J'ai été membre de la scientologie pendant des années

Une histoire vécue

(Source: le site de Roger Gonnet)

 

Ce document conviendrait pour aider un scientologue désirant comprendre certains épisodes difficiles qu'il a pu vivre en scientologie. Passage intéressant: contrairement à ce qui se passe fréquemment en scientologie, le mari s'est rapproché de sa femme et l'a aidée à sortir de la psychose créée par la secte; or, c'est fréquemment le contraire qui a lieu (demande de divorce lorsqu'un époux est en désaccord avec la sciento) ?

Thanksgiving, 1998 (Remis à jour en 1999)

J'ai été membre de la Scientologie pendant des années. Les seules auditions que j'ai jamais reçues provenaient de la Scientologie officielle et autorisée. Il y a quelques années, aux mains de ses membres les mieux entraînés, je suis passée par une expérience devastatrice qui m'a ruinée mentalement et spirituellement. Je n'étais plus alors une personne intègre. C'est seulement maintenant que je suis capable d'en parler. Des histoires comme la mienne font l'exception. Cependant, la mienne n'est certainement pas la première ni la dernière.

J'écris ceci anonymement parce que je n'ai pas envie d'être "importunée". Je vais mieux, mais il me faut du temps pour retrouver la santé. Evidemment les scientologues de l'Office des Affaires Spéciales Internationales (OSA int) et le Religious Technology Center (RTC) me reconnaîtront parce que c'est sous leur houlette que tout cela est arrivé.

L'histoire que je désire vous raconter a commencé il y a près de trois ans, en 1996. Je ne le savais pas encore mais ma saga commença huit semaines avant la mort de Lisa McPherson le 5 décembre 1995, à Clearwater en Floride. Plusieurs des aspects de mon affaire sont similaires sinon identiques à celle de Lisa; nous avons eu toutes les deux un médecin scientologue, on nous a donné les mêmes concoctions de vitamines et de plantes, ainsi que le médicament hydrate de chloral, et nous avons toutes deux subi de sérieuses crises psychotiques s'accompagnant d'hallucinations. Heureusement, certains aspects diffèrent et en particulier la façon dont tout cela s'est terminé.

Lisa et moi etions toutes deux des scientologues de longue date. J'avais passé dix ans dans le personnel de la scientologie (la Sea Organization), employée à plein temps, membre du staff dans une de leurs organisations. J'ai passé plusieurs années à SMI (Scientology International Management Int.) Après avoir quitté la Sea Org, j'ai joué le rôle de scientologue reconnue ayant des activités diverses. Alors que j'étais scientologue, j'ai été confrontée à pas mal de situations et conditions dans l'église, avec lesquelles je fus en désaccord. Cependant, je les justifiais et les regardais sous un angle qui me permettait de continuer à persevérer en tant que membre actif. Je suppose que j'ai toujours espéré que ces conditions finiraient par s'améliorer.

Au début des années 90, j'ai constaté que mes espoirs s'affaiblissaient de plus en plus et que je ne pouvais plus laisser de côté mes doutes et mes desaccords. J'ai pris certains cours de scientologie avec l'intention d'y remédier. Mais ils n'ont fait qu'empirer la situation. Vers la fin de 1994, j'ai été contactée par OSA Int, qui voulait que je m'occupe d'un nouveau groupe "Wolly" qui avait démarré sur internet. ("Wolly" est le nom utilisé par OSA Int pour Larry Wollersheim, ex-scientologue.) Cette personne d'OSA Int voulait connaître les activités de "Wolly". J'ai refusé l'offre, pretextant mon ignorance à Internet. Cependant, cet appel m'a interpelée et j'ai rapidement appris à me "servir d'Internet". C'est ainsi que j'ai découvert Internet. Et c'est ainsi qu'en 1995, j'ai découvert et lu de nombreux procés, décisions de tribunaux, affidavits et articles de presse concernant la scientologie. A few of the points that I wanted sorted out were: Alors que l'arrivée de ces informations faisait naître en moi nombre de questions, cela n'a pas ébranlé mes doutes ni fait renaître en moi un regain de fidélité envers la scientologie.

J'ai effectué quelques voyages à AOLA (the Advanced Scientology Organization in Los Angeles) et au CCLA (the Celebrity Center in Los Angeles) afin de gérer mes sentiments. Cela ne m'a pas plus aidée. Voici certains des points que j'ai abordés: Si la scientologie est supposée mettre la planète au clair, pourquoi diable coute-t'elle si cher? La plupart des gens que je connaissais font partie de la classe moyenne, et ne pouvaient même pas se payer les niveaux inférieurs de la scientologie - et encore moins les niveaux de "mise au clair". En raison de ces prix, cela paraîssait être un groupe élitiste plutôt qu'un groupe oeuvrant pour l'humanité. Je connaissais quelqu'un qui avait déjà déboursé 3000000$ et à qui l'on demandait encore d'en prendre pour 60000$ pour accéder au niveau au dessus du niveau de clair. Mais où diable cet argent partait-t'il?

J'avais l'impression qu'une bonne partie filait en honoraires d'avocats pour manier des procés qui impliquaient des gens qui avaient dépensé des sommes exhorbitantes pour des services, et qui demandaient réparation. Ces sommes d'argent étaient énormes en raison des tarifs exhorbitants des avocats.

Qu'est réellement une religion?

Lorsque je suis entrée en scientologie on m'a clairement expliqué que l'étiquette religieuse n'était là que pour des raisons de fisc et de juridiction, et que nul n'avait besoin de changer son appartenance religieuse pour devenir membre. Au cours de mes vingt années de scientologie, je ne suis allée qu'une seule fois à un des services cléricaux de l'église. Une fois, j'ai essayé de trouver un service de scientologie où je pouvais amener mes enfants. Une organisation m'a dit qu'ils avaient un petit service qui accueillait les enfants pendant que les membres prenaient leur repas. Dans une autre organisation, les dimanches matin étaient consacrés à des réunions qu'ils conseillaient vivement. J'ai entendu dire qu'une organisation organisait un service le dimanche soir tout à fait valable. J'y ai emmené mes enfants un dimanche soir. C'était un bâtiment noir et fermé. Nous y sommes entrés par la porte de l'immeuble voisin. Après nous être renseignés auprès de plusieurs membres du personnel, qui n'avaient aucune idée de ce qu'était ce service du dimanche, on a fini par tomber sur quelqu'un qui nous a dit "ah oui, mais ce soir c'est annulé".

Cela a mis un terme à mes recherches pour un service scientologue pour mes enfants. Si la scientologie était une religion, qu'en était-t'il de la croyance du groupe en Dieu? Je croyais que mes auditions scientologues me mèneraient à une meilleure compréhension et à une relation plus intime avec Dieu (le divin, l'universel peu importe le nom qu'on lui donne), mais voilà, vingt ans plus tard, après les plus hauts niveaux en scientologie, je ne me sentais pas pour autant plus proche de Dieu.

La plupart des scientologues que j'ai connus personnellement, ne croyaient pas en Dieu. Mais s'agissait-il de leur propre opinion ou était-ce dû à l'influence de la scientologie? J'ai tenté de le découvrir. C'est alors que j'ai découvert la masse de publications entourant la scientologie. Je suis tombée sur un livre donnant certaines références sur les fondements de la scientologie, (Notes on the Lectures), que j'ai du me procurer chez un bouquiniste car la scientologie l'avait "censuré". Comment ce faisait-il qu'ils aient toujours autant d'"ennemis"? J'ai participé à certains projets du GO et d'OSA Int, et à ce moment, j'ai cotoyé quelques temps des "SPs" ou "Ennemis". Je n'ai pas vu ces ogres que la scientologie nous dépeignait. En fait, la plupart d'entre eux avaient des opinions bien fondées sur le comportement scandaleux de la scientologie, et c'est ce qui les avait amenés à la controverse. En d'autres termes, d'après moi ces gens n'étaient déclarés subversifs pour l'unique raison que le groupe se déclarait être leur "victime".

C'était l'état d'esprit auquel j'arrivais au fur et à mesure de mes investigations sur Internet. Vers le nouvel an 1996, je me suis rendue compte qu'il fallait que je fasse part à mon mari de ce que je pensais, même s'il s'agissait d'un crime capital que de dire à un autre scientologue qu'on veut quitter la secte. Je lui ai avoué que je pourrais bien ne plus être scientologue. Il était vraiment boulversé et il était clair que c'était un problême pour lui. Je savais que si je continuais dans cette direction, mon mariage et mes enfants risquaient d'en souffrir. J'ai donc cessé d'aborder le sujet.

Le lundi 5 février 1996, j'ai reçu un coup de fil d'un membre d'OSA Int que je connaissais personnellement. Elle désirait une entrevue. Je l'ai rencontrée avec son associé dans un bureau à OSA Int sur Hollywood Boulevard. A ma grande surprise, elle m'a montré un message privé par E-mail que j'avais envoyé à quelqu'un plusieurs mois auparavant. La scientologie avait déclaré cette personne suppressive, c'est à dire qu'elle l'avait expulsée, et que la scientologie ou tout membre actif avait coupé les liens avec cette personne, et qu'elle avait interdit à tout scientologue le moindre contact avec elle. Cette personne, dans le message qu'elle m'envoyait, s'étonnait que moi, scientologue "en bon standing" [en bonne entente en théorie avec la secte, ndt], puisse encore lui faire confiance et communiquer avec elle. J'avais répondu que je n'avais pas de méfiance particulière à son égard, mais que j'étais génée à cause des espions que la scientologie, j'en étais sûre, n'avait pas manqué d'envoyer pour la surveiller. Les deux femmes d'OSA Int n'ont jamais expliqué la façon dont elles avaient obtenu ces messages privés. Je leur ai dit que je n'avais rien à cacher, que j'avais signé de mon nom, et que je savais qu'ils avaient des observateurs et des espions partout. Je leur ai parlé de mes visites à AOLA et CCLA pour essayer d'éclaircir mes pensées et mes sentiments à propos de la scientologie y compris les problêmes que j'avais récemment résolus.

Je leur ai déclaré que je n'étais pas d'accord avec certaines des opérations d'OSA Int contre des soi-disant "ennemis", car ce n'était pas éthique. J'étais en desaccord avec l'état d'esprit scientologue "la fin justifie les moyens", qui gouvernait leurs actions y compris les actions et décisions dans lesquelles j'avais été personnellement impliquée ou que j'avais apprises de source sûre.

Mon point de vue ne semblait pas vraiment les interresser, mais par contre ils voulaient connaître les noms des personnes que je mentionnais, savoir si j'avais parlé à telle ou telle personne, tous ces gens étant bien entendu dans leur liste d'ennemis. Ils m'ont proposé de m'aider à dissiper mes doutes et mes confusions. Ils m'ont indiqué qu'un merveilleux auditeur, que je connaissais mais que je n'avais pas vu depuis des années, avait étudié mon dossier et qu'elle voulait me venir en aide. Je n'étais pas opposée à cette offre, je suis donc allée voir le Directeur des auditions. Mais je me suis rendue compte qu'il ne s'agissait pas d'un entretien ordinaire avec le Directeur des auditions mais plutôt un interrogatoire.

On m'a demandé si je connaissais des gens qui avaient quitté la scientologie. Est-ce que je connaissais des suppressifs? Avec qui est-ce que je discutais? Qu'est-ce que je pensais? Je suis rentrée chez moi complètement SONNEE. Je ne voulais pas en parler. Je savais très bien que si je refusais leur "maniement", on me déclarerait suppressive, et je savais que mon mariage (et d'autres aspects de ma vie) risquaient d'en pâtir si cela arrivait. Ce soir là, j'ai reçu un appel d'une scientologue de mes amies. Elle avait des problêmes. Son Org (AOLA) lui avait ordonné de rompre tout lien avec son meilleur ami (ancien membre de la scientologie mais pas un ennemi déclaré). Son mari lui avait assuré que si elle ne rompait pas ses liens avec cet ami, elle ne pourrait plus avancer sur le pont, et si cela se produisait, il demanderait le divorce. J'avais l'impression d'être coincée dans la même situation, et ne pas pouvoir faire autrement que de me pointer à cette fameuse "scéance" le lendemain.

J'appelle ça une "scéance" parce que ça n'était pas un entretien; l'entretien avait eu lieu la veille. C'était supposé être un entretien informel, avant que l'audition proprement dite ne commence. Le lendemain, les deux filles d'OSA Int m'ont emmenée en salle d'audition pour voir l'auditeur. Elles m'ont accompagnée jusque dans cette salle minuscule. D'abord, j'ai observé ces trois filles avec leur visage fermé et je me suis demandée si j'allais subir un "Gang Bang Sec Check" [une vérification de sécurité, en fait un questionnaire policier, faite en groupe par plusieurs "flics" de la secte, ndt] dont j'avais entendu parler il y a quelques années. Mais ce n'était pas le cas, elles m'ont finalement laissée seule avec mon auditeur. Ce fut une "audition" telle que je n'en avais encore jamais vue.

"Horrible" est le mot qui me vient à l'esprit. Les scéances duraient des heures, et pendant des jours. Je me rappelle que le deuxième jour, l'auditeur m'a fait lire différents bulletins pour me démontrer que tout était fait pour mon bien, que ces scéances n'avaient rien à voir avec une enquête et que le but n'était pas de m'"attaquer". L'auditeur a expliqué qu'elle s'intéressait vraiment à moi et qu'elle ferait tout pour m'aider. Mais bientôt elle a commencé à me crier dessus quand elle n'était pas d'accord avec moi. Par exemple, je me souviens lui avoir rapporté que j'avais fait quelque chose à un suppressif et que j'estimais que j'avais fait un overt, elle m'a crié dessus. Elle m'a hurlé que je ne pouvais pas avoir commis un overt puisque "Vous ne pouvez pas commettre des overts sur des suppressifs". On a eu de nombreux désaccord sur la définition d'un overt. Je lui ai dit que je n'étais pas d'accord avec la définition "Le Plus Grand Bien pour le Plus Grand Nombre", car cela avait servi de justification à quantité de mes mauvaises actions. "Ne faites pas aux autres ce que vous ne voudriez pas qu'ils vous fassent" me semblait plus louable et c'est d'après ce critère que je voulais juger mes actions.

L'auditeur s'est violamment emportée contre mon point de vue car cela n'était pas en accord avec les croyances hubbardiennes, au cours de cette scéance, il y a eu de nombreux autres hurlements. Ces "journées d'audition" ont duré près d'une semaine. Quand je n'étais pas en scéance, je ne parlais guère. Je me sentais complètement sonnée. J'ai bien essayé de dormir, mais je n'y parvenais pas. Je me forçais à manger pour pouvoir "passer le test du métabolisme", c'est à dire le phénomène en scientologie qui montre que le corps est suffisamment reposé et nourri pour commencer la scéance. Le soir j'avais ces scéances qui me revenaient sans cesse à l'esprit. C'était comme si ces scéances n'avaient pas de fin. Comme si j'emmenais l'auditeur avec moi. Elle était dans ma tête, antagoniste, me hurlant dessus et me rongeant le cerveau.

9 ou 10 février 1996 Ce fut la plus longue scéance, elle a duré près de six heures. Je me souviens que je voulais vraiment fuir. Cependant, je me trouvais au dernier étage d'OSA Int. Lorsque j'ai mesuré les difficultés pour quitter mon auditeur, descendre les escaliers avec des caméras partout, des tas de gens et des gardes de sécurité entraînés à empêcher les gens de "se sauver des scéances", je suis restée. J'ai passé l'essentiel de ces six heures à pleurer dans cette minuscule pièce et j'ai rempli une poubelle de mouchoirs. Dimanche soir 11 février 1996 Je suis allée me coucher. Vers 2 heures du matin je me suis réveillée, je sentais que tout explosait, ma tête, mon moi, mon âme. Je ne sais pas comment le décrire autrement, je devenais folle. Il fallait que j'agisse mais je ne savais pas quoi faire. J'hurlais sur mon mari, mais j'avais l'impression de ne pas hurler des mots. J'ai quitté la maison en courant. Mon mari, qui me poursuivait, m'a rattrapée avant le bout de l'allée. Je tournais autour de la voiture et j'essayais de toucher les arbres. Mon mari a fini par me calmer suffisament pour que je puisse rentrer chez moi. J'étais totalement terrorisée. Il s'était passé quelque chose en moi et je savais que j'étais ailleurs. Mon mari a appelé mon auditeur à OSA Int, (alors qu'il était dans les deux heures du matin), elle a parlé avec mon mari puis avec moi. Tout ce dont je me souviens de cette conversation était qu'elle disait "Il n'y a aucune tech pour manier ça". Je me rappelle avoir pensé "elle aurait pu au moins me mentir".

C'est vers le 12 ou 13 février que quelqu'un a arrangé une autre scéance d'audition avec l'auditeur. Dès que la scéance a commencé, l'auditeur a sorti la "liste de Security Check Correction", une action dans l'audition sensée détecter et résoudre les difficultés rencontrées dans les Security Check scientologues. On suppose que la plupart de ces difficultés sont dûes à un ou plusieurs secrets que le préclair n'a pas divulgués.

Je me suis sentie immédiatement effondrée. "Eux", (le C/S et l'auditeur), pensaient que ce problême mental n'était rien d'autre qu'une "retenue manquée". Je savais que ce n'était pas cela qui n'allait pas. Je sentais que le superviseur de cas et l'auditeur pouvaient résoudre le problème que j'avais et je n'admettais pas qu'ils n'en fassent rien. L'auditeur m'a parlé jusqu'à ce que mon "aiguille flotte", et puis elle a terminé la scéance. Je me souviens lui avoir demandé "mais comment va t'on résoudre mon problême?" Elle ne m'a jamais répondu. On m'a renvoyée chez moi et on m'a dit qu'on me contacterait. Les jours suivants, je suis restée chez moi. J'étais terriblement anxieuse, terrorisée, et mal dans ma peau. J'essayais de dormir, mais aussitôt j'étais réveillée par "des choses qui envahissaient ma tête".

C'était vraiment difficile d'expliquer ce qu'étaient ces ombres et ces démons. Je voulais seulement que tout cela s'arrête. Je voulais juste que mon état de clair me revienne... J'augmentais les dosages de vitamines que mon auditeur m'avait dit de prendre - Mélatonine, Calcium et Magnésium, Vitamine B1. Cependant, cela n'a fait qu'empirer et j'avais de plus en plus de difficultés à me maintenir à flot.

J'ai passé la nuit du 13 février à faire les cent pas dans le garage pour ne pas réveiller les membres de ma famille. J'essayais de calmer le flot de mes pensées, essayant de rester dans la réalité. Mon mari ne comprenait plus ce qui m'arrivait, et je me suis sentie terriblement seule. A 5 heures du matin, j'ai appelé une autre scientologue de mes amis et également auditeur. Je lui ai expliqué que je n'arrivais pas à obtenir l'aide dont j'avais besoin. Il a été d'un grand réconfort. Il a comparé l'expérience que j'étais en train de vivre à un mauvais trip de LSD, comme il en avait vécu des années auparavant. Cela m'a rassurée de savoir que quelqu'un était passé par là, mais en même temps j'étais perplexe car je n'avais jamais touché au LSD. Mon ami connaissait des gens d'OSA Int et m'a promis de trouver pourquoi on ne me sortait pas de ce pétrin.

Il faut vraiment se rendre compte que pendant tout ce temps là - à partir du moment où mon "mental a explosé" jusqu'aux 4 jours qui ont suivi, j'étais vraiment consciente que j'avais eu une crise de psychose. Mon mental était brisé, et cela était arrivé en plein milieu d'une audition scientologue. Mais je me suis souvenue que L. Ron Hubbard avait dit "La Voie pour en Sortir, c'est la Voie qui passe au Travers", et, "Ce qui l'Amène le fera Repartir", donc, j'attendais qu'OSA Int répare ce qu'ils avaient rompu. Je pensais qu'ils avaient les outils pour réparer mon mental brisé. Mais c'était de pire en pire. Il a fallu des jours, des heures et des heures, et j'ai commencé à penser qu'ils faisaient exprès de ne pas m'aider. Je devenais paranoïaque.

Le 15 février 1996 Quelqu'un d'OSA Int m'a appelée pour me dire que le superviseur de cas avait ordonné que je vois un médecin scientologue. Je n'en connaissais pas. J'en savais suffisamment sur les techniques scientologues pour savoir que le superviseur de cas voulait avoir un avis médical sur mon état. Mais en même temps je commençais à me demander si le Capitaine Bill (Robertson) était vraiment l'homme de la situation. Le Capitaine Bill était un cadre principal de la Sea Org. Il "tomba en disgrâce" en 1982 quand il quitta la Sea Org. Il avait répandu des histoires sur les grades supérieurs de la Sea Org qui selon lui avaient été subjugués par des aliens, nommés les Marcabiens, de la planète Marcab. Je n'avais jamais accordé d'importances à ces histoires jusqu'alors.

Ces gens d'OSA Int qui agissaient si froidement, je les voyais comme des "aliens". Le capitaine Bill n'avait-il pas raison? On m'a envoyé un médecin qui était OT8. Les OT8 faisaient peut-être partie d'un vaste programme de prise de contrôle mental et de vue à distance? C'était peut-être de cette façon qu'ils avaient fait exploser ma tête. Malgré mes craintes, on m'a emmenée chez le médecin scientologue de Los Angeles. Elle m'a dit de continuer la Mélatonine, Calcium et Magnésium, Vitamine B1 que mon auditeur m'avait demandé de prendre. Elle a rajouté à la prescription quelques plantes et m'a fait une ordonnance pour de l'Hydrate de Chloral. Elle m'a expliqué que le docteur Denk (autre médecin scientologue proche de L Ron Hubbard lors de sa mort), avait fait des recherches et découvert que l'Hydrate de Chloral était le meilleur remède "non psychyatrique" adapté à mon cas. Pendant les quatres jours qui ont suivis, cela a été de plus en plus mal. J'avais de plus en plus d'hallucinations. Je ne faisais que marcher. Je ne mangeais rien.

L'univers semblait constamment en train de disparaître. J'avais découvert que le fait de rester constamment en mouvement pouvait me rattacher à la réalité, et empêcher la venue des démons. Le seul conseil intelligent que m'ait prodigué mon auditeur d'OSA Int a été de recommander à mon mari de ne pas me laisser conduire. J'avais l'impression d'être sur des montagnes russes. Par moment, ça allait à peu près et dans ces moments-là je prenais conscience de ma descente vers la folie. Mais ces moments de lucidité étaient trop courts. Chaque fois, je replongeais dans le délire, je savais que ce moment de répit ne durerait pas et que le pouvoir effrayant de mon mental rompu me ferait plonger encore plus bas. Je me noyais, et j'avais l'impression qu'on attendait seulement à OSA Int que je disparaisse.

J'ai essayé pas mal de choses pendant les jours suivants pour essayer de m'en sortir toute seule ou d'obtenir que les scientologues me sortent de là. J'ai parlé à plusieurs reprises avec les gens d'OSA Int et je leur ai même donné mon journal intime et d'autres documents personnels espèrant que cela pourrait aider mon superviseur de cas à comprendre ce qui m'arrivait. Je leur ai dit que je vivais l'enfer, que je c'était l'enfer de Dante dans ma tête. Je leur ai dit que j'avais vraiment, vraiment besoin d'une scéance pour me remettre en état. La seule réponse qui m'ait été donnée a été que mon dossier de préclair se trouvait au RTC (Religious Technology Center) pour une examination technique et qu'il fallait attendre qu'ils soient de retour pour recevoir mon audition.

Pendant ce temps, j'ai pris religieusement tous les médicaments qu'on me recommandait. En pensant que cela pouvait m'aider, j'ai augmenté les doses et j'ai commencé à prendre une quantité colossale de Vitamine B1, mais je ne pouvais pas dormir plus de 30 ou 40 minutes à la fois. Je me réveillais d'un cauchemar et je croyais que ce que je venais de rêver était la réalité. Mon mari ne comprenait rien à ce qui m'arrivait. J'étais seule au monde. Je me souviens qu'une fois je me suis enfermée dans mon bureau, acculée dans un coin, pleurant, me frappant la tête contre les murs. Je voulais juste récupérer ma tête. Je me souviens d'une fois où mon auditeur m'a dit de ne plus parler à mon ami scientologue qui était aussi auditeur (celui qui n'était pas membre du staff). Elle m'a dit qu'il n'avait pas à s'en mêler.

Des mois plus tard, j'ai demandé à mon "FSM" pourquoi il ne m'avait pas soutenue pendant cette épreuve. Il m'a dit que OSA int lui avait assuré qu'ils contrôlaient la situation et qu'il devait rester en dehors de tout ça. Pendant la nuit du 20 février 1996, je n'ai pas fermé l'oeil de la nuit. J'étais maintenant certaine que ce que le capitaine Bill racontait était vrai. Les Marcabiens avaient pris le contrôle de la scientologie. Le capitaine Bill m'avait raconté que les Marcabiens avaient placé des "tépaphones" au sommet du grand campus de la scientologie à Los Angeles. Les humains passaient au travers de ces tépaphones et les Marcabiens pouvaient se rendre maître de leurs esprit. Cela avait l'air crédible pour moi, c'était comme cela que j'avais perdu ma tête. Et cela expliquait aussi pourquoi les gens d'OSA Int étaient si froids face à ma douleur - c'étaient des aliens ou bien ils étaient contrôlés par des aliens. Il était clair pour moi qu'OSA Int n'avait pas l'intention de m'aider.

Plusieurs choses irrationnelles se sont produites ce jour-là... J'étais complètement paranoïaque, psychotique et j'hallucinais. Je me souviens avoir traversé comme une folle une rue très encombrée et être arrivée par miracle de l'autre côté saine et sauve. J'étais tellement sûre alors que j'allais me faire renverser qu'une fois la rue traversée je ne savais plus que faire. C'est juste après que je me suis évanouie sur le trottoir. Je me souviens avoir essayé de me relever, mais je ne pouvais pas tenir debout ni même m'asseoir. J'étais complètement anéantie, aussi bien physiquement que mentalement. J'étais très agressive. On m'a transportée en ambulance à l'hopital. Mon mari est arrivé peu après. J'étais tellement mal en point que je ne l'ai même pas reconnu. Il paraît que ma tension était montée de façon alarmante et que j'étais complètement deshydratée. Mon mari leur a montré aux médecins le flacon d'Hydrate de Chloral que le médecin scientologue m'avait prescrit. Ils n'en croyaient pas leur yeux. "Et c'est ça qu'on lui donne pour la faire dormir!!!", deux d'entre eux étaient pliés de rire. J'ai par la suite découvert que l'hôpital avait appelé le médecin scientologue à propos de mon effondrement et de mon état mental. Elle a alerté OSA Int qui a envoyé des gens pour empêcher mon admission en psychiatrie. Après plusieurs heures, et avec un peu d'aide, j'étais capable de répondre aux questions que l'on pose habituellement aux urgences -"Qui êtes-vous?", "Quel jour sommes-nous?". Et "Ou êtes-vous?" Les médecins voulaient me garder à l'hôpital, mais ils ont autorisé ma sortie à partir du moment où mon mari et moi acceptions de signer une "décharge". Après avoir quitté l'hôpital, on m'a fait une "garde de bébé" [la "garde de bébé" est une partie d'un procédé nommé Procédure d'Instrospection, supposé soigner les fous, ndt]. C'était une garde de bébé informelle, car a) tout cela se passait chez moi, b) je connaissais les scientologues qui me gardaient, c) on ne leur interdisait pas de me parler. Lorsque mon mari était à la maison, ils s'en allaient.

22 février 1996 Quelqu'un d'OSA Int est venu chez moi pour me remettre un message du superviseur de cas. Je ne me souviens pas de ce dont il s'agissait mais par contre je me souviens que je me suis mise à déblatèrer une longue tirade dénuée de sens à la femme qui me l'avait apporté. De plus, les "gens" (les êtres invisibles que j'étais seule à voir) qui étaient arrivés avec elle, ont commencé un livrer un combat avec "mes gens". Inutile de dire qu'après cette visite mon mari avait perdu tout espoir de voir une quelconque aide venant d'une audition du Superviseur de Cas. Mon mari a alors appelé le médecin pour obtenir un peu d'aide. A sa stupéfaction, elle lui a dit qu'elle n'y pouvait rien, que la seule chose qui pouvait m'aider était des médicaments psychiatriques et qu'elle ne pouvait pas me les prescrire. [on a ici une preuve de plus de médecine illégale, puisque la scientologie donne en quelque sorte des ordres aux médecins scientologues, ndt]

Après cela, mon mari s'est vraiment occupé de moi. Il m'a avoué qu'il ne fallait pas attendre d'aide d'OSA Int ni des médecins scientologues. Il m'a dit que dès lors nous étions seuls, et qu'il fallait qu'on s'en sorte nous-même. Malgré l'apogée de ma folie, j'étais enfin heureuse de ne plus être seule. Je sentais qu'il y avait un espoir. Je me suis souvenue des médecins qui avaient ri de voir qu'on me donnait de l'Hydrate de Chloral, et j'ai senti qu'il fallait que je fasse l'INVERSE de ce qu'on nous avait dit.

Mon mari était d'accord, et j'ai arrêté les vitamines, les plantes, tout ce que m'avait prescrit quiconque avait un rapport avec OSA Int. Au lieu de cela, je n'ai pris que de l'aspirine parce que j'avais lu quelque part que la drogue pouvait "effacer l'imagerie mentale".

23 février au 1er mars Au cours de la semaine suivante, je n'arrivais toujours pas à dormir. Les hallucinations et la paranoïa continuaient. Mais par contre je ne me sentais plus seule. Je ne peux le décrire que d'une seule façon, mon mari m'accompagnait dans ma folie. Il voyait ce que je voyais et il entendait ce que j'entendais, ou au moins il m'en donnait l'impression. Il m'a aidé à me calmer. La nuit, lorsque cette vague de terreurs arrivait à son point culminant, il restait près de moi. C'est comme si il avait crée dans ma pauvre tête, une petite flamme que je suivais comme un guide et qui m'arrachait à mes démons.

Mon mari continue à faire un parallèle avec un passage du film "Poltergeist", au moment ou le père rentre à l'intérieur de l'autre univers pour aider sa fille qui a été aspirée par un écran de télévision. C'est en quelque sorte ce que mon mari a fait, il est rentré dans ma psychose, m'a trouvée, et m'en a sortie. Peu à peu j'ai recouvré le sommeil. Peu à peu les terreurs se sont dissipées. Les hallucinations étaient encore là mais elles devenaient moins intenses. Les voix que j'entendais devenaient plus douces. Au début de cette longue marche vers la guérison, personne d'OSA Int n'a appelé

.A un certain moment, j'ai eu très envie de récupérer mes documents personnels. Mon mari a appelé OSA Int et il a pu récupérer mes affaires. Le dos des agendas était complètement plié (comme lorsqu'on applatit un livre pour en faire des photocopies) et certaines pages (celles où il était question de la scientologie) avaient été cornées. Mais au moins on m'avait rendu mes originaux. Je me souviens d'avoir essayé de remettre "un peu de normalité" dans tout cela. Avant ces évènements, j'étais plutôt matinale, je prenais du jus de fruit et du café au petit-déjeûner, je lisais mon journal. Alors j'ai repris mes habitudes - me lever, prendre le petit-déjeûner, ouvrir le journal. Malgré l'incapacité que j'avais à me concentrer, je ne pouvais pas lire plus d'un mot par-ci par-là, je me suis focalisée sur deux petites choses -"agir comme si" et "créer la chose pour qu'elle se réalise".

Je me concentrais sur une page de journal aussi longtemps qu'il fallait pour la lire entièrement, et seulement après, je passais à la suivante. Je me battais pour retrouver toute ma tête, pour revenir au monde des réalités et vivre au jour le jour... Chaque nuit je dormais un peu plus, et de jour en jour j'allais mieux.

6 mars 1996 J'ai reçu un coup de téléphone de mon ami auditeur, celui qui m'avait aidée avec son histoire de LSD et avec d'autres actions avant que mon mari ait compris ce qui se passait. Il voulait m'interviewer et enregistrer mon expérience. J'avais déjà décidé que je ne reprendrai jamais plus les "boîtes" [expression scientologue voulant dire "entre en séance d'audition"]. Cependant, je lui faisais confiance et j'ai accepté. Je voulais faire connaître mon point de vue. Je ne voulais pas que mon dossier de préclair, que de toute façon la scientologie ne m'aurait pas autorisée à récupérer, soit le seul témoignage de ce qui m'était arrivé.

Nous nous sommes donc rencontrés dans un endroit sûr. Ensuite, mon ami m'a expliqué qu'en tant qu'auditeur entraîné, il pouvait se rendre compte des erreurs et des mauvaises applications des techniques qui m'avaient été administrées. Ce qu'il m'a dit n'a pas réparé les choses, et ne m'a pas appris grand-chose de plus, mais ça m'a aidée à me rendre compte que ça n'était pas de ma faute si j'avais perdu la tête.

Vendredi 8 mars Autre appel de mon ami auditeur. Il m'a dit qu'une femme d'OSA Legal voulait me faire signer certaines déclarations. Il m'a dit qu'OSA Int lui avait d'abord demandé son aide pour me faire signer ces papiers. OSA Int ne s'était nullement préocupé de mon point de vue et se fichait bien de m'interviewer sur ce que je ressentais après ce qui s'était passé. Il m'a dit que c'était lui qui avait demandé que l'interview soit enregistrée. J'étais renversée. J'ai pris le numéro d'OSA Légal. J'étais furieuse que cette personne du Légal n'ait pas la décence de m'appeler personnellement.

En fait, ni mon mari ni moi n'avions reçu le MOINDRE appel sur ma santé après ce vendredi, là il a vraiment réalisé que OSA et la scientologie ne nous aideraient pas. Quand j'ai appelé la fille d'OSA Légal, elle m'a dit qu'elle avait un petit document et une déclaration d'abandon de droits qu'il fallait que je signe. Je lui ai dit que j'en voulais des copies et le temps de les lire d'abord. Pendant que je lui parlais, je me suis rendue compte qu'après tout ce que j'avais subi, c'était tout ce que j'allais avoir en échange de la scientologie.

Les non-scientologues m'avaient envoyé des fleurs et des souhaits de prompt rétablissement. La scientologie voulait me faire signer des documents légaux. J'ai commencé à fondre en larmes et je lui ai raccroché au nez. Un moment plus tard, je l'ai rappelée et elle a été d'accord pour m'envoyer les documents par mail. J'étais triste de cette tournure des évennements, vraiment triste, profondément désapointée de constater que je n'obtiendrai que cela de ma soi-disant église. Au contraire, mon mari n'était pas triste, mais plutôt furieux que "ces gens" ne se préoccupent que d'assurer leurs arrières.

Les déclarations ne me sont jamais parvenues par mail. Même ainsi, je me demande si je les aurais jamais signées. Je savais que si je ne les signais pas, OSA Int me verrait comme une menace et qu'ils tenteraient d'autres actions contre moi. Même si j'allais mieux, j'étais encore instable et il y avait toujours cette part de moi-même qui se posait encore des questions quant à l'existence des aliens, des tépaphones que les Mercabiens avaient placés au sommet du building de la scientologie.

Je me rendais bien compte que cela pouvait me renvoyer en enfer alors que je venais seulement d'en sortir.

Le 13 mars La femme d'OSA Légal a appelé et m'a expliqué qu'elle ne pouvait pas m'envoyer les documents par mail, mais qu'elle voulait que je les lise (en sa présence) et que je les signe. Mon mari n'était pas disponible ce jour-là. Le seul ami que je pouvais contacter m'a recommandé de les signer pour que la scientologie me fiche la paix. J'ai refusé de rencontrer la fille d'OSA Légal dans le building de la scientologie. On s'est mises d'accord pour se voir dans un restaurant, mais j'étais trop boulversée pour sortir de la voiture et je n'ai pas pu aller plus loin que le parking du restaurant. C'était un peu moins d'un mois après le début de mes ennuis et seulement une semaine après que j'aie commencé à redevenir moi-même. N'ayant toujours pas d'ancrage solide dans le monde réel, j'en tremblais.

Je me suis assise avec elle dans la voiture, pleurant, pendant qu'elle lisait les deux documents. Elle disait que normalement un avocat aurait dû me les expliquer pour que je sache ce que j'étais en train de signer, mais de toute façon je n'étais pas en état de l'accompagner dans l'immeuble pour voir cet avocat, c'était au-dessus de mes forces. Nous avons modifié quelques phrases. Ils ont désigné ce qui m'était arrivé par "période de stress". Ils voulaient que je certifie que ça n'était pas de leur faute et que la scientologie m'avait aidée. La deuxième chose qu'il fallait signer, c'était une déclaration d'abandon de droits, elle expliquait que c'était tout à fait normal. Elle disait que tout le monde signait cela maintenant. C'était vraiment habituel. Tous ceux qui quittaient le staff en signait un. OSA Int les gardait dans des coffres situés dans des bureaux du Légal. Ils éspèrent ainsi que le staff qui quitte l'organisation ne se retournera jamais contre eux et qu'ils n'auront jamais à s'en servir, mais au cas où cela arriverait ils ont toujours une signature.

Elle a été d'accord pour modifier certaines des phrases. Elle allait en refaire des copies et on s'est arrangées pour les signer. J'étais sur le point de m'en aller lorsqu'elle s'est retournée et m'a dit "Oh, une autre chose, je voudrais que tu signes ça devant une caméra. Comme ça, si Arnie Lerma tombe là-dessus, nous pourrons prouver que tu n'as pas signé sous la contrainte".

L'ironie de la situation était évidente, j'étais assise dans la voiture, sur un parking, le visage plein de larmes, stressée au point d'être incapable de faire les quelques pas qui me séparaient du restaurant, c'était vraiment incroyable. Je lui ai dit que je ne ferai pas sa vidéo.

Je ne pouvais toujours pas joindre mon mari. Je ne savais plus quoi faire. Je ne voulais pas m'engager dans une guerre avec la scientologie pour des signatures. Je voulais seulement récupérer ma tête. J'ai pensé que signer les papiers les empêcherait de me harceler (et de braquer ces tépaphones sur moi), je devais le faire pour retrouver ma tranquilité.

Je suis rentrée à Hollywood pour voir cette fille d'OSA accompagnée d'un notaire. Je les ai retrouvés devant le building d'OSA Int et nous nous sommes garés un peu plus loin. J'ai signé les documents dans ma voiture. J'en ai pris des copies, qu'elle m'a recommandé de bien garder à l'abri et de ne montrer à personne. Cela avait l'air d'être tout à fait inhabituel d'obtenir des copies. Mon mari n'était pas content, surtout quand il a découvert qu'OSA avait profité d'un jour où il était injoignable pour monter toute cette affaire. Mais bon, ce qui était fait était fait.

La vie continue. La vie continuait. Tout doucement, je me rétablissais. Je me rappelle qu'à la fin du mois de juin, ou début juillet, j'ai eu l'impression que les "murs" revenaient dans ma tête. Pendant ces mois-là, je n'ai parlé à personne de ce qui s'était passé, même à mes amis les plus proches ni à ma famille. Je n'en ai même pas parlé à ceux qui savaient ce qui m'était arrivé. A ce moment-là, le fait d'avancer sans penser à tout cela m'aidait à aller mieux. En juin 1996, une amie m'a dit qu'elle avait vu mon dossier d'audition à l'Advanced Org. J'étais contente que mon dossier n'ait pas atterri à OSA Int ou au RTC. En appelant le directeur des auditions je lui ai demandé s'il n'y avait pas une note pour moi du superviseur de cas. Non seulement il n'y avait aucune note, mais il n'y avait aucune trace de l'interview faite par mon ami auditeur sur les erreurs commises dans mon cas. En fait, il manquait plusieurs choses.

Il n'y avait rien sur la période où on m'avait ordonné de consulter le médecin scientologue - aucune information sur le fait que j'étais effondrée, rien sur l'ambulance, l'hôpital, ni sur l'enfer que j'avais traversé - zéro. C'était comme si rien n'était arrivé. Mes dossiers d'audition avaient été "nettoyés". Toutes les preuves génantes avaient disparu. OSA Int. et RTC n'aiment pas que les orgs inférieures sachent ce qu'OSA et RTC ont fait.

14 août 1996. J'ai reçu un coup de fil d'un jeune homme qui se disait d'OSA int. Il disait qu'il voulait que je revienne et que l'on termine l'audition commencée en février. J'étais absolument effarée. Je ne pouvais pas croire ce que j'entendais. Il m'a dit que c'était mon auditeur qui lui avait demandé d'appeler. Il m'a dit que "j'étais loin d'avoir fini le programme qu'on avait conçu pour moi". Je lui ai demandé s'il avait la moindre idée de ce qui m'était arrivé. Il m'a juste répondu que je n'avais pas reçu tout le programme et qu'il fallait le terminer. J'ai répliqué que j'avais fini par atterrir à l'hopital après leur dernière action. Il a répondu à cela comme si tout était de ma faute, en disant, "mais je n'ai jamais entendu dire que la scientologie donnait le moindre mauvais résultat".

Mon mari qui entendait la conversation, a pris le téléphone dans l'autre pièce et a dit quelques mots à ce gars. Je ne sais pas exactement ce que mon mari lui a dit, mais ce gars-là n'a plus jamais rappelé.

C'est au début de 1997 que j'ai entendu parler pour la première fois de la mort de Lisa McPherson . C'était vraiment très triste et cela m'a énormément touchée. Comme moi, elle était scientologue depuis fort longtemps. Je me suis aperçue de toutes nos similitudes. Lorsque j'ai lu les notes quotidiennes des staffs qui s'occupaient d'elle, j'ai mieux compris les dires et les actes apparamment fous de Lisa. Je savais exactement ce qui s'était passé dans sa tête. J'ai vécu la même chose, et je ne le souhaite à personne. Je n'ai pas fait tout de suite la liaison entre les médicaments, les vitamines et les herbes que Lisa et moi avions pris jusqu'à ce que je vois une émission de télé en été 1997.

J'avais déjà expérimenté les effets de la privation de sommeil et ses répercutions sur la stabilité mentale. Après l'émission, je me suis renseignée sur les effets de la prise d'hydrate de chloral et des autres médicaments. J'ai réalisé que j'avais pris une médication similaire à celle de Lisa, et que j'avais souffert d'effets semblables. Et ce n'était que lorsque j'avais cessé de les prendre que j'avais commencé à aller mieux.

En septembre 1997, j'ai écrit à David Miscavige, président du conseil du RTC et chef de la scientologie, pour l'informer de mon expérience et de sa relation avec les médicaments et les vitamines, pour que cela n'arrive pas à d'autres scientologues. Il n'a jamais répondu. Depuis j'ai partagé cette histoire avec certains proches et des amis. J'ai changé de travail. J'ai déménagé. Je suis encore en train de me remettre des effets de mon expérience. Je ne suis plus aussi forte mentalement et émotionnellement. Peut-être faudra-t-il encore des années, ou bien le restant de ma vie, mais chaque jour je remercie le ciel d'être en vie, et je peux maintenant faire la distinction entre un cauchemar et le monde réel. Kathryn .



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