Sectes
Actualités sur les sectes en septembre 1997

 

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Titre 
Mouvement raëlien  Bannie, la compagnie Valiant Venture des îles Bahamas 
Sectes Elles détestent les journalistes, mais elles adorent la publicité
Sectes Al Gore dans la ligne de mire d'une commission d'enquête sénatoriale
Sectes Vers une religiosité dans Dieu
Scientologie "Cyberfascisme" dianétique
Scientologie Le masque et l'enclume
Lobbies des sectes Ces universitaires qui flirtent avec les sectes
Secte Les adorateurs du singe vierge attaquent !
Témoins de Jéhovah Avantages fiscaux : le tribunal administratif de Strasbourg leur rend un jugement favorable
Scientologie Prozac - Concurrence déloyale
 

Îles Bahamas : Mouvement raëlien

Bannie, la compagnie Valiant Venture des îles Bahamas

Science et Vie Junior, Septembre 1997, p.37

 [Texte intégral]

 Fondée par la secte des raëliens, cette société se targuait de cloner des êtres humains contre dollars sonnants et trébuchants (voir SVJ n° 93 et SV spécial OVNIS). Dans l'archipel, personne ne nous mettra des bâtons éthiques dans les roues pensaient les raëliens. Raté : le gouvernement des Bahamas a lu la presse, et a aussitôt rayé Valiant Venture des registres.


  France : Sectes

Elles détestent les journalistes, mais elles adorent la publicité

Télévision - Le Mensuel, Septembre 1997, p. 40-45, par Serge Faubert.

 [Résumé]

 Serge Faubert se livre à un résumé des relations agitées entre les sectes et la télévision au cours des dix dernières années. Il estime qu'on peut dégager deux étapes : la découverte du problème des sectes par les média en même temps qu'un repli sur la défensive des sectes, vers 1994, puis la découverte de l'intérêt de l'ouverture aux média pour les sectes, très récemment.

 Ainsi, avant les massacres de l'OTS, "la télé a longtemps été bonne fille avec les sectes", et toute publicité, bonne ou mauvaise, était bonne à prendre pour les sectes. Faubert donne comme exemple les invitations répétées de Dechavanne à Raël, qui participa à ses émissions deux fois sans contradicteur et une fois avec un contradicteur mythomane (qui alla peu après en prison pour proxénétisme) !

Mais peu avant le massacre de l'OTS., un reportage d'Envoyé Spécial, "Dans le secret d'une secte", du tandem Cotta-Martin déjà auteur en 1991 d'un "Mamies contre gourous" remarqué, indique un changement de ton dans le traitement du problème des sectes : dans le cas du Mandarom, "délaissant volontairement le côté grand guignol de la secte, Cotta et Martin passent méticuleusement en revue les comtes, les propriétés, les sociétés et les appuis de la secte. Le spectacle cède le pas à l'information. Les sectes relèvent désormais du journalisme d'investigation."

 La publicité des sectes dans les média peut alors devenir une arme à double tranchant pour celles-ci. L'auteur évoque par exemple les révélations sur le POE (Parti Ouvrier Européen) de Jacques Cheminade lors de la campagne présidentielle de ce dernier.

 Aujourd'hui, Jacques Cardoze suit le dossier des sectes au sein de la rédaction de France 2, tandis que Bernard Nicolas, rédacteur en chef adjoint à TF1 a même été dégagé des contraintes des éditions quotidiennes. Serge Faubert rapporte alors les propos de ces deux journalistes sur leurs diverses expériences lors de leurs reportages. Par exemple, J. Cardoze eu beaucoup de mal à filmer au sein de la secte Tabitha's Place (quelques jours avant le décès par manque de soins et d'alimentation d'un bébé de 19 mois), tandis que B. Nicolas dut faire face à des tentatives de déstabilisation par le Mandarom par le biais de courriers insidieux adressés à 200 collègues journalistes.

 Les journalistes "non-spécialistes des sectes" ne sont pas non plus épargnés : Martine Moléon de Canal + reçut des menaces téléphoniques visant sa fille. Field, qui animait l'émission où l'enquête de M. Moléon avait été diffusée, consacrera alors une nouvelle émission aux sectes et fera allusion aux menaces pour préciser qu'il n'hésiterait pas à faire une troisième émission sur le sujet. "Les menaces s'arrêtent du jour au lendemain".

 Mais les sectes obtiennent quelquefois des résultats suite à leurs pressions, et Faubert relate dans ce cadre le débat de Polémiques sur l'Eglise de Scientologie, où ces derniers imposèrent leur volonté à la journaliste Michèle Cotta.

 Mais, depuis le procès de responsables de l'Eglise de Scientologie à Lyon, la tactique des sectes changent : les Témoins de Jéhovah commencent à accueillir les journalistes dans leurs réunions où leurs locaux. Et même la Scientologie évolue : "Sérieusement ébranlée par les médias ces derniers mois, [l'Eglise de Scientologie] aurait décidé de ne plus poursuivre en justice les journalistes. En signe de bonne volonté, elle a ouvert ses locaux - une première - aux caméras de France 2 . "J'ai fait des kilomètres de rushes, raconte Jacques Cardoze. On a tout filmé, absolument tout. Car ça m'étonnerait fort qu'ils me réinvitent au cours des dix prochaines années".

 + Sondage sur les sectes et la télévision, où on apprend en particulier que 7 % des sondés sont d'accord pour que l'Eglise de scientologie passe dans les émissions religieuses du dimanche matin sur le service public, et que la répartition est équitable entre les trois réponses à la question "Parle t'on trop, pas assez, ou juste comme il faut, des sectes à la télévision ?".


Etats-Unis : Sectes

Al Gore dans la ligne de mire d'une commission d'enquête sénatoriale

La commission sénatoriale est chargée d'enquêter sur le financement de la dernière campagne électorale, par la secte bouddhiste Hsi Lai, dont le siège est basé à Taïwan.

Agence Reuter, par Christian Chaise (envoyé spécial de l'AFP). 3 septembre 1997, 17h46 heure de Paris.
Agence Reuter, par Francis Curta. 4 septembre 1997, 3h19 heure de Paris.

[Résumé]

Washington, 4 sept (AFP). La commission des Affaires Gouvernementales, contrôlée par la majorité républicaine au Congrès, est chargée d'enquêter sur le rôle joué par Al Gore lors d'une visite dans un temple bouddhiste en Californie le 29 avril 1996, pendant la campagne pour l'élection de présidentielle de l'an dernier.

Trois bonzesses membres d'un temple californien de la secte Hsi Lai ont témoigné sur la façon dont ont été versés près de 160.000 dollars au bénéfice du parti démocrate. Selon des sources de la commission, ce versement est en parfaite violation avec la législation sur le financement électoral, car les organisations religieuses, exemptées d'impôts aux Etats-Unis,  n'ont pas le droit de contribuer aux fonds électoraux.

Plus fâcheux encore, 11 bonzes et bonzesses - dont les témoins - ont individuellement contribué pour 55.000 dollars au parti, somme considérable pour des gens ayant fait voeux de pauvreté. Ils ont en fait servi d'intermédiaire car la secte leur a immédiatement remboursée cette somme, ceci en contravention avec la législation sur le blanchiment d'argent.

M. Gore est également accusé d'avoir collecté des fonds par téléphone à partir de la Maison Blanche, alors que la loi interdit toute collecte d'argent depuis un bâtiment fédéral. Il avait déjà eu affaire à ce temple en 1993 lorsque, sénateur à l'époque, il faisait campagne pour la vice-présidence. Le temple avait alors contribué pour la somme de 5.000 dollars au parti démocrate, toujours selon la commission.

La Maison Blanche est montée au créneau pour défendre Al Gore, en présentant sa propre version des faits : il aurait ignoré qu'en se rendant à un déjeuner au temple, il participait à une collecte de fonds pour le parti démocrate. La Maison Blanche affirme également que la loi, interdisant tout collecte de fonds depuis un bâtiment fédéral, ne s'applique pas au président ni au vice-président dans la mesure où il s'agissait d'argent destiné à la campagne du parti démocrate en général et non à un candidat en particulier.

Al Gore, dauphin désigné par Bill Clinton, serait "inquiet" des effets de cette affaire sur sa nomination par le parti démocrate comme candidat à la Maison Blanche pour l'élection de l'an 2000. C'est ce qu'affirme à l'AFP Steven Wayne, expert à la présidence à l'université Georgetown de Washington. Il estime cependant que cette affaire ne gênera pas trop M. Gore : "Tant que l'économie restera forte, les gens ne prêteront pas beaucoup d'attention à tout cela. Ils pensent que ce n'est que de la politique".


  France : Sectes

Vers une religiosité dans Dieu

Le Monde Diplomatique, septembre 1997, par Florence Beaugé.

 [Extrait]

 "L'analyse de cette spiritualité de la confusion, composée d'une "nébuleuse d'hétérodoxies" (pour reprendre l'expression de Jacques Maître) est l'un des exercices les plus difficiles qui soient. (...) La difficulté et la confusion sont d'autant plus réelles que cette fameuse nébuleuse engendre, en réaction, une série d'autres mouvements. Et, là encore, la part du visible n'est pas nécessairement représentative de la réalité. A l'origine de ce contre-mouvement, on constate diverses impressions de vide, de manque ou de perte : d'autorité, de rigueur, de gourou ou de père, d'identité et de repères... En schématisant, mais sans tomber dans le piège de l'amalgame, on peut dire que les sectes, les intégrismes, et même le Renouveau charismatique, procèdent d'une même spirale de réactions en chaîne...

 "Les sectes représentent une tendance extrêmement minoritaire en France (1) , difficile à évaluer, mais qui ne paraît pas en augmentation, estime la sociologue Françoise Champion. Et les procès qu'on leur fait me semblent hors de proportion avec la réalité. Elles font souvent office de bouc émissaire, l'Eglise de scientologie notamment, même s'il est exact qu'il s'agit d'une secte."

 Pour sa part, le chercheur Yves Lambert fait remarquer que ces groupes, qui retiennent tant l'attention des médias et du public, "ne suscitent en fait que dérision chez l'immense majorité des jeunes, qui se méfient comme de la peste des embrigadements et des modèles tout faits (2)." D'autres sociologues restent extrêmement réservés sur cette question et se gardent de trop relativiser le danger potentiel que représentent ces mouvements. "Même s'il est évident qu'il y a une exagération en France d'un certain type de discours antisectes, il ne faut pas tomber dans l'angélisme, souligne Frédéric Lenoir [philosophe et chercheur associé au Centre d'Études Interdisciplinaires du Fait Religieux (CEIFR), codirecteur de l'Encyclopédie des religions, Bayard, Paris, Sept 1997]. Derrière un certain nombre de ces mouvements, et sous divers alibis - religieux, développement personnel, guérison, notamment - se cachent de véritables groupes totalitaires qui ont pour principale visée le pouvoir et l'argent. C'est tout l'objet du débat autour de l'Eglise de Scientologie."

(1) : En Amérique latine, en revanche, les sectes et les Églises évangéliques pentecôtistes sont en forte progression. De même qu'en Europe de l'Est où elles se sont engouffrées dans la place laissée vacante par le communisme.

(2) : Le Débat, n° 75, mai-août 1993, Gallimard, Paris.


Allemagne : Scientologie

"Cyberfascisme" dianétique

France-Soir, 20 septembre 1997.

 [Texte intégral]

La scientologie est un "système organisé de mauvais traitements envers les enfants", a déclaré hier le ministre de l'Intérieur du Länder de Bavière, Günther Beckstein. Les récits d'anciens membres de l'organisation montrent que "la dianétique impose aux enfants les plus durs travaux tous les jours, plus de 13h durant". Une "pédagogie de robot", développée comme un "cyberfascisme", la scientologie a pour vocation de "détruire la relation naturelle enfant-parent, avec des risques de séquelles psychologiques gravissimes pour les enfants", a déclaré M. Beckstein.


France : Scientologie

Le masque et l'enclume

Le Canard Enchaîné, 17 septembre 1997.

 [Texte intégral]

Une secte qui réussit, c'est une secte qui sait se faufiler, avancer masquée, jouer des coudes. La Scientologie est experte en la matière. Ainsi, dans les pages jaunes de l'annuaire de Paris, on peut trouver ceci :

Répertoriée de longue date comme officine de scientologie, l'École de l'Éveil réussit donc à se faire passer pour un établissement public, sans que France Télécom trouve à y redire. France Télécom, l'école du sommeil ?


  France : Lobbies des sectes

Ces universitaires qui flirtent avec les sectes

 L'Événement du Jeudi, 18 septembre 1997, p. 14-18, par Serge Faubert

 Les plus honnêtes se sont fait embrigader dans une mauvaise croisade. Les autres poursuivent un combat militant, en s'abritant derrière le masque de la rigueur scientifique. Enquête sur les errements de quelques sommités universitaires.

 [Résumé]

 L'article démarre par des propos de Régis Dericquebourg, maître de conférences à l'université Charles-de-Gaulle de Lille, "connu pour ses études complaisantes sur la Scientologie", au sujet des opposants aux sectes, tenus lors du premier colloque du CESNUR : "Qu'une poignée de personnes religieusement incultes et agressives soient devenus les maîtres à penser d'une génération de politiciens, de journalistes, de gauchistes, de syndicalistes, d'administrateurs n'est pas anodin".

 S. Faubert espère que ce dérapage n'engage que son auteur et non les sommités qui composent le CESNUR, comme "Émile Poulat, directeur d'études à l'[EHESS] et directeur de recherche au CNRS, ou Antoine Faivre, titulaire de la chaire d'histoire des courants ésotériques et mystiques dans l'Europe moderne et contemporaine à l'École Pratique des Hautes Études." L'auteur souligne que le CESNUR attire également ponctuellement d'autres spécialistes renommés comme "Jean Baubérot, professeur à l'EPHE et directeur du groupe de sociologie des religions et de la laïcité au CNRS". Mais il estime que si "les scientologues et les sectes sont passés maîtres, on le sait, dans l'art de solliciter et d'instrumentaliser les propos de gens qui ne leur sont pas favorables (...) en l'occurrence, les universitaires ont largement prêté le flanc à cette opération."

 Tout a commencé par une critique du rapport parlementaire, basé sur un document de travail des Renseignements Généraux, et dont les rapporteurs ont refusé d'entendre les universitaires. Faubert reconnaît d'ailleurs que ce rapport, "s'il représente un progrès par rapport au laisser-faire qui prévalait auparavant en matière de sectes, reste une réponse maladroite et expéditive". L'essentiel du congrès du 5 et 6 février 1996 de l'Association Française de Sociologie Religieuse, initialement consacrée aux "nouveaux mouvements religieux et logiques sectaires", fut consacrée à cette critique.

 "La levée de boucliers des universitaires en serait restée là s'il n'y avait eu Massimo Introvigne. Étonnant personnage que cet avocat italien de 42 ans. C'est lui qui, en 1988, a fondé le CESNUR international en compagnie d'un archevêque, Mgr Casale. Catholique conservateur, Introvigne a d'abord milité dans les rangs des royalistes, avant de rejoindre une formation de droite, l'Alliance catholique. A côté de ses activités professionnelles au sein du cabinet turinois Jacobacci et Perani, Introvigne enseigne l'histoire et la sociologie religieuse à l'Ateneo Regina Apostolorum, un établissement universitaire reconnu par le Saint-Siège et qui appartient à la congrégation des Légionnaires du Christ." Bénéficiant de l'appui de cette société secrète similaire à l'Opus Dei, prospectant dans les élites, Introvigne, qui a une réputation brillante depuis la publication en 1990 d'une "étude sur les sociétés secrètes contemporaines et leur filiation historique", va "structurer et développer le mouvement de protestation des universitaires".

 Il crée le CESNUR France en juin 1996. "Le secrétariat est confié à l'avocat Olivier Séguy. Ce dernier est l'organisateur, en 1993, d'un colloque sur les Témoins de Jéhovah à l'Assemblée Nationale, en compagnie d'un de leurs défenseurs attitrés, l'avocat Jean-Marc Florand." Il publie dans la foulée "Pour en finir avec les sectes".

 En fait, il s'agit surtout d'en finir avec le terme "secte", jugé péjoratif, pour le remplacer par "nouveaux mouvements religieux". Faubert fait alors remarquer que ce dernier terme n'est pas "neutre" mais bénéficie bien d'une connotation positive. La démarche "objective" et "neutre" des sociologues du CESNUR France semble donc ne pas se préoccuper d'être également une démarche de caution.

 Introvigne agit également individuellement pour défendre sa conception de la "laïcité ouverte" (faisant remarquer que le terme de laïcité est un concept uniquement français, "d'ailleurs intraduisible en italien ou en anglais"), allant jusqu'à voler au secours des Témoins de Jéhovah en septembre 1996 dans leur procès contre l'ADFI, ou jusqu'à témoigner en faveur de la Scientologie, peu après, lors du procès de Lyon, à leur demande.

 La démarche d'Introvigne et du CESNUR est critiquable au moins sur deux points essentiels. Tout d'abord, "il y a quelque malhonnêteté intellectuelle de la part d'Introvigne à se présenter comme le porte-parole d'une communauté universitaire qui se révèle extrêmement plurielle sur la question des sectes".

 Ainsi, dans une interview à l'hebdomadaire, Jean Baubérot, à une question sur Introvigne, "Partagez-vous ses idées ?", répond : "Ses positions ne sont pas les miennes. Je ne suis pas catholique. Je défends la liberté religieuse au même titre que les autres libertés. En revanche, je considère qu'il est dangereux de placer celle-ci au-dessus des autres.". Et à une question sur les dérives de l'observation participante (démarche des sociologues du CESNUR), Baubérot répond : "Il faut que les gens qui ont recours à cette méthode se rendent compte de ce que le groupe leur laisse voir, mais aussi de ce qu'il leur cache. Les documents officiels doivent être l'objet d'un décryptage. Tous les témoignages sont à prendre en compte. Ceux des anciens adeptes comme ceux des adeptes heureux d'être dans le mouvement. dans les deux cas, c'est du vécu." Baubérot précise d'ailleurs que : "il m'est arrivé d'inciter des étudiants à cesser d'étudier certains groupes [avec cette méthode] à cause de la fascination qu'ils commençaient à éprouver pour le mouvement en question".

 L'autre point essentiel sur lequel le CESNUR est critiquable est son indépendance de façade. Ainsi, Jean-François Mayer, un des intervenants du colloque international du CESNUR a Montréal en 1996, s'est fait payer à cinq reprises ses voyages d'études dans le monde sur la secte Moon... par les moonistes. S. Faubert détaille en note de commentaire le parcours de Mayer : "Avant de devenir, en 1991, expert de l'Office Central de la Défense (OCD), l'état-major du Conseil fédéral helvétique, Mayer a frappé à de nombreuses portes. A 16 ans, il demande son admission comme membre numéraire de l'Opus Dei. Puis il passe tour à tour par l'Eglise catholique schismatique, les quakers, les intégristes de Mgr Lefebvre et les orthodoxes. Il a 19 ans et il réside à Lyon. Il assiste aux conférences de Jean Madiran, l'actuel directeur du quotidien Présent, "presse amie" du FN. Responsable du comité Alain Escoffier (du nom d'un militant d'extrême droite qui s'est immolé par le feu pour attirer l'attention sur le goulag), Mayer est également membre du groupuscule Horizons Européens et du comité de diffusion de la revue néo-fasciste Défense de l'Occident. Début 80, il s'installe à Genève et milite dans les rangs de l'extrême droite locale, le Nouvel Ordre Social. "Oui, j'ai eu un engagement politique, répond Mayer quand on l'interroge sur sa jeunesse. Et alors ? Je ne suis pas de ceux qui s'excusent de leur passé."

 M. Introvigne lui-même, à la fin des années 80, "a participé aux activités d'une société secrète, le Groupe de Thèbes. Cette structure prétendait rassembler les animateurs d'autres groupes ésotériques et constituer ainsi la société secrète des sociétés secrètes." Il fut ainsi amené à côtoyer "Christian Bouchet, le dirigeant d'un groupe nazi maoïste, Nouvelle Résistance, dont une partie des troupes a aujourd'hui rejoint le Front National".

 Le Groupe de Thèbes se dissout lorsque l'Événement du Jeudi révèle son existence, mais se reconstitue alors autour de la revue l'Originel, et M. Introvigne et C. Bouchet se retrouvent à la tribune du colloque de cette revue en février 1996.

 Mais ces parcours personnels côtoyant l'extrême droite ne sont pas des dérives isolées. La revue Politica Hermetica, animée par A. Faivre et E. Poulat, "a accueilli lors de deux colloques des figures de l'extrême droite comme Alain de Benoist, Alexandre Douguine ou Philippe Baillet". S. Faubert détaille ces participations et la biographie de ces personnes dans un encadré.

 "L'été n'a pas ralenti l'activité du CESNUR. Les 2 et 3 août derniers, une association américaine, le Rutherford Institute, organisait à Paris un colloque sur la liberté religieuse en France. Parmi les intervenants, figuraient Massimo Introvigne, Olivier Séguy et Jean-François Mayer. Le Rutherford Institute - dont c'était la première manifestation en France - milite activement contre l'avortement et professe que toute loi doit être compatible avec la loi divine sinon "elle tend vers l'arbitraire et le despotisme"."


  France : Sectes

Les adorateurs du singe vierge attaquent !

Charlie Hebdo, 17 septembre 1997, par J.-C. Rameau et Gérard Biard.

 Une secte brésilienne essaye de s'installer en France. Ils sont presque aussi nombreux que les scientologues et tout aussi dangereux. Leurs caractéristiques : le lobbying politique, le contrôle des médias et l'amour immodéré pour les chimpanzés vertueux.

 [Résumé]

 Le titre de l'article s'explique par le fait qu'au Brésil, une chaîne de télévision, TV Record, qui appartient à la secte de l'Eglise Universelle du Royaume de Dieu, "a soutenue Pipo, l'un des deux singes candidats au poste de mascotte officielle du zoo de Rio de Janeiro. La raison de ce soutien : Pipo était vierge, alors que son adversaire tirait comme un malade toutes les guenons du zoo."

 Mais cette secte, implantée en France depuis quatre ans, possédant déjà un temple à Paris, rue du Faubourg-Saint-Martin, et fortement implantée à Marseille, exerce également un lobbying sur des sujets plus sérieux. Edir Macedo, qui a fondé la secte au Brésil en 1977, cherche par exemple "à squatter les ondes de Radio Alfa, la station FM portugaise de la région parisienne. L'Eglise a voulu acheter du temps d'antenne et, même, rentrer dans le capital. Jusqu'ici, les patrons de Radio Alfa ont envoyé promener le gourou. Mais l'EURD ne se décourage pas, truffe d'annonces les journaux gratuits de la communauté portugaise et, comme n'importe quelle boîte de vente par correspondance, pratique le mailing publicitaire. L'Eglise dispose en outre d'un journal, La Tribune Universelle, qu'elle distribue à tour de bras."


  France : Témoins de Jéhovah

Avantages fiscaux : le tribunal administratif de Strasbourg leur rend un jugement favorable

Le Monde, 25 septembre 1997, par Jacques Fortier.

 La secte pourra bénéficier des mêmes avantages fiscaux que les cultes reconnus d'Alsace.

 [Résumé]

"L'association des Témoins de Jéhovah du quartier de la Meinau, à Strasbourg, ne paiera pas de taxe foncière au titre de 1995 et 1996." Le tribunal administratif de Strasbourg a en effet, dans un jugement rendu le 10 septembre, estimé que l'association, qui "a pour objet exclusif l'exercice d'un culte non reconnu au sens général des impôts" et "a pour but de subvenir aux frais, à l'entretien et à l'exercice public du culte des Témoins de Jéhovah" peut bénéficier des dispositions spéciales qui régissent les cultes d'Alsace.

En Alsace-Lorraine, depuis 1993 et un amendement du sénateur Philippe Richert (UFD-FD) qui modifia le droit local (basé sur le concordat de 1908 pour l'exonération fiscale spéciale pour les catholiques, et sur les articles organiques pour les trois autres "cultes reconnus" - luthérien, réformé et israélite), "le nouvel article des impôts précise que tous les édifices cultuels d'associations "ayant pour objet exclusif l'exercice d'un culte non reconnu" seront, eux aussi, exonérés dans les trois départements" [Cette décision fait en effet jurisprudence pour le Haut-Rhin, le Bas-Rhin et la Moselle].

Le journaliste rappelle que l'administration fiscale avait jusqu'à présent "refusé cet avantage aux Témoins de Jéhovah car elle ne voyait pas dans le but de cette association "l'exercice exclusif d'un culte", suivant par là l'arrêt du Conseil d'État du 1er février 1995".

Mais, depuis, les statuts très vagues ont été précisés et le même tribunal qui avait refusé l'exonération pour 1994, l'a accordé pour les deux années suivantes. "Conscient que ce jugement peut être interprété comme un "label religieux" donné aux Témoins de Jéhovah, le tribunal strasbourgeois a posé des gardes-fous." Ainsi, la décision de l'octroi de l'exonération se décidant seulement sur la lecture des statuts, si la preuve avait apportée par le fisc que ces statuts ne reflétaient la réalité de l'action de la secte, le tribunal en aurait tenu compte.

 Mais, en fait, alors que le tribunal esquisse lui-même pourtant "une définition des activités cultuelles : "prières, célébrations, enseignement et débats religieux", il refuse en fin de compte au fisc de faire le tri entre religions et sectes, suivant ainsi le "principe de "l'amendement du sénateur alsacien [qui] voulait supprimer une discrimination entre les cultes dits concordataires d'Alsace-Moselle et les autres".


L'inadaptation de la législation sur les cultes

Le Monde, 25 septembre 1997, par Henri Tincq.

 Le jugement confirme une évolution vers la "normalisation" des Témoins de Jéhovah.

 [Résumé]

Après le jugement de la cour d'appel de Lyon à propos de l'Eglise de Scientologie, le jugement du tribunal administratif de Strasbourg sur une association locale des Témoins de Jéhovah montre à son tour "l'inadaptation de la législation sur les cultes en France", estime l'auteur.

H. Tincq précise qu'à Lyon, les principes de la loi de séparation de 1905 ont été rappelés par le tribunal, et que "la polémique récente sur la Scientologie est le fruit d'une manipulation par une soi-disante Eglise qui, par ses moyens médiatiques et un harcèlement constant des pouvoirs publics, tente de faire croire à l'opinion, par le biais d'un arrêt, à sa reconnaissance officielle. Tout autre est la situation des Témoins de Jéhovah en Alsace."

Car, dans ce dernier cas, à nouveau, le tribunal s'est contenté "d'interpréter des textes". Ainsi, le refus des transfusions n'apparaît plus comme une non-assistance à personne à danger "grâce à l'existence de substituts sanguins". L'armée accorde également de fait un droit aux Témoins de Jéhovah de faire un service civil, "à la faveur d'une entorse à la laïcité", rappelle l'auteur. "Enfin, les Témoins de Jéhovah cherchent à distinguer leurs activités éditrices (commerciales) et leurs pratiques exclusivement cultuelles." Le journaliste estime que ce dernier point fut l'élément crucial dans leur contentieux avec le fisc.

 H. Tincq estime que maintenant "le risque est grand de multiplier les brèches dans l'édifice que les pouvoirs publics ont mis tant d'années à élever pour protéger la société de l'intolérance et de l'emprise des sectes", s'il suffit de proclamer "le caractère exclusivement cultuel" de son activité dans ses statuts pour bénéficier d'exonérations fiscales.

 "Liés par une législation du début du siècle, la justice et les pouvoirs publics se montrent de plus en plus démunis sur les moyens de prendre en compte les nouvelles aspirations religieuses tout en décourageant les particularismes confessionnels. Comment à la fois refuser le foulard à l'école d'une jeune musulmane et reconnaître le droit à un jeune Témoin de Jéhovah de se soustraire à l'obligation de service militaire ? Si on décide de favoriser la pluralité des expressions religieuses, on risque de multiplier les sectes. Si on maintient le statu quo, on risque d'en faire des hors-la-loi."


  France : Scientologie

Prozac - Concurrence déloyale

L'Événement du Jeudi, 29 septembre 1997, p. 62, par Serge Faubert et Emmanuel Torregano.

 [Extrait d'un dossier sur le Prozac]

Au premier rang des détracteurs du Prozac, on a longtemps trouvé une secte : la Scientologie. Un de ses appendices, le Comités des citoyens pour les droits de l'homme (CCDH), n'avait pas de mots assez forts au début des années 90 pour dénoncer, dans cet antidépresseur, "une camisole chimique", qui empêchait les individus "de rêver, de créer et d'atteindre un niveau de conscience supérieur".

Depuis trois ans, les scientologues ont apporté un bémol à leurs critiques : "Ce qui est en cause, c'est l'idéologie qui conduit à prescrire du Prozac. L'idéologie des psychiatres". Plutôt que de viser un médicament particulier, la secte préfère dénoncer à présent "le recours de plus en plus fréquent aux drogues dans notre société". Aussi bien le haschich et les drogues dures que les antidépresseurs. Ce qui représente un public beaucoup plus large que les simples utilisateurs de Prozac. Et multiplie donc le nombre de recrues potentielles de la secte. Car, en chaque accro à la drogue sommeille un adepte de la Scientologie...