|
|
Lobbies des sectes | Manipulations mentales. Un colloque sans substance |
Instinctothérapie | Le gourou pédophile mis en garde à vue |
Scientologie | Allô ? Y a des scientologues dans les tuyaux ! |
Témoins de Jéhovah | Un ex-témoin de Jéhovah victime de harcèlement téléphonique |
Scientologie | Polémique autour du magazine Terra Incognita |
Secte Aum | Secte Aum |
Scientologie | Verdict du procès Lyon en appel |
Scientologie | L'intransigeance de l'Allemagne envers l'organisation |
Témoins de Jéhovah | Michael Jackson, fidèle TJ |
[Résumé]
Dans une brève de la colonne "Confidentiel", la revue rapporte
les conclusions du colloque du CESNUR, "association dont le discours
est favorable aux mouvements considérés comme sectaires",
qui s'est tenu en avril dernier à Paris, à savoir que la
manipulation mentale n'existe pas, et que "les phénomènes
d'adhésion qui se produisent dans les sectes sont "les mêmes
qu'en politique où à l'armée" [pour Gordon Melton]".
Parmi les autres conférenciers nommés on trouve Massimo Introvigne
et Newton Maltony. L'assistance était elle composée de représentants
de l'Eglise de Scientologie, des Témoins
de Jéhovah, du Mouvement raëlien
et du Mandarom.
Dessin de Stefanosa
La revue conclue, en plus d'un dessin satirique bien vu (voir ci contre) par ces mots : "On peut se demander pourquoi consacrer un colloque à un thème ainsi dépourvu de sa substance ! Faut-il incriminer le sujet de cette journée ou les conclusions de ses intervenants ? Car il ne semble pas qu'ils se soient données les moyens de comprendre un sujet aussi complexe, ni qu'ils en aient manifesté le désir. Un colloque pour rien." |
"Il y a quelques années, un ingénieur de Vannes est venu au château, se souvient le maire. Son fils avait un cancer. Huit jours après, le fils est mort. Eh bien, le père est venu me voir et il m'a dit : "C'est trop con, si on avait su, on l'aurait amené plus tôt." Qu'est-ce que vous voulez faire ?".
Le journaliste, après avoir fait le point sur la perquisition et les témoignages ayant abouti à ces arrestations, fait le point sur la réaction des pensionnaires rencontrés au château. "Ce week-end, la plupart ne croyaient pas les premières informations, données par l'Express (...) ou ne réalisait pas la portée des soupçons."
O. Bertrand revient sur le parcours de Burger. En particulier sur son livre, préfacé par Jacques Vergès, dans lequel "il explique les guerres et la délinquance par la "névrose" créée par les parents qui "ne répondent pas" aux "pulsions" des enfants."
"Au château, les gendarmes n'ont retrouvé que deux enfants, dont la mère a d'ailleurs été placée en garde à vue. Les autres sont partis "en vacances", depuis quelques jours déjà. De même, la plupart des permanents ont disparu."
[Résumé]
Dans un encart, A.M. Casteret révèle que la condamnation de 78 n'était pas la première peine de prison de Guy-Claude Burger pour agression sexuelle. Déjà, à 24 ans, il fit un an de prison avec sursis à Vevey.
Dans son article principal, la journaliste revient plus longuement sur deux témoignages importants, à savoir les témoignages de "Maya" et de "Marthe" (cf. article du 26 Juin 1997). C'est en pensant aux nombreuses victimes qui n'ont pas encore osé porter plainte que ces deux femmes acceptent de raconter leur enfance au sein de la secte.
"Il me fallait sombrer dans l'inconscient pour hurler mon angoisse", analyse aujourd'hui Maya, 33 ans; tandis que Marthe, 21 ans, se rappelle : "Après la première nuit, passée avec lui, je me suis couverte de pulls alors qu'il faisait très chaud. Ma tête ne me parlait plus. C'était le vide."
Maya, en 1973 en Suisse, et Marthe, en 1986 au château, furent les élues de Burger. Maya remplaça une certaine Daisy dans ce rôle, qui, "déchue, [en] est devenue folle a lier." Elles sont sans cesse sollicitées, adulées. Et deviennent allumeuses.
"Maya, un jour, provoque Jacques - "le seul adulte normal de la bande" - qui la renvoie à ses jeux d'enfant en se moquant de ce "petit cul" de 10 ans. "J'étais horriblement vexée, bafouée ; il refusait l'enfant du cosmos ? Mais c'était une hérésie...". Maya fut brutalement séparée de Burger lors du procès de 1978, et s'est reconstruite une vie en Suisse.
Marthe, elle a du composer une "stratégie mi-consciente, mi-inconsciente" pour quitter seule le gourou. Elle oppose le fils au père en tombant amoureuse du premier pour interdire au second de la toucher. Puis, en étudiant la théorie de Guy-Claude Burger, elle constate qu'il n'est qu'un "vieux gamin obsédé et inculte. (...) Elle se souvient très exactement de l'instant où l'auréole du faux messie s'est brisée. Un jour, de son ton prétentieux et solennel, le " brillant philosophe" a fait une citation de trop : "Comme dirait Jésus-Christ, rira bien qui rira le dernier." Elle l'a regardé, stupéfaite : "Mais enfin, Guy-Claude, ce n'est pas Jésus-Christ qui a dit ça." Vexé, il s'enferrait, s'entêtait. Et elle riait, riait."
[Texte intégral]
Guy-Claude Burger, fondateur de l'"instinctothérapie", a été mis en examen, jeudi 3 juillet, pour "viols sur mineurs de quinze ans par personne ayant autorité, corruption de mineurs et menaces de mort réitérées" et écroué à Melun (Seine-et-Marne). Quatre disciples de M. Burger, habitant dans son château de Montramé, près de Provins, ont également été mis en examen, dont l'un deux a été écroué. L'"instinctothérapie" est qualifiée d'"association à caractère sectaire" dans le rapport parlementaire sur les sectes.
Dans un livre publié en 1990, M. Burger, soixante-sept ans, a écrit que "le propre de notre culture rationnelle, c'est précisément de dépasser les tabous. Pourquoi ne laisserions-nous pas nos enfants exprimer les pulsions incestueuses de cette période oedipienne ?". Dans les années 70, Guy-Claude Burger et son épouse ont été condamnés par la justice helvétique pour attentats contre mineurs et débauche contre nature. Par ailleurs, au début de l'année, M. Burger a été condamné à trois mois de prison avec sursis par la cour d'appel de Paris pour exercice illégal de la médecine. Il s'est pourvu en cassation.
[Résumé]
Robert Carbonnelle, un Donzèrois, qui
fut un actif membre des Témoins de Jéhovah de 1954 à
1984, avant de se retirer de l'organisation en 1987 et de lutter contre
elle depuis ce jour, par des conférences et des interventions sur
des plateaux de télévision. C'est précisément
après un passage à l'émission de Christophe Dechavanne
Comme un lundi en mars 1996 consacrée aux sectes, qu'il a
commencé à recevoir des appels téléphoniques
à son domicile, anonymes et assortis de menaces pour certains.
Après de multiples recours à la Gendarmerie, cette dernière a fini en mars 1997, par placer son téléphone sur écoute pour remonter jusqu'à son interlocuteur. C'est ainsi qu'a été identifié É. B. un habitant de Bagnols-sur-Cèze, âgé de 28 ans, que son avocat décrit comme quelqu'un " ayant de la sympathie pour les Témoins de Jéhovah " sans l'être lui-même.
Au cours du procès, le prévenu a commencé par faire des excuses a sa victime en exprimant qu'il " regrettait profondément d'avoir téléphoné ". Ce dernier a été condamné à un mois de prison avec sursis, ainsi que l'avait requis le ministère public, et à une peine d'amende de 8 000 F dont 5 000 de dommages et intérêts.
[Résumé]
En janvier, la Sogetram, une entreprise de haute technologie, a été rachetée par la société Hydrex. Son patron, Van Rompay, est un dirigeant de la Scientologie.
"Selon la Dépêche (12 Juin 1997), qui a révélé l'affaire, il occuperait le numéro 20 dans la hiérarchie". L'étude de l'organigramme de la société mère de la Sogetram (le groupe Solt Comex Seaway), ainsi que la nature des changements de personnel lors du rachat, font apparaître de nombreux scientologues.
"Par le biais de sociétés comme la Comex ou la Sogetram, la Scientologie a dorénavant accès à des sites sensibles : la base aérospatiale de Kourou ou des installations pétrolières. Mais ce n'est pas tout. X. Pasquini explique en effet que la Scientologie chercherait à "purifier la planète" et ainsi prendre contact avec les plus hauts responsables, comme Al Gore, pour prendre en main "les marchés de dépollution des sites où gisent des sous-marins de l'ex-URSS".
Libération, 11 Juillet 97
[Texte intégral]
Le maire du XIIe arrondissement de Paris, Jean-François Pernin, a envoyé une lettre de protestation à Jean Tiberi pour protester contre l'affichage dans les kiosques de presse ou de la Française des jeux de publicités pour Terra Incognita, "qui semble être un trimestriel de l'Eglise de Scientologie". A la mairie de Paris, on signale que ces kiosques appartiennent à la société AAP et que les mesures d'interdiction de vente ou de publicité relèvent du ministère de l'Intérieur.
Le Monde, 15 juillet 1997, par Florence Amalou.
[Résumé]
Après un rappel des faits sur ce nouveau magazine (distribué par les NMPP depuis le 7 Juillet, edité à 30.000 exemplaires), et sur la protestation du maire du XIIe arrondissement, Florence Amalou rapporte une autre protestation d'élu parisien. "Une protestation identique a été adressée à la société concessionnaire des kiosques de presse parisiens, AAP, par Jean-Marie Le Guen, député et conseiller socialiste de Paris. Il rappelle que l'Eglise de Scientologie "est une des sectes les plus notoires" et "s'étonne dès lors que votre société assure la promotion de ses thèses".
"L'éditeur réfute tout lien direct avec l'Eglise de Scientologie" et la journaliste rapporte des propos de la directrice de publication, Evelyne Bartczak, selon laquelle les éditions New Era "ne sont en aucun cas tenues de citer l'Eglise de Scientologie dans leurs publications".
La porte-parole de l'Eglise de Scientologie d'Ile-de-France estime elle que "le magazine peut contribuer à résoudre "le problème d'image de l'Eglise de Scientologie. Il y a une intention évidente de nous empêcher de communiquer, l'éditeur devient autonome en créant son propre magazine".
L'Evenement du Jeudi, 17 Juillet 1997
[Résumé]
Ce court papier est un simple rappel des faits déjà cités précédemment. On y apprend cependant que dans Le Parisien, la directrice de la publication de Terra Incognita dit "être ravie par toute cette publicité".
[Résumé]
Après un bref rappel de l'actualité liée à la scientologie (du magazine Terra Incognita à l'apposition d'affichettes "Non à la drogue, oui à la vie" dans les boulangeries), le Canard propose un résumé très dense des croyances "secrètes" de la scientologie (Xenu, sa guerre nucléaire, les Thétans, etc...) croyances également résumées sur http://www.planete.net/~onicolas/ot3.html ou sur http://www.antisectes.net /xemu.htm.
Les déclarations des intéressés ont changé sur le sujet des liens entre l'Eglise de Scientologie et le magazine Terra Incognita, qui outre la publicité en kiosque, bénéficie de la publicité sur Chérie FM. "Je ne sais pas pourquoi le mot "scientologie" n'est pas écrit dans ce magazine" [sic], s'exclame Danielle Gounord, la directrice de communication de l'Eglise, "mais le lien existe puisque nous sommes tous scientologues. Nous n'avons rien à cacher, au contraire. Si nous ne sommes dans les kiosques, nous serons ailleurs. On ne peut rien faire contre la circulation des idées."
Pourtant, la diffusion en kiosque d'Ethique et Liberté commencée en 1991 n'avait pas duré pour raison de coût. Quant aux publicités, Chérie FM et la société AAP gérant les affichages des kiosques concernés s'abritent derrière le procès pour refus de vente qu'aurait pu leur faire l'éditeur de "Terra Incognita". Le journaliste cite le cas de l'International Herald Tribune qui a accepté à deux reprises d'accueillir dans ses pages la propagande de la scientologie [mais il ne cite pas que des journaux français comme Le Monde ont refusé un budget publicitaire coquet de la part de l'Eglise de scientologie - EM].
[Texte intégral]
La secte Aum avait nourri le projet, en 1989, de faire exploser le siège du quotidien japonais Mainichi Shimbun, en plaçant un camion piégé dans ses sous-sols. Le supplément hebdomadaire du journal publiait régulièrement une série d'articles sur les activités de la secte. Deux lieutenants du gourou Asahara s'étaient rendus sur les lieux pour étudier le projet, mais la secte avait fait marche arrière en raison des mesures de sécurité entourant les journaux japonais.
[Résumé]
Après avoir rappelé les condamnations en première instance et les attendus du premier procès, l'article fait état de l'interprétation opposée des mêmes faits, non contestés, par la cour d'appel de Lyon : "L'Eglise de Scientologie peut revendiquer le titre de religion et développer en toute liberté, dans le cadre des lois existantes, ses activités, y compris ses activités missionnaires, voire de prosélytisme", souligne l'arrêt de la cour, qui en conclut que "c'est à tort que (...) le jugement du tribunal (correctionnel de Lyon, ndlr) aurait qualifié de manoeuvre frauduleuse la doctrine de la scientologie et la mise en oeuvre de celle-ci."
L'article cite Danièle Gounord : "Cela signifie que s'il y a sur le plan local quelques dérapages, cela ne remet pas en cause la scientologie dans son ensemble. Nous allons petit à petit être reconnus en France, c'est inéluctable." Contactés par les journalistes, Jean-Pierre Brard commente "On pouvait attendre d'une cour de justice qu'elle protège la liberté des citoyens. Or c'est tout le contraire. (...) Cette décision prouve, une fois de plus, que l'Eglise de scientologie dispose d'un véritable pouvoir dans les milieux économiques, politiques, administratifs, et on le voit aujourd'hui, dans les milieux judiciaires."
[Résumé]
Le verdict en appel donne à la journaliste l'occasion de demander à "Sabine Besson, avocate à Lyon et auteur d'un magistral 'Droit de la famille, religions et sectes'" un commentaire plus général sur la justice et les sectes : "Dans notre ordre juridique, aucune différenciation n'est possible entre l'adhésion à une Eglise établie ou à une secte, si marginale soit-elle". Alors seule la "dangerosité" d'une mouvance est prise en compte. "Un arrêt de la cour d'appel de Montpellier (29 juin 1992) confirmait ainsi la domiciliation des enfants chez leur père en raison de l'instabilité "matérielle" de la mère, engagée dans une secte. Mais rappelait que la femme avait le droit de changer de religion, et que le juge n'avait pas à apprécier ce choix."
La cour d'appel de Lyon a réduit les peines infligées en première instance aux responsables de la branche lyonnaise après le suicide d'un de ses adeptes en 1988. Les magistrats ont condamné des "manoeuvres frauduleuses" mais refusé de porter une appréciation sur la doctrine.
[Résumé]
"La quatrième chambre de la cour d'appel de Lyon, présidée par Grégoire Finidori, a condamné, lundi 28 juillet, Jean-Jacques Mazier, fondateur et ancien président de la branche lyonnaise de l'Eglise de scientologie, à trois ans de prison avec sursis, 500 000 francs d'amende et cinq ans d'interdiction des droits civiques, civils et de famille. Confirmant la part de responsabilité de ce responsable scientologue dans le suicide de Patrice Vic, un adepte psychologiquement affaibli qui s'était défenestré en 1988, la cour a cependant estimé qu'une peine d'emprisonnement ferme, telle que l'avait prononcée le tribunal de Lyon le 22 novembre 1996 - trois ans dont dix-huit mois avec sursis (Le Monde daté 24-24 novembre 1996) - "n'apparaissait pas indispensable"."
Le journaliste cite également d'autres allégements de peine, et également la suppression des dommages-intérêts d'une des parties civiles, "au motif que la plaignante avait déjà perçu ces sommes [400.000 F] par le biais de transactions".
Sur le point du verdict qui focalise tout les commentaires des media, Jean-Michel Dumay est le plus précis quand il rapporte que les magistrats estiment : "il est vain (...) de s'interroger sur le point de savoir si l'Eglise de scientologie constitue une secte ou une religion, la liberté de croyance étant absolue. (...) L'Eglise de scientologie peut revendiquer le titre de religion" - notamment au regard de "la foi commune" manifestée par ses adeptes."
Sans se prononcer sur la doctrine générale de la scientologie comme leurs collègues du premier procès, les magistrats lyonnais "relèvent essentiellement deux procédés frauduleux caractérisant à leurs yeux l'escroquerie dans le dossier lyonnais : la publication de petites annonces ambiguës aux allures de fausses offres d'emploi et l'utilisation d'un test de personnalité gratuite "conçu pour donner des résultats (...) de nature à inquiéter le sujet" et à enclencher "un processus de versements de sommes de plus en plus importantes pouvant atteindre des centaines de milliers de francs". Le journaliste rapporte également d'autres éléments du verdict qui montre que les faits reprochés en première instance sont confirmés, en ce qui concerne les événements survenus à Lyon ayant abouti au procès - mais les responsabilités ne vont pas au delà de l'antenne lyonnaise. De même, sept prévenus condamnés en première instance, ont droit au bénéfice du doute compte tenu de "leur incontestable sincérité dans leur croyance [qui] n'était pas de nature à leur permettre de porter un jugement critique sur les agissements dont ils étaient les témoins." L'absence d'antécédent judiciaire a aussi joué en leur faveur.
Deux de ces "simples rouages" ont cependant été condamnés pour extorsion de fond (vente pour 39.000 F d'un électromètre à une mère "dans un état de particulière faiblesse").
Pour Danièle Gounord, "c'est une victoire pour la scientologie (...) [qui] se voit en quelque sorte conférer le statut de religion".
[Texte intégral]
En affirmant que la scientologie peut revendiquer le titre de religion, la cour d'appel de Lyon vient d'offrir au mouvement créé en 1954 par l'écrivain de science-fiction Lafayette Ron Hubbard une caution à laquelle, probablement, il ne s'attendait pas. S'appuyant sur la liberté "absolue" de croyance, les magistrats inscrivent leur décision dans une tradition française de respect de la liberté d'opinion et confirment une position que la justice avait déjà adoptée en 1980.
Une religion ? Une secte ? Il n'appartient ni à l'Etat ni à la justice d'entrer dans ce débat complexe. La France possède depuis près d'un siècle une bonne législation, la loi de séparation des Eglises et de l'Etat (1905) précisant que "la République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte". Toute la question est de savoir si une association cultuelle respecte la loi et la liberté de chaque individu.
Si l'existence d'une "communauté" scientologique et la "foi commune" de ses adeptes sont reconnues par la cour d'appel, la "victoire" revendiquée par les scientologues ne doit pas occulter le fait que, dans le même temps, les principaux responsables de la branche lyonnaise du mouvement ont été condamnés pour escroquerie, et, pour l'un d'eux, pour homicide involontaire par imprudence. Estimant que la scientologie telle qu'elle est pratiquée à Lyon constitue une entreprise ayant pour seul objet la captation de fortune des adeptes, les magistrats rappellent les limites dans lesquelles peut s'exercer cette liberté de croyance. Ils constatent notamment que, dans certains cas, les techniques utilisées par la scientologie aboutissent "à une véritable manipulation mentale".
Les militants anti-sectes qui avaient mis au jour des méthodes accablantes d'endoctrinement, de harcèlement, voire de chantage, utilisées par la scientologie et qui avaient été entendus en première instance, estimeront sans doute que les magistrats lyonnais ont fait preuve de trop grande clémence. Mais ceux-ci, finalement, considérant qu'ils ne leur appartient pas d'apprécier la doctrine générale de "l'Eglise", n'auront pas voulu sortir de leur rôle.
Ce faisant, la décision lyonnaise relancera probablement le débat sur la lutte contre les sectes. En rendant son rapport, en janvier 1996, la commission d'enquête parlementaire, qui avait répertorié l'Eglise de scientologie dans cette catégorie, estimait qu'il n'était "ni utile ni opportun" d'élaborer une législation anti-sectes et que le droit pénal, financier, social, fiscal était suffisant pour permettre un contrôle nécessaire. Son rapporteur, Jacques Guyard, préconisait de s'en tenir à une meilleure application de l'arsenal juridique. Les magistrats, eux, rappellent en substance qu'il appartient à la justice de juger seulement des faits et non pas des faits de société. En s'éloignant de la "dimension pédagogique" du procès, à laquelle était fermement attaché le procureur de la République de Lyon en première instance, ils renvoient toute la société à une indispensable vigilance.
+ Verbatim, un extrait du jugement de la cour d'appel de Lyon
+ Les précédentes décisions de justice, un rappel
de quatre arrêts rendus par la justice française au sujet
de l'Eglise de Scientologie (le procès de 77 et les relaxes consécutives
de 80 et 82, et le procès de 96)
Un florilège de réactions après le commentaire de fond des magistrats lyonnais. "(...) le juge Fenech, qui a instruit le dossier, dénie toute compétence à la cour d'appel pour "labelliser une secte comme religion". Le journaliste rapporte alors les rappels du juge sur les décisions antérieures qui avaient refusé le statut cultuel à l'Eglise de Scientologie : "[Le] Conseil d'Etat (...) l'a assujetti depuis 1985 à l'impôt sur les sociétés. (...) la même année, (...) le ministère des Affaires sociales [a refusé] de les faire bénéficier de la mutuelle d'assurance maladie des cultes, en raison du caractère lucratif de leur église, "ce qui est incompatible avec une religion qui doit être accessible à tous"."
Les associations de luttes contre les sectes comme le CCMM et l'UNADFI abondent dans ce sens. Le père Vernette, responsable au sein de l'Eglise de la pastorale dédiée aux sectes, est cité : "Les sectes totalitaires risquent maintenant de se couvrir du blanc manteau de la liberté religieuse pour justifier leurs pratiques. Théologiquement, la scientologie est une gnose, c'est-à-dire une doctrine qui considère que l'homme ne peut atteindre à la divinité que par ses seuls moyens. Pour le reste, c'est une psychothérapie avec des dérives sectaires sur laquelle chacun est libre de se prononcer."
Le journaliste conclut en estimant que la définition d'une secte proposée par les magistrats lyonnais est dans la logique de la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'homme, avec les heurts culturels que cela suppose quand les notions européennes sont appliquées à la France et son exception laïque.
Jean-Michel Bruguière est d'accord sur le fond avec le verdict de la cour d'appel, même s'il aurait préféré l'utilisation du terme "mouvement religieux" à "religion", qui "dans l'esprit du public (...) renvoie à une église établie." Au cours de l'interview, Jean-Michel Bruguière rappelle que "dans les années 60, le tribunal d'Avignon avait taxé les témoins de Jéhovah de "déviation religieuse" mais que depuis "nous avons de plus en plus de décisions pleines de bon sens où le juge, y compris en cassation, dit qu'il n'y a pas à se prononcer sur cette question théologique"
Les conséquences de l'appartenance à tel ou tel "mouvement religieux" peuvent cependant être jugées fautives. Ainsi, " la cour de Montpellier à (...) décidé que le refus de participer aux fêtes familiales telles que Noël et les anniversaires des enfants [comme par exemple ces mêmes Témoins de Jéhovah - EM] constituait une violation des devoirs et obligation du mariage. Le fait pour des parents d'envoyer leur fils de 6 ans [affaire du "petit Yann" - EM] dans un ashram en Inde a été considéré comme un abandon de famille par qu'il compromettait la santé et la sécurité de l'enfant".
+ L'extrait de l'attendu qui focalise les commentaires.
D'autres réactions en plus de certaines d'autres personnes ou associations déjà citées par Libération ce même jour : "La Ligue des droits de l'homme a estimé que les magistrats "ont ignoré la laïcité des institutions de la République dont la justice, qui interdit à celles-ci de reconnaître des cultes et encore moins de les qualifier. (...) L'arrêt vient en contradiction avec les décisions fiscales ou commerciales qui ont qualifié l'Eglise de scientologie en termes mercantiles, mais certes pas spirituels"
Le journaliste rapporte ensuite que Jacques Guyard "a écrit au ministre de la justice, Elisabeth Guigou, pour lui demander de rappeler aux tribunaux "qu'ils n'ont pas compétence à trancher du caractère religieux ou non d'une organisation quelconque." Jean-Pierre Brard juge la décision "dangereuse. (...) La Scientologie se voit apporter une véritable légitimité, voire une caution morale." Enfin, le président de l'Eglise de scientologie, l'américain Heber Jentzsch a lui déclaré que "l'arrêt de la cour d'appel constituait "la réalisation d'un rêve pour [son] Eglise et pour les religions minoritaires"
+ encadré "Un vide juridique", dans lequel il est rappelé que la France n'a pas de définition juridique de la secte ou de la religion. Seul le ministère de l'Intérieur et des cultes peut ou non accorder le statut d'association cultuelle aux associations ayant, entre autres, comme "objectif exclusif" l'exercice d'un culte. L'islam et le bouddhisme ont eu ce statut, pas l'Eglise de Scientologie qui l'avait pourtant demandé.
[Texte intégral]
Jean-Pierre Chevènement, chargé des cultes en tant que ministre de l'Intérieur, s'est demandé hier si la cour d'appel de Lyon "pouvait définir une religion". Rappelant qu'il était "le seul habilité à reconnaître une association cultuelle", le ministre a indiqué qu'il n'avait pas l'intention de reconnaître l'Eglise de scientologie.
Jean-Michel Helvig compare la récente décision de la cour d'appel de Lyon avec l'arrêt de la cour d'appel de Paris en 1992 dans l'affaire Touvier qui avait réécrit l'Histoire pour faire du régime de Vihcy un régime ni totalitaire ni antisémite. Les deux verdicts choquants donnèrent lieu à des pourvois en cassation, et "on espère que dans un délai rapide l'instance suprême effacera, comme elle le fit pour l'affaire Touvier, la fâcheuse impression laissée par les juges du second degré".
L'auteur développe ensuite les raisons lui faisant se demander de quel "droit" la cour d'appel a pu prononcer un tel avis. Les critères, semblant définir la "religion", mis en avant par la cour d'appel s'appliquent "aussi bien à l'Eglise catholique qu'aux adorateurs de l'oignon ou aux supporters de l'OM". L'auteur aborde ensuite le cas particulier de la scientologie, objet de multiples enquêtes journalistiques, prouvant entre autre qu'elle consacre "une énergie rare au noyautage".
"Ce qui caractérise aussi la Scientologie, c'est une incessante propagande se nourissant de la moindre "faille" dans la vigilance des plus avertis sur la dangerosité de cette organisation. Elle y est d'autant plus habile que son importance n'est pas telle que l'on y consacre l'essentiel de son temps."
Et au sujet des circonstances atténuantes implicites dans le jugement de la cour d'appel, Jean-Michel Henig conclue : "on devrait considérer à l'inverse, même en athée endurci, que l'aspiration religieuse est suffisamment respectable pour que le fait de l'exploiter dans un unique but financier fasse l'objet de circonstances aggravantes."
[Résumé]
Le Nouvel Observateur donne la parole à maître Pesenti, avocat des parties civiles, pour commenter ce que les scientologues appellent une victoire. "D'abord, cette phrase [de la cour d'appel sur l'Eglise de Scientologie comme religion] ne constitue qu'une "réflexion", aucune juridiction française n'étant habilitée à reconnaître une religion. D'autre part, le tribunal s'est livré, selon l'avocat, à une "première judiciaire" en établissant que les techniques de manipulation mentale peuvent pousser quelqu'un au suicide. Une jurisprudence qui pourrait se révéler, dans l'avenir, délicate pour les scientologues."
De nouvelles réactions : "J'avais interrogé Toubon, révèle Myard [député RPR des Yvelines], pour savoir si l'ensemble des faits connus ne pouvaient justifier une dissolution de la scientologie. Il ne m'a pas répondu."
Jean-Pierre Brard estime lui que "la législation de 1936 sur les groupements factieux peut servir. Ce jugement, blanc-seing pour les sectes, est un épisode, pas un épilogue."
Alain Gest conclut : "Alain Juppé avait donné son accord pour qu'un corps de magistrats spécialisés soit créé, comme pour le terrorisme. Il est temps que Lionel Jospin s'empare du sujet."
[Résumé]
"Lionel Jospin a fait savoir, mercredi 30 juillet, par l'intermédiaire de Catherine Trautmann, porte-parole du gouvernement, qu'il était "préoccupé" par la décision rendue lundi par la cour d'appel de Lyon (...) Mme Trautmann a toutefois souligné que la décision rendue à Lyon n'était "pas définitive"." L'article se termine par les propos de M. Chevènement s'interrogeant sur l'intérêt du passage contesté du verdict et sur son intention de ne pas reconnaître l'Eglise de scientologie comme une association cultuelle.
[Résumé]
Un très bref rappel des deux faits marquants de l'actualité récente : le verdict de Lyon et les publicités pour Terra Incognita, "magazine (...) sur le point d'obtenir un numéro de dépôt légal.". Interrogé, "un responsable du service des dépôts du ministère" [de l'Intérieur] déclare : "Si la scientologie est une religion, il n'y a pas de raison qu'on la prive de moyen d'expression."
[Résumé]
Un rappel des faits et des polémiques causées par le verdict. Extrait : "Certes, l'ancien président, avec son brushing impeccable et son inamovible sourire étincelant, échappe à la prison ferme. Mais il est quand même condamné à trois ans de prison avec sursis et à 500 000 francs d'amende pour escroquerie et homicide involontaire. En clair, la cour d'appel a considété qu'il était bien responsable du suicide, par défenestration, le 24 mars 1988, de Patrice Vic, un adepte de 31 ans. (...) Pour la cour, Jean-Jacques Mazier avait, la veille du drame, "créé les conditions favorisant le passage à l'acte suicidaire et commis une série de fautes l'ayant provoqué". La justice a également reconnu qu'il s'était livré à de nombreuses manoeuvres frauduleuses, parmi lesquelles le recrutement des adeptes par l'intermédiaire de fausses offres d'emploi publiées dans la presse locale, et de tests de personnalités gratuits proposés au passant dans la rue et sur lesquels il n'était jamais fait mention de l'Eglise de Scientologie."
"Qu'il se soit trouvé, en plein coeur de l'été, autant de personnalités, d'élus, d'associations pour protester [contre l'arrêt de la cour d'appel de Lyon] prouve à l'évidence que le phénomène sectaire a définitivement quitté le registre du folklore." Serge Faubert rappelle qu'en 1980 un arrêt similaire était passé inaperçu.
Le journaliste rapporte ensuite les propos de "juristes compréhensifs - qui se recrutent parmi les conseils des sectes" sur le fait que "la cour n'a fait que reprendre les dispositions de l'article 9 de la Convention européenne des droits de l'homme", pour commenter que c'est oublier que la laïcité républicaine a été "égratignée".
Serge Faubert ajoute que ce verdict n'est pas le premier "raté" de la justice lyonnaise avec les scientologues : "En 1990, alors qu'ils venaient d'être placés sous mandat de dépôt par le juge Fenech, les troix principaux dirigeants de l'Eglise de scientologie ont été remis en liberté dans des conditions très particulières. Les documents internes de l'Eglise de scientologie prouvent que cette décision doit beaucoup à un intense travail de lobbying accompli à l'Elysée par une taupe de la scientologie. Que dire encore du magistrat instructeur, Georges Fenech, qui, tout au long de son enquête, a fait l'objet d'une mission de surveillance de la part d'un ancien "super-gendarme" de l'Elysée pour le compte de la secte ?".
Serge Faubert estime donc qu'il est temps au plus haut niveau de l'éxécutif de prendre ses responsabilités face à cette organisation qui infiltre l'appareil d'Etat et a recours aux menaces, à l'intimidation et à la persécution. "La solution exite : créer, sur le modèle belge, une commission d'enquête parlementaire qui s'attacherait cette fois non aux sectes en général, mais à l'Eglise de scientologie. A travers des audiences contradictoires et publiques, elle pourrait décortiquer les rouages de l'organisation et établir sa dangerosité."
. [Résumé]
Pour Jean-Marie Abgrall, le jugement n'est pas ambigu mais clair : "il est écrit en toutes lettres que des membres du Centre de Dianétique de Lyon, filiale de l'Eglise de Scientologie, se sont bien rendus coupables de pratiques d'escroquerie et de pressions psychologiques sur des individus."
Le triomphe affiché par la Scientologie est donc une manipulation : la cour d'appel a simplement rappelé le droit à la croyance. Mais Jean-Marie Abgrall continue : "Ce qui me paraît le plus ennuyeux, c'est que l'Eglise de Scientologie en tant qu'organisation nationale reconnue comme une secte par la commission d'enquête parlementaire, a échappé à la condamnation. (...) Seuls les seconds couteaux ont payé pour des captations de fonds qui résultent du fonctionnement même de cette "Eglise"."
J.M. Abgrall propose donc d'introduire la notion de secte dans le droit pénal, pour pallier le fait que même si un jugement établit que "la Scientologie porte en elle le germe de l'escroquerie", "le droit français a tendance à condamner les individus plutôt que les structures auxquelles ils obéissent".
[Résumé]
"Considérée comme une secte en Allemagne, où elle compterait quelques 70.000 adeptes, l'Eglise de scientologie inquiète le gouvernement fédéral qui l'accuse de chercher "à exercer une influence totalitaire sur les institutions et la société"". La journaliste rappelle alors les mesures dignes "d'une véritable guerre ouverte" prises par Bonn en matière policière et fiscale. Le gouvernement de Bavière en août 1996 a même interdit toute embauche de scientologue dans la fonction publique locale.
C. Prieur rappelle alors la réaction de l'Eglise de scientologie, "une campagne mondiale de diffamation", comme par exemple la lettre publique signée par des célébrités [la journaliste mentionne le nom de Costa-Gavras sans dire qu'il s'est rétracté par la suite - EM].
"Fait inhabituel, l'Etat américain lui-même a critiqué officiellement, le 27 janvier, les mesures de "discrimination" frappant les adeptes de la secte en Allemagne, tout en précisant qu'il ne s'associait pas "à la tactique de terreur de la scientologie à l'égard du gouvernement allemand."
L'Allemagne ne semble nullement prête à baisser la garde. Dernière passe d'armes en date, le gouvernement fédéral a décidé, le 6 juin, de soumettre la scientologie à l'observation systématique par les renseignements généraux. Cette mesure, qui s'appliquait déjà dans les Länder de Bavière et du Bade-Wurtemberg, est limitée à une période d'un an à l'issue de laquelle les autorités allemandes se réservent la possibilité d'interdire la secte."