|
|
Scientologie | Un bus fantôme à Paris |
Scientologie | La Scientologie a perdu contre Serge Faubert |
Horus | La fondatrice écrouée |
Ventes multiniveaux | Les pyramides gagnent la France |
Office Culturel de Cluny | Note d'informations |
Instinctothérapie | Le gourou de la pédophilie |
Scientologie | Dianetic Connection |
Sectes | Pourquoi on n'en finit pas avec les sectes ? |
Sur les grands boulevard de Paris, un curieux bus à impériale jaune vante les bienfaits de la Scientologie en proposant des films, livres et conférences.
D'après la secte, l'acquistion de ce véhicule remonte au début 1997 ; mais la plaque d'immatriculation est toujours anglaise ce qui la rend passible de contraventions pour non-présentation au services des Mines, absence d'autorisation de mise en circulation de véhicule de transport en commun de personnes, non-présentation aux visites techniques semestrielles, modification de la découpe du toit sans déclaration, et aussi démarchage publicitaire dans des zones interdites. De quoi encourir près de 10.000 francs de contraventions par jour. Avis aux képis...
Non, l'Eglise de Scientologie ne gagne pas à tous les coups ! La cour d'appel de Paris, réformant un jugement du 7 septembre 1994, a, le 3 juin, débouté la secte du procès en diffamation qu'elle avait intenté à l'Evénement du Jeudi et au journaliste Serge Faubert, auteur du livre Une secte au coeur de la République. L'hebdomadaire et le journaliste avaient été condamnés par le tribunal de grande instance de Paris à verser 30 000 F de dommages et intérêts à l'Eglise de scientologie pour avoir publié des extraits de l'ouvrage. La cour d'appel, en revenant sur cette décision, a estimé que Serge Faubert " avait procédé à une enquête sérieuse et complète ".
[Texte intégral]
Le conseil régional de l'ordre des médecins a radié le Dr Juliette Boillon, 40 ans, « pour faute d'une gravité exceptionnelle ». Le praticien, qui exerce dans la Drôme, avait certifié fallacieusement sur le carnet de vaccinations de Thibault, 5 ans, qu'il avait été vacciné contre le tétanos. Le médecin aurait agi à la demande des parents, alors membres de la secte Horus, implantée dans la Drôme.
Le subterfuge a été découvert le 25 mai 1995, lorsque le chef du service pédiatrie de l'hôpital de Valence, auscultant le petit Thibault, a constaté la présence de tous les symptômes du tétanos, diagnostic à l'hôpital Edouard-Herriot de Lyon. Différentes analyses ont permis d'établir que Thibault n'avait pas non plus subi les vaccinations obligatoires contre la diphtérie et la poliomyélite, contrairement aux mentions portées sur le carnet. Les parents et le médecin ont été mis en examen en février, les premiers pour « soustraction aux obligations légales ayant compromis la santé d'un mineur », le second pour « faux et usage de faux ».
La décision de radiation, prise le 12 avril, souligne que « non seulement le Dr Boisson a attesté des faits faux, mais encore elle a mis en danger la vie de l'enfant en le privant d'une protection vaccinale contre trois maladies dangereuses, et a trompé les médecins appelés à se soigner, justement fondés à accorder foi aux mentions du carnet de vaccinationtions de l'enfant ». (AFP).
[Résumé]
Marie-Thérèse Castano a été mise en examen et écrouée le 20 juin 1997 à Valence (Drôme) pour "non-assistance à personnes en danger et complicité de faux en écriture.(...) Juliette Boillon, 48 ans, ancien médecin, radiée du conseil de l'Ordre, a été mise en examen pour les mêmes motifs." L'information judiciaire est consécutive à deux décès suspects - "Isabelle Bosse, morte à 56 ans d'une gangrène mal soignée, et Antoinette Robin, 82 ans, victime en 1995 d'un malaise cardiaque. La communauté Horus avait ausi eu maille à partir avec la justice après un diagnostic de tétanos non soigné chez un enfant de 4 ans en 1995."
Depuis quelques mois, une myriade de pyramides financières (French Power, Top Stair ou encore Team Marketing) font de véritables ravages en Belgique et dans le nord ou l'est de la France. Leurs milliers de victimes ont toutes été contactées par un parent, un ami ou une connaissance. Rendez-vous est alors donné soit en Allemagne, soit aux Pays-Bas, deux pays où les jeux pyramidaux sont autorisés. Quelquefois, des cars sont même affrétés, y compris depuis la région parisienne. Sur place, dans un hôtel ou un salle polyvalente, les méthodes ressemblent à s'y méprendre à celles des sectes : fouille à l'entrée, musique abrutissante, applaudissements délirants, discours culpabilisateurs, propositions de rédemption financière, souvent même interdiction d'aller aux toilettes." L'article fait alors état de plusieurs interpellations et du début du démantèlement d'un réseau, mais ces réseaux sont internationaux et constituent une véritable "toile d'araignée". D'ailleurs, le Team Alliance Marketing est sur Internet...
L'association "Notre-Dame-de-la-Salette, Saint-Louis-Grignon-de-Montfort", propriétaire du château de Brûlaire (Maine-et-Loire) a résilié le bail locatif consenti à "l'Office culturel de Cluny" (OCC) au motif que cet organisme était une secte et non un organisme chrétien et qu'il y avait donc eu erreur sur la personne lors de la signature du contrat. Saisi par l'OCC, le tribunal de Cholet a considéré que la rupture abusive, le bailleur n'ayant pas pu produire aucune pièce montrant que l'OCC aurait manqué de fidélité à l'Eglise catholique.
[Commentaire du Réseau Voltaire : le rapport d'enquête
parlementaire avait classé l'OCC parmi les "sectes". On reste confondu
devant la distinction opérée par un tribunal civil entre
"secte" et "Eglise", deux catégories dont la définition ressort
d'une opinion privée, donc étrangère au débat
républicain.]
"Ce qu'il raconte, en langage très cru, est tout bonnement impensable". Cette phrase extraite du début de l'article d'A.M. Casteret ne concerne pas Guy-Claude Burger mais Jean Kicin, un Luxembourgeois qui travaillait depuis le printemps de 1995 au château de Montramé, à l'emballage des produits Orkos.
J. Kicin est d'ailleurs vite catalogué comme un "illuminé du château" quand il cherche a alerter dès Décembre 1995, après avoir porté plainte, les autorités locales ou les journalistes. Après son témoignage, faisant état de l'existence de " sorte de couples" formé d'un adulte et d'un enfant "même très jeune", décrivant certains de ces couples en les nommant [la journaliste ne donne que le prénom des enfants et le prénom et l'initiale du nom des adultes], et insistant sur le cas d'une adolescente "au château depuis l'âge de 14 ans et transformée en jouet sexuel à son corps défendant", la journaliste s'interroge : "S'avouant lui-même encore fragile après plusieurs mois passés dans cette secte, Jean Kicin fait peur à ceux qu'il aborde, car il parle de sexe avec une visible répugnance. Ne serait-il qu'un mythomane obsédé ?"
Or, non seulement l'article rappelle les antécédents judiciaires de toute nature de Guy-Claude Burger, mais il évoque les autres plaintes déposées en 1995. Ainsi, si Eva-Maria Foltin a porté plainte pour non-respect du droit du travail et abus de confiance, elle déclarera en Décembre 1996, lors d'un interrogatoire par Interpol, avoir été témoin de plusieurs scènes qui l'ont choquée. "Elle a vu Léa et Nicolas constamment accompagnés d'un homme qui n'était pas leur père. Nicolas avait le bas du corps toujours nu, même en novembre. Une fois, au réfectoire, Stéfan W. lui carressa les "parties intimes" devant tous les curistes. Elle raconte qu'un jour Stefan et Nicolas étant entrés dans une pièce au-dessus de sa chambre. Quelques secondes après, elle entendit le bébé pleurer "d'une façon particulière, tout à fait pitoyable".
De son côté, un scout de 13 ans accuse Christian Burger, fils aîné de Guy-Claude Burger, d'agression sexuelle lors d'un voyage aux Etats-Unis.
"Et ce que ces trois plaignants isolés et courageux ignorent encore, c'est qu'ils sont en train de lever le voile sur une sinistre affaire de pédophilie qui dure depuis vingt ans... au vu et au su de tous ou presque."
L'article rappelle alors par le détail le procès de septembre 1978 en Suisse, où le couple Burger fut accusé "d'attentat à la pudeur sur des enfants et de débauche contre nature pour avoir mêlé des adolescents, mais aussi, dès l'age de 9 ans, une fillette Maya [prénom changé], et leur propre fils, Christian, à leurs ébats sexuels.". A.M. Casteret livre alors le témoignage de la soeur de cette fillette, interviewée vingt ans après les faits, pour conclure que la fillette n'est toujours pas remise de cette "lumineuse expérience".
Guy-Claude Burger fut condamné à quatre ans ferme et sa femme à 18 mois avec sursis, pour complicité. "Prisonnier exemplaire, Burger bénéficie de quelques mois de remise de peine et retrouve sa petite famille, ou l'attend un adolescent de 14 ans, Antoine [prénom changé] amené là par un certain Philippe P., qui ne cache pas ses penchants pédophiles. Amoureux d'une des filles Burger, Antoine, impressionné par l'aura du père - "A un âge où l'on est forcément curieux du sexe", explique-t-il aujourd'hui - subit là un véritable détournement de mineur et gagne le lit du maître de maison."
Le groupe, après diverses pérégrinations, s'installe en 1983 à Montramé. "C'est à partir de cette date que les choses ont commencé à sérieusement dégénérer, raconte un ancien permanent du château. Burger, qui savait séduire ses jeunes partenaires par la douceur et la persuasion, s'est entouré d'une bande de cinglés agressifs et de pauvres gamins déboussolés. C'est devenu la licence la plus totale."
Guy-Claude Burger, en plus d'enseigner l'instinctothérapie, se lance en effet dans l'enseignement de la "métapsychanalyse", dont la journaliste a pu écouter des cassettes de cours. C'est interminable, et "on s'ennuie ferme.. et tout à coup on s'étonne d'entendre une femme raconter au milieu de petits rires complices qu'effectivement, depuis que son bébé mange "instincto", il est beaucoup plus câlin et demande même quelque chose de plus... Le mari est encore réticent, mais, bon, avec le temps..."
D'autres témoignages suivent. Une fille de 18 ans arrivée au château avec son frère de 10 ans que Burger devait sauver de la leucémie par l'instinctothérapie, raconte les ennuis qu'elle eut pour être tombée amoureuse d'Antoine, ce qui provoqua même une fugue des deux amoureux. Mais "on revient toujours pour essayer de recoller les morceaux, de se prouver qu'on nous aime vraiment, qu'on n'a pas été un simple objet. Quand mon frère est mort, j'ai pensé que c'était ma faute. Tous les soirs, Burger venait nous voir, Antoine et moi : "J'ai besoin d'énergie. Je donne un cours demain." Moi, je résistais, mais Antoine finissait toujours par céder. Il était sous son emprise."
"Envoyée avec ses soeurs à Montramé pour vivre au grand air, [Marthe, prénom changé, fillette de 10 ans], va prendre la place de Maya dans les fantasmes du maître des lieux."
"Mais il n'y avait pas que Marthe. C'est pratique courante au château d'abuser des enfants. Quand j'y étais, se souvient Sylvère T., il y avait même des parents qui savaient et qui laissaient faire. Et comme les enfants devenaient très provocants, ils semblaient donner raison à Burger et à sa théorie. On se sentait coupable de ne pas leur "répondre". Je me souviens d'un petit Clément qui est venu un jour me demander de lui sucer le zizi. J'ai dit "Ca ne va pas, non ?" Il m'a répondu : "Eh bien, J.-M., il le fait bien, lui..."
Ce n'est pas tout, encore actuellement certains noms de jeunes enfants et de très jeunes enfants reviennent souvent dans les témoignages. Et Christian Burger "organise tous les ans un camp de scout "instincto" près de Moret-sur-Loing, et il se vante de ses succès", raconte un ancien permanent. Histoire corroborée par huit familles directement concernées, dont deux seulement s'apprêtent à porter plainte !"
"Conscients de la gravité des faits que nous révélons, nous avons observé la plus extrême prudence à chaque étape de cette enquête. Chaque élément que nous mentionnons a été recoupé au moins cinq fois, à des sources différentes, avant d'être avancé."
Une de ses multiple sources est la Ddass, prévenue par le maire de Soisy pour empêcher l'installation de colonies de vacances au château. L'Express reproduit un fac-similé d'une lettre la DDASS de Juillet 1988 faisant état, bien qu'au conditionnel, de "problèmes d'ordre sexuel". Joint au téléphone, Guy-Claude Burger nie tout et dit être contre la pédophilie. Car entre ce qu'il fait et la pédophilie, "c'est la même distance qu'entre un viol et la réponse à l'amour.(...) L'amour dont l'enfant a besoin est quelque chose de magique où le corps n'est pas exclu."
Plus deux encarts par Dominique Durian (qui s'est rendue sur place, cf. article suivant):
3 semaines reviennent à au moins 8.000F, d'où la possibilité pour les "pauvres" de travailler au centre, sans être déclarés. L'encart détaille, entre autres, les prix proposés au centre, du mangoustan, un fruit exotique, vendu à 70 fois son prix, à la poire à 9F pièce, en passant par le laxatif à 630 francs le kilo. L'encart évoque également les comptes très curieux de la société.
Léa ne connaît pas son âge, D. Durian l'estime à six ans. "Et toi, où vis-tu ? - Là, avec Jean-Jacques." Près du poulailler, entre les tas d'ordures, la porcherie et le taudis où on laisse pourrir le poisson pour obtenir des asticots. Bien que le nez morveux et la voix enrouée, elle est pieds nus dans la boue. Elle ne veut pas rentrer jouer, car elle doit travailler.
D. Durian a passé trois jours d'initiation au centre, sous prétexte d'une sciatique récalcitrante. "D'abord il y a l'odeur, répugnante : mi-putréfaction, mi-pipi de chat, elle saute aux narines dès qu'on ouvre la porte, mais semble ne gêner que moi. Cette puanteur provient des fruits et légumes presque blets qui fermentent dans la cuisine voisine."
Les autres curistes sont à l'image du sexagénaire qui souffre le martyre (mais c'est normal, c'est le traitement) pour guérir ses cancers par l'instinctothérapie. Il a pour cela "arrêté tous ses traitements médicaux il y a deux ans (...) sur les conseils de son praticien et de sa femme, préparatrice en pharmacie."
Le curiste au petit déjeuner renifle chaque denrée avant de choisir celui dont l'odeur lui est la plus agréable. Puis si cette odeur change pendant le repas, le curiste doit changer d'aliment. L'après-midi est consacré à un séminaire, aujourd'hui animée par le "médecin" du centre, même si elle n'a en fait pas terminé ses études de médecine. Le soir, le repas se fait avec également des viandes, y compris des crabes qu'on a laissé mourir au fond du frigo.
D. Durian prend des avocats à 12 F pièce et des carottes (5 F les trois). "Mange la peau. Ca nous fait mal au coeur de te voir jeter ces bonnes choses ! - Avec la terre ? - Oui, c'est mieux pour ton corps". A la troisième bouchée, la journaliste fait tomber par maladresse un couteau, ce qui est pris comme un signe d'arrêt par la permanente : le corps a parlé.
Pendant son séjour, aucun autre sujet que l'instinctothérapie ne sera abordé dans les discussions. "Je quitte le château avec l'impression de sortir d'une secte. Tout y est : le vocabulaire codifié répété en boucle - phase lumineuse, signe d'arrêt, détoxination... - l'emprise psychologique exercée sur des malades par le gourou et ses assesseurs, la forte hiérarchisation au sein du centre, la déconnexion d'avec le monde réel entretenue avec une bonne dose de paranoïa. Et, surtout, la menace de rechute pour les curistes qui ne respecteraient pas à la lettre les règles de Burger."
"Dans un salon médiéval, trois cassettes traînent près d'un magnétoscope. Manger vrai, les Rites amoureux chez les primates, et la Petite Sirène. Bel éclectisme." Selon plusieurs témoignages, ce salon serait aussi le lieu où des adultes soumettraient à des rapports sexuels de jeunes enfants.
Le journaliste cite un des témoins, Anne Rivet, entendue pendant plus de sept heures le mercredi 25 Juin par les gendarmes de Riom. "J'ai vécu à deux reprises au château de Montramé. La première fois, c'était de 1983 à 1986. Je suis tombée amoureuse de Daniel, un garçon de 17 ans. Il était dans le lit de Guy-Claude depuis ses 14 ans. Je suis partie et revenue en 1989. Là, je dormais en dessous de la chambre de Guy-Claude. Il embarquait les enfants dans sa chambre. Un jour, je suis allée voir une femme qui habite encore à Montramé. Je lui ai dit : "Je sais très bien ce que Guy-Claude fait à ton gosse." Elle m'a répondu : "Tais-toi, tu me débranches de l'amour." Il y avait aussi une adolescente fragile, Sarah, qui était l'esclave de tout le monde. Un jour, elle est venue me voir en pleurant : "J'en peux plus, je ne veux plus être sodomisée par tout le monde".
Guy-Claude Burger dit avoir "tenté l'expérimentation", mais affirme ne plus le faire puisque c'est interdit. Et sur ce qui lui a valu une condamnation en 78, il explique "Lorsque cela a commencé, elle était déjà prépubère. Un jour, elle est montée sur moi et c'est elle qui a opéré une pénétration. Je l'ai regardée dans les yeux sans l'en empêcher." Le fils est lui aussi poursuivi pour agression sexuelle, et a été jugé à Melun en citation directe, le 6 Février 1997. Le procès devrait reprendre au début de l'automne, après une analyse psychiatrique du fils et une enquête de crédibilité sur la victime.
"A Soisy, l'instituteur du village n'a pas connu Christian, mais a eu dans sa classe trois autres enfants de Burger. "Ils étaient normaux, épanouis. Marianne se prenait un peu pour un garçon, mais Jean-Marc était très brillant, très vivant.
Nathalie aussi. Elle a d'ailleurs bien réussi." Nathalie est aujourd'hui médecin à Toulouse. Elle recommande à ses patients la pratique de l'instinctothérapie."
Le journaliste s'intéresse ensuite au fonctionnement de la société, qui a l'an passé "fait plus de 17 millions de francs de bénéfices. Burger déclare plus de 250.000 francs de revenus annuels, ce qui n'a pas empêché un redressement fiscal de près de 1 million de francs pour trois exercices."
La main-d'oeuvre est constituée de bénévoles, logés, blanchis, et nourris, mais nourris seulement a hauteur de leur travail, et comme la nourriture est chère... "Moi, explique Jean, j'enlevais de leur emballage les produits qui arrivaient des grossistes. Parce qu'en fait tout ça vient de Rungis." Burger conteste encore : "Nos aliments transitent par Rungis, mais nous les choisissons nous-mêmes en Asie, en Afrique et en Amérique. Parfois, seulement quand il manque quelque chose, nous l'achetons. Mais nous allons alors à Rungis faire une analyse sensorielle du produit. Le type qui raconte ça nous en veut parce que je l'ai viré. Il a juré qu'il aurait sa revanche, il tient sa parole."
"Deux enfants ont été entendus, il y a une quinzaine de jours, par les gendarmes. Ils étaient chez leur père, près de Lyon. Pour les autres, ce sera difficile. Il étaient cinq au moins, plus deux nourrissons, à vivre au château. Ils ont disparu. "Ils sont partis il y a quelques jours", explique une curiste. La plupart des "bénévoles" ont également disparu après une enquête de l'Express parue la semaine dernière. Seul Guy-Claude Burger reste serein. Il semble croire réellement qu'il est là victime de brimades. "C'est dur d'être en avance", lâche-t-il en souriant, avec un geste précieux de la main."
La guerre ouverte entre la Scientologie et ses opposants fait son entrée sur l'Internet français. Depuis la mi-avril, le site de Roger Gonnet a fait l'objet de mails émanant de la principale avocate américaine de la Scientologie, Helena Kobrin, avec des menaces de poursuites judiciaires. Objet de la mise en demeure : la reproduction sur ce site d'ouvrages scientologues dits confidentiels, qui sont vendus aux adeptes pour des milliers de francs. D'après Planète Internet, la branche française de la Scientologie ne semblait pas au courant de cette procédure.
Havas On Line, hébergeur du site incriminé, n'a pas cédé : "Les textes étant systématiquement assortis de commentaires rédigés par notre abonné, on ne peut pas expressément parler d'infractions relatives aux droits d'auteur", répondent-ils. Roger Gonnet, qui a lui-même étudié les "niveaux secrets" du temps où il était scientologue, estime qu'il est de son devoir de dénoncer l'absurdité de ces cours afin de mettre à l'abri de l'escroquerie les gens que la secte tenterait. D'autant plus que selon lui, il n'est toujours pas certain que ces textes lui appartiennent légalement (lors de certains procès, la secte a d'ailleurs affirmé que c'était des faux fabriqués par d'anciens membres).
L'arme du copyright est souvent utilisée par la Scientologie pour intenter des procès de fond à ses adversaires. Cibles visées : le provider hollandais XS4ALL en 1995, et des internautes suédois ou américains l'an dernier. L'ex-scientologue américain Arnie Lerma avait envoyé des extraits des "niveaux secrets" de la secte sur news:alt.religion.scientology. Il a été condamné aux dépens, le 17 juin, à une somme de 19.500 dollars. La secte crie victoire, bien qu'elle n'ait reçu aucun dédommagement. Lerma dit accuser une ardoise d'un million de dollars à cause de ce procès. "Ni la juge, Leonie Brinkema, ni mes avocats ne connaissaient quoi que ce soit à l'Internet", s'indigne Lerma, "Comment voulez-vous que ce procès soit équitable, alors que la juge n'a jamais été sur un newsgroup ?".
[Résumé]
Dans le récent engouement médiatique concernant les sectes, un certain nombre de sociologues de la religion font bande à part, en dénonçant une chasse aux sorcières, un rapport parlementaire déplorable à tous égards, voire en intervenant en faveur des scientologues dans le procès de Lyon. ("Quelques groupes importants - Raëliens, Scientologie - ont essayé d'organiser une défense commune, avec quelques manifestations à Strasbourg et à Paris. Sauf erreur, cette entente s'est rapidement disloquée", ajoute l'auteur en commentaire de son allusion à ce procès).
En introduction de ce texte de quinze pages, Jean Louis Schlegel précise alors qu' "Enseignant à mes heures perdues la sociologie des religions, ayant commis un livre sur les phénomènes religieux dans nos sociétés, je prendrai parti dans ce débat à mes risques et périls, en parlant à la première personne."
Ainsi commence-t-il par estimer que les chiffres des Renseignements Généraux à la base du rapport parlementaire sont vraisemblablement peu fiables de par le manque de compétence des RG en la matière. Pour les sociologues, le nombre des groupes est beaucoup plus élevé, et seulement "la partie émergée d'un continent beaucoup plus vaste". L'allusion de quelques médias à l'"invasion" des sectes est cependant exagérée, et de plus guère nouvelle.
"Les sociologues de la religion et le rapport Guyard se rejoignaient sur un seul point : l'impossibilité et l'inutilité d'une législation spécifique contre les groupes sectaires." Ce consensus relatif n'est brisé que par "les associations de défense ou par des individus engagés contre les sectes [qui] estiment notamment que les enfants devraient être mieux protégés contre les agissements sectaires." L'auteur estime d'ailleurs que le décès suspect d'un enfant dans la communauté de l'Ordre apostolique Tabitha's Place est lié effectivement à la difficulté, ou au laxisme, de l'application de la loi : "le suivi des enfants non scolarisés du groupe était inexistant, alors qu'un contrôle scolaire (et éventuellement social ou sanitaire) est en principe obligatoire dans ce cas, ne serait-ce que pour le versement des allocations familiales (mais les groupes y renoncent si leur liberté est à ce prix...)"
Jean-Louis Schlegel partage les critiques des sociologues sur la médiocrité du rapport parlementaire : "langage plus qu'approximatif, incohérence des approches, erreurs et à-peu-près dans l'information, résultats décevants." L'auteur résume alors succinctement le rapport et en livre une critique basée notamment sur le flou des concepts utilisés, qui ne doivent sembler clairs qu'aux auteurs du rapport. "Il ne s'agit pas d'un rapport sur les sectes, mais d'un rapport contre les secte. Peut-être eut-il mieux valu le dire clairement et enquêter, en effet, "sur les agissements liberticides de certaines associations dites sectes", (comme se le proposait la commission), (...). Au lieu de quoi, tout en se prévalant de la liberté d'expression, de conscience et de croyance, la commission partageait manifestement l'a priori commun, très défavorable aux sectes."
L'auteur termine alors le passage sur le rapport par une allusion aux réactions "peu dignes" des partisans et adversaires du rapport. Il critique l'utilisation du terme "révisionnisme" par l'ADFI, et reproche à Massimo Introvigne de tenter de discréditer l'abbé Jacques Trouslard, "défenseur intraitable et indéfectible des victimes" au profit de l'abbé Vernette, "représentant officiel de l'épiscopat français et nettement aligné du côté sociologue". L'auteur ajoute : "On peut critiquer la théorie anti-sectes sans concession et simple, sinon simpliste, de Jacques Trouslard, qui définit les sectes par leur "nocivité" (et non par ses doctrines ou ses croyances). Mais son expérience des victimes et l'aide qu'il leur apporte sont probablement uniques. Du reste, ce "justicier" inflexible ne manque pas d'humour..."
Mais Jean-Louis Schlegel n'est pas tendre non plus avec le résultat du colloque organisé par Massimo Introvigne organisé en réaction au rapport : "Lors du colloque, ce dernier qualifia sans rougir la publication du rapport de "Mururoa religieux". Mais son livre collectif, bourré de fautes de français, a peu de chances d' "en finir avec les sectes", comme voudrait le faire croire son titre pompeux. Malgré de nombreuses informations, il laisse en effet bien des problèmes en suspens."
L'auteur en évoque alors quelques-uns. Ainsi Massimo Introvigne met en avant la scientificité de la sociologie des sectes, mais non seulement celle-ci "relève avant tout sinon exclusivement de la collecte de l'information (histoire et doctrine)", mais encore les sociologues brillent par leur absence quand il s'agit d'aborder les problèmes liés "à la vie ordinaire de la secte, à l'emprise du leader et à la soumission des individus, à l'engagement total des adeptes (qui les incite par exemple à faire des dons financiers sans retenue et sans garantie), à l'absence de régulation juridique, au fonctionnement totalisant sinon "totalitaire" du groupe."
"Les données sur la vie interne des groupes sectaires sont assurément difficiles à recueillir. Mais si l'on suivait Introvigne et ses semblables, on devrait apparemment se contenter de la documentation fournie par ces groupes, durant des enquêtes "officielles" ou des observations participantes, c'est-à-dire des rencontres autorisées par leurs responsables...". On comprend alors que les journalistes, les seuls à lancer des enquêtes sur la vie interne du groupe - la justice n'ayant pas à intervenir sur ce point - n'utilisent pas le travail des sociologues.
Jean-Louis Schlegel est en particulier sévère avec l'approche de Bryan Wilson : "je ne comprends pas comment Bryan Wilson, un sociologue anglais de renom, peut désigner ceux qui ont quitté les sectes comme des "apostats" - c'est-à-dire du nom employé par les groupes religieux eux-mêmes pour stigmatiser ceux qui sont partis. Une bonne partie de sa contribution consiste à déprécier leur témoignage : (...) je considère, contrairement à lui, que les adeptes partis ou exclus, souvent dans des conditions très difficiles, peuvent, loin du sensationnalisme, apporter une information irremplaçable sur le fonctionnement interne des groupes auxquels ils ont appartenu."
Par ce refus et l'illusion de l'informateur neutre, "les sociologues risquent ainsi d'être les derniers à comprendre les plaintes des victimes. En réalité, il faudrait d'éviter d'opposer a priori la valeur des divers témoins : une attitude "scientifique" consiste à les accueillir tous et à les vérifier tous. Quant à opposer la "science" à ces témoignages, comme l'a fait Introvigne, cela n'a aucun sens, car précisément, ces récits prétendent à une vérité d'expérience, vécue, qui n'a pas a priori moins de dignité et de vérité que celle de la science assez positiviste à laquelle il semble nous convier."
Jean-Louis Schlegel ne comprend pas également ce désir de remplacer le terme de "secte" par celui de "nouveaux mouvements religieux" : les groupes nés dans les années 60, sans parler des Témoins de Jéhovah, ont déja une longue histoire derrière eux. "Ou alors, il faudrait nous expliquer quand commence et quand finit le neuf dans une société". L'auteur enchaîne alors sur des considérations sur la typologie sociologique et l'opposition des deux "idéal-types" (type Eglise et type secte) qu'il considère comme une approche toujours intéressante, au contraire de ces sociologues. Le détail du raisonnement est trop complexe et dense pour être résumé ici. Il est toutefois à remarquer que Jean-Louis Schlegel est amené à se poser la question des conséquences du relativisme sociologique, qui semble être lui-même la conséquence du relativisme religieux. En particulier, l'auteur se demande s'il n'y a vraiment rien à commenter sur l'irrationalité des croyances, s'il n'est pas important de tenir compte de la croyance aux extra-terrestres des Raëliens, par exemple - les sociologues qu'ils critiquent délaissant ces données.
D'autres questions qui devraient être abordées sont les raisons pour lesquelles on entre dans un secte, et les raisons du danger de certaines sectes. De plus, pour l'auteur, "on dit parfois que les sectes représentent des structures d'accueil pour des individus "paumés", isolés, sans repères, sans certitudes, etc... C'est exact, mais une question est posée quand celui qui est entré et qui a, au départ, trouvé de quoi revivre, se met à devenir sujet de sa parole, désireux de reprendre lui-même en mains son devenir : on a l'impression que les sectes sont alors déstabilisées et n'ont que des réactions de défense contre quiconque veut devenir un sujet autonome et libre."