Massimo Introvigne et J. Gordon Melton ont dirigé un livre intitulé
"
Pour en finir avec les sectes le débat sur le rapport de la commission
parlementaire ". En réaction au rapport
parlementaire sur les sectes, ils y expriment leurs critiques et celles
de leurs amis sur ce rapport et s'attaquent de plus à réhabiliter
les sectes les plus connues, les plus nocives parmi celles citées
dans ce rapport...
Ayant l'occasion de militer contre les sectes, j'ai feuilleté et
lu pas mal d'ouvrages d'intérêts tous différents, que
ce soit par leur ancienneté, leur quasi exhaustivité, leur
modernité ou leur originalité ; mais aucun n'était
mensonger comme celui-ci.
En effet, ce livre est articulé de la manière suivante
:
Le premier chapitre est intitulé " Perspectives générales
" et s'occupe de critiquer le rapport, parfois pertinemment mais le
plus souvent de manière biaisée.
Nous allons d'abord évoquer le cas de Massimo puis celui de ses
amis. Le dernier chapitre nous intéresse beaucoup mais ce n'est
pas le propos de cet article et les livres cités sont déjà
une bonne source d'information.
Critique
du texte d'introduction de M. Introvigne
Pour commencer, définissons le mot secte, au sens usuellement péjoratif,
ce qu'Introvigne déplore :
" Une secte a une structure de groupe fermée, fondée
sur la manipulation mentale, organisée autour d'un maître
(gourou) et d'une idéologie. Elle vise à établir une
différence qualitative entre les adhérents à la structure
et les non-adhérents, et son but caché ou avoué est
l'enrichissement du groupe ou d'une partie de celui-ci. Elle s'établit
et se développe grâce à l'exploitation des manipulés
par les manipulateurs. Son action sur l'individu est susceptible d'entraîner
des désordres physiques ou psychiques, réversibles ou non.
"
Remarquons qu'une bonne partie de cette définition peut s'appliquer
à des entreprises comme Carrefour ou comme Eurodisney par exemple
(cf. paragraphe " Manipulation mentale ").
Une autre définition de ce livre concerne la secte coercitive,
différenciée d'une secte " normale " par sa nature plus liberticide
:
" Une secte coercitive est un mouvement totalitaire se présentant
sous la forme d'une association, d'un groupe religieux, culturel ou autre
qui exige de ses membres un dévouement total et une dévotion
au groupe, plus qu'à toute autre personne. Ce mouvement emploie
des techniques de manipulation, de persuasion et de contrôle destinées
à remplir les objectifs du leader du groupe et qui provoquent chez
les adeptes une dépendance totale au groupe, au détriment
de l'entourage familial et social. ".
Cette définition nous concerne ici tout particulièrement,
encore faut-il admettre la réalité des termes employés,
comme manipulation mentale, dépendance ou contrôle. Ce ne
sont pas les seules critiques de M. Introvigne à l'égard
des mouvements anti-sectes.
Scientifique
?
D'abord, celui-ci se déclare sociologue des religions, donc scientifique,
et considère ainsi que seule son analyse et celle de ses amis sont
valables. Il va même jusqu'à faire croire qu'ils sont les
seuls sur cette affaire, alors que M. Bouderlique par exemple, ferraille
contre Massimo et compagnie. Le problème est qu'un scientifique
digne de ce nom a une méthode, dite scientifique justement, héritière
du siècle des Lumières et de ses sceptiques et rationalistes.
Cette méthode est basée sur quelques principes simples et
de bon sens :
" Les sciences expérimentales progressent grâce à
:
La rationalité : l'usage rigoureux de la logique permet aux interlocuteurs
d'échanger des arguments intelligibles et de s'accorder sur des
méthodes.
Des règles du jeu communes, c'est-à-dire des modalités
suivant lesquelles une connaissance peut laisser place à une autre.
[...]
Le rationalisme : il permet la mise en place des expériences.
L'expérience est une action sur le monde matériel qui permet
de vérifier les théories énoncées et de créer
de nouvelles expériences. Le dialogue scientifique est basé
sur la reproductibilité des expériences.[...]
Ces trois éléments ont permis aux sciences de fournir
les éléments d'une explication du monde dotée d'une
cohérence interne et d'une puissance méthodologique bien
supérieures aux explications globales fournies par les religions.
"
Un scientifique se doit donc de ne pas croire mais de savoir, ou mieux,
d'admettre son ignorance et de le préciser lorsqu'il croit. Or M.
Introvigne, dans un autre livre, nous assène que :
" Ils [nombre de chercheurs] soutiennent que la critique rationaliste
moderne a démontré qu'on ne pouvait parler de " vérité
"
qu'à l'intérieur de systèmes et de paradigmes fermés,
entre lesquels il n'existe pas de critères de comparaison. Il n'y
a donc aucune raison de penser que la magie soit moins " vraie " que d'autres
systèmes comme la religion, l'art ou la science. [D'après
certains sociologues] il est certainement possible de décrire les
mouvements magiques (comme les mouvements religieux) et leurs systèmes
de croyances, mais il n'existe aucune méthode " objective " pour
évaluer de telles croyances comme vraies ou fausses. ".
Nous retrouvons ici toute l'argumentation fallacieuse basée sur
le théorème mathématique de Gödel - en gros :
dans toute construction logique, il existe des propositions indécidables,
comme " le menteur qui dit mentir, ment-il ? " -, utilisé
ici pour faire croire que l'objet de la foi est invérifiable alors
que les religions et les sectes ont toujours cherché la " preuve
scientifique " à leurs élucubrations (comme le pape et
le suaire) et que par exemple la foi dans le système aristotélicien
s'est écroulée grâce à la science. C'est la
première arnaque bien exploitée par les newagers pour expliquer
leurs croyances, reprise ici pour défendre la pensée magique.
Un peu plus loin, Massimo en remet une couche en expliquant que le rationalisme
est un acte de foi et que ces rationalistes vont jusqu'à remettre
en cause l'efficacité de la prière et même la véracité
des miracles de Lourdes comme ceux de Jésus !
[...] Définissons la connaissance comme une croyance véridique
et justifiée. En d'autres mots, lorsque quelqu'un croit en une chose
véridique qui a été obtenue selon les normes admises
du raisonnement, on dit qu'il possède la connaissance. Peu de gens
disputeront cette conception, bien qu'il serait nécessaire d'y ajouter
certaines subtilités d'ordre technique pour satisfaire les épistémologistes
sérieux.
Il est évident qu'une fausse croyance ne peut constituer la
connaissance. Il serait ainsi absurde que je dise savoir que le président
Reagan est un Démocrate. Je peux croire que Reagan est Démocrate
(je peux même le croire de tout mon cour), mais je ne peux pas "savoir"
qu'il est Démocrate puisqu'il ne l'est pas ! Je pense seulement
le savoir, ce qui est très différent et il est évident
que la force de notre conviction n'a rien à voir avec le fait qu'une
connaissance soit vraie ou non.
Maintenant, s'il est nécessaire qu'une notion soit vraie pour
constituer la connaissance, ce n'est certainement pas suffisant. On peut
avoir une connaissance qui soit vraie même si la méthode utilisée
pour y aboutir est farfelue. Par exemple, je peux prétendre qu'un
tremblement de terre se produira à Los Angeles d'ici vingt-quatre
heures, ce qui peut s'avérer être exact. Mais si ma prédiction
(ou plutôt la croyance sur laquelle celle-ci s'appuie) est le résultat
de la consultation d'un astrologue ou d'un tableau de oui-ja, alors on
ne peut pas dire que je savais qu'un tremblement de terre était
imminent. Ainsi, il ne suffit pas d'avoir raison, il faut avoir raison
de la bonne manière[...].
[...] Une croyance est une disposition ou une tendance à admettre
une phrase sous certaines conditions spécifiques. Par exemple, nous
disons que monsieur Smith croit que 2+2=4 si et seulement si il admettait
la phrase " 2+2=4 ". Les conditions sont que Smith est capable d'admettre,
qu'il n'a aucune intention de nous tromper, et ainsi de suite. (Je devrais
mentionner que, en termes stricts, seules les phrases peuvent être
vraies ou fausses). "
Ce monsieur défend la pensée magique qui est bien illustrée
par un chat qui miaule après une mouche pour la faire descendre
du plafond ou par la prière. Un autre exemple, un curé de
Turin a expliqué à France-Inter que même si le suaire
de Turin est un faux, de toute façon les gens y croient et la machine
est lancée.
Vérité
toute nue ?
Un scientifique se doit donc de ne pas trafiquer ses chiffres, ni d'en
sortir sans signification, ni de bidonner des études statistiques,
ni de manipuler la vérité en la tronquant. M. de Pracontal,
ancien journaliste à Science et Vie, explique bien comment produire
un discours qui a tout l'air d'être scientifique sans en être
réellement.
Or son texte est truffé d'inexactitudes, de vérités
à demi révélées et de mensonges par omissions,
défauts qu'il s'empresse de remarquer dans le rapport. Par exemple
et en vrac :
Pédophilie ? Massimo nie la réalité de la pratique
pédophile chez les Enfants de Dieu alors que le témoignage
de Deborah Berg dans le livre de B. Fillaire est clair tout comme les citations
du manuel du FFeur - pour la secte, le FFeur est le pêcheur de poissons,
le FF, le Flirty Fishing qui est la pêche aux adeptes par le sexe
-. Par exemple, les enfants servent " à pêcher un certain
type de poissons ".
Déprogrammation. Il fait peur en faisant croire que la déprogrammation
est une programmation à l'envers et fait référence
aux expériences éceurantes du FBI pendant la guerre froide
sur des déficients mentaux, alors que la déprogrammation
est simplement une mise à disposition à un adepte consentant,
de documents internes et externes à la secte et d'une personne présente
uniquement pour l'aider à rechercher l'information. Un contrat est
écrit à l'avance, cela dure rarement plus de trois jours
et aucune personne susceptible d'influencer l'adepte - en bien ou en mal
- n'est présente.
Manipulation mentale ? Il nie la réalité de la manipulation
mentale alors qu'elle est appliquée autant par les sectes que par
le marketing, par les directions de ressources humaines, par l'armée
et qu'elle est bien expliquée par J.M. Abgrall ou par M. Bouderlique
et illustrée par des déportés de camps de concentration
:
" Au bout d'un an on était transformés. Une certaine
dureté et une grande pudeur. On s'est dit au revoir [leur père,
son frère et lui] en faisant semblant de croire qu'on se reverrait,
par pudeur, pour ne pas pleurer... C'est ça qui est terrible, ce
changement... ".
Un déporté en camp de travail disait :
" La haine meurt aussi à Dachau. On n'y a honte que d'être
un homme. ".
Ou même par les enfants du foot et par les professionnels,
soumis à un entraînement intensif, répétitif,
dans un endroit clos...
Justice. Il oublie de préciser que si le Cult Awareness Network
- cult signifie secte en anglais - a été coulé d'après
lui suite à une affaire de déprogrammation, le travail de
sape préalable a été réalisé par les
procès à répétitions pour " harcèlement
malveillant " des scientologues contre le CAN.
Opus Dei. Il n'aime pas quand on lui rappelle ses sympathies pour
l'Opus Dei, regroupement sectaire catholique
intégriste et réactionnaire qui a largement soutenu Franco
et les dictatures du Tiers Monde et est même combattu par les cathos
de gauche, mais il est suffisamment habile pour faire croire qu'il dément
si on lit rapidement son texte alors qu'il ne dément pas.
Pouvoirs. Il ne veut pas porter de jugement de valeur sur les prétendus
pouvoirs des sectes et de leurs gourous alors que leur réalité
est contestée par tout scientifique un peu sérieux, par G.
Majax et les Sceptiques québécois
quand leur argent - 4 millions de FF environ à eux deux - est toujours
disponible depuis au moins cinq ans. Rappelons que cet argent est donné
à la première personne qui leur montre un vrai phénomène
surnaturel.
Scientologie. Il joue aussi sur les mots. Par exemple quand le rapport
parlementaire classe l'Église de Scientologie
parmi les sectes psychanalytiques, Massimo s'insurge car les scientos ont
toujours dénoncé la psychanalyse et surtout les psychanalystes
car ceux-ci peuvent sortir des adeptes de sectes. Par psychanalytique le
rapport entendait bien sûr que les scientos prétendent guérir
l'esprit humain de ses tares - appelées ici engrammes
- avec l'aide de l'auditeur qui joue
le rôle de psychanalyste.
Mauvaises réputations. Comme l'Église catholique est
impliquée dans les affaires de l'Office Culturel
de Cluny (OCC), et que dire que l'OCC est une secte entacherait son
image ainsi que celle de l'État, il ne faut donc rien dire. Rappelons
que l'Église anglicane a publiquement reconnu que le Service de
9 heures qu'elle soutenait s'est révélé être
une secte dirigée par un obsédé sexuel et qu'elle
s'y est fourvoyée.
Il écrit qu'il ne faut pas non plus dire de mal de la Nouvelle
Acropole, qui a récemment dénoncé l'extrême
droite et que les extraits connus des militants antifascistes ne sont que
des erreurs de traduction. Le rapport Vivien et la justice sont pourtant
clairs à ce sujet : la Nouvelle Acropole est d'extrême droite
et même s'ils ont changé leurs traductions - ce dont je doute
-, ils les ont quand même gardé pendant 20 ans sans broncher
plus que ça.
Les dilettantes des mouvements anti sectes, dit-il, sont haineux envers
les sectes - ou nouveaux mouvements religieux comme il préfère
les appeler - et irresponsables. Seuls les scientifiques sont respectables
- on sait lesquels - et seule une approche neutre, donc favorable, est
valable.
Eugénisme ? Quand il écrit que les raëliens
ne peuvent pas avoir d'idée eugéniste
car il leur est recommandé de ne pas avoir d'enfants, il oublie
de préciser qu'ils ont lancé un programme de clonage humain.
Il écrit que le projet géniocrate
n'est qu'utopie et n'est pas pris à la lettre, on admire le sens
du jeu de mots.
Souvenirs ? Il se méfie des souvenirs retrouvés ou
dévoilés publiquement après une décennie mais
oublie la pression subie par les adeptes et l'adoration du gourou qui leur
fait faire n'importe quoi pour lui être agréable et qui dure
parfois encore après leur sortie de la secte.
Il n'hésite pas non plus à écrire que les adeptes
sont contents de leur sort ; surtout ceux qui finissent légume en
hôpital psychiatrique.
Délires. Il prétend que les associations anti-sectes
ne s'attaquent pas aux sectes musulmanes par peur de représailles
terroristes. Et le saccage du local du Planning Familial à Lyon
n'a pas été fait par des intégristes chrétiens
peut-être ?
Il n'hésite pas non plus à penser que nous nous attaquons
aux sectes faibles ; il est bien connu que les scientologues,
Moon,
la Soka Gakkaï, les Témoins
de Jéhovah ou l'Opus Dei sont faibles
financièrement et politiquement !
Enfin le plus délirant, il avance que nous utiliserions les
lefebvristes et les sédévacantistes - extrême droite
communautaire et intégriste catholique - comme avant garde sacrifiable
quand on le jugera opportun alors que ces mouvements sont à la limite
du sectaire ! L'ami Massimo devrait faire attention au délit de
diffamation. Les avocats des scientologues,
avec leur sens de l'humour aussi développé, auraient réagi
au quart de tour pour moins que ça.
Critique des textes de ses amis
Voici en vrac encore, des arguments foireux des amis du professeur Introvigne.
Ils considèrent que la chasse aux sectes s'apparente à la
chasse aux sorcières de la Renaissance et du Moyen-Âge ou
au racisme antidreyfusard. Étonnant pour ces catholiques de se comparer
à des sorcières ou à Dreyfus qu'ils furent à
l'époque bien prompts à calomnier, la Croix en tête
! Et plus fort, dresser une liste serait du même ordre d'idée
que toute liste : calomniatrice car on y mélange la vache et le
navet, sauf bien sur celle de Schindler.
Ils font un parallèle douteux entre les musulmans et les Témoins
de Jéhovah qui ont du mal à obtenir des salles, les uns
dans le sud de la France, les autres partout. Comme quoi on fait du racisme
anti-secte. Et pourquoi pas du racisme anti-raciste tant qu'on y est ?
Tant qu'on est dans le racisme, Moon serait mal
aimé des américains parce qu'il est coréen. Ses magouilles
fiscales n'auraient rien à voir là dedans ? Et pourquoi Hubbard,
gourou mort des scientologues, a-t-il eu les
même ennuis que Moon alors qu'il est américain ?
Ils prétendent qu'accepter les sectes dans la société
est une avancée sociale du même ordre que l'acceptation des
homosexuels alors que la plupart des sectes et des églises aussi
d'ailleurs sont homophobes.
Ils n'ont pas peur de claironner qu'on est libre d'entrer dans une secte
alors que c'est précisément le contraire qui les caractérise.
Notons qu'on est tout de même libre de prendre contact avec une secte
mais pas toujours d'y adhérer. Le Parti Humaniste par exemple fait
du chantage à l'amitié pour faire adhérer ses futurs
adeptes.
Ils pensent même que l'adhésion à une secte a un effet
thérapeutique ! À propos de thérapeute, M. Lempert
qui se proclame psychothérapeute et qui est défendu par les
amis de Massimo sans qu'on sache son nom - c'est de la méthode scientifique
ça ! - a perdu son procès en diffamation face à la
présidente de l'ADFI de Rennes et aux familles
plaignantes contrairement à ce qu'annoncent les écrits biaisés
de Libération et de Ouest France. M. Lempert " soignait "
des gens dans son association L'arbre au milieu et réussissait
surtout à les faire étrangement quitter leur famille, d'où
les plaintes.
Ils ne s'informent qu'auprès des sectes qui sont seules dignes de
foi. Alors que jamais elles ne présenterons les textes de justice
en entier, surtout s'ils ont perdu le procès mais ne sortiront que
les passages favorables à leurs thèses.
Ils font croire que si les sectes ont des moyens très puissants
pour convaincre les futurs adeptes elles devraient dominer le monde. Or
d'après eux le taux d'efficacité est de 1% sans donner d'explication
à ce nombre ; qui est tout simplement le pourcentage d'adeptes parmi
les personnes contactées par la secte. Je fais partie des 99% restant
moi aussi. Ils oublient bien évidemment de signaler que ce pourcent-là
n'a quasiment aucune chance de sortir seul de la secte. La manipulation
mentale est une ouvre de plus ou moins longue haleine mais n'est pas magique
ni instantanée. Cela me fait penser à des adeptes humanistes
qui me disaient que comme j'avais lu leurs " expériences guidées
" - c'est-à-dire des rêves éveillés - et
que je ne suis pas humaniste comme eux, ces expériences ne manipulent
pas. Ils oublient encore que lire un texte n'a pas le même effet
que de se le faire répéter à voix haute, lentement
et dans le noir.
Dans le même ordre d'idée, ils prétendent que le taux
de défection chez les sectes va jusqu'à 50 %, que le succès
chez les jeunes prouve la faiblesse de la manipulation alors que justement
l'attaque de cette classe d'âge se fait car elle est la plus sensible
au discours sectaire et la plus facilement manipulable. Notons qu'ils ont
oublié les personnes plus âgées, sensibles eux au discours
sur la guérison et l'immortalité, qui fréquentent
plutôt les charismatiques et les sectes soit-disant guérisseuses.
Enfin, les sectes auraient découvert comme par hasard ces techniques
toutes en même temps donc ce n'est pas possible. Ces techniques sont
pour la plupart vieilles comme le monde (chants répétitifs,
pression " amicale " du groupe, merveilleux mystique et mythique...) mais
qu'elles ont été considérablement améliorées
depuis l'âge de pierre que sont les religions traditionnelles.
Ils font croire que nous augmentons les effectifs des sectes pour faire
peur alors que les sectes font déjà très bien ce travail
sans nous et qu'eux, par contre, révisent ces chiffres énergiquement
à la baisse.
Ils font justement remarquer que presque toutes les sectes sont différentes
mais ils en déduisent qu'on ne peut alors pas leur coller l'étiquette
- infamante rappelons-le - de secte. Seulement nous savons que leurs pratiques
manipulatrices et légales (détournement, trafics, plaintes
à outrance...) sont le plus souvent les mêmes. Ils vont même
jusqu'à justifier la crapulerie financière des sectes par
celle des religieux !
Ils estiment que si contrôle il y a dans une secte, elle ne peut
se faire que d'homme à homme et nécessite la présence
permanente de l'adepte dans les locaux de sa secte. Tout le monde sait
que c'est faux, que le pape domine bien les catholiques sans avoir besoin
de les maintenir au couvent ni de les connaître tous. La délégation
de pouvoir s'en charge. Ils n'oublient pas d'abaisser la dangerosité
de la croyance pour dédramatiser les sectes.
Ils n'oublient pas de citer la constitution turque comme modèle
de tolérance religieuse car " nul ne peut être forcé
à révéler ses pensées et ses opinions. ".
Un modèle vous dis-je !
La démarche des anciens adeptes serait psychologiquement mécanique
et non objective et leur réaction serait irrationnelle. Sous entendu
seuls Massimo et ses amis sont objectifs et rationnels.
Enfin, le plus beau, ils font la promotion du groupe Alliance au Canada,
qui est une alternative à l'approche anti-secte. Il agit en dix
étapes regroupées en quatre :
· accepter la situation
· se regarder soi-même
· faire confiance à dieu
· se laisser questionner
En gros, on finit dans la secte. Le groupe Alliance, c'est de l'arnaque
!
Conclusion
Ce livre est donc l'apologie des sectes, l'auteur l'écrit lui-même
mais en des termes plus mesurés. Pire, il désinforme totalement
sur ce sujet. Ne l'achetez donc pas, empruntez-le en bibliothèque
et prévenez le bibliothécaire à quoi il a affaire.
C'est comme si on casse le thermomètre car on ne veut pas reconnaître
que la septicémie n'est pas un mal.