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Cyberpresse, 4 septembre 2008 par Christian Desjardins
Après plus de cinq ans de procédures judiciaires, on est enfin arrivé, hier, à la dernière partie du procès de Daniel Cormier. Le pasteur autoproclamé de 57 ans, qui s'est défendu d'agression sexuelle en invoquant son «mariage» avec une fillette de 10 ans, saura le 15 octobre s'il est coupable.
Au 49e jour de procès, le 26 juin dernier, la juge Sylvie Durand a «précipité» la fin du laborieux exercice en avisant Cormier que sa défense de mariage ne tenait pas la route, et qu'elle ne comptait pas entendre davantage de témoins à ce sujet. Cormier a donc été contraint de faire une croix sur sa longue liste de témoins à venir. Pendant l'été, il devait réfléchir à la suite à donner à sa défense.
Hier matin, il était de retour devant la cour pour annoncer ses couleurs. «Je me considère forclos de présenter une défense, car elle est entièrement centrée sur le mariage. Je n'ai pas d'autre preuve», a laissé tomber Cormier, en se plaignant d'avoir ainsi été lésé dans sa défense. En guise de plaidoirie, il a tenté de se disculper en invoquant son mariage avec la victime alléguée!
Cormier est accusé d'agression sexuelle, contact sexuel et incitation à contact sexuel avec Francesca (nom fictif). Les gestes reprochés auraient commencé alors que la fillette avait 8 ou 9 ans, et se seraient poursuivis jusqu'à l'âge de 13 ans, soit jusqu'à ce que la DPJ entre dans le portrait, en 2003.
Fondateur d'une obscure église évangélique qui n'existe plus aujourd'hui (Église du centre-ville), Cormier recrutait ses disciples parmi les démunis et les sans-abri. C'est de cette manière qu'il avait connu la mère de la présumée victime, aux prises avec des problèmes de drogue. Il l'a aidée à sortir de la rue. De fil en aiguille, il s'est imposé dans la famille et a pris le contrôle de la vie de la petite, qu'il accueillait régulièrement chez lui. De son propre aveu, Cormier la traitait comme son «épouse».
La procureure de la Couronne Anne-Andrée Charrette a fait valoir que Cormier avait pris le contrôle de l'autorité parentale et qu'il avait établi une relation malsaine avec l'enfant. Elle a rappelé qu'il avait confectionné le document de mariage sur son ordinateur, après que la DPJ fut intervenue. Le bout de papier signalait que le mariage avait été célébré dans son Église du Centre-ville, en juin 1999, soit le jour du 10e anniversaire de la petite.
La juge Durand a mis la cause en délibéré et rendra jugement le 15 octobre. Rappelons que Cormier est détenu préventivement, pour un bris de condition. Il doit revenir devant le tribunal dans les prochaines semaines à ce sujet. Il doit aussi avoir un autre procès pour une affaire à connotation sexuelle à l'égard d'une autre adolescente, affaire qui serait survenue dans le courant des années 90.http://www.cyberpresse.ca/article/20080904/CPACTUALITES/809040750/5358/CPPRESSE
Point de bascule, 4 septembre 2008
La secte des mormons de l’église fondamentaliste des Saints des Derniers Jours à Bountiful en Colombie-Britannique pratique ouvertement la polygamie depuis des années. Cette secte enseigne qu’un nombre élevé d’épouses est nécessaire pour gagner sa place au paradis.
Les autorités provinciales ne font rien, craignant que les dispositions du code criminel prohibant la polygamie ne soient déclarées contraires à la Charte des droits qui garantit la liberté religieuse. Pourtant... des enfants sont victimes d’abus sexuels et d’autres formes d’abus. Il y a une traite de filles pour la procréation.
L’Ontario reconnaît de facto la polygamie musulmane en accordant des prestations sociales aux épouses multiples.
[..................]
Le Tribunal des droits de la personne de Colombie-Britannique a rejeté la plainte d’un couple polygame qui alléguait que le syndicat des enseignants avait fait preuve de discrimination à leur égard et envers leur communauté en appelant le gouvernement provincial à enquêter sur des allégations d’abus sexuels à Bountiful.
Susie et Duane Palmer, qui sont membres de l’église des Fundamentalist Latter Day Saints, ont déposé une plainte auprès du Tribunal en décembre 2004. Duane est directeur de l’école Mormon Hills à Lister, en Colombie-Britannique, la communauté la plus proche de Bountiful dans le sud-est de la province près de Creston, et Susie enseigne à cette école.
Les Palmer ont allégué que trois publications de la Fédération des enseignants de Colombie-Britannique, soit une lettre au premier ministre, un communiqué de presse et une pétition, étaient discriminatoires sur la base de l’état civil et de la religion.
Ils ont dit que ces publications « contenaient plusieurs accusations fausses et dénuées de fondement » à l’encontre du groupe religieux et des écoles de Bountiful.
Les Palmer ont déclaré que « si les enseignants soutiennent la Fédération dans ce harcèlement, nous craignons que nos enfants ne seront pas traités ou évalués de manière équitable. » Ils craignent également que des membres de l’église qui sont des enseignants certifiés se verront refuser des emplois dans des écoles publiques de la province à cause du syndicat.
Dans une lettre au Premier ministre Gordon Campbell en date du 27 octobre 2004 et signée par son président d’alors Jinny Sims, le Syndicat des enseignants a exhorté le gouvernement provincial à ouvrir une enquête sur plusieurs allégations concernant Bountiful.
La lettre décrit sept allégations : des étudiantes qui sont encouragées à quitter l’école avant l’âge de 16 ans, des étudiants stigmatisés parce qu’ils ne se conforment pas au code religieux, un faible taux de diplomation, le non-respect du curriculum, l’enseignement de la suprématie raciale et ethnique et de l’intolérance religieuse, des filles se faisant dire qu’elles ont seulement besoin d’apprendre à être des épouses et des mères, et le défaut d’enseigner le curriculum complet.
En outre, la lettre disait que « les membres du Syndicat ne pouvaient croire que le gouvernement n’avait rien fait concernant des allégations d’abus sexuels et de traite des filles et des femmes dans la communauté. »
Un communiqué de presse du Syndicat publié le 10 novembre 2004 a réitéré les points de la lettre adressée au premier ministre et demandé que d’autres fonctionnaires du gouvernement, y compris le procureur général et le ministre de l’éducation, répondent aux allégations.
Le Syndicat a lancé une pétition contre l’église Fundamentalist Church of Latter Day Saints à Bountiful qui comprenait des allégations plus graves, notamment le fait d’assigner des maris aux filles dès l’âge de 14 ans, des hommes âgés mettant des filles de 14 ou 15 ans enceintes, et des jeunes hommes qui sont rejetés de la communauté pour maintenir l’équilibre des sexes.
Linday M. Lyster du Tribunal a écrit dans sa décision que si les Palmer étaient offensés par les allégations d’actes répréhensibles dans les publications, « le fait d’être offensé par une publication, ou d’être en désaccord avec son contenu ou les objectifs poursuivis par ces publications ne suffit pas à établir qu’il y a discrimination ». Elle a renvoyé la plainte au motif qu’elle n’avait pas de perspective raisonnable de succès.
http://pointdebasculecanada.ca/spip.php?breve872
Humanité, 5 septembre 2008 par Rosa Moussaoui
[Texte intégral]
Laïcité . L’auteur du rapport sur les liens entre l’État et les cultes remis en 2006 à Sarkozy est l’un des représentants du Vatican au Conseil de l’Europe.
En septembre 2006, le rapport Machelon sur les relations des cultes avec les pouvoirs publics, commandé par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, proposait de bouleverser les équilibres de la loi de séparation des Églises et de l’État en autorisant les collectivités à subventionner directement les lieux de culte.
Controversée, cette commission ne le fut pas seulement par ses conclusions. Le camp laïque dénonça alors sa composition, la plupart de ses membres n’ayant pas fait mystère de leurs convictions religieuses. Théologiens, ministres des cultes et représentants de différentes institutions religieuses avaient été appelés en renfort, alors même que les athées et agnostiques étaient tout simplement écartés du débat sur le devenir de la loi de 1905, pilier de la laïcité.
Le sénateur (PRG) Gérard Delfau avait alors dénoncé « la composition orientée de la commission ». Comme Jean-Pierre Brard, député (app. PCF) de la Seine-Saint-Denis, qui estimait que cette composition posait « en soi un pro- blème ».
« Cette commission, formée de 16 conseillers d’État, magistrats, universitaires et théologiens connus pour leurs options religieuses ou leurs opinions favorables au droit local alsacien, a auditionné 45 personnalités, dont 19 religieux de diverses obédiences, 2 personnes appartenant à des sectes et seulement 2 militants laïques ! Commande orientée, composition orientée ! » s’indignait-il.
Le soupçon d’orientation est d’autant plus fondé que le président de cette commission, Jean-Pierre Machelon, professeur à l’université Paris-V, directeur d’études à l’École pratique des hautes études, est aussi depuis plusieurs années, à ses heures perdues, représentant du Vatican à la Commission européenne contre le racisme et l’intolérance (ECRI) du Conseil de l’Europe. Une instance dans laquelle il siège « comme observateur, sans droit de vote », précise le service de presse de cette institution.
De quoi faire planer un sérieux doute sur l’impartialité de cette commission, dont les conclusions pourraient alimenter, dans les mois qui viennent, des décisions politiques pas franchement conformes au principe de laïcité.
« L’intention de ce gouvernement est clairement d’aller dans le sens d’une révision de la loi de 1905 sous prétexte de modernisation, alerte le philosophe Henri Pena Ruiz. Il s’appuiera donc sur les recommandations de ce rapport qui réimplique le religieux dans la sphère publique. »
Courriel, 5 septembre 2008 par Rosa Moussaoui
[Texte intégral]
Conférence organisée par Ursula CABERTA, qui dirige le Working Group Scientology de l’Office of Domestic Affairs de la Ville de Hambourg. Là les ex-Scientologues Larry Brennan, Mark Headley et l’acteur Jason Beghe , ainsi que l’avocat de Los Angeles Graham Berry ont exposé leur expérience en Scientologie aux USA
Le 4 sept : ouverture par une conférence de presse le matin, puis de 17h à 20h, environ 140 personnes ont assisté aux exposés de ces invités. L’exposé de Billy Graham a été particulièrement remarquable. Graham a remis ses 11 pages à Hanne.
Nous devrions envisager de l’inviter à notre conférence à St. Petersburg en mai 2009.
Des Scientologues américains ont essayé de s’opposer au voyage de certains orateurs. Certains ont suivi les orateurs en route pour Hambourg et ont même essayé de forcer le passage vers le podium, ce à quoi la justice allemande s’est opposée.
Le 5 sept. De 10h à 13h, environ 4O personnes spécialement invitées ont pu échanger avec les invités US. Parmi ces personnes se trouvait une représentante du Ministère Fédéral de la Justice et un représentant du Länd de Bade-Wurtemberg. Nous devons aussi mentionner que la FECRIS était bien représentée parBernhard Bruenjes (Bremen),Julian Charter (UK),Mireille Degen (B) Ingo Heinemann (De) Jacques Richard, Andreas Stylianides (Cyprus),et moi-même Friedrich Griess (At, president). Comme la représentante du Ministère Fédéral de la Justice déplorait l’absence de tout groupe opposé aux activités des sectes au niveau européen, j’ai eu l’occasion de lui porter la contradiction en lui présentant la FECRIS ;
Friedrich GRIESS trad J. RICHARD 9/9 08
Une vingtaine de « Anonymous » de différentes villes allemandes, dont la Bavière , étaient présents les deux jours.
AFP, 8 septembre 2008
[Texte intégral]
PARIS, 8 sept 2008 (AFP) - L'Eglise de Scientologie est renvoyée devant le tribunal correctionnel de Paris pour "escroquerie en bande organisée", a-t-on appris lundi de source proche du dossier.
Le juge Jean-Christophe Hullin a signé lundi une ordonnance renvoyant l'Association spirituelle de l'Eglise de Scientologie (ASES -Celebrity centre), principale structure de l'association en France et sa librairie, la SARL SEL, pour "escroquerie en bande organisée".
La condamnation de l'Eglise de Scientologie pour ce chef pourrait aboutir à la dissolution des deux structures mises en cause, selon une source proche du dossier.
Sept scientologues, dont Alain Rosenberg, directeur général du Celebrity centre, sont également poursuivis dont certains pour "exercice illégal de la pharmacie".
Le magistrat est allé à l'encontre des réquisitions du parquet qui avait requis le 4 septembre 2006 un non lieu pour l'ensemble des mis en cause estimant qu'il ne résultait pas de l'information judiciaire des charges suffisantes.
"C'est une grande victoire, le magistrat a eu le courage de balayer l'attitude complaisante du parquet à l'égard de la Scientologie", s'est félicité Me Olivier Morice, avocat de plaignantes.
"L'attitude du parquet ne peut que nous interpeller sur l'éventuelle prise en considération de motivations politiques dans le traitement judiciaire parisien des dossiers relatifs à la Scientologie", a-t-il ajouté.
L'affaire avait débuté en décembre 1998 par la plainte avec constitution de partie civile d'une femme estimant avoir été escroquée par l'Eglise de Scientologie.
Abordée quelques mois plus tôt à Paris, au métro Opéra, par des scientologues pour un test de personnalité gratuit, elle avait au final dépensé plus de 200.000 francs pour des cours, l'achat de livres, de médicaments et ainsi que d'un "électromètre", appareil électrique ayant pour objet de mesurer les variations de l'état mental de la personne par les modifications importantes de la résistance électrique.
Une autre plaignante et l'ordre des pharmaciens se sont par la suite constitués partie civile dans ce dossier.
Le Point, 8 septembre 2008 (AFP)
[Texte intégral]
Le statut juridique de la Scientologie, qui vient d'être renvoyée en correctionnelle pour "escroquerie en bande organisée" , diffère selon les pays où elle est installée. Elle se présente selon les États comme une religion, une organisation commerciale, une association ou bien une simple technique de développement personnel.
Aux États-Unis où elle a été fondée en 1954 par l'auteur de science-fiction Ron Hubbard, et où se situe son siège international, la Scientologie a le statut d'Église depuis 1993. L'organisation a obtenu, après un long bras de fer avec le fisc, l'exonération réservée aux mouvements religieux. L'Afrique du Sud, le Venezuela, le Japon, Taïwan, les Philippines l'ont également érigée au niveau d'une religion.
Sur le Vieux Continent, l'Église de Scientologie s'est installée petit à petit dans le paysage confessionnel. La Suède a été le premier pays d'Europe occidentale, en 2000, à lui donner le statut officiel de "communauté religieuse", suivie par la Croatie, la Slovénie, la Hongrie. La justice espagnole a statué fin 2007 en faveur de son inscription au Registre des entités religieuses .
En France, la Scientologie n'a pas le statut d'"association cultuelle"
Au Portugal, les scientologues, qui ont pignon sur rue depuis 1984, ont obtenu en septembre 2007 le statut d'association religieuse. Une démarche similaire a été entreprise en Autriche, mais a finalement été retirée. La Scientologie, installée au Royaume-Uni depuis 1977, s'est vu refuser le statut d'oeuvre caritative ("charity"), mais a obtenu en 2000 celui d'association à but non lucratif. Désormais inscrite au registre des sociétés, elle est exemptée de payer la TVA.
En Russie, une loi de 1996 qualifie la Scientologie d'"organisation religieuse destructrice". Plusieurs pays européens la considèrent comme une secte, notamment la Belgique, l'Allemagne et la France ou l'Italie. L'organisation, souvent dans la ligne de mire de la justice, est accusée par ses détracteurs de manipuler ses membres à des fins pécuniaires. Présente en Belgique depuis 25 ans, la Scientologie, qui a ouvert en 2003 son quartier général européen à Bruxelles, cherche en vain à se faire reconnaître comme Église. Le Parlement belge l'a classée en 1997 dans la liste des sectes et une instruction judiciaire est en cours pour mise sur pied d'une organisation criminelle.
L'Allemagne est engagée, depuis une dizaine d'années, dans un bras de fer avec la Scientologie, régulièrement accusée par les services de renseignements d'être dangereuse. Le gouvernement fédéral, qui l'a placée sous étroite surveillance, l'autorise néanmoins à avoir des activités en tant qu'organisation. En France, la Scientologie n'a pas le statut d'"association cultuelle", régie par la loi de 1905. Ce statut implique le contrôle de l'État dans le fonctionnement et les activités de l'association.
http://www.lepoint.fr/actualites-societe/l-eglise-de-scientologie-secte-ou-religion/920/0/272255
Quotidien, 9 septembre 2008 Recueilli par G.Da.
[Texte intégral]
"Eviter le scandale" Jean-Michel Roulet, président de la MIVILUDES
Jean-Michel Roulet préside depuis 2005 la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes). A la fin du mois, son mandat sera achevé. Depuis trois ans, il a consacré une partie de son temps à comprendre l’Eglise de scientologie.
- Comment la scientologie perçoit-elle les dossiers judiciaires qui la visent ?
- En France comme dans les autres pays, la scientologie essaie, par tous les moyens, d’éviter le scandale. On le constate en particulier par le nombre de personnes qui se désistent après avoir porté plainte. La scientologie n’hésite pas à les payer, c’est-à-dire à perdre tout ce qu’elle a gagné, pour ne pas avoir de plaignants. Parce que son objectif aujourd’hui est d’être respectable, elle cherche donc à éviter les condamnations judiciaires pour amorcer un processus de reconnaissance. […]
Quand les personnes ne cèdent pas aux offres qui leur sont faites, la justice peut aller au bout. Cependant, tant que ce n’est pas jugé, il faut se garder de tous pronostics, car avec la scientologie, bien souvent, les choses ne se terminent jamais comme on croit qu’elles vont se terminer. Nous avons les preuves que la scientologie a de gros moyens financiers pour recruter d’excellents avocats. Ces derniers sont chargés de retarder par tous les moyens les procédures, pour que les affaires ne soient pas jugées dans des délais normaux.
- Pourquoi avons-nous l’impression que la justice obtient des résultats mitigés dans les dossiers concernant la scientologie ?
- Il n’y a pas en France de législation d’exception sur les sectes. Il existe des textes pour protéger les victimes, mais aucun texte répressif pour s’attaquer aux sectes précisément. Cette situation profite à la scientologie. Toutes les lois visées dans les procédures la concernant relèvent donc du droit commun. Ce sont des soupçons d’escroquerie, d’exercice illégal de la médecine, d’infractions à la législation du travail… Sur cette base, la scientologie, se présentant toujours comme une religion, s’efforce de faire croire que les procédures pénales qui la touchent s’apparentent à de la discrimination religieuse.
L'Express, 9 septembre 2008 par François Koch
[Texte intégral]
L'Eglise de scientologie a été renvoyée lundi 8 septembre par un juge parisien devant le tribunal correctionnel de Paris pour "escroquerie en bande organisée". La réaction de Jean-Michel Roulet, président de la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires).
- Comment avez-vous réagi à l'annonce lundi 8 septembre de la décision de renvoi en correctionnelle de l'Eglise de Scientologie par un magistrat parisien?
- Jean-Michel Roulet: J'ai été très surpris. Je croyais que ce dossier était plombé à cause des réquisitions du parquet qui prônait le non-lieu. De plus, l'incrimination est forte: "escroquerie en bande organisée".
- Pourquoi le parquet, qui représente les intérêts de la société, recommandait-il le non-lieu?
- Cela doit nous interpeller. Y a-t-il chez ces magistrats de la frilosité dès que l'on pourrait invoquer la liberté de conscience, de croyance, des religions?
- Si la Scientologie était condamnée, risquerait-elle la dissolution?
- Oui. Ce serait la deuxième condamnation de la Scientologie en tant que personne morale pour des dérives sectaires. En tant que telle, elle a en effet déjà été condamnée en 2003 pour non-respect des règles relatives aux fichiers informatiques. Mais cette éventuelle nouvelle condamnation est loin d'être acquise: la Scientologie a déjà annoncé qu'elle utiliserait toutes les voies de recours judiciaires, jusqu'à la Cour européenne des droits de l'homme.
- Comment analysez-vous la réaction de la Scientologie?
- A chaque fois que la Scientologie est prise la main dans le sac, elle crie au harcèlement judiciaire, aux atteintes à la liberté des religions. Elle attaque à nouveau la Miviludes. Lorsqu'elle affirme que suis à l'origine de ses ennuis, j'en suis flatté! Je pense surtout aux victimes de ce mouvement sectaire à qui cette décision judiciaire va mettre du baume au coeur. Cela pourrait leur apporter le courage de résister aux pressions et d'oser porter plainte contre la Scientologie.
MaVille, 12 septembre 2008 par Jean-Yves Manac'h
Le professeur de psychopathologie avait attiré l'attention du procureur sur certaines techniques lui paraissant dangereuses pour les enfants.
Houssine Jobeir, 53 ans, maître de conférence à l'Université de Bretagne occidentale à Brest, où il enseigne la psychopathologie, et par ailleurs psychologue clinicien, comparaissait jeudi devant le tribunal correctionnel, devant lequel il était poursuivi pour dénonciation calomnieuse par un médecin psychiatre et une de ses consoeurs spécialisée dans la psychologie du développement.
L'origine de cette affaire, qui aura fait l'objet d'une instruction de plus de trois ans, remonte à 2004. Un médecin récemment recruté dans un centre de rééducation fonctionnelle des Côtes-d'Armor qui accueille de jeunes adultes handicapés, est surpris par certaines techniques utilisées par certains soignants, en particulier la « communication facilitée » censée permettre à des personnes n'ayant pas même la parole de s'exprimer. Il apprend que certains praticiens prétendent faire s'exprimer ainsi des embryons, des foetus et même des personnes décédées.
Conscience et éthique
Il s'en ouvre au téléphone à Houssine Jobeir, qui lui conseille de dénoncer ces pratiques auprès des autorités. L'ordre national des médecins est alerté, la Mivilud (mission interministérielle de vigilance dans la lutte contre les dérives sectaires) et d'ordres associations. Aucune réponse. Il décide alors de recontacter M. Jobeir, qui accepte de l'accompagner dans sa démarche et se documente sur ces pratiques et sur l'emprise de certaines sectes, en particulier Ivi (pour Invitation à la vie, une secte guérisseuse et pseudo-catholique qui prétend soigner grâce à la prière).
Houssine Jobeir finit par écrire au procureur de la République de Quimper pour l'alerter sur ces dérives et ces pratiques qui lui paraissent « dangereuses pour mes concitoyens et en particulier les enfants. » Ce que confirme le médecin des Côtes-d'Armor : « Il a agi pour des raisons de conscience et d'éthique. Comme moi, qui avais été le témoin des ravages de cette méthode sur les enfants. »
« Il n'a fait que son devoir »
Des méthodes relevant du charlatanisme, a-t-il même déclaré plus tard lors d'un colloque organisé à l'UBO. À l'audience, Le Dr Jobeir se défend d'avoir affirmé à un quelconque moment que les deux plaignants faisaient ou non partie d'une secte. « Je n'ai pas dénoncé x ou y mais des pratiques qui me paraissaient dangereuses. »
Il admet qu'il reprochait au psychiatre de profiter de ses fonctions de dirigeant d'un centre d'étude, d'information et de recherche sur l'autisme pour diffuser auprès d'un public non averti une fiche technique sur cette technique et d'avoir introduit, avec l'aide de l'autre plaignante les « lieux d'arrêt d'agir », qui constituent selon lui « Un état de faiblesse de personnes vulnérables. »
Pour les avocats des parties civiles comme pour le ministère public, l'infraction est caractérisée. Le procureur requiert à l'encontre du Dr Jobeir une amende de 10 000 € assortie pour moitié ou les deux tiers, du sursis. Pour l'avocat de la défense, qui estime « choquant qu'il n'ait jamais bénéficié du doute », le Dr Jobeir n'a accompli que son devoir de citoyen.
Le délibéré sera rendu le jeudi 30 octobre prochain.
Blogdei, 13 septembre 2008 par Nicolas
Grande Bretagne : La Royal Society estime que le créationnisme devrait être enseigné comme un point de vue légitime
Faut-il enseigner le créationnisme en sciences ? Selon la Royal Society de Londres, le créationnisme devrait être inséré dans les cours de science et enseigné comme un point de vue légitime.
Cette suggestion soulève un débat d'opinion en Angleterre entre les scientifiques partisans de la théorie de l'évolution et ceux qui croient en la création de l'univers. Pour les premiers, comme le Pr Lewis Wolpert de l'Université du College Medical School, les leçons de science ne doivent pas être le lieu d'étude du créationnisme car cela relève des cours de religion. Pour les second cependant, comme le Pr Jon Bryant, biologiste à l'Université de Exeter le créationnisme devrait être amené dans les discussions en cours de sciences en tant que vision alternative sur l'origine des hommes et du monde.
La supposition de la part de la Royal Society surprend la communauté scientifique étant donné que l'année derrière, sa position rendue publique par une lettre ouverte indiquait la proposition contraire.
Ces interrogations surviennent alors que l'on s'apprête à célébrer le bicentenaire de la naissance de Charles Darwin et le cinquantenaire de la publication de son livre-phare, L'Origine des Espèces.
Nice Matin, 14 septembre 2008 par Stéphanie Casiglia
De grosses berlines immatriculées en Autriche, ou en Allemagne que l'on préfère garer un peu plus loin. Des minibus de location aux vitres fumées. Et des va-et-vient incessants... Mais discrets. Si discrets. Trop discrets ?
La nuit surtout, à n'importe quelle heure, des petits soldats muets, tête baissée, chargés de paquets et valises énormes, se dirigent tous vers un seul lieu : l'hôtel Europe Village. Voilà de quoi inquiéter, sinon intriguer, les riverains du quartier chic du Cap-Martin.
Car l'hôtel Europe Village n'est plus un hôtel. Qu'est donc devenu cet ensemble de 27 chambres vendu le 31 juillet à une SCI, délicieusement nommée Skylove ? C'est ce qu'aimerait savoir Liliane qui habite à deux pas de là : « Ils arrivent par 20 ou 30 à la fois, jusqu'à plus de 100 dans la même soirée. C'est pas très rassurant, non ? Et ça va déprécier le quartier. »
Une armée de l'ombre
Jane, soucieuse, s'interroge aussi : « On dirait une armée de l'ombre. Ils rentrent et sortent en pleine nuit. Dans le silence le plus total. Ils ne nous dérangent pas, c'est le moins que l'on puisse dire, mais... »
Quant à Pierre, joggeur régulier, plus curieux que les autres, il a déjà jeté plusieurs fois un oeil à travers la haie : « Ils plantent des tentes et regardent tous dans la même direction. Je pense que c'est un écran plat dans le jardin. Mais on entend une mouche voler. Pour la plupart, ce sont des Asiatiques. Il y a quelques Européens, mais très peu. »
« On est juste des amis »
Et déjà le bruit court. Vite. Est-ce une secte ? De nombreuses voitures garées dans les rues alentours arborent le même médaillon à l'effigie du Maître Suprême Ching Hai. Jolie Asiatique, blonde, sans âge. A la tête d'une télé sur le net et d'un mouvement à caractère mondial : l'AIMSCH (l'Association internationale du Maître Suprême Ching Hai).
La police municipale de Roquebrune-Cap-Martin précise : « Au départ, le milliardaire russe Abramovich a essayé d'acheter la propriété. Et puis, au dernier moment, c'est Skylove qui a signé et cette SCI loue l'ancien hôtel à l'AIMSCH. ça nous a un peu intrigués, on est allés sur place. Nos interlocuteurs ont été charmants mais ne nous ont pas laissé entrer. »
Effectivement. Durant la journée, lorsque l'on cogne au portail de l'ancien hôtel, c'est un ouvrier qui vient ouvrir. Ils sont nombreux - très nombreux même - à travailler dans la propriété.
Mais lorsque les journalistes se présentent à l'entrée, les petites mains courent alors chercher une sorte de responsable et referment soigneusement le portail derrière eux. En anglais, large sourire mais un peu fébrile, la jeune femme nous répond sur le pas de la porte : « Nous sommes juste des amis et nous nous rencontrons pour discuter, faire la fête. Ce que font des amis, quoi ! » Des amis qui portent au cou la photo de la déesse Ching Hai et au doigt les bagues qu'elle met en vente (chères) sur son site Internet (lire par ailleurs). Demi-tour, on n'en saura pas plus.
Patrick Césari, le maire de Roquebrune-Cap-Martin, affiche sa vigilance : « Nous avons eu vent de regroupements, sans avoir toutefois de plaintes particulières. Nous suivons avec une grande attention tout cela. Les services de l'état ont été informés. »
C'est vrai. La police nationale de Menton est avisée. Et l'« affaire » est sur le bureau du SDIG (Service départemental de l'information générale) et dans les mains du chargé du culte et des dérives sectaires.
Et à Roquebrune, les membres de l'association de Ching Hai décident finalement de nous parler un peu plus. Une certaine Eva nous contacte. Elle affirme appeler de Paris : « A Roquebrune, ce n'est plus un hôtel maintenant, mais un lieu privé pour les membres de notre association qui veulent se retrouver. Et uniquement pour eux. Ce n'est pas un centre où l'on donne des renseignements. » Et la gratuité de ce lieu privé semble toute relative : « Disons que les membres participent à leur hébergement », bafouille Eva.
Au sujet de la SCI Skylove, notre interlocutrice « ne sait pas trop, mais pourrait se renseigner ». Quelques minutes plus tard, elle lâchera : « Je crois que la gérante de la SCI est une personne en contact avec Maître Suprême. Les fonds proviennent peut-être un peu de Ching Hai et aussi certainement de généreux donateurs. Vous savez, certains ont des entreprises à l'étranger qui gagnent des milliards d'euros, alors pour eux, c'est peu. » Une explication laconique qui ne rassure en rien le voisinage.
AFP, 16 septembre 2008 par Véronique Martinache
[Texte intégral]
PARIS - Le cas d'une femme mise en examen en Ariège pour exercice illégal de la profession de sage-femme témoigne d'une aspiration croissante des futurs parents à un accompagnement personnalisé de la naissance,
un sujet de préoccupation pour les médecins.
L'accoucheuse mise en examen après le décès d'un bébé qu'elle venait d'aider à mettre au monde à domicile s'est présentée comme une "doula", terme qui désigne les femmes "accompagnant" la naissance, de la grossesse aux suites de
couches.
L'Académie nationale de médecine s'était penchée au début de l'été sur le phénomène nouveau en France des "doulas", émettant de sérieuses réserves quant à cette pratique pourtant définie comme "un accompagnement non-médical", et mettant en garde "contre toute reconnaissance officielle de la formation et de la fonction".
Reconnaissance que ne souhaitent pas davantage le Collège national des gynécologues et obstétriciens français ni l'Ordre national des sages-femmes, même si "certaines sages-femmes considèrent favorablement l'accompagnement par des doulas".
Selon le rapport de l'Académie de médecine, une cinquantaine de doulas seraient en exercice en France, et une centaine en formation. Le rapport cite l'association "Doulas de France", selon laquelle 138 naissances (sur plus de 800.000) ont été accompagnées en 2006, parmi lesquelles 34% ont eu lieu à domicile.
Une des craintes exprimée par le Pr Roger Henrion dans son rapport pour l'Académie est de voir réapparaître les accouchements à domicile "et le retour à des pratiques de +matrones+ (terme désignant des accoucheuses exerçant
illégalement)".
Le Pr Henrion reconnaît néanmoins un vrai besoin de certains couples "d'un meilleur accompagnement" pendant l'accouchement et après la naissance.
Cette aspiration s'explique à la fois par l'évolution de la société qui fait que les femmes sont - ou se sentent - plus souvent isolées qu'autrefois, et par l'engouement actuel pour le "coaching" et autres prestations visant au développement de la personne.
Le Pr Henrion admet également que les progrès en obstétrique "ont abouti à une médicalisation considérée comme excessive et mal supportée par certaines mères". Le rôle des sages-femmes "est progressivement devenu plus technique et
plus médical".
Les doulas peuvent-elles combler le vide ? "A priori le projet est séduisant", indique le Pr Henrion, pour qui cependant "les réserves sont à ne pas empiéter sur le domaine médical".
"La pratique des doulas n'a aucun statut juridique", souligne l'Académie de médecine pour qui la crainte d'une médicalisation" peut faire retarder une hospitalisation nécessaire et mettre en danger l'enfant.
L'Académie évoque enfin "dans certains cas, un risque de déviance plus ou moins sectaire", citant un rapport en 2007 de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires.
Pour répondre aux aspirations des futurs parents, le Pr Henrion recommande donc de renforcer les effectifs de sages-femmes, à l'hôpital ou à domicile, "pour leur donner plus de disponibilité et leur permettre de mieux accompagner
les femmes au cours de la grossesse, du travail et dans les suites de couches".
Ma Principauté , 16 septembre 2008 par Joëlle Deviras - Monaco-Matin
[Texte intégral]
Le rachat d'un ancien hôtel au cap Martin et l'afflux sur place (de jour comme de nuit) de dizaines de personnes, membres de l'Association internationale de Maître suprême Ching Hai (ou Association de méditation en France), ne manque pas d'inquiéter le voisinage et de susciter la plus grande vigilance des autorités policières et municipales. Et pour cause, cette association est recensée parmi les mouvements sectaires à caractère dangereux.(1) (Voir notre édition du dimanche 14 septembre). Pourquoi cette association s'est-elle installée à Roquebrune-Cap-Martin ? L'enquête que nous avons menée permet d'amener des éléments de réponse.
Fidèle du Fairmont hotel
Boîte de nuit, plage privée, Automobile Club de Monaco, hôtel quatre étoiles luxe... Le tableau de chasse d'un richissime touriste ? En tout cas celui de Maître suprême Ching Hai, nouvelle locataire avec son « Association internationale » de l'hôtel " Europe village ". Une acquisition de la SCI Skylove.
Si Ching Hai s'apprête à poser ses valises à Roquebrune-Cap-Martin, c'est aussi parce qu'elle connaît bien la région...
En Principauté, elle dispose d'un appartement « en villégiature prolongée au Fairmont hotel », nous confirme le gouvernement monégasque. Une bagatelle qui lui coûte entre 5 000 et 21 000 euros par mois. « Elle circule accompagnée par les chauffeurs de l'hôtel », affirme-t-on de source proche. Pas ou plus de voiture personnelle donc. C'est peut-être pour cela que Ching Hai, alias Celeste de l'Amour, n'a pas renouvelé son adhésion comme membre de l'Automobile club de Monaco NDLR : deux parrains obligatoires et un droit d'entrée de 600 euros. Cotisation annuelle : 120 euros...).
Des pourboires exorbitants
Manifestement fortunée, polie et généreuse avec le personnel (on parle de pourboires exorbitants), fréquentant les lieux selects de Monaco, elle n'est pas pour autant résidente monégasque. « Elle ne bénéficie pas d'une carte de séjour » précise le département de l'Intérieur.
Son vrai nom ? « On cherche... Elle a plusieurs alias... L'Amour serait peut-être son vrai patronyme... » Un nom prédestiné pour cette blonde, née au Vietnam, de nationalité britannique qui accueille ses amis à la « Spiaggia ». Un restaurant-plage privé du Larvotto, bien connu de tous les Monégasques. Le 1er mai dernier, Maître suprême, « Celeste de l'Amour » pour les intimes, y a invité 300 convives (des adeptes ?).
« Une semaine avant, elle est venue au restaurant, comme elle vient de temps en temps, explique Éric Chauvet, patron de « La Spiaggia ». « Je l'ai connue par l'intermédiaire de ma fille qui l'avait rencontrée au Jimmy'z [NDLR : la discothèque la plus huppée de la principauté]. Elle m'a dit : « Je veux inviter quelques amis végétariens, une centaine. Au bout du compte, ils étaient trois cents. »
Débordant sur la plage publique, les invités ont été installés sur des serviettes. « Des Anglais, des Allemands, des Malaisiens, mais aussi des francophones, visiblement de classe moyenne. Gentils et altruistes », souligne un Monégasque présent avec sa fille ce jour-là.
« Des gens polis, discrets, très organisés, de toutes confessions religieuses, très dociles, avec beaucoup de savoir-vivre », souligne Éric Chauvet qui garde de cette journée un souvenir mémorable. Après le buffet, place aux discours. « Elle a prôné la nature, une alimentation saine, ajoute Eric Chauvet. Elle m'a demandé de parler de Monaco et de la politique du pays en faveur de l'environnement. »
« Pas de sermon, ni de rituel », souligne le client monégasque témoin de la scène. Seulement des gens qui buvaient les paroles du Maître, semble-t-il.
Fait notable : « J'ai plusieurs fois demandé quel était le but de l'association. Je n'ai jamais pu avoir de réponse... »
À 18 heures, ce jeudi-là, tout le monde est parti, aussi discrètement qu'il était arrivé.
1- Alain Gest, député, vice-président du groupe d'étude sur les sectes à l'Assemblée nationale, nous a précisé que l'association faisait partie de la liste des mouvements sectaires établie par les services de police des renseignements généraux en 1995.
AFP, 17 septembre 2008
METZ, 17 sept 2008 (AFP) - Des peines de six mois avec sursis à cinq ans ferme ont été requises contre les huit adeptes d'une secte lorraine poursuivis pour violences et séquestrations en réunion devant le tribunal correctionnel de Thionville (Moselle), a-t-on appris mercredi de source judiciaire.
Le tribunal rendra sa décision le 7 octobre dans cette affaire qui concerne des faits commis en août 2003 et en juin 2005 par la secte Minh Vacma d'Algrange (Moselle), dissoute en novembre 2005.
Seuls trois des prévenus étaient présents au procès qui s'est tenu mardi, après la plainte de deux anciens adeptes de la secte. Le gourou, Alain Schmitt, 48 ans, infirme et diabétique, contre qui a été requise la peine de cinq ans ferme, était en cavale.
"Ma cliente a été séquestrée pendant deux jours dans des toilettes dans le noir. Du chauffage était mis en pleine canicule. Elle devait boire l'eau des toilettes. On lui a fait manger les croquettes de son chien, qu'on a fait semblant d'égorger", a raconté Me Christophe Pesme, avocat d'une plaignante.
Quelque 21.000 euros ont en outre été extorqués à cette enseignante, aujourd'hui âgée de 48 ans, selon Me Pesme qui demande le remboursement de cette somme et 15.000 euros supplémentaires au titre du préjudice moral.
La seconde victime a raconté à la barre que la communauté était "organisée en cercles" dans lesquels "chaque adepte avance ou rétrograde en fonction de son art du massage, dont le niveau d'excellence supérieure est un rapport sexuel
complet", selon ses déclarations rapportées par le Républicain lorrain.
Les mauvaises volontés étaient "sanctionnées durement, par des amendes très élevées ou le bannissement. Et, avant de partir, il (fallait) payer", a-t-il rapporté.
Me Arnaud Vauther, avocat du fils du gourou, a demandé une relaxe partielle pour son client. "Le gourou avait très certainement une responsabilité dans la manière dont il gérait la vie en commun dans la maison, mais celle des résidents
était bien moindre. Eux aussi étaient des victimes de la situation", a-t-il affirmé.
La secte Minh Vacma comptait une vingtaine de membres avant son démantèlement.
Voir aussi : rev0810.htm#7a
AFP, 17 septembre 2008
PARIS, 23 sept 2008 (AFP) - Georges Fenech, premier substitut à
l'administration centrale du ministère de la justice, a été nommé par décret du
premier ministre, président de la Miviludes (Mission interministérielle de
vigilance et de lutte contre les dérives sectaires), annonce mardi le Journal
Officiel.
Georges Fenech remplace à cette fonction Jean-Michel Roulet qui part à la
retraite.
Georges Fenech, 53 ans, magistrat et ancien président de la commission d'enquête sur les sectes et les mineurs, avait été chargé en avril par le
Premier ministre François Fillon d'une mission d'évaluation des "dispositifs
judiciaires conçus pour lutter plus efficacement contre les dérives sectaires".
La Miviludes, créée en 2002, est chargée d'observer et d'analyser le
phénomène des mouvements à caractère sectaire. Elle publie un rapport annuel.
Né le 26 octobre 1954 à Sousse (Tunisie), Georges Fenech a été élu puis
réélu en juin 2007 député UMP de la 11è circonscription du Rhône.
Sa réélection a été annulée le 27 mars par le Conseil constitutionnel, qui a
rejeté son compte de campagne et a prononcé à son encontre une inéligibilité
d'un an.
[.....]
Decret de nomination de Georges Fenech
AFP, 23 septembre 2008
[Texte intégral]
PARIS - Georges Fenech, nouveau président de la
Miviludes, préconise dans un rapport rendu public mardi, l'évolution vers un
statut législatif de cet organisme chargé d'observer et d'analyser le phénomène
des mouvements à caractère sectaire.
Dans ce rapport intitulé "La justice face aux dérives sectaires", M. Fenech
estime en préalable que "paraît venu le moment de passer d'une Miviludes trop
observatrice et conceptrice à une Miviludes plus décisionnelle et
opérationnelle, dotée de moyens et de structures renforcées et présidée une fois
par an par le Premier ministre".
François Fillon a confié au printemps la réalisation d'un rapport sur les
"dispositifs judiciaires conçus pour lutter plus efficacement contre les dérives
sectaires" à Georges Fenech, ancien président de la commission d'enquête sur les
sectes et les mineurs. Le rapport a été remis fin juillet.
Le rapport souligne que le "caractère interministériel (de la Miviludes) est
capital". "Le statut juridique le plus approprié reste incontestablement celui
d'une mission rattachée au Premier ministre", écrit son auteur. "En revanche si
la Mission doit conserver son caractère interministériel, il y aurait de grands
avantages à l'adosser à un texte législatif et non plus à un simple décret",
ajoute-t-il.
"En outre, une loi pérenne aurait pour autre avantage de faire disparaître
les craintes récurrentes d'une dissolution de la Mission ou de son rattachement
au seul ministère de l'Intérieur", relève-t-il.
En février, des déclarations d'Emmanuelle Mignon, alors directrice de
cabinet de Nicolas Sarkozy, mettant en cause la Miviludes (Mission
interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) ,
avaient déclenché une polémique.
Le rapport préconise également "la participation active auprès des
magistrats et enquêteurs d'une +cellule d'intervention mobile sur l'emprise
sectaire+". Il ajoute qu'"une telle cellule qui aujourd'hui repose sur la seule
initiative de professionnels dévoués pourrait très utilement faire l'objet d'une
institutionnalisation pérenne".
M. Fenech propose également d'"intégrer un module sur les +dérives
sectaires+ dans l'enseignement de la psychiatrie légale".
Il souhaite aussi "favoriser la création d'un observatoire européen sur les
dérives sectaires et l'harmonisation des jurisprudences des Etats membres".
La Croix, 24 septembre 2008 par Marianne Gomez
Georges Fenech : "Il faut des cellules spécialisées pour lutter sur le terrain contre les sectes"
Le magistrat du Rhône Georges Fenech, ancien président de la commission d’enquête sur les sectes et les mineurs, a été nommé mardi 23 septembre à la tête de la Miviludes. Un organisme dont il veut renforcer les missions
- La Croix : Quels sont vos projets en matière de lutte contre les dérives sectaires ?
- Georges Fenech : En juin, j’ai été chargé d’une mission sur « la justice face aux dérives sectaires ». J’y présente douze préconisations. En premier lieu, je pense qu’il faut doter la Miviludes d’une dimension plus décisionnelle et opérationnelle. On pourrait imaginer, en accord avec les ministères de la justice et de l’intérieur, la constitution de cellules spécialisées avec des fonctionnaires, des psychiatres, des psychologues, des enquêteurs, etc., qui pourraient se déplacer sur le terrain lorsqu’il y a une suspicion de dérive sectaire.
- Début 2008, l’Élysée disait vouloir recentrer l’action de la Miviludes sur les « mouvements dangereux ». Là, ne risque-t-on pas au contraire d’étendre ses prérogatives ?
- D’abord, c’est la loi qui guidera mon action. Nous serons vigilants sur tout ce qui se situe en dehors de la loi. Je suis très attaché au respect des libertés. La dérive sectaire est une atteinte aux libertés individuelles. Mais j’aurai toujours à l’esprit le respect de la laïcité et la liberté de conscience. Ensuite, je pense que la Miviludes ne doit plus se cantonner à la réflexion et à l’information. Il faut aller plus loin. Et pour cela, lever toute ambiguïté sur le statut de la Mission. C’est pourquoi je propose d’inscrire la Miviludes dans la loi, alors qu’elle ne relève, pour l’heure, que d’un décret.
- Mais faut-il se concentrer sur les mouvements dangereux ?
- Encore faudrait-il définir ce qu’est un « mouvement dangereux ». La mouvance sectaire est hétérogène. Un mouvement en apparence non dangereux peut très bien, du jour au lendemain, se révéler dangereux. Il faut donc être attentif, sans exclusive.
- D’autres évolutions vous semblent-elles nécessaires ?
- La spécialisation de certains juges aux affaires familiales me paraît nécessaire, à l’heure où un certain nombre de conflits familiaux se développent sur fond sectaire. Il faut aussi à mon sens installer un correspondant « dérives sectaires » dans chacune des neuf directions régionales de la PJJ (NDLR : protection judiciaire de la jeunesse). Par ailleurs, je souhaite ouvrir une réflexion sur le point de départ de la prescription : aujourd’hui, elle court à partir de la commission de l’infraction. Je suis favorable à ce qu’on la fasse démarrer à compter de la majorité de la victime, comme pour l’inceste.
- Faut-il dresser une liste des sectes ?
Non, car il s’agit d’un phénomène très mouvant. Une dérive sectaire peut être le fait d’un grand groupe comme d’un seul charlatan qui va s’installer comme naturopathe.
Le Parisien, 26 septembre 2008 par Anne Cécile Juillet
Lopez aura dépensé près de 300 000 € pour la Scientologie. Dans quelques jours, Mathilde et Gwenn ont rendez-vous chez leur avocat, et ils ont la ferme intention de porter plainte contre cette organisation. Les renseignements généraux ont eux aussi pris l’affaire au sérieux (voir ci-dessous). Contactée hier soir, l’Eglise de scientologie n’a souhaité faire aucun commentaire sur cette affaire.
Le Parisien, 26 septembre 2008 par Anne Cécile Juillet
- Mathilde Le Berre. En revenant du siège européen de la Scientologie à Copenhague. Elle n’était plus la même personne. Si elle n’avait pas été scientologue, elle ne se serait jamais suicidée. Mais ça, ces gens l’ont très bien compris : ils ont voulu acheter notre silence avec une somme d’argent. Ils nous ont envoyé leurs avocats, ont tenté de faire pression sur notre père, de le déstabiliser. Mais nous ne voulons pas transiger. Nous voulons aller jusqu’au bout.
Le Parisien, 26 septembre 2008 par Anne Cécile Juillet
Nice premium, 29 septembre 2008 par JL Vannier
Ce n’est probablement qu’une de ces coïncidences dont l’histoire a le secret. La récente nomination par le premier Ministre de l’ancien Député Georges Fenech à la tête de la Miviludes, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires intervient à un moment de grave crise économique et financière. Une période difficile qui s’accompagne en général d’interrogations personnelles et de questionnements identitaires, situation dont les sectes profitent savamment pour rechercher, accueillir et prétendre réconforter ceux et celles qui se trouvent confrontés aux pires incertitudes existentielles.
Dans son rapport remis au premier Ministre, l’ancien Député du Rhône, un tenant de la « ligne dure », préconise l’engagement du Parlement afin de « pérenniser » au travers d’une loi, l’existence et les objectifs de la Miviludes. Il souhaite également en accroître les moyens destinés à recueillir les informations et à former les agents publics au risque sectaire. Partisan, en outre, de la création de cellules de spécialistes comprenant des psychologues dont les compétences seraient essentiellement dévolues aux victimes, Georges Fenech propose une approche relativement rénovée et pragmatique des dangers sectaires.
Lors de travaux de la commission parlementaire consacrée à ce phénomène, travaux au cours desquels il avait déjà émis le vœu de voir se créer une commission d’enquête, le futur président de la mission avait clairement expliqué que « l’actualité des sectes ne se caractérisait plus par des faits divers spectaculaires », ce qui rendait encore plus ardu le repérage de leur travail d’influence sur le terrain. Même si l’adoption de la loi About-Picard de 2001 permet d’incriminer l’abus frauduleux de l’état d’ignorance ou de faiblesse, la nouvelle mission devrait désormais concentrer ses efforts sur la protection de la « santé physique et mentale des mineurs », dont le nombre dans les sectes avoisinerait les 20 000. Selon le constat effectué par les membres de cette commission, certaines sectes ont ainsi mis en place des établissements d’enseignement aux pratiques critiquables : absence de titres de l’encadrement ou non-enseignement de certaines matières. Néanmoins l’inquiétude principale porte sur les nombreux moyens utilisés par les sectes pour approcher les enfants comme l’enseignement par correspondance, les propositions de soutien scolaire, la mise en place de centres de loisirs et de vacances et bien évidemment, l’exploitation du réseau Internet. Si les enfants, tenus pour des « vecteurs de propagande en direction de leur parent », sont en général approchés par des moyens « insidieux » et « dissimulés », la Miviludes s’efforcera de prendre en considération les conditions de la situation parentale, à même de laisser la porte ouverte aux agissements des groupes sectaires.
L’objectif et les manœuvres des sectes demeurent connus : détacher l’individu de son contexte habituel, tâche souvent facilitée par les problèmes personnels et professionnels récurrents vécus par la victime et recréer des conditions factices - largement rémunérées - de liens sociaux et affectifs, susceptibles de lui redonner le sentiment d’exister. D’où la nouvelle stratégie probable de la Miviludes : plutôt que de suivre, de lister et de détailler le travail des organisations réputées sectaires, son action consisterait davantage à « sanctionner les dérives dangereuses » en se positionnant au plus près des victimes potentielles. Une politique adoptée en son temps par certains services dans le domaine de l’intelligence économique et dont on a pu depuis mesurer toute l’efficacité.