Actualités sur les sectes en décembre 2003.
(*) Articles ou documents qui, compte tenu de leur taille, ne sont pas ci-dessous, mais sur une page particulière ou sur le Web
France : Sectes et psy
Position de Janine Tavernier, ex-présidente de l'UNADFI
1er décembre 2003
[Texte intégral]
Pendant 20 ans, j'ai uvré en bénévole au sein de l'Union Nationale des Associations de Défense de la Famille et de l'Individu, l'Unadfi. J'en ai été la présidente de 1993 à 2001 . Cette association, reconnue d'utilité publique, est à l'écoute des victimes, plus particulièrement des personnes sous emprise sectaire ou de type sectaire. Parmi ces personnes profondément affectées et déstabilisées dans leur psychisme comme leur comportement, j'ai eu maintes fois l'occasion de recevoir des victimes de psychothérapeutes déviants, pervers ou incompétents. Les dommages dont j'ai eu connaissance étaient aussi profonds et dramatiques que ceux que je constatais chez les victimes de sectes. La peur ou la honte de parler et de témoigner caractérisait la plupart de ces victimes. C'est pourquoi, au moment où la question de la réglementation et de l'encadrement de la pratique de la psychothérapie est posé dans notre pays, je tiens à apporter publiquement mon soutien à l'amendement Accoyer.
Janine Tavernier
France : Raël
La plainte des Raéliens contre Georges Fenech et M6 déclarée irrecevable
AFP, 3 décembre 2003
[Texte intégral]
NANTERRE, - La plainte déposée par la secte des Raéliens contre le député du Rhône Georges Fenech (UMP) et la chaîne de télévision M6 a été déclarée irrecevable et la secte a été condamnée aux dépens, a-t-on appris mercredi de source judiciaire à Nanterre.
Les Raéliens poursuivaient l'élu et la chaîne pour des "injures publiques" proférées selon eux lors de l'émission "Zone interdite". La secte avait réclamé 70.000 euros de dommages et intérêts dans le cadre d'une procédure judiciaire engagée en octobre 2002. Georges Fenech, ancien magistrat et auteur d'un livre sur le danger sectaire avait alors qualifié les Raéliens de "groupe criminogène" et de "groupe criminel".
L'avocat de Georges Fenech, Me Lev Forster, avait démontré la prescription et la nullité de la procédure, en raison de la durée qui s'était écoulée entre les faits et l'assignation. Les frais de procédure ont été estimés à 2.000 euros dont devra s'acquitter la secte.
Canada : Ecoovie
La France demande l'extradition d'une mère accusée de l'enlèvement de ses enfants
Cyberpresse, 3 décembre 2003 par Marie-Claude Malboeuf et Alexandre Sirois (La Presse)
[Texte intégral]
Sylvie Verdell a rejoint dans les Basses-Laurentides l'ancien gourou d'Écoovie Joseph Maltais
Après avoir rapatrié en France deux fillettes qui cueillaient des fraises chez un gourou de Sainte-Anne-des-Plaines, la justice française demande l'extradition de leur mère, Sylvie Verdeil, qu'elle accuse d'enlèvement.
Cheveux tressés et bottes de suède à franges, la femme de 41 ans a gémi et frappé ses genoux, mardi, quand la Cour supérieure du Québec a conclu que la preuve était assez solide pour qu'elle ait un procès dans son pays d'origine. Une décision qui doit maintenant être approuvée par le ministre fédéral de la Justice.
L'adepte d'animisme, qui accuse ses compatriotes de «sectophobie» et dit fuir un ex-conjoint violent, espère obtenir le statut de réfugié et presse le Canada de ne pas se laisser «entraîner dans une chasse aux sorcières».
À en croire les documents soumis au juge Jean-Guy Boilard, le père des fillettes, Bernard Olivier, avait pourtant 1000 raisons d'être inquiet lorsque sa femme a mystérieusement disparu de leur maison d'Orègue, au Pays basque, en juin 2002. Apprenant qu'elle a changé 1500 euros en dollars canadiens (2400 $ CAN), le chauffeur de car soupçonne vite qu'elle a rejoint l'ancien gourou d'Ecoovie, Joseph Maltais, un pseudo autochtone québécois qui cachait jadis ses fidèles dans toutes les montagnes d'Europe, où tous vivaient dans des tipis de branches et mangeaient des brindilles, racines et feuilles d'arbre. Un mode de vie auquel les Olivier-Verdeil se sont soumis pendant 13 ans, jusqu'à ce qu'ils se révoltent et fassent dissoudre le groupe, en 1994.
France : Sectes et psy
Soutien de Jacques Trouslard à l'amendement Accoyer
4 décembre 2003
[Texte intégral]
Engagé depuis vingt et un an, sur un plan a-confessionnel et apolitique, dans une action de défense des victimes des sectes, je tiens à apporter mon soutien à lamendement de Monsieur le Député ACCOYER tendant à encadrer et réglementer la pratique de la psychothérapie.
En 1982, à loccasion dune enquête que jai effectuée sur le groupe de Saint-Erme, à la suite de plaintes de familles, jai découvert le problème des sectes et plus particulièrement le problème des dérives sectaires dans le domaine des thérapies.
Cette secte, qui comprenait un nombre impressionnant de médecins, de psychologues, de thérapeutes, avait créé deux départements scientifiques, lun psychologique : la S.I.RI.C. (Société Internationale de Recherche Interdisciplinaire sur la Communication), lautre médical : la S.I.R.I.M. (Société Internationale de Recherche sur la Maladie).
Les études, théories et pratiques psycho-médico-thérapeutiques avaient entraîné les membres de cette secte dans de véritables dérives, dont la plus grave fut, pour certains, non seulement la déstabilisation psychologique, la rupture avec leur famille, etc , mais aussi laccusation davoir été victimes dagressions sexuelles ou dinceste de la part de leurs parents, accusation totalement mensongère qui nétait que le produit de faux souvenirs, inventés, inculqués par le gourou pseudo thérapeute, mais sans fondement réel avec le passé. Inutile de signaler que ces ex-adeptes, lorsque la secte explosa, reconnurent leur erreur, ainsi que la manipulation dont ils avaient été victimes, et demandèrent pardon à leurs parents.
Depuis vingt ans, dans laction que je mène en collaboration avec les Associations nationales (UNADFI - CCMM) et la Mission Interministérielle de Lutte contre les Sectes, jai été amené à constater et à dénoncer les sectes qui avancent sous divers masques : religieux, médical, psychologique, psychothérapeutique, commercial, éthique, etc. Or je peux dire quactuellement le masque le plus dangereux utilisé le plus fréquemment par les sectes est celui des thérapies déviantes. Bien évidemment, ces pratiques abusives peuvent être exercées par des psychothérapeutes, à titre individuel, en dehors de tout groupe sectaire.
Face à ces dérives pratiquées par certains psychothérapeutes autoproclamés, sans compétence ni conscience, les victimes se trouvaient sans défense, devant un double vide médical et juridique.
Cest la raison pour laquelle je soutiens lamendement ACCOYER, qui, loin de fragiliser la profession, la protégera en la réglementant, et sécurisera les éventuels patients des médecins, psychologues ou psychothérapeutes qui disposeront désormais des qualifications professionnelles requises.
Jacques TROUSLARD
Evêché de Soissons
Délégué à la documentation sur les Sectes
France : Kryeon
Infos Sectes Aquitaine s'inquiète de l'implantation du mouvement Kryeon
AFP, 4 décembre 2003
[Texte intégral]
BORDEAUX - L'association "Infos Sectes Aquitaine" s'est inquiété cette semaine de l'implantation du "mouvement de l'ange Kryeon" et de sa promotion des "enfants indigos", qui connaîssent "un développement particulièrement rapide en Gironde et en Aquitaine".
Infos Sectes Aquitaine dénonce le discours du mouvement, "entreprise commerciale" qui présente certains enfants comme des enfants divins, "en relation avec l'au-delà" et dotés d'"une aura particulière". Les "enfants indigos" présentent surtout des signes d'hyper-activité, a souligné l'association lors d'une conférence de presse organisée mercredi à Bordeaux. Or le mouvement, lancé aux Etats-Unis "par un prétendu porte-parole de l'ange Kryeon", conduit les parents à des procédés de thérapies qui pourraient se révéler "dangereuses pour les enfants", selon Infos Sectes Aquitaine.
L'association entend alerter les parents qui pourraient être amenés à consulter des thérapeutes, que onze praticiens de la région Aquitaine sont liés au mouvement Kryeon. Infos Sectes Aquitaine met donc en garde contre les prospectus, publicités et bouche-à-oreille qui pourraient conduire les parents désorientés à consulter ces thérapeutes et conseille, en cas de doute, de s'adresser à l'association.
Pour Daniel Picotin, président d'Infos Sectes Aquitaine le mouvement Kryeon, qui n'est pas classé en France parmi les sectes et vend des stages, des colloques, des conférences et des livres, a surtout des visées "commerciales".
Daniel Picotin, avocat de profession, est un ancien parlementaire qui avait participé à l'Assemblée nationale à la la Commission d'enquête sur les sectes, dont le rapport a été publié en 1995.
France : Sectes
Attention aux sectes
Le Figaro, 5 décembre 2003
[Texte intégral]
Une note signée du président de la Mission de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), Jean-Louis Langlais, a été envoyée mercredi à dix-neuf préfets concernés par les inondations : elle les met en garde contre l'intrusion probable de sectes sur les lieux de la catastrophe. Ainsi, l'Église de scientologie reconnaissait hier que «les ministres volontaires, nombreux dans le Sud, étaient certainement en train d'aider sur le terrain».
«Les victimes sont des proies idéales. Elles sont affaiblies physiquement, psychiquement. Ayant tout perdu, elles sont prêtes à accepter l'aide du premier venu, explique Sonya Jougla, psychologue clinicienne, membre de la Société française de victimologie. Les Témoins de Jéhovah et les Scientologues arrivent par centaines après les catastrophes, extrêmement bien équipés, deux fois plus efficaces que la moyenne, extraordinairement gentils.» Par la suite, les victimes se sentiront redevables et obligées de garder des liens avec ces gens si dévoués. C'est alors que les adeptes proposent leur doctrine, sur le thème de «la colère de Dieu qui a voulu ce cataclysme pour punir la société».
Sonya Jougla a bataillé pendant trois ans pour alerter les pouvoirs publics sur ce phénomène, dont on a mesuré pour la première fois l'ampleur lors des inondations de l'Aude en 1999. Sur les décombres d'AZF en octobre 2001, ce sont également des dizaines de pseudo-thérapeutes utilisant les médecines alternatives et plus ou moins rattachés à des sectes qui ont déferlé. Le ministère de la Santé a pris acte de ce risque de manipulation post-traumatique en incluant dans une brochure intitulée Accidents collectifs, attentats, catastrophes naturelles, un chapitre appelant à la vigilance sur l'entrisme des sectes auprès des victimes.
France : Sectes et psy
La colère des psychanalystes fait reculer Accoyer
Libération, 5 décembre 2003 par Eric Favereau
[Texte intégral]
Le député présentera une nouvelle mouture du texte au Sénat en janvier.
Le fameux amendement Accoyer, qui entendait cadrer les psychothérapies, serait-il en train d'exploser en vol ? Il a été adopté à l'unanimité à l'Assemblée nationale le 8 octobre, sans le moindre débat public. Son auteur le docteur et député Bernard Accoyer, vice-président du groupe UMP reconnaît avoir changé d'avis depuis ce vote. Assurément en raison du tollé des réactions (Libération du 25 octobre).
«J'ai évolué, avoue-t-il, et c'est vrai que désormais il ne faut plus, à mon avis, inclure la psychanalyse dans le champ de ces psychothérapies, et donc de mon amendement. De plus, il ne faut réglementer que les psychothérapies lourdes, celles qui tentent de prendre en charge des troubles mentaux, et non pas simplement les bleus de l'âme.» Si tel est le cas, l'amendement bis Accoyer, qui devrait être débattu le mois prochain au Sénat, ne changerait qu'à la marge l'univers des «pratiques psy» en France. Que d'invectives, de procès d'intention et de débats tardifs pour en arriver là.
Unanimité. Reprenons. Depuis des années, Bernard Accoyer cherche à encadrer les psychothérapies, mettant en avant, non sans bon sens, qu'il y a parfois des pratiques sectaires dans certaines écoles, et surtout, explique-t-il, que «n'importe qui peut mettre sa plaque et se décréter psychothérapeute». Il y a deux ans, il a failli convaincre Bernard Kouchner, alors ministre de la Santé, de glisser son amendement dans la loi sur les droits des malades. Au dernier moment, le ministre avait refusé, demandant «un rapport». En octobre, lors du débat sur la loi de santé publique, rebelote. Et là, ce fut un triomphe, certes discret mais réel. A l'unanimité des députés présents, avec l'accord des socialistes et des communistes, son texte est adopté. «Les psychothérapies sont de natures diverses, mais surtout elles peuvent être conduites en France sans le moindre contrôle», expliquait-il dans un hémicycle quasi désert. «Devant ce vide juridique», Accoyer demandait que «les psychothérapies ne puissent être mises en oeuvre que par des psychiatres, des médecins ou par des psychologues cliniciens». Ajoutant que ceux qui n'ont pas ces diplômes mais qui exercent déjà depuis cinq ans «pourront poursuivre leur activité sous réserve de passer devant un jury».
L'air de rien, ces quelques lignes pouvaient bouleverser les pratiques. D'abord en exigeant que la psychanalyse ne soit le fait que de psychologues ou de psychiatres, alors que cette discipline s'est toujours voulue plus large, non seulement dans sa formation (incluant la philosophie, l'anthropologie, etc.), mais aussi dans sa conception, l'analyse ne se bornant pas à la guérison. Ensuite, les psychothérapies sont le fait d'écoles qui s'autoforment et s'autocontrôlent, souvent loin du champ universitaire de la psychiatrie ou de la psychologie clinique. Très vite, des réactions violemment négatives se sont exprimées.
Puissants réseaux. Des analystes de renom (toutes écoles confondues à l'exception de la Société de psychanalyse de Paris) ont sorti leur plume. Et activé leurs puissants réseaux. A l'image de Jacques-Alain Miller, gendre de Jacques Lacan et fondateur de l'Ecole de la Cause freudienne , qui a multiplié tribunes et réunions, publiant une Lettre à Bernard Accoyer et à l'opinion éclairée, dénonçant le «mythe de l'évaluation». Et tous, lacaniens comme freudiens, de mettre en avant leur propre système de formation et de contrôle. Quant aux deux grandes fédérations de psychothérapeutes (regroupant plus de 15 000 membres), elles ont pointé la psychiatrisation rampante de la société. Insistant sur le fait qu'ils prennent en charge, bien souvent, de simples moments difficiles de la vie. «Ce serait une erreur que de faire passer ces moments en troubles mentaux», expliquait l'un d'eux.
Bernard Accoyer ne s'en cache pas: il ne s'attendait pas à un tel tir de barrage, ni à une telle force de certains réseaux. Faisant contre mauvaise fortune bonne figure, le député UMP va donc proposer deux changements significatifs aux sénateurs. Il sort la psychanalyse du champ de son amendement, et ne cherche plus qu'à réglementer les «psychothérapies lourdes». «Pour le reste, avoue-t-il, si les gens veulent aller voir qui leur chante, je ne vois pas pourquoi il faut les en empêcher.» En quelque sorte, le retour de la raison. En attendant la réaction des sénateurs.
Japon : Aum
La peine de mort maintenue contre la "machine à tuer" de la secte
AFP, 5 décembre 2003
[Texte intégral]
TOKYO - La justice japonaise a maintenu vendredi la sentence de mort prononcée à l'encontre d'un ancien disciple de la secte Aum Vérité Suprême, surnommé "la machine à tuer" à la suite notamment de l'attaque meurtrière au gaz sarin dans le métro de Tokyo en 1995.
La haute cour a rejeté l'appel de Yasuo Hayashi, 45 ans, condamné pour avoir lâché le gaz mortel dans le métro de la capitale le 20 mars 1995, attentat qui avait causé la mort de 12 personnes et en avait blessé des milliers d'autres. "C'était un acte criminel prémédité et, en conséquence, la punition doit être sévère", a tranché le juge Koshi Murakami.
Les avocats de la défense ont argué que leur client avait agi par peur du gourou de la secte, Shoko Asahara, et n'était qu'un simple rouage dans le complot. Pour l'accusation, en revanche, M. Hayashi a participé activement aux préparatifs de l'attentat, notamment en inspectant au préalable le métro. M. Hayashi a également été condamné pour avoir pris part à une précédente attaque au sarin qui avait fait 7 morts et 100 blessés à Matsumoto (centre du Japon) en 1994 et pour avoir diffusé du cyanure dans les toilettes publiques d'une station de métro de Tokyo en mai 1995.
Il s'agit du quatrième disciple d'Aum condamné à la mort --par pendaison-- à perdre son appel. Jusqu'à présent, dix anciens membres de la secte --culte mêlant mysticisme hindou, croyances primitives bouddhistes et visions apocalyptiques-- ont été condamnés à mort mais aucun n'a été exécuté.
Canada : Anthroposophie
Un physicien parmi les parents
Le Devoir, 6 décembre 2003
[Texte intégral]
«Ce qui distingue la pédagogie Waldorf, c'est le respect du rythme de développement de l'enfant. » Et c'est ce qui a attiré Louis Taillefer, physicien à l'Université de Sherbrooke, une autorité mondiale dans le domaine des supraconducteurs, lorsqu'il est rentré de Toronto avec sa famille au Québec.
Mécontent de l'enseignement scolaire traditionnel, il cherchait un lieu où son fils de sept ans pourrait davantage développer ses capacités artistiques et son imagination : c'est ce que permet, à ses yeux, la philosophie Steiner.
L'arrière-plan ésotérique ne le dérange pas. Il ne se prononce pas sur la croyance selon laquelle l'âme ne s'incarne qu'à sept ans (ce qui expliquerait, selon Steiner, qu'on ne puisse apprendre que par le jeu avant cet âge), pas plus que sur les récits de réincarnation et d'Atlantide, qui constituent la raison d'être des orientations pédagogiques décidées par Steiner. Louis Taillefer insiste plutôt sur les valeurs morales et l'imaginaire, des choses qu'il importe bien plus, à ses yeux, de développer à un tout jeune âge que les connaissances factuelles.
Un argument avec lequel même les opposants à Waldorf sont d'accord : un enfant n'apprend pas de la même façon qu'un adulte.
Mais pourquoi ne pas prévenir les parents de toute cette philosophie pseudo scientifique ? demande Yves Casgrain, ex-directeur de la recherche à Info-Secte : « J'ai trouvé des traces de débats au sein des écoles privées. Dire ou ne pas dire ? Et jusqu'où ? Pour ce qui est des écoles publiques, les premiers pas de l'école La Roselière ont été marqués par ce silence ou par des omissions troublantes. »
Suisse : Raël
"Raël n'est pas le bienvenu"
Le Matin Dimanche 7 décembre 20032 par Blaise Villa
[Texte intégral]
VALAIS Le «soucoupiste» fête les 30 ans de sa rencontre avec les extraterrestres
On connaît tous le Forum politico-économique de Crans-Montana. Désormais, la station valaisanne pourra s'enorgueillir d'avoir accueilli en son sein dans le cinq-étoiles du Grand Hôtel du Golf notamment la 5e Convention internationale des raéliens. Dès jeudi, et pour quatre jours, ils devraient être 600 adeptes réunis autour de leur «visionnaire exceptionnel» Raël, alias Claude Vorilhon, pour célébrer dignement les 30 ans de sa rencontre avec «Yahvé, leader des Elohim», les extraterrestres. Certes internationale, la fête de fin d'année des raéliens aurait pu rester insignifiante si Raël, pour se rappeler au bon souvenir du monde, n'avait pas mis le mot de «clonage» dans son programme. Il y a une année, on se souvient qu'il réussissait un coup médiatique d'ampleur, avec l'annonce, encore aujourd'hui sans preuve, de la naissance du premier bébé cloné.
Un ancien dénonce
«Je me suis renseigné pour savoir comment interdire ce genre de rassemblement, mais c'est impossible, explique le conseiller d'Etat valaisan Jean-René Fournier. Je ne vise pas tant les croyances de Raël que les sujets traités, comme le clonage, qui font appel à de mauvaises réminiscences de l'histoire, comme le Dr Mengele et les races pures. J'estime que Raël joue dans les mêmes registres.»Le conseiller d'Etat le dit ouvertement: Raël n'est pas le bienvenu en Valais. «Je considérerais intolérable qu'il s'exprime sur le clonage. Mais je pense que c'est un coup de bluff supplémentaire...» Un avis que voudrait partager un ancien raélien, Boris Ryser, qui, depuis quelques semaines, alerte la presse à coups de communiqués signés AIDER (Amicale internationale des ex-raéliens). «Qu'ils fassent ce qu'ils veulent, mais pas de clonage, explique le Valaisan. Le clonage est un crime contre l'humanité.» Les alertes de cet ancien adepte ont-elles été entendues? Allez savoir: le «colloque scientifique» sur les avantages du clonage, annoncé jeudi sur le site de Raël, vient de disparaître du programme de la société Transfutur, une ONG fondée cette année par les raéliens à Genève et qui devait aussi être présente ce jour-là...
Des clients comme les autres
L'hébergement? L'établissement de François Rielle, le propriétaire du Grand Hôtel du Golf, accueillera les raéliens avec cinq autres hôtels de la station. «Cinq cents personnes ont réservé. Nous nous limitons à l'hébergement, rien ne se passera à l'hôtel», rassure le Valaisan. Il a raison: la convention prendra place sous une grande tente, montée sur le terrain de... l'hôtel. «Nous n'avons pas de jugement à porter sur des clients, nous faisons notre travail, explique succinctement François Rielle. Nous avons reçu des garanties et allons vérifier que la moralité est respectée. Aucun mineur ne sera accepté. De toute façon, cela ne changera rien à mes convictions personnelles, moi qui suis catholique.»Voilà qui réjouira l'évêché, qui, on s'en souvient, avait déjà été malmené par les raéliens il y a quelques années. «On ne peut pas dire qu'un tel congrès, avec les idées qu'il proclame, soit le bienvenu», relève le chanoine Bernard Broccard, vicaire général du diocèse de Sion, pour qui ces «fumisteries» peuvent toutefois être dangereuses. «Mais à quoi servirait de faire une pétition? Cela ne servirait qu'à repousser le problème...»
Les raéliens, hélas, n'ont pas désiré répondre au «Matin dimanche». On se contentera donc du commentaire du Valaisan et guide-prêtre Allan Tchopp, porte-parole pour la Suisse. «99% des journalistes racontent des conneries sur nous, nous n'avons pas besoin qu'on nous dégueule dessus. Si vous avez fait des articles neutres, vous aurez carte blanche pour venir à la convention ou même interviewer Raël. Sinon, c'est clos pour vous...»
Canada : Anthroposophie
Les maths à la sauce nouvel âge
Le Devoir, 7 décembre 2003 par Isabelle Roberge, Agence Science-Presse
[Texte intégral]
Les écoles Waldorf, que plusieurs aimeraient voir se multiplier au Québec, soulèvent plus que leur part de controverse en Amérique du Nord
« Un, deux, trois, quatre. Cinq, six, sept, huit. » Ils étaient une dizaine d'adultes, en rond, à compter tout haut, à culbuter leur petit sac de sable de la main gauche (neuf) à la main droite (dix), puis à la gauche (onze), pour le passer au voisin de droite (douze). Avec ce ballet, des parents expérimentaient... la table de multiplications de quatre. Du moins telle qu'elle aurait pu être enseignée à leur petit s'ils l'avaient envoyé en première année dans une école à pédagogie Waldorf.
Caractéristique dominante de cette pédagogie : « les rythmes de développement » des enfants. C'est ainsi qu'on n'enseigne que par le jeu et l'imitation aux moins de sept ans... parce que l'âme n'a pas encore intégré le corps. De 7 à 14 ans, on mise sur l'oralité. Contes de fées, légendes et mythes sont alors à l'honneur des cours d'histoire... et de biologie !
Les mathématiques sont également revues à travers le tricot. L'histoire, par un modelage en cire d'abeille. L'idée étant que les matières de l'après-midi -- comme le jardinage, les travaux manuels ou l'artisanat -- consolident les apprentissages du matin. Ici, pas de manuels scolaires. Pas d'ordinateurs ni de médias électroniques avant le secondaire parce qu'on est convaincu que ceux-ci « briment l'imagination » des jeunes.
Une demande a été présentée aux commissions scolaires de Montréal et Marguerite-Bourgeoys afin d'implanter « la première école publique à vocation particulière basée sur la pédagogie Waldorf à Montréal ».
Après avoir étudié le projet, appelé Élan Waldorf Montréal, les deux commissions scolaires ont décliné la demande pour les rentrées de septembre 2002 et 2003. La Commission scolaire de Montréal n'offrait que des locaux à partager alors qu'Élan Waldorf tenait à une école entièrement dédiée à « sa » pédagogie. Marguerite-Bourgeoys justifiait son choix par la réforme scolaire, qui requiert toute l'attention du personnel, mais ce n'est que partie remise : le dossier Waldorf demeure sur sa liste des projets à étudier. Et Élan Waldorf poursuit son projet d'ouvrir une école pour septembre 2003.
Au cours de l'été 2002, onze parents ont tenté, au cours de séances d'information de trois heures, de convaincre d'autres parents de rallier leur cause. L'atmosphère s'avérait plutôt chaleureuse et familiale. La salle soupirait d'envie lorsque trois anciens Waldorf, dans la vingtaine, se souvenaient du climat « non concurrentiel » des classes (pas d'examens notés au primaire). Mais les questions étaient soigneusement évitées. Au cours des trois heures, consacrées en grande partie à des contes, des mises en situation et des chansons), personne n'a prononcé le mot « anthroposophie ». On n'en fait aucune mention non plus dans les 23 pages du document remis aux commissions scolaires en novembre 2001. C'est pourtant derrière ce terme que se dissimule toute la philosophie créée en 1919 par le fondateur des écoles Waldorf, Rudolf Steiner
Imbibant l'ensemble de la démarche scolaire, l'anthroposophie reprend entre autres la thèse de la réincarnation et du karma. Les « rythmes de développement » de l'enfant sont basés sur l'arrivée successive de trois « corps » qui, selon Steiner, composent l'être humain : le corps physique, qui s'incarne à la naissance, suivi du « corps éthérique » à la chute des dents (vers sept ans) et du « corps astral », qui provoque la puberté, à 14 ans. Steiner était convaincu que les humains ont déjà vécu en Atlantide et vont un jour vivre sur Vénus, Jupiter et Vulcain ( ?) lorsque, dans une vie future, ils auront atteint un stade plus élevé de ce « développement ».
« Les enfants n'entendent pas directement parler de réincarnation. Mais la pédagogie est basée sur ce fait », reconnaît Vincent Breton, fondateur de l'association Rudolf Steiner de Québec. Cette association anthroposophique tente depuis 20 ans de lancer une école privée Waldorf à Québec. Dès 1994, elle a organisé un congrès d'information sur la pédagogie Waldorf et l'anthroposophie. Sans blâmer le silence qu'Élan Waldorf Montréal choisit de garder au sujet de l'anthroposophie, Vincent Breton se dit favorable à ce que les parents sachent que le projet est directement relié à cette philosophie et y inscrivent leurs enfants en toute connaissance de cause plutôt que de le découvrir après coup.
Un enfant sans âme
Selon M. Breton, lui-même père de quatre enfants, si les lettres sont assimilées en deuxième année plutôt qu'en première, c'est parce que l'esprit, qui vivait avant la naissance de l'enfant, n'a pas encore fini de « s'incarner dans son corps physique ».
« On nous a parlé du développement de l'enfant mais jamais que l'âme s'incarne à l'âge de sept ans », s'insurge un père qui a retiré ses deux enfants de l'école privée Rudolf-Steiner dans les années 90 -- la seule école Waldorf dans l'île de Montréal -- et désire demeurer anonyme. Comme les enfants ne rapportent pas de devoirs à la maison, les parents ignorent ce qui se passe réellement. Lorsque ce père a parcouru les ouvrages anthroposophiques de la bibliothèque de l'école, il a déchanté.
Il se rappelle les rencontres avec les professeurs : « Tout est très contrôlé. Le professeur parle. On ne pose pas de questions. »
Les professeurs, eux, entendent bel et bien parler d'anthroposophie. Ils complètent leur certification d'enseignement du Québec par une formation spéciale de un à trois ans, en Californie, en France, au séminaire de formation de l'école Rudolf Steiner de Montréal ou au Rudolf Steiner Centre à Thornhill, en Ontario. Sur son site Internet, on peut lire qu'ils font un « travail intensif en anthroposophie pour une éducation en profondeur », qu'ils étudient la « sagesse dans les contes de fées » ou qu'ils apprennent l'existence de « douze sens ».
Yves Casgrain, ex-directeur de la recherche à Info-Secte et auteur d'un livre sur les sectes, prépare actuellement un ouvrage sur les écoles Waldorf. La somme de trois ans d'entrevues avec des professeurs de nombreuses écoles privées : « On leur conseille d'être évasif, de savoir à qui parler et quoi taire. » Sans qualifier l'anthroposophie de sectaire, Yves Casgrain rapporte des propos d'un ancien étudiant : « Si je décidais de pratiquer l'anthroposophie à nouveau, ce serait via l'eurythmie [la "science du mouvement"], qui est un moyen d'entrer en contact avec l'au-delà. » Ce même élève lui racontait aussi qu'à l'école, on maintient que « quand on fait des maths, il y a des anges qui se promènent dans la classe ».
Même si, poursuit Yves Casgrain, « le but de ces écoles n'est pas de transformer les jeunes en anthroposophes », la pédagogie a un caractère « initiatique » : « Les professeurs ont une vision à long terme : préparer l'enfant à son karma et l'outiller pour ses futures vies, dans trois ou quatre vies. C'est plus ou moins à l'insu des parents. »
Le fait que les organisateurs d'Élan Montréal soient si discrets sur la philosophie de Rudolf Steiner s'explique peut-être par le fait qu'ils ont déjà eu maille à partir avec les médias. Depuis 1998, les parents de l'école La Roselière de Chambly observent un moratoire de silence. À l'époque, la ministre Pauline Marois n'avait pas voulu renouveler le permis d'établissement à vocation particulière : l'école n'utilisait pas de matériel didactique approuvé, son directeur était aussi le commissaire et certains parents étaient partis, choqués par son caractère ésotérique (dont une prière au soleil). Une mère se plaignait que l'orthopédagogue avait suggéré un traitement à sa fille gauchère pour qu'elle écrive de la main droite.
Pour l'instant, la seule école Waldorf primaire et secondaire dans l'île de Montréal, l'école Rudolf Steiner, est donc une école privée. Il existe trois écoles primaires publiques au Québec, à Waterville, Victoriaville et Chambly. L'une d'elles a été mentionnée à quelques reprises dans l'actualité lorsque Louis Taillefer, spécialiste des supraconducteurs à l'Université de Sherbrooke, a récolté les honneurs dans le milieu scientifique et en a profité pour souligner que ses enfants y sont inscrits (voir autre texte). Il existe également des jardins d'enfants, dont L'Oiseau d'or à Montréal. Chaque fois, les promoteurs de l'école sont les parents, comme M. Taillefer.
Depuis un an et demi, près d'une dizaine d'initiatives convergent pour relancer la défunte Association pour la pédagogie Waldorf au Québec. L'école de Chambly souhaite élargir son enseignement au secondaire. D'autres travaillent à s'implanter en Abitibi, à Adamsville et dans des quartiers de Montréal. À Québec, des parents anthroposophes ont tenu une conférence publique en janvier. « Depuis que des parents sont les maîtres d'oeuvre avec les conseils d'établissement, explique Vincent Breton, on voit de plus en plus de ces initiatives pour un enseignement différent. » Élan Waldorf Montréal compte aussi reprendre ses conférences publiques.
Steiner et l'anthroposophie
Décrit tour à tour comme un scientifique, un philosophe, un artiste et un pédagogue, l'Autrichien Rudolf Steiner a vécu de 1861 à 1925. Mais il se disait aussi doué de clairvoyance. En 1913, il quitte la section allemande de théosophie -- dont il emprunte certains dogmes comme la réincarnation -- pour fonder une nouvelle discipline, l'anthroposophie.
Selon cette croyance, des humains existent sous forme d'esprit depuis la création du monde ; ils ont progressé à travers diverses étapes, dont celle de l'Atlantide, et ont engendré les animaux.
Les contes de fées, l'Ancien Testament, la mythologie nordique et l'étude des civilisations indienne, persane, égyptienne et grecque prennent une tout autre signification quand on lit Steiner. « Pour obtenir une efficacité, il est essentiel de croire en ces paraboles comme des réalités absolues », écrit-il dans Education Of The Child In The Light Of Anthroposophia.
Dans 40 livres et 6000 conférences, Steiner a détaillé ce qu'il affirme être les applications de l'anthroposophie, dont une médecine anthroposophique, où se mélangent des relents d'arts et d'homéopathie, et une agriculture biodynamique, dont il subsiste plusieurs associations aujourd'hui. Mais la plus connue des applications, ce sont ces écoles Waldorf, du nom de l'usine de cigarette Waldorf-Astoria, où Steiner a créé sa pédagogie en 1919. Plus de 850 écoles et de 1200 à 2000 jardins d'enfants l'utilisent à travers le monde.
Poursuites aux États-Unis
PLANS, People for Legal and Non-Sectarian Schools, un groupe basé en Californie, poursuit actuellement en justice deux écoles publiques Waldorf américaines. Il recense sur son site des enseignements douteux qu'il attribue à l'anthroposophie : les planètes influenceraient la croissance des plantes, les Égyptiens auraient déplacé les blocs des pyramides avec le pouvoir du son. « On a enseigné à mon garçon que Newton avait tort quand il disait que le spectre de la lumière était composé de plusieurs couleurs. Et un professeur m'a dit que le coeur ne pompait pas le sang », affirme Dan Dugan, un des membres de PLANS, renvoyé d'une école de San Francisco à la fin des années 80 parce qu'il posait trop de questions.
Le 10 février dernier, la poursuite de PLANS a été jugée valide par une cour d'appel de Californie. PLANS allègue qu'en utilisant des fonds publics pour faire la promotion de l'anthroposophie, l'école viole une règle de base de la Constitution américaine, qui dit que la religion n'a pas sa place dans les écoles publiques.
Le fait de n'autoriser que peu ou pas de questions lors des séances de recrutement est typique, selon M. Dugan. « Tout est programmé. Les parents sont invités à jouer les étudiants. Ça les intimide, évitant ainsi des questions adultes et des discussions. »
L'AWSNA, l'association des écoles et instituts Waldorf en Amérique du Nord, vend sur son site Internet des livres qui expliquent en quoi la mythologie nordique explique le futur de l'évolution humaine. L'AWSNA fait également l'objet d'une poursuite pour racisme et discrimination, une accusation qui colle depuis longtemps à l'anthroposophie.
Belgique : Sectes
«Oui, il y a des enfants en danger»
La Libre Belgique, 8 décembre 2003 par M.Bs
[Texte intégral]
Des enfants échappent au système, après l'effilochement progressif des contrôles.
E n 1918, les amendes étaient très lourdes», rappelle le député André Bailly (PS) qui interpellera les ministres concernés sur la question qui nous occupe, ce mardi, au Parlement.
L'obligation scolaire date de 1914. Elle concerne alors les enfants de 6 à 14 ans. Il faudra attendre 1918 pour la voir appliquée. «Des contrôles sévères existaient à l'époque», poursuit le même. Car il s'agissait d'obliger tous les parents à inscrire leurs enfants à l'école, alors que les plus pauvres avaient besoin de leurs petits salaires pour faire vivre la famille.
«Le système a évolué à l'époque du pacte scolaire (1958). Les inspecteurs cantonaux réunissaient les directeurs des écoles de leur zone. Ils leur fournissaient les listes d'enfants transmises par les communes, et leur demandaient d'y pointer les enfants inscrits chez eux.» En rassemblant toutes les listes, ils repéraient les enfants inscrits nulle part, et écrivaient aux bourgmestres des communes concernées en leur demandant d'agir. Ceux-ci chargeaient alors la police de quartier ou le garde champêtre d'enquêter. Et au final, les cas «fraudeurs» étaient confiés à la justice. Seulement au fil du temps, la tâche est devenue de plus en plus difficile. D'autant qu'en 1983, l'obligation scolaire s'est étendue jusqu'à 18 ans.
Qui sont ces enfants qui échappent au système? Christian Sol est, encore aujourd'hui, inspecteur général du fondamental. Il se souvient du temps où il effectuait les contrôles: «Je me rappelle d'une famille dont les enfants étaient dans des écoles proches de sectes. Les filles étaient soi-disant instruites à domicile, mais on ne leur apprenait que des préceptes religieux. Quant aux garçons, ils étaient dans une école privée en Alsace.» Et de faire part de son intime conviction: «Oui, il y a des enfants en danger. L'exploitation et la traite des enfants existent aujourd'hui, en Belgique!»
Lise-Anne Hanse, directrice générale de l'enseignement obligatoire, confirme: «Il y a des milieux où la scolarité est négligée à cause de difficultés particulières de vie.» Et pas seulement chez les illégaux.
France : Raël
Comment Raël fuit les tribunaux
Charlie Hebdo, 10 décembre 2003 par Antonio Fischetti
[Texte intégral]
Stratégie juridique des raéliens : porter plainte en s'arrangeant pour bénéficier de la prescription.
Ils sont quand même marrants, les raéliens. Une fois de plus, ils viennent de perdre un procès. Ce n'est rien de moins que 70 000 euros qu'ils réclamaient pour avoir été traités de " groupe criminel " par le député Georges Fenech dans une émission de M6. Mais l'intéressant n'est pas tant qu'ils aient été déboutés par le jugement rendu mercredi dernier. C'est plutôt la raison pour laquelle ils ont été déboutés : leurs avocats ont envoyé l'assignation trop tard ! D'où prescription, car la loi impose à la plainte d'arriver dans les trois mois qui suivent la publication des propos litigieux. Voilà qui nous rappelle un petit souvenir...
Pas d'agenda sur Syrius
Il y a deux ans, j'expliquais en quoi les délires de Raël (tel qu'ils sont décrits dans ses livres) n'ont rien à envier aux fantasmes nazis humains rendus " immortels " par le clonage, et qui exilent les envieux mortels sur une autre planète ; troupeaux de clones humains transformés en esclaves ; droit de vote réservé aux QI les plus élevés, etc.
Donc, Raël a porté plainte pour diffamation. On jubilait à l'idée d'un beau procès où Me Malka aurait mis en pièces le frère de jésus (comme Raël se définit). Mais la prescription étant plaidable, Maika a gagné en dix minutes sans avoir eu l'occasion de déployer toute sa verve. À l'époque, on s'était juste dit que les raéliens étaient un peu cons (ce qu'on savait déjà). Mais aujourd'hui, la donne a changé. La prescription de l'affaire Fenech a de quoi mettre une petite puce à l'oreille. Et si on mettait le nez dans d'autres procès engagés par Raël ?
L'année dernière, il avait attaqué un ancien copain d'enfance. Celui-ci avait raconté dans une émission de télé comment Raël lui avait avoué que son histoire de rencontre avec les martiens n'était qu'un bobard. Evidemment, nous, on s'en doutait, mais que le gourou le reconnaisse, ça la fout mal devant les adeptes. Donc, plainte. Mais, là encore, prescription à cause du dépassement des trois mois de délai !
Si les avocats de Raël sont étourdis à ce point, il faut vite les renvoyer à la fac de droit. Bon, mais c'est quand même des pros, et on na pas de raison de penser qu'ils sont totalement débiles. L'autre explication, c'est que la prescription relève d'une stratégie délibérée...
Résumons. Raël porte plainte contre vous. Vous payez un avocat. Raël perd et se fait condamner aux dépens. Mais la somme déboursée ne couvrant qu'une partie de vos frais, il vous reste plusieurs milliers d'euros à sortir. D'où rintérêt pour Raël : la prochaine fois, vous y réfléchissez à deux fois avant de taquiner le prophète.
Mais pourquoi s'arranger pour être débouté à cause de la prescription ? Eh bien, ça évite un procès sur le fond où le clown du clonage serait amené à argumenter devant des juges.
Et puis, double intérêt face aux adeptes. En portant plainte, Raël s'affirme davantage dans son rôle de gourou. Ça lui permet de montrer qu'il ne se laisse pas faire par les antisectes. Puis, après avoir perdu, il se pose en victime de la société afin de cultiver la parano indispensable à toute secte. Se faire condamner est la preuve que tout le monde nous en veut... Ce qui démontre que les raéliens dérangent la société... Et la raison, c'est qu'ils sont tout simplement extraordinaires ! La mécanique est rodée et les adeptes gonflés à bloc.
Bon, maintenant on a compris. La prochaine fois que Raël nous attaque en diffamation, on pensera bien à lui téléphoner pour lui rappeler d'envoyer sa plainte dans les délais. Il serait temps qu'il ait un jour le courage d'affronter un tribunal.
Suisse : Raël
Journalistes triés
Le Matin, 11 décembre 2003
[Texte intégral]
Alors que le gourou était encore à table, son attachée de presse a signifié aux «méchants» reporters de céder la place. Sylvie Chabot, attachée de presse de Raël, éconduit une partie des représentants de la presse, dont les journalistes du «Matin».
Sous les lambris du Grand Hôtel du Golf de Crans-Montana (VS), la fête s'annonçait belle hier matin. Des centaines d'adeptes venus des quatre coins de la planète pour le week-end («628», se réjouissait le directeur de l'hôtel, François Rielle) discutaient de tout, de rien, et surtout de Sa Sainteté Raël.
Tous ces adeptes du mouvement connu pour propager la croyance en l'existence des extraterrestres et les bienfaits du clonage humain n'étaient là que pour une chose: fêter et chanter les louanges de leur «prophète» Raël, alias Claude Vorillhon.
Houellebecq au programme? Des journalistes, curieux de l'annonce qu'on leur ferait sur le clonage et de la présence de la scientifique et amie de Raël, Brigitte Boisselier, se serraient à l'entrée. Surprenant, une conférence de l'écrivain français Michel Houellebecq était même au programme. Intox? 13 heures. Tout le monde attend. Le territoire est dûment quadrillé par les adeptes qui procèdent aux interrogatoires qu'on leur a commandés. Ils interdisent l'entrée dans la salle à manger où Raël déjeune encore. 14 heures Une jeune femme s'annonçant comme attachée de presse relève les noms des journalistes présents. 14 h 30 Sylvie Chabot, attachée de presse de Sa Sainteté elle-même, annonce, sourire aux lèvres, que seuls certains médias seront admis auprès des conférenciers et autorisés à leur poser des questions. Les autres, rien. Ils sont coupables de travailler pour des médias couchés sur la liste noire du mouvement. Et voilà! Heureux, Le Monde, Il Corriere della Sera, L'Illustré se fraient un passage vers Raël. Pour les autres, dont la TSR, Le Nouvelliste et «Le Matin», ce sera «circulez, y a rien à voir!» Hélas, nous ne saurons jamais si des extraterrestres étaient parmi nous.
Etats-Unis : Méditation transcendantale ( Gourou Maharishi)
Le gourou, le cinéaste et l'ex-candidat en quête de dollars pour la paix
AFP, 11 décembre 2003
[Texte intégral]
WASHINGTON - Un gourou célèbre dans les années 60 pour avoir conseillé les Beatles, un cinéaste et un ex-candidat à la présidentielle américaine de 2000 ont lancé mercredi une collecte d'un milliard de dollars pour créer une "Université de la paix mondiale" aux Etats-Unis. "Je suis vraiment heureux d'apporter mon soutien au plan de Maharishi pour la paix dans le monde", a déclaré le réalisateur américain David Lynch lors d'une conférence de presse au Maharishi Vedic Center dans la banlieue de Washington.
"On peut mettre un terme à la barbarie. Le temps est venu pour un changement", a affirmé via une connection par satellite le gourou Maharishi Mahesh Yogi, 85 ans, depuis sa résidence aux Pays-Bas. Le vieil homme à la longue barbe blanche, originaire du sous-continent indien, a dénoncé le "système stupide", tandis que des adeptes l'écoutaient religieusement les yeux fermés dans la salle de conférence à Washington.
Le projet, auquel participe également un ex-candidat à la présidentielle américaine de 2000, John Hagelin du Parti de la loi naturelle (PLN, la vitrine politique de cette secte), consiste à rassembler dans une université 8.000 personnes qui grâce au pouvoir de la méditation transcendantale réduiront la tension dans le monde, les conflits et le terrorisme, selon les organisateurs. Il s'agira d'une "université de la paix dédiée uniquement à la prévention de la guerre, à la promotion de la paix et à la formation d'une nouvelle profession dans le monde, pas celle de soldat mais celle de faiseur de paix professionnel", a précisé John Hagelin, également via une connection par satellite. "Si ce groupe de 8.000 personnes pratique ensemble la méditation transcendantale nuit et jour, on aura la paix dans le monde. La science, la technologie et la connaissance sont là, nous avons besoin juste de ce bâtiment", a assuré David Lynch en montrant le dessin d'un immeuble de quelques étages avec un jardin à la française agrémenté de jets d'eau.
"J'ai découvert la méditation transcendantale il y a 30 ans et je médite depuis tous les jours. J'aime cette expérience de pure félicité, de pure connaissance", a ajouté l'auteur de "Sailor et Lula" et de "Blue Velvet". "L'Amérique a besoin de manière urgente d'une défense efficace contre le terrorisme", assurent les organisateurs dans un communiqué.
Le milliard de dollars recherché est destiné à doter une fondation qui assurera ensuite le financement sur le long terme de l'Université de la Paix.
Au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, Maharishi avait déjà tenté, en vain, de collecter de l'argent auprès des gouvernements affirmant qu'il pouvait mettre fin au terrorisme. Les organisateurs assurent que l'efficacité de la méditation transcendantale dans la réduction des conflits est scientifiquement prouvée. "Une étude quotidienne en Israël en 1983 a montré que les jours où le nombre de participants de l'assemblée de méditation transcendantale était élevé, les morts dues à la guerre au Liban a chuté de 76%", affirment-ils dans leur communiqué.
Reste à convaincre les sceptiques et à collecter l'argent. Le lieu d'implantation de l'université n'a pas encore été décidé mais il pourrait se trouver en Californie ou en Floride. Quant à la date d'ouverture, elle reste incertaine.
Les organisateurs veulent également rapidement créer une université du même genre en Israël puis "au Liban, en Jordanie, en Irak, partout. Et alors on aura la paix", conclut Robert Brown, un homme d'affaires américain à la retraite participant au projet.
Suisse : Raël
Trois raéliens gagnent au Tribunal fédéral
La Tribune de Genève, 12 décembre 2003 par Laqurence Naef
[Texte intégral]
Leur tract mettant en garde contre les prêtres pédophiles n'est pas discriminatoire.
"Les auteurs du tract n'attaquent pas les prêtres catholiques, mais les prêtres catholiques pédophiles." Une nuance qui fait, aux yeux du Tribunal fédéral, toute la différence entre un acte constitutif de discrimination raciale, punissable, et la limite de la liberté d'opinion garantie par la Constitution et la Convention européenne des droits de l'homme. Raison pour laquelle, le TF a admis le pourvoi en nullité formé par trois raéliens, défendus par MeSerge Milani.Distribué au printemps 2002
Le tract, rédigé par le chef de la secte des raéliens, avait été distribué au printemps 2002 par trois membres de l'association Nopedo à 20000 exemplaires à Genève. Titré "Protégez vos enfants des prêtres catholiques pédophiles", précisant qu'il ne fallait plus envoyer les enfants au catéchisme, le texte arrivait à une époque où le débat faisait rage, notamment aux Etats-Unis. Suite à la plainte d'une quarantaine de prêtres catholiques et de MgrPierre Farine, défendus par MeNicolas Jeandin, les trois raéliens avaient été condamnés pour discrimination raciale (qui comprend aussi l'incitation à la haine en raison de l'appartenance religieuse).
Un message rabaissant
Analysant l'application de l'article261bis du Code pénal, le TF indique que les catholiques constituent bien un groupe digne de protection, que les prêtres catholiques peuvent, en tant que tels, être objet de discrimination; enfin, le fait de traiter quelqu'un de pédophile constitue en soi un message rabaissant. Mais, soulignent les juges, le tract met précisément en garde contre les seuls prêtres pédophiles. "La critique formulée à l'égard des prêtres catholiques peut être considérée comme étant exagérée. Elle est cependant liée au comportement déviant de certains prêtres et non au statut de prêtre catholique. Le tract n'éveille pas l'impression que les prêtres catholiques sont de manière générale des êtres méprisables en raison de leur religion et que l'appartenance au clergé catholique favoriserait la pédophilie."
Enfin, les juges du TF se déterminent de manière assez inhabituelle sur le sujet, en glissant dans leur arrêt: "L'affirmation selon laquelle il existe statistiquement plus de pédophiles parmi les prêtres catholiques que dans le reste de la population et que les prêtres condamnés représentent la pointe de l'iceberg n'est pas au surplus infondée."
Suisse : Raël
Editorial : Un arrêt décoiffant
La Tribune de Genève, 12 décembre 2003 par Jean-Noël Cuénod
[Texte intégral]
Que voilà un arrêt qui décoiffe! Le fait que ses bénéficiaires soient membres de la secte raélienne n'inspire certes pas l'enthousiasme extatique, ni les actions de grâce. Cela dit, les juges fédéraux ont défendu la liberté d'expression avec une audace tout à fait inhabituelle de leur part.
Car elle va loin, cette jurisprudence qui vient ainsi d'être édictée. S'appliquant à l'article 261 bis du Code pénal (discrimination raciale, ethnique ou religieuse), elle relève, notamment, que "le message qui se réfère à un comportement ou à certaines caractéristiques d'un groupe ou qui porte sur les règles et coutumes de celui-ci reste licite". Et le Tribunal fédéral (TF) de citer cet exemple: "Le journaliste qui stigmatise le comportement des Turcs vis-à-vis des Kurdes ou les idées sexistes de l'islam ne se rendra pas coupable de discrimination raciale."
Il fallait que l'article 261bis existât afin de réprimer les ignominies racistes. Mais il était aussi urgent qu'un arrêt pris par la plus haute instance du pays en bornât la portée afin que l'une de nos libertés les plus précieuses demeure vivace.
Toutefois, nous restons dubitatif sur la politique suivie par les juges fédéraux en matière de feux de bouche ou de plume. Il y a peu un avocat genevois s'est fait notifier un avertissement, confirmé par le TF, pour avoir traité les fonctionnaires de "ronds-de-cuir". A ce compte-là, Courteline, l'inoubliable auteur de "Messieurs les Ronds-de-Cuir", aurait été jeté au cachot! Cela signifie donc que d'autres magistrats de Mon-Repos ont de la liberté d'expression une vision dangereusement étroite. Certes, le contexte des deux affaires se révèle fort différent. L'une se rapporte au Code pénal et l'autre à une mesure de type disciplinaire au sein d'une profession.
Il n'en demeure pas moins que les signaux donnés par les juges fédéraux à l'occasion de ces dossiers risquent fort d'être brouillés aux yeux du citoyen justiciable.
Belgique : Kashin
La mafia japonaise active en Belgique
Le Soir, 12 décembre 2003 par Frédéric Delepierre
[Texte intégral]
Arrestation importante -
La mafia japonaise ou du moins une secte nippone active en Belgique ? L'arrestation opérée mercredi par le juge d'instruction Bruxellois Michel Claise le laisse en tout cas présager. Hier, M. N., considéré comme un lieutenant de Ohashi Riichiro, maître spirituel du mouvement Kashin, a été placé sous mandat d'arrêt par le magistrat comme « coauteur de blanchiment d'argent sur le territoire belge ».
L'enquête a été initiée par une dénonciation de la Cetif (Cellule de traitement des informations financières). Selon elle, de très importants fonds en provenance d'une escroquerie présumée commise au Japon ont transité par la Belgique via des mouvements de comptes, des changes d'argent et l'achat d'immeubles en vue d'investissements africains. Notamment par des contrats personnels avec le président actuel de la république démocratique du Congo, Joseph Kabila.
Selon le parquet de Bruxelles, la fraude est estimée à plus de 200 millions de dollars. Les éléments mis au jour par les enquêteurs font apparaître que la fraude et le blanchiment d'argent semblent être initiés par un groupe du nom de Kashin, tel qu'apparu dans les informations japonaises, et auquel l'inculpé se rattache. Selon les premiers éléments de l'enquête, Kashin pourrait être assimilé à une secte internationale dont les ramifications s'étendent en Chine et au Japon. Son chef se nomme Riichiro Ohashi.
Au Congo, les investissements d'Ohashi Riichiro ne sont pas passés inaperçus et ont provoqué de nombreuses réactions. Créateur de Congo Development, Riichiro aurait été arrêté en juin dernier au Congo, d'autres sources prétendent qu'il serait réfugié en Thaïlande. Riichiro serait en tout cas soupçonné d'avoir détourné un milliard de yens japonais, qu'il aurait soutirés à 5.000 Japonais.
Selon la presse nippone, c'est vers 2001 que les collectes de fonds auraient commencé au Japon au motif de soutenir des investissements en République démocratique du Congo où le montant est bel et bien arrivé en liquide. Une somme qui aurait été remise à l'ancien ministre Denis Kalume.
L'ancien ministre a toujours réfuté avoir reçu la moindre somme de l'investisseur japonais. A tel point que l'Etat congolais assure avoir refusé toute lettre de garantie en prétendant qu'il n'avait pu exhiber la moindre garantie de la véracité de ses investissements.
Entre-temps, Ohashi Riichiro aurait pu investir dans l'immobilier à Kinshasa. Ces investissements au Congo n'auraient, selon les autorités, jamais eu lieu.·
et aussi :
LE VIF/L'EXPRESS (Hebdo belge) 12 decembre 2003
BRUXELLES - M.N., un homme d'affaires et lieutenant du chef de "Kashin", un groupe japonais présenté comme une secte aux ramifications internationales, a été placé jeudi sous mandat d'arrêt, annoncent vendredi "La Libre Belgique" et "Le Soir". Il est suspecté d'être "coauteur de blanchiment d'argent sur le territoire belge". Selon la Cellule de traitement des informations financières, des fonds en provenance d'une escroquerie présumée commise au Japon ont transité par la Belgique via des mouvements de comptes et l'achat d'immeubles en vue d'investissements en Afrique (notamment par des contrats personnels avec le président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila). Selon le parquet de Bruxelles, la fraude est estimée à plus de 200 millions de dollars. M.N. était chargé des opérations de blanchiment via le siège belge de "Kashin".
Belgique : Kashin
De Tokyo à Kabila via Bruxelles
La Libre belgique, 12 décembre 2003 par Roland Planchard
[Texte intégral]
Un Japonais de «Kashin» a été arrêté à Bruxelles où il blanchissait de l'argent, destination Congo-Kinshasa.
A l'origine, une escroquerie de 200 millions de dollars.La Ctif (Cellule de traitement des informations financières), le juge d'instruction Michel Claise (Bruxelles) et le SJA de la capitale (section DR 5, soit les finances) ont levé puis traité avec ténacité une étonnante et difficile nouvelle «affaire» de blanchiment d'argent. Tout ne va pas mal dans la justice...
Cette affaire aurait des proportions considérables, avons-nous appris jeudi, jour où le magistrat a délivré un mandat d'arrêt à l'encontre de N., un homme d'affaires qui serait surtout le lieutenant du chef de «Kashin», un groupe japonais présenté comme une secte aux ramifications internationales, Riichiro Ohashi.
Ce mandat faisait suite à l'interpellation de N., la veille, ainsi qu'à des perquisitions menées au siège belge de Kashin, établi en région bruxelloise. Tout toucherait de surcroît au président de la République démocratique du Congo (Congo Kinshasa), Joseph Kabila. C'est du moins ce que laissent croire des informations confirmées jeudi par le parquet de la capitale: «Le SJA a procédé à l'arrestation d'un ressortissant japonais soupçonné d'être coauteur de blanchiment d'argent sur le territoire belge».
Tremplin vers l'Afrique
La Ctif avait en effet signalé au parquet de Bruxelles, voilà plusieurs mois, que des mouvements de fonds suspects étaient organisés vers l'Afrique au départ de Kashin, avec transit par la Belgique. Il est ensuite apparu, côté justice, que le groupe, disons, sectaire est poursuivi là-bas pour une «escroquerie présumée commise au Japon», la fraude étant «estimée à plus de 200 millions de dollars», chiffre le parquet bruxellois.
En clair: cet argent devait être blanchi en vue d'investissements en Afrique. Or, précisément, N., agissant sur ordre d'Ohashi, était chargé de l'opération via le siège belge de Kashin, du moins partiellement. Combien, sur ces 200 millions? «Des fonds très importants», dit la justice, des fonds «qui ont transité par la Belgique par des mouvements de compte, des changes d'argent et l'achat d'immeubles». Ensuite, ventes et transferts devaient permettre d'investir au Congo.
Où intervient le président? Estelle Arpigny, porte-parole du parquet: ces investissements étaient projetés «notamment par des contrats personnels avec Joseph Kabila». La présence de M.Ohashi a d'ailleurs été signalée au Congo, voilà peut-être une année. D'autres personnalités seraient également concernées, de même d'ailleurs qu'en Belgique.
Ceci dit, la secte a peut-être trouvé son maître. Peut-être, écrivons-nous, car il s'agit cette fois d'informations non officiellement confirmées, qui indiquent que Kashin a cédé d'importantes commissions personnelles à Joseph Kabila pour la passation de ces contrats, alors qu'ils n'auraient pas tous été suivis d'effets, voire aucun. Le président aurait toutefois conservé les commissions. A prendre, donc, avec des réserves, même si l'origine de ces informations est d'ordinaire fiable.
Mauvaise réputation
Quant à Kashin, un survol rapide de son site Internet effectué à titre personnel par un collaborateur externe de l'ambassade du Japon à Bruxelles, qui ne la représente ni n'agit donc nullement en son nom, montre que le «groupe-secte» a des ramifications dans quatre pays, hors Japon: la Chine, la Tanzanie, le Congo et la Belgique. De la même source, il ressort que le propos général de la «secte» est de valoriser le peuple nippon et le Japon lui-même, présenté comme la 2e puissance du monde. La même lecture a de plus donné à penser que Kashin se nourrit plutôt de l'exploitation des plus faibles - une généralité en matière de sectes.
Toutefois, «il faut bien comprendre que la notion de secte n'est pas la même en occident et au Japon, où elles sont très nombreuses et ont pignon sur rue. La connotation négative n'y existe généralement pas», indique encore cette personne rompue aux usages nippons et qui, par ailleurs, n'est pas au fait d'une réputation flatteuse ou infamante de Kashin.
Pourtant, le gourou, Riichiro Ohashi, qui serait en fuite, ne peut être regardé dans les yeux par les adeptes, qui doivent se prosterner devant lui, montrent des cassettes circulant jusque dans notre pays. Et certains Japonais de Bruxelles prétendent que Kashin traîne une réputation de réelle dangerosité.
Belgique : Kashin
Des employés de l'ambassade du Japon à Bruxelles approchés
Le Soir, 12 décembre 2003 par Frédéric Delepierre
[Texte intégral]
Le mouvement Kashin serait dangereux
Vendredi matin, la porte-parole du parquet de Bruxelles a officiellement confirmé nos informations (" le Soir " de vendredi) selon lesquelles un ressortissant japonais a été placé jeudi sous mandat d'arrêt par la juge d'instruction Michel Claise du chef de blanchiment d'argent.
Le magistrat estime que l'argent qui a transité en Belgique proviendrait d'une escroquerie commise au Japon. L'argent, libéré par des mouvements de comptes et l'achat de biens immobiliers, a été investi au Congo. Des contrats auraient été conclus avec le président Joseph Kabila.
L'ambassadeur du Congo en Belgique, défie quiconque de prouver que M. Kabila ait touché le moindre franc de cet escroc japonais. Jean-Pierre Mutamba ajoute que le gourou de la secte était bien connu au Congo mais que personne n'a traité avec lui. Au contraire, il a été chassé du pays.
Selon le parquet, le blanchiment porterait sur un montant de 200 millions de dollars. Le suspect arrêté, M. N. apparaît comme le " lieutenant " de Ohashi Riichiro, chef spirituel de la secte japonaise Kashin. Cette secte aurait des ramifications internationales, principalement au Japon et en Chine.
Bien moins connue que la secte Aoum, Kashin n'en est pas moins considérée comme dangereuse. Son propos est de valoriser le peuple nippon et le Japon qu'elle considère comme la deuxième puissance mondiale. Pour mener son combat, Kashin, comme d'autres mouvements sectaires, exploite les plus faibles. Lorsqu'ils croisent le gourou Ohashi Riichiro, les adeptes ne peuvent le regarder dans les yeux et doivent se prosterner.
A l'ambassade du Japon à Bruxelles, on dit être au courant de l'arrestation du " lieutenant ". On dit aussi savoir qu'une enquête est ouverte au Japon afin de faire toute la clarté sur les agissements de Kashin et sur ses activités financières. A bonne source, on affirme d'ailleurs que certains employés de l'ambassade bruxellois ont été approchés par des émissaires de la secte pratiquant le prosélytisme. Quant au gourou, il est recherché par la justice nipponne. Il est en fuite. On le dit à Shangaï ou à Tokyo.
Pour ce qui est des activités de Kashin au Congo, un témoin confirme qu'il y a bien eu des transactions avec ces japonais, mais pas via l'ancien Denis Kalume, comme certains l'affirment. Par son fils Freddy, qui est aussi responsable du fait que son père soit épinglé par l'ONU.
En fait, poursuit le témoin, Freddy a connu ces japonais à Bruxelles dans le quartier Louise. Ils prétendaient que certains magasins de luxe les refusaient car ils achetaient de trop grandes quantités. Les Japonais ont alors demandé à Freddy de trouver d'autres Congolais habitués du quartier chic de la Toison d'Or afin qu'ils achètent une partie des articles de luxe pour eux contre commission.·
France : Sectes
Ne soyons pas hypocrites...
Clicanoo, 14 décembre 2003 par Ceste, Jacques et quelques rescapés (Saint-Denis)
[Texte intégral]
Vendredi 5, la télé diffuse un excellent reportage sur le danger des sectes. Comment rester indifférent devant cette plaie insidieuse et contagieuse qui envahit peu à peu le monde réunionnais. Il faut pourtant faire tomber le voile de lhypocrisie.
Au nom dune liberté individuelle, devons-nous autoriser, voire accepter, que ces sectes puissent uvrer en toute quiétude et prospérer dans notre société déjà en danger moral... Même dans une société de tolérance, ces groupes nont pas leur place.
Je considère cela (beaucoup en sont du même avis) comme du racket déguisé, subtilement utilisé par un groupe dindividus soi-disant investis dune mission divine ! Et ceci dans le but dabêtir et de soumettre à leur volonté ces pauvres gens déjà en détresse psychologique. Dieu sintéresse-t-il à largent ou à ces pauvres naïfs ?
À Saint-Denis, des responsables pratiquant à merveille le lavage de cerveau et dirigeant un de ces pseudo groupes de prières, chargés de mettre en place un monde spirituel, au nom de je ne sais quel Dieu, laissent le soin à leurs adeptes de sélectionner les «bons pigeons».
Ces derniers nhésitant pas à entraîner dans leur soi-disant quête spirituelle leurs enfants. Ces parents irresponsables ne se doutent-ils pas quils détruisent intellectuellement leurs enfants par leur aveuglement spirituel !
Que vont devenir ces enfants dans quelque temps... des missionnaires qui vont prêcher le bien-fondé de ces pseudo groupes de prières ? Posez-vous la question.
Jappelle cela une manipulation progressive étudiée et adaptée, dont la finalité a comme objectif disoler lindividu de son monde quotidien pour lamener à rejoindre le leur qui est censé être le meilleur des mondes... Ayant failli connaître ce même sort, on peut vous avouer que ce groupe de prières joue bien son jeu et que malheureusement dautres victimes potentielles grossiront leurs rangs et en même temps leur portefeuille.
Notre réflexion personnelle se fonde sur quelques éléments simples, dune vérité vraie et vécue.
Quattendent les autorités et lÉglise catholique pour réagir ? Nous comptons sur vous car le réveil risque dêtre douloureux pour ces âmes en peine.
Il en est encore temps.
France : Témoins de Jéhovah
On sonne à ma porte...
Marianne, n°13, 15 au 21 décembre
[Texte intégral]
Dring, dring et dring. Insistant. Je n'attends personne. Réfléchissons vite. Les étrennes aux éboueurs, c'est fait. Aux égoutiers et à La Poste aussi. Auraisje été doublée par de factices éboueurs et égoutiers ? La Poste, non. Je connais la factrice. Charmante. Je l'invite toujours pour un petit café pendant que je trie ses
calendriers. Chaque année, je cabotine, feignant de chercher une illustration culture et puis, finalement, c'est entre chatons et chiots que j'hésite. Elle devrait, La Poste, bricoler un calendrier avec chatons et chiots ensemble, quoi, qu'estce que c'est que cet apartheid entre mignons canidés et félidés à faire fondre ?
Dring, dring et redring. J'entrouvre la porte. Ni les éboueurs ni les égoutiers, mais deux messieurs. Un jeune et un beaucoup moins, à casquette. Qui me tend un petit catalogue, m'informe que c'est gratuit, me soumet la couverture sur laquelle un type boude. Assis, accoudé à une table avec calculette au premierplan. Titre, au-dessus de sa tête : " Réveillez-vous ". Légende, juste sous ses coudes : " Payez-vous trop d'impôts ? " Qui refuserait cette affectueuse
attention ? D'autant que j'ai, personnellement, quelques chicanes avec le Trésor public. Déménageant sous peu, j'ai écrit au TP où je paie, celui où je déclare et celui qui se soucie de mes taxes d'habitation et foncières. Trois lettres à trois adresses différentes. Ils ne se causent donc pas entre eux? Un des trois TP exige d'autres infos, c'est formulé ainsi : " Vous devez faire la demande de rattachement de vos deux autres contrats [?]. Dès réception de vos avis d'imposition, m'en adresser une copie complétée de la mention "demande de rattachement". "
De deux choses l'une. Ou mon Trésor vient de découvrir une nouvelle torture tendance chinoiserie, ou alors, et c'est flatteur, il aime recevoir des lettres de ma part, goûte mon style lèche-cul, car quand je cause à mon Trésor, c'est toujours sur un ton cauteleux.
Mais revenons au catalogue, format petit journal. Vous l'auriez repoussé, vous, le gentil casquette qui vous certifie vache à lait homologuée ? Menteur. Vous n'aimeriez pas neutraliser les bourrasques de M. Mer et ses golfes pas si clairs ?
Je l'ai saisi, le petit catalogue. Suis rentrée chez moi pour m'en gargariser. Ai appris que quelqu'un avait dit : " Si je travaille dur, on me spolie. " Proverbe babylonien cuvéee nviron 2 300 ans avant nous.
Mais, surtout, j'ai trouvé, inséré dans le gentil petit catalogue, un autre petit catalogue titré "La Tour de garde annonce le royaume de Jéhovah ". Plus loin, une autre citation à illustration type péplum : "Jésus a dit : rendez à César ce qui appartient à César. "
Je n'ai pas appris grand-chose sur comment rétrécir ma quote-part à la trésorerie de mon pays, mais beaucoup sur comment me "délecter en Jéhovah, en en apprenant le plus possible sur lui ". Car, plus on en sait, mieux ça glisse. La revue demande si on accepterait une visite ? On suppose que, futur témoin
éclairé, vous avez Internet et alors composez www.watchtower.org. Malins, les témoins. Ils se sont tous tant cassé le nez sur des portes qui refusaient de s'ouvrir pour eux, qu'ils se camouflent derrière ce qu'il y a de plus sexy au monde : rogner sur les contributions.
Pour faire passer Jéhovah, causez gabelle. C'est caresser dans le sens de la dîme
France : Témoins de Jéhovah
Refus de garde d'enfants à une Témoin de Jéhovah: la France condamnée
AFP, 16 décembre 2003
[Texte intégral]
STRASBOURG - La justice française a eu tort de refuser à une mère la garde de ses enfants parce qu'elle était Témoin de Jéhovah, a jugé mardi la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH).
La cour de Strasbourg a estimé qu'il n'y avait pas de preuve d'une "influence de la religion de (celle-ci) sur l'éducation de ses enfants" et que la France avait violé les articles 8 (respect de la vie famille) et 14 (interdiction de la discrimination) de la Convention européenne des droits de l'Homme.
La CEDH a alloué à Séraphine Palau-Martinez, 40 ans, 10.000 euros pour dommage moral, ainsi que 4.125 euros pour frais et dépens. Le tribunal de grande instance de Nîmes avait prononcé le 5 septembre 1996, le divorce aux torts exclusifs du mari et fixé la résidence des enfants, alors âgés de 7 et 12 ans, chez leur mère en Espagne.
Relevant l'appartenance de Mme Palau-Martinez aux Témoins de Jéhovah, mouvement considéré comme une secte en France, la cour d'appel s'était au contraire prononcée en 1998 en faveur d'une résidence chez le père. Elle avait estimé qu'il était de l'intérêt des enfants "d'échapper aux contraintes et interdits imposés par une religion structurée comme une secte".
La Cour d'appel avait également jugé que les règles éducatives imposées par les Témoins de Jéhovah aux enfants de leurs adeptes sont "essentiellement critiquables en raison de leur dureté, de leur intolérance et des obligations imposées aux enfants de pratiquer le prosélytisme". Un pourvoi en cassation de la mère avait été rejeté.
La CEDH a considéré dans son arrêt que la Cour avait accordé "une importance déterminante à la religion de la requérante, critiquant sévèrement les principes d'éducation qui seraient imposés par cette religion" et opéré ainsi "entre les parents une différence de traitement fondée sur la religion de la requérante". Si la cour d'appel "poursuivait un but légitime, à savoir la protection de l'intérêt des enfants" elle avait exprimé dans son arrêt "des généralités sur les témoins de Jéhovah", a ajouté la CEDH qui a regretté l'absence d'enquête sociale. "Aucun élément concret et direct ne démontre l'influence de la religion de la requérante sur l'éducation et la vie quotidienne de ses enfants", selon les juges des droits de l'Homme.
En outre, a souligné la CEDH, lorsque la cour d'appel a tranché en 1998 en faveur d'une résidence chez le père, les enfants vivaient avec leur mère depuis près de trois ans et demi et il s'agissait dès lors d'"une atteinte au droit de la requérante au respect de sa vie familiale".
Suisse : Raël
Michel Houellebecq défend les raéliens et le clonage humain
AFP, 12 décembre 2003
[Texte intégral]
GENEVE - L'écrivain français Michel Houellebecq défend la secte des raéliens, dont il a participé au récent congrès en Suisse, ainsi que le clonage humain, dans une interview publiée mercredi par l'hebdomadaire suisse L'Illustré.
A propos des histoires de soucoupes volantes et autres extra-terrestres propagées par Raël, l'écrivain assure: "ses histoires ne sont pas prouvées, donc je n'y crois pas. Je mets cela sur le même plan que le christianisme".
L'auteur des "Particules élémentaires" pose dans l'hebdomadaire aux côtés du gourou de la secte, le Français Claude Vorilhon alias "Raël", lors du congrès du mouvement organisé le week-end dernier à Crans-Montana (sud-ouest).
Michel Houellebecq explique qu'il s'est intéressé à la secte l'an dernier, lorsque les raéliens se sont targués, sans preuve, d'avoir fait naître des bébés clones. "J'ai été stupéfait par la réaction d'indignation générale, surtout en France", déclare l'écrivain. A propos du clonage, M. Houellebecq "trouve a priori que c'est une idée intéressante". "En tant que vieux lecteur de science-fiction, c'est une idée que j'envisage sans horreur particulière", ajoute-t-il, tout en se disant "pour la manipulation de l'humain".
L'écrivain rapporte qu'il a participé l'été dernier à un "séminaire" de deux semaines des raéliens en Slovénie. "Raël est un homme sympa, convivial, ses thèses sont intéressantes", affirme Michel Houellebecq.
L'écrivain admet qu'il y a "peut-être un peu" de goût de la provocation dans son soutien à Raël mais assure qu'il ne craint pas de s'afficher à ses côtés: "mon cas est déjà relativement grave, mais j'ai quand même le droit de fréquenter qui je veux".
Espagne : Elan Vital
A la recherche du bonheur
La Vanguardia, 17 décembre 2003 par Carles Arboli - traduction Marina Francesca Cossu
[Texte intégral]
La mairie de Figueras donne des locaux pour les activités d'une organisation sectaire.
La dernière activité prosélytique de l'organisation programmée pour hier a été suspendue préventivement.
"Quand tu réussiras à regarder à l'intérieur de toi, tu trouveras la joie que tu as toujours désiré. C'est un cadeau que tu possèdes déjà et moi, je peux t'apprendre le découvrir."C'est un des messages de Prem Rawat, connu également sous le nom de Maharaji, le leader spirituel de la fondation Elan Vital. Une organisation qui selon tous les experts agit comme une secte, c'est pourquoi dans des pays comme la France et la Belgique elle fait partie des listages gouvernementaux dans lesquels on prévient de ses risques.
Malgré ces antécédents, la fondation Elan Vital n'a eu aucun problème durant ces derniers mois pour divulguer son message de "paix et satisfaction intérieure"à Figueras. La Mairie même de la ville, par ignorance, lui a cédé gratuitement et à plusieurs reprises la salle de repos du Théâtre municipal: El Jardí et la salle des fêtes de la bibliothèque municipale pour qu'elle puisse réaliser ses activités prosélytiques.
De plus les conférences de l'organisation sont annoncés préalablement dans l'agenda culturel de la Mairie et on lui a permis d'utiliser le logo de l'Hôtel de ville dans sa publicité.
Des sources municipales se sont réjouies hier du fait que l'on ignorait les caractéristiques de cette fondation et que la Mairie s'était limitée à lui céder l'utilisation des installations municipales et à incorporer ses activités dans l'agenda culturel, tout comme on fait avec le reste des organismes sans intention de profit et, Elan Vital est bien constituée et cataloguée depuis 1999 comme fondation bénéfique d'assistance sociale par le Ministère du Travail et des Affaires sociales.
Les mêmes sources ont signalé qu'à cause des"contradictions"et des "doutes"qui sont apparus sur le fond de l'organisme, hier même on a pris la décision de rompre la collaboration qu'entretenait la Mairie avec cette fondation. On a même décidé de suspendre, d'un accord mutuel, une conférence qu'Elan Vital devait donner hier soir dans la salle des fêtes de la bibliothèque municipale.
Le journaliste et directeur de l'Equipe Multidisciplinaire pour la Consultation et Assistance des problèmes sectaires (Emaaps), Pepe Rodríguez a qualifié hier, dans une déclaration à "La Vanguardia"d'"inacceptable"qu'une mairie prête des locaux et divulgue les activités d'un groupe à caractère sectaire.
"lgré le fait que je considère qu'il ne s'agit pas d'une organisation excessivement dangereuse, il existe bien le risque d'en devenir dépendant", assure Rodríguez. Pour cette raison, il considère que l'on ne peut accepter qu'une administration lui prête gratuitement des dépendances pour ses conférences.
Rodriguez soutient que la fondation Elan Vital "a beaucoup changé depuis ses origines, quand elle était plus déstructive mais il est évident qu'elle continue d'agir avec des techniques de manipulation qui, en cas de fragilité, peuvent mener à une dépendance". A son avis, les leaders du groupe avec de longues ramifications internationales "se limitent à appliquer des techniques qui sont des bêtises monumentales seulement pour obtenir quelques dons financiers qui peuvent tourner autour des 250 euros par adepte".
D'autres experts en organisations sectaires et associations consacrées à la prévention des dépendances signalent les risques que suppose le fait d'entamer une relation avec la fondation Elan Vital. Le Collège Officiel des Psychologues, à Santa Cruz de Tenerife, la considère comme une secte destructrice du groupe C, c'est pourquoi elle la définit comme une organisation qui donne lieu à des "dommages économiques, physiques et psychiques à ses membres".
En France, quelques adeptes de la fondation Elan Vital ont affronté des accusations pour des supposés cas de pédérastie. En Catalogne l'association l'AIS déclare avoir aidé et conseillé les parents de quelques adeptes de Prem Rawat.
LUMIERE DIVINE
Selon l'AIS, en Espagne, les adeptes de la fondation Elan Vital, connue auparavant sous le nom de Mission ou Centre de la Lumière Divine, se trouvent sur tout le territoire, bien qu'ils soient spécialement implantés dans des zones de Barcelone, Saragosse, Madrid, Malaga, Pampelune, Bilbao, Valence, Alicante, Castellón et les Baléares.
Dans la province de Gérone, son centre d'activité se trouve principalement à Figueras, car c'est précisément un ancien conseiller à la Mairie qui s'était chargé jusqu'alors de toutes les formalités et autorisations pour l'obtention des locaux municipaux dans lesquels la secte développe ses activités. Une personne qui a assisté par curiosité à l'une des séances a avoué être scandalisée par le contenu de la conférence.
France : Témoins de Jéhovah
Transfusion sanguine
Libération, 16 décembre 2003
[Extrait]
Les négociations sont plus délicates avec les Témoins de Jéhovah, qui refusent les transfusions sanguines.
Les négociations sont plus délicates avec les Témoins de Jéhovah, qui refusent les transfusions sanguines. A tel point qu'Olivier Camagna avoue avoir parfois refusé de procéder à certaines interventions chirurgicales chez ces patientes.
Trop risqué. «Retirer un fibrome, cela fait toujours beaucoup saigner, explique-t-il. Je ne peux pas leur garantir qu'elles ne seront pas transfusées. Si le problème se pose, on arrive dans des zones dangereuses.»
Les médecins ont beau leur proposer des autotransfusions de sang, des techniques qui leur réinjectent le sang qu'ils perdent pendant l'opération, la plupart du temps, rien n'y fait.
Bozena Wachowska, anesthésiste dans le service, raconte qu'elle subit à chaque fois «les appels téléphoniques de juristes, de médecins eux-mêmes Témoins de Jéhovah plusieurs fois par jour», pour faire pression. Mais la situation ne se présente pas plus de deux fois par an.
France : Terranova de Montlaur
Prison avec sursis contre deux responsables d'un groupe qualifié de secte
AFP, 19 décembre 2003
[Texte intégral]
MILLAU (Aveyron) - Le tribunal correctionnel de Millau a condamné vendredi à dix et huit mois de prison avec sursis les deux chefs de la communauté Terranova de Montlaur (Aveyron), qualifiée de secte par l'accusation, et les a reconnus coupables d'abus de bien sociaux et complicité.
A l'audience les 30 et 31 octobre, le procureur avait requis dix-huit mois d'emprisonnement avec sursis contre Olivier Martin et Magali Guérin, le "gourou" et sa compagne, qui étaient poursuivis pour abus de confiance, fraude aux Assedic, construction sans permis de construire et abus de biens sociaux.
Dans son jugement, le tribunal correctionnel a partiellement relaxé les deux prévenus, condamnant finalement le "gourou" à huit mois avec sursis pour complicité d'abus de biens sociaux et sa compagne à dix mois avec sursis pour abus de biens sociaux et exécution de travail dissimulé.
Considérés comme les bénéficiaires de ces délits, six membres de la communauté ont été condamnés à des peines allant de 1.000 euros d'amende à quatre mois de prison avec sursis. Leur avocat avait plaidé la relaxe des prévenus, qui ont par ailleurs déposé une plainte, en cours d'instruction à Montpellier, pour "actes de barbarie, discrimination, abus d'autorité, séquestration" visant les conditions de leur interpellation en novembre 2000.
Dix membres de Terranova, qui est suspectée d'entretenir des liens avec la "Fraternité blanche universelle", un mouvement référencé comme secte dans le rapport parlementaire de 1995, avaient alors été interpellés.
Neuf d'entre eux avaient été mis en examen et relâchés sous contrôle judiciaire.
Canada : Raël
Il y a un an, Clonaid accouchait... d'un canular
Cyberpresse, 12 décembre 2003 par valérie Goudreau - Le Soleil
[Texte intégral]
Québec - De quoi parliez-vous, le 27 décembre 2002 ? Où que vous étiez, il y a fort à parier que vous avez eu au moins une discussion sur ce qui était alors le sujet de l'heure : la présumée naissance d'Ève, le premier bébé cloné. Annoncée en grande pompe par la firme Clonaid, proche du mouvement raélien, la nouvelle fera rapidement le tour de la planète. Où en sommes-nous 12 mois plus tard ? Toujours pas de preuve, pas de bébé. Juste un beau gros canular. Et un sacré coup médiatique.
C'était il y a un an. En conférence de presse à Hollywood en Floride, Brigitte Boisselier, une chimiste appartenant au mouvement raélien, annonçait que le programme qu'elle dirige, Clonaid, avait réussi le premier clonage d'un être humain.
Reçue avec un certain scepticisme, pour ne pas dire un scepticisme certain, la nouvelle devra être accompagnée de preuves. Surtout que le 4 janvier suivant, la chimiste Boisselier en remet en annonçant qu'une lesbienne néerlandaise aurait accouché d'une petite fille clonée, « quelque part en Europe du Nord ».
Toujours sans preuve à fournir.
Un journaliste indépendant, Michael Guillen, a beau avoir été nommé pour superviser les vérifications, celui dont l'objectivité est pour le moins critiquée se retire du dossier quelques jours plus tard, n'étant pas en mesure d'avoir accès à l'enfant.
France : Raël
Un an après "Eve", les clones de Raël demeurent toujours aussi virtuels
Le Monde, 23 décembre 2003 par Jean-Michel Dumay
[Texte intégral]
Brigitte Boisselier, la directrice de Clonaid, multiplie les voyages et les annonces, alors que sa société ne semble exister que sur Internet. "Eve" , si elle existait, aurait un an. Mais une année après avoir annoncé, le 26 décembre 2002, la naissance du premier bébé cloné, les raéliens n'ont toujours pas fourni la preuve de son existence et n'entendent d'ailleurs plus, désormais, en apporter. "Des preuves existent, persiste Brigitte Boisselier, directrice de Clonaid, l'entreprise fantôme qui revendique la supposée prouesse technologique, interrogée par Le Monde. Mais pourquoi voulez-vous que je les fournisse puisqu'elles me conduiraient tout droit en prison ?" Prétextant la condamnation unanime de ses supposées activités par la communauté mondiale pour ne rien dévoiler, Mme Boisselier ne continue pas moins de poursuivre ses annonces : une campagne de vingt nouvelles implantations au début 2003 aurait été menée. Tout cela, toujours sans preuves, au risque de renforcer l'impression de vaste "supercherie élaborée", comme avait fini par le penser Michael Guillen, le journaliste scientifique américain censé superviser les tests ADN avant de renoncer.
Plongée dans la virtualité, l'affaire Clonaid s'est récemment exposée publiquement dans un hôtel du Valais suisse à Crans-Montana. Une "Fondation pour les droits au clonage humain" qui, selon le mouvement raélien, regrouperait "des parents ou futurs parents"d'enfants clonés, y organisait, jeudi 11 décembre, un "symposium", en ouverture du trentième anniversaire de l'"église" fondée en 1973 par Claude Vorilhon - ancien journaliste sportif français émigré au Canada - sur la croyance que l'humanité aurait été créée en laboratoire et exportée sur Terre il y a 25 000 ans par des extraterrestres.
Loin de la meute médiatique d'il y a un an, Mme Boisselier a exposé, devant "Sa Sainteté Raël" entourée d'une centaine de raéliens, les bienfaits de son action. Pour étayer son discours, un diaporama a été présenté : la photo d'un joli poupon, commentée par Mme Boisselier d'un "Est-ce elle ?" (sous-entendu : Eve) suivi, une fois les exclamations de la salle retombées d'"On ne le saura jamais...". Deux scientifiques arborant la médaille de Raël participaient à cette séance. Hortense W. Dodo, Ivoirienne, professeur de biotechnologie à l'université d'agriculture et de mécanique de l'Alabama, a affirmé que l'espèce humaine, par le clonage, irait "lentement mais sûrement" vers la vie éternelle.
Selon des données recueillies sur le site Internet de l'université où elle enseigne, Mme Dodo a obtenu une allocation de recherche de 500 000 dollars du département américain à l'agriculture pour des travaux sur des cacahuètes transgéniques, rendues hypoallergéniques. Le second scientifique, Mehran Saam, dont la biographie distribuée par les raéliens indique qu'il est diplômé de l'université de Toronto, s'est lancé dans une intervention en forme d'hymne à la science, où la diapositive d'un corps écorché voisine avec celle d'une pin-up dénudée. Selon la même biographie, son domaine d'expertise porterait sur des recherches sur "les souris transgéniques, les cellules-souches", travaux "qui ont conduit à des publications dans des revues scientifiques". Le nom de M. Saam n'est cependant pas connu des principaux moteurs de recherche Internet anglo-saxons.
"J'EN RIS ENCORE" Même si Mme Boisselier continue d'affirmer que Clonaid possède une assise juridique par le biais d'un"montage complexe", rien ne vient asseoir la réalité d'une quelconque entreprise dédiée au clonage. Société fantôme, Clonaid n'est qu'un nom, à peine une marque. L'observation, dans les archives du Web, des différentes versions du site de Clonaid permet de constater que la mention registered ("marque déposée") qui suivait ce nom a même été remplacée en 2002, après que la Food and Drug Administration (FDA) se fut mise à enquêter aux Etats-Unis, par celle, moins engageante, de trade mark ("marque commerciale"). Un cheminement curieusement contraire à celui que suit d'habitude une marque.
Selon des juristes spécialisés en droit anglo-saxon, la mention trade mark concerne une marque dont l'enregistrement est en cours ou alors dont on se réserve "un effet à usage de droit", sans avoir à opérer les formalités d'enregistrement qui, bien entendu, permettraient de remonter aux structures juridiques. "Clonaid n'existe que sur Internet", estime Xavier-Martin Dupont, internaute assidu des forums de discussion pro et anti-Raël, qui a constitué un site fourni sur les contradictions du mouvement (www.zelohim.org). "Clonaid s'est développé sur la vague du Net dès 1996, un coup d'accélérateur a eu lieu lorsque le seul investisseur connu à ce jour -un avocat de Virginie-Occidentale- a mis de l'argent avant de rebrousser chemin à l'été 2001, le reste ne repose que sur des effets d'annonce."
Dans son livre Oui au clonage humain, paru en février 2001, Raël a d'ailleurs lui-même déjà décrit sa méthode : "J'ai acheté -en 1997- pour quelques dollars une société offshore aux Bahamas déjà appelée Valiant Venture pour que le projet soit pris au sérieux (...). Pour une dépense de moins de 3 000 dollars, nous avons obtenu une couverture évaluée à plus de 15 millions de dollars. J'en ris encore (...). "
Valiant Venture n'a existé que quatre mois, avant dissolution - ce qui n'a pas empêché le site de Clonaid d'en faire mention jusqu'en février 2001, comme si la structure existait. Rien n'atteste donc la réalité des activités de clonage chez les raéliens.
En 2003, une journaliste canadienne, Brigitte McCann, assistée d'une photographe, a infiltré le mouvement pendant plusieurs mois pour une enquête parue dans la presse nord-américaine en octobre. Selon elle, "les membres -du mouvement- ne savent rien des bébés clonés". Ayant suivi le protocole des raéliennes volontaires pour donner leurs ovules en vue de recherches sur les cellules- souches, elle n'a pu assister qu'à des réunions d'information organisées par Mme Boisselier et vérifier l'existence d'un accord de confidentialité contracté auprès de cette dernière fixant le paiement d'une somme de 1 million de dollars en cas de non-respect. Pour l'heure, seuls les déplacements de la responsable de Clonaid semblent donc être bien réels. Mme Boisselier voyage, selon elle, "un peu partout dans le monde".
En novembre, on a retrouvé sa trace effective à Londres, au Center for Bioethics & Public Policy, où elle était invitée et où elle a précisé à son auditoire que les parents des enfants clonés "étaient tous scientifiques". Et à l'université de Cambridge, où elle était l'invitée d'un forum d'étudiants. Mme Boisselier, "guide-évêque raélienne", distille ainsi la philosophie de son maître. Quand Le Monde avait rencontré en décembre 2002 Raël sur ses terres canadiennes, celui-ci l'avait concentrée en une phrase : "Je ne peux pas prouver que ce que je dis est vrai, mais vous ne pouvez pas prouver que ce que je dis est faux." Jean-Michel Dumay
France : Actualités diverses
A Monflanquin, le château des ombres recluses
Libération, 24 décembre 2003 par Didier Arnaud
[Texte intégral]
Une famille vit terrée depuis des mois sous la coupe d'un personnage trouble.
Monflanquin, Bordeaux, envoyé spécial - C'est un fait divers inachevé. Une famille dont les secrets n'auraient pas dû sortir des encoignures et des tiroirs des beaux meubles. L'affaire se trame autour d'une jolie gentilhommière au portail clos. Par une fente, on aperçoit des fenêtres dont les volets intérieurs ne laissent pas passer la lumière. Une tanière ? La façade Nord, qui donne sur un petit vallon, n'a que quatre volets ouverts. Il y a une couronne de l'avent sur la porte close et une caméra tournée vers la cour intérieure, à côté d'un cyprès. Dans la cour, une Clio gris métallisée et poussiéreuse. On est à «Talade», dans le Lot-et-Garonne, près de Villeneuve-sur-Lot.
Ombres. C'est un fait divers où, des victimes, on n'a que des échos. Et des lettres, des e-mails, une vidéo, des souvenirs de proches. Des ombres. Ils sont onze personnes d'une même famille, les V. vieille famille protestante enracinée depuis des siècles, «gravures bordelaises, droit et rigoureux, avec des devoirs», selon leurs amis. Des châtelains, dans le coin. Ils ne répondent plus au téléphone. Ont rompu avec leurs proches. Renvoient les courriers. Sortent rarement. Ils sont onze, des adultes, mais aussi des plus jeunes de 18 à 90 ans. Et cela dure depuis plus de deux ans.
Leurs proches, inquiets, ont quitté leur discrète réserve. Ils croient la famille piégée, veulent les aider à s'en «sortir». Sud-Ouest a tiré le premier, en septembre. Depuis, la bastide moyenâgeuse de Monflanquin n'a jamais vu autant de télés. Les amis se téléphonent, se perdent en conjectures, s'énervent. Ils s'inquiètent pour la santé physique des châtelains. Ils ont «grossi», témoin cette vidéo prise cet été. «A croire qu'ils bouffent que des patates», glisse une amie. Les femmes sont vêtues de robes démodées, ceinturées. On s'alerte pour leur patrimoine. Leurs comptes en banque ont été vidés, certains de leurs appartements vendus. Les meubles de leur château de Martel ont été saisis. Ils ne paient plus leurs impôts. On craint pour leur santé mentale. Eux se voient des «ennemis» qui les menacent, partout, des gens qui les suivent «avec des oreillettes». Ils se disent «en danger» permanent. En cause, les francs-maçons. Pathologie mentale extrêmement contagieuse ? Les proches louent les services d'un détective.
Au centre de l'histoire, deux personnages principaux. Un frère et une soeur, la cinquantaine. Et un visiteur, le porteur de malheur. Le frère, c'est Charles-Henri. Un gynécologue bordelais, très impliqué dans la médecine privée, un temps sur la liste d'Alain Juppé, en position inéligible. Bon vivant et rondouillard, affable. D'un «bon contact» avec ses patientes. Charles-Henri a dévissé sa plaque en un week-end, en mars dernier, sans prévenir son associé. La soeur, c'est Ghislaine. Une femme de tête, énergique, organisatrice, dynamique. A la tête d'une école de formation de secrétaires parisienne pour jeunes filles de la bonne société («la femme secrétaire») en attente de trouver un parti. Ghislaine dirige de main de maître, avec son mari Jean, pièce rapportée de la famille, un festival de musique en Guyenne. Elle a viré Jean, il y a plus de deux ans, en lui jetant un gant de jardinage, et épelant : «Voilà les signes maléfiques de ton réseau que j'ai trouvés dans notre jardin. Tu as une demi-heure pour faire tes bagages et quitter cette maison.»
Des phrases soufflées par «l'étranger». Il s'appelle Thierry T. Pour les proches, Ghislaine s'est entichée de lui. Peu à peu, il a pris place dans ses affaires. Elle l'a présenté à la famille. Ça paraît être le début de l'histoire. Ce Thierry, aussi urbain qu'astucieux, se montre prévenant, à l'écoute, toujours prêt à donner un coup de main, a une solution à tous les problèmes.
Conseils. Il se présente aussi comme un «espion chargé de mettre fin aux agissements des francs-maçons en France». Thierry prodigue ses «conseils», propose des affaires. A Charles-Henri, le gynécologue : un audit (100 000 francs) pour son cabinet de gynécologue. A Jean, des ordinateurs (200 000 francs) pour l'entreprise dont il fait partie. Il sera salarié de l'école de Ghislaine. Il n'y aura point d'audit. Les ordinateurs, payés d'avance, n'arriveront jamais. L'école est aujourd'hui en cessation de paiement.
Les ruptures avec les proches sont violentes, identiques, incohérentes. Ceux qui sont dehors ne parviennent plus à entrer en contact avec un père, une mère, des enfants. Une fille, qui vient de se marier, quitte son jeune époux et revient au château. La raison ? Sa mère, accuse le jeune marié de faire des «coucheries» avec son propre mari. Autres suspicions pour la famille d'Anne, une soeur morte il y a plusieurs années. Ses descendants ne sont plus «dignes» de faire partie de la famille. On les juge responsables de sa mort.
Insultes. Pour les amis, les punitions sont d'un autre acabit : «Tu participes à des messes noires, et à des partouzes, je sais. Tu ne mets plus les pieds ici», dit Charles-Henri à un ami. L'une se fait traiter de «salope». L'autre est insultée de longues minutes au téléphone. Lors de leurs dernières visites au château, les amis ont l'impression d'être «surveillés». A Paris, bien avant d'être recluse, Ghislaine ne voulait pas sortir. Elle se faisait livrer des pizzas, pour «échapper à un tueur à gages» payé par son mari. A chaque fois, reviennent les maîtresses, la pédophilie, les dangers extérieurs.
L'angoisse est à géométrie variable. Ils sont cloîtrés, mais sortent. Tous les matins, en voiture, «pour aller chercher le pain», selon un voisin. «Surtout la nuit» d'après un autre. «Ce sont les jeunes, qui vont au cinéma.» Un chasseur a rencontré un des frères de Ghislaine à une «soirée choucroute». Un autre a vu Ghislaine à La Poste, avec des lunettes noires. Ils font semblant de ne pas voir leurs anciennes relations. De multiples plaintes sont en cours. L'enquête préliminaire, qui semblait piétiner, devrait être confiée dans les jours qui viennent à la section financière du SRPJ de Toulouse, «dans un souci de cohérence», explique-t-on au parquet d'Agen, qui trouve qu'il faut dans cette affaire où tout semble «ténu, éparpillé», «retrouver du sang-froid».
Secte. C'est un fait divers aux hypothèses ouvertes. Certains proches parlent d'une secte, dont Thierry T. tirerait les fils. Avant de s'exiler à Talade, Christine, épouse de Charles-Henri, a confié à son amie Marie-Hélène qu'il y avait derrière tout cela un «énorme secret de famille». Cet été, alors qu'ils étaient encore à Martel dans l'autre château, les plus jeunes jouaient au ping-pong, un adulte tondait la pelouse et Ghislaine sortait faire les courses. Les autres restaient dedans. Aujourd'hui, les portes sont fermées. Il y a du bruit. Un homme apparaît à une fenêtre, coiffé d'un masque de poussière. Il lance aux journalistes : «Cassez-vous !» Il dit qu'il va porter plainte. Il a des «consignes». C'est une histoire de famille. Et les clés y sont encore.
Madagascar : Sectes
Il n'y a pas de sectes à Madagascar
La gazette, 27 décembre 2003 par Heriniaina
[Texte intégral]
Depuis quelques temps, on constate lengouement du peuple pour la religion entraînant la recrudescence des collectivités religieuses à Madagascar. Mais, selon les responsables du ministère de lIntérieur, il n y a pas de sectes à Madagascar. Or, lon constate maintenant la présence de temples à chaque coin de rue et des prêcheurs célèbrent des cultes un peu partout et dernièrement on a même vu les jeunes étrangers de léglise des saints du dernier jour, prêcher et sillonner la ville deux par deux. Mais le ministère de lIntérieur déclare que ces différentes églises sont, en fait, des associations cultuelles et non des sectes. Et le nombre de ces associations ne cesse de croître et, actuellement, lon dénombre 68 associations, et la majeure partie dentre opèrent à Antananarivo. Mais le nombre exact dépasse la centaine, selon le chef de division des associations et groupements au ministère de lIntérieur, Ranaivosoa Jean-Marie.
La différence entre une secte et une association cultuelle est que la première est un groupe de personnes qui obéissent et suivent la philosophie dune personne, et la seconde obéit à la vérité divine et respecte la sagesse malgache. La plupart de ces associations cultuelles sont chrétiennes, mais il y en a aussi des musulmans et le bouddhisme. Jusquà ce jour, il ny a eu quune seule secte à Madagascar, connu sous le nom de 666, du gourou Moon, daprès Ranaivosoa Jean-Marie. Le ministère de lIntérieur a reçu les plaintes contre cette association mooniste et a saisi la sécurité publique et la DGIDIE, qui après instruction a constaté que cétait vraiment une secte. Doù la cessation de ses activités dans lîle.
Cest lordonnance 62-117 du 1er octobre 1962 relative au régime des cultes qui régit la religion à madagascar. Selon cette ordonnance, il faut 100 membres ayant tous atteints la majorité légale pour constituer une association cultuelle, et ceux-ci devront se réunir au moins deux fois par an. Durant cette année 2003, quatre nouvelles associations ont vu le jour et sont toutes situées en plein centre-ville : Jésus Christ Vie Eternelle, Fiangonana Pentekôtista Voalohany, Vatolampini Kristy et le dernier, qui a été créé en septembre 2003, est le Fikamabanana Apokalipsy eto Madagasikara...
De par ce phénomène, lon constate que le FFKM perd peu à peu ses ouailles. Cest peut-être que ces associations ont de gros moyens financiers puisque quelques-unes disposent de stations de radios et de télévision. Mais cest surtout les conflits relevés au sein du FFKM, comme ce qui sest passé au temple dAndravoahangy Fivavahana qui est à lorigine de cette hémorragie
Suisse : La Kabbale
Madonna, ses contes et le gourou
Le Matin , 27 décembre 2003 par Didier Dana
[Texte intégral]
MYSTICISME Les livres à succès de la star s'inspirent de la kabbale
A Hollywood, la Mecque du show-business, les stars ont soif de spiritualité. Winona Ryder, Demi Moore, Stella McCartney ou Liz Taylor ont un point commun: un petit bracelet rouge au poignet gauche.
L'accessoire, très tendance selon les magazines de mode, est censé repousser le mauvais oeil. Il indique surtout une appartenance au mouvement kabbaliste.
La kabbale? Le mot désigne, à l'origine, les mystères de la tradition mystique juive. Dans sa version New Age, il devient un cocktail de bonheur, d'astrologie, de sexe, de sagesse et d'immortalité. Un mélange qui a envoûté Madonna. Ses livres pour enfants, des contes en apparence innocents, s'inspirent directement des enseignements qu'elle suit avec ferveur dans les Kabbalah Center de New York et de Londres, lieux d'étude dirigés par le gourou Philip Berg. On y trouve, pêle-mêle, quantité de produits dérivés, dont une eau minérale censée guérir le cancer.
Etrange? Madonna ne se pose plus la question. Adepte convaincue, elle associe désormais son nom et son image, donne de son temps et verse son argent à ce mouvement mystique. Elle a récemment «converti» son mari, le réalisateur Guy Ritchie, et ses deux enfants. A Londres, elle aurait donné 7,5 millions de francs au Kabbalah Center, situé à deux pas de chez elle, et ne manque jamais de remercier le rabbin Berg à la fin de ses livres. Mieux: les droits d'auteur de ses ouvrages destinés à la jeunesse sont entièrement reversés à la Spirituality for Kids Foundation (SFKF), une émanation des Kabbalah Centers, organisation à but non lucratif. A titre indicatif, «Les roses anglaises», le premier best-seller de la chanteuse, s'est vendu à un million d'exemplaires. Le second, «Les pommes de M. Peabody», vient de sortir en français dans les librairies romandes. Trois autres vont suivre dans la foulée.
Mais qui est ce Philip Berg dont les enseignements séduisent tant la «Material Girl»? Grand sage et kabbaliste émérite pour les uns, gourou vénal pour les autres, Feivel Gruberger, de son vrai nom, est un ancien agent d'assurances devenu rabbin en 1962. Avec sa femme, Karen, et leurs deux enfants, Michael et Yehuda, ils font fructifier un véritable «kabbalah business».
Confortablement installé à Beverly Hills, Berg dirige 50 centres à travers le monde. En Suisse, il existe une ligne téléphonique à Zurich, qui reste toutefois sans réponse. L'enseignement du rabbin vise à «changer votre vie» et à «remplacer le chaos par le bonheur». Pour vendre du bien-être, il ratisse large et met à la portée de tous - juifs et non juifs - la «science» très complexe de l'étude de Dieu. Basée sur la numérologie (chaque lettre de l'alphabet hébraïque a une valeur chiffrée), elle est sujette à mille interprétations savantes.
Une vie n'y suffirait pas... Sur le site Internet du mouvement (www.kabbalah.com) et dans ses centres, on trouve des cassettes vidéo, des CD, des bijoux et autres babioles, ainsi que le «Zohar» («Livre de splendeur»), texte fondateur vendu au prix fort de 800 francs. Peu importe si une majorité des adeptes ne parlent pas l'hébreu. Philip Berg affirme qu'il suffit de scanner les textes du regard pour s'imprégner de leurs lumières divines! Les livres pour enfants de Madonna figurent en bonne place parmi ceux du gourou («Immortalité» ou «Les secrets de l'univers») et de ses fils.
Produit phare de cette panoplie, une eau bénite: la Kabbalah Mountain Spring Water. Cette eau de source canadienne, puisée à Grafton, dans l'Ontario, est vendue 4 euros le litre. «Elle purifie l'âme», vante le slogan. Elle serait capable de «guérir toutes sortes de maladies et même des cancers».
C'est ce que l'on affirme à Paris, au Centre d'étude de la kabbale, dans le XVIe arrondissement. Avec la fiole d'eau claire, on vous remet deux pages indiquant les pouvoirs de l'eau, l'immortalité des cellules et expliquant que la structure du liquide change après la bénédiction du rabbin Berg, images à l'appui, cautionnées par un éminent cardiologue américain. Le miracle n'est cependant pas garanti. «Il faut consulter un médecin en cas de problème», précise prudemment l'étiquette. Madonna, qui en boit des litres, a récemment déclaré que la Kabbalah Water avait «guéri les verrues de son mari». Aux Etats-Unis et en Israël, des voix s'élèvent pour dénoncer ces pratiques mercantiles.
L'Américain Rick Ross, chevalier antisecte, pourfend les centres de Philip Berg sur son site (www.rickross.com). D'autres recueillent les témoignages d'anciens adeptes exploités, forcés de vendre la kabbale. Vedette sortie du rang, le top model Jerry Hall déclare: «Ils voulaient que je récupère 10% des revenus de mes amis.»
En France, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) se dit attentive. «On s'intéresse à ce mouvement après avoir été contactés par une famille », déclare Gilles Bottine, magistrat. De son côté, le Consistoire israélite français prend ses distances. Haïm Korsia, son président, a déclaré au «Matin» qu'il ne se sentait nullement concerné par ce mouvement.
C'est surtout le prosélytisme auprès des jeunes qui inquiète la Miviludes. Madonna ne s'en prive d'ailleurs pas. Sur le site officiel de la SFKF, elle témoigne: «Depuis que ma fille (n.d.l.r.: Lourdes) fréquente le programme, j'ai remarqué un changement profond en elle. Elle est devenue plus aimante (...)»
Sur son site Internet, la star vend ses contes et promeut la SFKF. Un clip rappelle tous les malheurs qui touchent les jeunes (drogue, violence). Comment en sortir? En adhérant, évidemment. Britney Spears, icône des préados, porte désormais le bracelet rouge. Suivant les traces de son aînée, elle compte venir s'installer à Londres après avoir reçu la visite d'un rabbin kabbaliste et de Madonna dans son hôtel new-yorkais. Toujours en avance d'une idée, Madonna va produire à travers la firme Signature Network Inc. des poupées, des cosmétiques et de la papeterie inspirés de son premier conte pour enfants, «Les roses anglaises», traduit en trente langues.
Signature Network déclare, dans son communiqué, viser le marché des préados. De futurs adeptes, peut-être...
France : Kryeon - Enfants indigo
Le marché des "enfants indigo"
Journal du dimanche, 28 décembre 2003 Correspondance Hugues Jeannaud
[Texte intégral]
Les adeptes de l'ange Kryeon tentent de mettre la main sur des enfants "différents" qu'ils font ensuite prendre en charge par des "thérapeutes". Une dérive sectaire ?
Jacques a presque tout perdu dans cette histoire. Sa compagne avec qui il vivait depuis une quinzaine d'années et, par la même occasion, sa maison, une vaste demeure en pierre qu'il avait lui-même " retapée avec [ses] économies ". mais quand il se sont attaqués à son fils de 13 ans, quand il a appris toutes les "conneries" qu'"ils racontaient à sa compagne, que c'était un "enfant indigo", une sorte d'"extra-terrestre", il a décidé de mettre un terme à tout ça: "je me battrai jusqu'au bout pour qu'ils arrêtent, ils sont dangereux".
Jacques, informaticien, 53 ans raconte. Sa compagne, partisane des "médecines douces", dérive vers un inquiétant mysticisme. Adepte de l'ange Kryeon, vénérant les "enfants indigo", elle fait, l'an dernier, un stage de "réflexologie" et se lie à d'autres adeptes. Puis elle fréquente des "groupes de prières" et se rend à des séminaires sur les "soins énergétiques". Peu à peu, elle devient distante, s'agace quand Jacques refuse d'accueillir un séminaire dans leur grande maison de du Libournais, à quelques dizaines de kilomètres de Bordeaux. "Tu refuses mes amis lui dit-elle alors. Tu me manipules." C'était il y a moins d'un an. Jacques s'inquiète de ces propos.. D'autant que sa compagne lui dit avoir des "flashs", lui propose un jour une autre façon de faire l'amour, "en regardant les étoiles, dans une clairière, au milieu des bois". La rupture intervient en mars dernier quand Jacques lui demande quelle place elle occupe "dans la secte" et ce qu'elle y fait avec leur enfant.
C'est alors que l'avocat bordelais, Daniel Picotin, président d'info-sectes Aquitaine "tombe" sur l'ange Kryeon : "un peu par hasard. Un client était en train de régler les problèmes liés à sa séparation chez mon associée qui est venue me demander ce que je savais des enfants indigo et de Kryeon."
En s'informant, Daniel Picotin découvre un mouvement diffus, dans la mouvance New Age, qui fait feu de tous bois : médecines douces, soins par imposition des mains, méditation, hypnose, relaxation, diététique, formations diverses , conférences sur les extra-terrestres
"Mais la sophistication extrême" des adeptes de l'ange Kryeon, selon Daniel Picotin, c'est de s'attaquer aux enfants "différents" via leur parents : les "thérapeutes" de Kryeon révèlent aux parents que leur enfant est par exemple hyperactif, dyslexique ou surdoué, et, de ce fait, capable de communiquer avec l'au-delà. Une aura bleue les différencierait du commun des mortels, d'où leur nom "d'enfants indigo". Des enfants étrangers à notre planète qui, toujours selon ces "thérapeutes", ont des tendances suicidaires et donc besoin d'une attention particulière en étant regroupés et éduqués d'une façon adaptée.
A la MIVILUDES, Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, on observe avec attention ce mouvement qualifié de "dangereux". "L'archange Kryeon et les enfants indigo sont apparus aux Etats-Unis au début des années 1990, le mouvement arrivant en France il y a trois ou quatre ans, explique un chargé de mission de la Miviludes. Les adeptes prétendent que les enfants précoces ou hyperactifs sont de petits dieux possédant des pouvoirs surnaturels. Ils leur imposant alors un mode d'éducation particulier, parfois chez de très jeunes enfants."
Info-sectes Aquitaine a déjà repéré une quinzaine de psychothérapeutes membres de ce mouvement en Gironde et quelques uns, disséminés dans les départements limitrophes. Mais il est difficile de chiffrer le nombre d'adeptes. A la Miviludes, on explique que les mouvements New Age sont plus difficiles à cerner que les sectes des année 1970 : "la notion de groupe a disparu. Il y a un melting-pot de croyances qui peut prendre différentes formes."
Mais pour atteindre la sagesse il faut bien souvent bourse délier. Ainsi, deux thérapeutes ont organisé en mars 2002 une formation facturée 670 € les trois jours. Objectif : apprendre à "ressentir et interpréter le flux énergétique".
Selon Bernard Proux, d'info-sectes Aquitaine, le phénomène des "enfants indigo" est en pleine expansion : "depuis que nous avons commencé à alerter, nous recevons plusieurs dizaines de coups de fil par semaine, souvent de parents séparés ou de grands parents qui ont entendu le terme d'"enfants indigo" au sujet de leur enfant ou petit enfant. "
L'association, en relation avec d'autres points infos-sectes - une dizaine en France sous l'égide du centre d'éducation et d'action contre les manipulations mentales (CCMM) - remarque que les thérapies pour enfants indigo se multiplient dans les régions de Marseille et de Grenoble. En Gironde, des proches du mouvement doivent ouvrir bientôt un centre d'accueil pour rassembler ces enfants.