation, on a curieusement oublié de signaler qu'il s'agit du plus grand scientifique du xxe siècle, comme c'est habituellement le cas dans les tracts et les brochures de propagande de la secte. C'est en effet comme tel, par exemple, que les scientologues affirment qu'il a mis au point l'" audition ", une méthode de gouroufiage particulièrement efficace qui a fait sa fortune et celle de la secte.

Dans la panoplie des services (payants) proposés au " préclair ", on trouve un " appareil scientifique et religieux " baptisé " l'électromètre " ou " E-Meter ".

On l'utilise pour " mesurer l'état mental et les changements d'état chez les individus " afin de traquer les
" téthans parasites " qui les auraient envahis et d'enregistrer les réactions électrodermales. Ainsi, selon Hubbard, "lorsqu'un préclair impur pense â quelque chose, ses images mentales bougent et font dévier l'aiguille de l'électromètre ". Informé de cela, le futur adepte se trouve alors en situation d'être manipulé mentalement.

Les scientologues prétendent que l '" auditing " et l'électromètre permettent d'effacer les douleurs physiques
provoquées par un accident, une maladie ou un choc émotionnel en permettant à l'" audité " d'être " libéré de I'affect " Tout cela n'est pas autre chose que de la charlatanerie et les médecins pratiquant cette méthode contreviennent à (article 30 du Code de déontologie médicale.

Pour mettre un terme à ces délires avec de vrais arguments scientifiques et rationnels, il est utile de lire l'article de
Marcel-Francis Kahn paru dans le n° 240 de la revue Science et pseudo-science3 consacré à ce sujet

Il nous révèle que cet appareil a été mis au point en 1844 par sir Charles Wheatstone et qu'il est connu sous le nom de " pont de Wheatstone ". Constitué de quelques fils, d'une source électrique de faible intensité, du cadran d'un galvanomètre et de deux poignées que tient l' " audité ", il sert à mesurer quantitativement l'émotivité d'un sujet. Il fait également partie des différents paramètres composant les prétendus détecteurs de mensonges.

Le coût de sa fabrication ne dépasse guère quelques centaines de francs. Or il est vendu aux adeptes, qui doivent obligatoirement l'acheter, entre 10 000 et 15 000 F F pièce. Certains dirigeants scientologues vont même jusqu'à le vendre 30 000 F. L'un d'entre eux, Xavier Delamare, directeur des centres de dianétique de Marseille et de Nice, traîné devant les tribunaux, a été condamné le 15 novembre dernier à deux ans de prison et 100 000 F d' amende...

Dans ses textes, Ron Hubbard définissait cyniquement " l'audition en tant que moyen de domination : tout processus qui est fait sur une base autoritaire est un effort pour contrôler et dominer le préclair (...]; il abaissera inévitablement la capacité de raisonner du préclair. "

En somme, Ron Hubbard a inventé l'appareil à mesurer la connerie...

 



France : Témoins de Jéhovah

Des médecins piégés par les Témoins de Jéhovah

La provence, 16 mars 2000, par Dominique Arnoult

[Texte intégral]

La secte la plus importante en France

Sous le couvert de l'une de ses associations qui réunirait des médecins, la secte a convaincu les plus grandes sommités marseillaises de participer à un congrès sur le thème: "soigner sans transfuser?"

Nul doute, le sujet "Soigner sans transfuser?" est infiniment intéressant. Et l'on peut comprendre que d'éminents professeurs aient donné, du moins dans un premier temps, leur accord pour intervenir lors d'un colloque qui doit se tenir les 28 et 29 mars au palais du Pharo à Marseille que loue la municipalité.

La salle a été réservée il y a des mois par un certain Dr Najand, au nom de l'Association médico-scientifique d'information et d'assistance du malade (AMS), dont ce médecin, qui dit avoir "une formation de cancérologue", est le vice-président.

Sur les courriers échangés figure, ostensiblement, gage de sérieux, la liste des membres du comité scientifique et d'organisation parmi lesquels sept grands noms de la médecine à Marseille. "Tout cela nous a laissé penser qu'il s'agissait d'un congrès médical de très haut niveau", explique-t-on du côté de la mairie. En réalité, l'association AMS, créée en 1981, est étroitement liée à la secte des Témoins de Jéhovah. Les statuts sont parfaitement explicites: "Informer les membres du corps médical (...) en vue d'aboutir à une meilleure coopération dans le traitement des malades témoins de Jéhovah". Quant au Dr Najand, il est également, reconnaît-il, "membre du service d'information hospitalier des Témoins de Jéhovah" et à ce titre "conseille les patients qui refusent une transfusion sanguine. Il y a d'autres moyens, dit-il, de leur donner une chance de survie".

Certains praticiens marseillais, contactés par des confrères, ignoraient que derrière ce congrès se cachait, comme le dénonce l'Association de Défense de la famille et de l'Individu (ADFI) "une véritable offensive menée par la secte qui laisse croire que, dans tous les cas, la transfusion peut-être remplacée par autre chose, ce qui est faux et fait de plus en plus pression pour être reconnue comme une religion".

Mais d'autres savaient les liens qui existaient entre l'AMS et la secte.

"Manipulé"

"J'ai été contacté il y a environ un an. J'ai su d'emblée qu'il s'agissait des Témoins de Jéhovah d'autant que j'ai plusieurs patients, adeptes. Je me suis toujours occupé d'eux au même titre que les autres malades conformément au serment d'Hippocrate, même si je ne partage pas du tout leur croyance.

Dans un premier temps, j'ai donné mon accord", explique l'un des professeurs prévu comme intervenant. Recontacté plus tard, ce spécialiste trouvera cette affaire "de moins en moins claire". Bien qu'il ait prévenu par courrier il y a six mois qu'il ne participerait pas à ce colloque, son nom figure pourtant toujours sur la liste du comité d'organisation et circule sur Internet.

"C'est malhonnête, j'ai été manipulé", s'emporte-il aujourd'hui. Parmi ses confrères qui savaient aussi, certains ont pensé "en toute bonne foi", assure le Pr Henri Zattara, président du conseil de l'ordre départemental des médecins, qu'ils pourraient s'exprimer et faire valoir leur point de vue." L'exercice est "périlleux" convient l'un d'entre eux. "J'ai bien l'intention de dire ce que j'ai à dire, à savoir qu'il n'y a parfois aucune autre solution que de transfuser", ajoute l'un de ses collègues, ignorant que les Témoins de Jéhovah ont consacré en janvier dernier dans leur revue "Réveillez-vous" de longues pages pour dénoncer les risques de la transfusion, assurant que déjà "plus de 90 000 médecins dans le monde" sont disposés à les soigner "sans avoir recours au sang".

Alerté par l'ADFI qui avait en vain contacté députés et élus locaux, le Pr Zattara a demandé aux médecins qui avaient donné leur accord, y compris à l'un des membres de l'ordre dont la communication portait sur la "déontologie en matière de consentement du patient", de "renoncer à leur prestation".
"J'ai expliqué à mes confrères qu'ils n'avaient aucune chance de convaincre ces gens qui refusent les arguments scientifiques". Combien de médecins qui s'étaient laissé abuser, se rangeront-ils à son avis?

La secte la plus importante en France

"Elisabeth a perdu son libre arbitre et a tourné le dos à sa famille du jour au lendemain", témoigne Gérarda Barat dont la fille unique, atteinte d'une maladie génétique non identifiée, a "fugué" le 31 décembre 1986 pour rejoindre les Témoins de Jéhovah. Depuis, cette femme se bat pour tenter de retrouver sa fille et faire connaître les agissements de ce mouvement répertorié dans le rapport parlementaire sur les sectes. Les Témoins de Jéhovah revendiquent plus de 200 000 adeptes et sympathisants. Selon le rapport Guyard, les recettes annuelles en France varient entre 170 et 200 MF. Le patrimoine immobilier évalué à 860 MF comprend, outre les salles du royaume, divers immeubles dont un de 20 000 m2 à Louviers, ville du Dr Najand.



Suède : Scientologie

La Scientologie érigée en Suède au rang de "communauté religieuse"

Le Monde, 17 mars 2000, par Antoine Jacob

[Extraits]

Les scientologues suédois pavoisent : leur organisation a obtenu d'un organisme officiel un statut leur ouvrant la voie à une demande d'aide officielle de l'Etat, comme les autres religions. Les Témoins de Jéhovah et l'Armée du salut l'ont également acquis. La Scientologie bénéficiait déjà d'une exemption d'impôts comme organisation à but non lucratif, ce que la Grande-Bretagne et l'Italie refusent de lui accorder.

En d'autres lieux, la nouvelle aurait provoqué un tollé, en Suède, elle est passée quasi inaperçue : le 13 mars, l'Eglise de Scientologie y a reçu le statut officiel de « communauté religieuse ». Aussitôt exploitée par cette organisation controversée, considérée notamment comme une secte dangereuse en France et en Allemagne, cette décision est intervenue après l'adoption en sa faveur d'autres mesures par les autorités suédoises, qui inquiètent certains pays européens.[....]

UNE PREMIÈRE EN EUROPE

Une demi-douzaine d'autres organisations, dont les Témoins de Jéhovah et l'Armée du salut, ont également obtenu ce statut. « Nous sommes conscients du fait qu'ailleurs, on peut avoir une approche différente de la Scientologie de la nôtre », reprend M. Nordling ( haut fonctionnaire au
ministère de la culture qui, en Suède, traite des affaires religieuses)
. Il se rappelle avoir rencontré, à l'automne 1999, un responsable français, membre de la mission interministérielle de lutte contre les sectes, venu donner le point de vue de Paris sur la question. « Une rencontre très informative, très plaisante », se souvient le Suédois.

Très plaisante aussi a été, aux yeux des scientologues, la décision du Kammarkollegiet, qu'ils se sont empressés d'exploiter. Il s'agit d'« une reconnaissance sans équivoque de la part du gouvernement suédois », claironnent-ils dans un communiqué. A en croire le quartier général de la secte pour l'Europe, basé au Danemark, la Suède est le premier pays d'Europe occidentale à avoir accordé un tel statut à une section nationale de l'Eglise. [....]

En outre, à partir du 1er avril, le sacro-saint principe suédois de la transparence se verra restreint, grâce aux scientologues. C'est là le résultat d'une longue querelle juridique, après qu'un citoyen suédois eut déposé, dans des lieux publics et sur Internet, des exemplaires de documents « éducatifs » destinés aux scientologues souhaitant franchir - moyennant une somme rondelette - le « pont vers la liberté totale ». Les Etats-Unis ont fait pression sur Stockholm, au nom du respect d'un accord international sur le copyright. La loi suédoise sur l'accès aux documents a donc été révisée. Mercredi, une députée social-démocrate a été inculpée pour avoir déposé ces mêmes documents scientologues dans une bibliothèque municipale.


France :Stop au cancer

Le bon docteur

AFP ,17 mars 2000

[Texte intégral]

CHAMBERY, 17 mars (AFP) - 18h32 - Le guérisseur allemand Geerd Hamer, 64 ans, ancien médecin interdit d'exercice en Allemagne et en Autriche, a été condamné vendredi par le tribunal correctionnel de Chambéry (Savoie) à 18 mois de prison dont 9 mois avec sursis pour "escroquerie et complicité d'exercice illégal de la médecine".

L'ex-médecin, très contesté pour sa façon de traiter les cancers, était absent à l'audience le 1er février dernier. Condamné par défaut, il devra également payer une amende de 50.000 F.

Le procureur de la République avait requis 18 mois de prison ferme et le lancement d'un mandat d'arrêt international.

Deux adeptes du guérisseur, Andrée Sixt, 52 ans, ex-présidente de l'association locale "Stop au cancer", et Marie-Louise Gros, 69 ans, ont été condamnées respectivement à 1 an de prison avec sursis et 20.000 F d'amende et 3 mois de prison avec sursis et 15.000 F d'amende. La première était poursuivie pour "exercice illégal de la médecine" et "non assistance à personne en danger" et la seconde pour "exercice illégal de la médecine".

Le procureur avait respectivement requis douze et huit mois d'emprisonnement avec sursis à leur encontre.

Plusieurs plaintes avaient été déposées par les familles de personnes décédées après avoir suivi les théories et médications ordonnées par les deux femmes non diplômées, qui diffusaient les thèses de Hamer.

La première plainte avait été introduite en 1996 par un homme dont l'épouse, atteinte d'un cancer du sein, avait abandonné tout traitement sur les conseils des deux femmes. Elle était décédée des suites de sa maladie après avoir refusé son placement à l'hôpital.

Geerd Hamer avait fait la une des journaux en 1995 avec l'affaire d'une petite cancéreuse autrichienne, Olivia Pihar, âgée de 8 ans, qui avait failli mourir faute d'opération appropriée, parce que ses parents suivaient ses consignes.

 



Ouganda : Secte : Rétablissement des dix commandements de Dieu

Près de 200 morts dans un suicide collectif en Ouganda

AFP, 18 mars 2000 et Le Parisien 19 mars 2000

[Texte intégral]

Près de 200 morts dans un suicide collectif d'une secte ougandaise KAMPALA, 18 mars (AFP) - Près de deux cents adeptes d'une secte apocalyptique ougandaise se sont immolés vendredi par le feu lors d'un "apparent rituel de suicide collectif" à Kanungu, dans le sud-ouest de l'Ouganda, a indiqué samedi à l'AFP un policier depuis Rukingiri chef-lieu de la région du drame.

Auparavant, un porte-parole de la police à Kampala, Eric Naigambi, avait déclaré qu'il y avait eu "environ cent morts parmi les fidèles qui s'étaient enfermés dans leur église avant d'y mettre le feu".

Interrogé samedi par l'AFP depuis Kampala, un policier du district de Rukingiri, à 320 km au sud-ouest de la capitale ougandaise, a indiqué que près de deux cents personnes de la secte du "Rétablissement des Dix Commandements de Dieu", auraient péri dans ce drame.

Selon lui, les victimes s'étaient enfermées dans une construction de fortune qui leur servait d'église et y ont mis le feu.

Il a ajouté que, peu avant le drame, des rumeurs selon lesquelles la secte aurait demandé à ses membres de vendre leurs biens et de se préparer à la mort, avaient circulé dans la région.

La police a dépêché une équipe d'enquêteurs dans cette zone proche de la frontière avec la République démocratique du Congo (RDC) et du parc
national de Bwindi.

Au cours des derniers mois, la police ougandaise avait démantelé deux sectes les accusant d'être une menace pour eux-mêmes et la communauté.

Le 18 septembre 1999, la police ougandaise avait pris d'assaut une ferme qui servait de campement à l'"Eglise du Dernier Message d'Avertissement
Mondial", une secte apocalyptique dont des membres étaient accusés d'enlèvements d'enfants et d'abus sexuels sur mineurs.

Cette secte, installée dans une ferme dans le centre du pays, était dirigée par un prétendu "prophète", Wilson Bushara, à Bukoto, dans le comté de Nakaseke. Wilson Bushara avait publiquement annoncé la fin du Monde pour le 30 juin 1999.

Selon la police, les membres de cette secte étaient exclusivement des Tutsis et des Bahima du sud de l'Ouganda, du Burundi, du nord de la Tanzanie et de l'est de la RDC.

Le 19 novembre 1999, la police ougandaise avait dispersé un rassemblement illégal d'une autre secte, adepte de la jeune prophétesse Nabassa Gwajwa, dans l'ouest de l'Ouganda. Quelque 500 membres de la secte, des ethnies Hima et Tutsi, rassemblés dans un camp, à Muzeri, dans le district de Sembabule, avaient été dispersés par la police anti-émeute.

La jeune prophétesse, âgée de 19 ans affirmait être morte en 1996, puis renvoyée par Dieu sur la Terre pour exhorter son peuple au repentir avant l'avènement de l'an 2000.

Les membres de cette secte étaient suspectés par les habitants de la région de se livrer à des orgies sexuelles.



Suisse: Dozulé

Les Amis de la Croix de Dozulé poursuivent leur expansion

Le Temps, 18 mars 2000, par Christine Salvadé

[Texte intégral]

SUISSE ROMANDE. Surfant sur la tempête de décembre dernier et la peur du millenium, les Amis de la Croix de Dozulé poursuivent leur expansion
Des croix lumineuses de sept mètres ont été érigées, notamment dans les cantons de Fribourg, du Valais et de Genève .

Comme tous les 28 mars, le petit village de Dozulé en Normandie accueillera des milliers de pèlerins.

Ils étaient 6000 en 1990, ils seront plus nombreux que jamais en ce printemps 2000. D'abord parce qu'il y aura trente ans que le Christ aurait délivré son premier message apocalyptique sur la butte de Dozulé à la couturière Madeleine Aumont.

C'est la date anniversaire des «Amis de la Croix glorieuse de Dozulé».

Ensuite, on craint pour cette année la fin du monde annoncée, et seule une croix immense et lumineuse de 738 mètres de haut (l'altitude de Jérusalem) sur la butte de Dozulé pourra sauver ceux qui aideront à sa construction. C'est ce que Dieu a commandé aux Amis de Dozulé en s'adressant à la couturière normande. Depuis trente ans, les adeptes se sont rabattus sur des constructions plus modestes: des croix de 7,38 mètres, soit au centième des plans divins, poussent sur territoire
français et dans le monde entier, notamment en Belgique et en Hollande.

L'effet «Lothar»

En Suisse romande, les Amis de la Croix glorieuse sont toujours plus nombreux. Dans le canton de Fribourg, deux calvaires lumineux ont été dressés en 1998, à Rue et à Romont dans la Glâne; un autre a poussé à Vuisternens-en-Ogoz près de Rossens. Le coût d'une érection et de son exploitation tourne autour de 10 000 francs.

En Valais l'été dernier, le canton a mis fin à une tentative de construction au-dessus de Martigny. A Genève, une croix dressée dans un jardin d'Onex inquiète la population, traumatisée par l'Ordre du Temple solaire qui comptait des membres dans la commune. Et ce n'est pas tout, le mouvement est en plein essor depuis la terrible tempête de décembre dernier: « Dans les régions dévastées de France, les Amis de Dozulé ont convaincu les propriétaires de terrain d'accepter l'édification d'une de leurs croix pour que pareille chose ne leur arrive plus. Dans les régions préservées, ils ont obtenu le même succès en convaincant les habitants de remercier le Ciel d'avoir été épargnés », affirme le président du Centre contre les manipulations mentales de Paris.

A........, entrepreneur valaisan, ira en Normandie à la fin du mois. Il traversera la France avec une dizaine d'adeptes. Son entourage prétend qu'il se rend régulièrement à Dozulé depuis la mort de deux de ses enfants. Le mouvement lui a été présenté par «une cassette vidéo» offerte par un ami.

Le prosélytisme du mouvement est organisé: site Internet, conférences et diffusion d'une abondante littérature, notamment le manuel Etre mon apôtre, contenant les 50 messages du Christ et les instructions pour la construction de la Croix d'amour, ainsi que Nouvelles révélations avant l'an 2000 - Les secrets de Dozulé, annonçant l'«Apothéose que Dieu prépare à la Terre avant de clore le Temps».

En juin dernier, André, du Valais, a voulu dresser sa propre croix avec l'argent d'un donateur dont il tait le nom. «Mais le canton a eu peur des pèlerins que ma croix aurait attirés», prétend-il. Depuis quelques mois, il a abandonné la bataille. Sa croix est cachée à Monthey. Mais il annonce que d'autres seront construites en Valais.

En France, les Amis de la Croix de Dozulé figurent parmi les 172 sectes répertoriées par l'Assemblée nationale. L'Eglise catholique a refusé de reconnaître l'authenticité des apparitions de Dozulé et l'évêque de Bayeux a interdit toute propagande et collecte de fonds par ce mouvement.

Les adeptes se présentent en victimes incomprises: «Il est temps de sauver tous ces pécheurs qui n'aiment pas Jésus», clame le manuel de Dozulé.

Reste le règlement :

En Suisse romande, l'expansion du mouvement est observée de loin. Impossible de recenser les Croix de Dozulé ou ses adeptes. Ces mouvements chrétiens à tendances sectaires sont en plein développement», dit Danièle Muller, présidente de l'Association suisse pour la défense de la famille et de l'individu. Elle considère Dozulé comme un mouvement «gentillet» en regard d'autres dérives. «Le danger de Dozulé, c'est la propagation d'idées agitatrices telles que l'imminence de la fin du monde», dit-elle.

A Sion, l'abbé Michel Maret, délégué à la question des sectes par le diocèse, dénonce cette manipulation de l'angoisse qui aboutit à une contrainte, l'édification d'une croix. Contre cette supercherie, l'abbé ne voit que l'information.

Finalement, ce sont les règlements d'aménagement du territoire qui endiguent le phénomène: à Martigny-Croix, le calvaire lumineux était situé hors zone à bâtir. Dans le canton de Fribourg, la préfecture de la Glâne vient de refuser un permis de construire en vieille ville de Romont. A Rue, l'installation en zone agricole a bénéficié d'une autorisation exceptionnelle, mais elle devra être éteinte pour ne pas troubler l'automobiliste.

Dans les décisions du préfet, les arguments confessionnels n'ont joué aucun rôle: «J'ai traité ces croix comme n'importe quelles installations fixes: un totem, un minaret ou une borne d'essence», assure Jean-Claude Cornu.



Ouganda : Secte : Rétablissement des dix commandements de Dieu

Plus de 200 adeptes s'immolent par le feu

Le Parisien 19 mars 2000, François Vignolle

Plus de 200 adeptes d'une secte apocalyptique ougandaise, dont des enfants, se sont donné la mort vendredi matin dans ce qui pourrait être le deuxième suicide collectif le plus meurtrier du siècle. Selon un porte-parole de la police locale, les membres de la secte, baptisée Rétablissement des dix commandements de Dieu, se sont réfugiés dans une construction de fortune qui leur servait d'église à Kanungu, à 320 kilomètres au sud-ouest de Kampala (capitale de l'Ouganda). Après une cérémonie ponctuée de prières et de chants, les fidèles ont répandu de l'essence dans le lieu saint et se sont immolés par le feu.

Le gourou introuvable

Le gourou de la secte, un ancien prêtre catholique, à l'origine de ce suicide collectif, a-t-il suivi ses adeptes dans les flammes ? Ou est-il en fuite ? Le nombre des victimes pourrait atteindre 235 personnes. Une centaine de cadavres ont été dénombrés mais d'autres corps sont carbonisés au point de rendre toute identification impossible. D'après les premiers éléments de l'enquête, aucun étranger n'était présent dans l'église. En revanche, des enfants en bas âge et des femmes ont péri. « Avant la cérémonie, les dirigeants de la secte avaient demandé à leurs fidèles de céder tous leurs biens et de se préparer à gagner le paradis », explique le porte-parole de la police. Suivant ce commandement, les membres de la secte, pour la plupart des paysans, avaient tenté de vendre ces derniers mois leurs lopins de terre et les quelques vaches qui composaient leurs troupeaux. « Cette secte inconnue du grand public a été fondée en 1979. Elle attirait des gens pauvres et souvent crédules, explique le rédacteur en chef de New Vision, quotidien national, leur gourou avait annoncé à plusieurs reprises que la fin du monde était proche. Ce suicide collectif est inquiétant car d'autres sectes du même type existent dans le pays. »

Des précédents tragiques

En septembre dernier, les autorités ougandaises avaient démantelé un autre mouvement sectaire composé d'un millier de fidèles et arrêté ses fondateurs. Ces derniers ont été inculpés de viol et d'enlèvement. Le bilan du drame de Kanungu, encore provisoire, pourrait en faire le suicide collectif le plus meurtrier de l'histoire moderne après celui du Temple du peuple à Jonestow, en Guyane, en 1978. Un illuminé américain, le révérend Jim Jones, avait entraîné dans la mort 914 adeptes de sa secte. Il avait forcé la plupart d'entre eux à avaler un breuvage à base de cyanure. Plus récemment, 80 membres de la secte des Davidiens sont morts dans un incendie à Waco (Texas) et 69 adeptes de l'Ordre du temple solaire ont péri, notamment lors de suicides collectifs.


Ouganda : Secte : Rétablissement des dix commandements de Dieu

Près de 400 morts en Ouganda

Le Parisien 21 mars 2000, François Vignolle

[texte intégral]

LE BILAN du suicide collectif de la secte apocalyptique ougandaise, qui s'est produit vendredi matin dans le village de Kanungu (sud-ouest de l'Ouganda), s'est encore alourdi hier. " Trois cent trente cadavres, dont soixante-dix-huit enfants, ont déjà été comptés ", a indiqué en milieu de journée l'inspecteur général de la police ougandaise, John Kisembo. Faute de moyens de déblaiement, les policiers et médecins légistes mandatés sur les lieux ont poursuivi avec difficulté leur macabre décompte dans les ruines calcinées de l'église de fortune où les fidèles du Mouvement pour le rétablissement des dix commandements de Dieu se sont immolés par le feu. " Le bilan définitif pourrait se monter à 500 morts ", a estimé le policier.
Certaines victimes auraient été assassinées
D'autres corps, apparemment de personnes assassinées, ont également été trouvés dans les latrines de l'église. Les cinq cadavres extraits hier il pourrait y en avoir d'autres étaient cachés sous une dalle de béton et portent des marques de strangulation.

Leur mort précédant d'une semaine le geste fou de la secte, les enquêteurs avancent l'hypothèse de meurtres organisés contre les membres qui s'opposaient au suicide collectif. Outre la présence de nombreux enfants, cette dernière découverte renforce l'idée que de nombreuses victimes ont été en fait assassinées.

L'identification des cadavres calcinés étant quasi impossible, les enquêteurs n'ont toujours pas pu déterminer si le gourou du mouvement, Joseph Kibwsetere, et ses deux seconds, deux prêtres excommuniés, se trouvent parmi les victimes. Le fait que les trois dirigeants du mouvement aient récemment ordonné à leurs adeptes de " céder tous leurs biens et de se préparer à aller au ciel " accrédite l'hypothèse de leur fuite.

Mais le témoignage du fils de Kibwsetere, recueilli hier dans le quotidien local " New Vision ", vient la contredire. Ce dernier affirme que son père et ses deux adjoints se sont bien rendus à Kanungu. Il en veut pour preuve la lettre que l'autoproclamé prophète aurait envoyée à sa mère la veille du suicide pour lui demander de garder la foi " parce que les membres du culte vont périr demain ". Réagissant hier au drame, le président ougandais Yoweri Museveni a promis de lutter contre " les individus dangereux et opportunistes qui se font passer pour des leaders religieux ".



Ouganda : Sectes

Les sectes se multiplient en Ouganda.

Le Soir, 21 mars 2000

[Extrait]

Les sectes se multipient en Ouganda sur le terreau de la pauvreté et de la perte d'illusion envers la politique.

Au milieu des années 1980, après 15 ans d'une guerre civile dévastatrice, une femme avait soulevé une armée qu'elle disait invincible. Alice Auma avait assuré aux membres des Forces mobiles du Saint-Esprit qu'ils seraient protégés des balles en s'enduisant d'huile de karité. Mais, en 1987, environ 7.000 des rebelles menés par cette illuminée de 27 ans avaient été capturés ou tués.

Elle-même avait été arrêtée au Kenya où elle s'était réfugiée. Son cousin, Joseph Kony, a pris le relais, à la tête de l'Armée de résistance du Seigneur.

 



France : Mission Interministérielle de lutte contre les sectesSectes

A propos de la tuerie sectaire en Ouganda.

PREMIER MINISTRE
MISSION INTERMISTERIELLE DE LUTTE CONTRE LES SECTES

21.03.2000
A PROPOS DE LA TUERIE SECTAIRE EN OUGANDA

La tuerie survenue le 17 mars en Ouganda pose, une fois de plus et avec une particulière gravité, le problème des méthodes employées par les sectes les plus dangereuses pour manipuler les esprits, mettre la main sur les biens des adeptcs et, finalement, s'emparer de leurs personnes même,

Le fait que cette tuerie programmée ait eu lieu en Afrique subsaharienne interroge d'autant plus la conscience universelle et les institutions internationales chargées des Droits de l'Homme que la plupart des sectes considèrent les pays en voie de développement comme une sorte de chasse gardée.

Disposant de moyens financiers provenant le plus souvent d'Etats étrangesr qui les sanctuarisent, les mouvements sectaires mettent a profit les difficultés économiques, les déséquilibres sociaux et les sous-administrations publiques pour développer, sans difficultés majeures, un prosélytisme exorbitant, hors de toute législation associative pertinente,

Spéculant sur cette "crise de l'espérance", qui sévit plus durement par ailleurs dans les nations pauvres et culturellement déstabilisées, les mouvements sectaires engrangent l'adhésion d'hommes et de femmes séduits par une eschatologie de bazar. Ils empoisonnent les esprits en prédisant de terrifiantes apocalypses et suscitent des angoisses artificielles en développant un discours millénariste dont l'histoire, depuis vingt siècles au moins a démontré l'inanité.

Des centaines d'hommes et de femmes viennent d'être entraînés dans la mort par un mouvement s'intitulant "Rétablissement des Dxt commandements de Dieu", après avoir dévolu leurs biens à cette pseudo-église.

Des dizaines d'enfants, au mépris de la Convention internationale des droits de l'Enfant ont été assassinés par cette secte soi-disant religieuse qui, par ailleurs, s'était vue reconnaftre le statut juridique d'organisation non gouvernementale (ONG).

La multiplication de ces drames à travers le monde, hier en Amérique et en Europe, aujourd'hui en Afrique constitue une menace d'autant plus pernicieuse que les sectes tueuses abusent avec indécence du masque religieux.
De telles dérives sectaires criminelles ne sauraient laisser indifférentes les instances internationales.



Suisse : Sectes

Le millénarisme, une interprétation littérale de la Bible

Le Temps, 23 mars 2000, par Jean-Philippe Rémy

[Texte intégral]

L'ethnologue neuchâtelois Yvan Droz est spécialiste des sectes kenyanes.
Son avis sur le suicide collectif qui a fait quelque 400 victimes à Kanunga vendredi dernier

Peut-on expliquer le suicide collectif de centaines d'adeptes d'une secte
millénariste, vendredi dernier dans une bourgade ougandaise? L'Afrique est-elle un vivier de tels mouvements?

Rencontre avec Yvan Droz, actuellement à Nairobi.

Cet ethnologue, chargé de cours à l'Institut universitaire d'études du développement et chercheur à l'Institut d'ethnologie de Neuchâtel, est l'auteur d'une thèse sur le millénarisme au Kenya.

Le Temps: Peut-on relier le Mouvement pour la restauration des Dix Commandements de Dieu à d'autres églises dans la région?

Yvan Droz: Naturellement. Il y a dans toute l'Afrique de l'Est des nouveaux mouvements religieux nés par scission des Eglises chrétiennes traditionnelles. Leur apparition est souvent simple. Quelqu'un se sent appelé par Dieu ou le Saint-Esprit, puis il fonde un mouvement. Selon ses talents d'orateur, un pasteur peut réunir quelques dizaines, centaines, voire plusieurs milliers de fidèles.

- Qu'est-ce que le millénarisme a à voir avec ces aspirations?

- Le millénarisme traverse toutes les Eglises, même si cela apparaît plus ou moins ouvertement. Il s'accroche à l'espoir de l'avènement prochain du millenium, cette période mentionnée dans la Bible qui suivra la seconde venue du Christ. Pendant mille ans, les méchants seront punis et les gentils pourront vivre une période paradisiaque. Notons qu'il ne s'agit pas d'un paradis céleste, mais du paradis sur Terre. Tous les désirs des fidèles seront alors réalisés, pour autant évidemment qu'ils correspondent aux principes de la Bible.

- En quoi les millénaristes se distinguent-ils, par exemple, des catholiques?

- Le millénarisme est issu d'une interprétation littérale de la Bible, alors même que le texte nous arrive souvent transformé. Dans une Eglise traditionnelle, on compare les différentes versions de la Bible en cherchant à retrouver le texte initial au terme d'études linguistiques. Le texte pris au pied de la lettre, au contraire, donne lieu à tous les fondamentalismes et à un certain nombre d'interprétations qui paraissent aberrantes.

- Quels problèmes pose cette interprétation littérale?

- Il y a dans la Bible, comme je viens de le dire, l'annonce de la seconde venue du Christ. Elle doit être précédée de tribulations, d'événements difficiles. Avec la crise économique et politique, voire les troubles ethniques, il est facile de s'imaginer que nous sommes en train de vivre les tribulations. De même, on croit voir des faux prophètes partout, précisément parce que leur apparition est annoncée dans la Bible comme un signe supplémentaire de l'arrivée du Christ.

Selon certains, il vit d'ailleurs déjà caché et va se révéler prochainement.

- Pourquoi se tuer?

- Dans ces mouvements, la vie personnelle compte peu puisqu'elle est soumise au Saint-Esprit. Ceci peut éventuellement expliquer pourquoi ces gens se sont suicidés. Le suicide reste toutefois un cas extrême. En réalité, il faut comprendre que les groupes formés autour d'interprétations littérales de la Bible recherchent avidement les signes de l'arrivée du Christ. On essaye de réaliser ce que la Bible annonce. On tente en quelque sorte de forcer la main au Messie, puisque la réalisation de ces signes est censée précéder son apparition. Mais le fait de se tuer peut aussi signifier, dans certains cas, une façon de se libérer de ce monde et des tribulations pour atteindre immédiatement le millenium.

- Quand sont apparus ces mouvements religieux?

- On parle de «nouveaux mouvement» religieux par rapport aux Eglises établies. A l'origine, ils ont fait leur apparition au Rwanda et en Ouganda. Dès les débuts de la colonisation, des Eglises indépendantes africaines ont fait sécession des Eglises missionnaires. Par la suite, ces mouvements se sont répandus dans toute la région et ont commencé à foisonner vers la fin des années 70. Leur apparition a été stimulée par la traduction de la Bible dans les langues locales, des traductions parfois approximatives qui ont alors donné naissance à diverses interprétations.

- Dans quel sens?

- Ces premières traductions ont parfois donné naissance à des malentendus. Par exemple au Kenya, où le terme choisi par les missionnaires pour traduire la Vierge Marie en kikuyu (une langue courante du Kenya, ndlr) a été «muiritu», ce qui désigne une femme qui n'est pas encore mariée, mais a été excisée. D'où l'apparition d'un certain nombre de courants qui ont lutté contre l'interdiction de la clitoridectomie dans les années 30. Sur la base de ces erreurs de traduction, notamment, est né un foisonnement extraordinaire de mouvements, à la fois des Eglises indépendantes et des mouvements pentecôtistes qui forment la grande vague actuelle.

- Ces Eglises drainent beaucoup d'argent?

- Les mouvements pentecôtistes ou évangéliques exigent de leurs fidèles qu'ils donnent la dîme, une dîme prise à nouveau au sens littéral, c'est-à-dire 10% de tous les revenus! A quoi il faut ajouter les offrandes, cela peut atteindre des sommes considérables. Un autre processus classique dans le développement de ces sectes, c'est leur «rachat» par une Eglise étrangère en général, issue des Etats-Unis, du Canada ou d'Amérique latine.

Rachat, c'est un peu féroce, mais on a souvent affaire à un transfert d'argent contre des fidèles. S'il a du succès, le petit mouvement du début est alors rattaché à un mouvement étranger puissant.


France : Anthroposophie

Jacques Guyard condamné pour avoir qualifié le mouvement anthroposophe de secte

Appel a été interjeté - procès en Cour d'appel début Juin 2001 - décision attendue pour début septembre 2001

Le Monde, 23 mars 2000, par Jean-Michel Dumay

[Texte intégral]

Les travaux de la commission d'enquête parlementaire ne constitueraient pas une « enquête sérieuse »

Impossibilité de «justifier d'une enquête sérieuse », documents non «pertinents » ou n'ayant «aucune valeur probante », « rapport ne présentant aucun caractère contradictoire »... Les méthodes de la commission d'enquête parlementaire sur les sectes ont du plomb dans l'aile, à lire le jugement de la dix-septième chambre correctionnelle du tribunal de Paris qui a condamné, mardi 21 mars, son président Jacques Guyard, député (PS) de l'Essonne, à 20 000 francs d'amende et 90 000 francs de dommages-intérêts pour avoir diffamé trois mouvements anthroposophes se réclamant du courant de pensée de Rudolf Steiner.

Le 17 juin 19991 alors que la commission d'enquête vient de rendre public son deuxième rapport, portant sur les sectes et l'argent, M. Guyard est l'invité du journal de 13 heures, sur France 2. Un reportage sur un foyer communautaire» anthroposophe est diffusé. L'.nthroposophie non répertoriée parmi les sectes dans le premier rapport de 1995, figure cette fois dans la liste parlementaire. Question: « Sur quels critères cette communauté a-t-elle été classée sous le nom de secte » Réponse: «Elle est typique. Tous ces mouvements sont d'abord séduisants et puis il s'avère que leur objectif principal, c'est quand même ou de détourner de l'argent ou d'exercer un pouvoir absolu sur des personnes (...). Là, il y a endoctrinement tout à fait clair. » Et M. Guyard d'évoquer « un aspect médical inquiétant » sur la base de « témoignages précis de malades».


La Fédération des écoles Steiner (17 en France, dont 2 sous contrat, 180 en Allemagne) n'a guère apprécié. De même, la Nouvelle économie fraternelle, société de crédit anthroposophe, contrôlée par la Caisse centrale du Crédit coopératif et partenaire officiel du ministère de l'emploi. De même, le Mercure fédéral, union des associations médicales anthroposophiques de France (400 médecins, 1500 prescripteurs), qui indique que la médecine anthroposophique est prise en compte par les instances européennes au même titre que l'acupuncture, l'homéopathie ou la phytothérapie.

«Je ne savais pas qu'on allait parler ce jour-là uniquement de l'anthroposophie», s'est défendu Jacques Guyard pour tenter d'expliquer ses propos à la télévision. Le député a cependant maintenu l'appellation « secte », sur la foi, notamment, d'un « blanc » des renseignements généraux. Puis a maintes fois fait référence au

caactère « secret» du travail de la commission parlementaire, l'empêchant, selon lui, de divulguer ses sources. « Ça fait beaucoup de secret alors que tout le monde a interêt d savoir comment cela se passe !», a fini par s'exclamer Martine Ract-Madoux, la présidente du tribunal.

AUCUN « CARACTÈRE CONTRADICTOIRE »

Dans son jugement, celui-ci a conclu : «Force est de constater que M. Guyard a formulé des accusations à la télévision contre un mouvement au sujet duquel il n'était pas en mesure de justifier d'une enquête sérieuse. il résulte de [ses] déclarations qu' [il] n'a eu connaissance que de témoignages écrits de personnes se disant victimes de l'anthroposophie, mais que ni les rédacteurs de ces correspondances, ni les responsables présumés du mouvement anthroposophique, n'ont été entendus par la commission - que le caractère contradictoire des investigations diligentées s'est résumé exclusivement à l'envoi d'un questionnaire à une soixantaine de mouvements considérés comme sectaires. » «Aucun des documents produits n'est pertinent au regard des accusations de manipulations mentales, pressions financières, détournements de fonds et pratiques médicales mettant en péril la vie des malades », a ajouté le tribunal, qui a refusé au document des RG toute « valeur probante ». Rejetant le bénéfice, pour M. Guyard, de l'immunité parlementaire, pour lequel avait opté le substitut du procureur François Cordier, les juges ont estimé que le préjudice des parties civiles était « important (...) dès lors que les propos diffamatoires [avaient] été tenus par un député président de [la] commission, dont l'autorité et la compétence n'ont pu être mises en doute par le public ».

 


France : Sectes

A Grenoble, la rumeur fait fuir les congressistes

Libération, 25 mars 2000, par Nathalie Castetz

[Texte intégral]

Les organisateurs, accusés d'être noyautés par une secte, démentent.
Les organisateurs ont porté plainte auprès du procureur de la République et demandé aux RG de démentir la rumeur.


Le congrès s'annonçait bien. Une cinquantaine de chefs d'entreprise, d'artistes, de scientifiques, de sportifs, un recteur d'académie devaient se rencontrer autour du thème «Créer, entreprendre, réussir». On attendait même Isabelle Adjani à cette manifestation «Emeraude», qui se tient jusqu'à dimanche à Grenoble.

Parrains: Jacques Attali, Tahar Ben Jelloun et Nathalie Baye.
Comité d'honneur: les ministres Claude Allègre et Marie-George Buffet.

Mais voilà.
Depuis un mois, Grenoble bruisse de rumeurs: la manifestation serait noyautée par une secte. On murmure le nom d'OTS (Ordre du Temple solaire). On assure que l'information aurait été lancée par les Renseignements généraux. Lesquels démentent. En tout cas, le résultat est là: les partenaires institutionnels ont déserté la manifestation, et l'organisateur a porté plainte pour diffamation et atteinte à l'image.



Ouganda : Sectes

Déjà 500 victimes de la secte

Le Parisien, 28 mars 2000, par St.B (avec l'AFP et Reuters)

[Texte intégral]

Les recherches sur la secte apocalyptique de la Restauration des dix commandements de Dieu tournent à l'exercice de comptabilité macabre.

Hier, la police ougandaise a découvert un nouveau charnier à Rugazi, au sud-ouest du pays, dans le jardin de la propriété de l'un des leaders du mouvement.

Une fosse commune qui contenait les corps enchevêtrés d'au moins 70 personnes.

Vendredi, pas moins de 153 cadavres en décomposition, essentiellement des femmes et des enfants, avaient déjà été exhumés sous un bâtiment appartenant à la secte dans le village de Buhunga, à quelques kilomètres de Rugazi.

Les victimes auraient été méthodiquement étranglées ou poignardées, voire empoisonnées, entre mi-février et début mars.

Deux découvertes qui s'ajoutent à une liste d'au moins 330 fidèles brûlés vifs le 17 mars dans l'incendie de leur église de Kanungu, où se trouvait le quartier général de la Restauration.

Suicides de masse ou plutôt « meurtres collectifs », selon l'expression de la police locale, ces événements ont donc fait au moins 550 morts chez les adeptes de la secte ces dernières semaines.

Un bilan qui place cette hécatombe loin devant le drame des Davidiens de Waco (80 victimes en 1993 au Texas) et celui de l'Ordre du temple solaire (1995) dont 64 fidèles étaients morts carbonisés en Suisse, au Québec et en France.

Le triste record en la matière étant toujours à l'actif du « révérend » Jim Jones qui avait conduit vers la mort 912 adeptes de son Temple du peuple, le 18 novembre 1978 en Guyane néerlandaise.

Alors que la police ougandaise fouille d'autres propriétés de la secte et n'exclut pas d'y trouver d'autres charniers, l'hypothèse d'un massacre organisé se précise.

Les chefs du mouvement, qui comptait au moins 800 membres, avaient demandé à leurs adeptes de leur remettre leurs richesses avant le 31 décembre 1999, en prévision de la fin du monde. Mais l'apocalypse n'étant pas venue, les fidèles auraient pressé les dirigeants de l'église de leur restituer leurs biens. Ce qui pourrait constituer le mobile de ces meurtres. D'autant que le guide spirituel de la secte, Joseph Kibwetere, et deux principaux collaborateurs ­ « soeur » Mwerinde et « père » Biarugaba, un ancien prêtre révoqué en 1994 ­ semblent avoir disparu de la circulation.

Seul le corps du quatrième leader de la secte, le « père » Dominic Kataribaado, a été identifié dans les décombres de l'église de Buhunga.

C'est d'ailleurs dans sa propriété que les policiers ont retrouvé hier ces nouveaux cadavres.


France : Sectes

M.Jaeglé, le procureur dignois anti-sectes.

 

La Provence, 28 mars 2000, par Eric Espanet.

[Texte intégral]

Lorsqu’il a su qu’il serait nommé procureur de la République dans les Alpes de Haute-Provence, au palais de justice de Digne-les-Bains, M. Jean-Martin Jaeglé, homme de loi intransigeant, sévère mais juste, s'est vite renseigné sur les caractéristiques de ce département rural.

Avec l'expérience qui fut la sienne en d'autres circonstances, à Riom, dans le Puy-de-Dôme, cet alsacien au contact toujours chaleureux a vite compris que les phénomènes sectaires prenaient ici une ampleur particulière.

Avec la lutte contre. la drogue, il en fera donc son cheval de bataille, d'autant que durant de trop nombreuses années, le sujet, presque tabou, avait été à peine abordé, aussi bien par la justice que par les représentants de l’Etat

La venue du nouveau procureur coïncide avec l'arrivée du préfet Lernaire . Tous deux, bourreaux de travail et de conviction, décident de créer une cellule d'observation des phénomènes sectaires.

Les Alpes de Haute-Provence deviennent rapidement "pilote" en la matière, avec plus d'une vingtaine de sectes recensées sur le territoire, d'Entrevaux à la vallée du Jabron, de Castellane au pays de Forcalquier, en passant par la haute Vallée de l’Ubaye.

"Autour de la même table, gendarmes, policiers, enquêteurs des renseignements généraux, services des Douanes, responsables de l'Éducation Nationale, de la direction départementale du travail, du parquet de Digne échangent des informations. Le but est de mettre en relation tous ces acteurs qui, dans leurs activités professionnelles, pourraient être confrontés, à ces sectes, ces groupes marginaux. A nous ensuite de réagir vite au moindre signalement" explique M. Jaeglé.

Après deux réunions en octobre et à la fin décembre, avant le redouté passage à l'an 2000 où finalement aucune turbulence n'a été recensée, la cellule se retrouve ce matin en préfecture de Digne pour un suivi des travaux et "maintenir la vigilance des acteurs".

Une séance de travail suivie par le secrétaire général de la mission interministérielle de lutte contre les sectes, le procureur général près la cour d'Appel d'Aix-en-Provence.



Suisse : Scientologie

Condamnation confirmée

La Tribune de Genève, 29 mars 2000.

[Texte intégral]

La présidente de la Scientologie de Lausanne, condamnée pour diffamation, a été déboutée lundi par le Tribunal cantonal vaudois.

Les juges ont confirmé la peine de 10 jours d'emprisonnement avec sursis infligée en janvier dernier pour des attaques contre le fondateur du Groupement de protection de la Famille et de l'Individu(GPFI)

Les faits remontent à avril 1996.

Dans la revue de Scientologie"Ethique et Liberté" tirée à trente mille exemplaires en Suisse romande, la présidente s'en était prise aux affaires personnelles du responsable genevois du GPFI, perçu comme un pourfendeur du mouvement.

La cour de cassation a rejeté son recours, estimant, comme le Tribunal de police de Lausanne, qu'elle avait agi dans le but de mettre hors d'état d'agir le plaignant.

Outre le peine, la présidente se voit infliger une amende de 3000 francs et le paiement des frais.

De son côté la présidente a d'ores et déjà annoncé qu'elle ferait recours au Tribunal fédéral contre ce jugement.


France : OKC

Visite de contrôle surprise à la secte OKC

Nice-Matin,30 mars 2000

[Résumé]

Des représentants de plusieurs administrations et des gendarmes ont effectué une inspection dans la demeure d'OKC, le Château du Soleil situé à Castellane, où résident 31 enfants, dont 19 sont âgés de moins de 12 ans.

Cette visite surprise avait pour objet de contrôler les conditions de vie, d'éducation et d'enseignement de ces enfants, ainsi que les compétences des enseignants assurant leur éducation au sein du groupe. OKC avait fait l'objet d'une opération judiciaire en 1997, suite à l'interpellation de son gourou en Belgique, pour malversation.


France : Témoins de Jéhovah

La MILS prévient contre les Témoins de Jéhovah.

 

BULLES n° 65 1er trimestre 2000

La Mission Interministérielle de Lutte contre les Sectes (MILS) a publié en février la note ci-dessous à un moment ou les Témoins de Jéhovah font le tour de France des médecins et des hôpitaux pour prôner le refus de la transfusion sanguine et son remplacement par des méthodes soi-disant aussi efficaces. La lettre de l’UNADFI au Président du Conseil National de l’Ordre des Médecin, donnée ci-après, explicite la manœuvre des Témoins de Jéhovah.

Certaines sectes développent actuellement une campagne de refus de transfusion sanguine excipant de procédés parallèles qu’elles disent aussi efficaces.

Le ministre de l’Emploi et de la Solidarité a rappelé dès le mois de mai 1998 qu’il existe " dans un certain nombre de situations des produits ou des techniques alternatifs à la transfusion sanguine, ... ces produits ou techniques ne couvrent pas toutes les situations chirurgicales. En particulier :

1°) Les besoins transfusionnels ne sont pas toujours prévisibles avant l’intervention et, dans ces situations, il est difficile d’avoir uniquement recours à des produits ou techniques de substitution.

2°) il existe des situations chirurgicales notamment d’urgence avec transfusions massives pour lesquelles il n’existe à ce jour aucun produit de substitution de la transfusion sanguine.

La transfusion sanguine peut donc avoir un caractère vital et irremplaçable et le refus pour un tiers continue à entraîner, nonobstant les progrès réalisés, un danger qui peut être mortel pour celui-ci. "

S’agissant du cas des enfants, la Mission interministérielle de lutte contre les sectes rappelle que les dispositions de la Convention internationale des droits de l’enfant n’autorise nullement à contraindre un mineur, même du fait de l’autorité parentale, à ne pas bénéficier de tel soins. En effet, l’enfant est juridiquement une personne à laquelle la Convention précitée accorde en priorité un droit personnel à l’épanouissement.

Alain Vivien

Président de la MILS


France : Témoins de Jéhovah

Lettre de l'UNADFI au Président du Conseil national de l'Ordre des médecins

 

BULLES , n°65, 1er trimestre 2000.

Paris le 19 janvier 2000

Monsieur le Président,

Devant l’émotion de nombreux médecins qui ont reçu le texte de la revue " Réveillez-vous " publiée par les Témoins de Jéhovah et intitulée " Médecine et chirurgie sans transfusion ", je vous en adresse ci-joint un exemplaire. Cette revue a été diffusée massivement en France et dans le monde. Par ailleurs un colloque sur " soigner sans transfuser " est prévu à Marseille les 28 et 29 mars prochain (voir programme sur internet ci-joint).

Ces textes et colloques, malgré les précautions formelles de rédaction que manifestement les rédacteurs ont prises, sont des incitations très fortes adressées au public pour refuser toute transfusion.

[........]

Nous pensons qu’il serait important que la communauté médicale de France prenne une position publique sur la question de la transfusion afin de laisser aux seuls Témoins de Jéhovah la responsabilité des accidents graves pouvant survenir sur la foi d’une information volontairement erronée.

Vous remerciant de votre attention, je vous prie de croire, Monsieur le Président, à l’assurance de ma haute considération

La Présidente

Janine Tavernier


France : Sectes

La Ville garde les sectes à l'oeil

Le Parisien , 30 mars 2000, par Laure Pelé

L'affaire de la Scala, toujours en cours, aura d'ores-et-déjà servi à quelque chose.

Suite au rachat de ce vieux cinéma du Xe arrondissement :par l'Eglise Universelle du Royaume de Dieu, mouvement reconnu comme sectaire, le maire de Paris a décidé de monter un observatoire de lutte contre les sectes, sorte de cellule de veille de la Ville.

L'observatoire, lancé hier devant ses partenaires : des représentants des associations de lutte contre les sectes, des associations d'habitants, de la préfecture de police, du rectorat, de la mission interministérielle de lutte contre les sectes , a un rôle de coordination.

L'idée n'étant pas d'instaurer un numéro vert, mais plutôt d'engendrer un dialogue et un échange de " tuyaux ". Il sera chargé de centraliser toutes les informations pour identifier les dangers et permettra ainsi d'avoir en permanence une photographie de la situation dans la capitale.

Et; à son échelle, et avec ses petits moyens, d'agir: Par exemple : en arrêtant au plus vite de verser une subvention à une association qui s'avère être un groupe sectaire, en avertissant le Rectorat et ses écoles de l'origine douteuse de cours d'initiation à l'anglais pour tout petits, en refusant le prêt d'une salle et en étudiant plus rapidement qu'à l'ordinaire les permis de construire litigieux

" Un rôle d'alerte important"

" Nous avons, à la mairie de Paris, un rôle d'action, hélas, très limité, explique Didier Bertrand, directeur adjoint au cabinet du maire. Au niveau de l'implantation d'une secte par exemple. Soit au moment du rachat d'un bâtiment, bien que le vendeur ne soit pas obligé de dire qui est l'acheteur, soit au moment du dépôt de permis de construire.

Pour la Scala, nous n'avons pu agir qu'à ce moment-là, en refusant le permis, là-encore pas parce que c'était une secte, mais bien parce que le permis n'était pas conforme. Mais, en revanche, nous avons un rôle d'alerte important "

"Il existe aujourd'hui une quantité énorme de tous petits groupes, analyse l'association de défense des familles contre les sectes, qui reçoit plus de cent appels par jour. Et la difficulté est de saisir toutes ces nébuleuses"

Raison de plus pour que dans les quartiers, on instaure un dialogue et un canal de transmission d'informations pour mieux protéger les habitants.


Etats-Unis : Scientologie

Voeux inattendus

BULLES , n°65, 1er trimestre 2000.

Selon la chaîne ABC News du 7 janvier 2000 :

Parmi ceux qui ont reçu des voux chaleureux du Président Clinton pour le Nouvel An : l'Église de Scientologie.

Ce groupe religieux controversé célébrait son 50ème anniversaire le 28 décembre, au stade de Los Angeles.

Les milliers de membres présents ont entendu lecture des salutations de Clinton. Un porte parole de la Maison Blanche indique que la lettre était essentiellement une information générale (nouvelles divers et sans grand intérêt), et ne provenait pas d'une instruction venant du plus haut niveau (c'est-à-dire du Président).

Mais le contenu du message de Clinton reconnaît clairement les craintes de la Scientologie, qui redoute des persécutions de la part d'autorités gouvernementales.

Clinton écrivait que le moment était approprié pour se faire l'écho de l'importance de la liberté religieuse et du rôle profond que la religion continue de jouer dans la vie des peuples à travers le monde. Il remerciait également l'église ( de Scientologie ) de tous ses efforts pour promouvoir la tolérance religieuse et pour édifier des communautés équitables.

Les Scientologues disent que la lettre de Clinton était accompagnée d'une mise en garde : ne pas reproduire ni mal utiliser le message, mais la Maison Blanche affirme qu'il s'agit d'un texte de routine et qu'il ne reflète aucune partialité inconsidérée envers la Scientologie en particulier.

Le New York Post (2° semaine 2000) rappelle que " c'est sous l'Administration Clinton que l'IRS (fisc américain) est revenue sur 20 ans de décisions administratives et a reconnu la Scientologie comme église exemptée d'impôts ".


France : Témoins de Jéhovah

Stupéfaction

BULLES , n°65, 1er trimestre 2000.

Le 20 janvier 2000, la Cour Administrative d'Appel de Nancy a rejeté le recours du Gouvernement contre des jugements qui accordaient la dispense de taxe foncière pour les lieux de culte des Témoins de Jéhovah.

Ainsi un " groupe sectaire totalitaire ", locution préconisée par le psychologue Max Bouderlique, se trouverait doté d'avantages fiscaux !

Le citoyen de base notera que les dégrèvements ainsi octroyés devront être compensés pour le fisc par des recettes ... en provenance de qui ?

Devinez, chers concitoyens !

Mais reprenons , concernant les Jéhovistes, tous les termes de ladite locution " groupe sectaire totalitaire " :

Groupe : 130 000 Français confirmés après passage en piscine ; et l'ensemble de la mouvance est estimée à au moins 250 000 personnes. Ainsi ce groupe sectaire totalitaire est-il le plus nombreux sur notre territoire.

Sectaire : selon le dictionnaire Petit Robert, " animé d'un fanatisme exalté reposant sur des opinions étroites et rigides, et pratiquant une intolérance agressive ". Son opinion étroite substitue à la théorie de l'évolution l'affirmation d'une création ne remontant qu'à moins de dix milliers d'années. Son intolérance agressive consiste en le rejet sans appel par les Anciens de tout membre simplement dubitatif, de ceux qui, rechignant à la similitude, traînent aussi à effectuer leur part imposée de prosélytisme (porte-à-porte, diffusion de Réveillez-vous, absentéisme à la Salle du Royaume, contribution financière jugée insuffisante).

Totalitaire : aucun contrôle démocratique, soit externe soit interne ; obligation pour les adeptes d'accepter un droit de regard sur les sphères les plus intimes ; explication globale et indiscutable de l'univers maintenue envers et contre tous ; rejet de l'autorité de l'État et de sa forme démocratique, ceci concrétisé par la doctrine du refus du suffrage (après l'avoir été par le refus du Service National sous toutes ses formes) et de toute candidature à un mandat électif quelconque ; bref, une véritable école d'anti-citoyenneté.

Appliquer tout simplement la loi de 1901.

La loi de 1901 ne statue-t-elle pas qu'elle ne saurait s'appliquer aux associations qui ne reconnaîtraient pas la forme démocratique de l'État ?

Le seul refus de cette reconnaissance visible dans les écrits internes comme dans les actes consécutifs à ceux-ci ne devrait-il pas faire déclarer la nullité des associations jéhovistes en France. Mieux vaudrait tard que jamais.

Désormais l'UNADFI considère que la question relève de la compétence du Conseil d'État. Elle considère de plus que cette question de l'acceptation ou non de la forme démocratique de l'État devrait être aussi posée à d'autres groupes parmi les plus riches et les plus agressifs.

Le cas typique est celui des Raëliens prônant leur prétendue géniocratie.

Mais au fait, parlant de groupes sectaires totalitaires, ne peut-on vraiment pas faire plus simple et admettre enfin que pour la Justice, comme pour les plus hautes instances de l'État et comme pour le commun de citoyens, un tel groupe est tout bonnement et par définition une SECTE au sens contemporain.

Note : Les arrêts des Cours administratives d'appel de Marseille et Lyon, semblables à celui de la Cour administrative d'appel de Nancy ont été déférés par le gouvernement à la censure du Conseil d'État. Un recours sera également formé contre la décision de la Cour de Nancy.


France : Témoins de Jéhovah

La taxe foncière sur les propriétés bâties,une taxe "cultuellement" favorable

BULLES , n°65, 1er trimestre 2000.

Comment s’y soustraire en application de l’article 1382-4E du code général des impôts en déclarant chez soi un culte bidon

Propriétaire de mon habitation, comme de nombreux contribuables français, il m’arrive de lever les yeux au ciel lorsque je reçois les trop nombreux avis d’imposition que m’adresse régulièrement l’administration fiscale : impôts sur le revenu, taxe d’habitation, taxe foncière ... La liste est longue, aussi m’arrive-t-il parfois, excédé, de prier ladite administration de revoir sa copie, de refaire ses calculs ...

Mais rien n’y fait, celle-ci demeure inflexible appliquant à la lettre avec une foi hors du commun les préceptes d’un ouvrage qui lui tient lieu de bible : le Code Général des Impôts.

Dépité, découragé, après des années de prières, j’allais renoncer lorsque, par hasard, je suis tombé sur un article de presse relatant une sorte de contentieux surnaturel opposant en 1999 l’administration fiscale (" mon " administration fiscale) à l’association loi de 1901 des Témoins de Jéhovah, une secte multimilliardaire si l’on en croit le rapport parlementaire " Les sectes et l’argent " publié récemment.

Qu’on en juge, sans que ce jugement soit dernier, d’une part l’administration fiscale lui réclame, bible en main, 300 millions de Francs (près de 50 millions d’Euros), représentatif de la contribution exigible sur les sommes collectées et non déclarées par l’association dans ses mille et quelques établissements, et d’autre part, la même administration fiscale est de plus en plus dans l’impossibilité, en raison des conséquences d’un texte d’origine toute aussi alsacienne que divine sur les lieux de culte, de recouvrer les taxes foncières sur les mille et quelques établissements en cause.

Il en résulte une sorte d’extraterritorialité fiscale de ces centres de perception TJ, centres où ne sont habituellement perçus que des billets et non des pièces, ce afin de ne pas troubler par des bruits inconvenants le recueillement des assujettis.

Contribuables, mes amis, la solution est donc là.

Transformons nos habitations, nos commerces et nos entreprises en lieux d’exercice d’un culte quelconque et équipons-les d’objets rituels propres à démontrer aux agents du fisc l’aménagement spécial de nos locaux au culte choisi. Au besoin, faisons établir quelques constats d’huissier ainsi que de nombreux témoignages écrits d’amis ou de voisins à qui évidemment nous nous engageons de rendre la pareille. Entre frères de combat rien n’est à refuser.

Chacun d’entre nous peut évidemment, liberté oblige, choisir le culte de son choix. Après avoir hésité entre le culte de la bonne chaire et le culte de l’argent, trop voyants et peu originaux, j’ai décidé quant à moi de me dévouer corps et âme à la " divine exonération " et de créer prochainement, en déposant à la préfecture des statuts, " l’association des bénéficiaires de la divine exonération ". J’ai disposé des objets rituels partout dans toutes les pièces de mon habitation (des imprimés d’exonération du modèle réglementaire), je rédige des cantiques (des demandes d’exonération en vers que je mets en musique). Je ferai paraître un livre annonçant la bonne nouvelle. Celle de mon exonération de taxes foncières en raison du lieu de culte que j’occupe. J’y gagnerai environ 3 000 francs chaque année pour la gloire éternelle de mon association cultuelle évidemment, mais aussi pour la défense de la liberté de culte et de conscience.

Le Président de l’association cultuelle de la divine exonération


France : Sectes

"Prévention des risques sectaires"

BULLES , n°65, 1er trimestre 2000.

MINISTERE DE LA JEUNESSE ET DES SPORTS.

"Prévention des risques sectaires - Un ouvrage à l'attention des institutionnels comme du grand public.

Voici donc un outil d'information et de réflexion. Une réactualisation des divers constats dressés, un enrichissement conséquent du dossier, qui expose, de manière plus approfondie, la notion de " paysage sectaire ". Cette brochure fait un large tour d'horizon des moyens d'agir contre ces risques. On y trouve des références aux réglementations, les adresses des organismes de défense de l'individu, pouvant apporter une aide au niveau local, national et même européen, ainsi qu'une importante bibliographie. Elle a été conçue pour prolonger au niveau des institutions, comme du grand public, l'information relative à la mise en place de gardes fous en constante évolution, en fonction des modifications constatées dans l'activité des mouvement sectaires.
Renseignements: 0140 45 94 24

On ne poursuit pas les sectes, mais leurs agissements délictueux

ANALYSE

En France la position, des pouvoirs publics pour la prévention des risques sectaires repose sur l'esprit de grands textes qui sont l'essence même de la laïcité: la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen, la Déclaration des Droits de l'Enfant, ou bien encore la Constitution de 1958.

Au moment même où l'Europe s'organise aussi face au phénomène, il faut savoir que la laïcité française inspire d'autres pays. On ne poursuit pas les sectes, on poursuit les agissements délictueux et les comportements qui sont hors du champ du droit.

L'ancien Observatoire des Sectes a été remplacé par la Mission Interministérielle de Lutte contre les Sectes, à vocation plus opérationnelle. Elle fait des propositions, travaille en liaison avec de nombreux ministères et dispose de deux organes le Conseil d'Orientation, et le groupe Opérationnel, doté d'un véritable pouvoir incitatif en direction des fonctionnaires chargés de mettre en place les dispositions. Il faut savoir aussi qu'un important travail inter-institutionnel est engagé au niveau central, entre les ministères sous le contrôle de cette Mission. Des liens de plus en plus étroits sont tissés ainsi avec les ministères des Affaires Sociales, de l'Education Nationale, de la Justice.

Dans ce contexte, le ministère de la jeunesse et des Sports a donc un devoir de vigilance, un rôle éducatif, de révélateur, et de police administrative. De plus il se développe, au plan local, un travail commun des directions départementales de la Jeunesse et des Sports avec les directions des Affaires Sociales et les préfets.
" Prévention des Risques Sectaires ", démontre, en faisant le bilan de tout cela, que finalement l'action contre ces risques reste avant tout, une question d'éducation permanente de tous. D'une lutte pour la citoyenneté dans tous les actes de la vie. Du souci de réintroduire de l'esprit et du cœur, de l'énergie affective dans les rapports institutionnels, et d'un refus de la routine, qui entraîne un manque de vigilance.

Et, comme le conclut Ariane Mercier: " Étudier le phénomène sectaire, c'est tout simplement étudier la remise en cause d'un fonctionnement social démocratique. C'est une préoccupation politique (dans le sens de vie de la cité)." " Laboratoires du futur ", ainsi que les appellent les sociologues, les organisations sectaires sont les révélateurs cruels de graves dérégulations sociales liées en partie à la mondialisation."


France : Sectes

Le ministère a un rôle de police administrative

BULLES , n°65, 1er trimestre 2000.

MINISTERE DE LA JEUNESSE ET DES SPORTS.

La direction de la jeunesse et de l'éducation populaire édite une nouvelle brochure. Présentation de l'ouvrage avec Ariane Mercier rédactrice de "Prévention des risques sectaires ".

Interview

De nombreux observateurs constatent que la tonalité dit paysage sectaire change. Quelle photographie pourriez-vous sn faire aujourd'hui ?

Le Guyana en 1978, le drame de l'Ordre du Temple Solaire, la secte AUM, ... si des drames ont secoué l'actualité dans un passé encore récent, les organisations sectaires aujourd'hui ont perdu en théâtralité, mais ont gagné en diversité. Sous couvert de respectabilité, les unes prétendent guérir le sida ou la calvitie, d'autres prétendent vous mettre en relation avec les anges, sauver votre entreprise, ou développer votre potentiel... Certaines sont discrètes, mais d'autres ont pignon sur rue, ou sur un site Internet.

Comment peut-on définir globalement ces sectes et quels objectifs poursuivent-elles ?

Employons le terme de " mouvements sectaires ", car il est difficile de définir ce phénomène complexe. C'est une organisation, un groupe, où le droit n'est plus respecté. Où s'installent progressivement des rapports de soumission à l'autorité, d'inégalité. Les objectifs de ces groupes sont variables. Il s'agit pour certains mouvements de développer des utopies les plus farfelues, pour d'autres de vendre de l'élixir de bonheur ou de fausses religions. Il peut s'agir aussi de réelles visées totalitaires: créer un nouvel ordre mondial, par exemple.

Pourquoi les jeunes sont-ils menacés ?

Les jeunes représentent une cible de choix. Ils cherchent des repères, de la chaleur humaine, de l'engagement, le développement de potentiel intellectuel ou physique. Ils se posent des questions sur les religions. Les organisations sectaires offrent à tous ces questionnements des réponses clés en main, moyennant finances le plus souvent. Elles évitent le doute, fondement dfe tout raisonnement dialectique

En quoi ces mouvements sont-ils dangereux ?

C'est la mécanique sectaire qui est dangereuse. Peu à peu l'esprit critique disparais, la personne est embrigadée. Elle brise ses liens sociaux, et se laisse dominer par une idéologie, une croyance ou un gourou. Cet engrenage aliène peu à peu la liberté. En résumé ces mouvements sectaires sont une atteinte aux droits fondamentaux.
particulièrement.

Sous quelles formes les trouve-t-on en général ?

C'est souvent sous la forme d'associations. Voilà pourquoi notre ministère s'y intéresse particulièrement
Peu à peu la personne est embrigadée.

Le religieux, le médical, la culture, le loisir, le sport, l'immobilier, les ONG, mais aussi la formation professionnelle, il semble que ces mouvements sectaires cherchent à envahir les champs les plus divers.

C'est exact. Dans le monde actuel, les repères s'estompent, d'où l'inquiétude qui naît au cœur des hommes et des femmes, une forme de ressentiment qui se développe dans nos vies quotidiennes, mais aussi un certain besoin de sécurité. Avec l'opportunité de ne pas avoir à penser par soi-même, le discours sectaire apporte à toutes ces situations nouvelles une réponse préfabriquée, un ersatz de pensée.

Comment déceler la dérive d'un groupe - Savoir s'il est pernicieux ?

La brochure " Prévention des risques sectaires ", propose des clés pour cela. Alain Vivier, président de la mission interministérielle de lutte contre les sectes, donne cette définition : " Une secte, c'est une association qui porte atteinte aux libertés individuelles ".

Pour avoir confirmation qu'une organisation est hors du droit, il y a d'abord le constat d'agissements délictueux, de trouble de l'ordre public, ou bien encore de fraude fiscale ou autres délits. Si un groupe est en rupture avec le monde extérieur, adopte un modèle standardisé, il peut glisser vers un fonctionnement de type totalitaire.

Comment peut-on lutter contre tout cela ?

Il faut faire appliquer la loi en utilisant complètement l'arsenal juridique de l'État de droit. Dans tous les cas, dès que le doute s'installe, il ne faut pas rester seul face au problème, mais s'informer après des associations spécialisées: le CCMM (Centre de documentation, d'éducation, et d'action contre les manipulations mentales), ou bien l'UNADFI (Union nationale des associations de défense de la famille et des individus).


France : Dozulé

Le mystère des croix de l'an 2000

Armor magazine , mars 2000, par Jacques Robert

Délires mystiques
Depuis quelques semaines, le bulletin de liaison édité par l'association de Bretagne "les amis de Dozulé" rédigé par Jean Stiegler à Plescop (56) est un modèle du genre. Ce bulletin n'explique-t-il pas dans son numéro du 15 juin 1999, sous la plume du chantre breton de Dozulé "la grande tribulation est proche et le monde va connaître en avril 2000 une apocalypse nucléaire à la suite de bombardements effectués par les Russes".

Le rédacteur de ces notes délirantes ajoute : "La Bretagne sera préservée et devra accueillir beaucoup de réfugiés démunis de tout. Cueillez des feuilles d'aubépine, remède contre le choléra qui abondera". Sous le titre "L'an 2000 guerre et paix", le même rédacteur inspiré, récidive dans le bulletin du 15 décembre 1999. "Avril 2000 verra la grande tribulation de la fin des temps à la suite de la destruction de toutes les bases militaires européennes en quelques minutes l'Europe sera à genoux avant la fin de son petit déjeuner matinal. 1/4 heure suffira".

Et d'annoncer la présence des amis de Dozulé le 28 mars à Dozulé et le 2 avril à Garabandal, pour observer le grand miracle car "attendre le 6 risquerait de voir les routes bloquées et les transports réquisitionnés" ! (sic), L'homme prend aussi ses précautions si "à la fin 2000 la fin du monde n'a pas eu lieu, les autorités ecclésiastiques devront nous expliquer quel religieux a rédigé des faux de 1972 à 1982 ".

Nous avons dans notre édition de décembre, à titre exclusif, révélé l'installation en Centre Bretagne, , dans des hameaux isolés, de "croix glorieuses" de 7 m 38 éclairées de néons la nuit dites croix de Dozulé.

Ce phénomène n'est pas unique en Bretagne. Des croix du même type ont été érigées dans plusieurs départements. Aujourd'hui, les populations s'interrogent. Peut-on construire n'importe quoi dans un champ ? Faut-il modifier le code de l'urbanisme ?
Faut-il interdire ces groupes qui divulguent des messages de terreur qui peuvent impressionner des crédules. Ces propos d'apocalypse prêtent à rire mais inquiètent à juste titre plusieurs gendarmeries.

Des initiatives contre les croix
En Bretagne, les yeux sont tournés vers le hameau de Kertanguy en Saint-Moyeux où les achats mystérieux de bâtisses et landes autour du terrain de la croix glorieuse de Dozulé se sont poursuivis en décembre sans que quiconque explique ce qui motive à construire une croix dans cet endroit aussi reculé.

Dans cette commune, une pétition humoristique circule à l'initiative du clown Kergrist qui "propose de transformer moyennant subvention les bras de ces croix en pales rotatives pour récupérer l'énergie du vent".

Les ADFI bretonnes et normandes ont, elles, constitué de solides dossiers à l'intention de ceux qui s'inquiètent de la montée de ces phénomènes sectaires à l'heure du passage à l'an 2000.

Dans d'autres régions de France, touchées elles aussi par ces constructions de croix géantes éclairées de néons, plusieurs comités de défense ont vu le jour. Plusieurs communes du Sud de la France ou de Normandie ont pris des arrêtés municipaux pour obtenir l'extinction des néons la nuit, ou protéger leurs territoires.

A notre connaissance, outre Saint Mayeux et Lanrivain en Côtes d'Armor, des croix géantes de 7 m 38 ont été dressées les dernières semaines à la Rivière des Corps (Aube), Nancray (Loiret), Pussay (Essonne), Les Chezières (Doubs) à chaque fois dans des petites communes.

Un ouvrage pour mieux comprendre. Le sociologue Georges Bertin, d'Angers vient de publier, aux éditions Desclée de Brouwer, un ouvrage "Apparitions, disparitions". Il étudie les apparitions de l'Ouest de la France des 19ème et 20è siècles sous à l'angle scientifique. Ce chercheur conacre un chapitre d'analyse à Dozulé. II explique remarquablement comment la mouvance sectaire s'est emparée de cette affaire.