Une forme de danger jusqu'alors inconnue dans un pays devenu libre
On entend souvent dire par les défenseurs des sectes que celles-ci
s'améliorent et corrigent constamment leurs erreurs initiales. La
plupart auraient dépassé leurs débuts fanatiques
(par excès d'un zèle de néophytes) et seraient maintenant
devenues "respectables", "fréquentables", et en tout point comparables
aux "anciennes" religions.
La plupart des sectes internationales sont arrivées en Russie
après 1990 ; elle n'avaient aucun passé et pouvaient donc,
fortes de leurs expériences antérieures dans d'autres pays,
montrer qu'elles avaient vraiment changé. Or il n'en a rien été,
au contraire : elles ont repris le modus operandi et le modus vivendi qu'elles
avaient manifesté lors de leur début dans d'autres pays.
La nouvelle Russie post-communiste a mis longtemps à comprendre
le danger posé par les sectes. Le régime communiste avait
tout interdit. Le pendule s'est déplacé rapidement dans la
direction opposée, et fort loin. L'opinion générale
(dans les médias et le grand public) était toute spiritualité,
tout ce qui se présente comme religion, est bon, et tous les chemins
mènent à Dieu. Chaque citoyen possède le droit inaliénable
d'adhérer à n'importe laquelle d'entre elles. On n'avait
pas le moindre soupçon que la religiosité puisse être
positive ou négative, qu'il existe des sectes dangereuses et même
destructrices. En résumé : tous ce que les soviets avaient
déclaré mauvais devenait automatiquement bon.
On admet généralement aujourd'hui que le communisme était
fondamentalement un système quasi religieux, de nature sectaire.
Lorsqu'il s'est écroulé, les gens ont essayé de remplir
le vide ainsi créé à l'aide de quelque chose de nouveau.
L'église orthodoxe était grandement affaiblie par soixante-dix
ans de persécution, et il lui fallait du temps pour se reconstruire.
Les nouvelles sectes ont trouvé bien des gens avant que l'église
ne puisse les approcher.
Autre facteur : le passage de l'économie communiste, dirigée,
à une économie de marché. Le marché devait
résoudre tous les problèmes de la vie. Malheureusement, cette
idée a été appliquée à la sphère
religieuse. Beaucoup pensaient que nous avions besoin d'un libre marché,
de compétition pour rendre vie à notre religion. Naturellement,
tout ce qui venait de l'étranger était considéré
comme meilleur que ce qui était russe. Les produits étrangers
étaient jolis à regarder, agréables au toucher
et c'était vrai aussi en matière de choix religieux.
C'est dans ce contexte qu'a été votée la loi de
1990 sur la liberté de conscience. Le modèle était
la loi américaine : toutes les religions étaient considérées
comme égales sous tous leurs aspects. L'enseignement religieux a
été interdit dans les écoles publiques. Pour être
déclarée comme organisation religieuse, il suffisait de trouver
dix personnes se déclarant membres de cette organisation, quelle
que soit l'objet de leur culte.
Les sectes d'abord reçues à bras ouverts
C'est dans ce contexte qu'une armée de sectes étrangères
totalitaires ont entamé leur campagne en Russie. Plusieurs ont été
accueillies avec les honneurs royaux sous la perestroïka.
Sun Myung Moon est arrivé en 1990 en qualité
d'invité officiel de M.Gorbatchev. Son arrivée avait
été précédé de plusieurs articles de
presse débordants de louanges pour son anti-communisme. Moon a rencontré
tous les dirigeants politiques de l'époque et les gens les plus
en vue des médias. La plupart de ces derniers avaient déjà
fait sa connaissance lors de visite en Corée, toutes dépenses
payées par Moon, ou aux USA. De nombreux députés au
soviet suprême avait été invités par Moon aux
USA et avaient même reçu de lui des cadeaux en dollars. Le
journal le plus influent de la perestroïka, les Nouvelles de Moscou,
a accepté un don de 100.000 $ de Moon. Tout cela laissait augurer
pour Moon un bel avenir en Russie.
SHOKO ASAHARA (AOUM) a obtenu pour ses projets le soutien des échelons
les plus élevés du pouvoir russe. Il a été reçu
par le vice-président, Alexandre Rutskoî , et par le président
du soviet suprême Rouslan Khasbulatov. Asahara a été spécialement
patronné par le secrétaire du conseil de sécurité,
Oleg Lobov, qui lui aurait vendu la formule pour la production du gaz sarin. La
secte a eu droit à une heure d'émission quotidienne sur la radio
nationale, plus un programme hebdomadaire à la télévision
russe. Un nombre non négligeable d'entreprises appartenant à la
secte ont été lancées sur le marché russe. A notre
connaissance, elles sont toujours la.
La Scientologie à commencé la conquête de la Russie
en 1997. Le premier pas : attirer plusieurs célébrités
russes au moyen de Narconon, son prétendu programme de sevrage
et de guérison des drogués. La secte elle-même est
arrivé en Russie en 1991 ; elle a ouvert un centre de dianétique
à Saint Petersbourg et à Moscou. En 1992 a été
ouverte à l'école de journalisme de Moscou la salle de lecture
de Ron Hubbard (universités d'Etat de Moscou), et cette université
a décerné à Hubbard un doctorat
posthume (le premier dans l'histoire de cette université!).
Début 1993 : présentation en fanfare
de l'édition russe du livre "Dianétique", au palais des
congrès du Kremlin. De nombreux exemplaires ont été
envoyés à des députés au soviet suprême.
Sergeï Stepatchine (futur chef du KGB, puis ministre fédéral
de la justice) a porté Hubbard aux nues ; puis Rutskoï, alors
vice-président, a embelli son interview à l'hebdomadaire
Literaturnaia d'une citation du " grand écrivain et philosophe
L. Ron Hubbard " ; avec l'aide de ces trois dignitaires (entre autres)
la secte a commencé à se répandre rapidement.
C'est ainsi que les sectes ont commencé leur conquête de
la Russie : l'amitié des médias, une opinion favorable à
tout ce qui était occidental et "spirituel", et des accords intenses
au sein du gouvernement, et la loi de leur côté.
N'importe qui pouvait venir en Russie avec un visa de tourisme
et commencer une campagne missionnaire pour fonder une nouvelle organisation
religieuse. Au début, les groupes étaient anonymes, où
se présentaient sous des noms fantaisistes ; on se présentait
comme très proche de l'église orthodoxe, ou au moins en accord
avec celle ; ou comme chrétien. Le résultat: le nombre de
recrues augmentait de façon vertigineuse.
Premiers symptômes constatés pas des parents
Les premières réactions sont venus de parents qui se demandaient
ce qui arrivait à leurs enfants : après avoir adhéré
à ces religions inconnues auparavant, ils changeaient complètement,
pour le pire ; ils devenaient, disaient-ils, des "Zombies".
Les parents, il faut le noter, n'avaient pas de préjugés
au sujet de ce que les défenseurs des sectes veulent appeler les
"nouveaux mouvements religieux" (NMR). Ses défenseurs prétendent
que lorsqu' un fils ou une fille adhère à un nouveau mouvement
religieux, les parents se précipitent vers des organisations anti-sectes
ou vers des déprogrammeurs qui les épouvantent avec
des histoires de lavage de cerveau, de crime des sectes; les parents deviennent
anti-sectes, provoquent leurs enfants, et la famille est détruite.
Ce scénario ne peut s'appliquer à la Russie ; quand les
parents ont commencé à s'inquiéter, il n'avaient aucun
accès à une information négative sur les "sectes destructrices".
À l'époque, il n'y avait en Russie de médias anti
secte, ni mouvement anti-secte, et personne n'avait jamais entendu parler
d'un animal aussi exotique qu'un "déprogrammeur". Il n'y avait que
des familles, souffrant de voir leurs enfants happés par Krishna,
Moon, le "centre de la mère de dieu" où
la "fraternité blanche" ; elles ont commencé à se
renseigner, partager leurs expériences, et essayé de trouver
des moyens de réagir.
La structure d'informations sur les sectes s'organise...
Ces parents cherchaient de l'aide, mais personne ne les écoutait,
jusqu'à ce qu'il contactent l'église russe orthodoxe en 1992.
À cette époque j'avais juste commencé à travailler
avec le patriarcat de Moscou. Mes supérieurs m'ont demandé
d'aider les parents ; ils pensaient en effet qu'étant citoyen américain,
ayant vécu, étudié, travaillé quinze ans aux
USA, en Italie et en Allemagne, je serais le mieux qualifié pour
cela. Pour finir, je suis arrivé à la conclusion que la
composante la plus importante de la liberté de choix est la liberté
d'information. Quand l'information est refusée, une personne
ne peut pas faire un choix et vraiment s'informer. Donc, afin de préserver
nos libertés, tout juste recouvrées, si précieuses,
nous devons essayer de fournir au gens toute l'information concernant un
groupe donné. Nous devons fournir au public les faits que les sectes
cachent sur elles-mêmes. Cette idée, simple, est devenu la
philosophie du centre d'information et de consultation Saint Irénée
de Lyon, que j'ai fondé, auprès du patriarcat de Moscou.
... et le looby des sectes aussi !
Par comparaison avec les sectes, nous avions peu de ressources ; nous étions
tout mentionnés ci-dessus. Leur force était multipliée
du fait que beaucoup d'entre elles avaient passé une sorte de pacte
mutuel, et que Scientologie, ISKCON
(Krishna), l'Eglise de l'unification (Moon),
la "Famille" (ex "enfants de dieu") et récemment
les Témoins de Jéhovah, sans compter
diverses autres, plus petites, ont commencé à en échanger
des informations stratégiques. Leur coopération est vite
devenue manifeste quand les premiers articles négatifs ont paru
dans les médias russes. En réponse, les rédacteurs
ont commencé à recevoir des lettres pratiquement identiques
de protestation, jointes à des paquets de documents, de tous les
groupes mentionnés ci-dessus.
Après ma première publication au sujet de la Scientologie,
j'ai reçu la visite de Miss Birte Heldt citoyenne danoise, qui était
alors directrice du " Centre humanitaire Hubbard " à Moscou. Bien
qu'elle essayât d'avoir l'air aimable, le but principal de notre
rencontre devînt vite évident : " Nous voudrions que vous
sachiez que tout ce qui barre la route à la scientologie finit très
mal " - " est-ce que vous me menacez ? " lui ai-je demandé."
Non, c'est seulement un avertissement " a-t-elle a répondu.
Un mode de propagande adapté à la situation du pays
On aurait presque dit qu'il y avait un gentlemen's agrement intensif entre
les sectes concernant leur sphère d'influence (il faut se souvenir
que l'ensemble de la population, en Russie, est très pauvre ; les
sectes qui cherchent le profit doivent inventer des moyens originaux pour
y arriver, vu qu'elles ne pourront guère extraire d'argent de l'homme
de la rue.
Les moonistes travaillent d'abord dans les écoles publiques. Ils
ont établi des relations avec le ministère de l'éducation,
ils ont fait des séminaires pour les enseignants, dans des centre
touristiques prestigieux (il y a eu plus de 60.000 participants),
ils ont réalisé et publié un manuel pour les lycéens,
appelé " Mon monde et moi " (utilisé actuellement
dans plus de 2.000 écoles russes, en violation de la constitution.
Ils ont aussi essayé d'établir des liens avec l'armée.
Il y a eu plusieurs réunions stratégiques et l'Eglise de
l'Unification commencé à travailler à un nouveau manuel,
" Le monde intérieur du soldat ", conçu comme un outil
d'éducation morale et religieuse de base pour toute l'armée.
La Scientologie a pris pour première cible l'administration locale
et l'industrie lourde (y compris militaire). Elle a pénétré
dans ce domaine par le " Collège Hubbard d'administration
des entreprises " qui proposé d'introduire les seules méthodes
efficaces d'administration et d'élever le niveau de productivité.
Selon les publicités en langue russe présentées aux
clients potentiels, les méthodes à Hubbard d'administration
("tech") sont utilisées par des multinationales prospères
telles que : Volvo, Chanel, Boeing, Ford, general Motors, AGFA. En quelques
années la Scientologie a réussi à convertir des gens
comme Vladimir Fil, qui était alors maire de Perm ; Anatoly Boïtsev,
président de la Douma régionale de la province de Novgorod
; et bien d'autres responsables locaux. Elle a aujourd'hui des bureaux
dans plus de trente-deux villes russes. Elle est particulièrement
forte à Moscou St Petersbourg, Perm, Novgorod, Ekaterinburg, Nijni-Novogorod,
Ussolie-Sibirskoye, Kemerovo et Obninsk.
Dans bien des régions, les administrations locales ont été
les fondateurs et les sponsors de collèges Hubbard locaux. Vladimir
Fil a promis qu'il allait faire fonctionner toute sa ville conformément
aux idées de Hubbard en l'espace d'un an. Des collèges
Hubbard ont été ouverts dans nombre d'usines militaires ultra
secrètes dans l'Oural ; personne ne sait quelle quantité
d'informations sensibles les scientologues ont réussi à collecter.
Ils ont essayé de pénétrer dans l'industrie spatiale
militaire, et ont établi des rapports avec de nombreuses banques
et compagnies d'assurances. Certes, bien des entreprises où ils
ont pénétré on commencé à avoir de sérieuses
difficultés, et beaucoup ont finalement fait faillite.
Détail important: a un certain M.Theodorovitch, secrétaire
et conseiller particulier du premier vice premier ministre de Russie, Boris
Nemtsov, est diplômé du collège Hubbard de Nijni-Novogorod,
scientologue confirmé. Les scientologues se sont donné beaucoup
de mal pour entrer en relation avec le ministère de l'intérieur
et pour introduire leurs programmes Criminon
dans les prisons russes, mais ils n'ont eu qu'un succès limité.
C'est dans le domaine de la santé que les six entre l'ordre ont
remporté leur succès les plus spectaculaires. En août
1994, ils ont réussi à obtenir du ministère de la
santé l'autorisation d'installer le "programme
de purification" dans le système de santé publique de
Russie, et ils ont aussitôt commencé à faire payer
à leurs clients de 1.000 à 500 dollars chacun.
Autres sectes
La branche russe d'ISKON (Krishna) édifie
activement un empire dans l'industrie pharmaceutique et alimentaire ("médecine
ayurvedique"). Le programme " aliment de vie " reçoit des
subventions publiques, ce qui leur fait beaucoup de publicité. Les
témoins de Jéhovah recrutent surtout
parmi la classe ouvrière et les paysans tandis que les églises
du christ internationales (mouvement de Boston) concentrent leurs efforts
autour des campus universitaires. Le centre de la Mère de Dieu a
tenté de créer des liens avec le ministère de la défense,
et à accès à plusieurs unités militaires.
Certains sectes sont localisées : ainsi "et l'église du
dernier testament", dont le chef est un certain Vissarion (de son vrai
nom de Sergeï Torop), qui se proclame la nouvelle incarnation du christ,
a établi son centre en Sibérie du sud, tandis que "Livets
Ord" (originaire de Suède), charismatique extrémiste, a inondé
le nord-est de la Russie.
Un lobby pro-secte qui vise les pouvoirs publics
Ce ne sont là que quelques exemples. Il faut bien souligner que
tous les groupes cités, et d'autres, cherchent activement à
s'implanter au plus haut niveau du pouvoir, et qu'ensemble ils ont établi
un lobby pro-sectes ayant de puissantes relations. L'un des membres les
plus bruyants de ce lobby est Valéry Borchov, député
à la douma et président de la chambre des droits de l'homme
du conseil politique du président russe. Son secrétaire
particulier est Lev Levinson, qui ne se cache pas d'être membre
de la Scientologie. Autre membre très
actif de ce lobby : Anatoly Pchelintsev, ancien procureur militaire de
la division de l'ancien KGB de F.E Djerzinski. Aujourd'hui Pchelintsev
se dit baptiste, et il dirige " l'institut de la religion et du droit
"; cet institut n'est en fait qu'une toute petite entreprise privée
financée par des dons. Étant donné la position pro-sectes
militantes de M. Pchelintsev, nous pouvons deviner sans peine d'où
viennent ces dons, pour la plupart. Si je mentionne cela c'est parce que
le 18 septembre 97, il y a eu au congrès américain une réunion
d'information ("hearing") sur " l'intolérance religieuse en Europe
aujourd'hui ", avec la participation par M.Pchelintsev.
Il est un autre genre de personnes qui ont été recrutés
activement par le lobby pro-sectes : les anciens professionnels de l'athéisme
militant. La chute du communisme les a privés de leurs emplois lucratifs,
et certains se sont retrouvés " experts en religion " au
service d'intérêts sectaires, je n'en nommerai que deux, qui
ont tous deux actuellement des situations comme conseillers du conseil
de la fédération (la chambre haute de l'assemblée
fédérale de Russie) : Sergueï Ivanenko et Mikhaïl
Sivertsev. Ce dernier, nonobstant le fait qu'il est l'auteur de textes
scientologues, a récemment annoncé la création d'un
" centre de consensus chrétien " avec les objectifs suivants
: " promouvoir l'intensification de réformes en Russie et créer
une base spirituelle pour les réformes et la transition de la période
de changement économique et politique dictée par le sommet
vers une époque de développement organique en Russie, basée
sur ses traditions et l'expérience de la civilisation mondiale.
"
Un phénomène sectaire qui n'est pas irréversible
Nous constatons donc que l'absence de normes légales en la matière,
et le non-respect de celles qui existent ont causé une situation
absurde et horrible, où les sectes ont pratiquement les mains libres
dans les écoles, les hôpitaux, l'armée, l'industrie
d'armement et les milieux dirigeants. La situation économique difficile,
la pauvreté générale de la population font qu'il est
très facile pour des sectes riches d'acheter de l'influence dans
notre société.
Mais il y a aussi un autre aspect : une caractéristique de la
société russe, ce sont les liens très forts entre
parents et enfants, liens qui se prolongent même quant ceux-ci sont
adultes, et ces liens donnent une grande efficacité aux associations
de parents (contre les sectes). C'est ce qui a rendu possible un procès
intenté par le comité moscovite de parents contres Aum Shinrikio
qu'ils ont gagné malgré la toute puissance financière
de la sectes japonaise et ses relations haut-placées. Ceci a été
le principal facteur pour changer la vitesse d'abord presque illimité
des sectes en Russie ; mais ce n'était nullement le premier. Le
premier se fût la secte fanatique de la "fraternité blanche"
et ses prédictions fausses de la fin du monde. On se rappelle ces
manifestations à Kiev en novembre 93. Pour la première fois,
le public russe a pris conscience de la nature des techniques de manipulations
mentales, et des conséquence d'une hystérie religieuse de
masse. Ce fut ensuite l'interdiction légale de la branche russes
d'Aum, qui a coïncidé presque
exactement avec l'attentat au gaz dans le métro de Tokyo.
La chute du rideau de fer a causé l'expansion des sectes en Russie,
mais en même temps a fait sauter les obstacles à l'information
à leur sujet. Ces organisations sont arrivées sur notre territoire
en espérant que leur réputation a l'ouest demeurerait inconnue.
Elles ont été déçues. Nous avons été
bientôt informés de leur méfaits passés et de
leurs pratiques actuelles, ce qui a ralenti leurs marches victorieuses
à travers la Russie. Beaucoup de sectes qui avaient surestimé
leurs forces connaissent maintenant de sérieux revers.
Un exemple typique : celui de la à Scientologie à Novgorod.
Dans cette ville, le collège Hubbard a été fondé
par l'usine chimique géante Akron et des membres du gouvernement
local. En trois ans, plus de 400 citoyens, y compris la plupart des employés
de l'administration provinciale, et nombre des administrateurs du canton,
ont obtenu des diplômes de ce collège. Les théories
de Hubbard se sont répandues à travers toute la ville sans
opposition, jusqu'en novembre 96. C'est alors que Serge Darevski, directeur
de l'information à la télévision locale a trouvé
par hasard un exemplaire de Time magazine du 6 mai 91, avec en gros titre:
" Scientologie : la sectes de l'avidité
". Darevski a contacté Moscou, trouvé davantage d'information,
et produit et diffusé plusieurs programmes anti-Scientologie à
la télévision locale. En mars 1997, le représentant
de l'administration provinciale a annoncé qu'il coupait tous les
liens avec le collège Hubbard. Bientôt les scientologues ont
dû déménager leur vaste domaine dans le centre de la
ville. Tous les employés de l'administration locale ont enlevé
leur diplôme du collège Hubbard, affichés sur les murs
de leur bureaux. Le seul à soutenir encore la sectes, parmi les
dirigeants, est Anatoli Boïtsev, président de la Douma provinciale.
Fin 1996, Vladimir Fil, qui n'avait pas réussi à convertir
tout Perm à la scientologie, a été battu aux élections
et, la plupart de son équipe scientologue l'a été
avec lui.
À la même époque, l'église de l'unification
(Moon) a réalisé que malgré ses investissements massifs
en Russie elle avait très peu de résultats. Elle a cessé
de financer ses projets, mais c'était trop tard. Aussi bien la sciento
que l'unification avaient de sérieux problèmes avec la police
fiscale de Saint Petersbourg pour 1996/1997. La branche Mooniste de Saratov
avait de sérieux problèmes avec la police pour une affaire
de faux documents, et nombre d'autres sectes se sont retrouvées
devant les autorités.
Une pseudo-indigèneïsation des sectes
En réponse à leurs ennuis les sectes ont procédé
à une tentative de ce que j'appelleraie "de pseudo-indigèneïsation".
Pour avoir l'air de religions russes authentique, certains groupes ont
nommé des russes à tous leurs postes dirigeants. Mais ceux-ci
restaient des prête-noms ; les étrangers qui avaient démissionné
pour la forme ont gardé le pouvoir absolu, agissant en coulisses.
Ce sont les Krishnas qui sont sans doute allés le plus loin dans
ce sens. Ils se sont associés à des groupes néo-nazis
et néo-païens de nationalistes extrémistes, prétendant
que la religion russe traditionnelle est en fait le paganisme védique,
qui aurait été remplacé de force par un complot maléfique
judéo-chrétien et remplacé par la religion chrétienne
(qui serait en fait une pernicieuse invention juive).
Dans la même direction, un certain Vitali Bogdanov a écrit
une brochure intitulée " respect pour la foi", ou " pourquoi
est-il stupides de combattre la scientologie " (Moscou 1997). Cet ouvrage
a été manifestement commandé par la Scientologie,
car il a un double copyright au nom de Vitali Bogdanov et celui de
L. Ron Hubbard décédé depuis longtemps. Cette brochure
prétendument objective porte aux nues la sciento et son fondateur
: ce sont des methodes scientifiques de génie et la percée
décisive de la pensée religieuse et humaine. Le contenu est
ouvertement prosoviétique (" la seule erreur de Ron est qu'il
a sous-estimé la puissance des sciences soviétiques "
page 57 et 58) et, à mots couverts, antisémite ( "c'est
du territoire de Judée, une province de l'Empire romains sur lequel
les romains n'avaient pas mis la main (?NdT) que la religion chrétienne
est arrivée dans l'empire" page 63), extrêmement chauvin
et anti Chrétien (" il faut comprendre que la mission de la Russie
n'est pas de se cantonner à une version du christianisme empruntée
autrefois à Byzance - orthodoxie qui lui a été imposée
-, mais au contraire d'offrir à l'humanité des idées
neuves dans leur principe, non seulement en maths et en chimie, mais en
théologie " page 67). La brochure se termine par le conseil
suivant : " Il semble que le développement potentiel de la Scientologie
en Russie soit conditionné par la possibilité de mettre en
harmonie ses positions dogmatiques avec les valeurs de base des doctrines
éthiques en faveur auprès des intellectuels, en particulier
"l'éthique vivante" de Roerich. Il ne suffit pas de démontrer
que la scientologie ne contredit pas l'orthodoxie, ou une vision religieuse
du monde. On serait bien avisé de démontrer que le codex
des scientologues est tout à fait acceptable pour ceux qui professent
le paganisme néo-védique (Slavo-aryen) et d'autres situés
au dessus du vecteur moyen de développement spirituel de groupes
sociaux. Stratégiquement il est plus utile de se faire des alliées
au préalable, plutôt que de se battre avec les rivaux de l'église
orthodoxe, après avoir tout juste fini de se battre contre elle
" (page 72 et 73).
Il est possible que ces composantes néo-paîennes représentent
l'avenir des sectes en Russie. Cependant les autres groupes ne vont pas
(encore) aussi loin. La plupart tentent soit d'utiliser des symboles orthodoxes,
soit de dépeindre leur doctrine comme étant en pleine conformité
avec les enseignements de l'église orthodoxe. Bien entendu, il préfèrent
ne pas informer leurs recrues potentielles de la décision du conseil
des évêques de l'église orthodoxe (1994). Celle-ci
annoncé l'excommunication de tous les membres de " nouveaux mouvements
religieux ".
Des sectes discréditées par leurs activités destructrices
Sous la conduite de la Scientologie, les sectes ont commencé une
nouvelle campagne de publicité, très agressive, la Méditation
transcendentale, des adeptes de Sri Chinmoy
et d'Iskon (Krishna)
La Scientologie a même annoncé la création de sa
propre école secondaire privée. Cependant, pour les russes
ordinaires, les sectes étaient de plus en plus associées
avec des activités destructrices - de l'Etat, de la famille, de
la personnalité -, avec la manipulation mentale, l'exploitation,
la criminalité. Le mot de "sectomafia" devenaient d'usage courant.
Les journaux les plus importants ont rendu compte de morts par malnutrition,
ou de meurtres caractérisés. Dans la secte de Vissarion,
au sud de la Sibérie, les médias locaux de Novosibirsk ont
raconté le meurtre d'un bébé par sa mère, adeptes
de Sahaja Yoga (Sri Matadji). Récemment
les grandes chaînes de télévision ont couvert l'histoire
de Sacha, un garçon de 12 ans, battu et violenté par
sa mère, adeptes de Krishna. Elle l'a
emmené de force dans la gurukala de vrindaban (Inde; centre Hare
Krishna) finalement Sacha a réussi à s'échapper, a
pris l'avion pour Tachkent (Ouzbékistan), d'où il est allé
en stop à Moscou. Une autre affaire montrée à la télévision
russe : un membre Krishna, arrêté à Ekaterinbourg,
inculpé de participation à une série de meurtres programmés
et de trafic de drogue. La police d'Ekaterinbourg a dit qu'elle suspectait
la branche d'Ikscon dans l'Oural d'avoir des liens étroits avec
la mafia locale dans le but de blanchir de grosses sommes d'argent par
le biais de son programme "nourriture pour la vie".
Il semble que ce genre de comportement ait rendu l'opinion publique
russe allergique aux activités des sectes. Cette opinion a été
résumée par Victor Navarnov, du bureau du procureur général
russe : il a déclaré en août 1997 que plus 250.000
familles russes ont été détruites par les sectes.
Un nombre similaire d'enfants ont été abandonnées
par leurs parents, entrés dans ces groupes, a-t-il ajouté.
Navarnov a cité la Scientologie comme
l'une des sectes les plus agressives du monde, ses enseignements fournissent
des justifications pour le meurtre et le suicide. Le procureur a dit qu'en
Russie, ses méthodes de prosélytisme sont définies
comme pernicieuses, et comme une menace publique (il a cité une
autre secte dangereuse : le Centre de la Mère de Dieu). Mais il
a ajouté qu'en l'absence d'opposition de la population dans son
ensemble, les sectes recrutent des russes en nombre croissant. Cela explique
pourquoi les gouvernements provinciaux, réalisant les limites de
la loi existante sur la liberté de conscience, ont commencé
à promulguer leur propre loi limitant les activités de sectes
totalitaires et de propagandistes inconnus auparavant. C'est ce processus
qui a amené à l'adoption de la nouvelle loi fédérale
sur la liberté de conscience.
La nouvelle loi
Juste après ce procès, la nouvelle loi "sur la liberté
de conscience et les organisations religieuses" a été
votée par la Douma et par le conseil de la fédération,
à une majorité écrasante. 5 députés
sur 4150 ont voté contre. Nous savons que le président Yeltsine,
sous des pressions extérieures, a mis son veto à cette loi...
La nouvelle version qu'il a proposée n'était pas très
différente de la première. Celle-ci a été votée
à son tour par une écrasante majorité des députés
à la Douma, le 19 septembre 1997. Il est important de noter que
la nouvelle loi (ses deux versions) est le produit de douloureux compromis
et n'est pas du tout se que proposait l'Eglise orthodoxe : un modèle
européen de relations Eglise-Etat, dans lequel un état "laïc"
pourrait définir un concordat avec les religions traditionnelles
de la population. Bien que la nouvelle loi ne donne pas à l'église
(orthodoxe NdT) rien qu'elle n'ait eu auparavant, l'Eglise a choisi de
la soutenir parce que c'est une première (bien que très faible)
tentative pour limiter l'activité de sectes totalitaires. Et la
campagne que ces sectes ont lancée contre cette loi montre qu'elles
n'ont pas l'intention de la tolérer. La coopération entre
les sectes est apparue clairement le 19 septembre, quand, toute ensemble,
elles ont fait une manifestation devant la Douma pour protester contre
le vote de la loi. Nous pouvons, sans grand risque de nous tromper,
prédire que leurs efforts réunis continueront.