Actualités sur les sectes en novembre 2006

Témoins de Jéhovah "Il serait dangereux de reconnaître les Témoins de Jéhovah comme un culte"
Sectes Le gouvernement n'est pas si sectaire avec les sectes
Eglise internationale du Christ Nathalie Gettliffe plaide coupable
Le Patriarche Lucien Engelmayer et Jean-Paul Séguéla jugés dans l'affaire du "Patriarche"
Scientologie Evacuation des immeubles du Bld de Waterloo à Bruxelles
Le Patriarche Le gourou et ses brebis égarées
Le Patriarche Insaisissable Patriarche
Raël Le mouvement de Claude Vorilhon débouté en appel
Scientologie Thielemans interdit l'intimidation au Bd de Waterloo
Coup de gueule Le Patriarche
Le Patriarche L'ancien gourou du Patriarche en cavale en Amérique centrale
Moon Moon traîne l'Etat en justice (Belgique)
Le Patriarche Jean-Paul Séguéla se dit "vraisemblablement manipulé"
Eglise internationale du Christ Un état mental satisfaisant
Religions Le pape convoque les chefs de la Curie sur le cas Millingo
Le Patriarche Les millions du "panier percé"
Sectes Des sectes nuisibles à la santé
OTS Procès de Grenoble - Commentaires
Le Patriarche Cinq ans d'emprisonnement requis contre Lucien Engelmajer et Jean-Paul Séguéla
Eglise internationale du Christ Le Canada refuse la garde conjointe à la Française
Eglise internationale du Christ L'audience sur la sentence de Nathalie Gettliffe s'amorce le 30 novembre
OTS Communiqué de presse de Jean-Pierre Brard
Scientologie Fin de l'occupation de l'immeuble boulevard de Waterloo à Bruxelles
Eglise internationale du Christ Dans sa prison modèle, Nathalie Gettliffe attend son jugement
Témoins de Jéhovah Une réponse à l'Anasthasie sociologisante
Tabitha's Place Visite surprise de commission d'enquête sur les sectes
Tabitha's Place La commission sur les sectes découvre 18 enfants coupés du monde
Laïcité Observatoire de la laïcité installé prochainement
Mormons fondamentalistes Un gourou polygame américain pour la première fois face à son accusatrice
Tabitha's Place A la communauté de Sus: "pas besoin de connaître Zidane pour vivre"
Sectes La commission parlementaire veut renforcer les contrôles sur la scolarité des enfants
Sectes Profil psychologique des gourous
Scientologie La secte courtise la police londonienne
Sectes Les enquêtes tous azimuts de la commission parlementaire sur les sectes créent la polémique
Témoins de Jéhovah Accusé de pédophilie
Monflanquin Les reclus de Monflanquin, partis en laissant une adresse
Sectes Des députés veulent mieux évaluer l’enseignement à domicile
Religions Le prosélytisme nuisible des Eglises du Reveil
Témoins de Jéhovah Quand une secte échappe au fisc

(*) Articles et documents qui, compte tenu de leur taille, ne sont pas ci-dessous, mais sur une page particulière ou sur le Web


France : Témoins de Jéhovah

"Il serait dangereux de reconnaître les Témoins de Jéhovah comme un culte"

AFP, 1er novembre 2006

[Texte intégral]

Georges Fenech préside la commission d'enquête parlementaire sur les sectes et les mineurs :
«Il serait dangereux de reconnaître les Témoins de Jéhovah comme un culte»


Les Témoins de Jéhovah entendent toujours être reconnus comme culte. Ainsi, n'auraient-ils plus à payer d'impôts sur les dons qu'ils perçoivent, et ne devraient-ils plus s'acquitter des 45 millions d'euros qu'ils doivent au fisc. Président de la commission d'enquête parlementaire sur les sectes et les mineurs, Georges Fenech, député (UMP) du Rhône, déplore «la grande ambiguïté administrative» à l'égard des Témoins de Jéhovah.


L'audition par la commission du chef du bureau central des cultes au ministère de l'Intérieur, Didier Leschi, a relancé la polémique sur le statut des Témoins de Jéhovah. Pourquoi ? 

Il n'existe pas de définition juridique de la secte dans le droit français. Pour l'instant, au plan national, les Témoins de Jéhovah sont une association régie par la loi 1901.

La loi de 1905, relative à la séparation des Eglises et de l'Etat, ne leur a pas été accordée par le bureau des cultes. Cependant, un nombre important de tribunaux administratifs et de préfets leur ont attribué ce statut au plan de la fiscalité foncière, uniquement.

Leurs lieux de cultes sont donc exonérés de taxes foncières. C'est d'une grande ambiguïté administrative. D'où la suggestion de Didier Leschi de reconnaître les Témoins de Jéhovah comme un culte.

Vous êtes contre ?  Ce serait dangereux et nous avons été surpris par cette interprétation. Car, pour être considéré comme culte, il faut exercer un culte de manière exclusive, sans activité commerciale ou culturelle parallèle, et il faut que cet exercice ne constitue pas un trouble à l'ordre public.

Pourquoi serait-ce dangereux ? 

Parce qu'ils ont certaines pratiques contraires aux lois républicaines qui peuvent constituer un trouble à l'ordre public. En 1985, une décision du Conseil d'Etat a estimé que le refus de transfusion sanguine, même en cas de risque vital, était un trouble à l'ordre public. Ce n'est pas le seul obstacle à leur reconnaissance comme culte. Au regard des auditions effectuées par la commission, il existe chez les Témoins de Jéhovah une sorte de maltraitance psychologique des enfants. Ils sont élevés dans la crainte de l'Apocalypse ; ils sont interdits d'anniversaire ; les adultes n'ont pas le droit d'aller voter. C'est une sorte d'isolement social.


France : Sectes

Le gouvernement n'est pas si sectaire avec les sectes

Le Canard, 1er novembre 2006 par Isabelle Barré

[Texte intégral]

Qui  a dit que le fisc était sans pitié ?

En octobre 2004, les Témoins de  Jéhovah  étaient condamnés en cassation à un redressement salé: 45 millions (dont 22 millions de pénalités de retard) pour des dons non déclarés  entre  1993 et 1996. Qu'ont payé nos joyeux Témoins depuis ? Au  mieux  10  % de la facture, alors que leurs recours successifs (en cassation,  puis  devant  la Cour européenne des droits de l'homme) ne suspendaient  pas  l'application  de  la  sanction. 

« Secret fiscal » oblige, Bercy reste bouche cousue sur le sujet. Quant aux zélateurs de Jéhovah, l'un de leurs porte-parole affirme au "Canard" avoir versé "des  sommes  importantes, sans en préciser le montant," ajoutant que "le fisc a opéré une saisie conservatoire sur des biens immobiliers."

Députés en rogne

Le 20 octobre dernier, lors d'une réunion de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires  (Miviludes),  les émissaires des différents cabinets ont évoqué  un  possible   "aménagement" de cette dette. Les pénalités de retard pourraient donc être revues à la baisse ! Mais pourquoi tant de sollicitude  ? 

Si  les " Jéhovistes", qui revendiquent 140 000 "proclamateurs", ne votent pas, ils sont fortiches en lobbying : leur ancien avocat, Alain Garay, est l'un des trois experts choisis par le Quai d'Orsay pour représenter la  France sur les questions de liberté religieuse à l'Organisation pour la sécurité et la coopération européenne.  Mais ce maître du barreau assure qu'il n'a plus aucun lien avec la secte depuis cinq ans.

L'attitude un peu floue du gouvernement dans cette affaire commence à agacer, y compris dans la majorité: "On  ne peut être que très surpris que le ministère des Finances  ne mette pas la condamnation à exécution ", grogne le député UMP Georges Fenech, président de la Commission d'enquête parlementaire sur les sectes et les mineurs. Laquelle rendra son rapport en décembre, et entend d'ici là obtenir des explications du ministère du Budget.

Les membres de ladite commission sont d'autant plus remontés qu'ils n'ont  guère apprécié l'audition,  mi-octobre, du chef du Bureau des cultes. Placé sousl'autorité du ministre de l'Intérieur, ce haut fonctionnaire  a  expliqué qu'en "l'état actuel de la jurisprudence, [les  Témoins  de  Jéhovah]  ont  le  droit  de  bénéficier du statut d'association cultuelle", statut qui donne droit à un régime fiscal plus favorable. Le  Conseil d'Etat a en effet reconnu le caractère cultuel de deux associations départementales des Jéhovah, dans la Nièvre et dans le Puy-de-Dôme. Mais les députés fustigent " l'interprétation extensive" que le Bureau des cultes tire de ces deux jugements.

La  commission s'inquièt aussi de ce que Sarkozy pourrait faire du rapport que lui a  remis, fin septembre, le  professeur de droit Jean-Pierre  Machelon. Ce document propose tout à la fois d'assouplir le  statut des asso- ciations cultuelles et d'autoriser les communes à financer les lieux de culte. "A quand une "église" de la Scientologie financée par la mairie du coin ?", s'étrangle le communiste Jean- Pierre Brard, député-maire de Montreuil.

" Il  y a une certaine dérive à l'américaine chez Sarko, au nom de la liberté  individuelle, estime le rapporteur de la commission, Philippe Vuilque,  député  PS des Ardennes. ."Quand il reçoit Tom Cruise, Sarkozy sait très bien qu'il contribue à banaliser la Scientologie. Et qu'il ménage  les  Etats-Unis,  qui  voient  dans  la lutte antisectes de la France  une atteinte aux libertés religieuses.

Chacun ses gourous..

Combien de fraudeurs ?

LES  Témoins  de  Jéhovah ne sont pas les seuls à chatouiller le fisc.

Dans un précédent rapport consacré à l'argent des sectes, en 1999, les parlementaires  avaient  estimé à 545 millions de francs (hors ardoise des  Jéhovah)  la  somme  totale à recouvrer auprès d'une vingtaine de
groupes  pseudo- religieux.  Qu'en  est-il de la fraude aujourd'hui ? Mystère,  la  Direction  générale  des  impôts  refusant  de donner le moindre chiffre, toujours au nom du sacro-saint "secret fiscal". Il faudra  peut-être une nouvelle commission d'enquête parlementaire pour faire sauter l'omerta.


Nathalie Gettliffe plaide coupable

Radio Canada, 3 novembre 2006

[Texte intégral]

Le vendredi 3 novembre 2006 Une citoyenne française emprisonnée en Colombie-Britannique pour une histoire de garde d'enfants plaide coupable à Vancouver. Sa sentence devrait être prononcée dans les prochaines semaines.

Nathalie Gettliffe est accusée d'avoir enlevé les deux enfants nés de son mariage avec le Canadien Scott Grant. Elle a été arrêtée à son retour à Vancouver, le 11 avril, pour avoir violé des ordonnances relatives à la garde de ses enfants en les amenant vivre en France.

Mme Gettliffe avait justifié son départ du Canada en 2001 en expliquant qu'elle voulait soustraire ses enfants à l'influence de leur père, membre de l'Église internationale du Christ, un mouvement évangélique considéré comme sectaire par un rapport parlementaire français, mais légal au Canada.

Les deux enfants ont été rendus à leur père par la justice française en juillet et vivent actuellement avec lui au Canada. Il en avait obtenu la garde légale pleine et entière après la fuite en France de son ex-femme et de ses enfants.

Mme Gettliffe a donné naissance, le 26 septembre, à un petit garçon dont le père est son actuel compagnon français, Francis Gruzelle.

Ce dernier n'a cessé de s'élever contre l'incarcération de sa compagne, affirmant qu'elle est tombée dans un piège tendu par son ex-mari, et dénonçant en termes très vifs ses conditions d'incarcération, établissant des comparaisons avec Guantanamo.

Dans une lettre aux médias français, l'ambassadeur du Canada en France, Claude Laverdure, a répondu aux critiques de M. Gruzelle et soutenu que la justice et le système carcéral canadiens ont été injustement décriés dans cette affaire. Il rappelle que c'est une Cour de cassation française qui a ordonné cette année le retour des enfants au Canada.

Le sort de Mme Gettliffe a soulevé une vive émotion en France et le président Jacques Chirac l'avait évoqué avec le premier ministre canadien Stephen Harper, lors d'une visite de ce dernier à Paris en juillet.


France : Le patriarche

Lucien Engelmayer et Jean-Paul Séguéla jugés à partir de lundi dans l'affaire du "Patriarche" en Haute-Garonne

AP, 5 novembre 2006

[Texte intégral]

Dix-sept personnes sont jugées à partir de lundi devant le tribunal correctionnel de Villefranche-de-Lauragais (Haute-Garonne) pour "abus de faiblesse", "abus de confiance", "recel", "blanchiment d'argent" et "abus de biens sociaux" dans l'affaire du "Patriarche", a-t-on appris de sources judiciaires.

Le principal accusé, absent du procès, sera jugé par défaut. Lucien Engelmajer, dit le Patriarche, fondateur de l'association "Le Patriarche" classée comme secte, est en fuite en Amérique centrale.

Parmi les accusés, figurent huit membres de la famille du Patriarche, ainsi que Jean-Paul Séguéla, ancien député RPR de Haute-Garonne et conseiller de Charles Pasqua au ministère de l'Intérieur pour les questions de toxicomanie jusqu'en 1995.

"L'association le Patriarche possédait de nombreux biens immobiliers en France et dans le monde", confiait à l'Associated Press Paul Michel, procureur de la République de Toulouse. "La somme d'argent détournée est colossale", a-t-il ajouté, sans toutefois préciser le montant. Quant à la partie civile, "elle se compose essentiellement d'anciens adeptes qui réclament des indemnités".

Lucien Engelmajer a fondé l'association "Le Patriarche" en 1972, après l'ouverture d'un premier centre d'accueil de toxicomanes à la Boère (Haute-Garonne), fondé sur le sevrage absolu, par la rupture avec le monde extérieur et la prise en charge par d'anciens toxicomanes. L'association est financée par des fonds publics jusqu'en 1996.

A cette date, un rapport parlementaire épingle l'association et ses "dérives sectaires". Françoise de Veyrinas, responsable de la MILDT, Mission Interministérielle De Lutte contre la Toxicomanie, coupe toute subvention à cette association en raison de son opacité financière.

Le Patriarche essaime ensuite dans 17 pays sous l'appellation d'"Organisation internationale Lucien Joseph Engelmajer", accueillant dans ses 250 centres quelque 100.000 personnes. En février 1998, "Le Patriarche" est écarté par un "putsch" interne. Il se réfugie au Bélize où il vit toujours à 86 ans. L'association, rebaptisée, s'appelle aujourd'hui Dianova.

En décembre 1998, six pensionnaires ou enfants de toxicomanes dénoncent les conditions dans lesquelles elles vivaient et travaillaient dans ces centres et les abus dont elles ont été victimes de la part du Patriarche. Les pensionnaires portent plainte contre X.

Après 10 mois d'auditions, le parquet de Toulouse ouvre en septembre 1999 une double information judiciaire contre Lucien Engelmajer et la juge d'instruction toulousaine Nicole Bergougnan délivre deux mandats d'arrêts internationaux le visant: en novembre 2000 pour "abus de biens sociaux et emploi de travailleurs clandestins" et en janvier 2001 pour "viols et tentatives de viol sur mineurs de moins de 15 ans".

Le procès qui s'ouvre lundi ne concerne que le volet financier de l'affaire. Jean-Paul Séguéla a été mis en examen et écroué le 22 mai 2001 pour "recel d'abus de confiance et blanchiment aggravé". De décembre 1997 à août 1998, il était secrétaire général au bureau exécutif de l'Organisation internationale Lucien Joseph Engelmaje (OILJE) dont le siège est à Lausanne. Il est soupçonné d'avoir bénéficié d'environ un million d'euros, sous forme de prêts jamais remboursés.

Le procès devrait se terminer le 17 novembre. AP


Belgique : Scientologie

Evacuation des immeubles du Bld de Waterloo à Bruxelles

7sur7, 6 novembre 2006

[Texte intégral]

La police a obtenu l'évacuation dans le calme de la centaine de personnes qui avaient investi les lieux ce lundi. Ces personnes ont accepté de libérer le hall d'entrée des immeubles. Une réunion entre représentants de la Ville, propriétaire des lieux et occupants devrait débuter à midi. L'église de la Scientologie, qui compte occuper les lieux, souhaiterait pouvoir occuper déjà une partie des lieux et déménager une partie des occupants vers l'immeuble 103 uniquement.
La Ville de Bruxelles, qui s'est proposée comme médiatrice, a pour rôle de trouver une solution avant que ne soit rendu un jugement par un juge de paix attendu cette semaine.

"Les occupants ont déjà obtenu un jugement en bonne et due forme qui interdit à quiconque actuellement de les expulser. La question est de savoir si le propriétaire peut ainsi débarquer à l'improviste", a expliqué José Garcia, du syndicat des locataires et représentant des occupants.


France : Le patriarche

Le gourou et ses brebis égarées

Libération, 6 novembre 2006 par Erice Favreau

[Texte intégral]

Vénéré par ses proches, l'ancien brocanteur avait édicté les règles de sevrage très dures.

Lucien Engelmajer, c'était d'abord un visage, une barbe surtout. L'homme a toujours eu cette allure de grand-père, certes sévère mais si... bon. Les non-initiés l'appelaient le Patriarche ; les proches, Lucien. Ces derniers en parlaient avec chaleur, le vénéraient. Discutaient sans fin de sa disponibilité. Tous avaient eu le même itinéraire. C'est-à-dire des années de drogue et de galères, et pas un lieu qui ne voulait les accueillir. Sauf à la Boère, près de Toulouse, dans le château de Lucien. 

Pris en charge. Une bien belle réussite pour cet ancien brocanteur qui décida, au début des années 70, de créer une communauté pour accueillir marginaux et toxicomanes. Une communauté totalement centrée sur lui. On sait peu de chose sur la jeunesse du Patriarche. C'est lui qui édicta, dès 1972, les règles du lieu. Elles étaient intangibles.

Quand on arrivait à la Boère, il fallait tout laisser. On prenait vos papiers, votre argent. Pendant cinq jours se déroulait la cure de désintoxication. Dans le secret. Enfermé dans une pièce avec un ex-toxico qui était déjà passé par là.

Ensuite ? Le pensionnaire, qui n'avait toujours pas droit de reprendre ses papiers, était pris en charge. Il devait retaper des vieilles fermes, ou vendre le journal de l'association, Antitox . Ils n'étaient pas payés. Mais qui s'en plaignait ?

Des médecins de la région lui apportaient sa caution. Et les familles d'un grand nombre de pensionnaires le défendaient avec force, soulagées que leur enfant «ne se détruise plus». Et c'était vrai qu'à l'époque très peu de structures les prenaient en charge.Pendant des années, cela a marché.

Dans l'indifférence, voire la complaisance des pouvoirs publics. L'association s'est développée, a grandi, recueillant dans toute l'Europe des fonds au profit des toxicomanes. Certains des pensionnaires qui s'enfuyaient étaient pourchassés, menacés. Car, lorsqu'on le critiquait, le Patriarche pouvait être d'une extrême violence verbale. Ainsi, lors de reportages pour la télévision, on le voyait hurler contre «ces brebis égarées, sans aucune gratitude». 

En 1995, l'association détenait, rien qu'en France, 67 centres accueillant près de 2 500 ex-toxicomanes.

Putsch. En 1998, tout a basculé lors d'une sorte de putsch interne, resté bien mystérieux. Le Patriarche, qui vivait alors à Miami, présidait une réunion de responsables de l'association. «Depuis quelque temps, cela n'allait plus, racontait alors à Libération Stéphane Hédiard, longtemps secrétaire particulier de Lucien Engelmajer. Il dérapait. Il n'était plus intéressé que par ses histoires de braderies, de collectes d'argent, et ses investissements immobiliers.» Puis : «Vous savez, il n'était plus en état d'assumer ses fonctions» ( Libération du 25 mars 1998)

.Depuis, Lucien Engelmajer n'apparaît plus. Ses proches ont pris la relève. On dit que Lucien vit à Belize. A côté de plaintes pour détournements de fonds, d'autres poursuites sont engagées pour «viols ou tentatives de viols». 


France : Le patriarche

Insaisissable Patriarche

Libération, 8 novembre 2006 par Gilbert laval Villefranche-de-Lauragais envoyé spécial

[Texte intégral]

Fondateur d'une multinationale de la désintoxication, Lucien Engelmajer est accusé avec quatorze proches d'abus de biens sociaux.

Le fondateur du Patriarche, qui savait désintoxiquer les toxicomanes, n'assistera pas à son procès pour abus de biens sociaux et emploi de travailleurs clandestins. A 86 ans, Lucien Engelmajer n'a pas eu le courage de quitter l'Amérique centrale et Belize, dont il est devenu citoyen, pour échapper à deux mandats d'arrêt internationaux. Comparaissent en revanche depuis lundi huit de ses collaborateurs et six de ses enfants pour complicité d'abus de biens sociaux, abus de faiblesse, abus de confiance, blanchiment et recel.

Liechtenstein. Les 14 prévenus présents se pressent dans une toute petite salle correctionnelle de Villefranche-de-Lauragais (Haute-Garonne).

Le professeur de médecine, ex-député RPR, Jean-Paul Séguéla dit «ne pas savoir ce qu'[il] fait» sur le banc des prévenus. Il conteste avoir bénéficié de prêts gratuits du Patriarche à hauteur de 6 millions de francs et nie avoir abusé de la carte bancaire de l'Organisation internationale Lucien Engelmajer.

Tel comptable du Patriarche comprend à peine qu'on lui reproche d'avoir puisé sur des comptes au Liechtenstein. Telle autre ne voit pas en quoi masquer des prélèvements par jeux d'écritures constitue une complicité d'abus de confiance.

Preuve, selon son avocat, de son innocence, François Engelmajer, un des fils de Lucien, est revenu des Etats-Unis, malgré son mandat d'arrêt, pour «en finir une fois pour toutes» avec la mauvaise querelle qui lui serait faite. Quant aux cinq autres fils et filles du fondateur, plaide Me Simon Cohen : «Pourquoi se seraient-ils interrogés sur la provenance des fonds qui étaient régulièrement virés sur leur compte?» Lucien Engelmajer «était un bon père, voilà tout». Il était surtout un magicien du porte-monnaie en même temps qu'un gourou pour ses pensionnaires (lire ci-dessous).

Liquidités. Les cures s'avérant efficaces, dons et subventions ont plu sur les 210 centres ouverts dans 17 pays. Comme les 6,6 millions de francs annuels du ministère de la Santé «sans aucun contrôle ni production d'un rapport d'activité», relève la Cour des comptes.

Autre rentrée de liquidités : la vente en Europe des 400 000 exemplaires d' Antitox . Un mensuel conçu et vendu dans la rue par des toxicomanes non salariés. «De l'esclavagisme ?» interroge Me Pesenti, avocat de trente anciens toxicos qui travaillaient à l'oeil. L'instruction indique que 100 millions de francs ont pu circuler entre la Suisse, le Luxembourg ou le Liechtenstein. Il y a aussi la Boère, le château du Patriarche près de Toulouse, au centre d'une galaxie de huit associations en France, 8 sociétés commerciales en Europe et en Amérique et 4 holdings au Luxembourg.

L'inscription du Patriarche au répertoire des sectes dans le rapport parlementaire de 1995 et des plaintes de pensionnaires pour abus de confiance, et même viols, ont enrayé la machine. Le patrimoine immobilier de l'association était passé «de 0 à 41 millions de francs» entre 1993 et 1994. Le procès se poursuit à Villefranche-de-Lauragais pendant une semaine.


Canada : Raël

Le mouvement de Claude Vorilhon débouté en appel

Canoë, 8 novembre 2006

[Texte intégral]

Le mouvement raélien a encore échoué, en cour d'appel cette fois, dans sa tentative d'empêcher les médias de parler en mal du groupe dirigé par le gourou Claude Vorilhon.

Les raéliens, par l'entremise de leur porte-parole Daniel Chabot, demandaient en 2005 à la Cour supérieure de déclarer que leur groupe est une religion, et cherchaient à faire interdire la publication dans les médias de tout reportage humiliant ou dérisoire à leur sujet. Leur offensive visait tous les médias de Quebecor, dont fait partie Le Journal de Montréal, mais aussi La Presse, Radio-Canada, TQS et Astral Media.

Reportage indigeste... Il semble que les raéliens n'aient surtout pas digéré les reportages de notre journaliste Brigitte McCann, qui a infiltré le mouvement pendant neuf mois, pas plus qu'une chronique de Lysiane Gagnon dans La Presse, qui s'intitulait De clowns et de clones.

Le gourou citait également en exemple l'épisode où le caricaturiste Serge Chapleau lui a agrippé le chignon lors de l'émission Tout le monde en parle.

Dans leur requête, les raéliens se qualifiaient de religion qui se définit comme la continuité et l'achèvement du christianisme, à un point tel où ils sont reconnus en tant que tel aux États-Unis.

Quatre juges pas convaincus Mais cela n'a pas convaincu le juge de la Cour supérieure, pas plus que les trois juges de la cour d'appel qui ont entendu leur requête récemment. «Le juge de première instance a conclu que les appelants n'avaient pas démontré un intérêt juridique. De plus, elle a retenu que les conclusions recherchées étaient ni utiles, ni appropriées», ont conclu les juges.


Belgique : Scientologie

Thielemans interdit l'intimidation au Bd de Waterloo

7sur7, 8 novembre 2006

[Texte intégral]

Le bourgmestre de Bruxelles, Freddy Thielemans, a signé mercredi un arrêté de police pour empêcher les actions d'intimidation des squatteurs qui occupent un immeuble situé 103 boulevard de Waterloo à Bruxelles depuis le 28 septembre.

Le propriétaire des quatre immeubles, la société immobilière Belgium Buildings Acquisition (BBA), a dépêché sur place depuis lundi une équipe d'une centaine de personnes qui se qualifent de "travailleurs volontaires".

Motif invoqué par la société qui représente les intérêts de l'Eglise de Scientologie que l'on prédit futur occupant de l'ensemble: entamer le projet de rénovation par des travaux qui ne nécessitent aucun permis.

Jusqu'à mercredi, après un avertissement clair de la Ville de Bruxelles contre toute voie de faits à l'égard des squatteurs de l'aile du complexe située au n°103, ces personnes se sont confinées dans la partie des bâtiments non squattés, soit le 100 et 101.

Pour les squatteurs, cette opération visait une nouvelle fois à les intimider alors que le 26 octobre dernier, le tribunal de première instance de Bruxelles avait débouté le propriétaire dans son action visant à obtenir leur expulsion. (belga)


France : Coup de gueule

Le Patriarche

Courriel, 9 novembre 2006

Notre ami Kircher envoie un nouveau coup de gueule sur l'actualité

 Se tient en ce moment à Toulouse un procès instructif : celui de la secte dite « le Patriarche » dirigé dans les années 80 par Lucien Enjelmajer poursuivi pour escroquerie, violences et atteintes sexuelles sur nombre de
ses adeptes dont aujourd'hui une trentaine se constituent partie civile.

La particularité de cette secte est d'avoir fonctionné durant plus de dix ans avec la bénédiction des pouvoirs publics trop heureux de se décharger sur une structure privée du sort de toxicomanes et de malades du sida que les collectivités territoriales et les secteurs concernés ne savaient pas prendre en charge.

Enjelmaier a acheté la bonne conscience de la défaillance publique à coup d'énormes subventions qui lui ont permis de construire une fortune colossale avant de s'enfuir en Amérique centrale lorsque le vent eut tourné avec les doléances de ses adeptes abusés.

Ce dossier est emblématique et devrait rappeler aux pouvoirs publics d'aujourd'hui que l'infiltration de secteurs sensibles par d'autres sectes comme la Scientologie (« Narconon », « Non à la drogue, oui à la vie »,
etc.) ou les Témoins de Jéhovah, ou encore Ama Amrita, pour n'en citer que quelques-unes, sous l'appellation moderne d'ONGI, illustre à la fois l'abandon inacceptable de missions de service public et la forme nouvelle de pénétrations de secteurs de populations fragilisées lesquelles fourniront du travail non déclaré, leurs économies et leur liberté à des structures qui bénéficieront parfois d'aides publiques.

Souhaitons que l'expérience des décennies passées et le désastre subi par des victimes abusées ne soient pas inutiles et que cet épilogue judiciaire puisse amener le politique à se ressaisir tant qu'il est encore temps en
démasquant les nouveaux « Patriarches » habiles à tromper le monde.

A. Kircher


France : Le Patriarche

L'ancien gourou du Patriarche en cavale en Amérique centrale

Le Parisien, 8 novembre 2006 par Jean-Marc Duc

[Texte intégral]

C'était le pape de la lutte antidrogue. Lucien Engelmajer, 86 ans, fut le grand prêtre des cures de désintoxication au début des années 1970. Sa grande carcasse à la barbe blanche s'affiche alors partout à la télévision.

Il est la référence adoubée par les services publics. Son association, le Patriarche, devient une véritable multinationale du sevrage des héroïnomanes. Elle essaime dans toute l'Europe et jusqu'au Chili avec 250 centres. Mais à la fin des années 1990, des patientes déposent plainte pour viol. Et l'association, dont le fief est le château de la Boère, en Haute-Garonne, a creusé un trou financier suspect.

Depuis lundi, quatorze personnes comparaissent pour détournement de fonds et abus de biens sociaux devant le tribunal correctionnel de Toulouse. Sans Lucien Engelmajer, jugé par défaut qui vit désormais au Belize, un micro-Etat d'Amérique centrale.

L'ancien gourou du Patriarche fait l'objet de deux mandats d'arrêts internationaux qui valent extradition. Contre toute attente, son fils François, installé aux Etats-Unis, s'est présenté devant le tribunal. Son avocat
Me Simon Cohen, a obtenu la main levée de son mandat d'arrêt

La caution et les subsides de l'Etat

Miné par la maladie et le ressentiment Luden Engelmajer ne roule plus en Rolls Royce. Il dit « croupir » au Belize où il « attend la mort », victime de trois cancers. Il jure qu'on l'a « empêché d'enrayer la propagation du sida ».

D'origine polonaise, né à Francfort il passe son enfance à Metz et traverse la Seconde Guerre mondiale entre résistance et camp de prisonniers. Reconverti en marchand de meubles d'occasion, Engelmajer prend une retraite spirituelle en 1963 en Haute-Garonne. C'est là qu'il fonde l'association du Patriarche et en devient le chef de file.

L'Etat lui apporte sa caution et lui verse des subsides. Le succès est fulgurant au point de devenir un véritable empire financier très convoité, dont l'argent passe par le Luxembourg, le Liechtenstein et l'Uruguay, des paradis fiscaux. La vente de journaux de l'organisation par les toxicomanes dans toute l'Europe génère 5 millions d'euros par an. Mais le bel édifice se lézarde sur fond de crise interne.

L'Inspection des affaires sociales tire la sonnette d'alarme sur les méthodes musclées de sevrage du Patriarche à partir de 1985, mais aussi des dérives sectaires. Dans les années 1990, des patientes accusent le gourou de « les mettre dans son lit» et de leur imposer des rapports sexuels forcés en guise de thérapie. Un schisme éclate au sein de l'organisation, mené par ses propres enfants. Lucien Engelmajer est écarté mais obtient de colossales compensations financières.

En 1998, le « patriarche » s'installeen Floride, puis au Brésil avant de choisir le Belize, dont il a pris la nationalité pour ne pas être extradé. Aujourd'hui, son ancien ami Jean-Paul Segela, ex-député RPR de Haute-Ga­ronne et ancien Monsieur Drogue auprès de Charles Pasqua, se retrouve, lui, devant le tribunal, au côté des treize autres prévenus.

Grand absent du procès qui s'est ouvert lundi à Toulouse, Lucien Engelmajer fait l'objet de deux mandats d'arrêt internationaux,


Belgique : Moon

Moon traîne l'Etat en justice

Le Soir, 9 novembre 2006

[Texte intégral]

Les « moonistes » ont assigné l'Etat belge en Justice. En cause : le refus du ministre de l'Intérieur, Patrick Dewael (VLD), d'accorder un visa au milliardaire sud-coréen Sun Myung Moon, 86 ans, fondateur de l'« Eglise de l'Unification ». L'affaire a été plaidée, mercredi, par la 21e chambre de la cour d'appel de Bruxelles, en référé.

Le « révérend » Moon et son épouse, Hak Ja Han Moon, entendaient donner une conférence en Belgique, le 5 novembre 2005 (puis en mars et en juillet 2006)... Les autorités belges lui ont refusé l'accès au pays, se retranchant derrière le signalement, par l'Allemagne, de M. Moon dans le Système d'information Schengen (SIS), susceptible de fonder légalement un refus d'entrée sur le territoire.

Le fichage allemand avance trois reproches :

- M. Moon serait « en faveur d'un totalitarisme théocratique sous influence coréenne, en opposition avec la démocratie allemande » ;

- il constituerait « un danger pour les familles, car il encouragerait des jeunes adultes à quitter leurs parents pour se consacrer à l'Eglise unitaire » ;

- « il aurait une influence néfaste sur la jeunesse nationale par le biais de la manipulation mentale et le lavage de cerveau ».

« Bref, des raisons vagues et générales qui n'ont jamais fait l'objet de poursuites judiciaires ni a fortiori de condamnation », plaide Me Charles Delnois, avocat des moonistes.

« Que lui reproche-t-on, en somme ? Le risque de le voir convertir des gens, ce qui est un droit fondamental, surenchérit Me Inès Wouters, l'autre conseil des adeptes de M. Moon. La Belgique n'a pas le droit d'empêcher les fidèles d'être en contact avec leur chef spirituel. Son refus d'accès au territoire n'est basé sur aucune apparence de loi... Assimiler un leader religieux à un malfrat, alors qu'il n'a rien à se reprocher, est une insulte à ces croyances. »

Inès Wouters y voit une atteinte manifeste à la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme. Elle relève que les Pays-Bas et le Danemark ont ouvert leurs frontières à M. Moon malgré son signalement SIS.

« L'Etat n'empêche donc pas ses adeptes de rencontrer M. et Mme Moon : il leur suffisait d'aller les rencontrer aux Pays-Bas ou au Danemark », réplique l'avocate de l'Etat, Me Elisabeth Derriks. Qui s'interroge aussi sur la compétence de la cour : « C'est une décision administrative, un refus de visa, qui est contestée, c'est donc le Conseil d'Etat qui devait être saisi. » La cour tranchera dans les prochaines semaines.

(Le mouvement est connu pour ses mariages collectifs arrangés par le « révérend » Moon, comme ici dans un stade de Séoul, le 16 février 2002. Photo Youn Jae-Wook/EPA.)
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Proche de la famille Bush et adepte des mariages forcés

Ses détracteurs l'appellent « la secte Moon ». Ses adeptes préfèrent l'appellation officielle : « Eglise de l'Unification » ou encore « Association de l'Esprit Saint pour l'Unification du christianisme mondial ».
Fondé en 1954, à Séoul, par le « révérend » Moon, le mouvement compterait 180.000 membres, dont quelques dizaines en Belgique, où il est présent depuis 1973. L'ASBL « Family Federation for World Peace and Unification », basée à Anderlecht, rassemble les adeptes belges... Des fidèles « plutôt discrets », selon l'Observatoire des sectes, qui n'a pratiquement jamais été interpellé sur leurs activités.

Le mouvement est connu pour ses mariages collectifs : des milliers d'inconnus qui s'unissent pour « créer une race nouvelle et amener la paix sur Terre ».

Notre confrère Eric Laurent a mis en évidence les liens étroits entre Moon et la famille Bush, aux Etats-Unis.

Le « révérend » est à la tête d'« un des empires économiques privés les plus puissants de la planète », selon Roberto Badini. Il a notamment fait fortune dans les sushis. Promoteur autoproclamé de la paix dans le monde, il a aussi investi dans... l'armement de petit calibre.


France : Le Patriarche

Jean-Paul Séguéla se dit "vraisemblablement manipulé"

Le Nouvel Obs , 10 novembre 2006

[Texte intégral]

Jean-Paul Séguéla, ancien député RPR de Haute-Garonne et conseiller de Charles Pasqua au ministère de l'Intérieur pour les questions de toxicomanie de 1993 à 1995, a été entendu vendredi matin dans le cadre du procès du Patriarche, l'ancienne association d'aide aux toxicomanes répertoriée comme secte par des rapports parlementaires. Il a affirmé avoir été "vraisemblablement manipulé ".

Ancien doyen de la faculté de médecine de Toulouse, mis en examen et écroué le 22 mai 2001, il est poursuivi pour "recel d'abus de confiance", "abus de faiblesse" et "blanchiment".

Il est accus é d'avoir bénéficié en 1995 de deux prêts non remboursés, d'un montant de 3,4 millions de francs et un autre de 600.000 francs, émanant de fonds dé tournés par le fondateur du Patriarche Lucien Engelmajer.

Il lui est é galement reproché d'avoir profité de travaux de rénovation pendant six ou sept mois dans sa
propriété de Bessières (Haute-Garonne), effectués gratuitement par des adhérents du Patriarche, de voyages à l' étranger et d'une carte bancaire liée à un compte de l'association domicilié en Suisse.

Représentant au ministère de l'Intérieur de la DGLDT, Direction générale de la lutte contre la drogue et la toxicomanie de 1993 à 1995, Jean-Paul Séguéla avait été nommé en 1997 au poste de secrétaire général au bureau exécutif de l'Organisation internationale Lucien Joseph Engelmajer (OILJE).

M. Séguéla avait rencontré Lucien Engelmajer en 1969, lors d'une conférence sur la toxicomanie. Après sa nomination au ministère de l'Intérieur, il a été contact é par Engelmajer qui "souhaitait être naturalise français et présenter officiellement ce qu'il faisait en matière de prise en charge des toxicomanes", a expliqué le professeur de médecine.

Il a évoqué le "lien d'amitié " tissé au fil du temps avec Engelmajer, un homme dégageant "une fascination extraordinaire, (qui) avait beaucoup de charisme, une grande facilit é de parole. Nous sommes rapidement devenus proches".

C'est en parlant de "l'autoritarisme amical" du gourou que l'ancien député a dit avoir accepté sa proposition d'annuler le remboursement de deux prêts d'un montant global de quatre millions de franc?

Devant la surprise du tribunal pour lequel "il est difficile de penser que M. Séguéla n'ait pas été informé » des détournements de fonds" en sa qualit é de secrétaire général de l'OILJE, l'ancien déput s'est dit "vraisemblablement manipulé ".

"Mon idée, à travers la bouche de Lucien Engelmajer, qui é tait milliardaire et voulait avoir une oeuvre pérenne, était de créer une fondation internationale" de prise en charge des toxicomanes, a-t-il expliqué .

Le proc è s s'est ouvert mardi devant le tribunal correctionnel de Villefranche-Lauragais. Quatorze pr é venus sur les 17 poursuivis au total dans le volet financier de l'affaire du Patriarche comparaissent pour "abus de faiblesse", "abus de confiance", "recel", "blanchiment d'argent" et "abus de biens sociaux", dont huit enfants d'Engelmajer, poursuivis pour avoir bénéficié d'importants détournements de fonds provenant de l'association et de ses satellites.

Absent du procès, le fondateur du Patriarche, 86 ans, sera jugé par défaut: objet de deux mandats internationaux pour "abus de biens sociaux et emploi de travailleurs clandestins" et pour "viols et tentatives de viols sur mineurs de moins de 15 ans". Il est en fuite au Belize.


Un état mental satisfaisant

Radio Canada, 10 novembre 2006

[Texte intégral]

Nathalie Gettliffe n'aura pas à subir d'évaluation psychiatrique. Ainsi en a décidé la juge Mervyn Koenigsberg, de la Cour suprême de Colombie-Britannique, qui estime que les preuves ne sont pas suffisantes pour laisser croire que la citoyenne française souffre de problèmes mentaux.

L'avocat de Nathalie Gettliffe est heureux de la décision. D'après lui, la demande de la Couronne aurait créé un précédent. Sa cliente a peut-être fait un mauvais choix, mais celui-ci n'est pas une preuve d'instabilité mentale, dit-il.

La semaine dernière, la mère de 35 ans a plaidé coupable à deux accusations d'enlèvements d'enfants. Elle avait amené ses enfants en France en 2001, défiant une ordonnance de la cour. Elle a été arrêtée le 11 avril 2006 lors d'un passage à Vancouver pour défendre sa thèse de doctorat à l'Université de Colombie-Britannique.

Nathalie Gettliffe aurait pris la fuite parce qu'elle voulait soustraire ses enfants à l'emprise de leur père. Scott Grant est membre de l'Église internationale du Christ, reconnue comme une secte en France et en Allemagne, mais pas au Canada.

Nathalie Gettliffe restera en prison jusqu'à l'imposition de sa sentence. Les partis doivent revenir en cour le 30 novembre pour présenter leurs arguments en vue de l'imposition d'une sentence.


Vatican : Religions

Le pape convoque les chefs de la Curie sur le cas Millingo

AFP, 13 novembre 2006

[Texte intégral]

Le pape Benoît XVI a convoqué jeudi une réunion au sommet des chefs de la Curie pour examiner la situation créée "par la désobéissance" de l'archevêque zambien excommunié Emmanuel Milingo qui a ordonné quatre évêques mariés, a annoncé lundi soir le Vatican dans un communiqué.

Le communiqué précise qu'il s'agira du seul sujet abordé lors de cette réunion. L'agence Ansa avait auparavant affirmé que le cas des prêtres "intégristes" disciples de l'évêque Marcel Lefebvre devait également être abordé lors de la rencontre.

Le porte-parole du Vatican a confirmé à l'AFP que ce sujet ne figurait pas à l'ordre du jour de la réunion.

Celle-ci doit rassembler les chefs des neuf congrégations et des onze conseils pontificaux qui forment la Curie romaine.

Elle doit examiner "la situation créée par la désobéissance de Mgr Emmanuel Milingo et se livrer à une réflexion sur les demandes de dispense de l'obligation de célibat et sur celles de réadmission à la prêtrise présentées par des prêtres mariés", précise le communiqué du Vatican.

L'ancien archevêque de Lusaka, Mgr Emmanuel Milingo, a été excommunié fin septembre par l'Eglise catholique après avoir ordonné aux Etats-Unis quatre évêques mariés.

A la suite de cette décision, Emmanuel Milingo avait écrit au pape pour lui demander que "les prêtres et les évêques mariés" soient progressivement "réintégrés" dans l'Eglise, selon l'agence Ansa.

Il y affirmait également qu'une "nouvelle Eglise catholique" serait formée "avec ou sans votre bénédiction", laissant planer la menace d'un schisme.

"Nous avons presque 25.000 prêtres mariés aux Etats-Unis et 150.000 dans le monde qui ne sont pas appelés à servir dans cette Eglise médiévale qui impose le célibat", avait-il dénoncé fin septembre à Washington.

Le prélat africain est lui-même marié à une adepte de la secte Moon.

C'est la deuxième fois depuis le début de son pontificat en avril 2005 que Benoît XVI convoque une telle réunion dont les thèmes à l'ordre du jour ne sont traditionnellement pas publiés. La précédente réunion avait eu lieu en février, selon l'agence spécialisée sur le Vatican I.Média.


France : Le Patriarche

Les millions du "panier perçé"

Libération, 13 novembre 2006 par Gilbert laval Villefranche-de-Lauragais envoyé spécial

[Texte intégral]

Procès du Patriarche : les millions du «panier percé» 
Sur le banc des accusés, Jean-Paul Séguéla, ex-député RPR, a tenté d'expliquer pourquoi il avait accepté 5 millions de francs de prêts gratuits.

 L'ex-député RPR de Haute-Garonne et ex-conseiller du ministre de l'Intérieur Charles Pasqua pour les affaires de toxicomanie écoute, avec application, le juge Thomas Lemonnyer lui lire ce que le code pénal dit du trafic d'influence : «Je n'avais jamais pensé à cela, monsieur le président.» Au cinquième jour d'un procès du Patriarche, qui reprend aujourd'hui devant le tribunal correctionnel de Villefranche-de-Laugarais ( Libération du 8 novembre), la cravate du docteur Jean-Paul Séguéla est toujours aussi bien mise. Décidément «non», l'ex-élu, qui a reçu 5 millions de francs de prêts gratuits, 518 000 francs de dons en espèces, une carte bancaire à l'oeil et des billets d'avions pour amener sa famille de par le monde, n'a pas le sentiment d'être devenu «l'obligé» du patron du centre de désintoxication, Lucien Engelmajer.
«Fascinant».
 Le tutoiement s'est vite imposé. «Lucien Engelmajer et moi étions devenus amis, monsieur le président.» Jean-Paul Séguéla décrit le Patriarche comme «un homme bien habillé et fascinant». Ce Patriarche est venu, en 1994, «dîner à la maison à bord d'une Bentley blanche conduite par un chauffeur», poursuit-il. C'était au moment où le conseiller du ministre Charles Pasqua avait un découvert bancaire de 430 000 francs. Lucien Engelmajer lui a prêté un million entre la poire et le fromage. Si Jean-Paul Séguéla a accepté, un an plus tard, un nouveau prêt de 3,4 millions de francs d'Engelmajer, c'est uniquement «parce qu'il était à un taux plus avantageux» que celui que lui proposait sa banque. Puis, pour les 600 000 francs de prêt qui ont suivi, «aucune explication me vient à l'esprit», avoue-t-il. Cette somme n'aurait-elle pas servi à acheter «deux berlines allemandes BMW ?», demande le tribunal. «C'était des BMW de série 3 , minimise le prévenu. Des modèles de base...» 

De tout ce bel argent, Jean-Paul Séguéla n'a remboursé que deux trimestrialités. «Avec lui, c'était comme ça, explique-t-il au tribunal. Il m'a dit : "Les remboursements, c'est fini . Un point c'est tout." Lucien Engelmajer avait une autorité amicale qui ne se discutait pas.» Il y a des ordres amicaux auxquels on cède plus facilement qu'à d'autres. Restaient toutefois les deux trimestrialités de 60 000 francs chacune que Séguéla avait déjà versées. «Vous sont alors versées des notes de frais du Patriarche à hauteur de 120 000 francs, relève le président Lemonnyer. Faut-il y voir une compensation de ces premiers
remboursements ?» 
La question serait discourtoise. «J'avais beaucoup de frais, je me déplaçais», répond l'intéressé. «Au prix du kilomètre, cela fait effectivement 480 000 kilomètres en trois mois, s'amuse le procureur Delperrier. Vous roulez beaucoup.» Les voyages de Mademoiselle Séguéla fille à New York ? «C'était en seconde classe, monsieur le président.» Et comment expliquer les 518 000 francs versés en liquide à coup d'enveloppes ? « Des libéralités», explique distraitement le prévenu. «Peut-être ai-je été manipulé», concède-t-il sans trop y croire.

La prise en charge des toxicomanes, souvent atteints de sida, pouvait coûter 200 millions de francs au budget du ministère de la Santé, reprend Jean-Paul Séguéla. Il n'était donc pas inconcevable d'oeuvrer auprès de ce ministère pour qu'une subvention, du quart de cette somme, soit versée au Patriarche, «seule structure en France» à prendre ces populations en charge.

 Bentley. 

Cravate toujours droite, l'ex-député RPR ne voit pas où est le mal à avoir fait du bien. «Mais enfin, tente une dernière fois le juge Lemonnyer, vous avez rencontré Lucien Engelmajer en 1969, entouré de toxicomanes, dans un hangar du côté de la gare Matabiau à Toulouse. Il vous rend visite dans votre propriété vingt-quatre ans plus tard à bord d'une Bentley avec chauffeur et vous ne vous demandez pas d'où cet enrichissement peut provenir ?» Jean-Paul Séguéla choisit de ne pas répondre. Il déclarait 913 000 francs de revenus en 1993, lui-même s'avouant «panier percé» et son épouse admettant qu'ils vivaient alors «au-dessus de leurs moyens». Aujourd'hui, le couple n'a plus que son salaire de professeur de médecine à l'université de Toulouse pour vivre. Réquisitions demain matin.


Belgique : Sectes

Des sectes nuisibles à la santé

Le Soir , 14 novembre 2006

[Texte intégral] Les témoins de Jéhovah refusent les transfusions. Les scientologues fustigent les professionnels de la santé mentale et pratiquent des programmes de « désintoxication » risqués. Certains chrétiens pentecôtistes prétendent guérir le sida par la prière... Autant de phénomènes qui ont incité l'Observatoire des sectes (1) à publier une brochure sur les « dérives sectaires en matière de santé ».
Le dernier rapport de l'Observatoire pointait déjà l'essor des groupes sectaires nuisibles à la santé de leurs adeptes...

Des groupements actifs dans le développement personnel et les pseudothérapies qui contribuent prétendument au bien-être physique ou mental.

Le docteur Charles Berliner, qui anime l'Association des victimes de pratiques illégales de la médecine (Avpim), dénonce tour à tour les privations alimentaires (régimes végétaliens, alimentation carencée...) et le recours croissant aux médecines non conventionnelles... Exemple : « Les confrères révisionnistes qui, depuis le début des années 90, propagent l'idée que le sida n'est pas une maladie virale et donc qu'il est inutile d'avoir recours au préservatif pour s'en prémunir ! »

« Suicidaire »

A entendre le Dr Berliner, en Belgique, une vingtaine de médecins, au moins, manifesteraient « des comportements suicidaires pour leurs patients. L'Ordre des médecins pourrait décréter leur radiation... Mais la procédure est longue et compliquée. »

Par ailleurs, l'Ordre est impuissant face aux dérapages des non-médecins. Dans ce cas, le dépôt d'une plainte s'impose, à la police ou au parquet, afin d'activer d'éventuelles poursuites pour exercice illégal de la médecine.

La brochure permet aux patients d'identifier les pratiques suspectes, à l'aide d'un bref questionnaire. Elle sera disponible sur le site de l'Observatoire, mais aussi dans les hôpitaux, les consultations de l'ONE...

Le document ne cite explicitement aucun mouvement, mais dénonce les pratiques concrètes de l'Eglise de scientologie, des témoins de Jéhovah ou de certains mouvements évangéliques.

Henri de Cordes, président de l'Observatoire, annonce d'emblée la publication d'une brochure spécifique aux dérives sectaires en matière de santé mentale... « Nous attendons d'ailleurs avec impatience l'adoption définitive de la loi qui doit sanctionner la sujétion mentale, l'abus de la situation d'ignorance ou de la situation de faiblesse des victimes ». Un avant-projet de loi avait été adopté par le conseil des ministres le 31 mars.

(1) Centre d'information et d'avis sur les organisations sectaires nuisibles, tél. 02.504.91.68, site www.ciaosn.be


France : OTS (Ordre du Temple Solaire)

Procès de Grenoble

Courriel 14 novembre 2006

Commentaires de Jean-Pierre Jougla

Le procès de Michel Tabachnik qui vient de se dérouler devant la cour d’appel de Grenoble durant une semaine, 12 ans après les premiers massacres et 9 ans après les derniers, et dont le délibéré doit être vidé le 20 décembre, a été hors norme depuis le début de l’enquête.

Les parties civiles personnes physiques, bien qu’appelantes de la décision de relaxe, ont sollicité de façon paradoxale la relaxe du prévenu au motif que sa condamnation aurait été une façon d’occulter une vérité qui aurait relevé d’une dimension crapuleuse ou du « secret d’ état », dimension qui à l’issue de ce procès atypique est vidée de toute consistance et est clairement apparue, en l’état du dossier et des auditions de témoins, comme ne relevant plus que du fantasme entretenu.

Seule l’UNADFI partie civile a développé, aux côtés du ministère public, la thèse de la responsabilité de M. Tabachnik dans la participation à une association de malfaiteurs par le biais de l’endoctrinement des adeptes au moyen de ses écrits et par le biais d’une participation matérielle et concrète au fonctionnement de la nébuleuse OTS.

C’est la même thèse que l’avocat général a soutenue en reprochant à M. Tabachnik d’avoir dévoyé par son enseignement et l’élaboration de certains rituels de l’OTS, la « tradition de l’ésotérisme », se comportant dès lors comme un véritable gourou. Durant un réquisitoire qui pour sa dernière partie a pu sembler relever par moment davantage de l’ésotérisme comparé que d’un réquisitoire classique, le ministère public a bâti son accusation sur un distinguo assez hermétique entre la notion de « cérémonie » et celle de « rituel », celle d’ésotérisme et d’exotérisme, la faute d’un Tabachnik présenté par lui comme « cupide et assoiffé de considération » étant dès lors à ses yeux d’avoir fait vivre aux adeptes des cérémonies qui les plaçaient dans une relation de « soumission » due à l’irrationnel des mises en scène.

L’avocat général a démontré l’existence d’une résolution d’agir en commun, au moins entre Jo Di Mambro et M. Tabachnik. Pour lui, M. Tabachnik a participé à l’envoûtement des adeptes et il n’était pas dupe. Cette participation s’est manifestée dans ses écrits et lors des conférences d’Avignon.

Les buts de cette entente ont résidé dans l’enseignement d’une théorie énergétique.

Aux yeux de l’avocat général qui s’est inscrit dans l’analyse de l’expert judiciaire Abgrall, M. Tabachnik a « prêté la main, dès l’ épiphanie 91 à un projet criminel qui arrive à maturité en 94, projet dans lequel le transit remplace l’initiation suprême. La notion de transit est sous entendue depuis 90; elle est contenue dans les textes fondateurs ».

Dès l’origine l’enseignement de l’OTS pouvait conduire à un rituel de sacrifice par le feu.

Et l’avocat général d’accuser le prévenu qui tout au long des débats s’était borné à nier toute participation allant même jusqu’à soutenir que son enseignement n’avait pas de sens : « M. Tabachnik ne se présente jamais de face ; il dit souvent « j’ai été naïf ». J’essaierai de montrer, Mr Tabachnik que vous ne l’êtes pas ».

L’intention coupable implique que M. Tabachnik se soit intégré à ce groupe en connaissance de cause, avec une volonté d’apporter une aide efficace aux buts qu’il s’était assigné.

Cela suppose que M. Tabachnik savait, même de façon vague, les buts et le caractère répréhensible de l’association de malfaiteurs et l’avocat général s’est appuyé pour démontrer l’intention coupable sur des témoignages d’anciens adeptes.

Mais, et c’est ce qui a le plus dérouté les journalistes présents, il s’est également appuyé sur une analyse qui lui est propre de la personnalité de M. Tabachnik lequel, reprenant l’héritage de la bibliothèque paternelle est devenu « un kabbaliste imprégné de l’exigence du secret et alternant en permanence le voilé et le dévoilé, l’ésotérique et l’exotérique ». Pour l’avocat général, le profil ésotérique du prévenu l’inscrit dans la logique de la Rose-Croix entendue comme modèle d’une démarche individualiste qui le dissociait de la vie du groupe OTS et qui l’a amené à imposer un projet propre de transmutation ainsi qu’à annoncer la fin du cycle templier ce qui était la meilleure façon d’inscrire les adeptes dans une structure occulte. Et pour l’avocat général, Tabachnik est coupable d’avoir, en trahissant la Tradition ésotérique, créé des rituels, alors qu’ils devaient rester par essence hérités (donc immuables), ce qui revenait à inscrire les adeptes dans un cérémonial et un enseignement personnels qui les soumettait sans leur laisser la liberté de l’interprétation.

Pour l’avocat général, dès lors qu’on considère la dimension intellectuelle et culturelle du prévenu (chef d’orchestre qui était, dit-il, comme tous les musiciens asservi au réel), son intention coupable est encore plus manifeste puisqu’il était motivé par le profit matériel et le désir de soumettre.

Chacun attendait, au terme de ce réquisitoire inhabituel, une demande de condamnation que l’avocat général n’a pas chiffrée mais a présentée comme devant être la nécessaire sanction de l’erreur dont il a « donné des pistes en livrant la complexité de ce dossier », M. Tabachnik ayant fourni aux adeptes (qualifiés par l’avocat général de « menu fretin » privé de la liberté d’interprétation) les éléments de la partition qui les a « asservis au réel ». L’intention coupable de M. Tabachnik résidant pour l’accusation dans sa position d’intellectuel et de chef d’orchestre qui était « le seul à ne pas recourir à la mimésis ».

Ces propos étaient de nature à dérouter par leur hermétisme apparent, mais ils recouvraient en réalité une volonté d’entrer en voie de condamnation en soutenant l’accusation, le parquet ayant bel et bien relevé appel de la décision de première instance.


France : Le Patriarche

Cinq ans d'emprisonnement requis contre Lucien Engelmajer et Jean-Paul Séguéla

Le Nouvel Obs, 14 novembre 2006

Villefranche de Lauragais (AP) - Le procureur de la République du tribunal correctionnel de Villefranche-de-Lauragais (Haute-Garonne) a requis mardi cinq ans d'emprisonnement contre Lucien Engelmajer, fondateur de l'ancienne association d'aide aux toxicomanes le Patriarche, répertoriée comme secte. Cinq ans ont été réclamés également contre Jean-Paul Séguéla, ancien député RPR de Haute-Garonne et conseiller de Charles Pasqua au ministère de l'Intérieur pour les questions de toxicomanie de 1993 à 1995.

Le procureur a aussi demandé au tribunal de prononcer une amende de 375.000 euros à l'encontre de Lucien Engelmajer et de 200.000 euros à l'encontre de Jean-Paul Séguéla, amendes assorties pour les deux prévenus d'une interdiction de droits civiques pendant cinq ans.

Absent du procès, M. Engelmajer, le "Patriarche", visé par deux mandats internationaux pour "abus de biens sociaux et emploi de travailleurs clandestins" et pour "viols et tentatives de viol sur mineurs de moins de 15 ans", est en fuite au Belize. Il est jugé par défaut.

M. Séguéla, ancien doyen de la faculté de médecine de Toulouse, avait été mis en examen et écroué le 22 mai 2001 pour "recel d'abus de confiance", "abus de faiblesse" et "blanchiment". Il est accusé d'avoir perçu entre 1994 et 1997 jusqu'à six millions de francs (914.694 euros) détournés par le "Patriarche" par le biais de dons en espèces -730.000 francs en billet de 500 francs- et de deux prêts "non remboursés" de 600.000 francs et 3,4 millions de francs.

Ancien représentant au ministère de l'Intérieur de la DGLDT, Direction générale de la lutte contre la drogue et la toxicomanie de 1993 à 1995, M. Séguéla avait été nommé en 1997 secrétaire général au bureau exécutif de l'Organisation internationale Lucien Joseph Engelmajer (OILJE).
Le procureur a requis pour les 15 autres personnes poursuivies dans le volet financier de l'affaire du "Patriarche" des peines allant de trois ans d'emprisonnement avec sursis à quatre ans d'emprisonnement, assorties d'amendes allant de 50.000 euros à 200.000 euros.

Pour tous les prévenus, qui comparaissent depuis le 6 novembre pour "abus de faiblesse", "abus de confiance", "recel", "blanchiment d'argent" et "abus de biens sociaux", le procureur de la République a requis l'interdiction des droits civiques pendant cinq ans.

Une peine de quatre ans d'emprisonnement a été requise pour deux des fils de Lucien Engelmajer, Kim et François, accusés d'avoir eu "une part active des transferts de fonds détournés entre la France et la Suisse". Une peine de trois ans d'emprisonnement a été demandée pour cinq autres enfants du Patriarche, également poursuivis pour avoir profité d'importants détournements de fonds provenant de l'association du Patriarche, de ses associations satellites et des nombreuses sociétés civiles ou commerciales créées en Europe et sur le continent américain.

La communauté fondée en Lucien Engelmajer en 1974 près de Toulouse, avait essaimé dans le monde entier sous l'appellation "Organisation internationale Lucien Joseph Engelmajer". En février 1998, le gourou avait été écarté par "un putsch interne" et s'était réfugié au Bélize où il vit actuellement à 86 ans. 


Le Canada refuse la garde conjointe à la Française

Le Parisien, 15 novembre 2006

[Texte intégral]

La justice de Colombie-Britannique a refusé hier d'accorder à Nathalie Gettliffe la garde conjointe de ses enfants, avec lesquels elle avait fui le Canada en 2001. La Française est emprisonnée dans ce pays depuis avril pour l'enlèvement de ses deux enfants issus de son mariage avec le Canadien Scott Grant.

La juge Nicole Garson de la Cour suprême de Colombie-Britannique a refusé de se prononcer sur la demande de garde conjointe de Mme Gettliffe tant que celle-ci est en prison, où elle attend son jugement pour « enlèvement » d'enfant Elle a ainsi confirmé, au moins temporairement, la garde des deux enfants, âgés de 11 ans pour l'un et de bientôt 13 ans pour l’autre, à leur père.


L'audience sur la sentence de Nathalie Gettliffe s'amorce le 30 novembre

Cyberpresse, 15 novembre 2006

L'audience portant sur la sentence de Nathalie Gettliffe, la Française incarcérée au Canada depuis avril pour l'enlèvement de deux de ses enfants, aura lieu les 30 novembre et 1er décembre à Vancouver.

Un greffier de la Cour suprême de Colombie-Britannique a indiqué à l'AFP qu'une «audience sur sentence» était prévue le 30 novembre pour deux jours.

À cette occasion, l'accusation et la défense exposeront leurs arguments respectifs sur la peine devant être infligée à la jeune femme de 35 ans.

Cette dernière ne sera cependant pas nécessairement fixée sur sa peine à cette occasion. La juge Marvyn Koenigsberg peut théoriquement prononcer sa sentence à l'issue de cette session, mais il est aussi possible qu'elle mette sa décision en délibéré.

Mme Gettliffe avait plaidé coupable le 3 novembre de l'accusation d'avoir enlevé, en 2001, les deux enfants de son mariage avec le Canadien Scott Grant.

Ce plaidoyer de culpabilité a eu pour conséquence d'éviter le procès de la jeune femme qui aurait dû commencer le 20 novembre. Dans la procédure canadienne, il appartient maintenant au juge de fixer la sentence et il dispose d'un pouvoir discrétionnaire pour le faire.

Il peut estimer que la peine de préventive subie par la jeune femme - qui compte double - est suffisante, et la libérer. Mais il peut aussi fixer une peine supérieure, ou ordonner une période de probation.

La juge Koenigsberg avait refusé vendredi dernier que Mme Gettliffe fasse l'objet d'une évaluation psychiatrique dans le cadre de la préparation de l'audience de la fin novembre comme l'avait réclamé le ministère public.

Arrêtée à Vancouver le 11 avril 2006, alors qu'elle était enceinte, Mme Gettliffe est en prison depuis cette date, la justice canadienne ayant refusé à deux reprises de la remettre en liberté conditionnelle.

La jeune femme a donné naissance le 26 septembre, pendant son incarcération, à son quatrième enfant, un petit garçon prénommé Martin.

Elle avait justifié son départ du Canada pour la France en 2001 en expliquant qu'elle voulait soustraire ses deux enfants à l'influence de leur père, membre de l'Eglise internationale du Christ, considérée comme un mouvement sectaire par un rapport parlementaire français, mais légale au Canada.

Les deux enfants, âgés de 11 et bientôt 13 ans, avaient été remis à leur père par la justice française en juillet dernier, en conformité avec des décisions de justice canadiennes et françaises.

Une autre juge, statuant au civil, a annoncé mardi une série de décisions intérimaires concernant les droits de visite des enfants, mais a refusé d'examiner une demande de Mme Gettliffe de se voir reconnaître la garde conjointe des deux enfants tant que la jeune femme est en prison.

La juge Nicole Garson a fixé des droits de visite jusqu'en janvier prochain, statuant que Mme Gettliffe pourrait voir ses enfants deux heures tous les quinze jours, en présence d'une tierce personne. Mme Gettliffe avait demandé à les voir une fois par semaine.

La magistrate a également mis comme condition à ces visites que Mme Gettliffe ne fasse pas devant ses enfants de commentaires négatifs sur leur père et son église et qu'elle ne leur parle pas d'un retour en France.

Dans un communiqué, Francis Gruzelle, compagnon français de Mme Gettliffe, a estimé que la fixation à la fin novembre de l'audience de jugement traduisait «la volonté affichée par les magistrats du parquet de Vancouver (...) de "laisser moisir" le plus longtemps possible en prison» Mme Gettliffe, qui est «épuisée physiquement».


France : OTS (Ordre du Temple Solaire)

Communiqué de presse de Jean-Pierre Brard

Courriel 16 novembre 2006

Un désagréable sentiment d'indétermination

Le réquisitoire de l'avocat général, dans le cadre du jugement en appel de Michel Tabachnik, alimente et entretien le trouble qui règne dans cette affaire dont les zones d'obscurités restent nombreuses.

Michel Tabachnik - seul poursuivi dans le procès de l'OTS - avait été relaxé au "bénéfice du doute" en première instance. Or l'avocat général n 'écarte pas les incertitudes et se garde de formuler quelque recommandation que ce soit aux magistrats de la cour d'appel alors que dans le même temps il reconnaît clairement que M. Tabachnik «a participé à cet envoûtement facile et il n'était pas dupe».

Il plane dans cette affaire, comme un désagréable sentiment d'indétermination alors que ce qui est en cause, c'est la mort de 16 personnes carbonisées dans des conditions laissant supposer l'action de personnes extérieures au groupe de victimes - comme en attestent les expertises qui avaient été effectuées sur les corps de l'épouse et de l'un des fils de l'ex-champion de ski Jean Vuarnet et qui confirmaient la présence de doses élevées de phosphore.

La réouverture de l'enquête, comme demandée par les familles des victimes, et la nomination d'un nouveau juge d'instruction sont plus que jamais nécessaires et nécessitent d'être accompagnées des moyens qui ont manqué au juge Fontaine, au fur et à mesure que l'enquête avançait et révélait notamment l'existence de volets financiers et mafieux.

* Jean-Pierre BRARD est député de la Seine-Saint-Denis et maire de Montreuil
·       Vice-Président du groupe d'études sur les sectes à l'Assemblée nationale
·       Membre du conseil d'orientation de la Mission Interministérielle de Vigilance et de Lutte contre les Dérives Sectaires (MIVILUDES)

·       Il a été Vice-président de la commission d'enquête parlementaire sur les sectes (1995) et rapporteur de la commission d'enquête sur les sectes et l'argent (1999).

·       Il est Secrétaire de la commission d'enquête sur l'influence des sectes sur les mineurs.

Contact presse :

Gaylord LE CHEQUER - Attaché parlementaire Tél : 01 48 70 69 90


Belgique : Scientologie

Fin de l'occupation de l'immeuble boulevard de Waterloo à Bruxelles

RTL, 17 novembre 2006

[Texte intégral]

Les squatteurs qui occupaient un immeuble vide appartenant à la secte de Scientologie, boulevard de Waterloo à Bruxelles, ont quitté les lieux ce matin sur ordre de la justice. Tout s'est déroulé dans le calme. Certains d'entre eux ont été orientés vers des centres sociaux. D'autres ont choisi de rester dans la rue et promettent d'occuper un autre immeuble prochainement. Une manière de poursuivre leur combat pour le droit au logement.

Par ailleurs, une délégation d'une vingtaine d'occupants a rendu visite vers midi aux parlementaires bruxellois du PS, du cdH, d'Ecolo, de sp.a-spirit, de Groen! et du CD&V qui avaient publié hier un communiqué de presse commun dans lequel ils s'inquiétaient du sort qui allait être réservé aux occupants sans-abris. Dans ce communiqué, les signataires demandent aux autorités compétentes de chercher activement un logement adapté pour les personnes évacuées et aux autorités bruxelloises d'utiliser les instruments mis à leur disposition. Les parlementaires tentaient en téléphonant à leurs contacts vendredi de trouver des solutions de relogement.

Selon Denis Grimberghs (cdH), la CPAS de Bruxelles-Ville avait trouvé vers 13 heures un toit pour une vingtaine de personnes.


Dans sa prison modèle, Nathalie Gettliffe attend son jugement

Le Parisien, 17 novembre 2006 par Julien Dumond

[Texte intégral]

Vancouver (Canada) - Ce petit groupe de bâtiments est perdu au milieu d'un gigantesque parc national des environs de Vancouver (Canada). La tranquillité des lieux est juste troublée par un brouhaha inhabituel. Un groupe électrogène assourdissant alimente en électricité le centre de détention de Maple Ridge depuis qu'une tempête a provoqué mercredi une gigantesque coupure de courant dans la région.

C'est dans une des maisonnettes derrière la haute et fine clôture barbelée que Nathalie Gettliffe attend sa condamnation. Le juge devrait délivrer sa sentence à la fin du mois. Le 3 novembre, la Française, interpellée en avril, a plaidé coupable de l'enlève­ment de ses deux enfants en 2001. Ils ont été rendus à leur père canadien en juillet

Le centre de détention provincial de Maple Ridge, totalement rénové il y a deux ans, n'a rien à voir avec une prison française. L'enfermement n'anéantit pas toute liberté. Conçu pour les détenues condamnées à des peines inférieures à deux années, il accueille 144 personnes au maximum dans plusieurs unités. Les bâtisses sans étage sont séparées par de larges bandes de pelouse. Les femmes emprisonnées ici vont et viennent librement dans la journée.

« Je reste donc silencieuse et souffrante »

Depuis son accouchement le 26 septembre, Nathalie Gettliffe s'occupe à plein temps de son bébé, Martin, issu de sa relation avec son compagnon français. Comme les deux autres détenues jeunes mères de famille, elle est seule en cellule avec lui. Elle ne participe donc pas aux programmes de réinsertion et aux travaux quotidiens avec les autres délinquantes, souvent brisées par des problèmes de drogue, d'alcool ou de santé, physique ou mentale.

« Les détenues sont libres d'aller et venir dans la journée, elles ont les clés de leur cellule et ne doivent s'enfermer qu'entre 22 heures et 7 heures du matin, explique la directrice adjointe, Jane Herndier.

L'ob­jectif, c'est que les femmes ressortent d'ici en se disant que la vie, ce n'est pas ce qu'elles ont fait avant, qu'elles se rendent compte que c'est le moment et l'endroit idéal pour changer. »

Nathalie Gettliffe n'a pas souhaité répondre à nos questions. Elle a expliqué son refus par écrit : « Je ne peux pas vous parler car j'ai une audience de remise de peine le 30 novembre et le 1er décembre. Toute information positive ou négative concernant mes conditions actuelles de détention peut être perçue de façon négative par le juge chargé de statuer. Je reste donc silencieuse et souffrante, sous les conseils de mon avocat. Merci encore de vous préoccuper de mon dossier et de mon fils Martin. »

Pour le crime d'enlèvement la Française risque en théorie jusqu'à dix ans de prison. Mais le juge devrait être plus clément Certains ici avancent une peine de deux ans. « Le temps passé en détention provisoire compte double, explique une source judiciaire. Incarcérée depuis sept mois, Nathalie sortirait dans ce cas assez rapidement » « J'ai presque hâte qu'elle sorte, confie son ancien mari canadien Scott Grant, Joséphine et Maximilien sont tristes que leur mère soit en prison. Lorsqu'elle sortira, qu'elle reste ici ou qu'elle rentre en France, je ferai tout pour qu'ils puissent la voir. Mais je me méfie car elle m'a déjà trahi une fois. Cette histoire dramatique n'aura pas de vainqueur. »


France : Témoins de Jéhovah

Une réponse à l'Anasthasie sociologisante

Courriel, 20 novembre 2006 par Xavier Martin Dupont

[Texte intégral]

Voir : http://sociologiser.hautetfort.com/archive/2006/10/30/archives-video-de la commission parlementaire-relative-a-l-i.html#comments

J’ai proposé la réponse suivante sur le blog de monsieur de Fabrice Desplan par deux fois en l’espace de 15 jours sans que celui-ci daigne la publier. Monsieur Desplan semble considérer la censure des opinions qu’il ne partage pas comme une méthode acceptable y compris sur un plan scientifique, nous entendons lui démontrer toute l’étendue de son erreur…

Xavier Martin Dupont

---- Début de notre commentaire -----

En cette matière, il ne s’agit de savoir si la bouteille serait à moitié vide où l’inverse mais de savoir si la coupe est pleine et concernant la question de la transfusion sanguine et des mineurs dont les parents sont témoins de jéhovah et s’y opposent systématiquement pour leurs enfants - qui faut-il le rappeler n'est pas lui-même encore baptisé dans « la vérité » - cela me semble patent.

Si le bureau des cultes avait réellement fait l'effort de se renseigner auprès de l'administration compétente, il aurait réalisé que dans le cas des mineurs la Loi Kouchner n'a absolument rien réglé. La saisine du parquet est pratiquée de façon systématique par l'assistance publique. Si l'on convoque un procureur qui lui-même saisit un juge, ce n'est certainement pas pour faire une partie de Canasta mais pour mettre un terme à un état de fait qui est constitutif d'un trouble à l'ordre public. Son administration a purement et simplement ignoré la problématique posée par les mineurs Témoins de Jéhovah dans le cas de la transfusion sanguine et n'a pas étayé son point de vue. Il est donc logique qu'au demeurant le juge administratif observant qu'il n’y avait pas de volonté de poursuivre les troubles allégués par le ministère de l'intérieur ait dès lors censuré l'administration.

Alors même que l’on vous oppose l’opinion d’un procureur général de la république dont même Sébastien L'Herbier Levy ne songe pas à remettre en cause la pertinence puisqu’il se contente d’argumenter et avec raison sur la difficulté de faire le lien entre le comportement répréhensible des parents et l’association qui revendique la qualité cultuelle au sens de la loi de 1905; en postulant que l’on ne peut pas déduire du premier la responsabilité civile ou pénale de la seconde tandis que je lui oppose le fait qu’en réalité on peut parfaitement documenter la responsabilité de l’association dans cette dérive ; vous n’hésitez pas à écrire : "Considérer que le refus de transfusion sanguine est un acte de maltraitance est également une vérité partielle" ou encore "Dire que le comportement des TJ constitue un trouble à l'ordre public est aussi fallacieux. Si le fait pour des parents au nom de règles édictées par une organisation de s'opposer à ce que leurs enfants reçoivent des soins appropriés (alors qu'ils en sont civilement responsables (voir article 1375 du Code civil) le tout en contravention avec la convention internationale des droits de l'enfant - Convention de New York qui reconnaît le droit de l’enfant à bénéficier de traitements médicaux - ne relève pas de la maltraitance donc d'un trouble à l'ordre public, j'aimerais que vous m’expliquiez ce dont il est question alors même que l’on vous oppose l'opinion d'un procureur général de la république que vous ignorez superbement ? Et faites nous la grâce de cesser d’invoquer l’argument du fantasme, à moins que vous ne considériez comme relevant du fantasme le « Réveillez vous du 22 mai 1994 » :

http://fr.wikipedia.org/wiki/T%C3%A9moins_de_J%C3%A9hovah_et_transfusion_sanguine#Point_de_vue_des_opposants

http://www.chez.com/recherches/abstain.htm

La question de la transfusion sanguine des mineurs TdJ n’est pas un fantasme « antisecte » mais bel et bien une réalité dont j’observe que vous ne savez faire autre chose que d’en relativiser la portée … J’ajoute que la question n’est pas de savoir si : « il est plus facile de poursuivre un médecin que des parents » car, à ma connaissance , c'est bien l’assistance publique qui est systématiquement traînée devant les tribunaux administratifs dès lors qu’il est question de transfusion sanguine de la même façon que s’il fallait s’en tenir à la loi Kouchner en ce qui concerne les mineurs cela n’éliminerait pas la possibilité pour les parents détenteurs de l’autorité parentales de contester non pas la possibilité des soins mais le choix thérapeutique en prétendant qu’il existe une thérapie alternative (en l’espèce parfaitement imaginaire) ; si ce n’est que les mesures éducatives initiées par le procureur et confirmer par le juge des enfants, en transférant l’autorité parentale sur les soignants les prive (les parents) de la capacité à ester en justice sur ce point. Précisons aussi que sur la question de la Loi Kouchner, on n’assiste pas contrairement à la question du caractère cultuel des associations cultuelles, à un revirement de la jurisprudence du Conseil d'État : dans une décision récente dont je suppose que sébastien L’Hervier Levy à connaissance, le conseil d'état a estimé qu’un médecin qui avait transfusé une patiente TDJ en dépit son opposition de principe, a considéré que le médecin n’était pas fautif dès lors que le pronostic vital était engagé. C’est qu’en matière de consentement éclairé le problème voyez-vous c’est que l’organisation désinforme sur le sujet de la transfusion sanguine dans des ouvrages dont la facture est au moins aussi grossière que sur le sujet du créationnisme et, à ma connaissance, la pseudo-science n’a jamais été à l’origine du moindre progrès ! De mon point de vue le plus grave est que l’organisation ment sciemment à ses membres notamment lorsqu’elle soutient devant que des milliers de médecins en France seraient prêts à les soigner sans avoir recours à la transfusion sanguine si nécessaire. À titre d’exemple si dans un établissement de l’assistance publique (à une exception près) lors de la consultation pré-opératoire, il fait état de son opposition de principe au recours à la transfusion sanguine, on lui explique alors que dans ces conditions l’opération ne peut avoir lieu et ce que je vous rapporte vau dans 99 % des centres hospitaliers universitaires. Ce point m’a été confirmé par un médecin anesthésiste travaillant dans le secteur hospitalier.

Depuis 1997, les TJ ont modifié l'objet de leur association pour les faire cadrer avec la loi de 1905 (Notamment en excluant de l'objet toute activité non cultuelle - vente des publications désormais financées sur la base de don etc. - Cependant que dans la réalité, l'objet essentiel reste le même du point de vue de l'organisation "écouler ses publications". Mais sur les points qui posent problème tel que la transfusion, ils n'ont pas bougé d'un iota, ils ne changent de politique - en l'accompagnant un discours négationniste sur leurs pratiques antérieures - que lorsqu'ils ont fait l'objet de condamnation ou risqueraient de le faire (voir la non-dénonciation des faits de pédophilie. Simplement là, ce n'est ni la médiation ni la négociation qu’un sociologue comme S.Fath appelle de ses vœux (dans la conclusion de son texte sur les frères de Plymouth), mais la répression pure et simple.

http://blogdesebastienfath.hautetfort.com/archive/2006/05/06/les-freres-de-plymouth-n-4-sont-ils-sectaires.html#more

J'ai le sentiment que les sociologues des NMR s'imagineraient bien avoir une utilité en termes de médiation ou de négociation sauf que les sectes ne pratiquent ni l'une ni l'autre. Tout au plus tendent-elles, à instrumentaliser les opinions favorables de chercheurs qui loin d’adopter un point de vue neutre, ainsi qu’ils l’imaginent, versent dans le militantisme parce qu’ils déforment où caricaturent le point de vue de ceux qui comme moi, individus ou association se préoccupent du sort des victimes de ces organisations ! Si vous ne pensez pas que votre point de vue puisse être instrumentalisé, je vous invite à visiter http://www.sectes-infos.net, site philo sectaire ( http://www.cicns-news.net/sociologues-nouvelles-spiritualites-25.htm ) où l’on fait son miel de votre blog (mais je suppose que je ne vous apprends rien il est probable que vous soyez – si ce n’est pas déjà fait – approché par nos amis des sectes …). Maintenant à partir du moment où vous êtes – que vous le souhaitiez ou non, cela importe peu car c'est un argument inopérant de mon point de vue – dans un cadre militant, vous vous interdisez de facto la possibilité de vous réfugier derrière une soi-disant neutralité scientifique qui ne fonctionne dans cet espace discursif que sur le mode de l’argument d’autorité ; le cas de monsieur Régis Dériquebourg en est l’illustration de mon point de vue la plus flagrante. Je précise que le fait que vous vous auto validiez en petit comité, vous citant les uns les autres dans vos revues spécialisées ne change rien au fond du problème. Votre construction du réel universitaire est totalement déconnectée de ceux qui pratiquent sur le terrain l’aide aux victimes des sectes. Dans ces conditions, le mieux que vous puissiez attendre des associations qui agissent dans ce domaine c’est qu’elles vous ignorent mais certainement pas qu’elles vous félicitent …

Pour conclure sur les témoins de jéhovah, c'est que l'on disposait au moins d'un moyen de pression pour peu qu'ils évoluent dans leurs comportements - les avantages liés au statut cultuel - et que l'on s'est privé de « la carotte sans jamais manier le bâton » et dans ces conditions ils n'ont bien entendu dès lors aucune raison d’évoluer ! C’est que la seule façon d’obtenir à terme une amélioration pour ce type d’organisation pour le respect des droits élémentaires de ses membres, c’est de les contraindre dans un cadre juridique fort et s’en priver est une erreur. De ce point de vue, la position adoptée par le bureau des cultes est dommageable aux victimes, mais monsieur Leschi argumenterait - ainsi qu’il l’a fait lors de son audition - sans doute sur l’air, « je ne suis pas en charge de la protection des mineurs ».

--- fin de notre commentaire ---


France : Tabitha's Place

Visite surprise de commission d'enquête sur les sectes

AFP, 21 novembre 2006

[Texte intégral]

Visite surprise de commission d'enquête sur les sectes à la communauté de Tabitha's Place

Paris - La commission d'enquête parlementaire sur l'influence des sectes a organisé mardi matin "à Sus, près de Pau, une visite surprise dans la communauté de Tabitha's Place où une quinzaine d'enfants se sont inscrits dans un établissement scolaire", a-t-elle annoncé dans un communiqué.

Le président de la commission, Georges Fenech (UMP), le rapporteur Philippe Vuilque (PS), le vice-président Alain Gest (UMP) et le secrétaire du bureau Jean-Pierre Brard (app. PCF) se sont rendus dans cette communauté en "vertu des pouvoirs d'enquête sur pièce et sur place du rapporteur", a précisé la commission.
Ils doivent présenter mardi à 18 heures "les informations qu'ils ont recueillies" lors d'une conférence de presse (3ème bureau).


France : Tabitha's Place

La commission sur les sectes découvre 18 enfants coupés du monde

Le Monde, 21 novembre 2006

[Texte intégral]

Plusieurs membres de la commission d'enquête parlementaire sur les sectes ont découvert mardi au cours d'une visite inopinée dans une communauté biblique 18 enfants "coupés du monde", qui ne vont pas à l'école, ne jouent pas, ne sortent pas et "ne connaissent même pas Zidane", ont-ils dit au cours d'une conférence de presse.

Le président de la commission, Georges Fenech (UMP), le rapporteur Philippe Vuilque (PS), le vice-président Alain Gest (UMP) et le secrétaire du bureau Jean-Pierre Brard (app-PCF) se sont rendus à Tabitha's place, une communauté installée à Sus-Navarrenx, près de Pau (Pyrénées atlantiques) pour enquêter avec l'inspecteur d'académie sur le cas de 14 enfants non inscrits à l'école.

Visiblement émus et "secoués" par leur visite, ils ont trouvé 18 enfants, âgés de 6 à 16 ans, qui sont censés être scolarisés sur place. Ils disent avoir constaté que les enfants savaient lire mais qu'ils ne restituaient pas convenablement le sens de ce qu'ils avaient lu.Ils ne sont pas vaccinés, n'ont pas de contacts avec les enfants extérieurs à la communauté, ignorent internet, le cinéma, la télévision et ne sortent qu'occasionnellement pour accompagner leurs parents quand ils vendent sur les marchés les produits du jardin, selon la même source.

La petite délégation a pu parler - sans témoin - avec une adolescente de 18 ans qui a un peu décrit les conditions de vie de la communauté. Un médecin scolaire a examiné les enfants et les a trouvés à peu près en forme à part quelques déficiences visuelles.La délégation a aussi posé des questions hors programme scolaire, ce que ne peut pas faire l'inspecteur d'académie. C'est ainsi que les parlementaires ont constaté que les enfants n'avaient pas idée du monde extérieur et qu'ils ne connaissent ni Zidane, ni les Beatles, ni aucun chanteur actuel, qu'ils n'utilisaient pas internet et globalement avaient peur du monde extérieur, dont ils parlent en disant "chez vous".

On ignore combien de personnes vivent dans la communauté et leurs liens familiaux. Aucun des adultes ne travaille en dehors de la communauté. Celle-ci vit surtout de la vente de légumes et d'artisanat (mobilier de jardin notamment).

Le président de la commission a convenu qu'il était actuellement sans pouvoir face à la situation parce que la communauté se retranche derrière le droit de scolariser les enfants à domicile, ce qui est légal. On ne constate pas de maltraitance physique envers les enfants.

Il a indiqué que la commission, qui rendra son rapport le 19 décembre, ferait des propositions pour que "les pouvoirs publics puissent libérer ces enfants de l'enfermement psychologique".Il faut avoir les moyens, estime-t-il, de mieux évaluer le nombre d'enfants qui échappent au système scolaire et de connaître leur situation psychologique.


France : Laïcité

Observatoire de la laïcité installé prochainement

AFP, 21 novembre 2006

[Texte intégral]

Paris - Jacques Chirac a annoncé mardi devant le Congrès des maires de France que l'Observatoire national de la laïcité serait installé "dans les prochaines semaines" afin de mieux faire respecter ce principe
républicain dans les hôpitaux et les services publics.

La loi sur la laïcité à l'école publique de mars 2004 "a permis de pacifier les tensions qui traversaient l'école", a affirmé le chef de l'Etat dans un discours prononcé à l'ouverture du 89e Congrès des maires de France, porte de Versailles à Paris.

Mais, a-t-il ajouté, "nous devons rester vigilants: comme beaucoup d'entre vous, je pense aux hôpitaux, aux services publics, aux équipements sportifs. C'est pourquoi j'installerai, dans les prochaines semaines, un Observatoire nationale de la laïcité".

M. Chirac avait annoncé en décembre 2003, dans son discours sur la laïcité, la création de cet Observatoire qui sera rattaché au Premier ministre. Sa composition sera la plus large possible et ouverte aux autorités religieuses, a-t-on précisé dans son entourage.


Etats-Unis : Mormons fondamentalistes

Un gourou polygame américain pour la première fois face à son accusatrice

AFP, 22 novembre 2006

[Texte intégral]

Le chef d'une secte polygame américaine a pour la première fois comparu devant un tribunal en Utah (ouest) pour une audience préliminaire lors de laquelle une jeune femme a témoigné qu'il l'avait mariée contre son gré à l'âge de 14 ans.

Jeffs est inculpé de complicité de viol. Les audiences se déroulent au tribunal de Saint George, dans le sud-est de l'Etat, à deux heures de route au nord-est de Las Vegas (Nevada), où le gourou avait été arrêté fin août.

"Prophète" de l'église fondamentaliste de Jésus-Christ des saints du dernier jour (FLDS), un schisme du mouvement mormon qui compterait quelque 10.000 membres, Jeffs, 50 ans, est soupçonné d'avoir organisé des "mariages" illégaux entre des adolescentes ou des pré-adolescentes et des hommes plus âgés au sein de sa secte.

Ainsi, l'accusatrice, dont la justice préserve l'anonymat pour ne pas compromettre sa sécurité, a raconté, des sanglots dans la voix, comment elle avait été "mariée" par Jeffs à un de ses cousins, de cinq ans son aîné, dans un hôtel du Nevada en 2001. "J'étais horrifiée", a-t-elle dit.

Le parquet affirme que Jeffs a conclu la cérémonie et donné l'ordre à l'adolescente de "se multiplier et de repeupler la terre et d'élever des enfants dans le respect de Dieu".

Après que son "mari" eut eu des relations sexuelles avec elle, l'accusatrice est allée voir Jeffs pour lui dire qu'elle voulait mettre un terme à l'union, a-t-elle encore raconté.

"J'avais très peur le leur dire non, c'était du jamais vu, parce que si vous alliez contre ce qu'ils vous avaient dit de faire ou ce qu'il disaient que Dieu vous avait dit de faire", a expliqué le témoin.

Deux des soeurs de l'accusatrice ont corroboré ses déclarations lors de cette audience préliminaire, à l'issue de laquelle le juge devra décider si l'affaire mérite ou non un procès.

De leur côté, les défenseurs de Jeffs, qui n'a pas cillé de toute l'audience, ont assuré que le rôle de leur client dans cette affaire n'était que celui d'un conseiller spirituel, comme tout responsable religieux.

La prochaine audience doit avoir lieu le 14 décembre.

Warren Jeffs est aussi réclamé par l'Arizona (sud-ouest) pour agression sexuelle sur un mineur en 2002. Il figurait avant son arrestation sur la liste des dix personnes les plus recherchées par le FBI, la police fédérale américaine, au côté notamment du chef d'Al-Qaïda Oussama ben Laden.

La polygamie est illégale depuis 1862 aux Etats-Unis et a été abandonnée en Utah par les mormons en 1890, alors que cet Etat n'était pas encore incorporé à la fédération.

L'Utah a renoncé, par manque de moyens et crainte d'une catastrophe sociale, à poursuivre cette pratique lorsqu'elle se produit entre adultes consentants. Les autorités de l'Etat estiment qu'il abrite 37.000 membres de familles polygames.

Il est très rare que les victimes d'abus portent plainte; les membres de la FLDS vivent en cercle fermé dans deux villes contiguës à la frontière de l'Utah et de l'Arizona, Hildale et Colorado City, dont la secte contrôle les mairies et les polices locales.



France : Tabitha's Place

A la communauté de Sus: "pas besoin de connaître Zidane pour vivre"

La Croix, 221 novembre 2006

[Texte intégral]

SUS (Pyrénées-Atlantiques) - La communauté de Sus ou Tabitha's Place, cataloguée parmi les mouvements sectaires en France et accusée de maintenir les enfants dans l'isolement, a ouvert ses portes mercredi pour répondre aux accusations portées contre elles.

"On veut juste vivre librement, selon nos convictions", a rétorqué mercredi Shama, l'un des responsables de la communauté, qui, comme ses collègues, porte barbe, cheveux longs noués dans le cou, vêtements amples de style américain.

"Pas besoin de connaître Zidane, Beethoven ou les Beatles pour vivre, explique-t-il. Comme tous les parents, on fait des choix pour nos enfants, en fonction de ce qui nous semble être bon pour eux. C'est pour cela qu'on ne les met pas à l'école et qu'on assure nous-même leur éducation", ajoute-t-il.

Quatre parlementaires de la commission d'enquête sur les sectes avaient rendu une visite surprise mardi à cette communauté comptant une centaine de personnes, installée dans un château et ses dépendances, à Sus, petit village à 40 kilomètres de Pau. Les membres de la commission, dont le président Georges Fenech (UMP), s'étaient surtout intéressés au sort des 18 enfants du groupe qui ne vont pas à l'école, suivent les cours dispensés par leurs parents (ce qui est autorisé par la loi), mais surtout vivent comme hors du monde et "ne connaissent même pas Zidane".

Cette communauté d'origine américaine a ouvert mercredi très largement ses portes aux médias pour montrer qu'ils n'étaient ni reclus, ni maltraitants vis-à-vis de leurs enfants.

"On n'a rien à cacher, on ne bat pas nos enfants et on accepte même un droit de regard de l'Etat, à condition qu'il ne nous impose pas son idéologie", a encore souligné Shama.

Dans une vaste salle de séjour, les journalistes sont reçus avec amabilité. Petits gâteaux faits maison et boissons chaudes sont offerts. Le décor est rustique, mais la pièce dispose d'un minimum de confort, avec électricité et chauffage central.

Sur une table, les journaux du jour sont étalés. Ils relatent la visite des parlementaires. Hadacha, une femme de la communauté en robe longue, s'exclame à la lecture: "c'est pas vrai qu'on est coupé du monde!".

Elle explique qu'elle revient, avec ses enfants, d'une semaine passée dans le Midi, chez ses parents, en dehors de la communauté. "Les enfants, ils sortent, ils vont chez le médecin, chez le dentiste quand il faut!" poursuit-elle.

Cette communauté, qui entend vivre "comme les premiers chrétiens", refuse toutefois que les enfants soient vaccinés, par rejet du principe même de la vaccination consistant à "injecter un agent externe", explique Hushaï, autre responsable.

Cet homme de 45 ans, Patrice Lesueur de son vrai nom, ne veut pas s'étendre sur le procès de deux membres qui avaient refusé des soins pour leur jeune enfant mort à 19 mois d'une malformation cardiaque.

"Cela a été jugé, on ne peut rien faire d'autre que d'accepter", explique cet ancien sous-officier, également barbu et portant à la ceinture un téléphone portable. Tous deux ont été condamnés à de la prison ferme et sont aujourd'hui en liberté conditionnelle, indique-t-il.

Krishna Marusc, dit "Mophet", est lui arrivé à l'âge de huit ans dans cette communauté qui s'est baptisée "Les douze tribus d'Israël". Agé aujourd'hui d'une trentaine d'années, il déclare n'avoir jamais eu l'impression d'enfermement et souligne même avoir beaucoup voyagé.

Si l'un de ses enfants lui dit un jour qu'il veut quitter la communauté, il le laissera libre, assure-t-il, même si cela lui fait "beaucoup de peine".


France : Sectes

La commission parlementaire veut renforcer les contrôles sur la scolarité des enfants 

Le Nouvel Obs , 22 novembre 2006

[Texte intégral]

PARIS (AP) -- Au lendemain de la visite de la commission d'enquête sur les sectes dans la communauté "Tabitha's Place" de Sus (Pyrénées-Atlantiques), son vice-président Alain Gest a souhaité que soit renforcé le contrôle de l'inspection académique dans ce genre de communauté "totalement refermée sur elle-même", dont les enfants ne sont pas forcément scolarisés.

"Nous avons l'intention, dans le rapport que nous allons rendre le 19 décembre, de rendre plus opérationnel le principe de contrôle par l'inspection académique, et sans doute devrons-nous travailler aussi sur l'obligation de scolarisation, car il n'apparaît pas tout à fait logique que l'on puisse maintenir des enfants hors du monde", a déclaré sur Alain Gest, député UMP et vice-président de la commission d'enquête sur les sectes, sur iTélé.

Le député de la Somme s'est rendu mardi près de Pau avec la commission d'enquête et l'inspecteur d'académie dans la propriété de la communauté de l'Ordre apostolique Tabitha's place, qualifiée de secte par le rapport parlementaire sur ce sujet, pour "contrôler l'éducation" des enfants, "puisque ce sont des familles qui refusent de placer leurs enfants dans les écoles", a-t-il expliqué.

Il a décrit "une communauté qui vit donc totalement refermée sur elle-même, avec un nombre de personnes adultes indéfinissable", et "constaté qu'il y avait quatre élèves qui n'étaient pas signalés à l'inspection académique, ce qui n'est pas conforme à la loi". L'inspecteur d'académie disposait seulement d"'une liste de 14 élèves".

M. Gest a également estimé que ces enfants avaient "un niveau scolaire qui est relativement bas" et noté qu'ils avaient "beaucoup de mal, en règle générale, à donner un sens à ce qu'ils lisent". "Ils craignent tout de l'extérieur, les ouvrages scolaires qu'on leur met à disposition sont en fait transformés avec des données qui leurs sont propres", a ajouté le député à propos des enfants. "Ils ne sont pas préparés à rentrer dans la vie ordinaire, c'est en cela qu'on peut considérer comme en danger."


France : Sectes

Profil psychologique des gourous

Journal Chrétien, 22 novembre 2006 par Bruno Leroy

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Loin d'être des simples d'esprit, les gourous sont souvent des surdoués déviants.


Poussés par des délires mystiques ou scientifiques, tous les gourous sont persuadés qu'ils sont investis d'une mission sacrée. Par le biais de visions, de révélations ou de pseudo pouvoirs comme celui de guérison ou de prophétie par exemple, ils se sentent désignés pour mener un groupe d'élus vers une conscience améliorée ou au-delà d'une apocalypse annoncée et déterminée dans le temps.

Derrière des dénominations aussi différentes que "messie cosmo-planétaire" ou "Christ réincarné", "Bouddha ressuscité" ou "Maître de la vérité", les fondateurs d'organisations sectaires ont bien souvent des personnalités et des parcours qui se ressemblent. Qu'ils soient hommes ou femmes, Français ou étranger, leurs déviances ont toujours les mêmes origines : une volonté de notoriété, de pouvoir, de puissance financière et affective. Tout aussi craint qu'adulé, la parfait gourou répond
ainsi à un profil psychologique déterminé par les spécialistes et repérable en sept points.
Une personnalité paranoïaque :
Poussés par des délires mystiques ou scientifiques, tous les gourous sont persuadés qu'ils sont investis d'une mission sacrée. Par le biais de visions, de révélations ou de pseudo pouvoirs comme celui de guérison ou de prophétie par exemple, ils se sentent désignés pour mener un groupe d'élus vers une conscience améliorée ou au-delà d'une apocalypse annoncée et déterminée dans le temps Exemple : A la tête de l'église mooniste, Young Myung Mun prétend que Dieu lui a donné pour mission de "terminer l'oeuvre inachevée du Christ". "L'heure viendra inéluctablement où mes paroles serviront de loi car le monde entier est dans ma main", déclare-t-il. Un message qui fait 2 millions d'adeptes.
Un esprit brillant :
Loin d'être des simples d'esprit, les gourous sont souvent des surdoués déviants. Leur grande force de persuasion repose sur des discours structurés où la force de raisonnement est difficilement contestable car c'est en réalité la base de la théorie qui est erronée. Si certains utilisent ou s'inventent des titres universitaires pour justifier leurs compétences, d'autres misent au contraire sur leur manque d'éducation pour laisser entendre qu'ils ne peuvent qu'être divinement inspirés.
Exemple : Faux journaliste, explorateur mythomane, médiocre auteur de romans de sciences-fiction et auteur d'une méthode pseudo-analytique ("La Dianétique"), Ron Hubbard, fondateur de l'église de scientologie, a laissé à sa mort un sillage de mystère quant à ses véritables activités. En 1982, son fils aîné affirmait que 99% de tout ce que son père avait écrit sur sa propre vie était faux...
Un sens aigu de la séduction et de la communication :
Les gourous sont souvent de fins psychologues : ils parviennent toujours à repérer rapidement les fragilités de leurs disciples pour finalement s'appuyer dessus. Tribuns remarquables, ils ont souvent un charisme qui leur permet de séduire pour recruter pour enfin détruire les personnalités et les refaçonner. Exemple : Dès l'enfance Shoko Asahana, gourou de la secte Aum Shinri-Kyo (accusé de l'attentat au gaz sarin dans le métro de Tokyo - 12 morts, 5'500 intoxiqués) avait pris l'habitude de se
dresser comme défenseur des plus faibles pour mieux s'imposer comme tyran. Plus tard, ses coups de bluff en matière de maîtrise respiratoire lui permirent d'ouvrir une école de yoga où l'on se disputait les cours à plus de 1500 € la séance.
Des tendances mégalomanes :
Tous les gourous sont animés par une grande volonté de puissance qu'ils assouvissent de trois osant ensuite un message ou une doctrine révolutionnaire, ils s'accaparent le savoir. Enfin, en entretenant la dépendance de leurs adeptes, les gourous s'approprient progressivement le pouvoir financier.
Exemple : En 1984, lorsqu'il fonde l'Ordre du temple solaire (OTS) avec Luc Jouret, Joseph Di Mambro sait parfaitement qu'il y a de l'argent à tirer de la crédibilité de certains. Sa cible privilégiée ? Les nantis.
Le mythe de persécution :
En bons paranoïaques, les gourous sont tous sujets aux délires de persécution et entraînent systéma- tiquement leurs disciples sur le même chemin pour renforcer la cohésion du groupe. Mais s'ils ont peur qu'on leur fasse de l'ombre ou qu'on les dénonce à l'extérieur de la secte (familles, associations, anciens adeptes), les "maîtres" craignent aussi certaines réactions à l'intérieur même de leur organisation. Des promesses de récompenses pour les adeptes les plus dociles aux menaces de punition pour les moins obéissants, ils créent autours d'eux une pression permanente qui empêche toute clairvoyance. Exemple : En invitant ses adeptes à se dessaisir de leur ego, Yvonne Trubert, grande prêtresse de la secte Ivi, amoindrissait leur esprit critique pour compenser un besoin pulsionnel de puissance effrénée.
Une agressivité omniprésente :
En se croyant persécutés, gourous et adeptes deviennent rapidement de véritables persécuteurs. De procès contre les associations qui se chargent de les dénoncer en menaces - parfois de mort - à l'égard d'anciens disciples, tous deviennent d'une agressivité inquiétante. Exemple : La catastrophe de Waco (Texas), en 1993, était prévisible : avant de lancer l'assaut final
contre le ranch des Davidiens, la police fédérale américaine avait détecté de nombreux transports d'armes vers la secte. 36 000 kg de munitions ont été retrouvées après le dénouement de l'affaire qui a fait 72 victimes.
Une imagination sans limite :
Renforcé dans ses convictions par l'adulation qu'on lui porte et par le rayonnement croissant de sa puissance, le gourou développe son imagination et devient affabulateur et menteur. Exemple : Gilbert Bourdin, gourou de la secte du Mandarom, disait avoir combattu des milliards de "lémuriens"et d' "atlantes" prêtes à attaquer la terre. Au début des années 90, plus d'un millier de personnes pensaient qu'il était le seul à pouvoir sauver la terre en instaurant "l'âge d'or".


Angleterre : Scientologie

La secte courtise la police londonienne

Courrier international, 23 novembre 2006

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"L'Eglise de scientologie semble impliquée dans une manœuvre de séduction visant la police londonienne. Une vingtaine d'agents de la police municipale de Londres, du simple policier au commissaire, ont accepté une série d'invitations et de cadeaux de la part de l'Eglise de scientologie au cours des quinze mois qui viennent de s'écouler", révèle The Guardian.

Alors que pour les Etats-Unis, l'Italie et le Portugal ce mouvement est une religion à part entière, le Royaume-Uni, comme la France et l'Allemagne, le considèrent comme une secte.

Ce "partenariat" hors normes a attiré l'attention du quotidien anglais lorsqu'un centre de scientologie a ouvert ses portes à Londres, tout près de la cathédrale Saint-Paul, le 22 octobre dernier. "Lors de la somptueuse cérémonie qui s'est tenue à cette occasion, le commissaire Kevin Hurley, quatrième plus haut personnage de la police, a félicité les scientologues du secours qu'ils lui ont offert sur le site de la station de métro d'Aldgate East lorsque la police était confrontée aux attaques terroristes du 7 juillet 2005", précise The Guardian.

Depuis ces attentats, l'Eglise de scientologie a invité plusieurs responsables de police à diverses manifestations : concerts des Jive Aces, un groupe dont les membres font partie de l'Eglise, invitations à des déjeuners et à des galas de charité où les policiers ont accepté des dons estimés à plusieurs milliers de livres... "Certains ont été invités à la première de Mission : Impossible 3, qui s'est tenue au mois de mai, avec à la clé une rencontre avec Tom Cruise, membre actif de l'Eglise de scientologie et star du film. La nuit précédant l'ouverture du centre de scientologie de Londres, deux commissaires et plusieurs officiers de police en uniforme ont assisté à un dîner de remise de prix. Les plus gros donateurs à l'Eglise de scientologie étaient récompensés devant un parterre de célébrités."

"Ces méthodes d'approche mises en œuvre par l'Eglise de scientologie ont un précédent aux Etats-Unis, où les membres de ce culte ont mis en place une clinique médicale à deux rues du site de Ground Zero après le 11 septembre 2001. Policiers et pompiers y ont reçu une assistance psychologique. Certains pompiers ont même abandonné les soins médicaux que leur fournissaient les médecins de leurs casernes pour adopter un traitement imaginé par l'Eglise de scientologie et baptisé 'Programme de désintoxication', à base de séances de sauna, d'entraînements physiques et de prescriptions médicales"
, raconte le journal britannique.

Selon Mark Salter, psychiatre londonien, "il ne serait pas étonnant de découvrir que certains policiers ont rejoint la scientologie. L'Eglise de scientologie essaie d'élargir son influence en mettant d'abord 'hors circuit' les personnes averties, puis en profitant du renouvellement des effectifs pour créer des liens et un réseau."

D'après The Guardian, Janet Kenyon-Laveau, porte-parole de l'Eglise de scientologie au Royaume-Uni, a déclaré que "les relations entre la police et des membres de l'Eglise étaient bénéfiques aux deux parties, certains scientologues s'étant engagés dans des campagnes urbaines de lutte contre la drogue appréciées des policiers".


France : Sectes

Les enquêtes tous azimuts de la commission parlementaire sur les sectes créent la polémique

Le Figaro, 23 novembre 2006 par Sophie Ravinel

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Si la protection des mineurs fait l'unanimité, certaines intrusions dans le domaine religieux irritent.

Quatre-vingt mille mineurs sont aujourd'hui touchés en France par le phénomène sectaire, selon la commission d'enquête parlementaire sur les sectes. Ce phénomène d'embrigadement des jeunes est au coeur des travaux menés depuis quelques mois par trente députés, toutes tendances confondues, qui ont organisé mardi une « descente » dans la communauté Tabitha's Place, un groupe biblique sectaire installé près de Pau. Dans leur rapport, qui doit être remis le 19 décembre au président de l'Assemblée nationale, ces parlementaires vont « faire des propositions pour porter un secours légal à ces mineurs hors d'état de se protéger eux-mêmes », affirme le président de la commission, le député UMP du Rhône et ex-juge Georges Fenech.  

Caractère «discriminatoire»

Si la visite à Tabitha's Place ne semble pas faire débat, la volonté des parlementaires d'élargir leurs investigations dans le champ religieux suscite la polémique. Le président de la Fédération protestante de France, Jean-Arnold de Clermont, est ainsi monté au créneau contre le caractère « discriminatoire » des travaux. Des minorités liées au protestantisme sont régulièrement placées dans la ligne de mire des enquêteurs. « Que le pasteur de Clermont s'occupe de son Église et nous laisse faire notre enquête !, rétorque Georges Fenech. Nous sommes dans un état de droit, laïc, je ne vois pas ce qu'il vient faire dans ce débat. » Des incidents ont émaillé les auditions, venant offrir des arguments à ceux qui reprochent une conception trop étroite de la laïcité.

Le 24 octobre, lorsque Jean-Pierre Machelon - auteur d'un rapport sur les relations des cultes avec l'État - a été entendu, le député UMP Jacques Myard lui a demandé s'il était « très proche d'associations religieuses à forte connotation de foi », intrusion modérément appréciée dans la vie privée de l'intéressé. Une semaine plus tôt, Didier Leschi, chef du bureau des cultes au ministère de l'Intérieur, avait provoqué le débat en exprimant sa crainte d'une remise en question de la « liberté de conscience. »


Canada : Témoins de Jéhovah

Accusé de pédophilie

Le Soleil, 25 novembre 2006 par Sylvain Daignault

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Un homme de 66 ans a comparu la semaine dernière au palais de justice de Valleyfield pour répondre à des accusations d'agressions sexuelles sur une personne mineure survenues entre 1985 et 1992. Au moment des premières agressions, la victime, une jeune fille, n'avait que onze ans.

C'est à la salle du Royaume des Témoins de Jéhovah de Châteauguay que la mère de la jeune victime avait rencontré l'individu. Après avoir réussi à gagner la confiance de cette femme et celle de sa fille, celui-ci se serait par la suite adonné à des contacts intimes avec l'adolescente, des contacts allant des simples attouchements au rapport sexuel complet.

Durant ces huit années, les agressions se seraient produites à plusieurs endroits, notamment chez l'individu, dans sa voiture, au domicile de la jeune fille et à la salle du Royaume des Témoins de Jéhovah à Châteauguay.

Le verdict est attendu le 19 décembre.


465 France : Monflanquin

Les reclus de Monflanquin, partis en laissant une adresse

Libération, 27 novembre 2006 Par Laure Espieu

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Epais mur d'enceinte au fond d'un vallon désert, portail clos, un arbre dans lequel brillent des CD accrochés en guirlande. Derrière, ils ont choisi l'autarcie. Tous les ponts ont été coupés avec leurs proches sans explication. Les hypothèses varient entre une dérive sectaire, un secret de famille, l'influence d'un escroc. «On ne sait rien, poursuit Ariane. Simplement qu'ils sont encore vivants. Parce qu'on n'a pas la preuve du contraire.»

«Danger»

L'affaire avait fait du bruit à leur installation. Pour les familles, ce n'était qu'une question de temps. Mais cinq années ont passé et rien n'a changé. Aucune nouvelle. Sinon celles glanées discrètement auprès des habitants du coin. Les échos de rares sorties: à la banque, ou au supermarché. Les mêmes descriptions de personnes «fuyantes, pressées». Jusqu'à la postière qui appréhende de se rendre sur place: «Ils ne sont pas commodes. A peine s'ils entrouvrent la porte quand j'amène un recommandé. Je n'ai jamais pu passer le seuil.» Dans les environs, on semble avoir oublié jusqu'à leur existence. Une vague histoire, noyée dans le quotidien. Une légende, peut-être. On ne sait plus bien.

«Nous sommes des ennemis, souligne tristement Ariane. Tout ce qui n'adhère pas à leur philosophie est dangereux.» Même constat de tous les proches. «Danger», est le mot que nous avons entendu le plus souvent, témoigne Jean Marchand, tenu, lui, à l'écart de sa femme et de ses deux enfants, dont Guillemette que Sébastien Driant a épousée quatre mois à peine avant qu'elle ne rejoigne les autres. Il se souvient d'une courte vie de couple émaillée d'épisodes rocambolesques : «Elle m'expliquait qu'il fallait faire attention à ce qu'on disait au téléphone, parce que nous étions sur écoute. Elle me répétait que son père [Jean Marchand] était un homme dangereux.» A Noël, la jeune femme quitte le domicile pour passer les fêtes en famille. Elle ne doit s'absenter que quelques jours. Son mari n'aura plus de nouvelles. Il ne la reverra qu'une fois. Sans obtenir «le moindre mot».


France : Sectes

Des députés veulent mieux évaluer l’enseignement à domicile

La Croix, 28 novembre 2006 par Marie Boëton

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À la suite de leur visite de la communauté Tabitha’s Place, des parlementaires proposent de renforcer les contrôles prévus par la loi auprès des enfants non scolarisés

Ils se disent encore « sous le choc » , les membres de la commission d’enquête parlementaire sur l’influence des sectes qui sont allés rendre une visite surprise à la communauté Tabitha’s Place, la semaine dernière. « Nous sommes bouleversés de voir que des enfants peuvent aujourd’hui être privés de tout contact avec la télévision ou la radio et ignorer qui sont Mozart, les Beatles ou Zidane » , avait déclaré Georges Fenech, député UMP du Rhône et président de la commission, quelques heures après la visite. Avant de marteler : « Il est urgent de lutter contre l’isolement psychologique et social de ces enfants. »

Les préconisations du député et de ses trois confrères Philippe Vuilque ( PS), Alain Gest ( UMP) et Jean-Pierre Brard ( apparenté PCF) ne doivent être rendues publiques que le 19 décembre, jour de la publication du rapport de la commission. On sait toutefois d’ores et déjà que les parlementaires proposeront de modifier la manière dont l’inspection académique évalue l’enseignement dispensé au sein de ces communautés. Cela concernerait« 3 000 enfants au bas mot »,
explique Jean-Pierre Brard, pour qui on ne peut pas se contenter de regarder le seul niveau scolaire. « Il faut renforcer les contrôles actuellement prévus par la loi, poursuit le député, pour prendre en compte ledegré d’épanouissement de l’enfant, mais aussi son esprit critique. »

Son collègue Alain Gest rapporte : « Les petits de Tabitha’s Place lisaient plutôt bien, mais ils étaient dans l’incapacité d’expliquer le texte qu’ils venaient de lire ! »

Aujourd’hui, en l’état actuel du droit, la scolarisation n’est pas obligatoire. Seule l’instruction l’est pour les mineurs âgés de 6 à 16 ans. Et ce, conformément à la loi du 28 mars 1882. Cette liberté d’enseignement laissée aux familles est cependant encadrée par la loi du 18 décembre 1998, qui précise les modalités de contrôle par l’État du savoir dispensé au sein des foyers. C’est ce dernier que les parlementaires souhaiteraient voir renforcer afin de lutter contre l’isolement psychologique de certains enfants non scolarisés.

Reste à savoir si les élus emprunteront la voie législative ou réglementaire. Si un simple décret peut suffire à préciser les conditions d’application de la loi de 1998, ou s’il faudra en passer par un nouveau texte.

À la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires ( Miviludes), on accueille plutôt bien cette idée. Pour sa secrétaire générale, Catherine Katz, en tentant d’évaluer le degré de socialisation et d’épanouissement de l’enfant, la France ne ferait que reprendre l’article 29 de la Convention internationale relative aux droits de l’enfant (1989)
« Ce dernier stipule que l’éducation doit “ favoriser l’épanouissement de la personnalité de l’enfant”. » Selon cette magistrate, la loi de 1998 n’appliquait donc pas à la lettre le droit international en ne « faisant qu’évaluer les connaissances du mineur par rapport à ceux de sa classe d’âge ».

En pratique, cette proposition se heurte pourtant à un certain nombre d’obstacles. Comment en effet organiser sur le terrain de tels contrôles, via quelles instances, selon quels critères ? Sur ces détails, les parlementaires sont moins diserts. Et les critiques fusent déjà. « Leur proposition part d’un bon sentiment mais elle reste, au final, empreinte d’une grande naïveté, tranche d’emblée Jean-Pierre Jougla, administrateur de l’Unadfi (1). Les enfants élevés dans les sectes ont souvent un abord normal. Il n’y a pas plus poli, gentil et parfois même plus gai que les enfants éduqués dans certaines communautés à tendance sectaire. Pour se faire une idée de leur état d’esprit, il faut se livrer à une longue enquête de personnalité. »

Et d’ajouter : « En outre, comment justifier le fait de réaliser des en­tretiens approfondis auprès des enfants éduqués à domicile, sans faire de même pour ceux qui sont scolarisés ? »

Reste à déterminer aussi quel personnel serait le plus apte à mener de telles enquêtes auprès des plus jeunes. Les inspecteurs d’académie, jusqu’à présent mobilisés lors des contrôles scolaires, ne sont peut- être pas les plus à même de conduire ce type d’entretien.

De façon moins polémique, la mission compte par ailleurs proposer que les visites médicales réalisées au sein des foyers ou des communautés puissent se dérouler hors de la présence des parents du mineur, afin de s’assurer de la totale liberté de l’enfant.

(1) Union nationale des associations de défense des familles et de l’individu victimes de sectes.


Congo : Religions

Le prosélytisme nuisible des Eglises du Reveil

Le Soir, 30 novembre 2006 par Ricardo Gutiérrez

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L'Église du Christ au Congo (ECC) n'hésite pas à distribuer des préservatifs à ses fidèles, à Kinshasa... L'union des principales
Églises protestantes, en République démocratique du Congo, lutte activement contre la progression du virus du sida. Mais toutes les chapelles du protestantisme ne partagent pas son enthousiasme. LesÉglises dites « du Réveil » incitent même les malades du sida à renoncerà leurs traitements, à ne plus tabler que sur une prétendue guérison par la prière... « Africain à l'origine, le phénomène est en plein essor, en Belgique, relève Maureen Louhenapassy, coordinatrice de la prévention du sida au Siréas (l'ex-Service social des étrangers). Ces groupes informels font circuler dans la communauté africaine des publications, des cassettes vidéo qui mettent en scènes de prétendues rémissions du sida par le seul effet de la prière ! »... Abandons de trithérapies À Bruxelles, l'hôpital Saint-Pierre a déjà constaté, à plusieurs reprises, que des patients africains malades du sida renonçaient à leur trithérapie, sous l'influence de ces groupes religieux... De graves dérives qui, en janvier dernier, avaient incité John van der Dussen, président du synode évangélique et pentecôtiste (400 paroisses) à prendre ses distances, appelant ses 110.000 fidèles à croire, « bien sûr», en la guérison par la prière, mais sans exclure, « en aucun cas », le recours aux médecins, et sans jamais inciter à l'abandon d'un traitement médical. John van der Dussen ne nie pas que des groupes informels n'adhèrent pas à ce principe. Mais ils resteraient marginaux, à l'entendre : « Nous n'avons, en tout cas, enregistré aucune plainte au sein du synode fédéral. »

Pour Maureen Louhenapassy, les instances officielles ont tendance à fermer les yeux sur « la dérive sectaire de ces Églises du Réveil, financées par des mouvements conservateurs américains. Leurs gourous prétendent guérir les maladies par la prière collective et vont parfois jusqu'à nier l'existence même du sida en l'assimilant à Satan, à un ensorcellement... Ils imposent aux malades des jeûnes prolongés, d'interminables séances de prière, sur les genoux, des enfermements...
Et culpabilisent ceux qui ne guérissent pas, voire ceux qui en meurent... Pour la simple raison qu'ils n'auraient pas assez prié ! »


France : Témoins de Jéhovah

Quand une secte échappe au fisc

L'Express30 novembre 2006, propos recueillispar François Koch
[Texte intégral]

Une responsable d'associations de défense de la famille dénonce la clémence du gouvernement face aux Témoins de Jéhovah

      La Cour de cassation vient de confirmer que les Témoins de Jéhovah devaient acquitter une amende et des pénalités de 44 millions d'euros sur des dons et des legs illégalement versés. Catherine Picard, présidente de l'Union nationale des associations de défense des familles et de l'individu (Unadfi), s'étonne avec véhémence que ce mouvement sectaire ait réussi à échapper au fisc si longtemps.

      Que vous inspire cette décision judiciaire?
      Plusieurs parlementaires se sont inquiétés de l'absence de recouvrement de ces 44 millions, alors que le contrôle fiscal date de 1996 et le redressement de 1998. Les réponses ministérielles ont toujours été évasives, se retranchant derrière le secret fiscal. Nous ne sentons pas de volonté gouvernementale de faire payer les Témoins de Jéhovah.

      Pourquoi une telle mansuétude?
      Parce que ce mouvement sectaire bénéficie à la fois d'appuis politiques à droite, du concours d'excellents juristes et de soutiens au cour de la haute administration. Didier Leschi, chef du Bureau central des cultes du ministère de l'Intérieur, a affirmé que les Témoins de Jéhovah relevaient du statut des associations cultuelles et que nous n'avions pas de dossier précis sur des cas de maltraitance. Ce qui est bien évidemment faux. L'Intérieur est en phase avec les Affaires étrangères, malheureusement toujours sensibles aux pressions des Etats-Unis.

      Votre combat est-il perdu d'avance?
      Non. Au sujet des Témoins de Jéhovah, certains parlementaires ainsi que la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), qui dépend du Premier ministre, déplorent les déclarations de Didier Leschi devant la nouvelle commission d'enquête présidée par le député UMP Georges Fenech. Comme nous, ce dernier dénonce le prosélytisme des Témoins de Jéhovah comme leurs atteintes aux droits de l'enfant, notamment l'interdiction des transfusions sanguines.

(1) Catherine Picard - présidente de l'Union nationale des Associations de defense des familles et de l'individu victimes de sectes (UNADFI)