Actualités sur les sectes en avril 2006

Actualités diverses La justice reporte l'examen du litige entre la mairie et la fondation Elahi
Gurdjieff (*) 01/04/2006 Le système Gurdjieff - troisième partie (doc PDF)
Religions Les Légionnaires du Christ
La citadelle Récent rebondissement judiciaire
Mormons fondamentalistes Une secte américaine lorgne du côté de la Saskatchewan
Mormons fondamentalistes La Saskatchewan ne veut pas de polygames
Falungong Pékin dénonce les "rumeurs" du Falungong sur la vente d'organes
Moise Un bâton qui suscite beaucoup de controverse
Opus Dei L'Opus Dei veut redorer son image
Témoins de Jéhovah Pressions intégristes sur les hôpitaux
Opus Dei L'Opus Dei ouvre un bureau à Montréal
Soins Psy Un nouveau texte sur l'usage du titre de psychothérapeute
Soins Psy Communiqué de presse de la FFPP
Religions La prière serait dangereuse pour la santé
Sectes Les sectes de plus en plus redoutables
Soins Psy Le droit aux soins psychiques de qualité est-il un droit républicain?
Scientologie "Naissance silencieuse": la scientologie serre les rangs autour de Cruise
Sectes Quelle politique mettre en place face aux dérives sectaires
Religions Implants : " la marque de Satan " pour les évangélistes américains
Sectes Beslan: arrestation d'un gourou qui promettait de ''ressusciter'' les victimes
Moïse (Rock Therriault) Le bâton de Moïse est authentifié
Opus Dei L'Opus Dei souhaite un message de démenti au générique du "Da Vinci Code"
Eglise du Christ Une Française luttant pour la garde de ses enfants est incarcérée au Canada
Scientologie Le Conseil alerte les médias au sujet de messages provenant de l'Eglise de Scientologie
Sectes Assemblée nationale - question - Mme Darciaux Claude - réductions d'impôt
Religions Au Mexique la légion du Christ forme les élites
HUE Luong Minh Dang, « médecin » illégal
OTS Le procès en appel de Michel Tabachnik du 24 octobre au 3 novembre
Eglise du Christ Incarcérée au Canada pour avoir voulu protéger ses enfants
Sectes Remise du rapport de la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires
Scientologie La Scientologie s'affiche à la télé avec un faux nez
Eglise du Christ La française écrouée à Vancouver risque dix ans de prison
Satanisme Inquiétante progression sensible du satanisme en France
Scientologie Tom Cruise à Paris, le jour de la sortie du rapport de la MIVILUDES
Scientologie De l'argent pour se taire
Soins Psy et Sectes Pseudo-thérapeutes et lutte anti-sectes
Sectes Un rapport s'inquiète pour les enfants, la santé et l'humanitaire
Sectes Le président de la MIVILUDES remet l'accent sur la lutte - Trois questions.
Sectes L'Etat des sectes
Sectes Les alter médecines font les choux gras des sectes
Sectes Les thèmes prioritaires de la MIVILUDES en 2005
Sectes Communiqué de presse de l'UNADFI
Religions Des prêcheurs mobilisés pour faire baisser le prix de l'essence
Sectes (*) 27/04/2006 Communiqué de presse de Georges Fenech. Député (PDF)
Soins Psy Psychothérapies: l'Unadfi dénonce "un recul" du ministère de la Santé
Eglise du Christ En prison pour ses enfants
Moon Le responsable de Moon accusé de faux témoignage

(*) Articles ou documents qui, compte tenu de leur taille, ne sont pas ci-dessous, mais sur une page particulière ou sur le Web


France : Ostad Elahi

La justice reporte l'examen du litige entre la mairie et la fondation Elahi

Libération, 1er avril 2006 par Renaud Lecadre

[Texte intégral]

Alors, secte ou pas secte ? Saisie du cas de la fondation Ostad Elahi, du nom d'un ancien magistrat iranien (1895-1974), philosophe et musicien (grand maître du tanbur, le luth local), la justice française a du mal à trancher. La cour d'appel de Versailles vient de reporter, pour la seconde fois, l'examen du litige, en se réservant sept mois de réflexion supplémentaire.

L'affaire oppose la fondation ­ d'inspiration soufie, déclarée d'utilité publique sous Jean-Pierre Chevènement et un temps vice-présidée par Bernadette Chirac ­ au maire UMP d'Asnières (Hauts-de-Seine), Manuel Aeschlimann, proche conseiller de Nicolas Sarkozy. En 2003, la mairie distribuait un tract à 40 000 exemplaires dénonçant une «infiltration par les membres d'une organisation spiritualiste, ésotérique et cultuelle», menaçant «l'intégrité morale des Asniérois et de leurs enfants». Le mot secte n'est pas prononcé, mais c'est tout comme. La fondation a surtout le don d'agacer prodigieusement Aeschlimann en s'opposant à ses projets de rénovation urbaine : plusieurs associations de défense de riverains sont domiciliées au pavillon asniérois de Bahram Elahi, le fils d'Ostad, que la mairie accuse de mobiliser les habitants afin de «protéger» son propre pavillon. En septembre, l'adjoint à la communication d'Aeschlimann était condamné en diffamation, au motif que «les polémiques locales à propos de l'urbanisme ne justifient aucunement l'attaque outrancière organisée par la mairie d'Asnières». Fin de la première manche.

Renfort. Dès le lendemain du jugement, les renseignements généraux pondaient une note mettant en cause la fondation Ostad Elahi. Coup de pouce de Sarko à son copain Aeschlimann ? Puis la Miviludes (mission antisecte qui dépend de Matignon) se réveillait à son tour en annonçant sa mise «sous surveillance». Le prompt et tout récent renfort de la mission et du ministère de l'Intérieur a convaincu la cour d'appel de rouvrir les débats en réclamant la déclassification des notes des RG et en «invitant» la mission antisecte à lui «fournir toutes conclusions et observations». Que disent les blancs des RG, dont Manuel Aeschlimann assure le service après-vente en distribuant les photocopies ? Une première note de six pages souligne que «l'installation dans les Hauts-de-Seine de ces "fervents de Dieu" a rapidement suscité des rumeurs : il y aurait détournement de la mystique soufiste à l'instigation de l'actuel "maître", Bahram Elahi, qui imposerait un fonctionnement totalitaire de son organisation, se conférant le statut de Dieu omniscient». Une autre note raconte que, lors de l'édification par des bénévoles d'un mausolée dans le Loir-et-Cher, «l'organisation se souciait peu de la législation du travail». Cela méritait bien l'estampille «confidentiel défense»...

Le point de friction le plus cher au maire d'Asnières, repris à leur compte par les RG, concerne ce «mouvement qui s'érige en contre-pouvoir municipal, s'accompagnant de pressions et d'intimidations sur les élus». Pourtant, quand il était dans l'opposition municipale, Manuel Aeschlimann s'était appuyé sur «l'organisation Elahi» pour contester l'ancien maire. Une fois élu, il avait même bombardé l'un de ses responsables au poste d'adjoint, avant de lui retirer sa délégation l'an dernier. Quant aux pressions, son directeur de cabinet, Francis Pourbagher, a porté plainte parce qu'un responsable associatif aurait un jour tenté de lui foncer dessus au volant de sa voiture. Le bras droit du maire vient d'être renvoyé en correctionnel pour dénonciation calomnieuse.

L'atmosphère est franchement empoisonnée à Asnières. Les deux camps ne cessent de se dénigrer. Pour Me Olivier Maurice, avocat d'un ancien membre de la fondation, spécialiste des sectes et notamment de la scientologie, ce mode de harcèlement textuel est typique d'un «comportement que l'on retrouve dans certaines organisations à caractère sectaire». Mais il semble bien partagé à Asnières.

Danger. L'une des victimes collatérales de ces règlements de comptes est Mayetic, une start-up spécialisée dans l'espace collaboratif (Intranet sur Internet) dont la Caisse des dépôts possède un tiers du capital. Elle est dirigée par deux responsables associatifs de la fondation Elahi, et a donc eu droit à sa note RG insistant sur le fait qu'elle équipe l'Otan, les directions générales de la gendarmerie nationale et de l'aviation civile. Danger ! Risque d'infiltration ! «Tous nos clients et actionnaires potentiels ont pris peur, la société a été liquidée en un mois et demi, résume son fondateur, Bruno de Beauregard. Il est inadmissible qu'on puisse ainsi flinguer une boîte en plein essor.» La mairie a dû se fendre d'un énième communiqué ­ l'imprimerie, voilà au moins un secteur qui marche bien à Asnières ­ pour rejeter toute responsabilité dans le torpillage de la start-up.

L'affaire Aeschlimann-Elahi se double d'un «Irasnières Gate», selon la terminologie locale. Les Iraniens sont partout ! Au sein de la famille Elahi, donc, originaire d'un village kurde à 80 km au nord de Téhéran ; à la mairie, en la personne de Francis Pourbagher, récemment interviewé par la télé iranienne en compagnie de sa femme française, recouverte pour l'occasion d'un voile. Les deux camps protestent de leur républicanisme antimollahs : «Les Elahi ont quitté l'Iran en 1993, treize ans après la révolution islamique, se justifie Pourbagher. Moi, je suis parti en 1979.» Aeschlimann peut être satisfait : «Je ne suis plus l'affreux du village, le problème dépasse largement le cas d'Asnières.» De fait, on ne s'est jamais autant intéressé à sa bonne ville de banlieue ouest, en plein fief sarkozyste.


France : Religions

Les Légionnaires du Christ

BULLES, n°89 - 1er trimestre 2006

[Texte intégral]

Quand des grands-parents s'inquiètent...

Certaines ADFI ont reçu la visite de grands-parents soucieux du sort réservé à leur petit-fils. Dans tous les cas, il s'agit d'enfants (le plus jeune est âgé de 11 ans) que les parents envoient dans une école tenue par les Légionnaires du Christ à Méry sur Marne (Seine et Marne). Ces parents chrétiens, persuadés d'avoir découvert l'école idéale pour leur fils (il s'agit uniquement de garçons) veulent faire partager leur enthousiasme aux grands-parents. Ces derniers, informés du programme et de l'emploi du temps selon lesquels doit vivre leur petit-fils sont loin de partager cet enthousiasme. Ils se demandent même s'il ne s'agit pas d'une secte ; d'où leur démarche auprès de l'ADFI. En effet, l'environnement de cette école leur semble plus proche de celui d'une caserne que d'une école : lever très matinal, messe quotidienne, confession hebdomadaire (la crainte du péché est permanente), une partie des vacances correspondant aux fêtes religieuses passée à l'école, etc. A 11 ans un enfant voit déjà son avenir fixé, car la pression sera forte pour qu'il devienne prêtre légionnaire. En outre, de ces témoignages reçus ressort une constante : on entretient chez ces garçons un sentiment d'élitisme très poussé, on les persuade qu'ils appartiennent à une catégorie d'élus investis d'une mission.

À leur tour les ADFI se renseignent. Cette école secondaire en internat, bien sûr hors contrat, appartient en effet aux Légionnaires du Christ, c'est la seule. semble-t-il, en France jusqu'à aujourd'hui. Elle compte peu d'élèves, à peine une quarantaine de la 6ème à la terminale. Le recrutement se ferait lors de rassemblements du type camps de vacances, mais le coût des études n'est pas à la portée d'une famille aux revenus modestes. En fait il s'agit d'un petit séminaire, alors qu'ils ont disparu en France.

Qui sont les Légionnaires du Christ ?

Cette dénomination aux connotations guerrières pose déjà question, mais ne doit rien au hasard :

Il faut se reporter au contexte historique du Mexique pour comprendre la naissance de cette congrégation. A partir de 1926 en effet, l'Etat mexicain, à l'instigation du Parti National Révolutionnaire, s'est livré à une guerre ouverte contre l'Eglise : suppression des ordres religieux, expropriation des couvents, expulsion des prêtres étrangers, suppression de tout enseignement religieux, etc. En réaction, apparaît un mouvement de résistance armée qui doit finalement capituler. Mais la résistance continue ; le fondateur de la Légion du Christ, Marcial Maciel Delgollado, est un protagoniste de cette crise. En 1941 -il a 20 ans- il fonde sa légion avec 13 adolescents. Ordonné prêtre en 1944, il ne cesse alors de développer sa congrégation de choc.

Soutenue par le Vatican depuis 1946 (sous Pie XII), la Légion gère 12 universités, la plupart en Amérique latine, où les légionnaires du Christ sont considérés comme le fer de lance de l'Eglise Catholique, faisant obstacle à la déferlante des sectes protestantes. La plus importante est celle de Francisco de Vitoria dans la banlieue de Madrid, une université prestigieuse ; celle de Rome, l'université Regina Apostolorum, comporte une faculté de bioéthique et se spécialise depuis 2005 dans la formation des prêtres exorcistes. II faut dire qu'en Italie les groupes satanistes font la une des journaux à la suite de meurtres liés à la magie noire.

À côté de la formation des prêtres, soulignons l'importance de l'activité apostolique de la Légion du Christ au travers du mouvement Regnum Christi, branche laïque de la congrégation. 45 000 personnes vivraient aujourd'hui de cette spiritualité.

Nous avons parlé de l'existence en France de l'école de Méry sur Marne. La branche française de ce mouvement de laïcs, Regnum Christi, est également présente à Paris. Les légionnaires se consacrent en outre dans la région parisienne, où ils sont installés depuis 1987, à l'animation de camps de jeunes.

Enfin la Légion a le contrôle de l'agence de presse Zénith qui est chargée de la communication du Vatican en six langues. Tournée vers les hommes d'affaires et les décideurs, la Légion a également la main sur la Fondation Guilé, « car notre principale activité c'est la formation et en premier lieu celle de l'élite », explique le Père Williams, porte-parole de l'Ordre.

A ce point de notre étude, on ne peut que constater bien des points communs entre les Légionnaires du Christ et l'Opus Dei. Pour certains observateurs les Légionnaires se seraient même fortement inspirés de l'organisation très structurée de l'Opus Dei.

Les Légionnaires du Christ face aux accusations

Cependant, une série d'accusations infâmantes forme une grosse tache sur la Légion : Le Père Marcial Maciel est accusé de pédophilie par plusieurs des anciens membres de son ordre. Bien entendu, celui-ci récuse ces accusations qui remonteraient aux années 50. Les victimes expliquent le retard de leurs plaintes (les premières remontent à 1997) par la loi du silence qui règne chez les légionnaires. D'après La Croix du 31 décembre 2005, « ces plaintes ont été relancées fin décembre 2004 auprès du Vatican ». Toujours d'après La Croix, le Vatican soucieux de préserver l'image de la congrégation a fait pression pour que Marcial Maciel cède la place à la tête de la Légion. Le religieux mexicain, Alvaro Corcuera lui a succédé. Nous ne savons pas aujourd'hui si les procès canoniques ouverts au Mexique et à Rome sur les plaintes déposées par les anciens séminaristes connaîtront une suite. Mais nous savons que l'archevêque du Minnessota a interdit les activités des Légionnaires du Christ et de Regnum Christi dans son diocèse. D'autres évêques ont pris les mêmes mesures aux Etats-Unis. en particulier dans l'Ohio. Ils reprochent aux légionnaires de constituer une « église parallèle » et contestent fermement leurs méthodes.

Comment expliquer cette situation paradoxale où l'on voit les Légionnaires soutenus et même encouragés par le Vatican et en même temps interdits ou pour le moins peu souhaités dans certains diocèses ?

Dans le National Catholic Reporter (NCR), prestigieux hebdomadaire américain, on peut lire un appel à la vigilance concernant l'accueil des prêtres légionnaires aux Etats-Unis (traduction effectuée par le service Pastorale et Sectes, aujourd'hui Croyances Nouvelles) : « Il y a aussi. sans aucun doute, de bonnes raisons pour lesquelles plusieurs évêques ont interdit à l'Ordre et à ses groupes auxiliaires d'opérer dans leurs diocèses. Trop souvent ces groupes apparaissent sournois et agissant en sous-main dans leur façon d'opérer et l'on a rapporté que certaines de leurs pratiques concernant la manière de gérer les établissements scolaires sont bizarres. » ... « Nous avons signalé plusieurs cas où l'Ordre a pris le contrôle d'une école, revu les programmes, mis en place des façons assez étranges de faire passer leur programme et de mettre à la porte des professionnels de longue date –personnel administratif et 1
enseignant – qui posaient des questions. »
(NCR 3 nov. 2000).

Tout ce tableau fait apparaître de bonnes raisons pour l'Eglise de France d'être particulièrement vigilante et on ne peut que souhaiter que la petite école évoquée au début de cet article reste pour longtemps la seule aux mains des Légionnaires du Christ.


France : La Citadelle

Récent rebondissement judiciaire

BULLES, n°89 - 1er trimestre 2006

[Texte intégral]

Aux anciens lecteurs de BULLES, le nom de « La Citadelle » rappellera une triste affaire de secte, qui s'est déroulée dans les années 1980-1990 dans divers lieux d'Ile de France et de Normandie, et pour finir au Vésinet, dans les Yvelines (pas moins de 16 numéros de notre bulletin en ont traité entre 1987 et 1995 !).

Le 5 décembre dernier, un arrêt de la Cour d'appel de Versailles confirmait un juge­ment de 1995 déclarant un des responsables de ce groupe coupable de « violences volontaires » sur mineurs de 15 ans et le condamnait à 18 mois de prison avec sursis et des dommages et intérêts envers les deux enfants, devenus majeurs, victimes de ces violences ainsi qu'envers l'UNADFI.

Outre le fait qu'il était important que les jeunes gens, enfants à l'époque des faits, voient reconnues les maltraitances dont ils avaient été victimes et condamné leur auteur, ce jugement rappelle opportunément que nul ne peut se prévaloir de sa foi ou de textes religieux, fussent-ils bibliques, pour exercer des violences sur des enfants. En effet, les exemples ne manquent pas aujourd'hui dans des groupes chrétiens de dérives que leurs auteurs justifient par la foi: nos associations se doivent de « souligner la particulière sévérité, la fréquence, la durée et surtout l'intentionnalité des agressions subies alors par les enfants » (cf. conclusions déposées par l'UNADFI reprises dans l'arrêt de la Cour d'appel).

Le prévenu, lui, se disant « ferme et strict » avec l'un des enfants, affirmait n'avoir jamais utilisé la ceinture (contrairement au récit de cet enfant) ; il restait persuadé qu'il était victime d'un complot. Par ailleurs, il a trouvé des appuis dans un certain nombre d'églises chrétiennes d'autres pays et en France auprès d'anciens membres de la Citadelle... comme ces parents qui ont vivement réprouvé que leurs enfants maintiennent leur accusation.

Rappel de cette affaire

L'association

La Citadelle était une association fondée par un couple d'origine roumaine Georges et Délia Mihaes. Arrivés en France vers 1973, ils entrent en contact avec les milieux protestants évangéliques, cherchant à enseigner la vraie foi qui, pour eux, n'est authentiquement vécue que dans les églises de l'Est. Après avoir fréquenté plusieurs églises protestantes, ils entrent à l'Eglise Chrétienne Biblique (ECB) de Rueil-Malmaison (Hauts de Seine). Le couple cherche rapidement à en prendre la direction mais se heurte au pasteur en titre.

En 1979, les Mihaes quittent cette église entraînant avec eux la presque totalité des membres qui sont séduits par un idéa­lisme et une générosité apparents mais en réalité manipulés par un couple désireux d'exercer sa domination sur l'ensemble des fidèles. La nouvelle communauté, qui garde encore le nom d'£CB, se réunit à partir de 1983 au domicile même des Mihaes d'abord à Montesson puis au Vésinet (communes des Yvelines) : la « Maison de Dieu », où se rendent les fidèles, s'identifie progressivement à la maison de Georges et Délia.

Le couple adopte un comportement de plus en plus autoritaire et dominateur. l'ECB est finalement dissoute dans des conditions peu claires -après que G. Mihaes, vice-président, ait liquidé le compte de l'association !- et une nouvelle association, non déclarée, est fondée en 1986 par Georges Mihaes : La Citadelle.

Sous couvert d'enseignement biblique et de principes chrétiens, le couple parvient à faire adopter aux adeptes un mode de pensée et de vie communautaire qui présente toutes les caractéristiques d'une secte. Il prône la nécessité de se couper du monde extérieur, de séparer les enfants de leurs parents, la soumission absolue au couple leader (Georges dirige les hommes et Délia les femmes et les enfants). Les règles de vie sont strictes (jeûnes, sommeil réduit, pas de loisirs...), les sévices corporels monnaie courante : les femmes sont giflées, les enfants, même les plus petits, reçoivent des coups de ceinture, des gifles, sont mis au coin longuement.

Les enfants sont scolarisés par correspondance, sous prétexte d'activité musicale développée : l'enseignement de la musique classique -pour purifier l'âme- est en effet obligatoire. Les responsables organiseront même, au début des années 1990, un festival international de musique doté de prix (25 à 30 000 FF en 1994) dans la Sarthe, festival dont les liens avec une secte n'étaient bien sûr pas connus du monde des musiciens...

Les enfants devaient devenir résistants pour « vaincre les forces du mal et les mani­festations du Malin », le maître mot était « Il faut briser l'enfant pour le soumettre, le rendre docile et obéissant » (voir le numéro 82 de Bulles Les sectes et les enfants, « les enfants d'une secte », p. 23).

Les arrestations. Le procès.

De nombreuses affaires judiciaires ont émaillé l'histoire de la Citadelle :

En 1992, un ex-membre dénonce à la police les agissements de certains membres du groupe puis une jeune fille fugue et fait des révélations sur les conditions de vie à l'intérieur de la communauté. Une information est ouverte et diverses investigations effectuées, sur commission rogatoire. De nombreux témoignages de personnes ayant quitté le groupe sont adressés à la justice. En février 1993, trois responsables de la secte, dont Mme Mihaes, sont arrêtés ou mis sous contrôle judiciaire et inculpés de coups et blessures sur mineurs de moins de 15 ans, défaut de soins et, pour deux d'entre eux, de séquestration de plus d'un mois.

En février 1995, le tribunal correctionnel de Versailles condamne la dirigeante, Délia Mihaes, à 3 ans de prison ferme et les deux autres responsables à 18 mois de prison ferme ; ces peines sont assorties de 3 ans de perte des droits civiques, civils et de famille et du versement de dommages et intérêts aux enfants, à l'UNADFI et aux ADFI de Paris et de Versailles. Seule une de ces trois personnes a exécuté sa peine, un mandat d'arrêt ayant été lancé contre Mme Mihaes et un des responsables, tous deux absents lorsque le tribunal a rendu son jugement. Les trois ont fait appel ; la Cour d'appel de Versailles a, le 9 mai 1995, majoré la peine de la dirigeante en la condamnant à 4 ans de prison ferme et confirmé par ailleurs le jugement du tribunal. Mme Mihaes n'a cependant jamais exécuté cette peine ayant quitté la France pour une destination non connue.

C'est l'autre responsable absent le jour du verdict qui comparaissait en septembre dernier devant la Cour d'appel de Versailles, ayant été extradé du pays où il vit depuis 1995.

On ne peut que regretter que Georges et Délia Mihaes qui sont les premiers et vrais responsables d'un grand nombre de drames individuels et familiaux aient pu, eux, rester impunis.


Canada : Mormons fondamentalistes

Une secte américaine lorgne du côté de la Saskatchewan

Radio Canada , 2 avril 2006

[Texte intégral]

Le chef d'une secte polygame américaine presserait ses adeptes de déménager en Saskatchewan.

Warren Jeffs de l'Église fondamentaliste de Jésus-Christ des Saints des derniers jours est recherché aux États-Unis. Il est accusé d'avoir pris illégalement l'avion pour fuir des poursuites judiciaires en Arizona.

Ce gourou est inculpé d'avoir organisé un mariage multiple entre une jeune fille de 16 ans et un homme plus âgé.

Le gérant du fond de fiducie de la secte affirme que des pourparlers sont en marche pour implanter le groupe en Saskatchewan, mais dit ne pas savoir où exactement. Cette secte a déjà une communauté en Colombie-Britannique.


Canada : Mormons fondamentalistes

La Saskatchewan ne veut pas de polygames

Canoë , 3 avril 2006

[Texte intégral]

La Saskatchewan ne veut pas devenir une seconde terre d'accueil au Canada pour une Église mormone polygame américaine qui voudrait s'installer au nord du 49e parallèle.

«La polygamie est interdite au Canada et plus encore, il y a des lois dans ce pays qui empêchent l'exploitation sexuelle des enfants et des mineurs», a déclaré lundi le Solliciteur général et ministre de la Justice de la province, Frank Quennell.

La «Fundamentalist Church of Jesus Christ of Latter Day Saints», dirigée par le fugitif Warren Jeffs et fondée sur la polygamie, est actuellement installée dans deux villes à la frontière des États de l'Arizona et de l'Utah. Elle compte quelque 10 000 fidèles.

Jeffs est accusé par les autorités américaines d'avoir organisé le mariage d'une adolescente de 16 ans et d'un homme plus âgé. Il est actuellement en liberté illégale et est recherché par les autorités.

La semaine dernière, un porte-parole de l'Église Bruce Wisan affirmait que Jeffs envisageait de fonder une nouvelle colonie en Saskatchewan et que peut-être jusqu'à 40 pour cent des fidèles de l'Église pourraient déménager dans une nouvelle location «très éloignée et non souillée».

Des Mormons se sont installés dans la communauté de Bountiful, en Colombie-Britannique, à la fin des années 1940.

En 2004, le gouvernement provincial avait annoncé que la GRC allait faire enquête sur des allégations d'agressions sur des enfants, de mariages organisés et d'exploitation sexuelle. Aucune accusation n'a jamais été portée.


Chine : Falungong

Pékin dénonce les "rumeurs" du Falungong sur la vente d'organes

AFP , 4avril 2006

[Texte intégral]

Le gouvernement chinois a dénoncé mardi, par la voix d'un porte-parole, les "rumeurs" de la secte interdite Falungong, qui accuse la Chine d'avoir tué des milliers de ses membres pour vendre leurs organes.

Vendredi, un porte-parole du département d'Etat, Adam Ereli, avait appelé la Chine à mener une enquête pour répondre à cette accusation.

Interrogé mardi à l'occasion d'un point-presse régulier, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Liu Jianchao, a répondu qu'il s'agissait de "rumeurs répandues par la secte illégale Falungong".

"Ces rumeurs circulent depuis un certain temps, si vous les regardez attentivement, vous voyez clairement qu'elles ne sont basées sur aucun fait tangible", a déclaré M. Liu.

"Sur le plan international, le Falungong utilise toutes sortes de ruses et toutes sortes de moyens pour saboter la stabilité sociale de la Chine ainsi que ses relations avec certains pays", a-t-il ajouté.

Le Falungong, interdit depuis 1999, a accusé la Chine d'avoir tué près de 75% de ses 6.000 adeptes qui étaient détenus dans un "camp de concentration" situé dans le nord de la Chine et d'avoir utilisé leurs organes pour des transplantations.

La Chine accuse le mouvement d'être un "culte satanique".

Le Falungong, devenu extrêmement populaire et revendiquant des millions d'adeptes, est considéré par Pékin comme la plus importante menace pour la stabilité du pays depuis le mouvement démocratique écrasé dans le sang le 4 juin 1989 sur la place Tiananmen de Pékin.


Canada : Moïse (Roch Terriault)

Un bâton qui suscite beaucoup de controverse

Canoë, 5 avril 2006

[Texte intégral]

L'ancien gourou Roch «Moïse» Thérriault croupit derrière les barreaux depuis maintenant 17 ans.

Mais l'homme suscite toujours autant de controverse. Le Musée de la civilisation vient de mettre la main sur son bâton de pèlerin, un objet qui rappelle de bien mauvais souvenirs à ses anciens disciples.

Cet objet tristement célèbre, Roch «Moïse» Thérriault l'appelait la «Vierge de Dieu» alors qu'il était à la tête d'une secte. Pourtant, ce bâton pourrait bientôt se retrouver au Musée de la civilisation.

Jacques Giguère, l'une des victimes de «Moïse» Thérriault, affirme que le bâton de pèlerin n'a jamais servi à frapper des disciples de la secte. Mais il lui rappelle les atrocités qu'il préfèrerait oublier. Son gourou l'a coupé au cou et lui a sectionné une partie de son prépuce. «C'est de donner de l'importance à quelqu'un qui n'en mérite pas», s'exclame l'ancienne victime.

Une autre victime de Moïse, Gabrielle Vallée, affirme qu'il est odieux qu'un musée s'intéresse au bâton de son agresseur. Roch Thérriault lui a percé la main gauche et coupé le bras.

«Faire d'un criminel une vedette, je trouve ça pour le moins déplorable», lance Mme Vallée.

C'est un ancien journaliste qui a remis le bâton pèlerin au Musée de la Civilisation. Il l'avait reçu des mains de Roch Thériault à la fin des années 1970.


Canada : Opus Dei

L'Opus Dei veut redorer son image

Radio Canada , 5 avril 2006

[Texte intégral]

Les membres canadiens de l'Opus Dei lancent une véritable offensive médiatique afin de contrebalancer l'effet que pourrait avoir sur eux la sortie prochaine d'un film basé sur le livre à succès Le Code Da Vinci.

L'organisation catholique conservatrice a ouvert un bureau de presse à Montréal.La directrice du bureau de presse montréalais, Isabelle Saint-Maurice, souligne que « c'est le moment pour nous de nous faire connaître, de nous expliquer », précisant que « le livre a fait surgir des questions. Les gens voient l'Opus Dei dans une conspiration. » En effet, l'auteur Dan Brown dépeint l'Opus Dei comme une organisation secrète qui oeuvre dans les coulisses du Vatican et dont les membres pratiquent l'autoflagellation.

À propos de l'autoflagellation, Mme Saint-Maurice confirme que les membres célibataires de l'organisation portent bel et bien sur la cuisse, deux heures par jour, un cilice, sorte d'anneau métallique serrant la chair et destiné à infliger une douleur à celui qui le porte.« Cela nous rappelle, un peu comme quand on regarde un crucifix, que Jésus a vécu des souffrances plus difficiles sur la croix », explique-t-elle. Idem pour la flagellation, qui, elle, « dure le temps d'un Je vous salue Marie » et se fait au moyen de coups de corde sur les fesses.

En ce qui concerne le caractère secret de l'organisation qui compte au Canada quelque 600 membres, dont 220 au Québec, une porte-parole canadienne, May Hartley, estime que « l'Opus Dei n'est pas secrète, mais plutôt discrète. » La controverse autour de l'organisation remonte plus loin, cependant, que la publication du Code Da Vinci. Qualifiée par plusieurs de « mafia sainte », de «phalange intégriste » ou encore « d'Église dans l'Église », elle a suscité des interrogations depuis pratiquement sa fondation.Fondée en 1928 par l'Espagnol Josémaria Escriva de Balaguer, l'organisation a été mainte fois accusée d'être trop proche du régime fasciste de Franco..


France : Témoins de Jéhovah

Pressions intégristes sur les hôpitaux

Le Point , 6 avril 2006 (article de Jérôme Cordelier)

[Extrait]

Le rapport au corps, la pratique de la prière, les interdits alimentaires... Rites et préceptes religieux s'immiscent dans le fonctionnement quotidien de l'hôpital. Les textes de loi protègent la liberté religieuse des patients. Dans les établissements hospitaliers publics, un espace est réservé aux aumôniers de tous les cultes, et les demandes alimentaires particulières sont respectées. Tant que la pratique est confinée à la sphère privée, pas de problème. Mais le bât blesse quand ces croyances heurtent la neutralité laïque du service public et entravent les traitements médicaux. Voire pis : menacent la vie du patient... « Une fois, en réanimation, raconte le docteur Jean-Pierre Bal, chef des urgences à l'hôpital intercommunal de Créteil (Val-de-Marne), un homme devait être opéré car il risquait la mort. Il a refusé. Il ne voulait pas de transfusion car il était Témoin de Jéhovah. On ne sait pas ce qu'il est devenu, sa volonté a été respectée... »


Canada : Opus Dei

L'Opus Dei ouvre un bureau à Montréal

La Presse, 6 avril 2006 par Caroline Touzin

[Texte intégral]

Monique David, 46 ans, ressemble à n'importe quelle autre femme d'affaires. Bien coiffée, maquillage impeccable, veston coupé à la dernière mode, le BlackBerry jamais loin. Rien à voir avec Silas, ce moine ombrageux membre de l'organisation conservatrice catholique décrite comme une secte assoiffée de pouvoir dans le best-seller Da Vinci Code.

Toutefois, comme Silas, elle se flagelle et porte un cilice- ceinture de crin ou d'étoffe rude et piquante, portée par pénitence. La directrice du conseil des femmes de l'Opus Dei au Canada souligne que la comparaison s'arrête là.

Pour répondre aux « mensonges » de l'adaptation cinématographique du livre attendue le 19 mai, l'Opus Dei a ouvert un « Bureau de presse canadien à Montréal », rue Sherbrooke, en face de l'Université McGill. À la fin mars, l'organisation a envoyé une lettre adressée personnellement aux journalistes québécois qui ont déjà couvert le sujet pour leur en annoncer l'ouverture.

Ce bureau pourrait être une bonne chose, bien que l'organisation ne dévoilera jamais tous ses secrets, selon le professeur de sociologie de l'Université de Montréal, Jean-Guy Vaillancourt. Ce dernier a fait des recherches sur l'Opus Dei. « Il y a des exagérations faites sur cette organisation à cause de sa façon secrète de fonctionner. Dans certaines régions du monde, ce sont des intégristes d'extrême droite. Mais ici, ce sont plutôt des conservateurs », indique-t-il.

Le mouvement laïque fondé en 1928 en Espagne sous la dictature de Franco ne vient pas de s'implanter à Montréal. Il y compte des membres « numéraires » (célibataires) et « surnuméraires » (mariés ou qui en ont l'intention) depuis 1979. Ils sont aujourd'hui 587 au Canada dont 220 au Québec, principalement dans la métropole. Les « coopérateurs », ceux qui appuient le mouvement sans nécessairement en respecter les règles, sont beaucoup plus nombreux. Ils sont 1640 dans l'ensemble du pays.

« Ils ont blanchi mon âme »

L'ancienne conseillère municipale de Montréal, Louise O'Sullivan, est une « coopératrice ». Être membre serait « trop difficile pour sa vie professionnelle », dit la fondatrice d'une firme de gestion de personnel. Elle se consacre à temps plein à son entreprise depuis sa défaite comme candidate conservatrice aux dernières élections fédérales.

C'est que les membres, comme son amie Monique David, vont à la messe chaque jour. En général, ils portent aussi le cilice deux heures par jour et se flagellent « le temps d'un Je vous salue Marie » une fois par semaine. Une fois par année, ils participent à une retraite de trois à cinq jours à Coteau-du-Lac. « J'y suis allée une journée et ils ont blanchi mon âme », raconte Mme O'Sullivan.

Juste après avoir lu Da Vinci Code en 2003, Mme O'Sullivan rencontre Monique David. La maison de cette dernière, située dans l'arrondissement de la conseillère municipale, vient d'être inondée. La politicienne lui rend visite. La sinistrée prend alors le temps de lui expliquer que le livre n'est qu'un « bon thriller qui n'a rien à voir avec la réalité de l'Opus Dei ».

Mme O'Sullivan est séduite par le mouvement qui lui fait « redécouvrir ses racines catholiques ». Et elle se rend compte qu'elle n'est pas la seule. D'autres gens d'affaires en font partie, dont certains qui fréquentent le club privé très sélect Mont-Royal.

La liste des quelque 80 000 membres dans le monde est secrète. Monique David insiste, toutefois, pour dire que l'Opus Dei est ouvert à tous. « Nos membres sont le reflet de la société, la majorité sont dans la classe moyenne. »

Un mouvement secret et riche

Au Canada, l'Opus Dei possède 17 centres, dont neuf au Québec. Le mouvement controversé lié à l'Église catholique recueille les dons par l'entremise d'une fondation et d'une association. Les membres numéraires leur versent en moyenne 20% de leur salaire. Selon sa déclaration de revenus 2004, la Fondation pour la culture et l'éducation possède des immobilisations d'une valeur d'un peu plus de 14 millions. À Montréal, l'Opus Dei dirige, entre autres, deux résidences universitaires. La Fondation a déclaré des revenus de 3 millions et des dépenses de près de 2 millions.

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France : Soins Psy

Un nouveau texte sur l'usage du titre de psychothérapeute

Le Monde , 8 avril 2006 par Cécile Prieur

[Texte intégral]

Le ministre de la santé, Xavier Bertrand, a réuni la communauté psy, vendredi 7 avril, afin de présenter la dernière mouture de son projet de décret réglementant l'usage du titre de psychothérapeute.

Face aux représentants des psychiatres, psychanalystes, psychologues et psychothérapeutes, le ministre a fait des concessions sur les points les plus contestés de l'avant-projet de décret, qui met en musique l'article 52 de la loi du 9 août 2004, sans toutefois renoncer à l'essentiel de son texte. Il a affirmé sa volonté de sortir celui-ci le plus tôt possible : "Nous sommes dans le principe de l'application d'une loi votée, a-t-il dit à l'issue de la réunion. Il y a une voie de passage qui devrait permettre de concilier tous les points de vue."

"UN TEXTE LISSÉ, ALLÉGÉ"

Une première version de l'avant-projet de décret avait suscité la colère de la communauté psy, qui avait dénoncé l'instauration d'une véritable "psychothérapie d'Etat" (Le Monde du 19 février). Considérant que le texte - en définissant le contenu de la formation de psychopathologie requise pour user du titre de psychothérapeute - s'immisçait dans une querelle scientifique, les professionnels du soin avaient lancé une pétition, par le site Œdipe.org, qui a recueilli à ce jour près de 2 700 signatures.

Face à l'afflux de critiques, M. Bertrand a d'abord affirmé, vendredi, qu'il n'était pas question de créer une nouvelle profession réglementée, comme le redoutent notamment les psychologues. Il a ensuite présenté une nouvelle version de son projet, délestée de ses points les plus litigieux. En matière de formation requise, la référence explicite "aux quatre principales approches de psychothérapies validées scientifiquement" a disparu ; le niveau de la formation n'est plus fixé au mastère, elle se borne désormais à "une durée de cent cinquante heures et un stage pratique d'une durée minimale de quatre mois". Tous les participants à la réunion ont considéré ce niveau comme insuffisant. M. Bertrand leur a alors demandé de lui adresser rapidement des propositions écrites.

"Le texte présenté a été lissé, allégé de ses aspérités les plus problématiques, mais sur le fond, rien n'a changé", a réagi Roland Gori, président du Séminaire interuniversitaire européen d'enseignement et de recherche en psychopathologie et psychanalyse (Siuerpp). "Cette nouvelle version est encore plus irrecevable que la première, elle ne constitue en rien une garantie dans la prise en charge psychique, pour le public", s'insurge Michèle Clément, secrétaire générale du Syndicat national des psychologues. Reconnaissant l'existence d'un "malaise" particulier aux psychologues, le ministre a répondu en constituant un groupe de travail sur cette profession.


France : Soins Psy

Communiqué de presse de la FFPP

FFPP , 7 avril 2006

[Texte intégral]

Le vendredi 7 avril, le Ministre de la Santé, M. Xavier Bertrand a réuni les organisations de psychologues, de psychiatres, de psychanalystes et de psychothérapeutes, pour leur présenter la nouvelle mouture du projet de décret sur la psychothérapie. Ce texte constitue une attaque frontale contre la profession de psychologue, et la mise sur pied d’une nouvelle profession au rabais : celle de psychothérapeute.

L Ministère de la Santé, chargé par le parlement de lutter contre la dérive sectaire lui donne les moyens de s’organiser. Si bien entendu, ce revirement du ministère de la santé est en partie lié au lobbying efficace de sociétés de psychothérapeutes, la question essentielle est de savoir pourquoi elles ont eu une oreille aussi complaisante au Ministère, et c’est surtout là, que la situation est inquiétante

Il est clair que le ministère de la santé s’est donné les moyens d’organiser une profession de sous-psychologues.

la FFPP travaille à des amendements du texte. Elle va les proposer à toutes les organisations susceptibles de défendre non seulement les psychologues, mais ce que le ministère a complètement abandonné : les usagers. Peut-on espérer un sursaut et une convergence des actions ?


Etats-Unis : Religions

La prière serait dangereuse pour la santé

Le Monde, 9 avril 2006 par Jean-Yves Nau

[Texte intégral]

The American Heart Journal, la bible mensuelle de la cardiologie, publie dans sa livraison d'avril une étude qui évalue le rapport bénéfice-risque de la pratique de la prière. Ce travail est signé de seize praticiens dirigés par les docteurs Herbert Benson et Patricia L. Hibberd. S'il s'agit bien ici de prière - cet acte de religion par lequel on s'adresse à Dieu pour l'implorer ou pour l'adorer -, il faut préciser qu'il s'agit de prières collectives effectuées pour le bénéfice potentiel de tierces personnes.

Les auteurs de la publication de l'American Heart Journal précisent, en introduction de leur article, qu'il s'agit là de pratiques très répandues dans certaines congrégations religieuses, mais que ces pratiques n'ont pas, jusqu'ici, fait la preuve scientifique de leur efficacité. Le temps était donc venu de faire la lumière en usant des outils méthodologiques habituellement utilisés en médecine pour établir un lien de causalité et faire la part du hasard.

Ce travail a été conduit auprès de 1 802 personnes ayant subi, entre janvier 1998 et novembre 2000, dans six établissements hospitaliers américains, un ou plusieurs pontages aorto-coronariens - intervention chirurgicale très répandue qui consiste à modifier le circuit de la vascularisation du muscle cardiaque chez des personnes exposées au risque d'infarctus du myocarde.

Trois congrégations religieuses, deux catholiques et une protestante, ont été chargées de prier pour " la réussite de l'opération chirurgicale et une guérison rapide sans complications " des malades dont elles recevaient le prénom et l'initiale du nom de famille.

Après tirage au sort, trois groupes furent constitués. Les personnes du premier et du deuxième groupe avaient été informées de ce qu'elles pourraient ou non faire l'objet de prières. En réalité, seul le deuxième groupe en aura bénéficié. Le troisième groupe fut, lui, effectivement l'objet de prières et en fut préalablement informé. Toutes ces prières ont été prononcées durant une période de quatorze jours commençant la nuit précédant l'intervention de chirurgie cardiaque.

Le premier point-clé de l'étude était la survenue ou non d'une complication médicale à 14 et à 30 jours. Le second concernait les taux d'accidents graves ou mortels. Dans les deux premiers groupes - ceux composés des personnes ne sachant pas si on priait ou non pour elles -, les auteurs de ce travail ont observé une égalité presque parfaite des conséquences de l'intervention. Des complications sont survenues chez 315 des 604 personnes du premier groupe et chez 304 des 597 du deuxième, soit des taux respectifs de 52 % et 51 %.

Quant au troisième groupe - pour lequel les prières étaient effectivement effectuées et les malades informés qu'elles l'étaient -, le taux de complications a été de 59 % (352 sur 601). La fréquence des nouveaux infarctus fut aussi supérieure (18 % contre 13 %). Quant aux taux de mortalité, ils furent les mêmes dans les trois groupes.

Les auteurs de ce travail en tirent deux conclusions. Non seulement cette forme de prière n'a pas, ici et dans cette indication, démontré la preuve de son efficacité, mais il est désormais établi qu'elle peut avoir des effets nocifs. Du moins quand les malades savent que des inconnus s'adressent à Dieu pour implorer qu'Il oeuvre à prévenir les complications d'un pontage aorto-coronarien.

Comment comprendre ? Les auteurs expliquent ce résultat, non sans un certain bon sens, par le stress subi par des patients inquiets de se savoir à ce point malades " que l'on avait dû avoir recours, les concernant, à un groupe de prière ".

The New York Times précise que cette étude, qui n'était en aucune manière destinée à " déterminer si Dieu existe ou s'Il exauce ou non les prières ", a coûté 2,4 millions de dollars. Une somme pour l'essentiel fournie par la Fondation religieuse John-Templeton...


Europe : Sectes

Les sectes de plus en plus redoutables

Express , 9 avril 2006 par Pascal André

[Texte intégral]

Compte rendu d’un colloque organisé par la FECRIS 

La Fédération européenne des Centres de recherche et d’information sur le sectarisme (FECRIS) organisait, le 25 mars dernier, à la Fondation universitaire de Bruxelles, un colloque sur “L’internationalisation des sectes: un danger pour les droits humains en Europe?” Douze intervenants se sont succédé à la tribune pour tenter de répondre à cette question. Bref compte-rendu.

LES SECTES

Plus redoutables que jamais

Un constat s’imposait à tous à l’issue du colloque organisé, le 25 mars dernier, par la FECRIS: l’activité des groupes sectaires est loin d’avoir diminué ces dernières années, même si elle est peut-être devenue moins visible. On comprend, dès lors, l’intérêt d’une telle réunion,dans la mesure où elle permet de mieux comprendre le fonctionnement des organisations sectaires, mais aussi d’identifier les méthodes utilisées par celles-ci pour exploiter les faiblesses de nos régimes démocratiques. Ainsi,plusieurs intervenants ont-ils pointé du doigt le lobbying effréné de certaines sectes auprès des décideurs politiques et économiques.

Pressions américaines

En fait, leur objectif est assez simple à comprendre. Ce que veulent avant tout les sectes,c’est améliorer leur image et obtenir une reconnaissance officielle, en recrutant des célébrités (Tom Cruise, John Travolta, Sophie Favier…),en portant attention aux plus démunis ou en prenant parti pour de nobles causes, telles que la lutte contre la drogue, l’assistance aux victimes des catastrophes naturelles, l’aide aux détenus dans les prisons, et bien sûr le respect de la liberté religieuse, qui constitue leur principal cheval de bataille. L’ennui, c’est que ces groupes bénéficient d’un large soutien de la part des pays scandinaves et anglo-saxons, très attachés à la liberté de culte. Le Sénat américain a ainsi adopté en novembre1998 une loi sur la liberté de religion dans le monde, prévoyant des sanctions à prendre contre tout pays convaincu de “persécutions religieuses”, même lorsque celles-ci s’exercent à l’encontre de mouvements tels que l’.Église de Scientologie. Voilà pourquoi la Française Catherine Picard, présidente de l’Union nationale des Associations de défense des familles et de l’individu (UNADFI), estime qu’il est grand temps que l’on réglemente la pratique du lobbying, car celui- ci est “anti-démocratique” et “permet à des mouvements antisociaux et totalitaires de légitimer leur action”. Son compatriote Jean-Pierre Jougla, avoué à la Cour d’Appel de Montpellier et également membre de l’UNADFI, a tenu, quant à lui, à faire part de ses inquiétudes. Il a effectivement le sentiment que les groupes sectaires ont de moins en moins peur d’avancer à visage découvert. Sans doute, estime l’expert, parce qu’ils ont déjà partiellement atteint leur objectif qui est de rendre perméable à leurs doctrines le mode de pensée de nos contemporains. “Dans leur logique”, explique l’expert, “ce qui s’applique à leurs membres doit pouvoir être appliqué à la société tout entière".

Autre danger mis en avant par les intervenants: le fait que certains grands mouvements sectaires fassent parfois mine de disparaître, dans le seul but de mieux réapparaître plus tard. Comment? En se scindant en une myriade d’associations et de petits groupes locaux particulièrement difficiles à appréhender. Ou en développant de nouvelles formes d’embrigadement, comme la formation professionnelle, le coaching, les régimes diététiques ou encore l’accompagnement psychologique. À ce sujet, l’exposé du psychiatre allemand Günther Klosinsky était particulièrement édifiant. D’après lui, certaines psycho-sectes font effectivement un usage abusif de psychothérapies insolites, comme la technique du rêve éveillé centré sur un thème, dont les conséquences peuvent être dramatiques pour les personnes qui y recourent.

L’Italienne Maria Pia Gardini a également suscité une vive émotion au sein de l’auditoire en racontant comment sa fille de 19 ans, toxicomane, s’est retrouvée prisonnière de l’Église de Scientologie après avoir participé à un programme de désintoxication chez Narconon, l’une de ses sociétés écran.

Des exemples qui montrent combien la vigilance s’impose aujourd’hui plus que jamais. Car en ces temps de mondialisation, les organisations sectaires semblent particulièrement bien s’adapter – et même parfois mieux que ne le font parfois les religions traditionnelles – aux préoccupations de l’homme moderne et aux avancées technologiques.

Des lacunes dans la lutte anti-sectes

Hasard du calendrier ou pas, la FECRIS a été particulièrement bien inspirée en programmant son colloque sur l’internationalisation des sectes le 25 mars dernier. Deux jours plus tôt, le Groupe de travail chargé d’assurer le suivi des recommandations de la Commission parlementaire “Sectes” présentait en effet son rapport à la Chambre des Représentants de Belgique. Un texte documenté et instructif, qui met notamment en lumière de nombreuses lacunes dans la lutte contre les groupes sectaires nuisibles.

Ce constat est d’autant plus inquiétant que les sectes ont plutôt tendance à se multiplier, ces dernières années. Ainsi, le Centre d’information et d’avis sur les organisations sectaires nuisibles signale qu’il a été amené, depuis 1999, à examiner les agissements de 598 groupements, dont seulement 94 avaient été cités lors des travaux de la commission d’enquête parlementaire de 1997.

Heureusement, le Groupe de travail propose des modifications de loi pour remettre en selle la lutte anti-sectes. La plus spectaculaire d’entre elles est sans doute la proposition de loi qui vise à introduire une nouvelle disposition dans le code pénal afin de “réprimer les manoeuvres de contrainte psychologique ou physique, ainsi que l’abus de la situation de faiblesse de l’individu ou de son état d’ignorance”.

Mais ce n’est pas tout. Le groupe de travail veut également modifier la loi pour abaisser le seuil de l’infraction, afin de rendre possible une intervention des forces de l’ordre avant que des dégâts réels (enlèvements de mineur, ponction des comptes…) se produisent. 


France : Soins Psy

Le ministère de la Santé est en voie de brader le titre de psychothérapeute

SOS-Thérapires , 9 avril 2006 par Catherine Lebon

[Texte intégral]

Voir également le communiqué de presse de la FFPP

Le Ministère de la Santé est en voie de brader le titre de psychothérapeute au mépris des patients…

La protection de la santé (dont la santé psychique) constitue-t-elle toujours un droit républicain ? C'est une question que l'on peut se poser suite au revirement du Ministère de la Santé lors de sa dernière proposition de décret relatif à la réglementation du titre de psychothérapeute. Au vu du texte, "revirement" sonne comme un doux euphémisme qui édulcore une situation plus que critique…

Petit rappel

Après moultes péripéties naissait, le 9 août 2004, la loi 2004-806 et son article 54 qui entendait réglementer l'usage du titre de psychothérapeute. Depuis lors, le décret d'application était en hibernation à cause des réactions glaciales qu'il suscitait dans la nébuleuse psy.

En janvier dernier, le Ministère de la santé réunissait une vingtaine d'associations représentant des psychologues, des psychiatres, des psychanalystes et des psychothérapeutes pour présenter un projet de décret. Celui-ci prévoyait notamment:

  • La création d'un registre national des psychothérapeutes
  • Une formation obligatoire de niveau Bac+5 (master) qui visait à acquérir "une connaissance de la diversité des théories se rapportant à la psychopathologie et une connaissance des quatre principales approches de psychothérapie validées scientifiquement (analytique, systémique, cognitivo-comportementaliste, intégrative)".

La formation minimale de 5 ans et l'évocation des techniques scientifiquement validées ont fait brandir les boucliers et crier haro contre une psychothérapie d'Etat.

Ce retour du refroidissement climatique laissait présager une nouvelle dormance du décret d'application. Mais c'était une erreur d'appréciation. C'était oublier que le froid provoque le rétrécissement de certaines matières. Il semblerait que les décrets d'application soient également concernés par cette loi physique…

Projet de décret et rétractations en tous genres.

Le 7 avril 2006, le Ministère de la santé proposait un autre projet de décret. La version du mois de janvier 2006 a subi plusieurs coupes franches égratignant sévèrement au passage la crédibilité du monde psy. Quant à la protection des patients, il semble bien qu'elle soit tombée aux oubliettes, au même titre que l'exigence d'un diplôme bac+5 et la connaissance de techniques de psychothérapies scientifiquement validées.

Alors, que nous propose désormais le Ministère de la santé?

  • Les psychothérapeutes installés depuis plus de cinq ans peuvent s'inscrire au registre national sans obligation de suivre ou d'avoir suivi une quelconque formation.
  • Les psychothérapeutes installés depuis moins de cinq ans sont inscrits transitoirement dans le registre national mais devront suivre une formation en psychopathologie.
  • Les psychothérapeutes nouvellement installés doivent justifier d'une formation en psychopathologie clinique pour pouvoir être inscrits au registre national.

Quelle formation obligatoire pour les psychothérapeutes?

Le projet de décret prévoit une formation de 150 heures et un stage pratique d'une durée minimum de 4 mois effectué en université ou dans un organisme passant convention avec une université.

Quelques problèmes posés par ce décret

Nous voici donc avec un projet de décret allégé de ce qui assurait au patient un minimum de compétences essentielles.

Les psychiatres, psychologues, et psychanalystes clament de concert que le niveau de formation proposé (150 heures) est très insuffisant pour mener à bien un travail thérapeutique de qualité. 150 heures de formation seulement pour prétendre prendre en charge un patient : de qui se moque-t-on ? Quant à la façon dont sera dispensée cette formation, c'est le flou artistique complet…

Pourquoi avoir abandonné les références aux techniques de psychothérapies validées scientifiquement? N'est-ce pas laisser la porte ouverte aux méthodes aussi folkloriques que fantaisistes dont les "praticiens" pourront en plus se targuer désormais d'avoir un titre reconnu?

L'absence d'évaluation des psychothérapeutes installés depuis plus de cinq ans pose également question. En quoi la longévité est-elle garante d'une qualité quelconque dans ce domaine? Il est de notoriété publique qu'il existe des pseudo-thérapeutes qui sévissent depuis des années, faisant des ravages, en toute impunité. Cette tolérance donne un blanc seing à des "psys" qui peuvent être sans compétences, à même d'occasionner des dégâts chez des patients déjà en souffrance.

En somme, ce projet de décret offre sur un plateau d'argent un titre reconnu à des personnes sans aucune qualification au pire, avec une formation a minima au mieux.

Plus qu'un revirement, nous assistons à une véritable régression.

Que fait-on des victimes de psychothérapies déviantes et abusives? Que fait-on des multiples mises en garde de la MIVILUDES (pourtant rattachée au cabinet du premier ministre!) sur les risques de certaines pratiques psychothérapeutiques? Tout cela semble foulé du pied et c'est si déconcertant qu'il est tentant de se demander : "à qui profite le crime"?

Nous rappelons que la protection de la santé est un droit constitutionnel. Ce projet de décret va à l'encontre de ce droit formulé dans le préambule de la constitution. Le Ministère de la santé semble agir comme si la psychothérapie n'était pas un acte de soin à part entière. Pourtant, c'est bien ce qu'il est, et c'est parce qu'il ne s'agit pas d'un acte anodin que les patients ont le droit d'être pris en charge par des professionnels compétents et non sous-formés.

Les associations de victimes , dont la nôtre , sont de plus en plus sollicitées pour des problèmes liés à la "psy". La recrudescence de ce phénomène devrait inciter le Ministère de la Santé à la vigilance et à l'action.

Il est plus que temps de remettre les patients et les victimes de pseudo-thérapeutes au cœur de ce décret. Cela est effectivement difficile, demande de la force et du courage dans une situation que l'on a laissé s'enliser pendant des années. Aussi, la tentation doit-elle être grande de faire de l'allégé pour que s'allège, en même temps, le poids des pressions venant de toutes parts…

Le Duc de Lévis a dit : "Le courage est compatissant, la faiblesse égoïste". Formulons le vœux que le Ministre de la Santé sera compatissant avec les usagers de psychothérapies et qu'il ne confondra pas compromis et compromission.


Etats-Unis : Scientologie

"Naissance silencieuse": la scientologie serre les rangs autour de Cruise

AFP, 9 avril 2006 par Marc Lavine

[Texte intégral]

LOS ANGELES - Des stars d'Hollywood, membres de la scientologie sont montées au créneau cette semaine pour défendre leurs coreligionnaires Tom Cruise et sa fiancée enceinte Katie Holmes, à qui les règles de la secte imposent un accouchement silencieux.

Alors que la naissance du premier enfant du couple d'acteurs est imminente, la presse spécialisée dans les célébrités a rappelé, parfois sur un mode ironique, que la scientologie exige de ses fidèles qu'ils restent silencieux pendant la mise au monde des bébés.

Le fondateur de la secte, l'écrivain Ron Hubbard, auteur notamment de livres de science-fiction, estimait que les bébés, comme les adultes, pouvaient "absorber" les mots prononcés lors de leur naissance, avec des conséquences potentiellement négatives sur leur vie future.

"C'est seulement du bon sens de créer un environnement calme et plein d'amour" lors de la naissance, a affirmé à l'AFP Anne Archer, actrice qui partageait l'affiche du film "Liaison fatale" avec Michael Douglas en 1987, et vue aussi dans "Short Cuts" de Robert Altman.
"Le travail d'une femme en train d'accoucher est quelque chose de très intense. Si des gens se déplacent autour d'elle tout en bavardant, cela peut devenir inconfortable", a-t-elle fait valoir.

De leur côté, John Travolta, star de "Pulp Fiction" et "La fièvre du samedi soir", et son épouse Kelly Preston, également scientologues, ont assuré que les parturientes n'étaient tout de même pas tenues au silence le plus total. "Il faut juste essayer d'être le plus silencieux possible. Evidemment, on gémit et on crie. Ca fait mal. Il faut simplement en faire le moins possible", a déclaré Mme Preston au site internet spécialisé dans le cinéma imdb.com. "Avec chaque naissance viennent des émotions et des douleurs dont on ne veut
pas"
, a reconnu John Travolta.

La méthode de "naissance silencieuse" des scientologues a fait la une de la presse magazine la semaine dernière lorsqu'ont émergé des photos de "panneaux de naissance" présumés en cours de livraison dans la villa de Beverly Hills, près de Los Angeles, que partagent Cruise, 43 ans, et Holmes, 26 ans.

L'un des panneaux, selon ces médias, portait l'inscription "Restez silencieux et faites en sorte de bouger lentement et de façon prévisible".
Mais Mme Archer, 58 ans, qui incarnait la femme d'Harrison Ford dans les films d'espionnage "Jeux de guerre" (1992) et "Danger immédiat" (1994), a assuré que ces informations étaient inexactes et qu'elle n'avait jamais entendu parler de tels panneaux. "Evidemment, on ne peut pas interdire complètement de parler, ce serait ridicule", a affirmé cette fidèle de la scientologie depuis près de trois décennies, tout en rappelant les enseignements de Ron Hubbard. "Tout ce qui se passe autour de vous (à la naissance) est enregistré de manière inconsciente et les mots en particulier. Les cris comme "poussez, poussez" peuvent parfois avoir des effets secondaires plus tard dans votre vie", a-t-elle assuré. Mme Archer a toutefois démenti que les mères scientologues n'aient pas le droit de prendre des médicaments antidouleur. La secte interdit l'utilisation des antidépresseurs et des psychotropes. "La scientologie n'a rien à dire quant à l'utilisation des analgésiques. Nous savons tous qu'il est plus souhaitable de ne pas en prendre, mais cela se passe entre le patient et le médecin", a-t-elle souligné.

Tom Cruise s'était attiré des critiques l'été dernier après avoir professé ses convictions religieuses et stipendié la psychiatrie alors qu'il participait
à la télévision à la promotion du film de Steven Spielberg "La guerre des mondes".


Belgique : Sectes

Quelle politique mettre en place face aux dérives sectaires

Dimanche Express , 9 avril 2006 propos recueillis par Charles Delhez

[Texte intégral]

Rencontre avec le professeur Louis-Léon Cristians

A la demande de la Politique scientifique fédérale, dans le cadre du programme “Problèmes actuels concernant la cohésion sociale”, les professeurs Vassilis Saroglou et Louis- Léon Christians, de l’UCL, ont mené une étude (Academia Press, 2005) sur les mouvements religieux contestés. Ils ont mis en relation la psychologie, le droit et les politiques de précaution.

Questions à Louis-Léon Christians, juriste. 

Peut-on renoncer à ses droits?

On le fait sans cesse. Tout choix est un engagement qui nous prive de certaines choses. Si j’expérimente ceci, je renonce à cela. La loi intervient souvent pour assurer que ces renonciations ne se fassent pas à n’importe quelle condition et en tout cas qu’elles ne puissent jamais conduire à se soumettre de façon absolue à un tiers. Dans la vie religieuse (au sens large), le renoncement est érigé en idéal, et est protégé à ce titre par les droits de l’homme. Mais ce que l’.État ne peut admettre, c’est un renoncement qui déboucherait sur des formes nouvelles d’esclavage ou d’emprise. Il y a donc un continuum: le renoncement peut être accepté comme valeur pour autant qu’il ne soit pas obtenu ou maintenu par le biais d’abus. 

Aujourd’hui, peut-on encore parler de sectes?

On a renoncé à ce vocable trop marqué par des a priori. Il vaut mieux parler de dérives sectaires, et aucun groupe n’est à l’abri. Dans le domaine religieux, on peut constater l’existence de groupes intenses et contestés. Certains vont au-delà d’une vie religieuse intense. Leurs membres ont en général besoin d’une connaissance claire et précise qui donne des repères sûrs. Ils ont souvent été marqués par des événements négatifs de leur vie passée. Les groupes auxquels ils adhèrent sont “holistes” – ils englobent toute la vie – et se tiennent en retrait du monde. Dans notre étude, nous avons interrogé 400 personnes qui étaient proches de ce genre de groupes, qui en étaient membres ou qui en étaient sortis. 

Quelle est la position de la Cour européenne des droits de l’Homme?

Elle est double. Il s’agit à la fois de protéger contre les abus qui menaceraient la liberté des individus et mettraient en péril les droits fondamentaux; il s’agit aussi de lutter contre l’intolérance en matière religieuse. Contre les sectes, on utilise volontiers le mot de “manipulation”, mais il y a en a dans tous les domaines de la vie. L’éducation est une forme de “manipulation”. Le tout est de voir quand celle-ci devient illégitime, comme, par exemple, dans l’abus de position de faiblesse. 

Ici encore, il y a un continuum: la manipulation peut insensiblement devenir perverse. Mais l’Europe est aussi soucieuse de préserver la liberté religieuse. L’Autriche et la France, par exemple, ont pu être condamnées pour le retrait de la garde de son enfant à une mère sur la seule base d’imputations théoriques liées à son appartenance à un groupe donné. 

Vous parlez du principe de précaution…

C’est également un principe que l’on retrouve dans d’autres domaines. Pensez aux O.G.M. Il s’agit de répondre à l’incertitude: “Je ne sais pas à l’avance s’il y a un risque.” Les mécanismes de précaution commencent par l’information. Cette étape a été menée à bien en Belgique par le Centre d’information et d’avis sur les organisations sectaires nuisibles. Il s’agit de susciter une réflexion documentée, et non la simple gestion d’une liste de mouvements (technique désormais prohibée par la loi). Il faut aussi, deuxième élément, encourager des dispositifs de cohésion sociale. Ainsi, les techniques de médiation permettent aujourd’hui tant au groupe qu’à la personne concernée de prendre conscience, de changer, d’évoluer. Dans les domaines d’incertitude, il faut responsabiliser l’ensemble des intéressés. Ce genre de démarche ne correspond évidemment pas toujours au profil des personnes en danger ni à celui des dérives les plus radicales. Des améliorations du droit pénal commun sont alors à penser. Concluons en disant que la question des sectes est un test pour la démocratie: par delà les polémiques, lutter contre les pratiques abusives est une exigence de dignité humaine qu’un programme de cohésion sociale doit soutenir sans confondre étrangeté et dangerosité.


Etats-Unis : Religions

Implants : " la marque de Satan " pour les évangélistes américains

Le Monde, 11 avril 2006

[Texte intégral] 

" La marque de la Bête. Elle obligea tous les hommes, petits et grands, riches et pauvres, libres et esclaves, à recevoir une marque sur la main droite ou sur le front, afin que nul ne puisse acheter ou vendre s'il ne possédait cette marque, qui est le nom de la Bête ou le chiffre de Son nom. "

En s'appuyant sur ce passage du Nouveau Testament, la droite religieuse protestante américaine mène une campagne vigoureuse contre les implants RFID (radio frequency identification), considérés comme l'oeuvre de Satan. Les publications et les sites Internet de nombreuses Eglises évangéliques mettent en garde les fidèles contre la tentation de se faire implanter : " Avec la technologie moderne, il est très possible que la Marque soit directement liée à une puce informatique (...). Mais les Ecritures disent aussi : "Quiconque vénère la Bête et son image, et reçoit sa Marque sur le front ou sur la main, devra boire le vin de la colère divine (...) et sera tourmenté avec du soufre brûlant."

Vous serez soumis à des pressions intenses pour vous conformer à l'exemple de ceux qui auront accepté la Marque. La puissance satanique accomplira des miracles pour vous duper et vous inciter à la porter. Mais vous devrez refuser (...), votre salut éternel en dépend " (www. EvangelicalOutreach. org).

Largement reprise par les stations de télévision et de radio religieuses américaines qui diffusent leurs programmes dans le monde entier, cette thèse a jeté le trouble dans l'esprit de nombreux croyants de toutes confessions. Certains groupes religieux radicaux passent déjà à l'action directe. Un peu partout aux Etats-Unis, ils organisent des manifestations et des actions commandos contre des entreprises et des supermarchés utilisant de simples étiquettes RFID sur leurs marchandises ou leurs cartes de crédit.

Pour ces activistes, l'arrivée des implants RFID représente le mal absolu, et ils se préparent à un combat acharné. De l'autre côté de l'éventail politique, des associations de défense des droits civiques et des mouvements libertaires et altermondialistes surveillent de près le déploiement des technologies RFID, et tentent de mettre en garde le public contre les dérives possibles. Ils craignent que les grandes entreprises et les administrations mettent peu à peu en place des systèmes de surveillance intégrale de la population, touchant tous les aspects de la vie publique, privée et professionnelle. Ils rappellent que l'Association américaine des vétérinaires gère un fichier centralisé à l'échelle nationale, répertoriant des millions de chats et de chiens porteurs d'un implant. Techniquement, rien n'empêche une entreprise d'en faire autant avec ses employés et ses clients, ou un gouvernement avec les soldats, les fonctionnaires, les repris de justice, les malades mentaux, et pour finir tous les assurés sociaux.

D'autres s'inquiètent des risques de piratage, car, en général, les implants sont dépourvus de toute protection. Des expériences de laboratoire ont montré qu'un hacker peut capter subrepticement le numéro d'identification d'un chip implanté avec un lecteur un peu puissant, puis l'enregistrer dans un autre appareil émetteur : il pourra ainsi simuler la présence de l'implant piraté, et se faire passer pour son propriétaire légitime. Il existe des implants cryptés, mais ils sont chers, et lisibles uniquement par des scanners spéciaux.

Pressentant l'émergence d'un nouveau marché, des sociétés de sécurité informatique et des inventeurs solitaires ont mis au point
des cartes " anti-RFID ", qui brouillent les fréquences radio, neutralisant provisoirement les étiquettes et implants dans un rayon de quelques dizaines de centimètres. Officiellement, les entreprises fabriquant ses systèmes restent à l'écart de ce débat, mais, en sous-main, leurs cabinets de relations publiques et leurs lobbyistes sont entrés dans la bataille, à la fois pour vanter les mérites de cette technologie et pour déconsidérer ses différents opposants par tous les moyens.


Russie : Sectes

Beslan: arrestation d'un gourou qui promettait de ''ressusciter'' les victimes

Top Chrétien, 12 avril 2006

[Texte intégral] 

Le Parquet de Moscou a annoncé jeudi l'arrestation et l'ouverture d'une enquête judiciaire pour "escroquerie" contre un gourou russe qui avait
rencontré des familles de victimes de la prise d'otages de Beslan et avait promis de "ressusciter" leurs enfants.

"Le chef d'une secte, Grigori Grabovoï, a été arrêté le (mercredi) 5 avril sous l'inculpation d'escroquerie", a indiqué à l'AFP un
porte-parole du Parquet de Moscou, se refusant à tout autre précision.

Grigori Grabovoï avait proposé aux membres du Comité des mères de Beslan de "ressusciter" leurs proches disparus dans la prise d'otages de l'école n°1, en Ossétie du Nord, du 1er au 3 septembre 2004, qui avait fait 331 morts (dont 186 enfants), sans compter 31 membres du commando pro-tchétchène tués.

La présidente du Comité des mères de Beslan avait confirmé à l'AFP avoir rencontré le gourou et affirmé "être prête à tout pour revoir (son)
fils, y compris en rêve".


L'affaire avait fait grand bruit en Russie, les télévisions russes montrant des images d'un congrès de la secte où participaient des mères
de Beslan.

Certains médias russes avaient évoqué un coup monté par les services secrets russes ou tout du moins une utilisation de la situation pour
discréditer un Comité qui critique violemment l'enquête et le procès de la prise d'otages.

Dans une lettre ouverte au Parquet, les mères avait demandé en septembre dernier de prendre les "mesures légales nécessaires concernant les activités criminelles du charlatan Grigori Grabovoï".

Source : La Croix


Canada : Moïse (Roch Terriault)

Le bâton de Moïse est authentifié

Canoë, 5 avril 2006 par Karine Gagnon

[Texte intégral]

Le Musée de la civilisation est parvenu à faire authentifier, hier, le bâton de pèlerin de Roch Thériault, alias «Moïse», ce qui lui a permis de le ranger officiellement dans ses archives.

Une ex-disciple bien connue pour avoir raconté son histoire dans un livre, Gabrielle Lavallée, s'est rendue au Musée, hier matin, afin d'authentifier le fameux bâton. Mme Lavallée, qui a eu un bras sectionné sans anesthésie par Thériault, s'est dite profondément outrée, la semaine dernière, que l'établissement puisse même songer à conserver cet objet.

Tel que rapporté par le Journal, le mois dernier, le bâton a été remis par un journaliste. Roch Thériault lui en avait fait don après avoir échoué dans une tentative pour rencontrer le premier ministre de l'époque, René Lévesque.

«Mme Lavallée nous a contactés et nous lui avons fait valoir le bien-fondé de la démarche, a expliqué, hier, Serge Poulin, porte-parole du Musée. Nous lui avons expliqué que, en acceptant ce don, le Musée de la civilisation ne cautionne nullement les méfaits commis par Roch Thériault. Cependant, le rôle d'un Musée est aussi de conserver des objets qui témoignent d'événements malheureux de l'histoire de nos sociétés.»

M. Poulin signale que, dans le cas présent, si le Musée conserve cet objet, ce n'est certainement pas pour faire l'éloge de cet individu, mais bien pour faire en sorte que ce genre d'événement ne se reproduise jamais. Il compare le tout aux musées de la Shoah (Holocauste), qui dénoncent l'horrible sort imposé aux Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, par le biais de divers artefacts.

Livre en échange

Mme Lavallée s'est donc présentée au Musée avec les deux versions de son livre L'Alliance de la brebis, dont l'une ne comprend pas les noms véritables des ex-disciples de la secte. «Si jamais le bâton était utilisé pour une exposition, nous avons convenu qu'il serait accompagné des livres de Mme Lavallée», a expliqué M. Poulin.

Quoi qu'il en soit, le bâton, qui a été rangé dans la réserve du Musée, où il sera conservé à une température optimale, ne sera pas utilisé avant 2009, la programmation étant déjà complétée jusqu'à cette date.


Italie : Opus Dei

L'Opus Dei souhaite un message de démenti au générique du "Da Vinci Code"

AP, 16 avril 2006

[Texte intégral]

ROME - L'Opus Dei, organisation catholique conservatrice proche du Vatican, a fait savoir samedi à Sony que la diffusion d'un message de démenti au générique du film "Da Vinci Code" serait un signe de respect envers Jésus et l'Elise catholique.

"Des médias ont écrit que Sony examinait la possibilité de diffuser avant le film un message expliquant qu'il s'agit d'une fiction et que toute similitude avec des faits réels ne serait que pure coïncidence"
, a déclaré l'Opus Dei sur son site Internet.

L'organisation catholique a aussi précisé qu'elle avait adressé un courrier en ce sens au siège de Sony Pictures Entertainment au Japon.

L'adaptation cinématographique du best-seller de Dan Brown, avec Tom Hanks et Audrey Tautou, est attendue le 19 mai prochain dans les salles. Réalisé par l'Américain Ron Howard, le film fera l'ouverture du 59e Festival de Cannes le 17 mai 2006.

Le "Da Vinci Code" soutient l'hypothèse que Jésus aurait épousé Marie-Madeleine et qu'ils auraient une descendance. L'Opus Dei y est dépeinte comme une secte assoiffée de pouvoir qui n'hésite pas à recourir au meurtre, notamment pour dissimuler la descendance du Christ.
Sony Pictures Entertainment avait assuré en février que le film n'avait rien de religieux et n'entendait critiquer aucun groupe, qu'il soit religieux ou pas.
L'Opus Dei avait alors déclaré qu'elle n'avait pas l'intention d'appeler au boycott du film, mais avait espéré que les "références qui blesseraient les catholiques" seraient coupées au montage.

Vendredi, à l'occasion du vendredi Saint, le père Raniero Cantalamessa a dénoncé dans son homélie depuis la basilique Saint-Pierre de Rome ceux qui font leur profit en reniant l'enseignement de l'Eglise.


Canada : Eglise du Christ

Une Française luttant pour la garde de ses enfants est incarcérée au Canada

AFP, 16 avril 2006 par Karine Gagnon

[Texte intégral]

MONTRÉAL - Nathalie Gettliffe, une Française de 35 ans luttant pour protéger ses enfants d'une secte chrétienne où leur père s'est engagé au Canada, a été interpellée lors de son retour dans ce pays et était toujours incarcérée ce week-end, a affirmé dimanche son avocate.

Mme Gettliffe avait quitté son époux canadien en 2001 pour l'empêcher d'embrigader leurs deux enfants, Maximilien et Joséphine, dans la secte de l'Eglise internationale du Christ.

La jeune femme a été interpellée lundi 10 avril dans la province de Colombie-Britannique, sur la côte Pacifique, où elle se rendait pour signer un
accord régissant les droits de garde et de visite des deux parents.

Les autorités de la province ont procédé à l'arrestation de la jeune française avant même d'établir le mandat d'arrêt pour "enlèvements d'enfants" et "outrage à magistrats", affirme son avocate, Me Dominique Chambon, dans un communiqué reçu par l'AFP.

Mme Gettliffe a été interpellée à l'initiative de l'avocat général de la province, qui est le beau-père de son ex-époux, selon l'avocate, qui dénonce une "arrestation arbitraire".

La Cour Suprême de la Colombie-Britannique avait révoqué en septembre 2004 l'accusation d'enlèvement d'enfants contre Mme Gettliffe, a rappelé Me Chambon, documents à l'appui.

Selon l'actuel conjoint de Mme Gettliffe, Francis Gruzelle, journaliste au quotidien Dauphiné Libéré, le procureur de Colombie-Britannique, ex-beau-père de Mme Gettliffe, a exigé le retour des deux enfants au Canada en échange de sa libération, mais la jeune femme aurait refusé.
"Elle préfère faire quatre ans de prison en Colombie-Britannique (...) plutôt que les enfants retournent dans l'enfer de la secte", a-t-il expliqué à l'AFP.

Nathalie Gettliffe, qui enseigne l'anglais à l'université Lyon-2, doit comparaître mercredi devant un tribunal de la province de l'ouest canadien. A la suite d'une requête de son avocate, un nouveau procureur a été chargé du dossier.


France : Scientologie

Le Conseil alerte les médias au sujet de messages provenant de l'Eglise de Scientologie

CSA , 18 avril 2006

[Texte intégral]

Par lettre du 22 février 2006, M. Jean-Michel Roulet, président de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), a appelé l'attention du Conseil sur l'envoi à plusieurs médias par une association dite humanitaire liée à l'Église de scientologie de différents messages vidéos assurant la propagande indirecte de ce mouvement sectaire.
 
À l'occasion de journées consacrées à des grandes causes humanitaires (la Journée de l'enfant et la Journée internationale des droits de l'homme), l'Association internationale des jeunes pour les droits de l'homme aurait en effet tenté de faire diffuser gratuitement par des services de télévision trois courts messages sur les thèmes de la Déclaration universelle des droits de l'homme, de la discrimination, de la liberté de pensée et de la liberté d'expression.
 
Le Conseil a donc décidé, en assemblée plénière du 4 avril 2006, d'informer, l'ensemble des services de télévision et de radio que la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires les alerte sur les liens existant entre l'Association internationale des jeunes pour les droits de l'homme et l'Église de scientologie.


France : Sectes

Assemblée nationale - question - Mme Darciaux Claude - réductions d'impôt

JO , 18 avril 2006

[Texte intégral]

12ème législature
Question N° : 92277  de Mme Darciaux Claude ( Socialiste - Côte-d'Or ) QE 
Ministère interrogé :  économie 
Ministère attributaire :  économie 
 Question publiée au JO le : 18/04/2006 page : 4077 
 
Rubrique :  impôt sur le revenu 
Tête d'analyse :  réductions d'impôt 
Analyse :  dons à des associations. sectes. perspectives 
Texte de la QUESTION :  Mme Claude Darciaux souhaiterait attirer l'attention de M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie sur les agissements de l'association Tradition, Famille, Propriété. Cette association apparaît dans la liste des rapports parlementaires de 1995 et 1999 sur les sectes comme devant être effectivement considérée comme telle. Or Tradition, Famille, Propriété adresse par courrier aux personnes une médaille et demande en retour un don. Dans le même courrier, cette association informe les donateurs qu'ils pourront bénéficier d'une réduction d'impôt. Aussi, elle lui demande les dispositions qu'il entend prendre afin qu'il soit mis un terme aux réductions fiscales en cas de dons à des sectes. 


Mexique : Religions (Légionnaires du Christ)

Au Mexique la légion du Christ forme les élites

Le Monde, 19 avril 2006 par Joëlle Stoltz

[Texte intégral]

Vastes terrains de sport, jets d'eau et panneaux d'énergie solaire, l'université Anahuac Norte, fondée en 1964, est le navire-amiral de toute une armada éducative. Comme sa rivale jésuite, la Iberoamericana, elle passe pour l'une des meilleures institutions privées du Mexique et a été construite sur les hauteurs de la capitale, à proximité des résidences de luxe et des temples du shopping chers à la jeunesse dorée.

Un semestre ici coûte l'équivalent de 5 000 dollars. Les légionnaires du Christ ne renient pas leur vocation : « Notre principal travail, c'est de former » - en priorité les élites, assure Roberto Sanchez-Mejorada, chargé de la communication. Sur le campus, on exalte les « leaders d'action positive ». Des neuf universités que compte la Légion au Mexique, Anahuac Norte est la plus complète : elle offre à ses 6 000 étudiants 25 programmes de licence et plusieurs 3es cycles. Près d'un étudiant sur cinq bénéficie d'une aide financière. Car un boursier d'aujourd'hui peut devenir « un dirigeant syndical de de main ».

Parmi les points forts, la médecine mais surtout les médias. Anahuac dispose de studios de radio et d'un plateau de télévision complet, unique dans les universités d'Amérique latine. Plusieurs animateurs de radio et de télévision connus sont passés par Anahuac, où des affiches encouragent les futurs professionnels des médias à créer « des programmes proposant des valeurs ».

La loi mexicaine a beau interdire aux mouvements religieux de posséder des médias, la Légion a su tisser des liens de confiance avec des figures-clés du « quatrième pouvoir », notamment Emilio Azcarraga, propriétaire de Televisa (le plus gros fournisseur de programmes du monde hispanique), un diplômé d'Anahuac qui patronne les émissions de bienfaisance du Teleton - une initiative de la Légion. Anahuac prône l'engagement personnel dans les oeuvres caritatives - la « charité qui transforme » - grâce à la fondation Althius, l'un des piliers de la Légion. Ainsi, le service de télé-médecine envoie dans des zones rurales défavorisées des infirmiers et des médecins. Des véhicules équipés d'antennes satellites leur permettent d'atteindre des communautés indiennes marginalisées et de réaliser, entre autres examens, des échographies de contrôle sur les femmes enceintes. Grâce à un système de téléconférences, les soignants en tournée peuvent consulter les experts d'Anahuac.

Ce jour-là, depuis la côte Pacifique, une jeune femme expose le cas d'une patiente de 42 ans qui en est à sa douzième grossesse. La région affiche le taux de mortalité maternelle le plus élevé, mais il serait malséant d'encourager la contraception : la méthode Billings (abstinence pendant les jours « fertiles ») est « la plus efficace pour ces femmes souvent analphabètes, et la seule compatible avec leur foi », assure le docteur Pilar Calva, généticienne formée à l'hôpital Necker de Paris dans le service du professeur Lejeune. Elle est une adversaire inflexible de l'avortement, encore passible de prison, au moins pour les médecins qui le pratiquent, dans nombre d'Etats au Mexique.

On est loin pourtant de la « période quasi hitlérienne où les novices légionnaires criaient «Heil Christus !» en levant la main droite », se souvient José Barba, professeur à l'Institut technologique de Mexico. Entré adolescent dans la Légion il l'a quittée en 1962, et, depuis 1997, est devenu l'un des principaux accusateurs du Père Marcial Maciel. En dépit de ses positions ultra-conservatrices, la Légion s'est démarquée dès l'origine, par sa fidélité au pape, de la frange la plus radicale de l'extrême droite catholique mexicaine.

En même temps que les établissements élitistes, elle développe, grâce à un système de bourses et de parrainage, un réseau d'une quinzaine d'écoles destinées aux élèves moins favorisés : les collèges Mano Amiga (« Main amie »). Ses détracteurs soulignent que l'enseignement oriente les collégiens vers des sections « techniques », taillant sur mesure les cadres intermédiaires qualifiés et dociles dont auront besoin les managers issus d'Anahuac. Mais les parents de familles modestes « couchent devant la porte pour inscrire leurs enfants chez nous », assure Laura Batista, la directrice du premier Mano Amiga de Mexico. Autre pièce du dispositif légionnaire, les missions d'évangélisation, un samedi ou un dimanche par mois, et les « méga-missions » durant la Semaine sainte ont connu un succès fulgurant. Il s'agit de réévangéliser à la fois les élites urbaines et les campagnes, où le catholicisme est confronté à l'expansion des sectes chrétiennes. Un recensement récent indique que le Mexique compte plus de 19 000 pasteurs évangéliques et pentecôtistes pour quelque 18 000 prêtres catholiques, le nombre d'agnostiques déclarés étant passé de 768 000 en 1970 à près de 3 millions en 2000. Au sein des entreprises, dans la région de Monterey, les légionnaires animent aussi des cours de « dépassement personnel » pour les épouses des cadres. Celles-ci invitent à leur tour les épouses des ouvriers. Une structure pyramidale typique du mode d'action de la Légion.

« Les légionnaires sont très pragmatiques, ils ne remettent pas en cause l'exploitation du travail, analyse Bernardo Barranco, chroniqueur de Radio Red et du quotidien de gauche La Jornada. Au Mexique, sur la question sociale, ils se situent à droite de l'Opus Dei, mais dans le domaine moral ils sont plutôt tolérants envers les frasques des élite s. » Pour lui, ce mouvement novateur a su « adapter au catholicisme la théologie de la prospérité » inventée par certains courants évangéliques, en organisant une assistance aux pauvres tout en confortant la foi des riches dans la légitimité de leurs privilèges.


Belgique : HUE (Energie universelle)

Luong Minh Dang, « médecin » illégal

Le Soir , 20 avril 2006 par Jean-Pierre Borloo

[Texte intégral]

Justice Le maître fondateur de l'école Spiritual human yoga condamné en correctionnelle à Bruxelles

L'énergie universelle n'aura pas suffi pour sauver Maître Dang des foudres de la justice. Hier, le fondateur de l'école Spiritual human yoga (SHY) a été condamné à 4 ans de prison avec un sursis pour la moitié. Les faits sont qualifiés de faux, d'escroquerie, d'usage illégal de la médecine et d'association de malfaiteurs. La même peine a été octroyée à la trésorière de l'association belge de SHY.

Au départ de cette affaire, les soins prodigués à un enfant atteint d'une maladie incurable. L'enfant aurait été détourné de la médecine classique pour être livrés aux méthodes prônées par Me Dang, 63 ans. Plainte s'en est suivie.

L'instruction menée sur Luong Minh Dang a permis de révéler une série d'infractions qui se sont étalées de 1994 à 1999. Lors de ses nombreux séminaires, l'homme dressait un tableau surréaliste de notre environnement. Il évoquait une gigantesque éclipse qui ferait évaporer toute l'eau de la terre et qui plongerait la planète dans un gros nuage noir pendant trois jours. Et il promettait à ses adeptes de s'en sortir. Il leur garantissait aussi santé et prospérité. Me Dang n'hésitait pas à prodiguer des conseils en matière économique, domaine dans lequel il n'a aucune compétence.

En matière de santé, ses cours parlaient en termes de diagnostic, de traitement, de soulager la douleur, de soigner... et s'appliquaient à tous les maux, y compris les plus graves : cancer, sida, maladies cardiovasculaires... C'est de l'exercice illégal de la médecine, dit le tribunal.

Pour convaincre, il arborait ses diplômes. Des faux, a conclu le tribunal. L'université dont il se dit diplômé n'existe pas... Pas de formation médicale, en tout cas.

Me Dang est aussi condamné pour escroquerie. Cela vise le système de formations mis en place : gratuites au départ, puis de plus en plus chères. Avec des gains importants pour lui et un faux discours sur la redistribution de l'argent.

Enfin, l'association de malfaiteurs a été retenue parce que le tribunal estime que la structure mise en place visait à flouer les gens.

Outre sa condamnation à 4 ans, dont 2 de prison ferme, Me Dang écope d'une amende de 10.000 euros et la juge de Lamine de Bex a prononcé son arrestation immédiate. Le « guérisseur » était absent au procès... excusé par un certificat médical.

Provenance: www.pressbanking.com


France : OTS

Le procès en appel de Michel Tabachnik du 24 octobre au 3 novembre

AFP , 20 avril 2006

[Texte intégral]

GRENOBLE) - Le procès en appel de Michel Tabachnik, poursuivi après la mort de 16 adeptes de l'Ordre du temple solaire (OTS) en 1995 dans le Vercors, se déroulera du 24 octobre
au 3 novembre 2006 devant la cour d'appel de Grenoble, a indiqué jeudi le parquet.

En janvier dernier, la cour avait annoncé que le procès se déroulerait du 3 au 7 octobre, mais la date a été reculée à la demande de Michel Tabachnik, chef d'orchestre franco-suisse, qui sera en concert à cette période.

Michel Tabachnik, 61 ans, poursuivi après la tuerie-suicide de seize adeptes de cette secte en 1995 pour "participation à une association de malfaiteurs", avait été relaxé au bénéfice du doute en avril 2001 par le tribunal correctionnel de Grenoble. Mais le parquet avait fait appel.

Le procès en appel de M. Tabachnik avait été fixé au 22 septembre 2003, puis au 14 juin 2004, avant d'être repoussé au 13 juin 2005, du fait d'une affaire incidente concernant Jean-Marie Abgrall, le principal expert psychiatre du dossier de l'OTS, mis en examen pour "violation du secret de l'instruction et du secret professionnel".

Partie civile dans le procès de l'OTS, Alain Vuarnet, qui a perdu sa mère et son frère dans le Vercors, est persuadé qu'il ne s'agit pas d'une tuerie-suicide mais d'un assassinat.


Canada : Eglise du Christ

Incarcérée au Canada pour avoir voulu protéger ses enfants

Le Parisien, 21 avril 2006 par Catherine Lagrange

[Texte intégral]

Emprisonnée dans les geôles canadiennes pour avoir voulu soustraire ses deux enfants à l'influence de leur père, un Canadien affilié à l'Eglise internationale du Christ, considérée comme une secte en France. Voilà le sort réservé depuis le 11 avril à Nathalie Gettliffe, une universitaire française de 35 ans.

Cette enseignante à l'université Lyon-II est accusée par la justice canadienne d'avoir enlevé en 2001 ses enfants, Maximilien,
12 ans, et Joséphine, 11 ans, ce qui pourrait lui valoir dix ans d'emprisonnement outre-Atlantique. Elle ne devrait pas sortir de la prison de Vancouver avant le 1 e r mai, date de la prochaine audience du tribunal qui doit statuer sur son éventuelle libération.

Une première audition a eu lieu hier, mais son avocate, M m e Deanne Gaffar, a demandé de disposer de davantage de temps pour préparer sa défense.

Des problèmes de santé

Ce différend familial autour de la garde des enfants devient une véritable affaire d'Etat en France. Hier, Anne-Marie Comparini, la députée UDF du Rhône (et ancienne présidente de la région Rhône-Alpes) a alerté « en urgence » le gouvernement français pour lui demander d'intervenir en faveur de Nathalie Gettliffe. La parlementaire qui suit l'affaire Gettliffe depuis 2000 s'est rapprochée du ministre des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, pour lui demander que « les représentants français au Canada apportent leur plus grand soutien à notre compatriote afin qu'elle soit libérée le plus vite possible et que les accords soient enfin respectés ». C'est d'ailleurs sur les conseils d'Anne-Marie Comparini et de Dominique Perben, à l'époque garde des Sceaux, que la Française, s'était engagée en toute confiance en 2004 dans une procédure de médiation internationale.

La France et le Canada n'ayant pas signé de convention en la matière, c'est la convention de La Haye qui s'applique. La jeune femme a été aussitôt arrêtée le 10 avril lors de son arrivée à Vancouver. Un voyage entrepris pour finaliser les modalités de garde et de visite des enfants, qui vivent en France avec elle. Mais selon son ex-mari, Scott Grant, aucune médiation n'était en cours. Selon lui, la Française est venue soutenir sa thèse de doctorat à l'université de Colombie-Britannique (UBC). Nathalie Gettliffe s'attendait d'autant moins à se retrouver derrière les barreaux qu'elle est enceinte de quatre mois et demi et sujette à une grossesse « à risque ».

L'actuel compagnon de l'universitaire, Francis Gruzelle, ne cache pas son inquiétude et confie qu'elle a dû passer six mois alitée lors de sa précédente grossesse en 2005. Un médecin a d'ailleurs dû intervenir à la maison d'arrêt auprès de la jeune femme victime d'une chute de tension. Son avocat français, M e Dominique Chambon, dénonce également une « incarcération arbitraire », réclamée par l'attorney général (équivalent du procureur) qui se trouve être le compagnon de la grand-mère canadienne des enfants.

Cette situation, pour le moins ambiguë, dénoncée par les avocats de Nathalie Gettliffe, a conduit à la révocation du magistrat et à la désignation d'un autre. C'est donc cette nouvelle attorney générale, M m e Dickson, qui devra statuer le 1 e r mai.


France : Sectes

Remise du rapport de la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires

[Texte intégral]

M. Jean-Michel ROULET, Président de la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, a remis ce jour au Premier Ministre le rapport d'activité de la mission pour l'année 2005.

Il procède à quatre analyses ponctuelles qui ont été considérées comme prioritaires par le Conseil d'Orientation composé de huit parlementaires, de représentants du monde universitaire et scientifique, et de représentants d'associations.

Par ailleurs, il dresse un bilan des propositions qui avaient été retenues dans le rapport 2004 et décrit l'activité que les services d'Etat ont exercée en 2005.


France : Scientologie

La Scientologie s'affiche à la télé avec un faux nez

Le Figaro , 21 avril 2006 par Charlotte Menegaux

[Texte intégral]

C’est le Conseil supérieur de l’audiovisuel qui a tiré la sonnette d’alarme : une vingtaine de chaînes de télévision locales ont diffusé à leur insu des spots provenant des Scientologues.

C’est un spot tout ce qu’il y a de plus anodin. Avec, évidemment, un thème fédérateur : le football. On y voit un petit garçon laissé à l’écart lors d’un match. Il décide alors de montrer ce qu’il sait faire et marque un but impressionnant. Morale de l’histoire : « Ne faites pas de
discrimination ».

C’est cette bluette qu’une vingtaine de chaînes locales et régionales de l’Hexagone ont diffusé ces derniers mois. Son auteur : « l’Association internationale des jeunes pour les Droits de l’Homme », une « filiale » de l’Eglise de scientologie qui ne cache pas son origine… mais qui ne l’annonce pas très clairement non plus. Au terme du clip apparaît l’adresse d’un site Internet dont le contenu fait référence à l’Eglise de Scientologie.

Mention discrète

« C’est là tout le problème s’indigne Jean-Michel Roulet, président de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), interrogé par lefigaro.fr. Leur tactique est perverse, ils avancent masqués ». Faux, réplique Agnès Bron, des relations publiques de l’Eglise de scientologie. « Il y a un grand mensonge autour de ces clips. La mention de notre contribution était clairement inscrite sur le DVD envoyé aux chaînes », assure-t-elle au figaro.fr. Un argument que balaye le président de la mission interministérielle : « C’est comme les lignes en petits caractères dans les contrats d’assurance, c’est mentionné mais c’est discret ».

Après avoir été alerté par un téléspectateur du sud-ouest, le président de la Miviludes constate qu’effectivement, plusieurs chaînes diffusent les clips vidéo de « l’Association internationale des jeunes pour les Droits de l’Homme ». « Sans en connaître l’origine », estime-t-il. Il décide alors de prendre les choses en main. Et écrit, le 22 février au Conseil Supérieur de l’audiovisuel (CSA) pour signaler l'envoi à plusieurs médias « de différents messages vidéos assurant la propagande indirecte de ce mouvement sectaire ».

« Se racheter une virginité »

Le 4 avril, le CSA décide d'informer les télévisions et les radios sur « les liens existants entre cette association et l'Église de scientologie ». D’après le conseil, l'association concernée « aurait tenté, à l'occasion de journées consacrées à des grandes causes humanitaires (la Journée de l'enfant et la Journée internationale des droits de l'homme), de faire diffuser gratuitement par des services de télévision trois courts messages sur les thèmes de la Déclaration universelle des droits de l'homme, de la discrimination, de la liberté de pensée et de la liberté d'expression ».

 Interrogée, Catherine Picard, présidente de l’Union Nationale des Associations de Défense des Familles et de l’Individu Victimes de Sectes (Unadfi) tempête contre les méthodes de la scientologie qui veut ainsi « se racheter une virginité » : « Ce mouvement est sectaire, ne l’oublions pas. Ce genre d’opération n’est qu’une vaste opération marketing lancée pour se racheter une respectabilité. Il va toujours là où est le désarroi », déplore-t-elle.


Canada : Eglise du Christ

La française écrouée à Vancouver risque dix ans de prison

Le Figaro, 221 avril 2006 par Ludovic Hirtzmann

[Texte intégral]

Interpellée alors qu'elle venait soutenir sa thèse de doctorat, Nathalie Gettliffe-Grant devrait être jugée pour avoir enlevé ses deux enfants à son père canadien qui, selon elle, était devenu membre d'une secte.

Nathalie Gettliffe-Grant, cette mère de famille lyonnaise écrouée à Vancouver la semaine dernière pour enlèvement d'enfants, restera derrière les barreaux au moins une dizaine de jours supplémentaires. Nathalie Gettliffe avait fui le Canada en 2001 pour mettre ses deux enfants à l'abri d'une secte dont Scott Grant, son ex-mari, serait un adepte.
«Elle va aussi bien que l'on peut aller dans ces cas-là. Il ne faut pas oublier qu'elle est enceinte», souligne Deanne Gaffar, l'avocate canadienne de la détenue. Le 1er mai, elle demandera une libération sous caution du professeur de l'université Lyon-II.
Des agents consulaires présents lors de l'arrestation
Lors d'une comparution mercredi dernier, l'avocate avait sollicité un délai supplémentaire pour organiser la défense de sa cliente. Me Gaffar précise que le mandat d'arrêt émis en 2001 contre Nathalie Gettliffe a été annulé en 2004 pour des raisons qu'elle ignore. La doctorante de l'Université de Colombie-Britannique (UBC), a dès lors été arrêtée en vertu d'un nouveau mandat : la justice l'accuse d'avoir violé une décision de la Cour suprême de Colombie-Britannique l'interdisant d'emmener ses enfants hors de cette province.
«On a évoqué des liens entre un procureur et la mère de Scott Grant. Mais il exerce dans un domaine totalement différent de celui qui nous intéresse», explique Deanne Gaffar. Si l'avocate française de Nathalie Gettliffe-Grant a déploré l'absence de soutien diplomatique, le consulat de France à Vancouver assure lui avoir porté assistance dès «qu'elle en a fait la demande». Le caporal Tom Seaman, de la Gendarmerie royale du Canada, confirme la présence d'agents consulaires français lors de son arrestation.
Jennifer M. Phelps, directrice des services étudiants de UBC, explique que Nathalie Gettliffe était venue à Vancouver pour soutenir sa thèse le 12 avril : «Il n'est pas rare que nos étudiants de doctorat travaillent sur leur thèse depuis l'étranger, mais la soutenance doit toujours avoir lieu ici.» Selon des sources autorisées, Nathalie Gettliffe avait terminé sa scolarité de doctorat lorsqu'elle a quitté le Canada en 2001. La doctorante du département d'études françaises, hispaniques et italiennes de l'université a donc rédigé sa thèse en France. «Nathalie s'intéresse à l'utilisation de l'informatique et des technologies de l'information dans l'apprentissage d'une langue étrangère. Elle étudie par exemple l'efficacité des forums de discussion électroniques dans cet apprentissage et a travaillé à partir d'un échantillon d'étudiants de UBC qui apprennent le français.» Selon le Code pénal canadien, Nathalie Gettliffe-Grant encourt une peine maximale de 10 ans
  


France : Scientologie

Tom Cruise à Paris, le jour de la sortie du rapport de la MIVILUDES

Le Parisien , 25 avril 2006 par A.G

[Texte intégral]

La Défense attend Tom Cruise

Il avait pensé annuler sa venue en France en raison de la naissance de sa fille, Suri. Tom Cruise, qui a quitté Los Angeles durant le week-end, est finalement revenu sur sa décision.

L'acteur américain a confirmé qu'il serait bel et bien à Paris, demain, pour l'avant-première de « Mission : Impossible 3 », le long-métrage réalisé par J.J. Abrams qui sort en France le 3 mai, soit deux jours avant les Etats-Unis.

Après avoir fait étape à Rome hier et à Londres aujourd'hui, la star, sa partenaire Michelle Monaghan et leur metteur en scène tiendront donc demain, dans l'après-midi, une conférence de presse dans un palace parisien. Ils assisteront ensuite à l'avant-première VIP organisée à La Défense pour l'inauguration du nouveau complexe UGC.

Tom Cruise, 43 ans, dont c'est le premier enfant avec l'actrice Katie Holmes, 27 ans, a affirmé qu'il rentrerait aux Etats-Unis dès lundi et qu'il ne participerait à aucune autre présentation européenne du film. « Ma fille est à peine née et je ne veux pas m'en éloigner », a déclaré l'ex-mari de Nicole Kidman, déjà père de deux enfants adoptifs. Il a également confié qu'il comptait emmener « bientôt » sa fiancée en France : « C'est à Paris que je voudrais la demander en mariage. » Sans doute à la fin de l'été, chuchote-t-on dans son entourage.


Belgique : Scientologie

De l'argent pour se taire

Le Soir , 25 avril 2006 par Alain Lallemand

[Texte intégral]

L'Eglise de Scientologie tente d'acheter le silence des plaignants. Mais le procès de la Scientologie est sur les rails.

Il s'agit d'un courrier de particulier à particulier, une écriture manuscrite mal assurée mais d'autant plus claire que le propos est redondant. ."Mon souhait est de trouver un accord global, y compris financier, par lequel toutes les procédures légales seraient résolues (....) Si ces procédures devaient se reveiller, cela représenterait une charge financière importante pour moi. Et de conclure au bout de deux pleines pages : "Peut-être que nos conseils respectifs pourraient nous trouver une solution légale et où tout le monde s'y retrouve ? "

Cette propositioin de règlement financier à l'amiable, postée il y a quelques semaines, n'aurait aucune importance si le litige évoqué n'était l'un de ceux qui nourrissent l'instruction judiciaire belge ouverte en 1997 et concernant neuf scientologues ainsi que l'une des associations liées à l'Eglise de Scientologie de Belgique.

Le fait de proposer à un plaignant un règlement transactionnel n'est pas en soi une infraction. Mais renseignement pris auprès des proches du dossier judiciaire "scientologie" c'est aujourd'hui le troisième plaignant belge à recevoir une offre de transaction. Cela semble trahir une stratégie de défense et, puisqu'il s'agit d'un dossier pénal, une certaine naïveté, une plainte au pénal échappant en grande partie au contrôle de son émetteur.

Des témoignages précieux.

L'émiettement soudain des parties civiles lors de procès liés à la Scientologie est un classique : lors d'un précédent célèbre - le procès lyonnais contre la Scientologie -, il n'y avait plus que 10 plaignants à la barre le jour du procès contre 32 à l'origine. Est-ce à dire que le procès belge en serait menacé ? Non : les 65 cartons d'instruction - un dossier de plus de quatre mètres de haut - couvrent des infractions continues de la fin des années quatre vingt jusqu'à 2004, et si le réquisitoire n'a pas encore été rendu dans ce dossier, c'est parce que deux nouveaux plaignants, qui avaient atteint un rang élevé au sein de la secte, sont venus joindre leur témoignage au dossier. Une mine d'or pour appréhender les rouages internes de l'organisation.

Depuis quinze jours, le dossier est passé une dernière fois au peigne fin et sera clôturé, sinon le mois prochain, du moins avant les vacances judiciaires. Pour rappel ce dossier concerne des faits présumés d'organisation criminelle, escroquerie, exercice illicite de l'art de guérir, infractions à la loi sur la vie privée. D'autres infractions pressenties (exercice de la pharmacie, non assistance à personne en danger) pourraient passer à la trappe.


France : Sectes et Soins Psy

Pseudo-thérapeutes et lutte anti-sectes

La Croix , 25 avril 2006 par Anne-Bénédicte Hoffner

[Texte intégral]

Un projet de décret sur la réglementation du titre de psychothérapeute suscite des inquiétudes et des controverses

Le nouveau président de la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), Jean-Michel Roulet, présente son premier rapport mercredi 26 avril. Il y sera question des dérives observées dans le secteur de la santé, et notamment du développement des « thérapies parallèles ». Alors qu’un projet de décret visant à réglementer le titre de psychothérapeute est en préparation au gouvernement, Jean-Michel Roulet, « alerté » par plusieurs professionnels et associations d’usagers dénonçant un dispositif inefficace, vient justement d’écrire à Xavier Bertrand, ministre de la santé, pour lui faire part de «ses réserves».

Retour en arrière. Il y a deux ans, le Parlement décide de faire le ménage chez les psychothérapeutes. Après bien des discussions,
« l’amendement Accoyer »
– du nom de son auteur, Bernard Accoyer, président du groupe UMP à l’Assemblée nationale – est voté en août 2004 et intégré à la loi de santé publique. Alors que le titre de psychothérapeute ne fait actuellement l’objet d’aucune réglementation, ce texte prévoit la création d’un registre national des psychothérapeutes tenu par les préfets et mis à la disposition du public. Seuls pourront y être inscrits les psychothérapeutes ayant suivi une « formation théorique et pratique en psychopathologie » dont les modalités seront fixées
« par décret ».


"Un stage d'une durée minimale de quatre mois"

C’est la dernière version de ce projet de décret, présentée le 7 avril, qui inquiète certains professionnels et patients. Elle prévoit en effet que les médecins, les psychologues et les psychanalystes enregistrés dans une association soient dispensés de l’obligation de formation en psychopathologie.

Les autres professionnels voulant user du titre de psychothérapeute, eux, devront suivre une formation théorique de cent cinquante heures, confiée « à l’université ou à des organismes passant convention avec » elle, et « un stage pratique d’une durée minimale de quatre mois ». Sauf s’ils justifient « au moins de cinq années d’expérience en qualité de psychothérapeute ».

« Ce texte est à l’opposé de la loi, s’insurge Christian Vasseur, président de l’Association française de psychiatrie. L’idée qu’avaient fini par accepter tous les professionnels sérieux était celle d’une formation de base en psychopathologie, seule garantie pour savoir reconnaître les maladies psychiques. » À ses yeux, cette formation devrait être de niveau mastère et s’accompagner d’au moins deux ans de stage.

"Pas plus de protection qu’avant pour les patients"

Psychologue et membre de l’association Psychothérapie Vigilance, Martine Maurer se dit elle aussi « stupéfaite ». « Cela revient à dire qu’il n’y a pas besoin de formation pour être psychothérapeute », estime-t-elle, convaincue qu’il n’y aura « pas plus de protection qu’avant pour les patients ». Selon elle, le projet de décret donne aux psychothérapeutes douteux les moyens de contourner la loi : « Il leur suffit de créer une association psychanalytique pour être dispensés de formation. » Ou, s’ils acceptent cette dernière, d’être « légitimés » à peu de frais.

La Miviludes vient d’exprimer elle aussi « ses réserves » à Xavier Bertrand, notamment sur le « bonus » accordé aux professionnels « sans diplôme et autoproclamés mais exerçant depuis plus de cinq ans, alors même que certains auraient causé des dommages à leurs patients ». « Les inquiétudes des professionnels diplômés et des associations d’usagers m’ont poussé à agir, explique le président de la Miviludes, Jean-Michel Roulet. Mais plus encore, les réactions extrêmement positives des associations de psychothérapeutes que nous considérons comme inquiétantes : celles-ci nous laissent penser que le projet de décret les conforte. »

Le ministère de la santé, qui a donné quinze jours aux professionnels pour lui faire part de leurs réactions, refusait de se prononcer mardi 25 avril.

Le nouveau président de la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), Jean-Michel Roulet, présente son premier rapport mercredi 26 avril. Il y sera question des dérives observées dans le secteur de la santé, et notamment du développement des « thérapies parallèles ». Alors qu’un projet de décret visant à réglementer le titre de psychothérapeute est en préparation au gouvernement, Jean-Michel Roulet, « alerté » par plusieurs professionnels et associations d’usagers dénonçant un dispositif inefficace, vient justement d’écrire à Xavier Bertrand, ministre de la santé, pour lui faire part de «ses réserves».

Retour en arrière. Il y a deux ans, le Parlement décide de faire le ménage chez les psychothérapeutes. Après bien des discussions, « l’amendement Accoyer » – du nom de son auteur, Bernard Accoyer, président du groupe UMP à l’Assemblée nationale – est voté en août 2004 et intégré à la loi de santé publique. Alors que le titre de psychothérapeute ne fait actuellement l’objet d’aucune réglementation, ce texte prévoit la création d’un registre national des psychothérapeutes tenu par les préfets et mis à la disposition du public. Seuls pourront y être inscrits les psychothérapeutes ayant suivi une « formation théorique et pratique en psychopathologie » dont les modalités seront fixées « par décret ».

"Un stage d'une durée minimale de quatre mois"

C’est la dernière version de ce projet de décret, présentée le 7 avril, qui inquiète certains professionnels et patients. Elle prévoit en effet que les médecins, les psychologues et les psychanalystes enregistrés dans une association soient dispensés de l’obligation de formation en psychopathologie.

Les autres professionnels voulant user du titre de psychothérapeute, eux, devront suivre une formation théorique de cent cinquante heures, confiée « à l’université ou à des organismes passant convention avec » elle, et « un stage pratique d’une durée minimale de quatre mois ». Sauf s’ils justifient « au moins de cinq années d’expérience en qualité de psychothérapeute ».

« Ce texte est à l’opposé de la loi, s’insurge Christian Vasseur, président de l’Association française de psychiatrie. L’idée qu’avaient fini par accepter tous les professionnels sérieux était celle d’une formation de base en psychopathologie, seule garantie pour savoir reconnaître les maladies psychiques. » À ses yeux, cette formation devrait être de niveau mastère et s’accompagner d’au moins deux ans de stage.

"Pas plus de protection qu’avant pour les patients"

Psychologue et membre de l’association Psychothérapie Vigilance, Martine Maurer se dit elle aussi « stupéfaite ». « Cela revient à dire qu’il n’y a pas besoin de formation pour être psychothérapeute », estime-t-elle, convaincue qu’il n’y aura « pas plus de protection qu’avant pour les patients ». Selon elle, le projet de décret donne aux psychothérapeutes douteux les moyens de contourner la loi : « Il leur suffit de créer une association psychanalytique pour être dispensés de formation. » Ou, s’ils acceptent cette dernière, d’être « légitimés » à peu de frais.

La Miviludes vient d’exprimer elle aussi « ses réserves » à Xavier Bertrand, notamment sur le « bonus » accordé aux professionnels « sans diplôme et autoproclamés mais exerçant depuis plus de cinq ans, alors même que certains auraient causé des dommages à leurs patients ». « Les inquiétudes des professionnels diplômés et des associations d’usagers m’ont poussé à agir, explique le président de la Miviludes, Jean-Michel Roulet. Mais plus encore, les réactions extrêmement positives des associations de psychothérapeutes que nous considérons comme inquiétantes : celles-ci nous laissent penser que le projet de décret les conforte. »

Le ministère de la santé, qui a donné quinze jours aux professionnels pour lui faire part de leurs réactions, refusait de se prononcer mardi 25 avril.

Anne-Bénédicte HOFFNER


France : Sectes

Un rapport s'inquiète pour les enfants, la santé et l'humanitaire

AFP , 26 avril 2006

[Texte intégral]

PARIS - Enfants, médecines alternatives, aide humanitaire constituent trois domaines "particulièrement préoccupants" pour l'activité des sectes, estime la Miviludes dans son rapport 2005 en promettant de poursuivre sa lutte "avec conscience et détermination".

Le rapport est publié dix ans après l'affaire de l'Ordre du temple solaire qui a décidé la France à se doter d'une structure spécialisée, devenue en 2002 la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires.

"Il existe de vraies et bonnes raisons de ne pas renoncer à la lutte contre les dérives sectaires au motif fallacieux que cela porterait atteinte à la liberté de conscience ou aux libertés religieuses", écrit le président de la Miviludes Jean-Michel Roulet en invoquant "des enfants humiliés, des victimes détruites et des familles déchirées à jamais".

Les enfants sont souvent une "cible", selon le rapport, parfois avant leur naissance (Fraternité blanche universelle, Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix). Chez les dévots de Krishna, ils ont un emploi du temps harassant (lever à 3H30, coucher à 20H30 pour les 10-15 ans).

Ils peuvent être retirés de l'école (enfants "indigo" ou "cristal" de Kryeon), scolarisés à part (Tabitha's Place, Frères de Plymouth issus du darbysme protestant). La cellule de prévention de l'Education nationale évalue à 10.000 les enfants instruits à domicile ou dans des établissements hors contrat. Les contrôles ont contribué au recul du nombre d'enfants instruits à domicile (1.000 en 2004 contre 6.000 en 1998).

Mais l'enseignement par correspondance est libre et concurrentiel --sans aucune garantie ni agrément hormis le CNED-- comme le soutien scolaire, créneau qui "semble être une des nouvelles pistes de la scientologie".

Parfois soumis à de mauvais traitements voire des abus sexuels, les enfants peuvent mourir de privations. En juin 2005, les parents kinésiologues de Kerywan, mort à 16 mois avec le poids d'un nourrisson de quatre mois, ont été condamnés par la cour d'assises du Finistère à cinq ans de prison dont 52 mois avec sursis.

La Miviludes s'inquiète aussi de "l'engouement pour les +alter-médecines, multiformes mais qui ont pour point commun de ne bénéficier d'aucune validation scientifique, d'être exercées dans la plupart des cas par des +thérapeutes+ autoproclamés et d'aboutir à terme à un refus pur et simple des soins médicaux traditionnels".

Elle dénonce ce "mouvement qui érige en dogme une philosophie qui nie en bloc tous les progrès de la science et de la médecine auxquels les plus grands savants du monde ont voué leur vie depuis deux siècles".

Enfin, la crise des banlieues en novembre 2005 a attiré des sectes comme la scientologie sous couvert d'aide humanitaire, un secteur "en pleine expansion, en raison de la médiatisation des grandes catastrophes naturelles ou des troubles", souligne la Miviludes. Il a "le double avantage pour les organisations sectaires de contribuer à polir leur image humaniste tout en procédant à un fort prosélytisme et de leur permettre de recueillir des fonds".


France : Sectes

Le président de la MIVILUDES remet l'accent sur la lutte - Trois questions.

AFP , 26 avril 2006

[Texte intégral]

PARIS, - Depuis sept mois à la tête de la Miviludes, Jean-Michel Roulet entend remettre l'accent sur la lutte contre les dérives sectaires aux côtés de la prévention.

Q: La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires semblait privilégier la vigilance au nom de la liberté de conscience?
R: Nous avons une mission de vigilance et de lutte, nous devons l'accomplir sans complexes dans l'intérêt des plus faibles et du pacte républicain.
Le rapport 2005 montre le faible nombre de cellules départementales réunies (34). Depuis mon arrivée, il y en a une trentaine de plus.
Je dénonce l'hypocrisie scandaleuse qui consiste à s'appuyer sur les droits de l'Homme et la liberté de conscience pour précisément leur porter atteinte. Je suis pour que chaque Français croit ou adhère à ce qu'il veut, mais qu'il puisse aussi s'arrêter de croire ou d'adhérer quand il veut.
Dans la scientologie, tant qu'il vous reste de l'argent on ne vous laisse pas sortir. Je ne porte aucun jugement sur le contenu, mais quand nous voyons des troubles à l'ordre public ou des infractions, nous devons les dénoncer et les faire cesser.

Q: Vous avez été critiqué pour vous être fixé l'objectif d'au moins cinq jugements durant votre présidence?
R: Quand la justice sanctionne, au moins les victimes ont le sentiment que justice leur a été rendue. C'est vrai qu'il n'y a pas beaucoup d'affaires. C'est bien la preuve que nous ne harcelons pas!
Les victimes répugnent à se plaindre : elles sortent des sectes en petits morceaux. Et quand elles finissent par pouvoir se plaindre, souvent il y a prescription. Si un texte est nécessaire, ce serait pour fixer des durées de
prescription différentes pour certains crimes. Je pense au viol : dix ans, pour les sectes c'est un peu court.

Q: La politique de la France envers les sectes lui vaut des critiques à l'étranger, aux Etats-Unis mais aussi à l'ONU. Témoin, le dernier rapport d'Asma Jahangir, rapporteuse spéciale sur la liberté de conviction et de religion de la Commission des droits de l'Homme?
R: Pour moi, la liberté religieuse ne se discute pas. Les pays étrangers jouent souvent sur l'ambigüité du mot +sectes+, qui se dit +cults+ en anglais.
La loi de 1905 fait que l'Etat n'homologue aucune religion et n'en interdit aucune.
Ma politique, c'est de demander : y a-t-il des victimes? oui, nous avons de nombreux signalements. Ont-elles subi des dommages? oui, parfois très graves. Le devoir de l'Etat est d'assurer la sûreté et la liberté de ses citoyens.


France : Sectes

L'Etat des sectes.

L'Express , 26 avril 2006 par François Koch

[Texte intégral]

Jean-Michel Roulet, président de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, vient de remettre un rapport à Dominique de Villepin

- Pour quelle raison l'intervention de sectes dans l'humanitaire d'urgence vous choque-t-elle?
- Je trouve scandaleux et immoral de se servir de la détresse des autres pour avancer masqué et à des fins de prosélytisme. Que ce soit après l'explosion de l'usine AZF à Toulouse, en septembre 2001, ou lors des inondations dans le Gard, en septembre 2002. Plus récemment, au moment des violences en banlieues, des «ministres volontaires» de la Scientologie ont distribué des exemplaires de l'ouvrage de leur défunt gourou, Ron Hubbard, Le Chemin du bonheur, afin d'améliorer l'image de leur mouvement et de recruter. En prétendant que leur action contribuait à faire cesser les troubles!

- Les gourous guérisseurs sévissent-ils toujours autant et de la même manière?
- De plus en plus de Français ne conçoivent pas que la médecine puisse être parfois impuissante et écoutent avec complaisance les promesses de miracles. Les sectes charlatanesques sont souvent de petite taille et leurs gourous adoptent une rhétorique moins New Age ou loufoque, plus médicale, donc perverse. Le jeûne comme remède aux pathologies les plus aiguës se développe toujours. Comme le «respirianisme» de l'Australienne Ellen Greve, alias Jasmuheen, qui prétend ne plus se nourrir depuis 1993 et fait des adeptes en France. L'état de faiblesse provoqué par le jeûne est idéal pour placer un adepte sous domination.

- L'infiltration de sectes dans des entreprises ou des administrations se poursuit-elle?
- Plus que jamais. Surtout à travers la formation professionnelle. Nous avons découvert que, dans le secteur de la chimie, une DRH avait recruté une vingtaine d'adeptes de son groupe. Plus grave, des sociétés de services informatiques liées à des mouvements sectaires pénètrent, par la vente de logiciels ou par des contrats de maintenance, au cœur d'entreprises ou d'administrations pour voler des informations stratégiques et les revendre.


France : Sectes

Les alter médecines font les choux gras des sectes

La Croix , 26 avril 2006

[Texte intégral]

Chamanisme, reiki, cristallothérapie, iridologie, corps subtils et autres chakras: la vogue de nouvelles pratiques de soins peut favoriser les sectes, avertit le rapport 2005 de la Miviludes.

La libération conditionnelle en février 2006 de Ryke Geerd Hamer, condamné en appel en juillet 2004 à trois ans de prison pour escroquerie et complicité d'exercice illégal de la médecine, suscite notamment l'inquiétude des pouvoirs publics, selon la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires.

La première plainte en France contre ce médecin, interdit d'exercer en Allemagne en 1986 et qui prône de traiter le cancer en libérant des capacités d'auto-guérison, remonte à 1996 après la mort d'une femme. Une centaine de praticiens sont actuellement estimés comme "haméristes", dont certains frappés d'interdiction ou volontairement radiés de l'Ordre des médecins pour éviter toute sanction.

La présence croissante d'une dimension "guérisseuse" et du "tout psychologique" est relevée par la police, la gendarmerie et les associations. Ces pratiques "à la frontière de l'escroquerie et du charlatanisme" suscitent encore peu de plaintes mais génèrent un "business" rémunérateur grâce à des stages, ventes de livres et vidéos notamment par internet.

La police recensait en 2005 plus de 200 méthodes de médecine douce contre 80, quatre ans auparavant. La gendarmerie constate "également, dans les campagnes, la progression d'une offre de soins et de guérison à risque promue par des micro-groupes ou des praticiens exerçant en libéral".

Selon l'Unadfi (Association nationale de défense des familles et de l'individu victimes de sectes), ces groupes ont été multipliés par deux et demi environ en quinze ans.

Des thérapies hygiénistes (jeûne+randonnée) sont signalées dans le sud-ouest, des groupes alliant écologie et pratiques guérisseuses druidiques en Bretagne. En Auvergne, un magnétiseur a fidélisé quelque 200 adeptes dans des rencontres collectives "très coûteuses". Naturopathie, EMF-Balancing (Kryeon): la mouvance New Age est inventive.

En Ardèche, la Miviludes a fait surveiller en novembre 2005 une réunion de l'Australienne Jashmuheen, qui dit ne plus manger depuis 1993 et prône le "respirianisme" --cesser toute alimentation solide--, avec quelques dizaines de milliers d'adeptes dans le monde y compris en France.

Le néo-chamanisme est "en pleine expansion" sous couvert de développement personnel, note aussi le rapport. L'ayahuasca (substance hallucinogène parfois utilisée) est classée depuis le 20 avril 2005 dans la liste des stupéfiants.

"Il convient d'être plus vigilant sur un certain nombre de mouvements en raison notamment de leur opposition à la médecine conventionnelle allant jusqu'au refus de soins", souligne le rapport citant Lou Pitchoun (Bouches-du-Rhône), SHY (ex-Energie universelle, Landes), l'instinctothérapie (Haute-Marne), le Cercle des amis de Bruno Goering (Dordogne), l'Eglise universelle du Royaume de Dieu ou encore l'association SA/Sathya Baba dont l'un des relais serait le Centre de méditation Vipassana (Yonne).

Reste que la santé est aussi la cible d'organisations traditionnelles, ajoute le rapport: les Témoins de Jéhovah ont diffusé à 10.000 exemplaires un DVD sur "les alternatives à la transfusion sanguine", l'Eglise de scientologie s'attaque à la psychiatrie via la Commission des citoyens pour les droits de l'Homme (CCDH) ou Ethique et liberté, notamment après le drame de Pau.


France : Sectes

Les thèmes prioritaires de la MIVILUDES en 2005

AEF , 26 avril 2006 dépêche n° 64508

[Texte intégral]

La protection des mineurs et les risques sectaires dans les entreprises parmi les thèmes prioritaires de la MIVILUDES en 2005

La protection des mineurs face à l'emprise sectaire d'une part et "l'enjeu de sécurité" posé par les risques sectaires d'autre part figurent parmi les thèmes prioritairement abordés par le rapport de la MIVILUDES (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires), rendu public aujourd'hui mercredi 26 avril 2006 (L'AEF du 19/04/2006, 64309). Jean-Michel Roulet est président de la Mission depuis le 1er octobre 2005 (L'AEF du 30/08/2005, 55459). Il répond aux questions de L'AEF.

L'AEF: Quelles seront les priorités de votre présidence?

Jean-Michel Roulet: Appliquer rigoureusement les missions dévolues à la MIVILUDES par son décret fondateur, missions relatives à la prévention et à la coordination des services, en vue notamment de sanctionner les dérives. Il s'agit à la fois de prendre en compte les victimes et d'analyser les dommages. Ce qui fait la légitimité de l'action de l'État, c'est d'assurer la sûreté et la sécurité de nos concitoyens, dans le cadre du pacte républicain. C'est de lutter contre ceux, experts en manipulation mentale, qui portent atteinte à la liberté de conscience, de religion…, et dont l'action consiste à séduire pour détruire et reconstruire, dans un but d'enrichissement personnel, d'exercice d'un pouvoir physique, mental ou sexuel. Les priorités de la MIVILUDES vont vers les personnes les plus faibles: enfants, personnes en souffrance…, et vers les sources d'argent pour les sectes: entreprises, tissu économique…

L'AEF: Vous n'êtes pas favorable à l'établissement de "listes" ou de "cartes d'implantation"…

Jean-Michel Roulet: Le Premier ministre l'a expressément proscrit. Certes, la liste des sectes annexée au rapport parlementaire de la commission d'enquête sur les sectes du 22 décembre 1995 avait l'avantage de présenter une photographie intéressante à l'époque et a permis de donner un grand coup de pied dans la fourmilière. Mais des listes ou des cartes ne seront jamais à jour. Les noms, l'implantation des mouvements changent très vite.

L'AEF: "La protection des mineurs face à l'emprise sectaire" est l'un des sujets "particulièrement préoccupants ces derniers temps", écrivez-vous dans votre rapport 2005. Pourquoi?

Jean-Michel Roulet: Les enfants et les jeunes sont-ils plus exposés aux risques sectaires aujourd'hui qu'il y a 8 ou 10 ans? Je le crois. Pour schématiser, les sectes ont d'abord visé les parents pour toucher les enfants. Aujourd'hui, les enfants constituent en tant que tels une cible pour certains mouvements et sont une "clef d'accès" vers les parents. Cette tendance, qui s'accélère depuis quelques années, s'appuie sur l'évolution de notre société: davantage de familles monoparentales, parents qui travaillent tous les deux, disparition du personnel de maison, temps libre des jeunes accru, reprise de la natalité… L'offre et les supports en direction des jeunes sont multiples, c'est inquiétant. Bien loin aujourd'hui des supports de type "militaire", les mouvements sectaires se sont engouffrés dans le créneau de la demande d'épanouissement personnel et proposent des activités philosophiques, des activités physiques pouvant déboucher sur l'ésotérisme, ou des activités musicales quand par exemple certaines tendances "gothique" ou "métal" peuvent, dans un environnement favorable, déboucher sur le néo-nazisme. Nombre de familles sont touchées, parfois sans le savoir.

L'AEF: Dans quels domaines les mouvements sectaires sont-ils particulièrement actifs? Quel regard portez-vous sur l'action du ministère de l'Éducation nationale et sur celui de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative?

Jean-Michel Roulet: Le ministère de l'Éducation nationale et celui de Jeunesse, des Sports et de la Vie associative sont très actifs, en particulier dans la formation des cadres administratifs, des contrôles des établissements pour le premier, et dans le contrôle des centres de loisirs et de vacances pour le second. Il reste cependant certains problèmes. Le créneau du soutien scolaire semble être une des nouvelles pistes de la scientologie, qui propose des activités artistiques, ou des conférences philosophiques, par exemple données par la Nouvelle Acropole, avec tractage aux alentours de lycées, et stands dans l'enceinte des universités. Dans ce marché libre et concurrentiel, les seuls contrôles qui puissent être exercés sont ceux d' "hygiène et sécurité" et les organismes qui le souhaitent peuvent obtenir un agrément de l'Éducation nationale.

Le péri-scolaire est aussi très prisé par les mouvements sectaires, alors que l'Éducation nationale ne dispose que de peu de moyens de contrôle. Dans le domaine des centres de loisirs, seuls les organisateurs accueillant entre 8 et 300 mineurs pendant plus de 15 jours au cours d'une même année sont obligés de se déclarer auprès de Jeunesse et Sports. Quant au contrôle des séjours de vacances pour les mineurs, il ne peut s'exercer à l'étranger et seuls les lieux d'accueil avec hébergement de 12 mineurs au plus et durant plus de 5 nuits sont soumis à déclaration. Les cours par correspondance constituent un marché ouvert et juteux dans lequel s'engouffrent les parents d'élèves inquiets du sort de leurs enfants. Mais il n'y a aucune garantie en dehors du CNED, ni aucun agrément. Citons également le problème des "écoles de fait", la dangerosité de l'utilisation d'internet sans suivi parental, et le problème certes plus marginal du coaching sportif des enfants qui s'appuie sur le désir d'accomplissement des adultes à travers leurs enfants.

L'AEF: Que pensez-vous de l'action des cellules départementales de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires?

Jean-Michel Roulet: Elle est variable, mais il est vrai que les mouvements sectaires sont inégalement présents sur le territoire. J'ai relancé les cellules de vigilance. 32 cellules existaient l'an dernier, je souhaite qu'à la fin de cette année il y en ait une dans chaque département et qu'elles se réunissent au moins une fois par an. Car la coordination des services déconcentrés et décentralisés est fondamentale en matière de vigilance et de lutte contre les sectes.

L'AEF: La MIVILUDES s'alarme aussi du risque de dérive sectaire dans les entreprises…

Jean-Michel Roulet: Là encore les mouvements sectaires répondent à une forte demande sociale de perfectionnement professionnel et personnel, alors que de plus en plus de gens sont menacés de perdre leur emploi. Plusieurs grandes entreprises, ayant fait l'objet de tentatives d'approche par de grandes organisations sectaires multinationales, nous ont demandé conseil en 2005. Au-delà de leur volonté d'emprise sur leurs adeptes, des organisations sectaires ayant une vision très globale de leur avenir s'intéressent de plus en plus aux enjeux économiques internationaux, et cherchent à s'introduire au cœur des entreprises les plus performantes ou les plus sensibles. C'est la première fois que la MIVILUDES y consacre un chapitre entier de son rapport.

Quant aux petites entreprises, elles sont plus vulnérables. Elles n'ont généralement pas les moyens de recruter des professionnels, un ancien officier, un ancien de la DST… Elles peuvent être aussi faussement rassurées par des organismes de formation - en fait des mouvements sectaires - présentant comme clients réguliers de grandes entreprises à forte image, avec lesquelles ils n'ont en réalité été en contact qu'une seule fois.

L'AEF: Quels sont les domaines privilégiés des sectes dans l'entreprise?

Jean-Michel Roulet: Les domaines porteurs sont la formation professionnelle, de manière accrue depuis la mise en œuvre de la loi du 4 mai 2004 sur la formation tout au long de la vie, le coaching, les services externalisés, en particulier les SSII (sociétés de services en ingénierie informatique), mais aussi le développement personnel, la reconversion professionnelle, le management des équipes... Les tromperies sont multiples. Par exemple, les mouvements sectaires actifs dans la formation professionnelle présentent le récépissé de déclaration d'activité comme un label de qualité, alors que de tels labels ou homologations n'existent pas. Ils peuvent aussi proposer aux stagiaires des cours complémentaires payants le samedi et le dimanche, et leur proposer de devenir eux-mêmes formateurs.

L'entreprise doit être vigilante à un éventuel changement de comportement des stagiaires sortant de ces cours complémentaires, on bascule très vite… Parfois, les pratiques de formation ne répondent ni de près ni de loin au métier de l'entreprise: je pense à une grande entreprise publique dont la DRH, membre d'une secte, avait fait appel à un prestataire de formation, qui faisaient mettre les stagiaires dos à dos, une orange coincée entre eux, et danser de manière à ne pas faire tomber l'orange… Avec les SSII, on est à la limite des techniques d'espionnage économique. Avides d'argent, ces dernières cherchent à monnayer les informations secrètes sur l'entreprise cliente, à s'en servir pour signer de nouveaux contrats, ou à les vendre au plus offrant.

L'AEF: Que propose la MIVILUDES contre l'emprise sectaire dans les entreprises?

Jean-Michel Roulet: Le rapport propose des pistes méthodologiques, par exemple pour définir des critères d'appréciation du risque. En lançant ainsi "la balle", nous espérons que beaucoup de choses remonteront. Nous devons mieux comprendre le phénomène, son ampleur, ses manifestations, les conséquences à long terme pour les entreprises et le tissu économique.


France : Sectes

Communiqué de presse de l'UNADFI

UNADFI, 26 avril 2006

[Texte intégral]

Paris, le 26 avril 2006

Communiqué de presse UNADFI (Union Nationale des associations pour la défense des familles et de l’individu victimes de sectes) – 130, rue de Clignancourt – 75018 Paris – 01 44 92 35 92 – http://www.unadfi.org

A la lecture du rapport de la Mission Interministérielle de Lutte contre les Dérives Sectaires (MIVILUDES), l’Union Nationale des Associations pour la Défense des Familles et de l’Individu victimes de sectes (UNADFI) se joint totalement aux remarques et aux préconisations qui y figurent. Ce rapport marque aussi le dixième anniversaire de l’affaire de l’Ordre du Temple Solaire, affaire qui a provoqué la prise de conscience de l’ensemble de l’opinion publique française sur la dangerosité des organisations sectaires.

La MIVILUDES dresse un constat inquiétant, relevant que des dérives sectaires se produisent dans tous les secteurs de la vie sociale : soins et santé, formation continue et soutien scolaire, sports et activités culturelles… Elle n’hésite pas à parler d’une « menace sectaire » sachant s’adapter en permanence « tant à la demande » qu’à « l’évolution des mesures adoptées par les pouvoirs publics » et « mettant tout en œuvre pour passer à travers les mailles du filet législatif ».

L’UNADFI se positionne sur la même ligne que la MIVILUDES lorsqu’elle met en exergue la protection des mineurs face à l’emprise sectaire exercée à leur encontre, soit par l’intermédiaire de parents adeptes, soit directement lorsqu’ils sont ciblés par certains mouvements. Une Journée d’études du Groupe d’études sur les sectes avait d’ailleurs, le 30 mars dernier, fait le point sur la protection de l’enfance face à ce danger. Certaines organisations sectaires n’hésitent pas en effet à afficher une soi-disant « lutte contre la toxicomanie », un « refus de la violence » ou « une défense des droits de l’enfant » en direction des jeunes. La MIVILUDES et l’UNADFI ne sont pas dupes : « ce beau langage » est un leurre et dissimule une « volonté de prosélytisme », de « mise en situation de dépendance ou d’emprise mentale ». Sous couvert de générosité également, les sectes s’entendent à « polir leur image humaniste » en tentant d’investir l’aide humanitaire d’urgence.

Enfin, en diapason avec l’UNADFI, la MIVILUDES constate les tentatives d’entrisme des grandes organisations sectaires multinationales « au cœur des entreprises les plus performantes et les plus sensibles ». Elle souligne l’engouement actuel pour les « alter-médecines » qui ne bénéficient d’aucune validation scientifique et sont exercées pour la plupart par des « thérapeutes » autoproclamés. Cette négation des progrès de la science et de la recherche constituent pour l’humanité « un véritable pas en arrière ».

Et dans ce domaine de la santé, précisément, l’UNADFI s’insurge contre un autre recul du fait, cette fois, du Ministère de la Santé et des Solidarités qui vient de présenter un nouveau projet de décret réglementant l’usage du titre de psychothérapeute. Cette nouvelle mouture allégée ouvre une brèche à tous les charlatans et néglige de protéger les patients… ce qui était pourtant bien l’objectif de départ ! Ce revirement n’est-il pas en contradiction avec les mises en garde de la MIVILUDES sur les risques de certaines pratiques psychothérapeutiques ? L’UNADFI rejoint d’autres associations et le Groupe de Travail Parlementaire, revendiquant pour les patients le droit à être pris en charge par des professionnels compétents et, pour les victimes de psychothérapies déviantes et abusives, celui d’être pris en compte par le législateur.

Catherine Picard

Présidente de l’UNADFI


Etats-Unis : Religions

Des prêcheurs mobilisés pour faire baisser le prix de l'essence

AFP, 26 avril 2006

[Texte intégral]

WASHINGTON - Des religieux vont se rassembler jeudi à Washington pour prier publiquement afin de faire baisser le prix de l'essence, a annoncé mercredi l'organisation américaine de prière en ligne Pray Live.

"Nous avons l'espoir que de voir et d'entendre certains des prêcheurs les plus puissants du pays rassemblés devant une station d'essence dans la capitale des Etats-Unis rappellera à chacun qui est vraiment en charge de notre monde - Dieu", a déclaré dans un communiqué la fondatrice de Pray Live, Wenda Royster.

Plusieurs responsables d'organisations religieuses protestantes de Washington ont prévu de participer à cet événement.

Alors que la cherté de l'essence est devenu un enjeu majeur de politique intérieure, les opérations médiatiques sur fond de station service sont en vogue ces temps-ci.

Plusieurs sénateurs démocrates influents organisaient ainsi une conférence de presse mercredi matin devant la pompe à essence la plus proche du Capitole, siège du Congrès, pour appeler la majorité républicaine à intervenir.


France : Soins Psy

Psychothérapies: l'Unadfi dénonce "un recul" du ministère de la Santé

AFP, 27 avril 2006

[Texte intégral]

PARIS - L'Union nationale des associations pour la défense des familles et de l'individu victimes de sectes (Unadfi) a dénoncé jeudi un "recul de fait" du ministère de la Santé pour réglementer l'usage du titre de psychothérapeute.

Dans un communiqué, l'Unadfi s'insurge contre "une nouvelle mouture allégée" du projet de décret en préparation pour réglementer l'usage du titre de psychothérapeute, estimant qu'il "ouvre une brèche à tous les charlatans et néglige de protéger les patients".

"Ce revirement n'est-il pas en contradiction avec les mises en garde de la Miviludes sur les risques de certaines pratiques psychothérapeutiques?",s'interroge l'Unadfi en soulignant que le rapport annuel de la Mission interministérielle de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), publié mercredi, relève des dérives sectaires notamment dans le domaine de la santé.

"L'Unadfi rejoint d'autres associations et le groupe de travail parlementaire revendiquant pour les patients le droit à être pris en charge par des professionnels compétents et, pour les victimes de psychothérapies déviantes et abusives, celui d'être pris en compte par le législateur", poursuit le communiqué.


Canada : Eglise du Christ

En prison pour ses enfants

L'Express , 27 avril 2006 par Isabelle Grégoire, Delphine Saubaber

[Texte intégral]

Comment une Française divorcée d'un Canadien se retrouve détenue à Vancouver. Imbroglio judiciaire sur fond de secte

Arrestation «arbitraire», justice «inéquitable» qui «s'acharne» sur une femme enceinte de quatre mois, sujette à des grossesses «à risque»: Me Dominique Chambon n'est pas franchement parti pour briguer un titre en diplomatie franco-canadienne. Normal: sa cliente, Nathalie Gettliffe, une Française de 35 ans, est détenue dans les geôles de Richmond depuis le 11 avril pour «enlèvement d'enfants». Cette enseignante à Lyon II encourt dix ans de prison et elle va rester incarcérée au moins jusqu'au 1er mai, date d'examen de sa demande de libération. Cette affaire empoisonnée, surveillée de près par le Quai d'Orsay, illustre les problèmes posés par la garde des enfants lorsqu'un couple mixte explose - en 2004, 43 000 unions impliquant un(e) Français(e) se sont formées. Ici, comme souvent, deux cultures, deux conceptions de l'intérêt de l'enfant s'affrontent, avec une secte en fond de toile.

1999. Scott Grant et Nathalie Gettliffe vivent à Vancouver depuis dix ans. Le vernis conjugal se fendille quand les époux se mettent à fréquenter, sur les conseils d'amis, l'Eglise du Christ internationale - classée «secte» en France, pas au Canada, où l'on ne répertorie pas ces mouvements. «Le recrutement agressif de cette Eglise a cependant été mis en cause, récemment, par des campus, au point de vouloir le bannir des sites», précise Mike Kropveld, directeur général d'Info-Secte, à Montréal.

- Riposte canadienne

Directeur des services juridiques du ministère du Procureur général de la Colombie-Britannique, Geoffrey Gaul répond à L'Express

Le défenseur de Nathalie Gettliffe affirme qu'elle a été arrêtée à l'initiative d'un attorney général qui est en fait le beau-père de son ex-mari, Scott Grant...
Il est vrai que l'un des 400 procureurs généraux de la province est lié à la famille de Scott Grant, mais il n'a participé à aucune des décisions concernant Mme Grant. Ni dans la dénonciation ni dans l'émission du mandat d'arrêt, délivré le 11 avril. Ces décisions ont été prises par notre bureau de Richmond - et le procureur en question n'y travaille pas. Pour éviter tout risque de conflit d'intérêts dans cette affaire, nous avons d'ailleurs embauché un procureur ad hoc, Gail Dixon.

Selon l'avocat de Nathalie Gettliffe, on a voulu marchander sa libération contre le renvoi des enfants au Canada...
C'est faux. La demande de retour des enfants au Canada relève du droit civil. Il s'agit d'une autre voie, distincte du droit pénal.
propos recueillis par Isabelle Grégoire
 
Scott persévère, Nathalie prend le large. En 2000, le couple divorce. Le juge leur accorde la garde conjointe des enfants, la résidence principale étant fixée chez la mère, avec interdiction de quitter le pays sans accord écrit. Mais Nathalie Gettliffe craint que Maximilien et Joséphine, 12 et 11 ans aujourd'hui, ne soient maltraités, se plaint de voir des disciples de l'Eglise s'en occuper, flanqués de la Bible et d'un gourou. En août 2001, elle fuit le Canada pour l'Ardèche. Un mois plus tard, elle est condamnée à rendre les enfants à son ex- mari. Un mandat d'arrêt international est délivré. Le 20 juillet 2004, la cour d'appel de Nîmes ordonne le retour des enfants au Canada. Nathalie Gettliffe s'y refuse, «pour les protéger», dit-elle.

Une médiation internationale est alors proposée aux ex-époux, «sous couvert des ministères de la Justice des deux pays, relate Me Chambon. C'est dans ce cadre que, le 13 septembre 2004, la Cour suprême de la Colombie-Britannique annule le mandat d'arrêt contre ma cliente». Celle-ci se rend au Canada le 10 avril pour signer un protocole d'accord sur la garde des enfants. Faux, selon Scott Grant, qui nie toute médiation en cours et affirme que Nathalie venait pour soutenir sa thèse de doctorat à l'University of British Columbia (UBC). Jusqu'au 18 avril, le site Internet de l'UBC évoquait bien une soutenance prévue le 12. «La thèse, ma cliente l'a déjà passée, elle venait juste chercher son diplôme!» s'emporte Me Chambon. Et il dénonce un complot familial: «Le magistrat qui a fait procéder à l'interpellation et a établi un mandat d'arrêt seulement trente-six heures plus tard était en fait le beau-père de Scott Grant!» Ce qu'on dément, avec une clarté relative, côté canadien (lire l'interview ci-contre).

En février, la Cour de cassation a rejeté le pourvoi formé par Nathalie Gettliffe. Et le 13 avril, la Colombie-Britannique a renouvelé sa demande de retour des enfants au Canada, en vertu de la Convention de La Haye. L'étau va-t-il se resserrer? Reste que le nouveau compagnon de Nathalie Gettliffe envisage de porter plainte en son nom contre l'Etat français pour lui avoir «demandé de passer par une médiation». Avec le résultat que l'on sait.


Suisse : Moon

Le responsable de Moon accusé de faux témoignage

Le Courrier , 28 avril 2006 par Olivier Chavaz

[Texte intégral]

JUSTICE - Témoin dans le procès entre Yves Nidegger et le syndicat Unia, l'homme se retrouve aujourd'hui sur le banc des accusés.

Le responsable de la secte Moon en Suisse a-t-il menti devant la justice genevoise au printemps 2002? Le Tribunal de police examinait hier cette question à la suite d'une plainte déposée par le syndicat Unia.

La toile de fond de cette affaire quelque peu tortueuse est un litige qui a opposé en 2002, au Tribunal des prud'hommes, ce syndicat (dénommé alors Association des commis de Genève) au juriste Yves Nidegger, devenu depuis député UDC. Sans affiliation politique officielle à l'époque, M.Nidegger travaillait pour Unia et avait été licencié au motif de ses liens avec l'«Eglise de l'unification» du révérend Moon. Il s'était retourné contre son employeur. Et avait perdu en appel, décision confirmée ensuite par le Tribunal fédéral.

L'une des questions cruciales posées durant la procédure était de savoir jusqu'à quand Yves Nidegger a entretenu des relations avec la secte, l'homme prétendant avoir rompu au milieu des années 1990 déjà. Pourtant, il est avéré que ses enfants ont participé à un camp d'été de la secte en 2001. Et c'est là que le chef de la branche suisse de Moon entre en scène. Appelé à témoigner, ce résident bâlois, la cinquantaine, avait fermement confirmé la prise de distance de M.Nidegger. En revanche, il avait nié toute démission de l'épouse du juriste, bien que cette dernière lui ait adressé personnellement, en septembre 2000, une missive dans ce sens.

Aux yeux de Jean-Bernard Waeber, avocat d'Unia, ce témoignage est donc téléguidé. Il avait pour but d'expliquer les vacances «moonistes» des enfants sans écorner la thèse de la démission d'Yves Nidegger. Et si, malgré tout, Unia a fini par gagner contre son ex-employé, l'avocat du syndicat considère que les affirmations du chef de la branche suisse de Moon ont eu pour conséquence de prolonger la procédure en induisant la justice en erreur. «Ce monsieur a le droit d'interpréter la lettre de démission comme bon lui semble, mais il ne pouvait pas ne pas en parler», conclut MeWaeber, rappelant que le faux témoignage aggravé est sanctionné d'un minimum de six mois d'emprisonnement.

«C'est très bien de lutter contre les sectes. Ce qui l'est moins, ce serait de rendre des décisions de justice en dépit des pièces versées au dossier et de la loi», avertit MeJean-Luc Marsano, l'avocat de la défense. Selon lui, la mère des enfants Nidegger, fragile et d'humeur changeante, aurait déjà manifesté ses intentions de quitter l'«Eglise» a plusieurs reprises avant de se raviser. Elle se considérerait d'ailleurs à nouveau membre de Moon, selon une missive datée du... 10 avril dernier et déposée hier par l'avocat. Au surplus, soutient MeMarsano, aucune règle n'établit que les participants aux camps de jeunesse de l'Eglise de la réunification doivent avoir un parent membre. «Alors, quelle pertinence pour mon client de mentir aux juges?», tonne-t-il.
Le jugement sera rendu ultérieurement.