Actualités sur les sectes en septembre 2005.

 

ScientologieDans la secte
RaëlNouveau livre de Houellebecq: l'Unadfi dénonce une "apologie" des raéliens
SectesQuand les sectes s’emparent de la science
E.U.R.D.La Chambre condamnée
E.U.R.D.L'Etat belge condamné
E.U.R.D.Le Parlement giflé par la Justice
Actualités diversesVisite officielle du Commissaire aux Droits de l’Homme en France
ScientologieL'Eglise de scientologie salue la condamnation de l'Etat belge
Actualités diversesLes protestants réclament une révision de la loi de 1905
Actualités diverses

La possibilité d'un bide

Sectes Assemblée Nationale - Réponse. (Philippe Vuilque) protection enfants
ReligionsLa nonne roumaine morte crucifiée sera exhumée pour une nouvelle autopsie
FalungongS'il est expulsé en Chine par Ottawa un adepte de Falun Gong craint la mort
E.U.R.D et SectesSectes : que la justice ne hurle pas avec les loups
AUMLe gourou de la secte Aum soumis par la justice à une évaluation psychiatrique
ScientologieLes scientologues en quête d'âmes en Louisiane
SectesAssemblée Nationale - Question. (MMe Martine Aurillac) lutte et prévention
E.U.R.DL'Eglise Universelle devient un parti politique au Brésil
Soins Psy"Livre noir de la psychanalyse": émoi chez les "psys"
Soins PsyDe l'ordre sur la planète psy
Opus DeiLe fondateur de l'Opus Dei statufié et béni par Benoît XVI
SatanismeLes exorcistes italiens tiennent actuellement leur convention nationale
RaëlCaméra cachée chez les Raéliens en "séminaire sensuel" à Barcelone
Actualités diversesSarkozy: le texte de loi de 1905 "peut supporter un toilettage"
SectesOffensive judiciaire contre Unadfi accusée d'être "une police de la pensée"
SectesAssemblée Nationale - Question/réponse - (Philippe Vuilque) AMMA AMRITA
SectesAssemblée Nationale - Question/réponse - (Philippe Vuilque) Douanes
Témoins de JéhovahSuspension de la peine de prison d'un objecteur grec défendu par Amnesty
RaëlBron : la municipalité fait enlever les affiches à l'effigie de Raël
RaëlLes raéliens lancent une offensive tous azimuts contre les médias du Québec
MoonLes serfs rebelles de la secte Moon
Moon«Une mafia théologico-financière»
Triste actualitéA Ivry, émotion et interrogations après le suicide de deux adolescentes
RaëlRaël poursuit, en appel,une ancienne adepte pour diffamation
RaëlL'ex-raélienne se défend
SectesUn gourou russe discrédite les mères de Beslan
RaëlL'Agence Science-Presse contre Raël
RaëlProcès en diffamation : Contre Raël, Le Droit invoque... la vérité
RaëlUne journée épuisante pour Raël
SectesUne représentante de l'ONU juge la loi française "à double tranchant"
SectesLes sectes gagnent encore du terrain
SectesLes sectes nuisent à la santé
SectesMiviludes: le nouveau président veut aider les victimes à dénoncer les sectes
Sahaja YogaSahaja Yoga conteste la vérité officielle
RaëlProcès Gratton - Raël
SectesQuelle est la réalité des sectes?

(*) Articles ou documents qui, compte tenu de leur taille, ne sont pas ci-dessous, mais sur une page particulière ou sur le Web



France : Scientologie

"Dans la secte"

Courriel, 1er septembre2005

[Texte intégral]

"Dans la secte" traite du sujet délicat et douloureux des victimes de sectes. Bien qu'il s'attaque à une secte en particulier - la plus médiatique - le scénario de Pierre Henri vise à aider toutes les victimes dans leur ensemble.

Il atteint parfaitement son but : tout en délicatesse, à son rythme, il parvient a bien montrer au lecteur la descente aux enfers de Marion, lente, mais inexorable ; comment, petit à petit, sa vie quotidienne a pris une tournure délicate, le stress, les fausses solutions (fêtes, alcool, LSD...).
Tout est raconté à la première personne, ce qui a pour mérite d'établir un lien direct, sans tabou, avec le lecteur. Marion nous raconte comment, sans s'en rendre compte et pour ainsi dire volontairement, elle s'est retrouvée prise dans l'engrenage. Elle raconte tous les petits détails, et parfois, c'est assez pénible de le lire, de voir comment elle a ??té manipulée.

Ce qui rend la lecture encore plus terrifiante, c'est que les arguments de la "secte" semblent justes : le lecteur a un peu les mêmes réactions que Marion : "je ne suis pas bien, mais ces gens sont gentils, ils peuvent sans doute m'aider". Le processus d'aliénation est très bien décrit et montre comment ces gens profitent de la moindre faiblesse "psychologique".

A cet égard, les dessins de Louis Alloing sont parfaits : ils sont très doux, et montrent toute la fragilité de Marion. Et en même temps, ils rendent parfaitement compte de la dureté des gens de la secte, tout en les montrant mielleux lorsqu'il faut amadouer l'adepte.

La couverture illustre très bien cette ambivalence du trait : les deux ombres sont particulièrement menaçantes, voire terrifiantres. La pauvre Marion paraît bien démunie face à elles. Elle se fait l'égérie de la faiblesse des personnes victimes de sectes.
Un ouvrage instructif et touchant, à lire absolument.



France : Raël

Nouveau livre de Houellebecq: l'Unadfi dénonce une "apologie" des raéliens

AFP, 1er septembre2005

[Texte intégral]

PARIS - Catherine Picard, présidente de l'Union nationale des associations de défense des familles et de l'individu (Unadfi), qui lutte contre les dérives sectaires, a dénoncé jeudi dans le dernier roman de Michel Houellebecq, une "apologie" des raéliens. "Je pense que sous des formes de fiction, de provocation, il y a une apologie de la secte raélienne, et cela me chiffonne évidemment", a déclaré Mme Picard à l'AFP, relevant qu'il "y a une cinquantaine de pages qui présentent la secte", dans ce roman intitulé "La possibilité d'une île". Pour elle, "on est sur un double langage habilement fait" qui estime d'un côté que "ce mouvement sectaire correspond à l'idée (que se fait l'auteur) de l'éternité, de l'immortalité" et qui affirme d'un autre côté "ne pas cautionner ce mouvement".

Mme Picard a toutefois jugé "assez juste" la description de la secte. "Ce qui est intéressant, c'est la manière de montrer la secte sous son véritable aspect mafieux et je me demande comment Raël peut être tout à fait satisfait de se voir, s'il est bien le modèle du texte, complice d'assassinats, de camouflages, de disparition de corps", a-t-elle relevé. Mais malgré tout, "ce qui me gêne le plus, c'est qu'on parle de Raël", a poursuivi Mme Picard. "Comme ce bouquin n'est qu'un acte de communication et pas une oeuvre littéraire, plus on le centre sur le sujet Raël, plus on donne de caution et de légitimité à Raël qui doit être ravi qu'on lui fasse une publicité gratuite", a-t-elle estimé. "C'est de nouveau le moyen de les remettre en scène (...) en fin de compte, Houellebecq les cautionne", a-t-elle affirmé.

Lundi, les raéliens ont félicité l'auteur pour son dernier ouvrage qui met en scène un personnage contemporain, Daniel, et ses clones, des "néo-humains" qui souffrent d'avoir renoncé à leur part d'humanité, avec en décor une secte promettant l'immortalité à ses membres.




France : Sectes

Quand les sectes s’emparent de la science

AFIS, 1er septembre2005

[Texte intégral]

Dans Sciences et Avenir de septembre 2005

Santé et mouvements spiritualistes : danger !
Le dossier de Sciences et Avenir de la rentrée 2005 est réalisé par Olivier Hertel et s’inscrit au coeur de notre mission : il dénonce et explique quelques méthodes de charlatans qui se servent de la science pour introduire de graves dérives et mettre la santé du public en danger. Avec un titre sans équivoque « Sectes et sciences : la grande manipulation » Le dossier se décompose en trois parties. La première, sur deux pages, est une réflexion générale de type introductif. Pourquoi de plus en plus de personnes se tournent-elles vers des mouvements spiritualistes ou religieux qui se prétendent scientifiques ?

Science responsable ou science alibi ?
Deux hypothèses sont avancées :

1- La religion a renoncé à son pouvoir institutionnel, [1] mais le besoin de croire est resté. La science endosserait donc le rôle de la religion, bien assis grâce à notre lien privilégié avec les technologies du quotidien. De là à suivre aveuglément celui qui suggère une fusion des deux, il n’y a qu’un pas.

2- Les adeptes des nouveaux mouvements religieux sont impliqués dans la culture scientifique ; [2] ils ont besoin de fonder leurs croyances sur du rationnel et naviguent ainsi de l’un à l’autre.

Sciences et Avenir résume la situation en avertissant que si la science est appelée à la rescousse dans ces mouvements sectaires, c’est bien pour « fournir un alibi rationnel » aux illuminés. Le lecteur en déduira à juste titre que c’est bien le gourou qui fabrique son adepte, le manipule en détournant la logique même de la démarche scientifique.

Claude Sabbah, héritier de Hamer
Après les tentatives d’explication du phé
nomène, le dossier s’ouvre sur un article consistant : "Les gourous en blouse blanche". Il s’agit de quelques disciples de Ryke Geerd Hamer, qui proclament à de grandes assemblées de fidèles que la maladie n’existe pas. Le gourou le plus représentatif, héritier direct de la médecine nouvelle, est Claude Sabbah, ancien médecin. Il a mis au point le concept de « biologie totale ». Il prétend que la maladie est un moyen de survie programmé par le cerveau. On ne peut qu’apprécier l’incohérence totale du propos de Sabbah qui illustre cette thèse : « Si tous les gens qui aujourd’hui ont une maladie ne l’avaient pas, ils seraient morts depuis belle lurette ! ». Qui dit programmation dit déprogrammation. Sabbah se fait fort de vous déprogrammer en quelques, nombreuses, séances. Il y a les séances de biologie totale, et puis il y a les stages de quelques jours qui vous permettront de devenir vous aussi psychothérapeutes en biolo.

La biologie totale, une nouvelle psychanalyse
En quoi consiste cette mystérieuse thérapie ? C’est une pratique psychanalytique, rien d’autre. L’auteur du dossier, Olivier Hertel, s’est soumis à une séance. Sa constipation ? Certainement un abus sexuel dans l’enfance ! Mais le (la) thérapeute n’affirme rien, ne se mouille pas, il ou elle fait des allusions et pousse son client à aller pêcher lui-même le poisson visé. On ne peut s’empêcher de faire un rapprochement avec la psychanalyse elle-même qui, par manipulation allusive et insistante, provoque la fabrication de faux souvenirs.

Méthodes diversifiées et destructrices
Mais la biologie totale va plus loin ; elle décode les conflits à travers les générations ! C’est la psycho-généalogie. Vous êtes mal dans votre peau ? C’est la faute de votre grand-père, tante ou ascendant quelconque qui ne vous a pas tout dit et a eu le malheur d’avoir une vie privée ! Vous ne savez pas tout de vos ascendants et ça vous mine. L’adepte doit déterrer les problèmes en explorant sa famille. Encore une méthode qui va faire le lit de conflits, voire de drames familiaux, à cause d’accusations farfelues...Mais on s’en étonnera peu, car les sectes ont un but commun : briser tout lien social (la famille est bien une interface privilégiée avec le social) pour mieux garder l’adepte dans le noyau serré de la secte. Et puis la méthode la plus connue, celle qui est issue directement de la médecine nouvelle, c’est de stopper toute médication conventionnelle. C’est d’ailleurs ce qui a envoyé en prison monsieur Hammer, condamné en juillet 2004 à Chambéry. D’autres adeptes de Hamer essaiment partout en même temps que Claude Sabbah ; son représentant en Belgique, Louis V. est inculpé, suite à la plainte d’une famille d’un de ses patients décédé, et d’autres dossiers de patients disparus ont été trouvés chez lui. Gérard Athias, disciple de Sabbah, lui, y ajoute ...les tarots de Marseille. Il soigne aussi en jouant avec les mots ; il a écrit 8 livres de "médecine" où il explique par exemple que l’allergie au pollen est une réaction à la mère, et que la varicelle est un changement de regard sur la mère (celle qui varie, à l’envers). Mais bien sûr tous ces escrocs réfutent, avec l’air scandalisé qui convient, toutes les accusations de "sectes" et de "gourous".

Scientologie et impunité
Le second volet du dossier concerne la scientologie. Une perspective historique montre à quel point le fondement est totalement absurde. Une histoire des origines nous situerait à 75 millions d’années en arrière, avec la déportation, depuis une autre planète, de 13 milliers de milliards d’êtres humans, jetés dans des volcans, assommés de bombes H. Les âmes des êtres sacrifiés, les Thétans, qui furent capturés par filets électroniques.... faut-il narrer la suite ? C’est un salmigondis d’absurdités, que d’ailleurs les adeptes ne connaissent pas. Car la scientologie recrute grâce à d’autres critères, plus abordables : test de personnalité, avec deux cent questions. Impressionnant ! deux cent questions pour vous tout seul ! On vous trouvera des troubles, jamais irréparables, mais à traiter d’urgence. Se purifier, vite !. D’abord par une pratique anodine, le jogging. Une cure de vitamines en sus de la course, et vous êtes rassurés ; c’est à la mode et cela paraît sain, tout de même ! Puis le mental est passé au crible. Encore un peu de psychanalyse (commune à beaucoup de sectes), ça vous dit ? Juste pour débusquer les “engrammes” cachés dans votre inconscient, ces saletés responsables de vos maladies psyschosomatiques, et qui vous encombrent la tête. En langage clair, on appelle ça du nettoyage de cerveau. Mais un petit outil "pour faire science" vient en renfort : l’électromètre, garant de la surveillance de vos pensées mauvaises, enregistrées. Olivier Hertel note que les scientologues échappent bien à la justice et se demande pourquoi. Arnaud Palisson, docteur en droit [3] affirme pourtant que le droit français permet de démanteler cette secte (pour escroquerie souvent aggravée, tromperie en droit de la consommation au sujet de l’électromètre en vente, exercice illégal de la médecine au sujet des techniques de purification). Trois des juges qui travaillent sur plusieurs affaires judiciaires concernant la scientologie se sont procurés la thèse de doctorat de Arnaud Palisson. Espoir...

Témoins de Jéhovah et raéliens
Leur cheval de bataille à eux, c’est de faire tomber la théorie de l’évolution. Et pour mieux convaincre, ils font croire que les scientifiques n’étant pas tous d’accord, il est permis de douter de leur fiabilité. Et de retourner la situation comme un gant en prétendant « que pour croire en l’évolution, il faut avoir la foi des scientifiques. Moralité : la secte, c’est eux ! » Raéliens comme Témoins de Jéhovah sont créationnistes. Ils brodent des scénarios des origines à grand renfort de personnages mythiques, comme les Elohim des raéliens qui auraient faire naître les terres grâce à des bombardements dans l’océan primitif, ou prévoient l’apocalypse comme les Témoins de Jéhovah, apocalypse qui n’épargnera que les adeptes.

Le dossier dans son ensemble est très intéressant. La partie la mieux traitée demeure celle sur la biologie totale et des gourous en blouse blanche. Elle insiste bien sur la manipulation intellectuelle, les incohérences, mais aussi l’escroquerie aggravée, la menace pour la santé, sans oublier le ridicule de leurs théories fondatrices. A. L.


[1] Hypothèse de Nathalie Lucas, chargée de recherche au Centre d’études interdisciplinaires des faits religieux du CNRS à Paris

[2] Hypothèse de Danièle Hervieu-Léger, présidente de l’École des hautes études en sciences sociales

[3] Voir la note de lecture sur son ouvrage Grande enquête sur la scientologie, une secte hors la loi dans le numéro 265 de SP



Belgique : E.U.R.D

La Chambre condamnée

lire aussi

Le Soir, 2 septembre2005

[Texte intégral]

Bruxelles - La Cour d'appel de Bruxelles a condamné la Chambre des représentants au motif qu'elle a porté atteinte à l'image d'une organisation retenue dans le rapport sur les sectes publié en 1997. L'Etat se pourvoira en Cassation.

L'organisation en question est l'Eglise universelle du royaume de dieu.

En première instance, l'action avait été jugée irrecevable.Les quotidiens Le Soir et De Standaard publieront dans leur édition du week-end une partie de l'arrêt, en vertu de la décision de la Cour. En cas de non publication, l'Etat aurait été condamné à payer une astreinte de 1.000 euros par semaine, le pourvoi en Cassation n'étant pas suspensif.La Cour d'appel de Bruxelles n'a pas retenu dans son arrêt le principe constitutionnel qui veut qu'aucun membre de l'une ou l'autre Chambre ne peut être poursuivi ou recherché à l'occasion des opinions et votes émis par lui dans l'exercice de ses fonctions.

Une première.Lors d'une conférence de presse, le président de la Chambre Herman De Croo a jugé la situation très grave. Si l'arrêt venait à être confirmé par la Cour de cassation, il "pourrait signifier la fin de l'indépendance parlementaire", selon le premier citoyen de l'Etat.



Belgique : E.U.R.D

L'Etat belge condamné

lire aussi

La Libre, 2 septembre2005 par V.d.W

[Texte intégral]

Un tribunal a jugé que les conclusions de la commission d'enquête sur les sectes étaient trop légères.
La plainte a été déposée par l'Église universelle du Royaume de Dieu.
Danger ! dit le président de la Chambre.

Fait exceptionnel: suite à une plainte déposée par l'Eglise universelle du Royaume de Dieu (UIRD ou encore communauté du Caillou) un tribunal, la cour d'appel de Bruxelles a, le 28 juin dernier, condamné l'Etat belge, représenté par le président de la Chambre, Herman De Croo. Motif? Le rapport de la commission d'enquête sur les sectes contiendrait des critiques et des assertions publiées à la légère et sans vérification. L'Eglise universelle du Royaume de Dieu était, notamment, assimilée à une «véritable association criminelle dont le seul but est l'enrichissement». Les conclusions mentionnaient aussi des activités «d'une vaste entreprise d'escroquerie». La Chambre a décidé de se pourvoir en cassation.

La commission d'enquête «chargée d'élaborer une politique en vue de lutter contre les pratiques illégales des sectes et le danger qu'elles représentent pour la société et particulièrement les mineurs d'âge» avait rendu son rapport le 28 avril 1997. Dans l'annexe de ce rapport, figurait une liste d'associations décrites comme ayant un comportement sectaire. Quatre d'entre elles avaient à l'époque décidé de porter plainte contre l'Etat belge: l'Eglise universelle du Royaume de Dieu, l'Eglise de scientologie, Vibration Coeur et la Communauté de la Cité. Jusqu'à présent, seule l'action intentée par l'Eglise universelle a abouti à une condamnation qu'elle a obtenue en appel.

Immunité

Quelle est le raisonnement de la cour d'appel: reconnaissant le principe d'irresponsabilité parlementaire, La Cour n'a pas constaté de faute lors du fonctionnement de la commission d'enquête. Mais elle a estimé que la demande de l'Eglise universelle était partiellement fondée du chef de violation du devoir de prudence à l'occasion de la rédaction du rapport public, cette violation ayant porté atteinte à l'image de l'asbl au sein de la population. L'Etat belge est condamné à verser 1 euro symbolique (20 millions de francs étaient demandés) et à publier une synthèse du jugement dans deux journaux. Même s'il ne souhaitait pas s'exprimer sur le contenu du jugement rendu, le président de la Chambre, Herman De Croo (VLD) ne cachait pas, vendredi, sa surprise, sa déception face à un arrêt «qui va totalement à l'encontre du plus élémentaire respect de l'immunité parlementaire». Car, la première immunité, rappelle M. De Croo, est celle de l'irresponsabilité parlementaire qui est reconnue à tous les parlements de tous les Etats démocratiques et confirmée par la Cour européenne. Et si ce genre d'arrêt devait se multiplier, dit-il, on pourrait faire taire tous les parlementaires.

Légères, les affirmations? Le rapport parlementaire contesté ne pouvait faire autre chose que de reprendre les affirmations qui avaient été lancées à huis clos par des témoins. De plus, rappelle le président de la Chambre, toutes les associations mises en cause avaient la possibilité, à l'époque, de venir s'exprimer ou de déposer des conclusions. L'Eglise universelle du Royaume de Dieu ne l'a pas fait. «Nous devons respecter les décisions de justice mais la justice, demande M. De Croo, doit aussi respecter l'indépendance du Parlement et la séparation des pouvoirs.»



Belgique : E.U.R.D

Le Parlement giflé par la Justice

Le Soir, 4 septembre2005 par Michelle Lamensch

[Texte intégral]

La Chambre aurait porté atteinte à l’image d’une secte, selon la cour d’appel / La Justice porte atteinte à l’immunité des parlementaires, riposte Herman De Croo.

C'est toute l'institution parlementaire qui tremble sur ses bases. Pour la première fois en Belgique, la justice - la cour d'appel de Bruxelles - estime que la Chambre a violé son devoir de prudence et fait preuve d'une grande indélicatesse dans la rédaction du rapport de la commission parlementaire d'enquête sur les sectes, déposé le 28 avril 1997. Cette violation, dit la cour, a porté atteinte à l'image de l'Eglise universelle du royaume de Dieu au sein de la population - un mouvement protestant pentecôtiste d'origine brésilienne. L'arrêt condamne le Parlement au paiement d'un euro symbolique.

Ceci est d'une gravité colossale pour l'immunité absolue du parlementaire !, a réagi, vendredi, le président de la Chambre, Herman De Croo. J'irai jusqu'au bout, en cassation et, s'il le faut, devant la Cour européenne des droits de l'homme. Si la Chambre est définitivement condamnée, je m'en vais car ce serait la fin de l'indépendance parlementaire.

En juin 1998, l'Eglise universelle du royaume de Dieu et trois de ses administrateurs avaient assigné l'Etat belge, représenté par le président de la Chambre, parce qu'ils estimaient que les passages du rapport parlementaire qui les concernaient donnaient une image erronée de l'ASBL et que la commission avait fait preuve de négligence en la matière.

Les passages litigieux rapportent les déclarations d'un témoin, recueillies à huis clos, comme c'est l'usage lorsqu'on craint des représailles. Ce témoin évoque, à propos de l'ASBL, une véritable association criminelle, dont le seul but est l'enrichissement, une vaste entreprise d'escroquerie.

Notons que la justice ne dispose pas des déclarations des témoins auditionnés à huis clos, mais seulement du résumé qui en a été fait par la commission.

En novembre 2000, Le tribunal de première instance de Bruxelles avait déclaré la demande de l'ASBL irrecevable. Celle-ci avait interjeté appel.

Dans son arrêt du 28 juin 2005, la cour d'appel reproche à la commission d'avoir, dans son rapport adopté par la Chambre, formulé les assertions relevées plus haut de manière affirmative et sans réserve. Assertions entourées par une série de faits et constatations également formulés sans la moindre réserve. La cour estime que, comme pour tout propos ou texte, le contrôle de ce qui doit être imprimé doit s'effectuer en tenant compte de l'ensemble du contexte que l'on peut supposer connu d'un lecteur attentif. La cour attribue aussi à la commission une autorité spécifique dans la mesure où celle-ci signale s'être elle-même soumise à l'objectivité, à la vérité et à la responsabilité. La cour relève encore la portée particulièrement lourde du contenu de certains extraits du rapport où l'organisation est accusée de graves délits, dans deux cas sans aucune réserve.

La cour reproche aussi au document de rester particulièrement vague à propos des sources d'informations et de ne pas établir de distinction, ou à peine, entre des faits ayant une certaine vraisemblance et de pures assertions.

Riposte de Herman De Croo : Les rapporteurs de la commission ne peuvent faire que rapporter des propos ! Chaque organisation citée a reçu un courrier sur ce qui a été dit à son sujet et elle a pu déposer un mémorandum.

Plus fondamentalement, le président de la Chambre déplore que cet arrêt de la cour d'appel ouvre dangereusement la porte au contrôle judiciaire sur ce qui se dit au Parlement. Ceci va à l'encontre de la plus élémentaire des immunités du parlementaire : l'irresponsabilité qui lui permet de voter et d'exprimer librement, oralement et par écrit dans tout document officiel, des opinions dans l'exercice de son mandat sans encourir aucune responsabilité civile ni pénale.

S'appuyant sur la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'homme, Herman De Croo insiste : Cette immunité parlementaire est absolue. Les cours et tribunaux ne sont pas compétents pour juger de l'usage qui en est fait. Les personnes qui s'estiment lésées par les opinions ou par les votes des parlementaires ne peuvent faire valoir leurs droits par la voie judiciaire.

L'irresponsabilité parlementaire, conclut le président de la Chambre, est une expression de la séparation des pouvoirs entre le législatif et le judiciaire.




Conseil de l'Europe : Actualités diverses

Visite officielle du Commissaire aux Droits de l’Homme en France

Conseil de l'Europe, 5 septembre2005

[Texte intégral]

Strasbourg - Le Commissaire aux Droits de l'Homme du Conseil de l'Europe, Alvaro Gil-Robles, débute aujourd’hui à Marseille sa première visite officielle en France. Au cours des deux prochaines semaines, le Commissaire visitera plusieurs régions et aura des rencontres officielles à Paris afin de préparer un rapport sur le respect effectif des droits de l'homme dans le pays.

Pendant cette visite, il rencontrera Nicolas Sarkozy, Ministre de l’intérieur, Philippe Douste-Blazy, Ministre des affaires étrangères, Pascal Clément, Ministre de la justice, Azouz Begag, Ministre délégué à la promotion de l’égalité des chances et Catherine Vautrin, Ministre déléguée à la cohésion sociale et à la parité.

Pour ce qui est du domaine judiciaire, le Commissaire s’entretiendra avec Renaud Denoix de Saint-Marc, Vice-Président du Conseil d’Etat, Bruno Cotte, Président de la chambre criminelle de la Cour de Cassation et Régis de Gouttes, Premier Avocat Général près la Cour de Cassation. Il visitera également plusieurs juridictions régionales. Jean-Paul Delevoye, Médiateur de la République française, accompagnera le Commissaire dans certaines de ces visites.

Le Commissaire rencontrera également des représentants des ONG et des syndicats ainsi que des leaders religieux, notamment Monseigneur André Vingt-Trois, Archevêque de Paris et le Docteur Dalil Boubaker, Recteur de la Grande Mosquée de Paris.

Il se rendra dans différentes institutions à travers le pays, notamment dans des centres d’accueil et de rétention d’étrangers, des commissariats, des maisons d’arrêts et prisons, un hôpital psychiatrique ainsi que des foyers pour les victimes de violences domestiques.

Après Marseille, le Commissaire ira à Aix-en-Provence le 6 septembre avant de se rendre à Paris du 7 au 14 septembre. Dans la capitale et sa région, le Commissaire aura des rencontres officielles et effectuera diverses visites. Le 15 septembre, le Commissaire se rendra dans les Hautes-Pyrénées et le 16 septembre en Normandie. Il sera en Alsace le 19 septembre avant de finir sa visite, le 20 septembre, à Paris où une conférence de presse sera organisée.

A la suite de sa visite, le Commissaire préparera un rapport sur le respect effectif des droits de l'homme en France qu’il présentera au Comité des Ministres et à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe avant de le rendre public.

Pour plus d’informations, vous pouvez consulter le site http://commissioner.coe.int

Contact :
John Dalhuisen, Bureau du Commissaire aux Droits de l'Homme
Tél. +33 (0)6 61 14 70 37

Contact Presse
Division de la Presse du Conseil de l'Europe
Tel. +33 3 88 41 25 60 - Fax. +33 3 88 41 39 11
E-mail: PressUnit@coe.int



Belgique : Scientologie

L'Eglise de scientologie salue la condamnation de l'Etat belge

AFP, 5 septembre2005

[Texte intégral]

BRUXELLES - L'Eglise de scientologie a salué lundi la condamnation de l'Etat belge, jugé coupable fin juin par la cour d'appel de Bruxelles pour avoir stigmatisé un mouvement protestant pentecôtiste dans un rapport parlementaire sur les sectes.

Cette décision, rendue publique vendredi, est un "signal donné à l'Etat belge que le dialogue est le seul moyen de clarifier les fausses informations qui forment la base de la politique discriminatoire de la Belgique à l'égard des nouveaux mouvements religieux", estime la branche belge de la scientologie.

"Nous espérons que l'Etat reconnaîtra enfin que la discrimination à l'égard des minorités religieuses n'a pas sa place dans une société démocratique de droit", ajoute-t-elle dans un communiqué.

L'Eglise universelle du Royaume de Dieu, une église protestante d'origine brésilienne, avait déposé plainte après avait été épinglée par la commission parlementaire chargée en 1997 d'étudier les dangers liés aux sectes.

La cour d'appel de Bruxelles a jugé que les parlementaires avaient manqué de "prudence" en accusant le mouvement pentecôtiste de "graves délits" sans faire de distinction claire entre "des faits ayant une certaine vraisemblance et de pures assertions".

L'Etat a été condamné à verser un euro symbolique et à faire publier le jugement dans la presse, a annoncé vendredi le président de la Chambre des représentants, Herman De Croo, qui a décidé d'introduire un recours devant la cour de cassation.

Epinglée dans le même rapport parlementaire, l'Eglise de scientologie a également porté plainte. L'affaire est toujours pendante devant les tribunaux belges.

Présente en Belgique depuis plus de 20 ans, la scientologie cherche en vain à se faire reconnaître comme Eglise.

"J'ai refusé tout contact avec l'Eglise de scientologie, malgré des demandes de l'étranger notamment", a déclaré en juillet le ministre de la Justice, Laurette Onkelinx, chargée des cultes.



France : Actualités diverses

Les protestants réclament une révision de la loi de 1905

Le Figaro, 5 septembre2005 par Sophie de Ravinel

[Texte intégral]

Les protestants réclament une révision de la loi de 1905
Lors de leur Assemblée du désert, ils ont demandé le respect de leur liberté de conscience

Entre souvenir et avenir, quinze à vingt mille protestants se sont rassemblés hier sous les chênes et les châtaigniers du Mas Soubeyran, dans le Gard, pour leur traditionnelle Assemblée du désert. Président de la Fédération protestante de France - qui fête son centenaire le mois prochain -, le pasteur Jean-Arnold de Clermont était invité cette année pour marquer l'anniversaire de la loi de 1905. Il y a rappelé la neutralité nécessaire du politique à l'égard du religieux et dénoncé les ingérences trop souvent constatées.

«Nous avons à revendiquer notre identité protestante.» Hier, au coeur des Basses Cévennes, dans une région marquée par les guerres de religion, le pasteur Jean-Arnold de Clermont a donné le coup d'envoi d'un trimestre qui s'annonce chargé pour la Fédération protestante de France. Fondée en 1905, elle fêtera son centième anniversaire les 21, 22 et 23 octobre avec une série de manifestations. Son président compte aussi sur la montée en puissance des commémorations de la loi 1905 - jusqu'au mois de décembre - pour rappeler son souhait d'une rénovation du texte ou analyser la vague évangélique sur laquelle, selon lui, les médias surfent trop facilement.

Invité par les protestants du sud de la France qui commémorent le temps des persécutions chaque premier dimanche de septembre, Jean-Arnold de Clermont a ainsi présenté hier les «deux défis majeurs» que les protestants doivent relever aujourd'hui, dont celui «des caricatures de l'évangélisme venues d'outre-Atlantique (...) portées par une médiatisation le plus souvent ignorante des réalités religieuses».

Ce qu'il souhaite pour les protestants de France est loin de «l'impérialisme de la foi». Tout de même, une participation active aux débats publics sans qu'ils se laissent «impressionner par tous ceux qui au nom de la laïcité ne voudraient avoir en face d'eux que des citoyens spirituellement anonymes».

Conservateur du Musée du désert autour duquel quinze à vingt mille protestants se sont rassemblés hier, Denis Carbonnier confirme que «le protestantisme à un message à donner à la société : qu'il existe un christianisme alternatif au catholicisme, le protestantisme fondé sur la liberté». Denis Carbonnier - dont l'arrière-grand-père a cofondé le lieu de mémoire cévenol en 1910 - tient aussi à rappeler que «les protestants ont oeuvré à la rédaction de cette loi de 1905 par leur nombreuse présence dans les ministères concernés». «La littérature protestante, ajoute-t-il, témoigne depuis la XIXe siècle de sa volonté de séparation de l'Église et de l'État.»

Un point auquel tient particulièrement Jean-Arnold de Clermont qui a appelé, hier, à une «vigilance active» dans ce domaine et dénoncé des dérives administratives allant à l'encontre de la liberté de conscience. «Il ne faudrait pas que la laïcité devienne une religion qui exclurait les convictions religieuses», a-t-il mis en garde. En ce sens, il rejoint la position de nombreux responsables religieux catholiques. Mais il prend ses distances avec eux lorsqu'il demande une révision de la loi de 1905 qui, selon lui, entrave la liberté de culte. Dans le dernier numéro du journal Réforme, il dénonce ainsi les relations privilégiées entretenues par l'État avec l'Église catholique. Selon lui, parmi les différentes communautés de croyants, «les seuls qui trinquent sont les protestants puisqu'ils ne posent, en apparence, pas de problème».

Jean-Arnold de Clermont souhaite visiblement que change cet état de fait. «Être évangélique, c'est être ouvert au débat», affirme-t-il dans Réforme. Nul doute qu'en prenant ainsi les évangéliques conservateurs à contre-pied, il ne soit pris à la lettre au sein de sa propre Fédération.



France : Actualités diverses

La possibilité d'un bide

Metro, 1er septembre2005

[Texte intégral]

Le dernier Houellebecq ? Metro l'a lu dans les conditions réelles : après avoir été pilonné par les dizaines d'articles précédant sa sortie. Résultat ? Eh bien, c'est du Houellebecq...

D'abord, La Possibilité d'une île est un livre de saison. On va vers l'automne. Houellebecq (et son personnage) est à l'automne de sa vie, il nous parle du vieillissement des corps, de rêves de survie, des vieux en surnombre, des "nains" (M. H. n'aime pas les enfants), des "kids" (M. H. envie leur jeunesse )... C'est un livre cynique, comme Diogène le provocateur, le masturbateur... M. H. n'est pas Diogène, cependant, il est trop riche.

L'espoir, mais bien tard

C'est un bouquin triste, poignant même, dont seule l'extrême fin donne un peu d'espoir (il suffira de patienter deux mille ans). C'est un pavé désolant pour ceux qui aiment le beau style, la littérature exigeante ou les images sophistiquées. Désolant aussi pour les amis du progrès social, les amoureux du genre humain (qui y est exterminé sans pitié) et les romantiques (le sexe y est le seul plaisir, le seul but).

C'est du pur Houellebecq, donc... Il se vendra, il aura un prix, mais sera-t-il un succès ? Ceux qui avaient détesté ses autre livres n'ont pas beaucoup de raisons d'aimer celui-ci : provocations toujours aussi crues et au premier degré ; style toujours aussi plat et daté (dans trente ans, qui se souviendra qu'en 2005 on disait "genre" à tort et à travers ?). Bref, sans surprise. D'autant que les critiques nous ont déjà raconté l'histoire : Daniel, un comique mal pensant, s'ennuie dans sa grande maison en Espagne, aime Isabelle, quadra amoureuse qui n'aime pas le sexe, puis adore Esther, jeune actrice très chaude qui n'aime pas l'amour. Daniel fait des films X, gore, racistes mais très vendeurs. Daniel dérive, fréquente la secte des raéliens, s'y plaît, puis écrit sa vie tandis que deux mille ans plus tard les clones descendants de Daniel commentent sa vie et la leur. Daniel vieillit, se sent exclu de la planète des jeunes, perd ses désirs, perd son chien...

Les bêtes, pas les gens

Houellebecq aime toujours autant la science (il est quand même ingénieur) et les chiens. Maintenant il aime aussi les voitures. Après une cinquantaine de pages confuses, son roman décolle. On s'y sent à l'aise, ennuyé, amusé, désolé, gêné parfois (comme quand un pote, brillant ivrogne, délire) mais à l'aise, entre poésie, SF, souffrances métaphysiques et chronique sociale déjantée.

L'automne est arrivé. Le Houellebecq aussi. Tout va bien. Il paraît qu'il a gagné des millions avec ce livre. Tout va bien pour lui. Il est attaqué de toutes parts. On n'a rien sans rien... Didier Pourquery

'Le site de M. H., www.michelhouellebecq.com : l'auteur y répond à ses détracteurs et se livre un peu (rubrique Ecrits/Journal).



France : Sectes

Assemblée Nationale - Réponse. (Philippe Vuilque) protection enfants

JO, 6 septembre2005

[Texte intégral]

12ème législature
Question N° : 64579 de M. Vuilque Philippe ( Socialiste - Ardennes ) QE
Ministère interrogé : Premier ministre
Ministère attributaire : Premier ministre
Question publiée au JO le : 10/05/2005 page : 4725
Réponse publiée au JO le : 06/09/2005 page : 8337
Date de changement d'attribution : 02/06/2005
Rubrique : ésotérisme
Tête d'analyse : sectes
Analyse : protection. enfants
Texte de la QUESTION : M. Philippe Vuilque appelle l'attention de M. le Premier ministre sur les liens entre la mission interministérielle de lutte contre les dérives sectaires et le défenseur des enfants. De nombreux enfants sont victimes de dérives sectaires, que ce soit dans le cadre familial, ou dans le cadre extra-scolaire, voire scolaire. Dans ces conditions, il lui demande quel travail commun ces deux institutions peuvent mener ensemble sur le sujet des enfants victimes des dérives sectaires.
Texte de la REPONSE : Le droit français offre des ressources importantes pour assurer aux enfants qui pourraient être victimes de dérives sectaires la protection à laquelle ils ont droit. La protection générale de l'enfance en danger est assurée par les mesures d'assistance éducative prévues par les articles 375 et suivants du code civil quand la santé, la sécurité ou la moralité d'un mineur non émancipé sont en danger ou si les conditions de son éducation sont gravement compromises. Des mesures spéciales de protection de l'enfant peuvent être décidées en application du droit civil de la famille : retrait total ou partiel de l'autorité parentale, attribution du droit de garde ou maintien des relations familiales. Le droit pénal contient également de nombreux dispositions propres à maintenir l'intégrité physique des mineurs ou à sanctionner les atteintes morales ou les carences affectives dont ils pourraient faire l'objet. Les cas de maltraitance physique ou psychologique de mineurs en relation avec l'appartenance d'un ou des parents à un mouvement dit à caractère sectaire sont exceptionnels. Les dispositifs mis en place pour les prévenir et les réprimer apparaissent suffisants. Le président de la Miviludes et la défenseure des enfants se sont déjà rencontrés pour aborder un certain nombre de sujets touchant à la protection de l'enfance et favoriser en tant que de besoin et sur des cas concrets une collaboration utile.
SOC 12 REP_PUB Champagne-Ardenne



Roumanie : Religions

La nonne roumaine morte crucifiée sera exhumée pour une nouvelle autopsie

AFP, 7 septembre 2005

[Texte intégral]

BUCAREST - Le corps de la jeune nonne roumaine morte en juin après avoir été crucifiée par un prêtre et quatre religieuses, sous prétexte d'être "possédée par le diable", sera exhumé pour une nouvelle autopsie, ont décidé mercredi les procureurs chargés de l'enquête. "Les procureurs ont admis notre demande d'exhumation et, avec l'aide de Dieu, j'espère que tout ira bien", a déclaré aux journalistes le prêtre

Daniel Corogeanu, accusé de "meurtre aggravé".

Père Daniel et les quatre co-accusées, qui ont passé plusieurs heures au Parquet mercredi, ont contesté les résultats de la première autopsie, affirmant que les causes du décès n'avaient "pas été correctement établies". Arrêtés fin juin, les cinq inculpés avaient été mis en liberté un mois plus tard, la Cour d'appel de Bucarest ayant constaté des "vices de procédure" dans la décision d'un tribunal bucarestois de prolonger de 30 jours leur détention préventive.
Ils sont accusés d'avoir enchaîné sur une croix, bâillonné et privé d'eau et
de nourriture pendant plusieurs jours une nonne de 23 ans, Irina Cornici,
décédée le 15 juin.

Durant l'interrogatoire, les cinq inculpés se sont déclarés "innocents" et ont assuré avoir agi pour "délivrer du mal" la jeune femme. Les révélations sur la mort de la jeune femme ont suscité un vif débat en Roumanie sur les pratiques "moyenâgeuses" tolérées par l'Eglise orthodoxe



Canada : Falungong

S'il est expulsé en Chine par Ottawa un adepte de Falun Gong craint la mort

Cyberpresse, 8 septembre2005

[Texte intégral]

Ottawa - À la veille d'une visite du président chinois Hu Jintao, un adepte de Falun Gong a demandé au gouvernement fédéral que sa femme et lui ne soient pas expulsés vers la Chine.

Fang Yaobin affirme craindre qu'avec son épouse, Xiong Fengying, il puisse être emprisonné, torturé et possiblement tué si Ottawa exécute un ordre d'expulsion qui a suivi le rejet de leur demande du statut de réfugié.

«La persécution de Falun Gong dure depuis six ans et elle augmente, a dit M. Fang. Les méthodes utilisées pour la persécution sont plus impitoyables et en même temps plus dissimulées à la population. La persécution est encore plus dissimulée alors que la Chine tente d'éviter la condamnation de la communauté internationale pour ses crimes.»

Le couple chinois, qui est arrivé à Vancouver pour visiter sa fille en 2001, devrait être déporté d'ici à la fin du mois. Depuis qu'il est au Canada, M. Fang est un militant actif de Falun Gong.

La semaine dernière, des partisans du mouvement spirituel ont présenté une pétition au premier ministre Paul Martin pour réclamer qu'il exerce des pressions sur Hu Jintao concernant la question des droits de l'homme et la situation de Falun Gong. La première visite officielle au Canada du chef d'État chinois doit débuter jeudi. Elle durera 10 jours.

La Chine a interdit Falun Gong en 1999, soutenant qu'il s'agit d'un culte menaçant la sécurité d'État.

Selon des observateurs, il est peu probable que M. Martin aborde cette question durant le séjour de M. Hu, avec qui les principales discussions devraient porter sur les changements climatiques, l'énergie, la science et la technologie, les investissements, le commerce et le tourisme.



Belgique : E.U.R.D et Sectes

Sectes : que la justice ne hurle pas avec les loups

Le Soir, 9 septembre2005 par Serge Moureaux

[Texte intégral]

CARTE BLANCHE

Le " Soir " a publié, en application d'un arrêt du 28 juin 2005 de la 1re chambre de la cour d'appel de Bruxelles, des extraits de celui-ci. Cet arrêt met directement en cause le rapport du 28 avril 1997 de la commission parlementaire d'enquête relative aux " pratiques illégales des sectes " en tant qu'il concerne " l'Eglise universelle du royaume de Dieu " considérée par la commission, au terme de son enquête, comme une organisation sectaire nuisible pour les raisons que le rapport expose de façon circonstanciée.

En tant que président de la Commission d'enquête, je me dois de réagir.

Je tiens à préciser que le rapport incriminé par la cour d'appel n'est pas le fait de quelques imprudents, mais qu'il a été approuvé à l'unanimité par la Commission et ensuite par la Chambre, à la seule exception, éclairante, des représentants du Vlaams Blok !

Ce rapport est donc l'oeuvre de la Chambre tout entière dans le cadre de ses prérogatives. Parmi celles-ci figure le droit d'enquête, attribution réservée aux assemblées parlementaires par la Constitution et les lois qui l'organisent. Ce droit d'investigation est exceptionnel et à l'abri de tout contrôle extérieur, que ce soit du pouvoir exécutif ou du pouvoir judiciaire. C'est tellement vrai que les commissions d'enquête disposent des prérogatives des juges d'instruction (selon des modalités que la loi précise), ce qui entraîne qu'à l'immunité parlementaire absolue de l'article 58 de la Constitution s'ajoute pour les commissions d'enquête l'immunité particulière qui protège le travail des juges d'instruction.

En se permettant d'analyser, de critiquer et finalement de condamner le travail du législateur dans l'exercice de l'une de ses compétences exclusives, la cour d'appel de Bruxelles viole ouvertement le principe de la séparation des pouvoirs et la répartition constitutionnelle de ceux-ci.

La séparation des pouvoirs est souvent invoquée pour protéger le pouvoir judiciaire. Mais cette règle n'est pas à sens unique. L'arrêt du 28 juin 2005 de la cour d'appel est, dans cette optique, tout à fait intolérable. Car il tend à conférer aux juges le droit de s'immiscer dans l'exercice de la fonction du législateur et de la contrôler. Ce qui est, à l'évidence, contraire à notre Constitution.

Le plus grave est sans doute que la cour d'appel prétend substituer son appréciation - et ce, avec une incroyable prétention et légèreté - à celle d'une commission parlementaire qui disposait à propos de l'Eglise universelle du royaume de Dieu d'un dossier et d'une documentation que la cour d'appel - et pour cause - ignore totalement, car ce dossier et cette documentation sont confidentiels.

Faut-il rappeler que la commission a entendu de très nombreux témoins (plus d'une centaine) et un grand nombre d'entre eux à huis clos, parmi lesquels non seulement des témoins des faits, mais aussi des magistrats (procureurs généraux, procureurs, substituts, juges d'instruction), et de hauts fonctionnaires de police (PJ, gendarmerie, Sûreté) ? Une grande partie de ces auditions est couverte par le secret le plus absolu.

Il n'empêche qu'elles servent évidemment à fonder les conclusions d'une commission d'enquête. Il en va de même des rapports longs et argumentés transmis à la commission par les autorités de police et de gendarmerie, la Sûreté de l'Etat ou les parquets. Ces documents, souvent exhaustifs, ne sont pas rendus publics et n'ont pas à l'être. Parler, comme l'a fait la cour d'appel, de ce qu'on ne connaît pas est ahurissant. Mais il y a pire.

La cour d'appel n'a même pas lu correctement le rapport. Les attendus de son arrêt le démontrent. Ainsi, la page 242 du rapport, n° 62 du tableau synoptique, relatif à l'organisation sectaire qui a engagé l'action judiciaire, montre que cette dernière a été renseignée comme sectaire par quatre instances officielles (ce qui est l'un des chiffres les plus élevés de tout le tableau synoptique, le maximum étant cinq, dans un cas) et qu'en outre elle a été renseignée à ce titre par des témoins tant connus qu'anonymes - tous entendus sous serment. Ne pas leur accorder crédit aurait signifié dans le chef de la commission un singulier comportement.

Il faut noter que la commission, sur 189 organisations recensées au cours de ses travaux, n'a consacré une monographie particulière qu'à une quarantaine d'entre elles, et cela lorsqu'elle disposait d'un appareil critique suffisant pour se permettre une analyse plus approfondie du cas. Ce qui était la situation de l'Eglise universelle du royaume de Dieu. On notera à ce propos que la commission était assistée pour la rédaction et la supervision du rapport et des monographies par M. Marcel Trousse, président émérite du tribunal de Liège, désigné comme expert par la commission (voir pp. 13 et 14 du rapport).

Enfin, et ce n'est pas le moins important, je dois souligner que toutes les organisations renseignées par les instances officielles comme potentiellement sectaires ou criminelles ont reçu une invitation à se faire entendre par la commission, avec l'opportunité d'un débat contradictoire que certaines d'entre elles ont saisie. L'Eglise universelle du royaume de Dieu a préféré éviter le risque des questions qui furent posées aux autres organisations sur la base des dossiers constitués par la commission.

D'aucuns cherchent par tous les moyens à protéger ce mal sociétal moderne que constitue le sectarisme organisé. Le lobby sectaire est présent un peu partout. Et, s'agissant des organisations d'origine américaine, il est activement et officiellement soutenu par le gouvernement des Etats-Unis.

Celui-ci a mis en cause notre commission d'enquête comme celle de l'Assemblée nationale française. On pourrait espérer que nos instances judiciaires ne hurlent pas avec les loups.

D'autant que lorsque les rapports des services officiels de répression et les dépositions de témoins entendus sous serment par une commission d'enquête aboutissent à mettre en cause la responsabilité pénale d'une association et de ses membres, c'est aux magistrats du parquet qu'il revient d'assurer le suivi judiciaire et d'engager les procédures adéquates.

La commission d'enquête peut rapporter ses constatations et éclairer l'appareil judiciaire, elle ne peut ni instruire à charge et à décharge sur le plan répressif ni, évidemment, sanctionner ou condamner. Que dans beaucoup de cas, les commissions d'enquête aient dû constater l'absence totale de suivi dans le chef de l'autorité judiciaire n'habilite nullement cette dernière à dénigrer le travail préparatoire d'une commission d'enquête dont les constatations sont restées totalement inexploitées par la seule carence des magistrats.

On soulignera qu'en l'espèce la Cour a ajouté la malignité à l'audace en imposant la publication anticipée d'un arrêt non définitif, l'éventuelle cassation qui suivra laissant ainsi subsister le dommage moral infligé aux membres de la commission d'enquête et à la Chambre des représentants.

Pour ma part, je n'ai aucune intention de laisser les choses en l'état et je veillerai personnellement à rétablir complètement l'honneur de la commission que j'ai présidée et dont j'atteste haut et fort le sérieux du travail qu'elle a accompli en toute indépendance, avec obstination et courage, car du courage, on le sait, il en faut beaucoup pour s'attaquer au phénomène sectaire.

Les récentes péripéties le prouvent une fois de plus.



Japon : AUM

Le gourou de la secte Aum soumis par la justice à une évaluation psychiatrique

Presse Canadienne, 12 septembre2005

[Texte intégral]

Un médecin mandaté par la justice a entamé lundi une évaluation psychiatrique de Shoko Asahara, gourou de la secte Aoum Shinrikyo, reconnu coupable d'avoir orchestré en 1995 l'attentat au gaz sarin dans le métro de Tokyo. Il s'agit de déterminer s'il est mentalement apte à être rejugé en appel.

Cette évaluation, décidée par la Haute Cour de Tokyo à la demande des avocats de la défense, est la première pour Shoko Asahara. Le tribunal a en revanche refusé de suspendre la procédure au motif que l'état mental du gourou se serait dégradé.

Asahara a été condamné à la peine de mort l'an dernier, au terme d'un procès de huit ans. Il est considéré comme le cerveau de l'attentat du métro tokyoJite et d'une série d'autres crimes qui ont fait au total 27 morts et plusieurs milliers de blessés. Ses avocats ont fait appel de la sentence.

Selon la chaîne NHK, le praticien chargé d'examiner le gourou dans sa prison de Tokyo doit procéder à des examens psychiatriques mais aussi sanguins. L'évaluation complète devrait prendre deux mois.

 




Etats-Unis : Scientologie

Les scientologues en quête d'âmes en Louisiane

Libération, 13 septembre 2005 Par Thomas Hofnung

[Texte intégral]

L'Eglise est très présente à La Nouvelle-Orléans, où elle distribue aide et propagande

Sous une grande tente collée au casino de La Nouvelle-Orléans, où la police a provisoirement installé son état-major, un soldat pose son fusil, retire ses rangers avant de s'allonger sur une table de massage. Une volontaire plutôt sexy de l'Eglise de scientologie, en short et en tee-shirt jaune canari, pose les mains sur son torse, sur ses jambes, puis sur son dos. Dans le jargon de la secte, on appelle cela un nerve assist : une séance de relaxation qui doit permettre d'évacuer les traumatismes et les mauvaises ondes. Dans le centre-ville déserté, les candidats sont essentiellement des militaires ou des sauveteurs. «Cela m'a fait du bien, dit le soldat en rechaussant ses rangers à l'issue d'un «massage» de dix minutes. Je ne suis pas membre de l'Eglise, mais je vais prendre la documentation et je verrai plus tard.»

Prosélytisme. Outre des savons, des sous-vêtements ou des médicaments, la secte propose un condensé des principes élaborés par Ron Hubbard, son fondateur décédé en 1986. Les livrets sont disposés bien en évidence sous la tente. La main sur le coeur, Eitan Sonnenberg, un jeune volontaire originaire de Los Angeles, explique pourtant : «Nous ne sommes pas ici pour faire du prosélytisme, mais uniquement pour aider.» Le visiteur se voit tout de même remettre une carte au dos de laquelle sont obligeamment inscrites les coordonnées de l'Eglise. «Ils m'ont donné du pain, mais je ne veux rien avoir à faire avec eux, s'énerve Steve, l'un de ces irréductibles qui vivent encore en ville. En Europe, ils ont plumé l'un de mes amis.»

Au lendemain du passage de l'ouragan Katrina, les membres de la secte sont arrivés en force : ils sont plus de 500 en Louisiane et dans le Mississippi, toujours prêts à aider les déplacés ou les sauveteurs. L'un des membres les plus éminents de l'organisation, l'acteur John Travolta, a lui aussi débarqué à La Nouvelle-Orléans, le 6 septembre dans son jet privé, pour distribuer médicaments et vaccins. Sur place, il a été chaleureusement accueilli par le shérif de la commune de Jefferson, à l'entrée de la cité. Car les scientologues travaillent main dans la main avec les forces de l'ordre. Ils sont hébergés, sur la rive ouest du Mississippi, dans l'un des rares commissariats qui fonctionnent encore dans la ville ravagée. «Et quand nous devons nous déplacer dans les quartiers, les policiers sont toujours prêts à nous escorter», se félicite Eitan Sonnenberg.

Echange. Loin de sa réputation sulfureuse en France, la Scientologie est considérée comme une Eglise à part entière aux Etats-Unis, à laquelle les forces de l'ordre donnent volontiers un coup de main. Un simple échange de bons procédés, si l'on en croit ce sergent de police rencontré au commissariat de Metairie, où les volontaires en jaune ont dressé une autre tente : «Avec leurs massages, ils nous aident à mieux accomplir notre tâche. C'est tout ce qui m'importe.» En ville, on serait bien en peine d'apercevoir l'ombre d'un pasteur, d'un prêtre, d'un rabbin ou d'un imam. Visiblement, seuls les scientologues occupent le terrain des âmes, en quête de nouveaux membres. Katrina et son cortège de drames ne sont pas perdus pour tout le monde.



France : Sectes

Assemblée Nationale - Question. (MMe Martine Aurillac) lutte et prévention

JO, 6 septembre2005

[Texte intégral]

12ème législature
Question N° : 73473 de Mme Aurillac Martine ( Union pour un Mouvement Populaire - Paris ) QE
Ministère interrogé : intérieur et aménagement du territoire
Ministère attributaire : intérieur et aménagement du territoire
Question publiée au JO le : 13/09/2005 page : 8481
Rubrique : ésotérisme
Tête d'analyse : sectes
Analyse : lutte et prévention. bilan
Texte de la QUESTION : Mme Martine Aurillac appelle l'attention de M. le ministre d'État, ministre de l'intérieur et de l'aménagement du territoire, sur le mouvement sectaire en France. Le parlementaire Alain Gest avait été l'auteur, en 1994, d'un rapport sur les sectes en France. Il répertoriait notamment les sectes et plus exactement les associations que l'on pouvait assimiler à des sectes en France. Depuis, le gouvernement avait mis en place un observatoire des sectes. Aussi, elle lui demande si, selon les observations de cet organisme et de son ministère, ce phénomène tendrait à diminuer ou si, au contraire, on assisterait à une recrudescence de ces mouvements.
Texte de la REPONSE :
UMP 12 Ile-de-France N



Brésil : E.U.R.D

L'Eglise Universelle devient un parti politique au Brésil

AFP, 13 septembre2005

[Texte intégral]

RIO DE JANEIRO - La puissante Eglise Universelle du Royaume de Dieu (EURD, évangélique) a crée son propre parti politique au Brésil, sous le nom de Parti Municipalisé Rénovateur (PMR), a-t-on appris mardi de source parlementaire.

Le Tribunal supérieur électoral (TSE) a autorisé l'enregistrement définitif du PMR, portant à 28 le nombre de partis politiques au Brésil où 450.000 signatures d'électeurs sont nécessaires pour créer un nouveau parti.

L'EURD, qui a déjà un groupe parlementaire au Congrès et dans les assemblées législatives et municipales du pays, aura désormais ses propres candidats aux élections générales d'octobre 2006.

Selon la presse brésilienne, le PMR aurait commencé à être organisé en 2003 par un membre de l'EURD, l'évêque-député Carlos Alberto Rodrigues du Parti Liberal (PL, droite de la coalition gouvernementale), expulsé des rangs de l'église universelle en février 2004 pour trafic d'influence et extorsion.

La croissance du PL, qui abrite le plus grand nombre de députés liés à l'EURD, aurait réduit le pouvoir d'influence de l'EURD au sein de cette formation politique. Cette baisse de pouvoir aurait motivé la création d'un nouveau parti.

Lundi, l'ancien évêque Carlos Alberto Rodrigues, a renoncé à son mandat de député pour le PL, un mois après que le président du parti, Waldemar Costa Neto, eût lui-aussi renoncé à son poste de député. Tous deux figurent sur la liste de 18 députés menacés de perdre leur mandat pour avoir été accusés d'avoir reçu des fonds illicites du Parti des travailleurs (PT) au pouvoir.

En renonçant, les députés espèrent éviter que la Chambre des députés annule leur mandat. Cela leur permettra de se présenter aux élections de 2006

L'Eglise Universelle du Royaume de Dieu a été fondée il y a 20 ans par Emir Macedo, un ancien employé de la Loterie de l'Etat de Rio (LOTERJ) et revendique plus de six millions de fidèles dans le monde. La moitié d'entre eux au Brésil où se trouvent plus de 2.000 de ses 2.500 temples construits dans 46 pays.

Il y a quatre ans, la revue brésilienne économique Exame avait classé l'Eglise Universelle à la 29ème place des principaux groupes privés avec un chiffre d'affaires estimé à un milliard de dollars, qui provient essentiellement de "contributions" des fidèles dans le monde



France : Soins Psy

"Livre noir de la psychanalyse": émoi chez les "psys"

AFP, 13 septembre2005 par Claude Casteran

[Texte intégral]

PARIS - "Le livre noir de la psychanalyse", qui dresse un bilan très sévère d'un siècle de freudisme, met en émoi les "psys" dans un pays présenté comme le plus freudien au monde, avec l'Argentine.

Alors que les Français parlent volontiers "le psy" sans toujours en avoir conscience ("refouler", "faire son deuil", "faire un transfert", "une femme castratrice", "tuer le père", etc), les auteurs ont voulu rassembler en un seul volume "l'ensemble du dossier à charge contre le freudisme". Sous la direction de l'éditrice Catherine Meyer, ce pavé de 830 pages (29,80 euros, éd Les Arènes) est paru le 1er septembre. Sous-titré: "Vivre, penser et aller mieux sans Freud", il réunit 40 auteurs de diverses disciplines et de dix nationalités. Tiré initialement à 10.000 exemplaires, il a déjà bénéficié d'un deuxième tirage de 5.000 exemplaires, selon l'éditeur, très satisfait de l'accueil du public. L'ambition de Mme Meyer est de "réveiller" la France - championne du monde de la consommation d'antidépresseurs et de tranquillisants - de "sa torpeur psy" en présentant d'autres théories du psychisme, quitte à "frapper un grand coup".

Le titre - venant après d'autres "Livres noirs" comme celui, fameux, du communisme ou, actuellement en librairie, de Saddam Hussein - semble en effet associer la psychanalyse à une forme de terreur. Selon l'ouvrage, "à l'étranger, la psychanalyse est devenue marginale, ses effectifs sont en chute libre". En France, selon ce livre, elle a été vécue par la génération de mai 68 comme "un vent de liberté" avant de devenir "un dogme intouchable". Elle ne doit plus "scléroser la pensée et culpabiliser les parents", ajoute l'ouvrage, en citant d'autres approches "stimulantes" comme les thérapies issues de la psychologie scientifique ou se référant aux neurosciences.

Dans ce livre, Mikkel Borch-Jacobsen, qui enseigne aux Etats-Unis, accuse Sigmund Freud d'avoir inventé de fausses guérisons tandis que son collègue néerlandais, Filip Buekens, estime que les arguments des lacaniens (ndlr: parmi les psychanalystes les plus influents de France) sont "incohérents pour toute personne douée de raison". Pourtant, rappelle la préface, les héritiers de Jacques Lacan ont obtenu en février 2005 de Philippe Douste-Blazy, alors ministre de la Santé, qu'il fasse disparaître du site internet du ministère un rapport de l'Inserm défavorable à la psychanalyse. Pour le psychiatre suisse Jean-Jacques Déglon, spécialiste de la toxicomanie, "près de 10.000 vies auraient été épargnées" si la psychanalyse n'avait pas contribué à bloquer, pendant des années, le développement des traitements médicaux de substitution.

Un tel livre, paraissant sur fond de vieilles querelles entre écoles psychanalytiques, ne pouvait que susciter de vives réactions. Mardi, dans Libération, le "psy" et écrivain Daniel Sibony a estimé que "la fureur des auteurs relève de l'irrationnel". Sur "Oedipe", le portail de la psychanalyse francophone, Elisabeth Roudinesco, une des voix les plus connues de ce secteur, note que "la tonalité générale est celle d'un réquisitoire qui vise à dénoncer toute tentative d'explorer l'inconscient". Notant que de nombreux passages du livre sont "diffamatoires", elle souhaite que "la jeune génération psychanalytique ne se trompe pas sur la signification de ce "+Livre noir+ qui connaîtra le sort de tous les brûlots de ce genre, au même titre que +L'effroyable imposture+ de Thierry Meyssan", niant la réalité de l'attentat du 11 septembre 2001 sur le Pentagone.



Belgique : Soins Psy

De l'ordre sur la planète psy

La Libre Belgique, 15 septembre2005 par Vincent Rocour

[Texte intégral]

Alors qu'un livre sur la psychanalyse suscite la polémique, Rudy Demotte s'apprête à sortir la santé mentale de l'ombre. Il va ainsi reconnaître la psychothérapie. Et réglementer sa pratique «pour garantir la qualité».

Pure coïncidence. Alors que la parution de l'ouvrage collectif «Le Livre noir de la psychanalyse» suscite une vive polémique, le cabinet du ministre de la Santé publique, Rudy Demotte (PS), met la dernière main à un projet de loi visant à réglementer l'exercice des professions de santé mentale. Le texte, qui a été rédigé avec la collaboration du député Yvan Mayeur (PS) et de la sénatrice Annemie Van de Casteele (VLD) a fait l'objet de nombreuses consultations. Il pourrait être soumis à l'ensemble du gouvernement au cours du mois d'octobre.

L'objectif est double. Il s'agit d'abord de sortir la santé mentale de l'ombre dans laquelle elle a été confinée. Jusqu'à présent, en effet, les professionnels de ce secteur particulier de la santé -secteur en pleine croissance- ne sont pas clairement reconnus comme des praticiens de l'art de guérir. Pour les psychiatres et les psychologues, cela n'a jamais posé trop de problème: leur diplôme -de médecine pour les uns, de psychologue pour les autres- tenait lieu de reconnaissance. En revanche, pour les psychothérapeutes (psychanalystes, comportementalistes, etc.), le flou est de mise: pas de diplôme reconnu, pas de titre protégé, grande diversité des courants. La psychothérapie, il est vrai, ne se laisse pas enfermer dans des catégories rigides et a suscité -et peut susciter encore- des réticences auprès des tenants de la médecine classique. Elle a pourtant pris une place importante dans la société.

Le deuxième objectif poursuivi par Rudy Demotte, et ceci est la conséquence de cela, est de réglementer l'exercice de la santé mentale. Comme il n'y a pas de diplôme reconnu de psychothérapeute, il n'y a pas non plus de règles d'accès. Tout le monde -n'importe qui, diront certains- peut se prétendre psychothérapeute.

«Il faut séparer le bon grain de l'ivraie, en écartant les charlatans, argumente Rudy Demotte, pour assurer aux citoyens une qualité de soins qui ne peut être garantie aujourd'hui.»

Accès réglementé

Concrètement, trois catégories de professions de la santé mentale seront reconnues pour la pratique autonome: les professions médicales (psychiatres, neuropsychiatres ou pédopsychiatres), les professions de psychologie clinique (psychologues cliniques ou sexologues) et les professions de psychothérapie (psychanalystes, comportementalistes, etc.).

La reconnaissance des praticiens appartenant aux deux premières catégories va de soi: leur diplôme suffit. C'est pour être reconnu psychothérapeute que des critères sont établis. Le praticien devra ainsi être titulaire d'un diplôme universitaire ou d'un diplôme donnant lieu à une reconnaissance comme assistant de santé mentale (logopèdes, assistants sociaux, etc.). Il devra, en outre, avoir suivi une formation organisée par une association reconnue et avoir été jugé apte à l'exercice de la psychothérapie par une organisation professionnelle - «laquelle s'assure de l'accomplissement d'une psychothérapie personnelle à visée didactique».

Les personnes qui ne répondent pas à ces conditions ne pourraient ni exercer une profession de la santé mentale ni faire usage d'un titre quelconque. Le texte précise toutefois que les autres professionnels de l'art de guérir -un médecin généraliste, par exemple- ne serait pas exclu du champ de la santé mentale: ils pourront continuer à prescrire des antidépresseurs.

Un Conseil supérieur des pratiques relatives à la santé mentale» serait, par ailleurs, institué. Il aurait pour mission d'éclairer le ministre dans l'élaboration de sa politique, de rédiger des règles générales de déontologie et de gérer les demandes ou les retraits d'agrément.



Italie : Opus Dei

Le fondateur de l'Opus Dei statufié et béni par Benoît XVI

Le Monde, 16 septembre2005 par Henri Tincq

[Texte intégral]

Où s'arrêtera l'ascension du fondateur de l'Opus Dei ? Dix ans seulement après sa mort (en 1975), Josemaria Escriva de Balaguer était béatifié par Jean Paul II. En octobre 2002, il devenait le 465e saint canonisé par le pape défunt. Son procès avait été l'un des plus expéditifs de l'histoire. Une nouvelle étape a été franchie dans un culte qui frise désormais l'idolâtrie. Une statue en marbre, de 5 m de haut, de saint Josemaria Escriva a été dressée et bénie par Benoît XVI, mercredi 14 septembre à Rome, sur la façade du transept gauche de la basilique Saint-Pierre, le plus haut lieu du catholicisme.

Le saint espagnol de l'Opus Dei est en bonne compagnie. Jean Paul II avait voulu que les niches du transept gauche soient occupées par les statues des plus grands. Le fondateur de l'Œuvre voisine désormais avec l'un des plus authentiques évangélisateurs de l'histoire chrétienne : saint Grégoire, fondateur de la première Eglise en Arménie. Plus de 150 sculptures monumentales d'apôtres et de saints décorent déjà les murs intérieurs et extérieurs de la basilique et de la célèbre colonnade. Commentant la fulgurante promotion de son prédécesseur, Mgr Javier Echeverria, actuel prélat de l'Opus Dei, a affirmé au moment de la bénédiction : "A partir d'aujourd'hui, la statue de notre saint s'incruste de façon pérenne dans la basilique Saint-Pierre."

Cette statue est l'oeuvre du sculpteur italien Romano Cosci, qui s'est mis au travail parce que saint Josemaria Escriva lui aurait miraculeusement sauvé la vie après une chute d'échafaudage. Elle représente le dévot prêtre revêtu de ses ornements sacerdotaux, les bras ouverts. Aux pieds surgissent deux anges, dont l'un présente un livre ouvert avec ce verset de l'Evangile : "Lorsque je serai élevé de terre, j'attirerai tout vers moi." Enfin ­ on ne prend jamais assez de précautions ­ les blasons pontificaux de Jean Paul II et de Benoît XVI ont été sculptés sur le socle.

La volonté de puissance et d'influence de l'Opus Dei, qui compte 80 000 membres dans le monde, tourne à la démesure. L'un de ses prêtres français, Philippe Jourdan, vient d'être nommé évêque de la petite Eglise catholique d'Estonie. Ce fut l'une des dernières nominations de Jean Paul II avant sa mort. Benoît XVI serait plus réservé que son prédécesseur à l'égard de l'Œuvre et s'est contenté, mercredi, de bénir la statue.



Italie : Satanisme

Les exorcistes italiens tiennent actuellement leur convention nationale

Metro, 18 septembre2005

[Texte intégral]

Bien peu de personnes savaient que les exorcistes de la péninsule tenaient actuellement leur convention. Le pape Benoît XVI, à l'issue de son audience hier au Vatican, a salué les exorcistes italiens qui, a-t-il révélé, se réunissent en ce moment. Le lieu de la réunion, probablement à Rome, n'a pas été révélé.

Le démon rôde toujours
En 1999, le Vatican a publié une version actualisée du rituel de l'exorcisme, la première depuis 1614. Il a rappelé que le démon, "prince de ce monde", était toujours à l'oeuvre. Ce rituel commence par des prières et une bénédiction, puis se poursuit par l'aspersion d'eau bénite, l'imposition des mains sur la personne possédée et le signe de la croix. Il se termine par une "formule impérative" pour ordonner au démon, "ennemi du salut humain", de quitter le corps qu'il tourmente. "Vade retro, Satana !"

L'une des plus prestigieuses universités pontificales, Regina Apostolorum, vient d'annoncer qu'elle allait pour la deuxième année consécutive proposer aux prêtres un cours sur le satanisme et l'exorcisme. En raison de son succès l'an dernier, avec près de 130 inscrits, ce cours de quatre mois, qui débutera en octobre, pourra être suivi par visioconférence.

Double meurtre sataniste
D'après certaines estimations, 5 000 personnes appartiendraient à des sectes sataniques en Italie, pour les trois quarts des jeunes âgés de 17 à 25 ans. L'an dernier, deux adolescents membres d'un groupe rock de heavy metal, Les Bêtes de Satan, ont été tués "en sacrifice" par les autres membres du groupe, un double crime qui a horrifié l'Italie.



Espagne : Raël

Caméra cachée chez les Raéliens en "séminaire sensuel" à Barcelone

AFP, 18 septembre2005

[Texte intégral]

(TEMOIGNAGE) Par Pierre Ausseill

MADRID - "A l'inscription, tu choisis un bracelet, vert si tu es ouvert à toutes les expériences sexuelles, rouge si tu es disponible mais en quête de partenaires stables": une journaliste espagnole de Mundo-TV a raconté à l'AFP son reportage initiatique dans la secte des Raéliens.. Spécialiste des reportages en caméra cachée, "May" s'est immiscée au premier "séminaire sensuel" organisé en Espagne par le gourou français Claude Vorhilon, alias "Raël", début août, dans un hôtel de bord de mer près de Barcelone.

Le reportage diffusé jeudi soir par la chaîne Antena 3, suit la vie des 500 participants, adeptes ou curieux ayant appris l'existence du séminaire sur internet. Parmi eux, une poignée d'Espagnols, de nombreux Français, Italiens et Allemands. Le prix de l'inscription au séminaire était de 600 euros, la moitié si l'on acceptait de partager sa chambre.
On y voit Raël professer sa doctrine, dont est en partie inspiré le dernier ouvrage du polémique écrivain français Michel Houellebecq, "La possibilité d'une île".

Le gourou affirme que l'homme a été créé en laboratoire par les extra-terrestres, dont il serait le dernier prophète, défend le clonage humain, encourage une sexualité débridée.

Il est entouré de ses "Anges", "un harem de 30 à 40 très belles jeunes femmes, qui se sont engagées par écrit à ne jamais rejeter ses avances et à le protéger, au prix de leur vie si besoin, contre toute agression", assure "May", qui a demandé que son vrai nom ne soit pas publié.

L'état-major du mouvement anime également les cours: le psychologue Daniel Chabot, et l'"évêque" Brigitte Boisselier, une scientifique française dont la société Clonaid avait annoncé à grand renfort de publicité, mais sans fournir de preuve, avoir réussi le premier clonage humain.

Outre la joie de vivre et l'attente extatique des petits hommes verts, on y inculque le sens plus terre-à-terre du denier du culte. "Raël promet que le retour sur terre des extra-terrestres est imminent mais affirme qu'ils ne viendront pas tant qu'il n'aura pas construit leur future ambassade à Jérusalem", raconte la journaliste.

On ignore s'il compte édifier sa céleste chancellerie près du Mur des lamentations ou de l'Esplanade de mosquées. Mais le gourou "explique qu'elle va coûter 50 millions d'euros et qu'il n'en a encore réuni que 10".

Coût de l'adhésion au mouvement des Raéliens: 400 euros pour ceux qui ont un emploi. Le contrat, disponible sur le site internet du mouvement, précise que tout adepte devra reverser à l'organisation 10% de ses revenus. Après les cours, les soirées animées: colin-maillard où tout le monde se tripote les yeux bandés, filles déguisées en garçons et garçons en filles, shows érotiques sur piste de danse.

"May" n'a pas approfondi les expériences sexuelles nocturnes qui selon elle se poursuivaient dans les chambres.

"La journée on te pousse à caresser les autres, le soir à faire l'amour. Beaucoup sont séduits. Le plus bizarre, c'est que presque tous croient vraiment à ces histoires d'extra-terrestres", commente la journaliste.

"May" a poussé le jeu jusqu'au baptême raélien, les mains apposées du gourou sur son front et sa nuque, pendant qu'un Ovni est censé capter son ADN. Il me disait: 'tu es belle, je t'aime'.

J'ai esquivé ses avances. Il m'a quand même nommée représentante des Raéliens en Espagne, disant qu'il avait de grands projets dans ce pays, ajoute la journaliste. Quoique dans le collimateur de l'église catholique, les sectes ne sont visées par aucune loi spécifique en Espagne. Elles n'y ont fait l'objet que de rares poursuites pour des atteintes à l'intégrité physique, comme la pédophilie ou le trafic de drogue.



France : Actualités diverses

Sarkozy: le texte de loi de 1905 "peut supporter un toilettage"

AFP, 13 septembre2005 par Claude Casteran

[Texte intégral]

PARIS - Le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy a estimé lundi que le texte de la loi de 1905 sur la séparation des églises et de l'Etat "peut supporter un toilettage", en ouvrant un colloque sur le centenaire de cette loi à l'Académie des sciences politiques et morales à Paris. Cette loi, a souligné le ministre, a "été adoptée dans un climat de combat, alors qu'un siècle plus tard, nous sommes dans un climat d'apaisement", de la société civile face à la question des religions.

"En un siècle, la France a changé", a noté M. Sarkozy. Si la loi de 1905 est "un bon texte, un texte fondateur, important, solide", alors, si un texte est aussi fort qu'on le dit, il peut supporter un toilettage.

"Les textes "peuvent être adaptés sans que soit brisé le moins du monde le consensus autour d'eux", a-t-il ajouté, en jugeant que "jamais un ministre de l'Intérieur ne s'est senti autant ministre des Cultes".



France : Sectes

Offensive judiciaire contre Unadfi accusée d'être "une police de la pensée"

AFP, 20 septembre2005

[Texte intégral]

Un collectif d'avocats lié à l'association "Cap pour la liberté de conscience" a poursuivi mardi devant le tribunal de grande instance (TGI) de Paris l'Unadfi, spécialisée dans l'information sur les sectes, pour demander sa dissolution en l'accusant d'être "une police de la pensée". "Pour la première fois", selon l'un de ces avocats, Me Bertrand Salquain, une action est intentée pour demander la dissolution de l'Union nationale des associations de défense des familles et de l'individu (Unadfi).

Ce collectif, lié à l'association "Cap pour la liberté de conscience" qui se présente comme "un tremplin d'information et d'action pour les individus et les groupes" victimes d'une "chasse aux sorcières" anti-sectes, demande également des dommages-intérêts pour une dizaine de personnes, adhérents ou proches de mouvements comme l'Eglise de scientologie ou la secte d'inspiration catholique Ivi, qui auraient eu à subir des préjudices liés à des dénonciations de l'Unadfi.

Tour à tour, les avocats de ces personnes, s'exprimant devant la 1ère chambre du TGI de Paris, ont qualifié l'Unadfi de "Big Brother", de "police de la pensée", voire de "bras armé des Renseignements généraux", animée par un nouveau "maccarthysme".

L'Unadfi, défendue par Me Serge Tubiana, ex-président de la Ligue des droits de l'homme (LDH) et son antenne du Nord, représentée par Me Denis Lequai, ont dénoncé, derrière le paravent d'une association pour la liberté de conscience, "un groupe faisant le panégyrique de mouvements à qui on peut reprocher des pratiques sectaires"

Jugement le 15 novembre.



France : Sectes

Assemblée Nationale - Question/réponse - (Philippe Vuilque) AMMA AMRITA

JO, 20 septembre2005

[Texte intégral]

12ème législature
Question N° : 61114 de M. Vuilque Philippe ( Socialiste - Ardennes ) QE
Ministère interrogé : Premier ministre
Ministère attributaire : Premier ministre
Question publiée au JO le : 22/03/2005 page : 2854
Réponse publiée au JO le : 20/09/2005 page : 8686
Date de changement d'attribution : 30/08/2005
Rubrique : ésotérisme
Tête d'analyse : sectes
Analyse : lutte et prévention
Texte de la QUESTION : M. Philippe Vuilque appelle l'attention de M. le Premier ministre sur les agissements de Amma, dirigeant du mouvement Amrita. Dans le rapport 2003 de la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (MIVILUDES) initialement installé sur le site internet de la MIVILUDES, il était inscrit : « Amma, dirigeant le mouvement Amrita, prétend guérir la lèpre en touchant de sa langue les lésions du lépreux. Elle affirme également guérir le cancer par imposition des mains et en prenant le malade dans ses bras » (p. 20). En revanche, dans le rapport publié à la Documentation française et remis aux parlementaires, ce paragraphe avait disparu. Cette affaire a été révélée par le journal la République du Centre qui avait enquêté, dans son édition du 4 décembre 2004, sur l'installation d'un ashram d'Amma à Pontgouin (Eure-et-Loir). Or, selon le journal, c'est le secrétaire général de la MIVILUDES qui a demandé que le paragraphe litigieux soit supprimé. Toujours selon cette source, il aurait expliqué : « C'est une erreur. On n'avait pas assez d'éléments pour affirmer cela. Amma n'a jamais dit cela. Nous sommes dans une approche mystico-religieuse, mais le mouvement ne refuse pas les soins. Ce n'est pas un mouvement à dérive sectaire. » Il faut toutefois relever que la ferme de Pontgouin, s'inspirant de l'hindouisme, propose de guérir les maladies chroniques, de consoler de la perte d'un être cher, et de dispenser des vibrations positives moyennant finances. Il lui demande de bien vouloir fournir des précisions sur ce dysfonctionnement grave qui entache la lutte contre les dérives sectaires incombant au Gouvernement.
Texte de la REPONSE : Le point soulevé par l'honorable parlementaire à propos du mouvement Amrita montre que, loin de constituer un dysfonctionnement, le comportement de la MIVILUDES a été strictement conforme à ce que doit être l'attitude à l'égard des mouvements à caractère sectaire. Interrogé par le maire de la commune de Pontgoin sur l'acquisition d'une propriété par l'association Maison Amrita, le secrétaire général de la précédente mission interministérielle (MILS) avait indiqué en réponse, le 13 mars 2002, que l'association ne figurait pas sur la liste annexée au rapport parlementaire de 1995 et que la MILS n'avait pas connaissance de plaintes la concernant. Le secrétaire général de la MIVILUDES ne fait que parvenir aux mêmes conclusions après qu'une nouvelle enquête a été demandée au préfet d'Eure-et-Loir ; ce dernier a transmis le 30 juin 2004 un rapport de l'inspection du travail exigeant un certain nombre de modifications dans le chantier de rénovation des bâtiments, modifications que l'association a accepté d'apporter. Ainsi, tant sur le plan des principes constitutionnels tenant à la liberté de conscience que sur l'application des lois et règlements visant notamment le droit du travail, il apparaît que la vigilance administrative a été exercée dans les conditions requises suivant les orientations données par le président de la mission. Si des agissements répréhensibles étaient signalés aux autorités, concernant par exemple l'exercice illégal de la médecine, ce dossier serait instruit avec la même attention.
SOC 12 REP_PUB Champagne-Ardenne O



France : Sectes

Assemblée Nationale - Question/réponse - (Philippe Vuilque) Douanes

JO, 20 septembre2005

[Texte intégral]

12ème législature
Question N° : 68464 de M. Vuilque Philippe ( Socialiste - Ardennes ) QE
Ministère interrogé : économie
Ministère attributaire : économie
Question publiée au JO le : 28/06/2005 page : 6365
Réponse publiée au JO le : 20/09/2005 page : 8757

Rubrique : ésotérisme
Tête d'analyse : sectes
Analyse : lutte et prévention
Texte de la QUESTION : M. Philippe Vuilque attire l'attention de M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie sur le rôle des douanes en matière de lutte contre les mouvements qualifiés de « sectes ». Il lui demande quels sont les leviers sur lesquels les services douaniers peuvent agir pour lutter avec efficacité contre les dérives sectaires.

Texte de la REPONSE : Dans le domaine de la lutte contre les dérives sectaires, l'action de la direction générale des douanes et droits indirects se manifeste pour l'essentiel selon deux axes principaux : le recueil du renseignement, d'une part l'information et la sensibilisation des services douaniers au phénomène, à ses caractéristiques économiques et financières et à sa dimension transfrontalière, d'autre part. En ce qui concerne le recueil du renseignement relatif aux dérives sectaires, les diverses missions incombant à la douane ne lui permettent que rarement d'appréhender directement le phénomène sectaire et de constater des agissements répréhensibles pouvant s'apprécier comme résultant de dérives sectaires. Néanmoins, à l'occasion de l'exercice de ses missions classiques liées à la police des marchandises, au contrôle des aspects financiers des transactions commerciales et des flux physiques de capitaux, la douane peut se trouver en situation d'obtenir des renseignements relatifs à des faits susceptibles de constituer des dérives de type sectaire. Cette mission de vigilance exercée par la douane dans ce domaine trouve notamment à s'appliquer dans le cadre des contrôles à la circulation en vue de lutter contre les trafics illicites. Les suites d'un contrôle et certaines procédures contentieuses sont susceptibles de révéler des éléments d'appréciation d'une possible dérive sectaire. La direction générale des douanes et droits indirects ne manque alors pas d'adresser des rapports d'information à la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (MIVILUDES), placée auprès du Premier ministre. La direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières (DNRED) a vocation à être l'interlocuteur opérationnel douanier privilégié de la MIVILUDES : les informations collectées par les différents services à l'occasion des contrôles effectués sur le terrain sont centralisées par la DNRED, qui les synthétise et les communique à son tour à la MIVILUDES lorsqu'elles s'avèrent pertinentes. En ce qui concerne l'information et la sensibilisation des personnels de la direction générale des douanes et droits indirects dans le domaine des dérives sectaires, une fiche documentaire à l'usage de l'ensemble des services douaniers a été établie en liaison avec la MIVILUDES. Elle est destinée à informer ces derniers sur les missions de la mission interministérielle, ainsi que le rôle que la douane peut être amenée à jouer dans le domaine de la lutte contre les dérives sectaires (présentation du phénomène des dérives sectaires appréhendé de manière globale, mais aussi, sur un plan plus technique, information des agents sur les différents critères à retenir à l'occasion de la mise en oeuvre des contrôles). Par ailleurs, la documentation élaborée et mise à jour par la MIVILUDES est tenue à la disposition de l'ensemble des services. A terme, la sensibilisation et la formation des services sur l'importance du rôle de la douane en matière de recueil, d'analyse et de transmission de renseignements relatifs aux dérives sectaires devraient permettre de renforcer la contribution de cette administration à cette mission. Ces actions pourraient, le cas échéant, être conduites en partenariat avec la MIVILUDES.
SOC 12 REP_PUB Champagne-Ardenne O



Grèce : Témoins de Jéhovah

Suspension de la peine de prison d'un objecteur grec défendu par Amnesty

AFP, 20 septembre2005

[Texte intégral]

ATHENES - La justice militaire grecque a suspendu mardi la peine de trois ans et demi de prison infligée en août dernier à un objecteur de conscience grec, témoin de Jéhovah, adopté comme prisonnier d'opinion par Amnesty International, a indiqué l'Association des objecteurs grecs.

La cour militaire d'Athènes a assorti cette suspension, qui restera en vigueur jusqu'au procès en appel, d'une interdiction de sortie du territoire, a précisé l'association dans un communiqué.

"Comme d'habitude, l'objecteur recevra dès sa sortie de prison une nouvelle convocation sous les drapeaux, autorisant de nouvelles poursuites", a toutefois ajouté cette organisation qui dénonce depuis des années les pratiques des autorités militaires dans ce domaine.

Boris Sotiriadis, un Géorgien d'origine grecque, naturalisé grec, n'avait pas vu reconnu son droit à l'objection alors qu'il avait déjà effectué son service militaire dans son pays d'origine. Il était devenu témoin de Jéhovah après ce premier passage sous les drapeaux.

Appelant à sa libération immédiate, Amnesty avait de nouveau réclamé à la Grèce de cesser de poursuivre les objecteurs. Dénonçant notamment la durée "punitive" du service civil, le double du service militaire, l'ONG mène actuellement une campagne internationale sous le titre "Grèce: cessez-le feu pour les objecteurs".

En mars 2005, le comité des droits de l'homme de l'ONU avait aussi invité la Grèce à améliorer la situation des objecteurs de conscience.



France : Raël

Bron : la municipalité fait enlever les affiches à l'effigie de Raël

Le progres, 21 septembre 2005

[Texte intégral]

Plus de vingt-quatre heures après leur découverte sur des panneaux municipaux, sur trois sites différents, les affiches à l'effigie du gourou Raël ont été enlevées par les services techniques de la ville de Bron, hier, en début d'après-midi.

Si la mairie a hésité sur la façon de procéder, elle s'est finalement basée sur un arrêté de 1982, réservant l'affichage public aux associations brondillantes. Elle craignait en effet un recours en justice pour atteinte à la liberté d'expression, la secte ayant la réputation d'être procédurière.

La mairie a donc dépêché sur place des policiers municipaux pour constater les faits et prendre des photos. Mais aujourd'hui, certaines affiches demeurent. Rue Roger-Salengro, les colleurs ont pris soin d'en exposer sur le dos des panneaux, donnant sur le parking du supermarché.



Canada : Raël

Les raéliens lancent une offensive tous azimuts contre les médias du Québec

Cyberpresse, 22 septembre 2005 par Karim Benessaieh

[Texte intégral]

Les raéliens en ont assez des médias québécois et demandent aux tribunaux d'intervenir. Traités ces dernières années d'«objets sexuels prêts à mourir», de clowns et de fumistes, ils ont vu leur chef Raël se faire ridiculiser sur le plateau de Tout le monde en parle et ont eu droit aux blagues salaces des animateurs de radio.

Résultat: ils ont déposé hier une poursuite visant huit groupes de presse et médias du Québec, dont La Presse, la corporation Sun Media, propriétaire du Journal de Montréal, et Radio-Canada. Par l'entremise de leur porte-parole Daniel Chabot, ils demandent à la Cour supérieure de déclarer que le mouvement raélien est une religion. Ils exigent que les médias cessent de violer leurs droits, notamment ceux ayant trait à leur dignité et au respect de leur vie privée.

Ils réclament de plus que les médias, à l'avenir, s'abstiennent de publier «tout propos dérisoire ou infamant concernant la religion raélienne, et ce, par quelque moyen que ce soit».

Selon leur requête, la «religion» raélienne se présente comme la «continuité et l'achèvement du christianisme». Le raélisme, précise-t-on, «a pour base l'amour et pour doctrine l'infini et la science». Ils citent comme preuves des extraits de divers articles et livres publiés sur les religions et des invitations officielles à des événements multiconfessionnels.

Toujours selon la requête déposée en cour, «la religion raélienne est reconnue aux États-Unis et les prêtres raéliens sont autorisés à célébrer des mariages dans trois États américains, soit au Nevada, en Floride et au Massachusetts».

Or, plaide-t-on en cour, les médias québécois bafoueraient le droit des raéliens d'exercer librement leur religion en les humiliant et en les ridiculisant constamment. La plainte vise tout particulièrement le Journal de Montréal, dont 18 articles sont déposés comme preuve de cet acharnement médiatique. Les raéliens n'ont particulièrement pas digéré une série écrite par une journaliste, Brigitte McCann, qui a passé neuf mois incognito parmi eux. Raël y est décrit comme un gourou paranoïaque, ses adeptes sont des «objets sexuels prêts à mourir» profitant «du sexe en abondance».

La Presse, pour sa part, est visée pour avoir publié une chronique de Lysiane Gagnon éloquemment intitulée De clowns et de clones. Radio-Canada, quant à elle, a diffusé une série d'émissions critiques sur le mouvement et a surtout montré, le 19 septembre 2004, Raël se faisant tâter le chignon par le caricaturiste de La Presse, Serge Chapleau, «dans le but évident de le ridiculiser, l'humilier et le rabaisser».

Ce que les médias ont dit des raéliens :
«La prochaine fumisterie : les cellules souches»
«Le chef montre des signes de paranoïa»
«Du sexe en abondance»
«Les raéliens auraient trompé le monde»
«Des manipulateurs assoiffés d'attention médiatique»
«Le gourou vit comme un millionnaire»



Paraguay : Moon

Les serfs rebelles de la secte Moon

Libération, 23 septembre2005 par Antoine BIGO

[Texte intégral]

En 2000, la secte coréenne, déjà très présente en Amérique du Sud, jette son dévolu sur 600 000 hectares de savane au Paraguay. L'acquisition comprend villages et habitants. Depuis, certains luttent pour récupérer leurs terres et sont en passe de réussir.

Puerto Casado (Paraguay) envoyé spécial - Entre Asunción, la capitale du Paraguay, et Puerto Casado, dans le «Chaco», savane inhospitalière du Nord à la frontière du Mato Grosso brésilien, il y a 600 kilomètres à vol d'oiseau, mais quinze heures de trajet. Le bus brinquebale sur une piste ravinée par les pluies, entrecoupée de ponts précaires et de passages de gué. Un long voyage à la saison sèche, que les passagers anesthésiés par la chaleur supportent en sirotant le téréré, décoction d'herbe amère et rafraîchissante. A la saison des pluies, le voyage est impossible. C'est un bateau, le Cacique II, qui relie Asunción à Puerto Casado, sur le fleuve Paraguay.

C'est pourtant dans cette brousse calcinée par le soleil, tellement isolée et dépeuplée que les Paraguayens l'appellent «la nada» («le rien»), que la secte Moon, via la société Victoria SA, a acheté en 2000 pour 13 millions de dollars plus de 600 000 hectares, y compris les 6 000 habitants de Puerto Casado et quelques centaines d'Indiens Maskoy qui vivent à Puerto Leda et Puerto Sastre, un peu plus au nord. Des serfs qui aujourd'hui se rebellent et exigent l'expropriation de la secte et les droits de propriété de leurs maisons.

Un golf 18 trous, un parc zoologique, des hôtels, un petit train...

D'origine coréenne, mais Paraguayen d'adoption, Lorenzo Myung étale avec fierté, dans son bureau à Asunción, les plans de la future réserve écologique privée la plus importante d'Amérique du Sud : un golf 18 trous, un parc zoologique, des hôtels, un petit train et un port pour les pêcheurs au gros. Le directeur général ne décolère pas contre les habitants de Puerto Casado, ces péons qui réclament 52 000 hectares appartenant à l'entreprise. Il fustige «les sénateurs gauchistes» qui ont voté cette expropriation et craint maintenant la décision imminente de la Chambre des députés. «Nous sommes les seuls à pouvoir donner du travail aux habitants de Puerto Casado. Les seuls à avoir investi 1 million de dollars chaque année dans une pêcherie, des enclos pour le bétail, la réparation des voies ferrées, l'informatique, l'entretien des bâtiments», assène le directeur, qui insiste : «Ces terres ont toujours appartenu à des étrangers. Les politiciens qui veulent nous exproprier sont des incapables et des délinquants. Ils évoquent la souveraineté du Paraguay, mais ce sont des voleurs de bétail mafieux et des trafiquants de drogue. La municipalité de Puerto Casado est propriétaire de 1 500 hectares ; ils n'ont jamais été capables de distribuer les titres de propriété aux habitants.»

Les Casadeños (habitants de Puerto Casado) se sont mobilisés contre Victoria SA avec l'appui de l'Eglise catholique. La rébellion a culminé au début du mois d'août par une marche de plusieurs centaines de «sans terre» sur Asunción, où ils ont pour la première fois réussi à se faire entendre. «Qu'est-ce que c'est que ce pays où, au XXIe siècle, les terres se vendent avec les gens qui y vivent comme si c'était des vaches ?" interroge Andrés Colmán Gutiérrez, journaliste, spécialiste des sans terre. "Après cent ans d'esclavage sous le joug d'un propriétaire argentin, ces paysans sont vendus à une secte néofasciste qui a soutenu la dictature d'Alfredo Stroessner. Les opposants à l'expropriation parlent de protéger la propriété privée et de stimuler les investissements étrangers, mais il est temps que l'Etat arrête de tourner le dos à ces populations oubliées.»

Le Grand Chaco s'étend sur plus de la moitié du Paraguay, où vit seulement 4 % de la population. C'est une plaine ponctuée de lagunes dont les forêts surexploitées jusqu'aux années 90 ont quasiment disparu. A la fin du XIXe siècle, le gouvernement paraguayen met en vente d'immenses parcelles de ce territoire. Elles seront achetées par des colonies mennonites (baptistes de souche allemande) pour y élever du bétail, et par des investisseurs étrangers pour exploiter le bois. En 1886, un banquier argentin, Carlos Casado, achète 5,6 millions d'hectares, soit 14 % du Paraguay. Il exploite le quebracho, un bois rouge très dur utilisé pour les traverses de chemin de fer et dont on extrait le tanin qui sert à rendre le cuir imputrescible. Puerto Casado, avec son port en eaux profondes sur le fleuve Paraguay et son chemin de fer privé qui s'enfonce sur 160 kilomètres à travers la forêt, est la clef de la victoire de l'armée paraguayenne contre la Bolivie pendant la guerre du Chaco (1930-1935).

La découverte du tanin chimique puis l'utilisation de traverses en ciment sonnent le glas des exploitations forestières. Depuis 1995, date de la fermeture de l'entreprise de Carlos Casado, Puerto Casado a perdu la moitié de ses habitants. Aujourd'hui, c'est une bourgade poussiéreuse assoupie à l'ombre d'une usine qui rouille et d'imposants bâtiments en brique à l'abandon, témoignages d'un passé florissant. Hormis la ronde des 4 x 4 flambant neufs conduits par le fils de Lorenzo Myung et ses amis en treillis militaire et le crâne rasé, une vedette surpuissante et quelques ordinateurs, aucune trace des investissements revendiqués par la secte Moon, ce qui fait douter de la réalité du projet des Coréens. «Il faudra beaucoup de temps et surtout beaucoup d'argent avant de retrouver la végétation telle qu'elle existait il y a cent cinquante ans. Dans le Chaco, la difficulté, c'est l'alternance de deux saisons très marquées, une sécheresse implacable ou des pluies torrentielles», précise Antonio Spiridinoff, ingénieur agronome qui étudie pour Victoria SA les possibilités de réimplanter des essences d'arbres sur les terres laissées en friche après le boom du tanin.

«Toute cette affaire n'est qu'un combat entre politiciens corrompus»

Puerto Casado est partagé : d'un côté les partisans de Victoria SA, l'entreprise qui donne un travail fixe à 80 familles et des petits boulots à la journée à 300 autres (gardiennage, entretien, chauffeurs...). De l'autre, l'Eglise, les instituteurs, les employés municipaux, les organisations paysannes, le syndicat des hacheros (bûcherons), qui réclament le départ de la secte Moon et la fin du féodalisme. Avec sa barque équipée d'un moteur hors-bord poussif, Carlos Adoro fait la navette sur le fleuve entre Puerto Casado et Puerto Vallemi, là où les bus en provenance d'Asunción s'arrêtent. Il lorgne d'un air envieux «le bateau qui vole», la vedette rapide amarrée sur le ponton de Victoria SA. «Les hommes de Moon sont arrogants et nous traitent mal», affirme-t-il en évoquant le paternalisme de Carlos Casado. «Du temps de l'Argentin, on travaillait deux mois et on pouvait demander une avance pour acheter une bicyclette», regrette le passeur, qui ajoute néanmoins que «toute cette affaire n'est qu'un combat entre politiciens corrompus. Avant, dès que les hommes politiques élevaient la voix, Carlos Casado les arrosait.»

Le gouvernement coréen défend à tous crins les investissements de ses ressortissants à l'étranger, même lorsqu'il s'agit de sociétés appartenant à la secte Moon. A tel point que le voyage à Séoul, en juin dernier, du président paraguayen, Nicanor Duarte Frutos, partisan de l'expropriation, a été annulé. En préambule, l'ambassadeur de Corée du Sud au Paraguay, Byung Kwon Kim, précise qu'il est catholique et que son rôle est «de défendre les intérêts économiques des entrepreneurs de [son] pays, quelle que soit leur religion». Il rappelle que son pays a récemment versé 5 millions de dollars pour équiper les douanes et les services d'immigration paraguayens de matériel informatique. Mais quand on lui demande pourquoi une puissance économique comme la Corée du Sud s'intéresse de si près au pays le plus pauvre d'Amérique du Sud, à peine peuplé de 6 millions d'habitants, il se raidit, puis finit par faire allusion aux mécanismes de flexibilité mis en place dans le cadre du protocole de Kyoto. Là réside sans doute l'explication de la bienveillance coréenne : les accords de Kyoto permettent aux pays industrialisés de continuer à polluer s'ils s'engagent à développer des «projets propres» à travers des entreprises privées dans des pays en voie de développement. «Mon gouvernement étudie la possibilité de soutenir financièrement les efforts de reforestation de l'entreprise Sungwon LTD (1) sur les terres de Victoria SA. A moyen terme, la nature va devenir un enjeu géopolitique primordial», confirme le diplomate.

La secte Moon voulait faire du Brésil le centre névralgique de ses activités

Quant à la secte Moon, elle veut faire de ce coin du Paraguay, aride en surface mais regorgeant d'eau ­ l'aquifero Guarani, immense nappe phréatique, constitue l'une des réserves d'eau douce les plus importantes au monde ­, une parcelle de sa «terre promise», les autres frontières de ce «triangle d'Eden» se situant en Bolivie et au Brésil. La secte avait d'ailleurs prévu d'installer au Brésil le centre névralgique de ses activités en Amérique du Sud, et acheté en prévision 20 000 hectares près de la ville de Jardim (à 200 kilomètres au nord-est de Puerto Casado). L'endroit devait être transformé en «centre mondial de pèlerinage» ­ chaque année, pendant quatre semaines, les membres de la secte doivent suivre un «séminaire d'étude» des principes divins ­ avec université, théâtre, centre de conférences... Mais sous la pression des associations de défense de l'environnement, le projet a été gelé en 1998. Des projets analogues à l'extrême sud de la Bolivie ont été également bloqués.

L'arrivée de la gauche en Argentine et en Uruguay a également contribué à geler les projets moonistes. A Buenos Aires, News of the World Argentina SA, société appartenant à Moon, éditait, depuis 1996, Tiempos del Mundo, un bimensuel à tendance ultraconservatrice, distribué dans seize pays d'Amérique latine. Le journal a été fermé en octobre 2003, ses 150 travailleurs licenciés et les locaux brutalement déménagés. A Montevideo, Atenil SA, autre entreprise de la secte, prévoyait d'investir entre 150 et 200 millions de dollars dans le complexe Cerro Free Port, un port privé et une zone franche de 200 hectares sur les bords du Rio de la Plata. Après les premiers terrassements, les travaux ont été stoppés en mars 2005. Avec l'expropriation d'une partie de ses propriétés au Paraguay, la secte Moon perdrait alors son dernier refuge en Amérique du Sud.

(1) Société sud-coréenne spécialisée dans l'agrotechnologie appartenant au holding que contrôle l'Eglise de l'Unification du révérend Sun Myung Moon



France : Moon

«Une mafia théologico-financière»

Libération, 23 septembre2005 par Antoine BIGO

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L'Association de l'esprit saint pour l'unification du christianisme, connue comme Eglise de l'Unification, a été fondée en 1954 à Séoul par Sun Muyng Mun (qui a adopté plus tard le nom de Moon pour des raisons de marketing).

Né en 1920 en Corée du Nord, Moon, qui prétend être le «nouveau Messie», prône l'unification du christianisme mondial ; son but est d'établir «le royaume de Dieu sur terre». «La secte Moon est une espèce de mafia théologico-financière composée de plus de 110 entreprises réparties dans le monde et qui constituent un des empires économiques privés les plus puissants de la planète», écrit Roberto Bardini, journaliste argentin, auteur de La secte Moon attaque de nouveau.

Après avoir été condamné dans les années 70 aux Etats-Unis à dix-huit mois de prison pour évasion fiscale, le révérend Moon a déménagé le gros de ses activités vers l'Amérique latine, l'Europe de l'Est et le Proche-Orient.



France : Triste actualité

A Ivry, émotion et interrogations après le suicide de deux adolescentes

AFP, 23 septembre2005 par Thomas Goubin

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IVRY-SUR-SEINE (Val-de-Marne) - Au pied de la tour de la cité Monmousseau à Ivry-sur-Seine, deux jours après le suicide de deux adolescentes, petits mots d'amis écrits sur des bouts de papier, fleurs et bracelet gothique ont été déposés dimanche. Environ 150 personnes, amis, camarades, voisins, riverains et représentants des municipalités d'Ivry et de Vitry-sur-Seine, où habitaient les jeunes filles, se sont recueillies devant des gerbes de fleurs posées aux endroits où elles sont tombées, après avoir sauté du du 17e et dernier étage de la tour. A 18h00, le maire d'Ivry-sur-Seine, Pierre Gosnat (PCF), a pris la parole pour faire part de l'émotion de la population après le drame de vendredi. "Nous n'avons pas su vous retenir, voilà pourquoi nous voulions vous faire un signe", a-t-il déclaré. Une minute de silence à la mémoire des deux adolescentes a ensuite été observée. "Ce dimanche était celui de la fête du quartier, et les habitants ont voulu un moment de recueillement", a déclaré à l'AFP M. Gosnat, qui a dénoncé le manque d'infirmières et d'assistantes sociales pour encadrer les jeunes. Parmi les groupes d'adolescents présents, collégiens ou lycéens du groupe scolaire Romain-Rolland, où étaient scolarisées les deux jeunes filles, certains ne "comprennent pas", quand d'autres assurent avoir perçu des signes avant-coureurs.

"Elle parlait aux morts", affirme Elodie (prénom modifié pour garantir son anonymat), 15 ans, qui connaissait l'une des victimes. "Les deux évoquaient tout le temps la mort, le fait que, tôt ou tard, elles allaient se suicider", ajoute sa copine, Marie (prénom modifié). Les deux adolescentes n'étaient pas dans la même classe, l'une en quatrième, l'autre en troisième, et se connaissaient seulement depuis la rentrée, il y a trois semaines. C'est "une même façon de penser, de se vêtir qui les a rapprochées", selon Elodie et Marie. "Elles se mettaient à part, on n'osait pas aller vers elles", explique Emilie (prénom modifié). Selon une de leurs camarades, l'une d'elles détestait qu'on dise qu'elle était gothique. Certains des adolescents rassemblés dimanche portaient des tee-shirts de groupes de black metal, mouvance musicale empreinte de la même esthétique morbide que le gothique, avec un penchant plus affirmé pour le satanisme. Selon plusieurs témoignages, les deux jeunes filles se sont rendues vendredi après-midi chez le copain de l'une d'elles. Marie, 44 ans, sans emploi, amie des parents du "copain", explique que les deux filles ont demandé au jeune homme et à l'un de ses amis de sortir de la chambre afin qu'elles leur fassent "une surprise". "Quand elles les ont appelés, elles étaient au balcon et se sont jetées", relate-t-elle, choquée. A leur retour de cours vendredi, après une courte fugue, certains de leurs camarades les ont trouvé "bizarres". "On n'a pas réagi assez tôt", regrette Marie.



France : Raël

Raël poursuit, en appel,une ancienne adepte pour diffamation

Le Nouvel Obs, 26 septembre 2005

[Texte intégral]

Bordeaux: après avoir perdu en première instance,Raël poursuit une ancienne adepte pour diffamation

BORDEAUX (AP) -- Claude Vorilhon, alias Raël, a poursuivi lundi pour diffamation devant la cour d'appel de Bordeaux une ancienne adepte de son mouvement, Dominique Saint-Hilaire. Il reproche à celle-ci la diffusion sur internet de propos qu'elle avait tenu lors d'une émission sur la chaîne de télévision canadienne TVA le 30 octobre 2002.

Il avait perdu en première instance et avait été condamné à verser 3.000 euros de dommages et intérêts, et 1.500 euros de frais de justice.

Me Yazid Benmeriem, avocat de Raël, affirme que l'ancienne guide-adjointe a tenu des propos diffamatoires envers le dirigeant de la secte des Raéliens, l'accusant d'escroquerie, de manipulation, et affirmant qu'il avait des problèmes fiscaux en France.

Selon lui, la cour ne peut se fonder sur le rapport d'enquête parlementaire qui classe le mouvement raëlien parmi les sectes pour juger de la bonne foi de Dominique Sainte-Hilaire, aujourd'hui enseignante d'anglais dans un collège girondin.

L'avocat de celle-ci, Me Daniel Picotin, président de l'Association Info-Sectes Aquitaine, estime que Raël cherche "à faire taire une des premières adeptes à avoir osé témoigner à visage découvert" et "à obtenir une forme de crédibilité auprès d'une instance juridique". Il rappelle que le mouvement raëlien est classé parmi les sectes dangereuses dans le dernier rapport de la Mission interministérielle de lutte contre les sectes.

Selon lui, "la seule personne capable d'ouvrir les yeux à un nouvel adepte est un ancien adepte", face à un personnage qui "marche par coups médiatiques" et qui a "réussi à faire gober pendant plusieurs jours aux médias du monde entier qu'il avait réussi le clonage humain". Le témoignage de sa cliente, qui remplit "toutes les conditions de la bonne foi", est donc pour lui "un devoir civique"



France : Raël

L'ex-raélienne se défend

Sud-Ouest, 26 septembre 2005

[Texte intégral]

La cour d'appel de Bordeaux jugeait hier une ancienne adepte de Raêl attaquée en justice par le gourou pour diffamation. L'ex raélienne se défend.

"Nous ne sommes pas là pour évoquer les convictions de mon client." Me Yazid Benmeriem, l'avocat parisien de Claude Vorilhon alias Raël, aurait aimé que les discussions prennent une autre tournure, hier, devant la cour d'appel de Bordeaux. Il aurait préféré, par exemple, que l'on laisse de côté les fameux Elohim, ces extraterrestres qui selon le gourou du Mouvement raélien ont apporté la vie humaine sur terre. Ceci pour ne pas " polluer les débats " devant la première chambre civile appelée à juger pour diffamation une ancienne adepte de la secte, Dominique Saint-Hilaire, 54 ans, aujourd'hui professeur d'anglais au collège de Léognan (Gironde).

Mais il n'en fut rien et, de l'autre côté de la barre, Me Daniel Picotin n'a pas manqué de brosser, non sans ironie, un portrait plutôt cocasse de Claude Vorilhon, qui " se présente comme le demi-frère de Jésus " et prône le clonage humain.

Bien qu'absent, c'est pourtant le gourou lui-même qui avait décidé de la tenue de ce procès en assignant une ancienne adhérente du mouvement qu'il dirige aujourd'hui depuis le Canada. Débouté par le tribunal correctionnel de Bordeaux, Claude Vorilhon a interjeté appel à la décision rendue le 16 mars 2004. Celle-ci le condamnait pour action abusive à verser 3 000 euros de dommages et intérêts à Dominique Saint-Hilaire.

En lançant la procédure, il avait réclamé, pour lui-même, 30 000 euros de dédommagements. Hier, M' Daniel Picotin a fait monter les enchères à son tour. Il a demandé à la cour de confirmer le premier jugement, qui reconnaît la bonne foi de l'enseignante, et a sollicité, cette fois-ci, 10 000 euros de dommages et intérêts pour sa cliente.

Sur Internet. Le litige porte sur des déclarations de Dominique Saint-Hilaire à la télévision canadienne, en 2002, reprises sur Internet. Répondant aux questions d'un journaliste, l'ancienne adepte, qui avait appartenu à la secte durant treize ans, estimait que Claude Vorilhon était " certainement un escroc ", " peut-être un manipulateur " et qu'il n'était pas exclu qu'il ait eu " des problèmes avec le fisc français ".

Pour défendre sa cliente, Me Picotin a mis en avant " la légitimité du but poursuivi ", à savoir " informer le grand public sur la nature du mouvement "; " l'absence d'animosité personnelle " ainsi que " la prudence et la mesure des expressions employées ".

" Si Raël poursuit sur la voie judiciaire, alors que, d'après ses écrits, il ne croit pas en la justice des hommes, c'est bien parce qu'il entend dissuader les anciens adeptes de témoigner ", a plaidé l'avocat bordelais, tout en saluant le courage de Dominique Saint-Hilaire qui a accepté de parler à visage découvert.

" Secte dangereuse ". Alors que l'avocat de la défense se garde bien d'employer le mot " secte ", préférant le terme " mouvement religieux minoritaire ", Me Picotin cite des études qui qualifient le mouvement raélien de " secte dangereuse ".

Pour l'avocat de la défense, ces rapports n'ont pas de réalité juridique. Pour Me Picotin, ils sont l'émanation de travaux commandés par des parlementaires ou des ministères.
" Raël vient chercher auprès de vous une caution ", a lancé M' Picotin à la cour, après être revenu sur le parcours du Claude Vorilhon, né en 1946 à Vichy, défenseur d'une certaine liberté sexuelle au sein de son mouvement, amateur de belles voitures, dont l'univers semble, selon lui, calqué sur les romans de science-fiction américains des années 50.
Pour conclure, Daniel Picotin a cité l'ancienne épouse du gourou . " Au départ, il ne croyait pas à ce qu'il disait. Puis il s'est pris au jeu et c'est aujourd'hui une question de survie mentale ", dit-elle à propos de son ancien mari.

Délibéré le 12 décembre.



Russie : Sectes

Un gourou russe discrédite les mères de Beslan

Le Figaro, 27 septembre 2005 par Irina de Chikoff

[Texte intégral]

 

RUSSIE Les services secrets sont accusés de manipulation

Des membres du Comité des mères de Beslan, dont les enfants ont été tués dans la prise d'otages d'une école en Ossétie du Nord en septembre 2004, sont tombées dans le giron d'une secte. Mais dans une lettre au parquet, le Comité dénonce une «provocation» des «services spéciaux» visant à le «discréditer». Des journaux russes affirment que le gourou, Grigori Grabovoï, appartenait aux services de sécurité de l'ancien président Boris Eltsine.

On ne comprend rien à son galimatias. L'assistance ne saisit au hasard que quelques phrases comme «Il y a une mesure de l'âme, un fil d'argent». Tous les regards sont fixés sur sa main. Ondoyante comme une algue au gré de vagues invisibles. L'homme est de taille moyenne, mince. Ses cheveux sont châtains. Son visage totalement inexpressif. A chacune de ses conférences, Grigori Petrovitch Grabovoï réunit plus de 2 000 personnes. Pour l'essentiel, son message consiste à promettre la résurrection des morts. Et à terme, la vie éternelle pour les vivants.

Agé de 42 ans, Grigori Petrovitch Grabovoï s'est proclamé dieu le 5 juin 2004 à 13 heures 13 minutes. Plus prosaïquement, il a prédit qu'il deviendrait le président de la Fédération de Russie en 2008 et il a créé à cette fin un parti politique, DRUGG (Les propagateurs volontaires de l'enseignement de Grigori Grabovoï). Son programme comporte dix propositions. Son premier oukase proclamera le bannissement de la mort. Elle disparaîtra, en deux ou trois ans, de tout le territoire fédéral.

Mais s'il est «l'homme par qui le scandale arrive», c'est parce qu'une dizaine de femmes du Comité des mères de Beslan, dont sa présidente Soussana Doudeieva, sont devenues ses disciples. Elles ont participé au 6e Congrès du parti DRUGG à Moscou. Plusieurs enregistrements en font foi. Les nouvelles adeptes du gourou ne songent même pas à le nier. Toute la presse russe s'est emparée de l'affaire. Pour les uns, les «mères» de Beslan sont victimes d'un charlatan qui profite de leur détresse. Pour les autres, l'opération a été montée par les services spéciaux dans le but de discréditer le Comité qui depuis un an se bat pour faire éclater la vérité sur la prise d'otages du 1er septembre 2004.

Le 16 septembre dernier, le Congrès du DRUGG a eu lieu dans une salle de l'hôtel Cosmos à Moscou. Après avoir chanté avec toute l'assistance un hymne à la gloire de Grabovoï, Soussana Doudeieva monte sur scène. Elle raconte comment Grigori Petrovitch l'a aidée, elle et les autres mères de Beslan, comment grâce à lui, le premier anniversaire de cette tragédie s'est passé sans incidents. «Il nous avait distribué des autocollants et nous les avons fixés un peu partout dans Beslan pour prévenir un nouveau drame.» A quelques pas de la malheureuse, Grabovoï se tient immobile. Les bras ballants. Les pieds légèrement écartés. On dirait un automate. Doudeieva semble réciter une leçon apprise. «Je crois en Grigori Petrovitch, dit-elle, je crois à sa promesse de ressusciter nos enfants.»

Des dizaines d'illuminés, guérisseurs, voyants ou mages exercent en Russie. Grabovoï n'était que l'un d'entre eux. Il publiait des livres, conduisait des séminaires, proposait des cures de jouvence, des cours de méditation et vendait des talismans. Membre d'une demi-douzaine d'académies dont les diplômes sont des peaux d'âne, le docteur en sciences aussi incertaines que variées aurait travaillé jadis pour une compagnie aérienne ouzbeke et ses services auraient également été appréciés par la présidence kazakhe. Si on en croit ses partisans, l'homme a maintenu en orbite un Spoutnik. Il détiendrait aussi le pouvoir de prévenir des avaries dans les centrales nucléaires.

Son bureau se situe au douzième étage d'un hôtel à la patine soviétique. Son bras droit, Constantin Sergueivitch ne demande qu'à exposer le programme du «parti de dieu» en l'absence du leader. Après avoir branché un magnétophone, il lit consciencieusement les dix motions politiques du parti : à partir de 2008, le territoire de la Russie sera interdit à la mort. 10% du PIB sera partagé entre tous les citoyens russes. Toutes les armes de destruction massive seront détruites... Puis il se lance dans une diatribe contre les journaux russes qui ont traité Grabovoï de «vautour». Enfin, Sergueivitch sort d'un sac en plastique une liasse d'autocollants. Identiques à ceux que Grigori Petrovitch a offerts aux «mères» de Beslan pour prévenir un «nouvel acte de terrorisme».

Sur les onze femmes qui avaient fait le voyage de Moscou pour assister au congrès du DRUGG, neuf sont rentrées en Ossétie du Nord. Quatre ont d'ores et déjà affirmé qu'elles n'ont pas été convaincues par le mage. D'autres restent confinées chez elles. Soussana Doudeieva est encore dans la capitale. Elle dispose d'une chambre au-dessus du bureau de Grabovoï. «Tout ce qu'on dit de lui dans la presse, affirme-t-elle, ne me trouble pas. C'est un homme éminemment bon.»

A Beslan, le Comité des mères est en ébullition. On parle de dissoudre le mouvement pour créer une nouvelle organisation : «La voix de Beslan». Des familles se déchirent. Nombre de «mères» sont persuadées qu'on leur a tendu un piège. «Désormais, témoigne l'une d'elles, quoique nous disions, nous allons passer pour des folles. C'était le but recherché.»



Canada : Raël

L'Agence Science-Presse contre Raël

ASP, 27 septembre 2005

[Texte intégral]

Montréal - L'Agence Science-Presse (ASP) proteste contre Raël. La semaine dernière, le gourou fantasque a déposé une poursuite contre huit groupes de presse et médias du Québec (dont La Presse et Le Journal de Montréal), qu'il accuse d'avoir publié des propos insultants envers lui et sa "religion".

L'Agence Science-Presse est insultée de ne pas figurer dans la liste des médias poursuivis par Raël et exige des excuses !

Depuis 2002, l'Agence Science-Presse a pourtant largement fait sa part pour faire de la publicité à l'homme-en-blanc: elle a en effet désigné Raël comme un clown, un fantaisiste, un halluciné et un hurluberlu (quatre fois dans le même article: http://www.sciencepresse.qc.ca/archives/2003/man060103.html) un être sans crédibilité, et associé, de surcroît, à un canular de premier ordre : le clonage d'un bébé.

En tant que journalistes scientifiques, nous sommes peut-être regardés de haut par l'ex-journaliste sportif que fut Claude Vorilhon. Cette attitude discriminatoire doit cesser et l'ASP exige d'être elle aussi poursuivie... si bien sûr M. Vorilhon n'a pas encore compris les arguments qui conduisent à le qualifier de clown, de fantaisiste, d'halluciné et d'hurluberlu.

Pour informations:
Le matin des hallucinés: http://www.sciencepresse.qc.ca/archives/2003/man060103.html
L'autre canular des Raéliens: http://www.sciencepresse.qc.ca/archives/2003/cap1002035.html
L'hypothèse de la semaine: http://www.sciencepresse.qc.ca/archives/2003/cap1301031.html



Canada : Raël

Procès en diffamation : Contre Raël, Le Droit invoque... la vérité

Canoë, 28 septembre 2005 par Rodolphe Morissette

[Texte intégral]

Attaqué par Raël et son Église en diffamation, le quotidien Le Droit a fait valoir hier une «défense de vérité». Bref, le chroniqueur a écrit que Raël était un «escroc de la pire espèce», parce que telle serait la vérité. Il lui faut donc en faire la preuve.

Claude Vorilhon, alias Raël, a pu prendre l’avion hier soir et voler vers la Suisse après avoir témoigné un jour et demi devant le juge Maurice Laramée, qui devra décider s’il accueille ou rejette l’action de 85 000 $ de l’Église raélienne contre Le Droit et son chroniqueur «d’humeurs», Denis Gratton.

Dans un cratère
Pour établir la thèse que Raël est un escroc, ainsi que l’affirmait Gratton dans la livraison du 23 mars 2003, son avocat, M. Raymond Doray, a fait raconter par Raël et par le menu sa prétendue rencontre de 1973 avec les extraterrestres (les Élohim) dans le cratère d’un volcan de France et tout près de leur soucoupe volante.

Conte de ma mère l’oie, que tout cela, réplique Le Droit : il ne s’agit pas seulement de «mensonges», mais de mensonges ordonnés à l’«escroquerie», a soutenu l’éditeur Claude Gagnon.

Le coup du clonage
Pour adhérer au message de Raël, les membres du groupe religieux sont invités à verser à l’Église 3 % de leur salaire net après impôt ; 7 % du même salaire pour être membre du groupe international et 1 % à la Fondation, dont les sommes font vivre Raël et lui permettent de voyager dans le monde pour répandre son message.

Mais la chronique incriminée visait plus particulièrement l’événement média qu’avaient orchestré Raël et les siens, fin 2002, quand ils annonçaient le soi-disant premier clonage d’un être humain : une affaire dont les raéliens n’offraient pas la moindre preuve, tout en se servant de ce «mensonge» pour obtenir des retombées publicitaires dans les médias.

Le juge a noté en passant que la crédibilité de Raël (dans sa déposition au procès) «sera une question capitale».

Dernier témoin à la barre ce matin, le chroniqueur Denis Gratton. Les avocats plaideront ensuite.



Canada : Raël

Une journée épuisante pour Raël

Cyberpresse, 28 septembre 2005 par Matthieu Boivin

[Texte intégral]

Pour une deuxième journée consécutive, Raël a dû faire face, hier, à un épuisant barrage de questions de Me Raymond Doray dans la poursuite civile de 85 000 $ qu'il a intentée contre le chroniqueur Denis Gratton et le quotidien Le Droit.

Le maître spirituel des Raéliens reproche à M. Gratton de l'avoir notamment traité d'"escroc" dans une chronique publiée le 23 janvier 2003, dans le cadre de tout le tapage médiatique entourant la prétendue naissance d'au moins un bébé cloné en décembre 2002.

Hier, Raël a continué de nier son association directe à l'entreprise Clonaid et à la scientifique Brigitte Boisselier qui sont derrière l'arrivée de ce supposé enfant. Il disait être le leader spirituel de Brigitte Boisselier dans cette affaire et que son appui religieux au clonage humain ne faisait pas automatiquement de lui un membre de l'équipe.

Des textes et des reportages reliés à cette histoire de clonage dans lesquels Claude Vorhilon utilisait le "nous" (nous pour Raël et Mme Boisselier) ont été présentés en preuve. Me Raymond Doray a également mis en lumière le fait que l'image et des ouvrages sur le clonage de l'homme qui aura 59 ans le 30 septembre étaient bien en vue sur le site internet de Clonaid, à une certaine époque.

Par le biais du site web, il était possible de recevoir Claude Vorhilon, alias Raël, pour une conférence traitant du clonage, pour la modique somme de 100 000 $



O.N.U : Sectes

Une représentante de l'ONU juge la loi française "à double tranchant"

Le Monde , 29 septembre 2005 par Xavier ternisien

[Extrait]

[.......}

"MODÈLE FRANÇAIS DE LAÏCITÉ"

Mme Jahangir a enchaîné les entretiens, avec des personnalités officielles mais aussi des responsables associatifs et des acteurs de terrain. Pourquoi avoir choisi la France ? "Pour trois raisons, explique-t-elle. D'abord, parce que le modèle français de laïcité est très singulier en Europe. Ensuite, parce que le rapport parlementaire de 1995 sur les sectes a suscité de nombreuses inquiétudes sur la liberté religieuse. Enfin, afin d'étudier les conséquences de la loi sur les signes religieux."

Sur la question des sectes, Mme Jahangir est satisfaite. "La situation s'est améliorée. La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires a une attitude plus équilibrée."

Asma Jahangir est une célébrité au Pakistan. Cette petite femme tranquille, vêtue d'un sari et entourée d'une cohorte de fonctionnaires des Nations unies, a croisé le fer à de nombreuses reprises, dans son pays, avec des groupes fondamentalistes musulmans. Elle a été l'avocate des femmes victimes de crimes d'honneur.

Elle a été nommée rapporteur spécial sur la liberté religieuse dans le monde pour la commission des droits de l'homme en juillet 2004. Sa visite en France donnera lieu à un rapport, qui devrait être rendu public en décembre, puis soumis à la commission des droits de l'homme en mars-avril 2006. De son expérience au Pakistan, Asma Jahangir a tiré une conviction forte : "L'intolérance nourrit l'intolérance. On lutte contre le fanatisme avec les armes des droits de l'homme."

[.........]

Sur les sectes, elle s'inquiète de la liste parlementaire de 1995, actualisée en 1999 et dit avoir reçu des assurances, notamment à la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires), que la consigne était de ne plus s'y référer. "Mais la liste reste utilisée dans des programmes de prévention à l'école. Les Témoins de Jéhovah m'ont donné des photocopies de documents donnés aux enfants, très humiliants pour ces enfants".

Mme Jahangir soumettra son rapport en avril à la Commission des droits de l'Homme et le rendra public, avec des recommandations pour le gouvernement,



Belgique : Sectes

Les sectes gagnent encore du terrain

La Libre, 29 septembre 2005 par Roland Planchar

[Texte intégral]

L'inquiétude n'est pas majeure, mais il n'y a pas non plus de quoi pavoiser, montre le rapport du CIAOSN. Ce centre spécialisé souligne l'impact de certaines croyances. Elles ont tendance à empêcher les soins médicaux.

Né des travaux de la commission d'enquête parlementaire de 1997 dédiée au sujet, le Centre d'information et d'avis sur les organisations sectaires nuisibles (CIAOSN) a pour objectif principal de fournir au public, aux autorités politiques, policières et judiciaires tout renseignement utile dans l'évaluation de la dangerosité des sectes.

Souvent questionné

Ce Centre divulguait mercredi son rapport bisannuel pour 2003 et 2004. Il n'a rien pour rassurer. C'est d'abord que les mouvements sectaires semblent se multiplier, même s'ils sont de plus petite taille qu'auparavant. Depuis sa création, le centre a ouvert 533 dossiers pour des mouvements différents, alors que seuls 94 d'entre eux avaient été cités lors des travaux de la commission.

Le nombre de consultations du CIAOSN par le public est lui aussi en augmentation. Pour 2003 et 2004, il s'est élevé à 1379 demandes portant sur divers groupes. Indicative des centres d'intérêt du public, la fréquence des questions désigne en premier les «Témoins de Jéhovah» (21,5pc), les mouvements axés sur le bien-être physique et mental et sur les thérapies non médicales (12,1pc), les groupements venus d'Extrême-Orient (10,2pc), ceux émanant ou dissidents du protestantisme (8,4pc), la scientologie (5,6pc), le «new age» ou «neopaganisme» (5,6pc), les mouvements ésotériques (4,7pc) et ceux émanant ou dissidents du catholicisme (2,4pc).

Toutefois, on tempère la portée des statistiques, au CIAOSN, en expliquant par exemple que les Mormons et les Baha'is ont été au centre de questions nombreuses mais non hostiles et que d'autres, comme les Témoins de Jéhovah et la scientologie, ont «subi» un grand nombre de questions à l'occasion d'importantes publications de presse. A noter enfin que les cultes protestant, anglican et orthodoxe (reconnus) et la laïcité organisée n'ont pas suscité de questions.

Bref, si rien n'indique qu'il faille attendre à court terme quelques drames à la façon des «meurtres-suicides» collectifs de l'Ordre du temple solaire (OTS, en 1994), il est en revanche clair que le problème a pris un aspect «santé publique» marqué.

Guérison divine

Le CIAOSN consacre ainsi un «focus» à la guérison par la prière qui «est aujourd'hui un des terrains privilégiés de certaines sous-familles du protestantisme évangélique». Il s'agit du traitement de maladies physiques et psychologiques, mais comprises dans un sens très large (argent, chômage, relationnel, etc.), les résultats «étant mis sur le compte de la puissance divine». Danger car «certains groupes de la famille adventiste avancent l'impossibilité de recourir à la fois à la puissance de guérison divine et à la médecine».

La «mouvance pentecôtiste-charismatique met elle aussi au premier plan le traitement spirituel» et si, dit le Centre, la majorité de ses mouvements affichent un discours nuancé, certains restent opposés à l'utilisation de la médecine. D'où le problème de santé publique, d'autant que des croyances de possession démoniaque, de nécessité «divine» de rester malade, etc., y perdurent.

Le CIAOSN met, en outre, singulièrement en exergue, sur le même sujet, le danger que représente le mouvement Sahaja Yoga, qui a de prétendues «solutions» pour le cancer, l'épilepsie, le diabète, la maladie de Parkinson et on en passe.

Enfin, on relève parmi les recommandations du Centre celle présentée, dès 2004, comme une priorité à l'adresse du gouvernement: l'adoption d'une loi protégeant (et donc organisant) le titre de psychothérapeute.

Des charlatans-gourous se seraient-ils glissés dans la profession ?



Belgique : Sectes

Les sectes nuisent à la santé

Le Soir, 29 septembre 2005 par Ricardo Gutiérrez

[Texte intégral

L'Observatoire fédéral des sectes livre son troisième rapport bisannuel

Des groupes nuisibles prospèrent sur le terrain du bien-être. Avec des thérapies dangereuses comme nouvelles formes d'embrigadement.

Les dérives sectaires deviennent un réel problème de santé publique. La situation, en Belgique, est préoccupante, relève l'Observatoire des sectes (1), à l'occasion de la publication de son troisième rapport bisannuel, mercredi.

Environ 50 % des appels du public et des autorités traités par l'observatoire, ces deux dernières années, concernent des groupes dont les pratiques risquent de porter atteinte, d'une manière ou d'une autre, à la santé de leurs adeptes.

Le rapport cite explicitement la mouvance du développement personnel et des pseudo-thérapies liées au bien-être physique ou mental, mais aussi les Témoins de Jéhovah (pour leur refus de la transfusion sanguine), la scientologie (pour ses cures de désintoxication controversées et son interdiction du recours aux professionnels de la santé mentale), les mouvements chrétiens pentecôtistes, qui recommandent la prière de guérison plutôt que le recours à la médecine. Pointés pour leurs dérives sanitaires, encore : des groupes plus discrets, comme Sahaja Yoga, Invitation à la vie, ou le Cercle des amis de Bruno Gröning.

Le rapport précise que la guérison par la prière est aujourd'hui un des terrains privilégiés de certaines sous-familles du protestantisme évangélique. Dans certains cas, comme au sein des groupes adventistes, le fidèle, le vrai chrétien, doit faire le choix entre Dieu tout-puissant, le seul véritable guérisseur et protecteur, et le dieu de la médecine, des drogues et des vaccins.

Le rapport rappelle qu'au nom de leur foi certains malades du sida traités à l'hôpital Saint-Pierre, à Bruxelles, ont choisi de ne plus poursuivre leur trithérapie...

Une décision d'autant plus dramatique que l'abandon du traitement marque ici un choix irréversible.·

(1) Centre d'information et d'avis sur les organisations sectaires nuisibles (CIAOSN), 139, rue Haute à 1000 Bruxelles. Tél. : 02.504.91.68. Fax : 02.513.83.94. Site internet : www.ciaosn.be.

TEMOIGNAGE

" Peur pour mes enfants "

Jacques (1) n'a pas l'esprit revanchard. Pas de haine. L'homme, enseignant, la quarantaine mûre, cherche juste à comprendre comment sa vie a basculé... J'ai vécu une dizaine d'années avec la mère de mes enfants, une fille de 14 ans et un garçon de 12 ans qui vivent chez moi, depuis deux ans. Nous nous sommes séparés en 2002. Elle n'assume plus les gardes, mais les mômes restent sous son influence...

Elle est kinésithérapeute. Elle a commencé par s'intéresser à l'ostéopathie, puis à des techniques indiennes basées sur les flux énergétiques du corps... Elle s'est passionnée pour le New Age et s'est mise au " channeling ", un mode de communication transcendantal qui prétend entrer en contact avec les " Anges ". Puis elle est passée aux théories de l'EMF Balancing, avec ses techniques de manipulation d'aimants censées " rétablir l'équilibre du monde "...

Elle a aussi suivi l'enseignement d'un gourou, à Branchon, où des groupes de 20 à 25 adeptes, tous en blanc, étaient formés à l'imposition des mains.

Un engrenage, résume Jacques : On n'a pas perçu, au départ, la dimension sectaire de son engagement. Elle a fini par rompre avec ses parents, catholiques. Elle refusait d'en parler.

J'ai commencé à m'inquiéter quand mon fils m'a dit, à 7 ans : " Papa, je vais mourir, mon esprit montera au ciel dans une colonne de lumière. Je vais " ascensionner ". Ma mission sera de revenir sur Terre, pour sauver les hommes ".

Elle a prétendu qu'il avait inventé. Ses exigences sont devenues de plus en plus contraignantes : plus question de vacciner les enfants, de leur dispenser des soins dentaires, ni de les traiter autrement que par homéopathie... Elle a exigé que j'appose des dessins représentant des colonnes de lumière sur les têtes de lit des enfants. Mon fils devait dormir sur un oreiller bourré de noyaux et parfumé de lavande. Pour " oxygéner son cerveau ".

Un jour, elle m'a annoncé que notre fils était un " enfant indigo ", que l'école n'était pas adaptée. En 2e primaire, elle a obtenu qu'on l'inscrive dans l'enseignement spécial destiné aux dyslexiques. Au retour des vacances, cet été, j'ai appris qu'il commençait des humanités sportives... Une idée du gourou.

Des voisines m'ont raconté qu'elles avaient hésité à déposer plainte, pensant que nos enfants étaient mal nourris, vu les diktats alimentaires auxquels ils étaient astreints. Ma fille est totalement végétarienne. Sa mère l'a aussi convaincue de renoncer au piano. Elle vient d'entrer en 3e secondaire. Elle est en train de se construire. J'espère qu'elle passera le cap. Je crois que le tennis, qu'elle pratique encore, l'y aidera. Comme le dessin, qu'elle adore.

J'ai voulu être compréhensif. Peut-être trop laxiste ? Pour mes amis, c'est comme si je m'étais retrouvé coincé dans un système de harcèlement moral dont je ne prenais pas conscience. Là, j'ai peur. J'ai le sentiment que mon ex-compagne détruit nos enfants, à distance. Ils n'adhèrent pas à ses pratiques. Mais acceptent tout ce qu'elle leur impose.

J'ai failli exiger la garde totale des enfants... Mais je ne veux pas les couper de leur mère. Et contribuer à ce qu'ils l'idéalisent.·

(1) Prénom d'emprunt.



France : Sectes

Miviludes: le nouveau président veut aider les victimes à dénoncer les sectes

AFP, 29 septembre 2005

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Jean-Michel Roulet, le nouveau président de la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires), a indiqué jeudi qu'il voulait aider les victimes de sectes à dénoncer ce qu'elles ont subi.

"Nous avons beaucoup de victimes, encore faut-il qu'elles veuillent bien dénoncer les actes subis", a-t-il expliqué à des journalistes à la veille de sa prise de fonction, le 1er octobre, à la tête de la Miviludes où il a été nommé fin août par décret du Premier ministre.

"Nous ne sommes pas très forts pour accueillir les victimes de viols mentaux, il y a une formation à faire chez les policiers, les magistrats pour que ces victimes puissent témoigner", a-t-il poursuivi, notant que "c'est très difficile de renier quelque chose en quoi on a cru".

M. Roulet, préfet hors cadre qui a effectué l'essentiel de sa carrière au ministère de l'Intérieur, avait participé en 1996 à la création de l'Observatoire interministériel des sectes, qui a précédé la création de la Mils (Mission interministérielle de lutte contre les sectes) remplacée fin 2002 par la Miviludes.

Il entend privilégier la constitution d'une jurisprudence, avec des éléments concrets, et aimerait "avancer ne serait-ce que de cinq jugements" durant sa présidence.

Selon lui, la liste parlementaire des sectes de 1995 est "complètement caduque" mais "a permis de cerner le phénomène même si c'était de manière parfois erronée et partiellement incomplète".

"La lutte antisectes n'est pas politicienne", a-t-il insisté, "les dérives sectaires sont un enjeu trop grave pour être purement politicien". Il cite le vote à la quasi unanimité de la loi About-Picard du 12 juin 2001, qui permet aux victimes de poursuivre plus facilement les sectes et leurs gourous grâce à l'extension du délit "d'abus frauduleux de l'état d'ignorance ou de faiblesse".

"La vigilance est indispensable", a-t-il ajouté, "s'il y a des sectes c'est qu'il y a une demande: notre société fragilise l'individu donc il y a une forte demande de salut et les activités sectaires se diversifient, dans la formation professionnelle, les thérapies ou les nouvelles formes de pensées et de soins".



Belgique : Sahaja Yoga

Sahaja Yoga conteste la vérité officielle

Le Soir, 29 septembre 2005 par Ricardo Gutiérrez

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Sectes - L'organisation controversée contre-attaque en justice - Sahaja Yoga conteste la vérité officielle

L'Observatoire fédéral des sectes éreinte, dans son rapport annuel, Sahaja Yoga. L'organisation indienne réplique par une plainte. Une première.

La pression s'accentue sur Sahaja Yoga, connue pour ses séances de méditation. Ereintée par l'Observatoire fédéral des sectes (1) et ciblée par une plainte déposée au parquet de Bruxelles, Sahaja Yoga réplique. Elle annonce, à son tour, une plainte contre le Centre d'information et d'avis sur les organisations sectaires nuisibles, le CIAOSN. C'est une première, si la menace se confirme : jamais, jusqu'à présent, les avis officiels de l'Observatoire des sectes n'ont été contestés devant un tribunal. Le président de l'antenne belge de Sahaja Yoga, Bernard Cuvelier, est décidé à en découdre : Nous ne pouvons pas laisser passer le tissu d'affabulations que le CIAOSN nous reproche.

Officiellement, le sahaja yoga est une technique de méditation enseignée par une figure spirituelle indienne, Nirmala Devi, 82 ans, qui se fait appeler " Shri Mataji " (" Sainte Mère "). En Belgique, l'organisation dispose d'une quinzaine de centres, notamment à Bruxelles, Charleroi, Namur, Arlon, Genval et Libin.

Le CIAOSN vient de rendre public un avis cinglant à son égard : il dénonce, des pratiques et des rituels qui ont pour objectif d'amener progressivement le candidat à reconnaître le statut divin de Nirmala Devi et à vouer une entière dévotion à sa personne. Citations à l'appui, l'Observatoire estime en outre que Devi abuse de son autorité pour répandre un message xénophobe ou antisémite.

Des propos tirés de leur contexte et mal interprétés, répond Bernard Cuvelier.

Le CIAOSN estime aussi que la façon dont Sahaja Yoga se présente dans ses campagnes de recrutement est trompeuse. Et d'évoquer un risque réel pour les enfants qui sont envoyés dans les écoles de l'organisation à l'étranger. La grand-mère de deux enfants impliqués dans l'organisation vient précisément de déposer plainte, au parquet bruxellois de la jeunesse. Nous dénonçons une situation d'enfants en danger et de non-respect de l'obligation scolaire, explique l'avocat de la plaignante, Me Ureel. Sa cliente entend obtenir de la justice que les enfants soient élevés en Belgique : Ma fille a entraîné son cadet, âgé de 5 ans, en Tchéquie, tandis que l'aîné, qui a à peine 7 ans, a été envoyé à Dharamsala.

C'est une école extraordinaire, réplique Bernard Cuvelier, qui respecte le programme de l'éducation nationale indienne tout en y ajoutant un enseignement culturel et spirituel spécifique. L'homme conteste tout prosélytisme : Sur les 400.000 personnes qui pratiquent le sahaja yoga dans le monde, à peine 50 enfants étrangers, dont un Belge, suivent les cours dispensés à Dharamsala. Il n'y a pas de politique systématique d'éloignement des enfants.

Notre organisation, à l'échelle belge, est modeste : elle compte 200 yogis et vit sur un budget total de 20.000 euros. Nous ne comprenons pas l'acharnement du CIAOSN.·



Canada : Raël

Procès Gratton - Raël

Cyberpresse, 30 septembre 2005 par Matthieu Boivin

[Texte intégral]

Denis Gratton se défend

"Le canular était évident." Le journaliste Denis Gratton estime qu'il avait toutes les raisons du monde de comparer Raël à un "escroc de la pire espèce" dans une chronique d'humeur publiée le 23 janvier 2003.

Le chroniqueur a comparu durant environ 90 minutes, hier matin, dans le cadre de la poursuite civile de 85 000 $ pour diffamation intentée par le Messager des Elohim et l'Église raélienne contre lui et le quotidien Le Droit.

Dans son témoignage, le chroniqueur signale que les preuves ne sont jamais venues sur la naissance présumée d'un enfant cloné, à la fin de décembre 2002. Il a attendu un mois avant d'écrire une partie de sa chronique sur le sujet, laissant à Raël et à toute l'équipe de Brigitte Boisselier le temps de démontrer clairement la véracité de leurs dires.

Plusieurs quotidiens et médias de partout dans le monde avaient manifesté, bien avant le 23 janvier 2003, leur scepticisme face à la supposée percée scientifique de Mme Boisselier.

M. Gratton avance que Raël a menti afin d'obtenir une publicité extraordinaire dans les médias sur le clonage, ce qui justifiait à son sens l'utilisation du mot "escroc" à l'endroit de Raël.

Les plaidoieries sont terminées

Après une dernière journée de plaidoirie des avocats des deux parties, le procès du journaliste Denis Gratton et du quotidien Le Droit les opposant à Raël et à l'Église raélienne a pris fin, hier, après quatre journées d'audiences.

Le juge Maurice Laramée devrait rendre sa décision dans ce litige à l'intérieur d'une période maximale de six mois comme le prévoit la Loi, à moins de circonstances exceptionnelles.

Claude Vorilhon, dit Raël, et l'Église raélienne poursuivent M. Gratton et Le Droit pour la somme de 85 000 $ en raison de la publication d'un texte litigieux publié le 23 janvier 2003. L'article a provoqué une baisse des membres de l'église et la réputation du Messager des Elohim a été entachée, selon la partie demanderesse.

Dans un plaidoyer qui a duré plus de deux heures, hier au palais de justice de Montréal, l'avocat de la défense, Me Raymond Doray, a exposé en long et en large pourquoi le journaliste était dans son droit d'y aller avec la déclaration suivante : "Le bonhomme (Raël) est un escroc de la pire espèce, un gars d'arnaque professionnel et un enjôleur hors pair".

Selon lui, on parle ici d'un commentaire honnête et légal, en tenant compte de tout le matériel journalistique qui mettait en doute les affirmations de Raël et de Brigitte Boisselier comme quoi un bébé cloné était né près du 27 décembre 2002.

Mme Boisselier avait décidé de ne pas présenter de preuves scientifiques de la naissance de cet enfant pour protéger la vie privée. Cet argument de la protection du bébé a été rejeté par Me Doray, puisque, selon lui, il aurait été possible de démontrer scientifiquement cette naissance tout en préservant l'identité du rejeton.



France : Sectes

Quelle est la réalité des sectes?

Libération, 30 septembre 2005 par Daniel Licht

[Texte intégral

Questions à... Jean-Michel Roulet, préfet hors cadre, vient d'être nommé président de la Miviludes (Mission de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires). Ce n'est pas parce qu'elles ne sont plus sous les feux de l'actualité que les sectes ont disparu

Quelle est la réalité des sectes ?

Les pratiques sectaires sont une notion plus signifiante que le mot secte. Quant au paysage sectaire, c'est une réalité complexe, car, à côté d'organisations répertoriées, il y a une multitude d'associations qui changent de visage lorsqu'elles se trouvent dans le collimateur de la justice. Le phénomène ne se résorbe pas, mais il change de physionomie. On voit se développer de petits groupes qui font de la psychologie, des médecines nouvelles, de la diététique, de la formation permanente. Quand on dit secte, on pense à un groupe important bien structuré, mais, aujourd'hui, le phénomène prend plutôt une dimension «micro». Ce peut être un leader qui tient une douzaine de personnes grâce à des dérives sectaires. Avec des honoraires exorbitants pour une pratique quelconque qui conduit à l'éloignement de la famille, la substitution du libre arbitre : c'est cela la réalité sectaire.

N'y a-t-il pas une vision fantasmatique du pouvoir des sectes ?

Non, ce sont des gens puissants, professionnels de la manipulation, qu'il faut combattre du point de vue du droit. Il faut collecter des faits et les comparer à la législation en vigueur et, dès lors que ces groupes ne respectent pas la loi, les déférer en justice. La magistrature est certainement en pointe, mais la lutte antisectes est jeune et nous manquons d'une jurisprudence conséquente. S'il pouvait y avoir deux ou trois procès marquants pendant que je suis à ce poste, je ne serais pas mécontent



France : Sectes

Bio-psycho-généalogie - Les gourous en blouse blanche

Sciences et Avenir, septembre 2005 par O.H

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" La maladie n'existe pas! " proclame l'ex-médecin Claude Sabbah, fort de " trente-trois années de recherches "...la biologie totale des êtres vivants, cette science pure et précise dont je vais vous parler ce soir, est le fruit de mes trente-trois années de recherches, enrichies de l'analyse des travaux des plus grands auteurs... Je peux donc l'affirmer, c'est prouvé : la maladie n'existe pas ! "

Pas un bruit dans la salle, aucune contestation, pas le moindre signe d'indignation. Cette scène s'est déroulée le soir du 4 mai dernier dans un grand auditorium loué dans le VIIe arrondissement de Paris. Plus de 100 personnes, essentiellement des femmes, qui ont payé 12 € l'entrée à ce cours magistral de " pata-médecine " - pour reprendre l'expression du psychiatre Jean-Marie Abgrall, auteur des Charlatans de la santé (1). Tous écoutent religieusement le maître, le docteur Claude Sabbah. Cet ancien généraliste français, qui s'est retiré du tableau de l'ordre des médecins, arpente la scène, le micro à la main, avec l'aisance d'un vieux briscard. II poursuit : " Si tous les gens qui aujourd'hui ont une maladie ne l'avaient pas, ils seraient morts depuis belle lurette ! "

Claude Sabbah est un élève du docteur Ryke Geerd Hamer, le père de la médecine nouvelle, condamné en juillet 2004 par la cour d'appel de Chambéry à trois ans de prison pour escroquerie et complicité d'exercice illégal de la médecine. Ce médecin allemand prétend que toutes les maladies ont une origine psychologique. Aussi bien le sida (dû à un virus) que le cancer ou encore la sclérose en plaques. Ce fait " indiscutable " serait repérable grâce à des scanners cérébraux sur lesquels apparaîtraient des foyers de Hamer, c'est-à-dire des petits groupes de neurones connectés à des zones bien spécifiques du corps où la maladie va naître. Tel stress sera traité par le cerveau au niveau de tel foyer de Hamer et produira telle maladie dans tel organe.

Transgénérationnel

Même s'il est admis que certaines maladies peuvent avoir une origine psychologique, le fait de généraliser ce processus à toutes les maladies, y compris infectieuses, est une ineptie. Plus grave : selon Hamer, le seul moyen de guérir est de prendre conscience de l'origine de ce stress et, par une sorte de psychothérapie cathartique, de l'évacuer. Conséquence, le traitement n'est d'aucune utilité. Il pourrait même entraver le travail du psychothérapeute.

Hamer incarcéré à la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis Claude Sabbah a repris le flambeau. Il s'est inspiré des théories fumeuses de son mentor allemand pour créer ce qu'il appelle pompeusement la " biologie totale des êtres vivants " ou bio-psycho-généalogie. L'hypothèse de base reste " hamérienne " : toutes les " maladies " ont une origine psychologique Cette origine psychologique est un stress, qualifié de " conflit " dans le jargon des initiés. A un conflit précis correspond une maladie bien particulière. Par exemple, un stress lié à une
mésentente dans le couple ou au sein du foyer familial, nommé " conflit de nid ", va conduire à un cancer du sein. La précision de la biologie est telle, assure Sabbah, que si la femme est gauchère, ce sera-le sein droit qui sera affecté, et inversement !

A ces postulats de base, Sa bah a apporté sa touche personnelle : le transgénérationnel conflit à l'origine de la maladie n'est pas forcément enfoui dans l'histoire de la vie du malade. peut très bien être né chez le parents, les grands-parents, le arrière-grands-parents, etc., sans qu'il se soit jamais manifesté. Jusqu'au jour où un malheureux paie de sa santé la dette de sa généalogie. Et Claude Sabbah de citer le cas de l'une de ses patientes : " Après des année d'efforts, une femme parvient à être enceinte à l'âge de 36 ans
Mais, au quatrième mois de grossesse, elle se fait violer. Pour être sûre que son agresseur ne lui assène pas sur le ventre un mauvais coup qui pourrait la faire avorter, elle se laisse faire. Résultat : elle inscrit dans sa descendance le conflit "drame pour mon enfant". Ce conflit correspond très précisément à un cancer du sein. " Et, la biologie étant d'une précision d'horloger : " A 36 ans, l'âge auquel la mère a été agressée, la fille a un cancer du sein. "

Mystérieuse mémoire

L'enfant est imprégné du stress de la mère, car il se trouve dans la période de ce que Sabbah appelle le " projet-sens ". Cette période cruciale, théorisée par Marc Fréchet, autre chef de file de la sphère Hamer, court sur les quelques mois précédant la grossesse jusqu'au premier anniversaire de l'enfant. Durant cette phase critique, toutes les pensées des parents et notamment les stress, donc les conflits, vont être transmis à la progéniture et stockés dans une mystérieuse mémoire cellulaire au niveau du cerveau. La vie de l'enfant est déjà toute tracée : maladies, réussite scolaire, accidents, métier, mariages heureux ou malheureux, divorces...

Avec la hauteur et le recul inhérents aux grands chercheurs, l'ancien médecin Sabbah a pu généraliser la théorie de son collègue Fréchet à l'ensemble des " choses ". Les choses pouvant aussi bien être inertes que vivantes. Cela va donc de la lampe de bureau à l'enfant, en passant par le coquelicot ou encore le lapin de garenne et, bien sûr, la maladie. Chaque chose est l'objet d'un projet immatériel imaginé par un créateur - pas forcément divin - , précise Sabbah. Lorsqu'elle existe, elle devient matérielle et acquiert un sens
(une fonction ?). Bien sûr, pour l'homme, c'est un peu plus compliqué que pour la lampe, dont le seul sens est d'éclairer. L'homme, avec ses nombreux ascendants, est forcément " polyprojeté " (plusieurs projets) et " polysensé " (plusieurs sens). Que serait cette belle théorie
synthétique des choses sans une bonne règle générale ? D'où le théorème de Sabbah, intitulé " loi universelle des choses provenant du principe universel de la création ". En voici l'énoncé : " Pour toute chose, il existe une phase immatérielle qui précède sa phase matérielle, et il y a un projet dans sa phase immatérielle et un sens dans sa phase matérielle. Donc toute chose a un créateur. Le projet de la chose se fait dans sa phase immatérielle et la chose une fois créée exprime son sens (celui qui correspond au projet) dans sa phase matérielle. " Sibyllin.

En résumé : rien n'est dû au hasard. Tout a un sens, une fonction, y compris la maladie. Elle n'est d'ailleurs qu'un programme mis en oeuvre par un super ordinateur, le cerveau, en réponse à un stress intense. Pourquoi ? Pour notre survie. Car le cerveau stressé donne l'ordre de la maladie, mais en la focalisant sur une partie de l'organisme, afin que le reste du corps puisse continuer à vivre normalement.
Pour démontrer ce propos finaliste, le docteur Sabbah puise un bel exemple de nature harmonieuse dans le livre de Jean-Marie Pelt les Langages secrets de la Nature : celui-ci raconte que, face au lion, le koudou, une grande antilope africaine, a une solution de survie : la fuite. " Il ne viendrait à l'idée de personne de dire que la fuite est une maladie ", commente Sabbah. Par ailleurs, le koudou mange des acacias. Ces arbres se sont adaptés en produisant une substance chimique, un tanin, toxique pour l'animal si celui-ci en mange trop. Et Sabbah d'en déduire: " Ce poison est la solution de survie inventée par l'acacia. Ce n'est pas non plus une maladie. Donc, ce que nous appelons maladie, et notamment le cancer, n'est qu'un changement physiologique, une réponse parfaite à un stress. " C.Q.F.D. "

La maladie ne serait qu'un programme lancé par le cerveau en réponse à un stress

Conclusion de Sabbah : " Ce que nous appelons maladie est en fait un système de survie. Mais tout ce qui permet de survivre, par exemple la course, n'est pas une maladie. Donc la maladie n'existe pas. Ce n'est qu'une vue de l'esprit. "

C'est de ce même détournement de la logique que procède la métaphysico-théologo-cosmonigologie chère au docteur Pangloss, le précepteur du jeune Candide : " Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. Les nez ont été créés pour porter des lunettes ", assure ce parangon de la philosophie finaliste brossée par Voltaire. Mais alors, dans cette nature harmonieuse où tout a un sens, une fonction, que viennent faire des mamelons sur le torse des hommes ? s'interrogeait malicieusement le célèbre paléontologue et évolutionniste américain Stephen Jay Gould.

Passons à la pratique. Car Claude Sabbah a des solutions pour le bien-être des hommes. Qui dit programmation des maladies, dit déprogrammation. Une déprogrammation forcément biologique ! Un art que seuls les élèves de Sabbah peuvent pratiquer correctement. " La biologie totale des êtres vivants, c'est la théorie pure. La déprogrammation biologique,c'est son application ", assène le maître. L'intérêt est donc d'entraîner le malade dans une sorte de psychothérapie transgénérationnelle. " C'est plus rapide et beaucoup plus puissant que la psychanalyse, rassure l'ancien médecin. J'ai déprogrammé mon propre fils en une séance. Il souffrait de quatre pathologies réputées incurables pour la médecine et qui l'obligeaient à porter des lunettes. Depuis ce jour, il ne porte plus de lunettes ", poursuit-il, le miracle modeste.

Michèle, moitié léchée

Le décodage des conflits, c'est-à-dire la recherche des sens cachés, passe par de nombreuses analyses très approximatives, et notamment par ce que l'on pourrait qualifier " d'anagrammo-phonologie ". Exemple puisé dans la littérature biopsychogénéalogique : une dame qui s'appelle Michèle est victime d'un conflit lié à sa mère. Car Michèle = Mi (moitié) + Chèle (anagramme de léché). Donc Michèle est à moitié léchée. Or, chez les mammifères, que font les mères avec leur petit ? Elles le lèchent. Ainsi, une Michèle a-t-elle été à moitié léchée par sa mère. Ce qui signifie qu'une autre femme l'a " léchée " durant son enfance. Il faut alors retrouver cette femme (une soeur, une tante, une grand-mère ?), car elle est peut-être la clé du conflit. Selon les aptitudes du biopsychogénéalogiste et le cas à décoder, l'anglais, l'espagnol ou pourquoi pas l'ouzbek peuvent être appelés à la rescousse. Puis, ces conflits étant potentiellement transgénérationnels, la recherche peut se faire dans l'histoire
du patient, mais aussi dans celle de ses ascendants. En d'autres termes, si celui-ci ne guérit pas, c'est soit qu'il ne maîtrise pas la langue clé de son décodage, soit que sa mémoire est défaillante, soit qu'il est mauvais pour pister les conflits de son clan familial depuis Vercingétorix ! Plus grave : ce pourrait être un sceptique.

Les conséquences de cette pratique sont redoutables : ruptures familiales, arrêt des traitements médicaux. Nous avons rencontré quelques témoins des effets dévastateurs de la biologie totale. Telle mère est suspectée d'avoir fait un conflit de nid durant sa grossesse. Elle porte donc la responsabilité du cancer du sein de sa fille. La mère culpabilise, la fille accuse. Autre témoignage : cette pharmacienne belge et son frère, convertis tous deux à la biologie totale, accusent leur père d'être pédophile et incestueux et leur mère d'être gérontophile, abusant d'une cousine octogénaire. Citons aussi le cas de cette femme qui consulte, pour sa jeune fille, le docteur E., médecin généraliste homéopathe dans l'Hérault, élève de Sabbah et lui-même formateur en biologie totale. Il convainc la mère de retirer les lunettes de son enfant, contre l'avis du père et surtout en dépit d'expertises ophtalmologiques. Le père par-vient à faire la preuve des pratiques déviantes du docteur E., et porte plainte. Le médecin est condamné à six mois de sus-pension par le conseil départe-mental de l'ordre, mais il bénéficie de la grâce présidentielle lors de son appel auprès des instances nationales. Entre-temps, les parents ont divorcé et la garde de la fillette a été confiée à la mère, laissant le père face à son angoisse sur la santé de son enfant.

Pour ce qui est des traitements médicaux en cours de déprogrammation biologique, Claude Sabbah, à la différence de son mentor Ryke Hamer, est très prudent. " Il ne faut pas les arrêter ", martèle-t-il avec beaucoup de zèle. Mais quel impact peut avoir ce discours raisonnable chez des malades accablés par une trithérapie ou craignant d'être mutilés par une chirurgie lourde, et à qui l'on a promis qu'une simple psychothérapie allait les soigner, qui de son sida, qui de son cancer ? Par ailleurs, quel crédit accorder à ces recommandations quand, durant les trois heures d'une conférence, la science et la médecine conventionnelles sont discréditées, stigmatisées, ridiculisées ? " La médecine ne guérit pas, elle permet simplement de ralentir la maladie. Elle n'est pas efficace contre le cancer. Qui dans cette salle connaît des gens qui ont survécu au-delà de dix ans à un cancer ? ", lance Claude Sabbah à son public. N'est-ce pas la preuve que la médecine est inefficace ? Et pour ce qui est de la science officielle, " il lui a fallu des siècles pour admettre que la Terre n'était pas plate ".

Instruction en cours

Quelles que soient ses précautions, Claude Sabbah ne pourra pas tenir indéfiniment ce double discours. La justice belge ne devrait pas tarder à se mêler de ses affaires. Son représentant officiel en Belgique, Louis V., a déjà été inculpé pour exercice illégal de la médecine, escroquerie et attentat à la pudeur, suite à une plainte déposée par la famille de l'un de ses malades décédé. Selon les témoignages des proches, la victime aurait, sur les conseils du thérapeute, arrêté son traitement. L'instruction est encore en cours au tribunal de Liège. Mais le dossier promet d'être lourd. " Lors de la perquisition dans le cabinet de Louis V. nous avons découvert plusieurs autres dossiers de patients décédés. Nous avons contacté les familles concernées. Leurs témoignages confirment que Louis V. a vraisemblablement conduit ces malades à arrêter leur traitement ", explique Philippe Dulieu, le premier substitut du procureur du roi au tribunal de Liège. Outre le dossier Louis V., des plaintes ont été déposées dans l'affaire de la pharmacienne belge qui accusait ses parents d'abus sexuels. Trois thérapeutes sont mis en cause, dont un médecin et une psychologue française.

En attendant les premières condamnations possibles en Belgique, Claude Sabbah continue de faire des émules. Pis, des bataillons de thérapeutes déviants. A lui tout seul, il aurait, selon ses dires, formé 5000 personnes de la France à la Bel gique et au Québec. Ces 5 000 personnes apposent leur nouvelle plaque à côté de celle de leur activité officielle. Un bon complément de revenu. Certaines d'entre elles en forment d'autres, et ainsi de suite. Le public : beaucoup de médecins, de pharmaciens, d'infirmiers, et le tout-venant socioprofessionnel. Exemple dans la liste de la " promotion " de janvier 2002 que nous avons pu nous procurer : artiste peintre, astrologue, secrétaire, vendeuse, magnétiseur, chef de choeur et même institutrice. En une vingtaine de journées de stage, ces nouveaux docteurs Knock seront parés pour affronter mal de dos, mi-graines, maux de ventre, mais aussi cancers, sida et scléroses en plaques.
Parmi ces cohortes de charlatans, quelques-uns sortent du lot. Souvent des médecins. Exemple : Alain Scohy, adepte inconditionnel de Hamer et Sabbah. Il reçoit ses patients à Agullana, en Espagne, à une heure de Perpignan, dans son institut Paracelse, centre de médecine psychosomatique et hippocratique. Alain Scohy a été radié de l'ordre des médecins en France, notamment pour avoir rédigé de faux certificats de contre-indication vaccinale. Pourtant, dans son refuge catalan, il continue d'exercer librement sa médecine dangereuse basée sur la biologie totale. Il nie, par exemple, le caractère pathogène de certains virus et autres bactéries. A propos du sida, il va jusqu'à prétendre que ce n'est qu'un mauvais scorbut. Et, de la théorie, il n'hésite pas à passer à la pratique. Suite à une correspondance par courrier électronique, nous avons pu mettre en évidence ses tentatives pour démédicaliser une de ses patientes atteinte du sida. A la place de sa trithérapie, il lui conseillait de la vitamine C.

Autre élève de Sabbah,très prolixe : Gérard Athias. Encore un médecin retiré de l'ordre. Il a créé dans sa villa d'Hyères (Var) le " Collège international Gérard Athias - Guérir autrement ", qui délivre des diplômes éponymes !Il anime séminaires, conférences, formations, et un forum Internet particulièrement dynamique.

Gérard Athias est aussi le symbole d'une médecine déviante divinatoire et ésotérique. Pour faciliter le décodage des conflits, il n'hésite pas à mêler les concepts négationnistes de la biologie totale... au tarot de Marseille que lui a enseigné Alexandro Jodorowsky, le célèbre scénariste de Moebius, hameriste et sabbahiste. S'ajoute encore au tarot la kabbale, très tendance et très puissante dans " l'anagrammophonologie " biopsychogénéalogiste. Elle permet de traquer dans les mots des sens cachés que le français et les autres langues vivantes ne feraient pas apparaître. Il ne manque plus que le marc de café et les séances de spiritisme pour compléter les outils de diagnostic de cette médecine du troisième millénaire.

Regard et varicelle

Gérard Athias est aussi écrivain. Il est l'auteur de huit livres dont, inquiétant, quatre destinés aux enfants. Par le biais de petites bandes dessinées, il explique comment l'allergie au pollen du petit Thomas est due à la peur d'une séparation définitive et à une mère parfois chaleureuse, parfois froide ! Ou pourquoi la varicelle de Clémentine est liée à une séparation, à un changement de regard sur la mère (celle qui varie/varie celle). Deux autres de ses livres* relatent l'enseignement de Sabbah - présenté sous le pseudonyme de Joseph, un " medecine man " retiré dans la jungle mexicaine. Ces deux ouvrages permettent de noter quelques petits détails révélateurs sur la pratique du maître et de ses lieutenants, comme ce credo qui revient régulièrement dans les propos du fameux Joseph : " Nous ne sommes pas des gourous, nous ne sommes pas une secte. " En guise d'expiation ?

Une consultation en biologie totale.., et son addition

Je m'appelle Olivier M., j'ai 34 ans et de nombreux problèmes. Je consulte ce lundi 6 juin2005 madame H., une praticienne en biologie totale recommandée par le secrétariat de Claude Sabbah. Je lui égrène mes maux : mal au dos, mal aux genoux, angoisse. Côté vie personnelle, ce n'est pas brillant : instable, célibataire, chômeur. Je vis claquemuré dans un petit studio parisien payé par mon père qui, en plus, me donne de l'argent pour m'aider. Mon père ? Il gagne beaucoup d'argent, il est très secret, très distant. Je le soupçonne de ne pas être mon père. Je n'ai pas de bons rapports avec lui. Je profite de ce moment pour avouer que je suis constipé. Là, madame H. réagit : la constipation, le père, son argent, les mauvais rapports, le secret. Je lui ai donné tous les éléments d'un diagnostic déjà fait. " C'est très important ", m'assure-t-elle. Je fais mine d'être inquiet. " Je ne peux rien vous dire encore, si ce n'est que la constipation peut être en rapport avec ce qui s'est passé lorsque vous aviez 3 ans ",
poursuit-elle. En fait, ce qu'elle ne peut pas me dire encore, c'est que j'ai peut-être été agressé sexuellement par mon père durant mon enfance. Que l'argent qu'il me donne est un moyen de garder le secret. De ne rien dire, de le retenir. Du secret à l'étron, il n'y a qu'un pas qui vous fait tomber dans la constipation. C'est en tout cas ce que suggère Ghislain Devroede, un chirurgien de l'université de Sherbrooke (Québec) qui soutient dans son livre " Ce que les maux de ventre disent de notre passé " que 50 % des personnes souffrant de colopathies fonctionnelles (diarrhées, constipations, etc.) ont été abusées sexuellement durant leur enfance.

Après cette demi-révélation sur ma petite enfance, madame H. me donne un avant-goût de ce que pourrait être " mon travail sur moi ", mon décodage biologique. " Vous êtes instable. Il vous manque une colonne vertébrale. " Voilà pour le mal de dos. Si je me stabilise, le mal de dos disparaîtra " Si vous faites rien maintenant, va allez être mis à genoux. " voilà pour les genoux. Je suis convaincu par la pertinence ses analyses et lui fais comprendre que je veux continuer. Elle me propose " un packaging avec une séance par semaine. Cela peut durer six mois, un an, peut-être plus. Sûrement pas dix ans comme pour une psychanalyse. La réalité doit être entre les deux. " Rien à voir avec les résultats rapides garantis par Claude Sabbah "La séance dure quarante minutes et coûte 80 euros. Si vous êtes en retard, ce seral pour vous. Il faut me prévenir au moins 48 heures avant pour annuler un rendez-vous, sinon la séance est due. Vous devez payer en liquide. Ce n'est pas remboursé par la Sécu. " . Je fais un rapide calcul : 5 ans à 80 € la séance hebdomadaire ? Je pourrais bien lui laisser 19 200 €. Si en plus je décide de suivre la formation de base en seize jours de Claude Sabbah pour devenir moi-même psychothérapeute, il m'en coûtera 2 000 à 2 250 € hors transport et hébergement. Finalement je décide de repartir à la recherche de l'équilibre qui me permettra de retrouver ma colonne vertébrale. Seul. Sinon tout cela finira par me mettre financièrement à genoux