De la revue Nieuwe Revu, magazine hebdomadaire néerlandais.
Cette semaine (de décembre 1995), le procès intenté
par la Scientologie contre 4 fournisseurs d'accès à Internet
et la journaliste néerlandaise Karin Spaink aura lieu à la
Haye. La secte demande le retrait sur le réseau Internet du témoignage
de l'ex-scientologue Steven Fishman. Ce témoignage contient des
cours, protégés par le copyright d'après la Scientologie.
Voici comment pour la première fois une secte entre en guerre dans
le cyber-espace.
Chaque jour, Steven Fishman reçoit un mail-bombing de près
de 500 messages. Il est harcelé en permanence au téléphone
et suivi dans tous ses déplacements. Récemment, il a perdu
son travail dans une maison de repos, car les patients avaient appris qu'il
avait séjourné en prison.
Les scientologues agissent de la même manière que
Steven Fishman auparavant. A l'époque où il travaillait pour
la Scientologie, il avait lui-même pour mission d'essayer de ruiner
la vie d'anciens membres.
Tout a basculé lorsqu'il a été arrêté
en 1988 pour opérations financières frauduleuses. C'est la
Scientologie qui l'a poussé à ces pratiques, d'après
Fishman. Il a présenté des fausses déclarations dans
le but d'obtenir de l'argent pour payer les cours proposés par la
secte. Fishman en a révélé tous les détails
à son médecin-psychologue Dr Uwe Geertz. A cette même
époque Fishman avait reçu l'ordre de l'Eglise de Scientologie
d'assassiner Dr Geertz, et de se suicider ensuite (faire un "End of Cycle"
dans le jargon scientologue, ndt). Dr Geertz est parvenu à lui faire
renoncer à ce projet.
Fishman fut condamné à 5 ans de prison et à
une amende de 400.000 dollars. Le 29 décembre 1992, il a été
libéré sur parole.
2. La déclaration sous serment de Steven Fishman
En novembre 1991, Fishman et Dr Geertz ont été interviewés
par Time Magazine. Fishman a révélé comment il a été
incité par la secte à commettre des actes frauduleux pour
lesquels la justice américaine l'a condamné et incarcéré.
A la suite de la publication de cette interview, la Scientologie a déposé
plainte contre tous les deux, en réclamant des dédommagements
d'un montant d'un million de dollars. Ce procès a été
pour Fishman l'occasion de démontrer qu'il a été victime
d'un lavage de cerveau et rendu psychotique par la Scientologie. Des extraits
de OT 1 à OT 8, qui sont les cours secrets dits "de plus haut niveau"
de la Scientologie, ont fait partie de sa défense. L'Eglise a finalement
retiré sa plainte, mais le témoignage de Fishman (The Fishman
Affidavit) est resté descellé car le juge a estimé
que les gens avaient le droit de savoir ce qui les attend lorsqu'ils rejoignent
la Scientologie.
3. Les documents OT, dits "sous copyright", publiés sur Internet
C'est ainsi qu'Arnoldo Lerma a pu récupérer ces documents.
Les 31 juillet et 1er août 1995, il a posté l'intégralité
de la déclaration sous serment de Fishman dans le groupe de discussion
news:alt.religion.scientology.
La Scientologie est critiquée dans ce forum depuis bien longtemps
déjà, la plupart des opposants étant des ex-membres
comme Arnoldo Lerma. Quelques jours plus tard, la Scientologie perquisitionna
dans son domicile et saisit son ordinateur et ses lecteurs de disquette.
La Scientologie déclara que Lerma violait le copyright des cours
OT inclus dans la déclaration sous serment de Fishman. Le 5 septembre,
un nouveau front d'opposition s'ouvrit aux Pays-Bas quand la Scientologie
demanda la saisie du matériel de fournisseur d'accès à
Internet XS4ALL (phonétiquement
"access for all"). Les utilisateurs se sont servis de l'espace mémoire
attribué par XS4ALL pour publier la déclaration sous serment
de Fishman. Après qu'il fût question d'une perquisition, le
fournisseur retira le document (même si un peu plus tard, il remit
à la disposition des internautes une version encodée).
Pour protester, d'autres internautes ont décidé
de publier ce même document sur leur propre site web. Plus d'une
centaine de personnes ont contribué ainsi à ce mouvement.
Parmi elles, l'écrivain Marcel Moring, membre du parlement et le
magazine hebdomadaire De Groene Amsterdammer. Par la suite, la Scientologie
a intenté un procès contre quatre providers et contre la
journaliste Karin Spaink à Amsterdam. Le provider Planet Internet
s'est joint volontairement à la défense.
Ce procès est déterminant pour deux raisons : c'est
la première fois qu'un juge néerlandais va statuer sur la
question des autorisations de publication sur Internet, mais aussi sur
la responsabilité des providers au sujet de ces publications. "Nous
avons toujours dit que nous ne pouvions être tenus pour responsables",
déclare Felipe Rodriguez, président de XS4ALL, "c'est
pourquoi nous voulons que ce procès constitue un précédent".
4. La journaliste Karin Spaink principale cible des scientologues
Karin Spaink est le seul particulier à recevoir une citation à
comparaître, parce que la Scientologie la considère comme
"l'instigatrice" de ce mouvement de protestation. Karin fut l'une
des premières à publier le document sur leur home-page. Elle
encouragea ainsi d'autres internautes à faire de même.
"Je suis indignée par cette affaire", dit Karin
Spaink, "la Scientologie a écrit toute sorte de choses, mais
elle met tout en oeuvre pour empêcher de consulter des documents
descellés par un tribunal. Je pense que le débat sur le statut
de la déclaration sous serment de Steven Fishman est très
important. Il est anormal qu'une organisation comme la Scientologie décide
quelles pièces peuvent être accessibles au public. Seul le
juge a pouvoir de décision, dans l'intérêt du public.
Les gens doivent avoir la possibilité de s'informer eux-mêmes
des croyances et des pratiques de la Scientologie. Même à
ses propres membres, la secte dissimule ce qu'il leur sera enseigné
par la suite, jusqu'à ce qu'ils aient passé un certain stade
d'endoctrinement. Mais à mon avis, chaque religion devrait obligatoirement
informer au préalable les gens qui sont intéressés".
"La Scientologie a tout intérêt a empêcher
les échanges d'information entre individus isolés géographiquement,
et elle ne se prive pas de le faire. Mais avec Internet, nous disposons
d'un moyen de communication qui permet des échanges à l'échelle
planétaire. Jusqu'à présent, cette secte semble avoir
sous-estimé cette possibilité désormais accessible
à tout le public."
5. Que contiennent les documents OT ?
Pourquoi les opposants à la Scientologie jugent très important
de laisser les niveaux d'OT disponibles auprès du public ?
D'après les enseignements de la Scientologie, le méchant
prince Xenu régnait sur la Confédération Galactique
il y a 75 millions d'années. Xenu a décidé de résoudre
le problème de surpopulation en éliminant des gens et en
déportant leur âme ("thétans"
dans le jargon scientologue) vers Teegeeack (nom donné à
la planète Terre). Xenu a fait emprisonner les thétans dans
les volcans de Las Palmas et Hawaï, puis provoqué des explosions
avec des bombes H. Après quoi, les thétans ont été
dispersés dans l'atmosphère.
Est-ce que les "body thétans" vous chatouillent ou vous gratouillent
?
Un thétan occupe un corps jusqu'à sa mort puis se déplace
vers un autre. Mais quand un thétan a commis des actes ignominieux
sans les avoir confessés, il n'est plus maître de sa destinée
et reste enfermé dans le vieux corps. C'est ainsi qu'il devient
un "body thétan". Pour recouvrer la santé et le bonheur,
ces "body thétans" doivent être éliminés.
Et non pas par les psychiatres et les psychologues, car ces gens là
sont des charlatans aux yeux de la Scientologie (et en plus, ils complotent
contre la secte, et donc contre l'humanité...). Non, les "body
thétans" ne peuvent être supprimés qu'en continuant
d'étudier les cours de Scientologie, dont les coûts peuvent
atteindre 400.000 dollars. Ceux qui ont passé avec succès
les niveaux d'OT sont des "Thétans Opérants". Les
adeptes croient qu'ils sont habités par des millions de "body thétans"
qui doivent être chassés un par un.
"Les thétans sont détectés au cours des
séances d'audition avec un électromètre", explique
Steven Fishman. "C'est un appareil de mesure en fait sensible à
la transpiration des mains. Au fil des auditions, l'hypnose est tellement
intense que vous croyez réussir à chasser tous les "body
thétans". C'est une version moderne de l'exorcisme".
Le concept de thétan peut nuire gravement à la santé
mentale, car il engendre la paranoïa. En plus, l'élimination
des thétans est aussi futile que l'extermination des bactéries,
à supposer d'ailleurs que les thétans existent ! Des milliers
d'adeptes sont devenus schizophrènes et psychotiques à cause
de ce concept, et certains sont devenus en proie à des idées
suicidaires. Dans le jargon scientologue, ils sont devenus des sources
potentielles d'ennui (PTS : Potential Trouble
Source, ndt). Ils sont envoyé au RPF
(Projet de Réhabilitation par la Force), sorte de goulag scientologue.
Tout çà parce que la secte croit que ces maladies sont une
punition pour un soi-disant acte que vous auriez commis dans une vie antérieure.
Le public est en général au courant de ce qu'est
la Dianétique et son organisation",
dit Fishman, "mais n'a aucune idée de sa réelle puissance
et des idées qu'elle cache. C'est que je tente de publier sur Internet.
Il est important que le public soit au courant de ce qu'est en réalité
la Scientologie".
6. La Scientologie contre ses opposants
C'est seulement lorsque Fishman s'est connecté sur Internet en octobre
qu'il réalisa l'ampleur du mouvement de protestation aux Pays-Bas.
"Je ne me savais pas aussi célèbre en Europe. Ce fut le
plus grand choc de ma vie! J'approuve entièrement les argumentations
du mouvement de protestation hollandais, en particulier sur la liberté
d'expression, mais je veux aussi combattre la Scientologie. Surtout pour
venir en aide à ceux qui sont enfermés dans des camps de
concentration scientologues, réduits à la condition d'esclave,
privés de sommeil, affamés, et parfois audités pendant
16 heures consécutives. Ce qui se produit en ce moment sur Internet
est le symbole des abus que nous, ex-adeptes, combattons."
"La Scientologie m'a envoyé un jour dans une prison
scientologue parce que j'avais osé émettre une critique",
raconte Dennis Ehrlich, un ex-scientologue révérend qui a
aussi été envoyé au tribunal pour violation de copyright.
"Ils m'ont enfermé dans une cellule pendant 10 jours. Imaginez
çà ! Et même ces derniers temps, ils continuent de
faire comme si je leur appartenais. Ils ont confisqué mon ordinateur
en février, et passent leur temps à me traîner devant
la Cour depuis. Quand des scientologues sont entrés chez moi, ils
ont rendus chacune des maisons dans le monde entier un peu moins sûres.
Ils ont montré à tous qu'ils pouvaient pénétrer
partout où il leur plaisait".
"J'ai perdu ma famille, mes amis et mon travail", dit-il avec
émotion. "Mais le pire est qu'ils ont également détruit
mes relations avec mes filles. En quittant la Scientologie, j'ai au moins
gagné le droit de m'exprimer contre cette secte odieuse ! Sans ce
droit, la vie n'aurait plus aucun sens pour moi. S'ils cherchent encore
à me jeter en prison - prison exprimé dans le sens symbolique
- il faudra d'abord qu'ils me tuent. Je ne pourrais jamais supporter à
nouveau ces conditions."
XS4ALL a écrit un rapport édifiant contenant des
extraits de nombreux articles et messages publiés sur le Net au
sujet de la Scientologie. XS4ALL a écrit: "la Scientologie est
une organisation extrêmement dangereuse et criminelle sous bien des
aspects. Elle ne recule devant aucun moyen pour combattre et éliminer
ses opposants".
"J'ai l'intention d'envoyer vos fichiers au Parlement et au
ministre de la Justice", dit Felipe Rodriguez. Le ministre aura à
se pencher sur le cas de la Scientologie, en la considérant comme
une organisation criminelle parmi tant d'autres.
Au début de l'affaire de la publication des documents OT
sur le Net, Karin Spaink ignorait tout de la Scientologie. Mais au fur
et à mesure de ses recherches, elle a découvert des documents
à faire dresser les cheveux sur la tête. "Cela m'a rendue
malade: camps de prisonniers, services secrets. Les scientologues croient
qu'ils peuvent agir selon leur bon vouloir contre les opposants, légalement
ou illégalement. Paulette Cooper, qui a écrit le livre The
scandal of Scientology, a été la cible de l'Opération
Freakout. Cette opération avait pour but de la jeter en prison
ou la faire interner dans un asile psychiatrique. Le FBI a découvert
tous les détails de cette Opération Freakout dans des locaux
de la Scientologie".
Maintenant qu'elle s'est fait repérer par la secte, elle
prend certaines précautions élémentaires: "Je ferme
soigneusement ma maison, contrôle les freins avant de démarrer,
jette un regard rapide dans les rues environnantes. J'ai aussi confié
des copies de sauvegarde du contenu de mon disque dur à des amis."
Sur Internet, les attaques contre Karin Spaink ont déjà
commencé: "Sur news:alt.religion.scientology,
j'ai été traité de conspiratrice, référencée
à un KKK-Spaink (Ku Klux Klan) et tout récemment, avec d'autres
opposants, ils m'ont collés une étiquette de néo-nazi.
Je ne sais qui sont à l'origine de ces calomnies, mais cela en dit
long sur l'atmosphère qui règne".
7. Décision d'un juge américain concernant la publication
des niveaux OT
Après que la déclaration sous serment de Fishman ait été
publiée depuis plus de deux ans, elle fut scellée en août
1995. Le 14 novembre, un appel fut lancé à Pasadena pour
faire annuler cette décision. L'affaire est toujours en cours d'examen
par le juge. "Par la suite, nous étions entourés par des
agents de l'OSA, le service de renseignement
scientologue", dit Fishman. "Ils nous agressaient verbalement. J'étais
ainsi filmé par Eugene Ingram, l'une des détectives notoires
de la Scientologie. Mais lorsque j'ai commencé à parler du
contenu des documents OT de "plus haut niveau", ils se sont tous réfugiés
dans leur voiture. Les scientologues qui ont déjà connaissance
de ces niveaux d'OT inspirent plus ou plus délibérément
une crainte de mort à leur coreligionnaires plus novices, car ils
sont convaincus que de les adeptes non initiés sont incapables de
contrôler leurs propres pensées. Les scientologues me faisait
croire ceci: si je commettais un acte hostile envers la Scientologie, je
serais victime d'une attaque cardiaque. A cet époque, j'y croyais
sérieusement. La peur est la principale chose qui retient les adeptes
dans la Scientologie."
OT 7 se réfère à ceci:
"Repérer une personne. (...) Introduisez une pensée
dans cette personne. (...) Faites choisir à cette personne de se
déplacer vers un autre lieu ou de saisir tel autre objet. (...)
Inculquez votre décision dans cette personne, faites en sorte qu'elle
soit devenue sa propre décision."
Et aussi:
"Sortez du parc, de la gare ou tout autre lieu occupé par
la foule. Inculquez des intentions dans les individus. Exercez-vous jusqu'à
ce que vous arriviez à donner ces intentions dans n'importe quel
esprit et/ou corps."
Fishman: "L'avocat du Dr Geertz a clairement démontré
pendant l'appel en justice que la Scientologie présente un type
de comportement particulier. Elle abuse du système légal
pour obtenir ce qu'elle veut. C'est une secte qui dépense près
de 20 millions de dollars en frais de justice chaque année ! Nous
essayons de convaincre le tribunal de prendre cette décision: 'Cette
affaire est grotesque, la plainte de la Scientologie doit être déboutée'".
Un premier pas dans cette direction a déjà été
fait. La Scientologie a inculpé Arnoldo Lerma, son provider DGS
et Le Washington Post pour avoir cité publiquement certaines phrases
extraites de la déclaration sous serment de Fishman. Le 29 novembre
1995, le juge infligea une sévère défaite à
la Scientologie. Le juge a estimé que Le Washington Post ne violait
pas le copyright de la Scientologie dans le mesure où ce journal
a fait un "usage correct" de la déclaration sous serment de Fishman.
"Usage correct" signifie: usage limité à des fins de critique,
de commentaire, de rapport ou d'étude.
Mais le juge Brinkema n'a pas reconnu l'"usage correct" dans le
cas d'Arnoldo Lerma, parce qu'il a publié l'intégralité
de déclaration sous serment, et sans avoir ajouté des commentaires.
Mais le juge était surtout préoccupé par les véritables
objectifs des scientologues dans ce procès. Elle déclare:
"La Cour juge répréhensibles les motivations du plaignant
dans cette affaire contre le Washington Post. Bien que la plainte du RTC
(Religious Technology Center, une des branches de la Scientologie) soit
basée un concept classique des lois de la protection du copyright
et des secrets de fabrication, elle révèle de toute évidence
des motivations beaucoup plus larges: l'étouffement de la critique
et de la dissidence aux pratiques "religieuses" de la Scientologie et l'élimination
de ses opposants par des procès longs et coûteux. (...) Si
la Cour avait eu conscience des véritables motivations derrière
ce procès, elle n'aurait pas délivré de mandat pour
la saisie des biens d'Arnoldo Lerma".
8. Interview de deux scientologues
Le 7 décembre, je me suis entretenue pendant deux heures et demie
avec deux scientologues: Julia Rijnvis et Martin Weighman (Managing Director
European Human Rights). C'était une conversation laborieuse pendant
laquelle les scientologues qualifièrent Steven Fishman de "criminel
condamné", Dennis Erlich de "dément", et accusèrent
Karin Spaink de répandre des mensonges.
Voici une version condensée de cette interview:
Question : "Les niveaux d'OT font-ils partie des documents public de
la Cour ?"
Réponse de Rijnvis : "Cela ne lève pas le copyright des
niveaux d'OT. Sinon, cela signifierait que chaque best-seller qui finit
devant une Cour américaine deviendrait un document public qui pourrait
être diffusé."
Question : "Mais Fishman a présenté ces matériaux
pour prouver que la Scientologie pratique le lavage de cerveau sur ses
membres."
Réponse de Rijnvis : "Dans sa déclaration, il ne se réfère
jamais aux niveaux d'OT, ce qui prouve qu'il les a présentées
uniquement pour les faire publier. Il essaye de nous monter un mauvais
coup. Mais un agent du FBI a prouvé que Fishman a demandé
à quelqu'un de faire un appel téléphonique dans lesquels
il était incité au suicide ou au meurtre." (Commentaires
de Fishman: "c'est la vérité, mais je l'ai fait à
l'époque où j'étais sous les ordres de la Scientologie.
Ils cherchaient à détourner l'attention du FBI dans son enquête
sur les malversations que j'avais commises. Plus tard, j'ai réellement
reçu l'ordre d'éliminer physiquement Dr Geertz puis moi-même".)
A nouveau cette question : "Mais Fishman voulait simplement prouver
qu'il avait été victime du lavage de cerveau."
Réponse de Rijnvis : "Les experts hollandais ont déclaré
que le lavage de cerveau ne pouvait être démontré scientifiquement,
que le lavage de cerveau n'existait pas."
Question : "Qu'est-ce qui vous permet d'affirmer çà ?
Il y a pourtant tellement d'évidence."
Réponse de Rijnvis : "In 1993, l'Eglise mère américaine
a été, au bout de 40 ans, déclarée religion
authentique (ndr: aux Etats-Unis, des milliers de religions, parfois douteuses,
ont été officiellement reconnues. Dans de nombreux pays,
comme l'Allemagne, la Scientologie n'est pas reconnue comme une religion).
Toutes les accusations de ces dernières années ont été
rigoureusement vérifiées et réfutées. Quiconque
prétend que le procès en cours soulève la question
de la liberté d'expression devrait prendre en compte cet aspect.
La notion de lavage de cerveau est grotesque ! Elle est scientifiquement
obsolète !".
Question : "Pourquoi les niveaux d'OT doivent rester secrets ?"
Réponse de Rijnvis : "Les textes publiés sur Internet
sont des cours avancés. Nous voulons qu'ils ne soient accessibles
qu'aux personnes ayant accompli au préalable les étapes nécessaires,
parce que nous voulons être sûrs qu'ils peuvent comprendre
ces matériaux. C'est notre droit, parce que c'est notre religion.
Il est nécessaire d'avoir atteint un certain niveau de conscience
avant de découvrir ces matériaux."
Question : "Combien doit payer un étudiant avant d'être
prêt à découvrir les plus hauts niveaux d'OT ?"
Réponse de Rijnvis : "Bien, euh peut-être... C'est à
ces gens de décider, n'est-ce pas ? Les autres dépensent
leur argent pour d'autres choses."
Question : "Est-ce que cela a un effet négatif sur le chiffre
d'affaire de l'Eglise ?"
Réponse de Rijnvis : "Bien sûr il y a des personnes non
membres qui disent : 'Qu'est-ce que c'est que cette aburdité ? Laissez-moi
en dehors de tout çà !'. Mais vous me donnez l'impression
de nous considérer comme une entreprise commerciale et que si vous
êtes dedans, c'est que vous vous êtes présenté
à une mauvaise adresse."
Question : "Mais c'est une entreprise commerciale."
Réponse de Rijnvis : "D'où tenez-vous cette idée
? Nous sommes reconnus comme une religion. Nos membres versent des donations
et reçoivent un service en retour."
Question : "Ce que vous venez de dire peut être exprimé
d'une autre manière : si vous voulez en apprendre plus sur la Scientologie,
vous devez ouvrir votre portefeuille."
Réponse de Rijnvis : "Ouais, et alors ? C'est de cette façon
que notre religion est organisée. Il a été prouvé
que c'est une solution adaptée pour assurer l'expansion de notre
église."
Question : "Les opposants affirment que vous défendez votre copyright
pour étouffer les critiques contre la Scientologie."
Réponse de Weightman : "C'est complètement faux. Nous
n'apprécions pas les mensonges et nous essayons de les corriger.
Mais nous n'essayons pas de mettre fin aux discussions au sujet de la Scientologie
sur Internet."
Question : "Alors pourquoi l'avocate Helena Kobrin a t-elle essayé
de faire retirer le newsgroup news:alt.religion.scientology
?"
Réponse de Weightman : "C'était une erreur."
Question : "Un message de contrôle d'annulation d'un newsgroup
est-il si aisé à envoyer pour avoir provoqué une telle
erreur ?"
Réponse de Weightman : "Je ne connais pas les détails
de cette affaire."
Question : "N'êtes-vous pas inquiet de la décision du juge
Brinkemas ?"
Réponse de Rijnvis : "Bien sûr que c'est préoccupant.
Mais c'est aussi une décision provisoire dans le cas de l'affaire
contre Dennis Ehrlich, où les providers ont été jugés
responsables. Donc c'est un point partout (ndr: le juge avait décidé
que la responsabilité des providers était engagée
sous certaines conditions)."
Réponse de Weightman : "Mais ce n'est certainement pas dans la
politique de l'église d'engager systématiquement des poursuites
judiciaires."
Question : "Excusez-moi mais je vous rappelle que la déclaration
sous serment de Fishman contient de nombreuses instructions de Ron Hubbard
recommandant d'engager des poursuites contre les critiques. Pas nécessairement
dans le but de gagner, mais seulement pour apporter un maximum de tracasseries
à ses opposants."
Réponse de Rijnvis : "La question est de savoir si cela a été
exprimé de cette façon par Hubbard. Il faut le vérifier."
Question : "Vous n'avez pas été très habile d'attirer
l'attention sur la déclaration sous serment de Fishman. A cause
de cette affaire, de nombreux faits sur la Scientologie sont maintenant
connus du public."
Réponse de Rijnvis : "Fishman a ajouté délibérement
les niveaux d'OT dans son dossier pour nuire à l'église.
S'il n'avait pas l'intention de réussir dans cette voie, il aurait
agi autrement. Les gens d'Internet ont été mal informés
à notre sujet. C'est comme si nous étions une organisation
de type Gestapo. C'est vraiment complètement ridicule !"
Question : "N'avez-vous pas sous-estimé la force d'Internet ?"
Réponse de Rijnvis : "Internet est un moyen de communication
rapide, qui rend encore plus difficile le traitement de ce genre d'affaire."
Réponse de Weightman : "La réaction des hollandais a été
bien entendu une surprise. Nous pensions que ce n'était qu'une simple
affaire de copyright. Nous ne nous attendions pas à ce que des personnes
y trouvent des accusations aussi stupides. C'est quelque chose que nous
avons sous-estimé."
Question : "Vous avez déjà annoncé votre intention
de faire appel au jugement du procès que vous êtes en train
de perdre. Si cet appel se retourne encore contre la Scientologie, vous
conformerez-vous à cette décision ?"
Réponse de Rijnvis : "Pas avant la décision finale. S'il
existe d'autres recours légaux, nous les emploierons. Nous avons
des droits à faire respecter. Nous disons: c'est la loi du copyright
et c'est de cette façon qu'il faut l'interpréter."
9. Le procès prévu pour le 14 décembre 1995
La communauté des internautes attend avec impatience le déroulement
du procès prévu le 14 décembre 1995. Le présence
de Steven Fishman, l'homme qui est à l'origine de ce mouvement,
ajoutera du piquant à cet événement. Des partisans
se sont envolés vers les Etats-Unis exprès pour assister
à ce procès.
Si je le juge le lui permet, Fishman exprimera son avis selon
lequel le RTC (Religious Technology Center) n'a jamais détenu de
copyright. Selon lui, "la signature sur ce document est une contrefaçon.
Mais à part çà, le document a été certifié
devant notaire par David Miscavige, le numéro un de la Scientologie
et président du bureau du RTC (Religious Technology Center). C'est
illégal.
Je suis actuellement le pire ennemi de la Scientologie",
dit-il. "Ils m'ont dit qu'ils me prendraient en chasse jusqu'au bout
du monde s'il le fallait, que je ne connaîtrais plus jamais un moment
de tranquillité de ma vie. Cela s'est révélé
exact. Maintenant ils affirment que je suis un dément, histoire
de me faire taire. Mais je ne m'arrêterai pas. Les scientologues
n'ont pas à décider de ce que doivent penser les gens à
travers le monde. Internet appartient à tout le monde."
Note de l'éditeur
Après avoir lu l'article, l'éditeur a reçu un fax
rédigé par le porte-parole international de la Scientologie,
Leisa Goodman. En résumé, elle déclare que les "accusations"
de Fishman sont fausses. D'après Goodman, Fishman est un "mythomane",
un fait soi-disant confirmé par le psychiatre de prison Dr Albert
Rossi (nous avons appelé son médecin-psychologue personnel,
Dr Geertz, qui a démenti ces propos). Goodman nie le fait que Fishman
ait travaillé pour la Scientologie : "Il a seulement suivi trois
cours mineurs jusqu'à ce que nous lui ayons annoncé qu'il
ne pourrait pas rester membre de la Scientologie, du fait de son comportement
psychotique et de sa malhonnêteté pathologique." Peu après
avoir reçu ce fax, nous avons eu une conversation téléphonique
avec Leisa Goodman. A la fin de cette conversation, elle a dit à
notre reporter: "J'espère que vous vous rendez compte de ce qui
vous attend."