Par bonheur, la sortie de secte est une réalité.
Ce numéro de BULLES tente bien sûr d'entretenir un tel espoir ; il cherche aussi à faire profiter les parents et proches des expériences de sortie déjà observées pour leur apporter une aide. Il faut cependant garder à l'esprit que, chacun étant unique, chaque sortie de secte a sa propre histoire.
Des expériences de sortie de secte sont relatées ici. Ces expériences sont diverses. Elles sont regroupées par secte, ce qui ne veut pas dire que des sorties ne sont intervenues que dans les sectes mentionnées. Elles ont été choisies de manière à couvrir différentes formes de sorties même si certaines sont particulièrement douloureuses.
Une réflexion sur ces expériences vise à mettre en évidence les différentes formes de sortie possibles. Cependant, sachant que la conscience de l'adepte est aveuglée par la secte, mais d'une manière qui lui est propre, sa sortie devra toujours être considérée comme singulière.
Enfin quelques conseils aux parents et aux proches sont donnés de manière à accompagner le mieux possible la difficile démarche de sortie de secte.
Et après ? L'adepte libéré de la secte n'est pas pour autant tiré d'affaire! Certes, le plus important est fait; mais il lui reste un énorme travail de réadaptation. L'ex-adepte peut se trouver, selon les cas, devant des problèmes de toutes sortes : physiques, familiaux, professionnels, psychologiques, etc.... Il a encore besoin d'être entouré et aidé
Les faits déclenchant, quand il y en a, sont écrits en italique.
EXPERIENCES DE SORTIE DE SECTE :
La Citadelle Ecoovie Enfants de Dieu La Fraternité Blanche Universelle Iso Zen - Galacteus Moon Saint Erme Scientologie Témoins de Jéhovah Le Temple du Peuple L'ordre du Temple Solaire
Claire (16 ans) décide de s'enfuir de la secte.
"En fait, ce qui a motivé ma décision de m'enfuir de la
secte, c'est que les responsables ont fait une grosse erreur avec moi :
ils m'ont envoyée faire un stage de musique de 15 jours, qui se
passait à l'extérieur de la secte.
J'étais seule là-bas, et j'ai bien vu comment les jeunes
étaient et comment, moi, j'étais différente, au point
de vue de l'habillement, de la façon de parler, etc... En fait c'était
la première fois que j'étais confrontée à des
jeunes de mon âge, de l'extérieur.
Quand je les ai vus, je regardais beaucoup, j'étais curieuse, mais aussi très timide. Beaucoup se foutaient de ma gueule, parce que j'étais habillée "bizarre". J'étais habillée avec de longues jupes, très monastiques, hyper classiques, cheveux nattés. Franchement, je n'avais pas une vie de jeune. J'en souffrais énormément. J'ai été épatée par les jeans. Dès que je suis sortie, un quart d'heure après, j'avais un jean.
Voilà le déclic dans ma tête qui fait que j'ai décidé de me, sauver, de m'enfuir. Le jour même où je l'ai dit, je l'ai fait. Un soir j'ai ramassé mes affaires, je suis partie vers cinq heures du matin et j'ai rejoint une famille sortie de la secte et qui se battait contre elle".
TF1. Émission "Tout est possible" (7/10/94)
Elle ne se sent plus considérée comme une personne.
Avant son entrée dans la secte, la femme d'un couple adepte de "La Citadelle", avait un travail impliquant des contacts variés et permanents. Au bout de six ans, elle réalise qu'elle est coupée de toutes relations extérieures, n'ayant plus de contact qu'avec une commerçante voisine à l'occasion de quelques achats. De plus, son mari est surmené par la secte et ne trouve plus le temps de lui parler. Elle se sent alors niée en tant que personne par cette quasi-séquestration. C'est le déclic!
Dès que le couple peut reprendre son autonomie, elle s'aperçoit alors qu'elle a battu son enfant pour obéir aux ordres de la secte : stupéfaction qui confirme le déclic.
Les adeptes découvrent que leur gourou leur a menti.
Depuis plus de treize ans, que d'actions n'avaient-elles pas été tentées pour persuader les adeptes de la secte Ecoovie qu'ils étaient trompés par un escroc, affabulateur, calculateur et menteur : leur gourou, Norman William!
Démarches des parents, articles virulents dans les médias, procès perdus en France, emprisonnement en Belgique du gourou qualifié "d'organisateur d'une association criminelle" puis condamnation par défaut à 3 ans de prison par la 49ème chambre du Tribunal Correctionnel de Bruxelles pour escroqueries (faux contrats, faux passeports, fausses attestations, etc...), expulsions des territoires de Suède et de Finlande, rien n'y fit sinon renforcer l'adhésion des adeptes à leur secte et leur admiration inconditionnelle envers leur "maître" persécuté.
Pire, sur la route de l'exil après avoir été chassés de Finlande, ils devront transporter à l'hôpital l'un des leurs, un homme de 32 ans à l'article de la mort, uniquement victime d'une malnutrition prolongée et de l'absence de soins médicaux, sous une fausse identité pour que ni sa famille ni la police ne puissent le reconnaître ni identifier la secte. Il mourra seul, abandonné de tous.
Sept mois plus tard, en Italie où ils se cachent, les adeptes apprennent par la télévision que leur ami est mort le 30 août. le gourou leur avait caché cette mort.
Ce fut ce choc qui détermina les adeptes à rompre avec le gourou de la secte Ecoovie, à regagner la France, puis à reprendre peu à peu contact avec leur famille, à régulariser leur situation, à accepter des analyses médicales et des soins dentaires, à se préoccuper d'une couverture sociale, à chercher logement et travail...
Infaillible mais pas fiable.
Un adepte fort intelligent et instruit, marche dans Paris en compagnie de son gourou, à vrai dire assez jaloux de l'intelligence de son disciple. Ils circulent dans un quartier, aux noms de rues fort connus. Discussion à propos de l'une d'entre elles. Contredit avec assurance, le gourou s'entête contre toute évidence. Le heurt qui en résulte fait jouer le déclic : l'adepte réalise à quelle autorité il s'est indûment soumis - et s'en va.
Une vie instable avec 11 enfants.
Pour un couple resté uni avec 11 enfants, la question du logement était devenue de plus en plus épineuse. De nombreux changements de résidence intervinrent à la suite d'un ensemble décisions de justice survenues en peu de temps dans plusieurs pays ; le problème des enfants se reposait chaque fois d'autant que, suivant les préceptes des Enfants de Dieu, ces derniers n'étaient pas scolarisés.
A la fin, le couple a fait appel à l'aide de leurs parents. Ceux-ci avaient bénéficié depuis cinq ans d'un soutien associatif. Il était impensable de trouver une solution dans les systèmes classiques d'habitat social car cette nombreuse famille s'y serait d'ailleurs sentie comme suspecte et marginalisée. C'est alors la recherche d'un logis rural à restaurer. Il est probable aussi que l'attitude des adolescents a beaucoup pesé sur la décision finale.
LA FRATERNITÉ BLANCHE UNIVERSELLE
Suicide individuel.
Il a 21 ans quand un kinésithérapeute, tout en l'initiant à sa pratique professionnelle, lui fait découvrir la Fraternité Blanche Universelle. Son comportement change du tout au tout. Il s'impose un régime draconien, renonce à ses études spécialisées ; mais, toujours désireux de s'occuper de jeunes, il enseigne la technologie, l'histoire et la géographie dans le premier cycle d'un établissement libre de Versailles.
Le Studio qu'il occupe est à Sèvres face au siège de la F.B.U. : ce n'est pas un hasard. Bien qu'il garde des relations épistolaires avec sa famille, il raréfie ses visites et passe la plus grande partie de ses vacances au Centre des Bonfins près de Fréjus.
En 1976, il reçoit « l'initiation » et dès lors son état psychologique et psychique se dégrade, il devra suivre un traitement en psychiatrie. La secte l'aurait alors écarté : son incitateur refuse de l'aider « par crainte que le mal qui le détruit (des entités mauvaises) ne rejaillisse sur lui ». Il tente de joindre son « Maître » qui seul pouvait le sauver.
A une première lettre datée de 1977, il n'obtient qu'une réponse paradoxale, « véritable incitation au suicide » dira le médecin qui le suit. Cependant en janvier 1978, apparemment remis et détendu, il part en montagne avec ses deux frères. De Savoie, il écrit encore deux fois au Maître Aïvanov sans obtenir de réponse.
Dans la nuit du 6 au 7 janvier il reprend le train pour Paris et tente une ultime démarche pour être reçu au Centres de Sèvres : il est éconduit A 10 h. 30 il se couche les bras en croix sur la ligne de métro à la station Franklin-Roosevelt
Le leader est allé trop loin.
Elle répond à une interview de Bulles.
B : - Comment avez-vous rencontré la secte ?
Elle - Par un ami, qui n'y est jamais allé et qui m'a dit qu'il se passait là des choses intéressantes. C'était un lieu qui proposait des cours de danse, de guitare, de Taichi. C'est à ce dernier cours que je me suis inscrite.
B : - Comment êtes vous passée des cours à l'enrôlement dans l'organisation ?
Elle - Dépassant les cours de Taichi, j'ai découvert une vie de groupe qui paraissait harmonieuse, des propositions de méditation en commun, la rencontre de gens qui me semblaient heureux et, dans les discussions, une perception assez fine des questions qui m'habitaient. Rapidement j'ai adhéré à Iso-Zen et j'ai vécu quelques mois en lien avec la communauté.
B : - Quel fut votre cheminement dans le groupe
Elle - Le petit nouveau doit se conformer au style de la secte, je tentais donc de devenir "conforme" pour, à mon tour, devenir un "grand sage". Chaque progrès (?) de l'adepte était souligné : " comme elle a changé !". Il faut reconnaître que les adeptes devenaient beaux, phénomène finalement troublant.
B : - Vous n'avez pas persévéré
Elle - J'ai tenu, ou j'ai été tenue un an. Mais
je prenais conscience de la structure hiérarchique très affirmée
; je constatais que certains enseignements, certains secrets étaient
réservés à un cercle plus intérieur dont je
n'étais pas, puisqu'à l'intérieur même du groupe
tout était très cloisonné. Je découvris peu
à peu le mépris affiché de la sexualité, déclarée
dégradante, de la médiocrité d'une pseudo-culture
ésotérique Le coup de grâce fut une réunion
où le leader demanda aux jeunes filles qui l'entouraient de faire
un pas en avant si elles n'étaient pas amoureuses de lui.
Nous étions 80 ... 4 s'avancèrent ... et j'en étais
.1
Ca n'a pas été le coup de grâce : le leader a été très, très gentil avec nous 4 ce jour là ... Simplement, le fait que je n'avais jamais été très inspirée par lui m'a rendu le départ bien plus facile qu'à d'autres filles, quelque temps plus tard.
Ce qui m'a fait partir, c'est le bilan que, décidément, ce que j'attendais de ce groupe ne s'actualisait pas, que je n'y trouvais pas mon compte. Alors, avec l'aide d'un ami, qui avait déjà très bien compris, je suis partie. C'est tout. Les autres ont tenté de me retenir. Quand ils ont vu ma détermination, ils ont laissé tomber. Ce n'était pas une "secte dure".
Inutilisable, elle est rejetée.
Adepte convaincue de Moon dès les années 75, elle donne pendant 8 ans tout son temps et toute son énergie aux travaux matériels qu'on lui impose (cuisine, vaisselle, ménage) à un rythme tel qu'il lui reste à peine le temps de dormir et de manger les reliefs des repas qu'elle a préparés. Il en résulte une affreuse fatigue allant jusqu'à la dépression, elle devient inefficace, "inutilisable".
La renvoyer ? Il n 'est pas question de faire scandale. On lui conseille donc, "étant donné son expérience et son zèle" de s'installer seule dans une chambre de location pour y créer un nouveau noyau d'adeptes.
Isolée, sans aucun contact avec les membres de la secte, qui éludent toutes ses demandes de rencontre, elle perd tout contrôle d'elle même, erre dans Paris jusqu'à son hospitalisation en psychiatrie. Elle ne sera jamais tout à fait guérie, ne pouvant réintégrer ni la secte à laquelle elle croit toujours, ni sa famille dont l'hospitalité lui pèse.
Sortie, déstabilisée, elle continue son errance.
Un appel téléphonique retentit un samedi matin à l'ADFI ! C'est celui d'un gardien d'immeuble qui a découvert dans l'escalier une jeune fille complètement épuisée, égarée, qui ne cesse de répéter : Moon, Moon".
Hospitalisée, celle-ci (qui put tout de même nous dire son nom) accepta, après quelques jours de soins, un séjour de repos dans une maison d'accueil du midi. A la gare de Lyon, au moment du départ du train, laissant amis et bagages, elle prit la fuite. Sans rentrer chez Moon, elle continue son errance.
Perte d'illusion.
J'étais encore au collège quand j'ai rencontré les Pionniers du Nouvel Age, nom qu'avaient alors les moonistes. J'ai tout plaqué tant leur projet d'unification de toutes les religions et de toutes les races en une seule communauté mondiale correspondait à mon idéal d'adolescent.
C'est en France, où je fus envoyé, que je découvris le train de vie et le comportement des responsables en contradiction totale avec ce qui nous était enseigné. Ils faisaient tout ce qui était interdit aux autres : voitures de luxe, appartements de grand style, alcool,... Pire, ils nous incitaient au mensonge afin de collecter plus d'argent.
J'ai vraiment décidé de partir à la suite d'une conversation avec une une allemande membre du mouvement: elle me révéla que les enfants des couples mariés et bénis par Moon, qui (d'après les "Principes divins") devaient naître parfaits et sans péché, sont en réalité comme les autres. Moon lui-même aurait un fils de son second mariage qui était nul à l'école et vivait comme un voyou.
Le soir, après la prière en commun adressée "aux vrais parents", je restais seul à prier Dieu et non Moon et à réfléchir longuement. La certitude d'être dupé me fut évidente.
Le lendemain matin à 7 heures j'avais quitté les lieux.
Heureux papier peint !
Une Mooniste s'était vu imposer par le groupe force détails de sa vie pratique. On finit même par la convaincre de retapisser son appartement avec un papier prétendument conforme aux idéaux du groupe. Or elle se rend alors compte que ce papier n'est autre que celui qu'on peut acheter très simplement dans un commerce voisin.
Elle se sent jouée et quitte la secte.
Ils voient clairement la manipulation dont ils ont été victimes.
Ses enfants étant entrés dans la secte, une mère a été victime de la part de ceux-ci d'accusations et de calomnies odieuses. Sans pour autant farder la vérité, cette mère au-dessus de tout soupçon avait essayé de maintenir avec ses enfants un lien affectueux par courrier, seul contact possible. Elle leur écrivait notamment :
"La lecture du livre [de la secte: "Communication ou Manipulation"] ne permet plus de doute. J'ai compris comment des enfants qui nous avaient donné toute satisfaction pendant leur enfance et leur jeunesse, avaient pu en venir à porter de si graves accusations contre leur mère. Il faut qu'ils soient victimes de cette "manipulation" si bien dénoncée chez les autres. Il est très dur pour une mère de parler de cette façon à ses enfants. Mais je considère comme un devoir et un acte d'amour maternel d'essayer de vous éclairer sur cette "manipulation" que vous et vos amis êtes en train de subir". (18 juillet 1982).Cette maman âgée et affaiblie par la maladie, qui croyait ne plus jamais revoir ses enfants, reçoit une lettre le 2 septembre 1982 :
"Nous venons de quitter la Société civile de Saint-Erme. Après plusieurs désaccords de fond avec le fondateur de la secte, nous commençons à voir la manipulation dont nous avons été les victimes. Notre attitude à ton égard a été injustifiée et scandaleuse. Nous te prions, si tu le veux bien, d'accepter notre pardon" [sic].Que s'était-il passé ? Le déclic a fonctionné quand ces deux membres chargés de rédiger le fameux livre de la secte, se sont aperçus que leur manuscrit avait été confisqué par le gourou et que tous les faits avaient été déformés, truqués ou purement et simplement inventés. La lettre de leur mère a fait tilt, à ce moment pour confirmer la manipulation.
Un procès, le gourou est é4ecté et la secte explose.
Pour mettre fin au délire collectif et à la dérive de la secte de Saint-Erme, des ex-adeptes et des parents se regroupent en une association de défense et lancent une campagne de presse. La secte leur intente un procès en diffamation. Avec courage, les ex-adeptes et les parents produisent des attestations judiciaires et viennent à la barre témoigner devant leurs anciens amis ou leurs enfants présents à l'audience. Les témoignages sont accablants, difficilement supportables.
La secte, déboutée, interjette appel puis se désiste.
Ce procès fut un véritable choc pour tous les adeptes. Ceux-ci, aux vacances suivantes, se réunissent à Saint-Erme (Aisne), éjectent le gourou fondateur, puis disparaissent les uns après les autres et rejoignent tous leurs familles avec lesquelles ils renouent des liens encore plus affectueux qu'auparavant.
Incohérence et mépris.
Une adepte de la Scientologie arrive un jour au centre en ayant bien soif. Elle demande de l'eau. Quelqu'un lui en apporte dans un vieux pot à yaourt tout cabossé. "Comment ! pense l'adepte, après tout l'argent que j'ai versé, on ne trouve rien de mieux pour me donner à boire !
L'énorme discordance entre les prétentions à la perfection affichées par la secte (et ses énormes rentrées d'argent) et la mesquinerie du geste, apparemment banal a fait prendre brusquement conscience à l'adepte du mépris de l'homme qui est de règle ; le déclic a joué, elle est partie pour toujours..
Clairvoyance face à une imposture.
Adepte depuis 5 ans, elle avait gardé malgré tout une indépendance d'esprit qui la caractérisait; mais vu l'ampleur de son investissement d'ensemble, vu aussi sa fierté, elle persévérait dans son effort. Elle gardait l'espoir de "passer le pont" : sa curiosité était vive de connaître la suite. Son reste d'indépendance éveilla les soupçons et elle fut dénoncée.
A Copenhague, elle fut mise en "éthique", traduisons en situation pénitentiaire.
Elle raisonna alors ainsi : "Si je joue la comédie du bon retour, de la résipiscence, si, moi, j'arrive à "manier" (manipuler) le soi-disant CLAIR chargé de me sanctionner, c'est réellement que l'état de CLAIR ne correspond à rien".
Elle parvint à le "manier"... et d'autant mieux qu'elle avait suivi une formation théâtrale. Aussitôt, elle tourna les talons et, mieux, elle se mit en devoir de dégriser nombre de co-victimes, ceci au mépris des menaces reçues.
Sa naturelle curiosité avait joué un rôle lors de son entrée, elle l'aida aussi à en sortir.
Résurgence de la conscience professionnelle.
Un avocat, adepte déjà ancien, supportait assez mal l'autorité d'un "Ancien". Celui-ci veut qu'il fasse usage de sa qualification professionnelle pour des affaires de divorces en cours concernant des adeptes. Réponse de l'avocat : "l'éthique professionnelle me l'interdit, je suis tenu par le secret professionnel". Insistance de l'Ancien. Rupture : l'avocat quitte les Témoins de Jéhovah.
Plus forte que l'autorité de /a secte, la conscience professionnelle a fait jouer le déclic.
Refus de transparence.
Un comptable, adepte depuis plusieurs décennies, était chargé en raison de sa qualification, du transfert des fonds considérables collectés au QG de la secte à Brooklyn (USA). "Que fait-on de tout cet argent ?" demande-t-il. Aucune réponse.
La conscience professionnelle a fait jouer le déclic. Il a quitté la secte avec sa femme, mais le prix en fut terrible car ils furent pratiquement coupés de leurs enfants qui y sont restés.
Suicide collectif ?
Un week-end de novembre 1978, une nouvelle tombe : Leo Ryan, député à la chambre des représentants US, deux journalistes et un photographe sont tués sur un aérodrome de brousse du Guyana. Les meurtriers seraient des membres d'une secte californienne, le "Temple du peuple", qui a installé une "colonie" au milieu de la jungle équatoriale.
Plus de mille personnes y auraient suivi le chef de la secte, le Révérend Jim Jones. Sitôt après ces meurtres, il y a au camp un suicide collectif par empoisonnement; des coups de feu ont été entendus.
Depuis longtemps, Jim Jones était hanté par le spectre d'une Apocalypse nucléaire. De plus, il voyait des ennemis partout. Il instillait à ses disciples sa propre manie de la persécution.
Le suicide collectif n'était pas improvisé. Il y eut des répétitions ! Jones avait en effet déjà fait boire à tous un liquide qu'il avait présenté comme un poison. Puis il avait dévoilé la mystification donnant pour prétexte que c'était "pour éprouver leur foi".
Mais ce jour là, il ordonne de liquider les "agresseurs" et les "traîtres" (ceux qui avaient décidé de partir). Ayant ainsi commis l'irrémédiable, il retourne l'agression contre lui même et l'ensemble du groupe qui doit le suivre jusqu'au bout.
Compte tenu des répétitions, les premiers ont pu boire la potion fatale en croyant qu'il s'agissait encore d'une mise en scène ; ce ne fut pas le cas pour les suivants. Tous n'étaient d'ailleurs pas volontaires, loin de là (une centaine a réussi en effet à s'échapper) ; mais ils étaient entourés de gardes armés.
(Extrait des articles parus dans les numéros 20 et 22 de BULLES).
Suicide ou massacre collectif ?
Au début du mois d'octobre, tous les médias ont fait une large place aux évènements tragiques découverts en Suisse et au Canada concernant l'Ordre du Temple Solaire dont le gourou était Luc Jouret.Dans un précédent numéro de BULLES une place avait été faite aux agissements de ce dernier et à une description de la secte qu'il avait fondée .
Il était notamment écrit :
La doctrine de la secte, en tout cas pour ce que l'on en sait, est à la fois floue et banale, style "ésotero-apocalyptique".La fin du monde approchant, on a construit au Quebec une "ferme de survie" avec un bunker anti nucléaire, où les élus survivront, avec Luc Jouret.Mais qui aurait pu prévoir une telle issue ? A l'heure où nous écrivons, il apparaît encore impossible d'affirmer qu'il s'agit d'un suicide collectif ou de meurtres prémédités; peut-être un peu des deux ?
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