II est certes difficile de faire une étude sur ce sujet inépuisable.
Nous voulons seulement essayer ici d'informer nos lecteurs sur certaines
techniques de désinformation usuellement employées par les
sectes pour mieux capturer leurs proies.
L 'information est un besoin de l'homme, dit le Larousse. Quant à
la désinformation, mot admis dans la langue française que
depuis 1954, semble-t-il, le Petit Robert le définit comme une utilisation
des techniques de l'information pour induire le public en erreur. Les
médias nous viennent immédiatement à l'esprit;
nous ne pouvons bien entendu les passer sous silence.
Comment les informations circulent-elles dans les sectes ?
Il est intéressant de constater la grande similitude existant entre
les sectes et les pays totalitaires en ce qui concerne la désinformation.
Contrairement aux pays démocratiques, où les nouvelles circulent
librement, celles-ci n'y passent que par le canal officiel. Dès
la chute du mur de Berlin, les sectes se sont engouffrées là-bas
sans aucune difficulté. Elles ont en effet profité de l'ignorance
et du désespoir de la population. Puisqu'on ne proposait rien à
la place du communisme, le peuple espérait trouver dans ces appâts
la solution à tous ses problèmes : soif de spirituel, de
bien matériel, de loisir, d'affectivité... Mais quelle désillusion
!
Les gourous, dont le but est d'avoir les adeptes à leur
merci après leur avoir fait subir toutes sortes de manipulations,
peuvent leur faire croire n'importe quelle aberration. Tout ce qui peut
venir de l'extérieur est faux puisque le gourou est censé
détenir la vérité. Il a d'ailleurs pris soin de
couper l'adepte de ce monde « satanisé » en lui imposant
de rompre avec celui-ci. L'exemple le plus significatif et terrifiant est
celui des enfants sans défense qui sont nés dans la secte.
Vivant en autarcie, et les adultes ayant tout pouvoir sur eux, ils peuvent
sans problème tout accepter puisqu'ils n'ont aucun point de repère
et n'ont rien connu d'autre ; il ne faut surtout pas que ce monde extérieur
les contamine. Ces enfants ne savent pas que d'autres enfants vivent normalement
avec des parents qui les aiment, ne les battent pas, ne les empêchent
pas de jouer, d'aller en classe et de connaître tout ce qui se passe
dans la société. Ils ne les font pas travailler plus qu'ils
ne peuvent, les font soigner par de vrais médecins et ne les obligent
pas à obéir servilement à un gourou.
Ce qui vient d'être dit pourrait s'appliquer à de nombreuses
sectes dont Tabitha's Place qui fait en ce moment
la une des journaux, Krishna, Ecoovie,
Horus, Les Enfants de Dieu, La Sainte Famille
de Derval ... et tout récemment un petit groupe à allure
sectaire, Joie et Loisirs, qui pourrait bien faire parler de lui. Les conséquences
seront incalculables pour ces enfants marqués à vie. Les
gourous doivent se délecter d'avoir berné des inspecteurs
de l'Éducation Nationale, des enquêteurs sociaux, la police
ou la gendarmerie, sans parler de simples particuliers venus en observateurs
; ces personnes diront « non, nous n'avons rien trouvé d'anormal
».
Les masques
Les sectes sont toujours très adroites dans l'art de déguiser
la vérité; elles se présentent sous différents
masques :
Masque culturel - Vous partez pour des cours ou des conférences
d'archéologie, de philosophie, d'astrologie, d'ésotérisme
... Crac ! Vous tombez dans les filets de la Nouvelle
Acropole, chute programmée par la secte. Jorge Angel Livraga
n'a-t-il pas écrit dans le manuel du nouveau dirigeant de la Nouvelle
Acropole : « annoncez les cours sans trop insister sur la NA ni sur
les symboles en la présentant comme un institut culturel ».
(Il est parfois navrant de constater le manque de scrupule de certains
propriétaires de salles ; ils ont en effet accepté de recevoir
la Nouvelle Acropole en toute connaissance de cause sans guère se
soucier du préjudice causé : la rentabilité de la
salle prime avant tout - Le contraire existe heureusement)
Masque médical - Pratiquement toutes les sectes ont une idée
très particulière de la médecine. Comme il est à
la mode de se faire soigner autrement que par les méthodes traditionnelles
ou pas du tout, c'est une aubaine pour elles. La secte IVI
fait beaucoup parler d'elle; sa responsable, Yvonne Trubert, prétend
guérir toute les maladies ; elle dit avoir reçu, comme il
se doit, un don spirituel particulier. Mais d'autres groupes moins connus
sont tout aussi dangereux. Celui de Methernita, sur lequel la télévision
a fait un reportage en mars 1996, en est un exemple. Cette secte dont le
siège est en Suisse a des rabatteurs médicaux en Isère.
Personne ne pourrait croire que ces médecins ayant « pignon
sur rue » puissent se servir de certains clients fragilisés
en leur faisant croire que seules les théories de Methernita les
guériront de leurs maladies. D'autres patients, soigneusement mis
à l'écart de cette déviation, sont leur meilleure
caution d'honorabilité au point que certains ne veuillent pas admettre
la vérité, même preuve en main : « Nous répondons
de ce médecin comme de nous mêmes » disent-ils.
Masque humanitaire - On a beaucoup parlé des orphelins roumains
et de leur grande détresse. La secte Ananga Marga s'est sans scrupule
appropriée ceux ci. Comme il n'y a aucune information sur ces groupes
en dehors de leur propre publicité, ils sont reconnus sans peine
par l'État. C'est ainsi que, sous couvert d'une association factice
« Ma Vie », la secte n'a pas hésité, en se servant
de procédés illégaux, à endoctriner les petits
orphelins par un hindouisme sectaire. Malgré la justice saisie contre
elle, la secte profitant de l'ignorance et de la précarité
des Roumains continue à poursuivre sa propagande mensongère
et sa corruption.
Les procès
Les procès sont une occasion de désinformer ; en voici deux
exemples :
Jouer à « Qui perd gagne » - Les sectes sont
très habiles pour faire croire que ce ne sont pas elles qui ont
perdu leurs procès. Voilà ce qu'en pense un avocat expérimenté
en la matière :
La diminution de l'esprit critique opérée par des manoeuvres
de déstabilisation psychologique, un des critères de définition
du mot « secte » retenu dans le rapport
parlementaire français, trouve une illustration parfaite à
l'occasion des procès. A côté des cas où le
jugement sera dissimulé aux adeptes ou bien considéré
comme une preuve de « menace extérieure », deux techniques
plus subtiles sont employées :
En premier lieu, une décision judiciaire positive pour la secte
sera montée en épingle, permettant aux cadres des organisations
sectaires de transformer une modeste condamnation, la plupart du temps
pour une imprudence de langage, en un triomphe judiciaire.
En second lieu, une décision judiciaire négative pour la
secte sera également transformée en victoire pour autant
qu'elle n'a pas été condamnée à la peine maximum.
Cela lui permet de prétendre non d'avoir gagné, du moins
de ne pas avoir perdu ; l'allocation de dommages-intérêts
symboliques en considération du préjudice subi en est l'exemple
type. Tel, le cas le 30 Octobre 1996 où l'Association UNVAR,
éditrice du magazine « BULVAAR
» fut condamnée pour diffamation au paiement du seul franc
symbolique à l'UNADFI. Encore faut-il préciser que le tribunal
avait retenu que « BULVAAR s'adresse à un lectorat restreint,
acquis par principe aux thèses défendues par l'UNVAR ; qu'en
conséquence le préjudice causé à la demanderesse
n'est que de principe et sera justement réparé par l'allocation
du franc symbolique. »
Miracle de l'alchimie sectaire, à défaut de pouvoir transformer
le plomb en or, les sectes s'entendent merveilleusement à transformer
leurs défaites en victoires... aux yeux de leurs adeptes.
Interprétation volontairement fausse - Dans la préface
de la version française du livre de Steven Hassan « Protégez-vous
contre les sectes », le Docteur Richard a écrit : «
les associations françaises n'avaient jamais prôné
ni pratiqué la déprogrammation » (page 10 du livre).
Au cours du procès de « BULVAAR
» ne fut-il pas reproché à l'auteur de la préface
ce qu'il refuse lui même : « il ne fait aucun doute que
le Docteur Richard partage les thèses de l'auteur ce qui autorise
l'UNVAR à s'interroger sur la position de l'UNADFI au regard des
pratiques qu'Hassan lui-même reconnaît illégales ».
Autres procédés
D'autres procédés sont utilisées par les sectes pour
désinformer. Quelques exemples sont donnés ici :
Biographie fantaisiste - La plupart des gourous se créent
des biographies « époustouflantes ». Dans son livre
« Ron Hubbard, le gourou démasqué
», Russel Miller nous dit : « Chacune des biographies de
Hubbard publiée par son église est bardée d'inventions
pures, de vérités altérées et de grotesques
enjolivures ». Il cite encore un ex-adepte : « j'ai
perdu la foi en découvrant jusqu'à quel point Hubbard mentait
sur son propre compte. Il a passé sa vie à rouler tout le
monde ». Vous ne trouverez hélas plus ce livre dans le
commerce. Les scientologues ont dû faire le nécessaire pour
le retirer de la circulation ; ils avaient fait de même pour le livre
de Julia Darcondo « Voyage au centre de la secte ».
Rumeur - Celle-ci est très fréquemment utilisée.
Dans l'Enéide, Virgile parle de la messagère de l'erreur
et de la vérité comme du plus rapide de tous les fléaux
qui va répandant la terreur et se fortifie en se diffusant. C'est
ainsi que, en cette fin de millénaire, certaines sectes font répandre
toutes sortes de rumeurs apocalyptiques ; nous en avons eu malheureusement
de dramatiques exemples ces derniers temps avec « L'Ordre
du Temple Solaire », pour ne citer que ce groupe.
Confusion - Moon, avec ses différentes
associations dites familiales, est sans doute heureux d'entretenir
la confusion dans le public avec la respectable Association des Familles
de France.
Vérité camouflée - Un adepte de la secte «
Ecoovie » a fait croire à une famille
déjà éprouvée par le long silence de leur fils,
membre de la secte, que celui-ci se portait bien ; or la famille apprend
avec horreur que leur enfant était décédé depuis
plusieurs mois ; la secte avait-elle la conscience bien tranquille en dissimulant
la vérité ?
L'arme de la calomnie - Pour redorer leur image de marque, noircie
par différents procès, les sectes sont très fortes
dans l'art de faire de la propagande haineuse (pour la Scientologie,
« propagande noire »). La Scientologie a récemment répandu
les bruits les plus haineux contre ceux qui lui « voulaient du mal
» c'est à dire les ADFI, les juristes, les psychiatres, les
journalistes, etc. Comme moyens, la Scientologie use du harcèlement
téléphonique avec menaces de mort, de l'atteinte à
la vie privée, d'enquêtes, etc. Exemple : « Plus sectaire
que l'ADFI, tu meurs ! », entête du tract
diffusé contre cette association.
Nous savons que rien n'a changé depuis que l'homme est sur Terre.
Celui-ci a toujours eu besoin de falsifier et d'amplifier la réalité
pour se valoriser lui même. Il aime dominer son semblable en le manipulant
et en profitant de son ignorance. Ceci, souvent sans mesurer que les conséquences
de ses actes vont détruire l'autre. Il est évident que pour
les gourous ces actes sont délibérés.
« Les tyrans, plus ils pillent, plus ils exigent,
plus ils ruinent et détruisent, plus on leur bâille, plus
on les sert, de tant plus ils se fortifient et deviennent toujours plus
forts et plus frais pour anéantir et détruire tout. »
(Discours de la servitude volontaire - Étienne de
la Boétie - 1576).