Sortir d'une secte, pas facile !

 (Source : BULLES du 3ème trimestre 1984)
Peut-on sortir d'une secte ? Et comment ? Ce sont des questions qui reviennent sens cesse dans les réunions d'information de l'Association pour la Défense des Familles et de l'Individu. L'ADFI donne ici brièvement son point de vue, fondé sur une expérience de presque dix années.  

Qu'est-ce qui provoque la sortie d'une secte ?

Il n'y a pas de règle. Pour chacun, l'événement, la phrase qui va déclencher le processus est différent : cela dépend du caractère de l'adepte, de sa situation au moment d'entrer dans la secte et de ses motivations pour y adhérer, de ses relations avec le monde extérieur, principalement avec sa famille, ses amis ; cela dépend aussi de ce qu'il a pu vivre dans la secte, et naturellement des caractéristiques de la secte elle-même.

 On peut toutefois distinguer entre ceux qui partent d'eux-mêmes et ceux qui n'ont "vu clair" que grâce à une aide extérieure.

Premier cas

Second cas

Le "deprogramming"

Quel rôle a joué l'ADFI auprès des ex-adeptes ?

Au cours de ses neuf années d'existence, dans la mesure de ses faibles moyens, l'ADFI a surtout apporté une aide pour débrouiller des situations aussi complexes que diverses. Il y a autant de cas que de personnes. En effet, on ne sort pas d'une expérience à l'intérieur d'une secte sans qu'il subsiste des séquelles, plus ou moins fortes. Pour certains, il suffira de quelques semaines pour retrouver l'équilibre et le courage d'affronter la vie réelle ; pour d'autres, il faudra des années pour surmonter les diverses peurs incrustées en eux et, principalement, un sentiment très complexe de culpabilité. L'une des techniques des sectes est justement une intense culpabilisation. Culpabilisation vis-à-vis de soi-même, vis-à-vis de la secte et du "Maître", vis-à-vis d'amis qu'on y a laissés, des parents qui ont souffert de la rupture. Au moins dans un premier temps, les ex-adeptes se sentent des traîtres, des apostats ou simplement des faibles. Ils ont peur du monde où ils retournent, qu'ils ont pris l'habitude de considérer comme mauvais, hostile, irrécupérable, satanique, et qui a d'ailleurs tendance à les regarder avec inquiétude et méfiance.

D'abord, une écoute attentive et sympathique...

Dans tous les cas, la première aide est l'écoute. Une personne qui vient de se séparer d'une secte a besoin de parler sans craindre d'être mal comprise, mal jugée, et elle a très peu la possibilité de le faire dans sa famille. Nous n'avons pas comptabilisé les heures d'écoute au cours de toutes ces années ! Dans les cas trop difficiles, nous avons eu recours à des spécialistes : psychologues, psychiatres ; quelques-uns ont maintenant l'expérience des effets de l'endoctrinement et de la vie dans une secte, et ne cherchent plus la source des troubles uniquement dans un conflit remontant à la petite enfance.

... pour le reste, les "moyens du bord" !

L'écoute ne suffit pas. Il faut continuer à épauler l'ex-adepte. Sur ce point, nous n'avons jamais disposé de moyens appropriés, par exemple, d'une équipe spécialisée avec possibilités d'un séjour en maison de convalescence - plutôt que de "repos" -, permettant de faire le point, de commencer à se prendre en charge en affrontant les problèmes qui surgissent inévitablement, et souvent ne sont pas minces.

 Nous avons eu la chance de connaître un certain nombre de familles qui ont accepté d'accueillir un ancien adepte le temps nécessaire à sa remise sur pied, physique et psychique. Mais, cas par cas, c'est l'improvisation ! II faut éviter à la fois l'isolement et la surprotection ; les besoins de chacun sont différents. De ce point de vue, cette solution est peut-être plus adaptée qu'une "maison spécialisée". Nous ne savons pas non plus ce qui se passera dans un avenir plus ou moins rapproché : nous pouvons avoir à accueillir un jour un grand nombre d'adeptes désillusionnés, par exemple si une secte entière s'écroule. Espérons qu'il y aura un mouvement de solidarité : l'aide des anciens adeptes sera indispensable !

Cela peut durer longtemps !...

On a besoin longtemps d'amis fidèles et compréhensifs en qui on a entière confiance, et c'est par eux qu'on s'enracine à nouveau dans la vie. Il n'y a pas de recette-miracle, mais il faut arriver à parler de ce qui tracasse, en sachant qu'on sera compris, et non jugé.

 Une fois surmontés les premiers problèmes, il restera des difficultés ou troubles très divers. Nous n'en mentionnons que quelques-uns :



Comment aider les adeptes ? 

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