Actualités sur les sectes en novembre 2005.

 

Sectes

Choisir une formation sans risque de manipulation

EURD Les évangélistes brésiliens créent leur propre parti
Témoins de Jéhovah

Question écrite de Jean-Pierre Brard Député

Moon Moon à Londres après une interdiction de séjour de 10 ans
Mormons fondamentalistes Dans la famille Mormon
Scientologie L'Etat condamné pour "faute lourde" dans l'instruction sur la Scientologie
Sectes Washington montre la France du doigt pour ses lois contre les sectes
Falungong Un ministre chinois accusé de torture par le Falungong à Londres
Scientologie Claude Lelièvre dénonce la Scientologie
Graal Le docteur Guéniot soigne le cancer avec... du jus de carotte. Il est en prison
Moon Moon, une secte ou une association pour la promotion du bien-être ?
Aum Japon: le gourou de la secte Aum, irresponsable, ne peut être pendu
Actualités diverses Appel à témoins
Sectes Demande de dissolution de l'Unadfi: jugement reporté au 29 novembre
Falungong Une TV américaine dit avoir été expulsée sous la pression de Pékin
Sectes - Gurdjieff Assemblée Nationale - Question/réponse - (Philippe Vuilque) - Gurdjief
Actualités diverses Le musée d'histoire naturelle de New York défie les néo-créationnistes
Religions Ces réacs qui jugent au nom de Dieu
Respirianisme Jasmuheen, le gourou qui affame ses adeptes
Respirianisme « Ce mouvement est très inquiétant »
Respirianisme Le "respirianisme " dangereux pour la santé ?
Religions Questions sur le protestantisme
Religions La Bible contre la science: une guerre sans fin dans une Amérique dévote
Témoins de Jéhovah Témoins de Jéhovah /Autorité Parentale
Satanisme Secte satanique au Tessin: ouverture d'une enquête
Aum La secte Aum «encore dangereuse» et toujours à surveiller
Satanisme Quatorze Zambiens arrêtés après des attaques contre une église
Actualités diverses - Témoins de Jéhovah 1905 : le statu quo ne satisfait complètement aucun culte
Bibliographie Dans la secte
Sectes Demande de dissolution de l'Unadfi: jugement reporté au 6 décembre
Actualités diverses - (Respirianisme ?) Six mois sans boire ni manger: un nouveau bouddha ?

(*) Articles ou documents qui, compte tenu de leur taille, ne sont pas ci-dessous, mais sur une page particulière ou sur le Web



France : Sectes et formation

Choisir une formation sans risque de manipulation

Le Journal du management, 2 novembre 2005

[Texte intégral]

Le développement personnel est une aubaine pour certains formateurs bidons mais, plus grave encore, pour les membres de mouvements sectaires. Douze questions à se poser pour bien sélectionner une formation.

Surfant sur la vague du développement personnel, manipulateurs, charlatans voire même gourous s'improvisent coachs, formateurs ou coachs-formateurs, quand ce n'est pas formateurs-coachs. Le droit individuel à la formation pourrait amplifier ce phénomène. La réforme suppose en effet plus d'heures de formation et une initiative plus forte du salarié à titre personnel.

Mais au-delà du problème des compétences, il existe également un risque de faire appel à un prestataire lié à un mouvement sectaire et susceptible d'infiltrer l'entreprise. C'est en effet l'occasion pour les sectes de faire du prosélytisme, de s'approcher des dirigeants, de collecter des données personnelles (notamment dans le cadre de prestations informatiques) et bien entendu de gagner de l'argent.

D'après différents observateurs, les entreprises prennent de plus en plus conscience du phénomène. "Le nombre des questionnements d'entreprises, de salariés, de représentants du personnel s'accroît et des précautions commencent à être prises dans certains secteurs d'activités. Cela peut s'interpréter comme une prise de conscience de l'émergence d'un risque nouveau", indique-t-on à la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives à caractère sectaire).

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"Nous observons plus de subtilité dans la technique d'infiltration"
Catherine Picard, Unadfi

Le marché de la formation est le premier concerné. En effet, les membres de ces mouvements maîtrisent en général certaines méthodes facilement transposables à la formation. "Il n'y a pas un grand pas à franchir pour transformer ce qu'ils pratiquent en pseudo outil de formation", constate Catherine Picard, présidente de l'Unadfi (Union nationale des associations de défense des familles et de l'individu). Certains mouvements sectaires s'organiseraient en réseau pour se faire une place sur ce marché lucratif. "Le système des franchises se développe", relève la présidente. L'activité de formation s'accompagne souvent d'une activité de coaching, les deux étant parfois difficiles à dissocier. Le coaching n'est pas une activité réglementée et aucun label n'apporte aujourd'hui de véritable garantie.

La législation sur la formation s'est renforcée depuis 2002. Désormais, les organismes de formation doivent procéder à une déclaration d'activité (L. 920-4 du Code du travail), et non plus seulement à une déclaration d'existence. "Ce changement de régime a entraîné une diminution de l'ordre de 30 % du nombre d'organismes déclarés en 2003", précise Stéphane Rémy, directeur adjoint du travail à la Délégation générale à l'emploi et à la formation professionnelle (DGEFP).

Malgré l'affermissement de la législation, les risques restent importants."Nous observons plus de subtilité dans la technique d'infiltration", met en garde Catherine Picard. Les organismes de formation émanant de mouvements sectaires peuvent sembler tout à fait compétents au premier abord. Voici donc douze questions à se poser pour choisir une formation. En cas de doute, vous pouvez consulter la Miviludes, l'Unadfi ou encore les organismes collecteurs (Opca).

L'organisme de formation

Sites
Societe.com
Euridile

1. Depuis combien de temps l'organisme existe-t-il ?
Vous trouverez ces informations sur des sites comme Euridile ou societe.com.

2. Quelle est sa solidité financière ?
Prenez connaissance du chiffre d'affaires des deux dernières années et des capitaux de l'entreprise. Appartient-elle à un réseau ?

3. A-t-il des labels ou certifications ?
Les normes ISO et NF sont un gage de confiance, de même que la qualification OPQF (Office professionnel de qualification des organismes de formation) et le certificat FFP (Fédération de la formation professionnelle). La publicité d'un organisme de formation peut faire mention de la déclaration d'activité sous la forme "Enregistrée sous le numéro...", mais cet enregistrement ne vaut pas agrément de l'Etat.

4. Quelles sont ses références ?
Les clients de l'organisme ne constituent qu'un indice. De grandes entreprises françaises ont été confrontées à des problèmes de dérives sectaires.

5. Qui sont les associés ? Qui sont les formateurs ?
N'hésitez pas à demander leurs expériences professionnelles et leurs diplômes (attention, les dénominations "faculté" et "université" ne sont pas protégées). Renseignez-vous également sur la répartition des effectifs entre formateurs et administratifs.

6. L'organisme propose-t-il d'autres prestations ?
Méfiez-vous des prestations annexes : ouvrages, voyages ou autres stages.
La formation

1. Quel est le programme de formation ?
Soyez attentif au vocabulaire utilisé dans le programme. Assurez-vous que les objectifs sont clairement définis et cohérents.

2. Quelles sont les méthodes pédagogiques ?
La PNL et l'analyse transactionnelle sont souvent (mal) utilisées.

3. Qui seront les autres participants ?
Une certaine homogénéité des participants et des objectifs communs sont nécessaires pour une formation efficace.

4. Où et quand la formation a-t-elle lieu ?
Les formations organisées par des mouvements sectaires ont souvent lieu dans des hôtels ou des salons, pendant une durée de plusieurs jours, avec des horaires très fatigants.

5. Impose-t-on des degrés de progression ?
Les niveaux de progression permettent à certains mouvements de faire suivre plusieurs stages au salarié et de l'enrôler progressivement.

6. Quels sont les retours ?
Assurez un suivi et tenez compte des remarques des participants. Veillez aux relations entre formateur et participants.

Corentine Gasquet
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Choisir une formation sans risque.htm



Brésil : EURD

Les évangélistes brésiliens créent leur propre parti

Le Figaro, 2 novembre 2005 par Anne Cheyvialle

[Texte intégral]

Le poids des évangélistes ne cesse de croître au Brésil. L'Église universelle du royaume de Dieu, forte de 3 millions de fidèles dans le pays, vient même de créer son propre parti politique.

Déjà très influente au Brésil, l'Eglise universelle du royaume de Dieu a franchi une nouvelle étape en créant son premier parti politique : le Parti municipalisé rénovateur. Les évangélistes comptaient déjà des représentants au Congrès national dans différents partis du centre et de droite (surtout au Parti libéral, PL, de la coalition gouvernementale). Ils pourront désormais présenter leurs propres candidats aux élections nationales de 2006.

Cette création confirme la forte audience prise par ce mouvement, qui, en moins de trente ans, est devenu la deuxième église évangélique pentecôtiste. Fondée en 1977 à Rio de Janeiro par Edir Macedo, elle rassemble aujourd'hui 6 millions de fidèles dans le monde, dont la moitié au Brésil. Critiquée pour son prosélytisme agressif, l'Église universelle a rencontré un terrain fertile dans les régions les plus pauvres. Le mouvement s'est aussi fortement enrichi en poussant ses fidèles à verser la dîme. Les dons accumulés ont permis de bâtir plus de 3 000 lieux de culte disséminés dans 46 pays.

La plus imposante «cathédrale de la foi», qui peut accueillir jusqu'à 12 000 personnes, se situe dans un quartier très pauvre de la banlieue de Rio. Le temple est aussi équipé des moyens de communication les plus sophistiqués. Chaîne de télévision nationale (Rede Record, deuxième du pays), stations de radio, hebdomadaire national (A folha universal) qui tire à plus d'un million d'exemplaires, sociétés de production et d'édition, agence de voyages... Le chiffre d'affaires annuel est estimé à un milliard de dollars.

Campagne dans les temples

«Leur poids politique est apparu lors de la refonte de la Constitution de 1988, lorsqu'ils se sont mobilisés sur les questions de morale touchant à la famille, au divorce, à l'avortement», explique Flavio Conrado, anthropologue à l'Institut des études de la religion (Iser). A cette époque, 32 députés évangélistes furent élus, dont la moitié de pentecôtistes. La structure très hiérarchique, pyramidale, du Royaume de Dieu sur le modèle de l'Église catholique a aussi facilité son ascension politique. «La direction décide du choix des candidats et ne les envoie que s'ils sont sûrs d'être élus ; c'est un mouvement très pragmatique», relève Flavio Conrado. L'élection de l'évêque Marcelo Crivella comme sénateur de Rio de Janeiro en 2002 en témoigne. «Il réunit tous les ingrédients de la réussite : action sociale en Afrique, chanteur et leader charismatique», précise-t-il. Les temples constituent un espace idéal pour faire campagne à moindre coût : distribution de tracts, comité électoral à l'entrée. L'Église universelle vient cependant de perdre deux de ses représentants dans le scandale de corruption qui secoue le pays depuis des semaines.

En fondant son propre parti, l'Église universelle n'aura plus à négocier le choix des candidats avec les directions de partis et sera plus libre sur les projets de réforme. «Cette stratégie vise aussi à accéder à des postes exécutifs. L'église universelle ne gère aucune mairie ni aucun Etat», analyse Flavio Conrado. Et pourquoi pas un jour un président évangéliste ?



France : Témoins de Jéhovah

Question écrite de Jean-Pierre Brard

Courriel, 3 novembre 2005

[Texte intégral]

QUESTION ECRITE

Montreuil, le 3 novembre 2005

Monsieur Jean-Pierre BRARD attire l'attention de monsieur le ministre de l’Economie, des Finances et de l’Industrie sur le montant des versements d'ores et déjà intervenus dans le cadre du recouvrement des sommes dues par les Témoins de jéhovah.

En effet, dans son intervention du lundi 24 octobre lors de la discussion de l’amendement n°244 au projet de loi de finances pour 2006 et relatif à la mise en recouvrement des droits, pénalités et intérêts de retard dus par l'association des Témoins de Jéhovah pour des dons non déclarés, le ministre délégué au budget a indiqué que « les garanties immobilières, consistant en des prises d'hypothèques sur des immeubles appartenant à l'association ont été prises par le comptable » et que « plusieurs versements sont d'ores et déjà intervenus ».

Comme indiqué par monsieur le Ministre délégué lui-même, les voies de recours en droit interne sont épuisées puisque la cour de cassation a tranché le 5 octobre 2004. Le recours déposé par les Témoins de jéhovah devant la Cour européenne des droits de l'homme n’étant pas suspensif, monsieur Jean-Pierre BRARD lui demande, en conséquence, le montant des versements d'ores et déjà intervenus dans le cadre du recouvrement des 45 millions d’euros que les Témoins de Jéhovah sont condamnés à verser à l’Etat.



Angleterre : Moon

Moon à Londres après une interdiction de séjour de 10 ans

AFP, 3 novembre 2005

[Texte intégral]

LONDRES - Le milliardaire sud-coréen Sun Myung Moon, fondateur de la secte "Eglise de l'Unification", doit arriver ce vendredi à Londres, après une interdiction de séjour de 10 ans en Grande-Bretagne, rapporte le Daily Telegraph.

Le dirigeant de la secte Moon (86 ans), accompagné de sa femme, et muni d'un visa de 24 heures, doit arriver en jet privé dans la capitale britannique où il doit donner une conférence sur la paix dans le monde devant quelque 1.000 personnes.

Le ministre britannique de l'Intérieur Charles Clarke, a déclaré qu'il avait finalement accepté la venue de Moon dans le pays, compte tenu de son grand âge.

Le révérend Moon s'était vu interdire, en 1995, l'entrée en Grande-Bretagne par le gouvernement conservateur de l'époque, qui avait jugé, pour "des raisons de maintien de l'ordre public", sa présence indésirable dans le pays.

L'Eglise de l'Unification avait été accusée par ses détracteurs de pratiquer le lavage de cerveau auprès de ses membres.



Canada : Mormons fondamentalistes

Dans la famille Mormon

Le Figaro, 5 novembre 2005 par Kathia Clarens

[Texte intégral]

Dans la famille mormon... Les mormons fondamentalistes pratiquent aujourd'hui encore la polygamie. Une société fermée et plutôt secrète, qui a pourtant accepté de nous recevoir.

Bountiful. Sud-ouest du Canada, près de la frontière américaine. Une nuée d'enfants s'échappe de la petite école au pied de la montagne de roc sombre, slalome entre les arbres rougis par l'automne. Ils sont trente, peut-être plus. Ils courent pieds nus vers une vaste maison sans ornements. Etrange impression. Tous se ressemblent. Blonds avec des yeux bleus. Car tous ont le même père. Winston Blackmore, 49 ans, a 22 femmes et 103 enfants. Il est aussi le bishop d'une communauté de mormons fondamentalistes : les adeptes de l'Eglise fondamentaliste de Jésus-Christ des saints du dernier jour (FLDS). Fondée en 1935, la FLDS, dissidente de la principale Eglise mormone - qui, en 1890, sous la pression des autorités fédérales, interdit la polygamie pratiquée jusqu'alors - se revendique chrétienne. Les communautés fondamentalistes s'établissent alors dans l'Utah et l'Arizona. Au début des années 50, un groupe de «pionniers» s'installe en terre canadienne, à quelques kilomètres de la petite ville de Creston, en Colombie-Britannique, et fonde Bountiful. Les parents de Winston Blackmore sont de ceux-là.

Dans la maison de Lyons Road, où vivent plusieurs des femmes de Winston, les enfants viennent de faire irruption. Arrivée remarquée dans la cuisine, gigantesque avec ses dizaines de placards et son immense fourneau. Une petite se précipite : «Puis-je avoir du pop-corn, mère Ruth ?» Ruth n'est pas sa mère mais qu'importe. Ici, les femmes sont appelées mère par tous les enfants. A quelques pas, mère Jennifer et mère Zelpha servent aussi des bols de pop-corn aux petites mains qui se tendent avidement. Leurs cheveux sont tressés, elles portent des robes longues et des collants opaques. Leur peau est couverte des poignets aux chevilles. Elles se lancent des regards amusés. Ceci est leur monde. Dans leur monde, les hommes ont plusieurs femmes et les femmes de nombreux enfants.

«Je ne pourrais pas vivre autrement, explique Leah, 23 ans et quatre enfants. Ma grand-mère vivait ainsi, ma mère aussi. Certains ne veulent pas admettre que nous choisissons cette vie, ils croient que nous agissons sous pression. C'est faux.»

Les détracteurs, effectivement, sont nombreux. Associations féministes en tête, ils dénoncent le statut des femmes dans ces communautés, l'omnipotence masculine. Il y a aussi celles et ceux qui ont quitté la communauté.

«J'avais envie de donner à mes enfants une plus grande chance de réussir, explique Ben Blackmore, 26 ans, quatre enfants, et neveu de Winston. Je veux qu'ils aillent à l'école publique, qu'ils pratiquent des sports d'équipe, qu'ils fassent tout ce que je n'ai pas pu faire. Cela ne m'empêche pas d'y retourner de temps en temps.»

D'autres, en revanche, ne sont plus les bienvenus. C'est le cas de Debbie Palmer, ex-femme de Winston, qui dénonce* les problèmes rencontrés par des enfants souvent laissés sans surveillance - à 5 ans à peine, elle est agressée sexuellement par l'un de ses cousins de 14 ans - , la violence générée par les jalousies entre femmes, les mariages de filles trop jeunes - certaines n'ont que 15 ans - avec des hommes parfois âgés de cinquante ans de plus qu'elles. Une ligne rouge qu'il ne fallait pas franchir dans une communauté aux rituels secrets et qui n'aime pas voir ses arcanes exposés.

Ruth, elle, dément ces accusations, expliquant que dans sa religion, ce sont les femmes qui choisissent les hommes. «C'est nous qui avons choisi Winston. La plupart d'entre nous l'avons vu prêcher. Il est tellement habité par l'esprit de Dieu lorsqu'il prêche...»

L'homme, dès lors que la femme annonce sa préférence au prophète et que celui-ci accepte sa proposition, n'a d'autre choix que de consentir. Mais Winston est une exception et la plupart des hommes de la FLDS n'ont pas plus de trois femmes, qui viennent souvent des communautés voisines pour éviter la consanguinité. «La polygamie est pour nous un engagement sacré, reprend Ruth, qui admet dans un sourire que les jalousies viennent parfois ternir le tableau. Mais, ajoute-t-elle immédiatement, tu apprends à aimer, au-delà de cela, les qualités des autres. En contrepartie, tu vis dans un monde où tu n'es jamais seule, la communauté te soutient toujours, quelle que soit l'épreuve que tu traverses.»

La communauté, maître mot à Bountiful où l'on préfère ne pas se mélanger avec ceux qui ont d'autres croyances : les «gentils». Ainsi les écoles sont-elles privées jusqu'en sixième. Après, ceux qui décident d'étudier choisissent les cours par correspondance, les préférant souvent à ceux de l'école des gentils, installée dans la ville voisine de Creston. Nombreux sont cependant ceux qui commencent à travailler dès l'âge de 15 ans, la plupart du temps dans les fermes ou entreprises de bois appartenant aux membres de la communauté.

Car au travail, valeur fondamentale de leur société, les enfants sont rodés dès le plus jeune âge. Filles et garçons participent, après l'école et pendant les vacances, au travail des champs et à la coupe du bois. Dans les cuisines, de très petites filles prêtent main-forte aux mères, assidûment, en silence, apprenant selon un rituel presque sacré, comme on ferait une prière, un rôle qui, plus tard, sera le leur. Celui d'élever des enfants. Dès leur plus jeune âge, parfois 3 ou 4 ans, on offre aux fillettes des vêtements de bébé. Et ces vêtements, qui seront méticuleusement rangés, ne sont pas destinés à leurs poupées mais à leur futur enfant...

Des rares étrangers qui pénètrent dans la communauté, les enfants ont d'abord peur. La question fuse, réitérée : «Allez-vous nous mettre en prison ?» Il y a ici une culture de la persécution. La polygamie est interdite aux Etats-Unis comme au Canada, et si les autorités locales sont désormais tolérantes face à ce qu'elles considèrent comme une pratique religieuse, le souvenir des rafles est encore vif dans l'esprit de tous. Zelpha, 31 ans et bientôt 6 enfants, huitième femme de Winston, raconte l'arrestation de ses grands-parents. Lui fut envoyé en prison, ses femmes à l'asile psychiatrique. C'est d'ailleurs là qu'est né le père de Zelpha. Puis sa grand-mère s'est enfuie avec son enfant, a rejoint son groupe. Alors on se méfie de l'étranger. Plus encore depuis que le prophète actuel, Warren Jeffs - autoproclamé depuis 2002 à la suite de la mort de son père, Rulon Jeffs -, est recherché par le FBI, accusé d'abus sexuels sur mineurs. Récompense : 10 000 dollars.

Sur lui, que l'on dit volontiers cruel, circulent les rumeurs les plus folles, des viols répétés de jeunes garçons aux sacrifices publics d'animaux. Il s'est également illustré en expropriant sans préavis des fidèles et en remariant leurs femmes. Et il a déclaré indésirables les garçons de plus de 14 ans. Ceux-là, bannis de la communauté, errent en proie à la drogue et la prostitution. On les appelle les «lost boys», les garçons perdus.

«Je ne comprends pas comment des mères peuvent tolérer de tels agissements, lance Winston Blackmore, qui, suivi par quelque 5 000 croyants FLDS, a décidé depuis trois ans de se désolidariser d'un prophète qu'il considère illégitime. Cet homme prouve qu'il n'est ni un chrétien - puisqu'il ne fait pas preuve de charité - ni un mormon - puisqu'il ne prêche pas pour l'union des familles. Il a des adeptes dévoués qui le trouvent saint. J'étais très proche de son père et je le connais assez pour savoir qu'il ne l'est pas.»

Cette séparation est un véritable bouleversement pour la communauté. Les familles éclatent. «Depuis la séparation, explique Cherene, 57 ans, qui a souhaité être mariée à Winston après la mort de son précédent mari, ma fille ne me parle plus du tout. Pourtant elle n'habite qu'à quelques mètres de chez moi.»

Car le prophète a dicté de nouvelles règles, et ceux qui l'ont suivi vivent coupés du reste du monde. Ceux-là s'enferment à la vue d'un gentil errant près de chez eux. Ceux-là portent des tenues très strictes, ne boivent ni thé ni café, ne peuvent écouter que les musiques enregistrées par le prophète, n'ont pas accès à la télévision ni à internet. Ceux-là n'ont plus le droit de rire sans craindre que l'esprit de Dieu ne déserte leur corps...

Dans le «clan» Blackmore, la vie est plus douce et l'on rit volontiers. Winston a trouvé un moyen pour être présent chaque soir auprès de ses enfants : il a enregistré des minidisques d'histoires pour les petits. Toutes se terminent par «Bonne nuit, mes enfants. Souvenez-vous que je vous aime».

Oui, Winston le dit bien haut, il aime tous ses enfants. Et avoue développer un système qui lui permettra de mémoriser chaque date d'anniversaire... Bientôt.

* Keep Sweet, Children of polygamy, Debbie Palmer, Dave Perrin, Daves's Press. En anglais uniquement.



France : Scientologie

L'Etat condamné pour "faute lourde" dans l'instruction sur la Scientologie

AFP, 8 novembre 2005

[Texte intégral]

L'Etat a été condamné par le TGI de Paris à indemniser seize scientologues qui l'avaient poursuivi pour "faute lourde" en raison des dysfonctionnements dans l'instruction les concernant, a-t-on appris mardi auprès du tribunal.

L'Etat a été condamné par la 1ère chambre du tribunal de grande instance (TGI) de Paris à verser un total de 109.400 euros de dommages-intérêts et autres indemnités aux seize personnes mises en cause notamment pour "escroquerie" et "exercice illégal de la médecine" dans ce dossier.

Les plaignants qui sont pour quinze d'entre eux mis en examen depuis 1992 et pour le dernier depuis 1985 estimaient que la justice française contrevenait aux dispositions de la convention européenne des droits de l'Homme concernant le droit à être jugés dans un délai raisonnable.

Le tribunal leur a donné raison estimant que "le déni de justice est caractérisé" concernant les délais de procédure.

Les scientologues considéraient également que la disparition de certaines pièces du dossier d'instruction en 1998 les avait empêché d'exercer pleinement leurs droits de la défense.

Le tribunal a de nouveau fait droit à leur demande, estimant que "la disparition partielle et la non reconstitution du dossier manifestent d'un dysfonctionnement du service public de la justice, constitutif de faute lourde".

L'instruction de ce dossier, ouvert depuis le 12 août 1983 à la suite d'une plainte avec constitution de parties civiles contre l'association "Eglise de Scientologie", est toujours en cours, précise le jugement du TGI de Paris.



France : Sectes

Washington montre la France du doigt pour ses lois contre les sectes

AFP, 8 novembre 2005

[Texte intégral]

WASHINGTON - La France est montrée du doigt, dans un rapport annuel du département d'Etat américain publié mardi, pour sa "législation restrictive" visant les minorités religieuses que les Français qualifient de "sectes" ou de "cultes dangereux".

La France n'apparaît qu'à la fin du 7e rapport américain sur les libertés religieuses dans le monde, bien derrière des pays comme la Birmanie, la Chine ou Cuba accusés d'avoir des "actions totalitaires ou autoritaires pour contrôler les croyances ou les pratiques religieuses".

Comme il l'avait fait l'an dernier, le département d'Etat insiste sur les "inquiétudes" de certains groupes religieux à propos des lois de 2001 dite About-Picard, contre les dérives sectaires, et de 2004 sur l'interdiction du port de signes religieux à l'école publique.

Mais Washington ne manque pas de souligner que la Constitution française "garantit la liberté de religion et (que) le gouvernement respecte généralement ce droit dans la pratique".

Paris a une "politique établie de surveillance de l'activité des cultes potentiellement dangereux", avec la création en 2002 de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes).

Le document souligne en particulier la condamnation, en juillet 2005, d'Arnaud Mussy, gourou de la secte apocalyptique Néo-Phare, à trois ans de prison avec sursis.

La justice française s'était appuyée sur la loi About-Picard pour condamner le gourou, reconnu coupable d'avoir "abusé frauduleusement de l'état d'ignorance et de faiblesse de plusieurs personnes en état de sujétion physique et psychologique".

Des membres de l'église de Scientologie, non considérée comme une secte aux Etats-Unis, ont fait état de cas de discrimination, de plaintes sans fondement et de poursuites pour activité prétendument frauduleuse, précise aussi le rapport.

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Angleterre : Falungong

Un ministre chinois accusé de torture par le Falungong à Londres

AFP, 8 novembre 2005

[Texte intégral]

LONDRES - Des membres de la secte religieuse Falungong, qui accusent de torture le ministre chinois Bo Xilai, ont tenté mardi de le faire arrêter par la justice britannique, qui a refusé.

La demande de mandat d'arrêt rejetée s'appliquait à la période pendant laquelle M. Bo, actuel ministre du Commerce, gouvernait la province du Liaoning (nord-est), fonctions dans lesquelles il aurait encouragé la répression et les mauvais traitements contre les fidèles du Falungong, un mouvement interdit en Chine.

Bo Xilai accompagne le président Hu Jintao dans sa visite d'Etat à Londres jusqu'à jeudi.

"Il était activement impliqué dans la persécution de membres du Falungong, qui ont été jetés en prison et dont beaucoup ont été torturés à mort", a affirmé à l'AFP Dee Ling, de l'association Falungong au Royaume-Uni. C'est la deuxième fois, selon M. Dee, que la secte tente de faire interpeller le ministre en Grande-Bretagne.

La Chine a interdit le Falungong en 1999, l'accusant d'être un "culte satanique". Le mouvement d'inspiration bouddhiste, devenu extrêmement populaire et revendiquant des millions d'adeptes, est considéré par Pékin comme la plus importante menace à la stabilité du pays depuis le mouvement démocratique écrasé dans le sang le 4 juin 1989 sur la place Tiananmen de Pékin.

Le Falungong et des mouvements des droits de l'homme ont à de multiples reprises évoqué des tortures de leurs membres dans les prisons chinoises.



Belgique : Scientologie

Claude Lelièvre dénonce la Scientologie

La Libre Belgique, 8 novembre 2005

[Texte intégral]

Le délégué général aux Droits de l'Enfant a mis en garde mardi sur une conférence publique organisée par l'Eglise de Scientologie à Bruxelles. Il s'étonne que la secte ait invité une membre du Comité des droits de l'enfant des Nations unies, établi à Genève. La Serbo-Monténégrine Nevena Vuckowic Sahovic participe, en effet, le 22 novembre, à une conférence sur «les enfants victimes d'abus en Europe et dans le monde».



Belgique : Graal

Le docteur Guéniot soigne le cancer avec... du jus de carotte. Il est en prison

Dernière heure, 10 novembre 2005

[Texte intégral]

Médecin ou escroc?

BRUXELLES - Doit comparaître devant la chambre du conseil de Nivelles le Dr Gérard Guéniot, 59 ans, Français interdit de pratiquer en France arrêté le mois passé à Nivelles pour avoir déplacé en Belgique ce qui lui était empêché en France. Inculpé par le juge Lobet d'escroquerie et d'exercice illégal de l'art de guérir. Sur un autre plan, Guéniot ne s'est jamais caché d'être un Porteur de Croix, une branche de Graal, qui propose un mieux-être aux adeptes via une purification spirituelle. L'audience forte du Dr Guéniot s'étend à l'Allemagne, à la Suisse, à l'Italie et même au Canada où partout un public convaincu ne jure que par lui.

Interdit (pour 3 ans) de pratiquer en France, Guéniot usait de mille artifices en Belgique (Tournai, Mouscron, Nivelles, Genval, Braine-l'Alleud...). En jouant sur les mots: il n'était pas médecin mais consultant en santé naturelle. Ou alors infirmier, et rien de plus, d'une médecin belge inscrite à l'ordre en Belgique; en fait une femme médecin acquise à ses convictions. Toujours est-il que lorsqu'il a été interpellé le mois passé, Gérard Guéniot pratiquait une perfusion sur un malade cancéreux. Traitant les allergies comme les prostates, ce sulfureux touche-à-tout est surtout contesté sur sa prise en charge des cancers lourds. En gros, on stoppe les traitements classiques (chimio, etc.) et on remplace par des soins à base de plantes naturelles - des cures de jus de carotte ou de noix vomiques - ou par des injections d'eau de mer (facturées jusqu'à 200 euros!). C'est ce qui se serait passé en France. C'est ce qui lui a valu d'être suspendu par son conseil de l'Ordre (mais pas d'être condamné en justice). C'est en Belgique, la première fois, qu'il se retrouve en prison pour escroquerie, accusé d'avoir préconisé des produits (comme le Phosphorus ou le Solomides) pour lesquels il répond, lui, qu'il n'est pas prouvé qu'ils étaient nocifs.

Escroquerie? Alors, forcément, se pose la question de savoir où va l'argent? Sous le nom de Louis d'Asté, le Dr Gérard Guéniot a dirigé la collection Conscience et Santé aux Éditions françaises du Graal. Aux Éditions belges du Graal, M. Laurent nous dit ne pas connaître ce M. Guéniot, sinon pour l'avoir croisé il y a 20 ans et avoir gardé le souvenir d'un farfelu. A la question de savoir si les injections de jus de carotte ou d'eau de mer à 150 ou 200 euros ont pu alimenter Graal et les Porteurs de Croix, M. Laurent répond: «Pour voir où va l'argent, le plus simple, c'est de regarder plutôt sa villa à Marcourt».

En France, le Dr Guéniot était dénoncé par l'Association de défense de la famille et de l'individu, l'Adfi, qui pourfend les sectes. Sa suspension en France touchait à sa fin: quelques semaines encore, jusqu'en janvier 2006. En France, le Dr Guéniot avait bénéficié d'un comité de soutien. En Belgique, bien des gens se disent perplexes, voire émus, pour ne pas dire scandalisés, mais l'arrestation n'a pas pour l'instant déclenché de mouvements de foule comme le 4 septembre 2002 à Paris sur le boulevard Haussman. Mais ceux qui le soutiennent et comprennent que la justice s'intéresse à lui se demandent s'il était nécessaire de le jeter en prison, comme un criminel.

Une famille détruite

BRUXELLES «Si mon père a quitté ma mère, c'est par la faute de cet homme et de ses idées.» Mathieu, 35 ans, ne pardonnera jamais au Dr Gérard Guéniot d'avoir brisé sa famille à l'époque où lui-même sortait de l'adolescence.

En fait, dit-il, mon père avait rencontré une femme «adepte de Graal qui a commencé par le persuader de lire Le Message de Graal par Abd-ru-Shin. Un être normalement constitué abandonne au bout de dix lignes: mon père a lu les trois tomes. C'est vicieux au sens où le message consiste à vous persuader que si votre entourage et vos amis essaient de vous raisonner, c'est qu'ils ne comprennent pas que vous êtes, vous, sur le chemin de la vérité. Cette femme participait le dimanche aux réunions que le Dr Guéniot organisait dans le nord de la France. Je me souviens qu'il exigeait le respect de codes vestimentaires au sens où les femmes devaient porter tel chemisier de telle couleur avec tel nombre de plis dans le dos et que les hommes devaient être en costume pie. Un jour, on a appris que papa faisait ses bagages et partait dans le Tyrol, en Autriche, dans un village appartenant aux Crossbears, aux Porteurs de Croix, le village de Vomperberg où Abd-ru-shin, le fondateur de Graal mort en 1941 - de son vrai nom Oskar Bernhardt - perpétuait la tradition. Résultat pour nous: une famille détruite. Aujour- d'hui, je pense que mon père s'est rendu compte de ses erreurs. Mais il continue de penser que le Dr Guéniot est un excellent médecin...»



Mali : Moon

Moon, une secte ou une association pour la promotion du bien-être ?

Indépendant, 11 novembre 2005 par Kassoum Théra

[Texte intégral]

En procédant, le mardi 8 novembre dernier à l’hôtel Salam au lancement de la Fédération mondiale pour la Paix, Dr Sun Myung Moon, le gourou de la secte qui porte son nom (Moon) vient de mettre en marche dans notre pays sa puissante machine lucrative. Une machine qui ne manquera de mettre à contribution nos pauvres concitoyens au-delà des concepts séduisants d’une «meilleure façon de vivre dans la paix»,«pour un monde plus juste» célébrés par la secte. Son gourou n’est pas un homme qui oeuvre seulement pour la paix et le bien-être de ses semblables.

Sinon comment comprendre qu’il ait entrepris de construire dans son village natal, en Corée du Nord, un gigantesque mausolée pour la bagatelle de 100 millions de dollars, plus de 54 milliards de FCFA.

Car, selon ses disciples, il doit régner même dans l’au-delà. Au Mali, nous nos soucis sont les trois repas quotidiens, l’eau potable et la santé. La question que nous Maliens devrions nous poser est de savoir si un tel homme peut nous apprendre à vivre dans la paix?

A souligner que pour la seule ville du Japon, la secte Moon possède plus de 300 sociétés. Le passé de certains gourous de ces puissantes sectes doit nous édifier davantage sur leurs méfaits.

Le cas le plus spectaculaire fut celui de Bagwan Rajneespura avec ses 47 véhicules 4X4 installé aux Etats-Unis d’origine indienne qui a été condamné par les autorités américaines en 1996 après qu’elles eurent découvert qu’il vivait avec plus de 100 femmes stérilisées de force dont certaines sont à peine âgées de12 ans.

Il y a celui de Gilbert Bourdin, roi du Mandarom, qui a été condamné* pour viol aggravé et tentative de viol sur une victime de 14 ans, la liste est longue....

Le plus étonnant dans cette affaire malienne est que certains de nos plus grands responsables religieux et politiques à savoir le grand homme de Dieu, Ousmane Chérif Haïdara prêcheur, où Me Kassoum Tapo, Moustapha Dicko tous députés à l’Assemblée Nationale du Mali, l’ancien ministre Hassan Barry pour ne citer que ceux-ci qui ont tous répondu à l’invitation du gourou à l’Hôtel Salam le mardi dernier. Donc prudence, prudence, prudence !

Kassoum Théra

*NB : Gilbert Bourdin n'a pas été condamné il est décédé avant.



Japon : AUM

Japon: le gourou de la secte Aum, irresponsable, ne peut être pendu

AFP, 8 novembre 2005

[Texte intégral]

TOKYO - Les avocats de Shoko Asahara, le gourou fondateur de la secte Aum Vérité Suprême condamné à mort pour l'attentat au gaz sarin dans le métro de Tokyo en 1995, ont indiqué vendredi qu'ils allaient remettre à la justice un certificat médical attestant de son déséquilibre mental.

Shoko Asahara va être soumis à un nouvel examen psychiatrique dont les résultats seront remis à la Cour d'appel de Tokyo, ont indiqué les avocats de l'ancien gourou, qui espèrent que leur client sera déclaré irresponsable et échappera ainsi à la pendaison.

"L'évaluation psychiatrique devrait conclure au grave déséquilibre mental de M. Asahara, à la suite de son installation dans une étroite cellule de confinement", a déclaré Akio Matsuhita, un des avocats, lors d'une conférence de presse.

Ancien acupuncteur, Shoko Asahara, 50 ans, avait été condamné en février 2004 à la pendaison pour l'attentat du métro de Tokyo qui avait fait 12 morts et 5.500 blessés, ainsi que pour 15 autres homicides. Les avocats ont indiqué vendredi qu'Asahara était tout juste capable de marmonner.



France : Actualités diverses

Appel à témoins

Courriel ADFI Nord, Courrier ADFI Nord 13 novembre 2005

[Texte intégral]

ENFANTS EN DANGER

De plus en plus, nous constatons que des enfants sont en danger en raison de l’embrigadement de leurs parents, ou de l’un de leurs parents, à un mouvement sectaire.

Si vous connaissez de telles situations, vous pouvez par votre témoignage, même anonyme, contribuer à nos côtés à briser la loi du silence qui détruit, petit à petit, ces enfants.

Merci pour eux, merci à vous.
ADFI
19 , place Sébastopol
59 000 LILLE



France : Sectes

Demande de dissolution de l'Unadfi: jugement reporté au 29 novembre

AFP, 8 novembre 2005

[Texte intégral]

PARIS, - Le tribunal de grande instance de Paris qui devait rendre mardi sa décision sur une demande de dissolution de l'Unadfi, spécialisée dans l'information sur les sectes, se prononcera le 29 novembre, a-t-on appris auprès du tribunal. Un collectif d'avocats lié à l'association "Cap pour la liberté de conscience" a assigné l'Unadfi pour demander sa dissolution en l'accusant d'être "une police de la pensée".

Ce collectif, lié à l'association "Cap pour la liberté de conscience" qui se présente comme "un tremplin d'information et d'action pour les individus et les groupes" victimes d'une "chasse aux sorcières" anti-sectes, demande également des dommages-intérêts pour une dizaine de personnes, adhérents ou proches de mouvements comme l'Eglise de scientologie ou la secte d'inspiration catholique Ivi, qui auraient eu à subir des préjudices liés à des dénonciations de l'Unadfi.



Corée du sud : Falungong

Une TV américaine dit avoir été expulsée sous la pression de Pékin

AFP, 15 novembre 2005

[Texte intégral]

PUSAN (Corée du Sud), 15 nov 2005 (AFP) - Une télévision américaine proche de la secte Falungong, interdite en Chine, a été expulsée mardi du forum Asie-Pacifique (Apec) qui se tient en Corée du Sud et a accusé Pékin d'en être responsable.

Chang Sik Lee, journaliste de New Tang Dynasty Television (NTDTV), qui avait été accrédité et avait couvert les premières réunions lundi de l'Apec, s'est vu refuser l'entrée du forum mardi avec un de ses collègues, a-t-il expliqué à la presse.

"Des employés d'un média ont violé les protocoles de couverture (de la réunion) et en conséquence, leur accréditation a dû être annulée", ont confirmé les organisateurs.

Mais M. Chang affirme que leur expulsion est liée à une pression de Pékin.

Les deux journalistes avaient tenté de couvrir une rencontre entre la Chine et la Corée du Sud sans s'être inscrits auparavant auprès des organisateurs. Le secrétaire des Affaires étrangères chinoises leur avait alors demandé de partir.

Les Chinois "ont peur de nous... Ils se sont servis de ce prétexte pour nous chasser", a accusé le journaliste, se disant "certain" que des pressions ont été exercées par le pouvoir communiste sur les organisateurs de l'Apec, qui tient cette année son sommet à Pusan (sud).

NTDTV s'était récemment plaint de pressions de Pékin sur l'opérateur de satellites Eutelsat afin qu'il interrompe la diffusion de ses programmes, ce que la société européenne avait démenti.

La Chine a interdit la secte Falungong en 1999, l'accusant d'être un "culte satanique". L'organisation, tout comme des mouvements des droits de l'homme, a à de multiples reprises évoqué des tortures de ses membres dans les prisons chinoises.



France : Sectes - Gurdjieff

Assemblée Nationale - Question/réponse - (Philippe Vuilque) - Gurdjief

JO , 20 novembre 2005 par Julien Dumont

[Texte intégral

12ème législature
Question N° : 69495 de M. Vuilque Philippe ( Socialiste - Ardennes ) QE
Ministère interrogé : santé et solidarités
Question publiée au JO le : 12/07/2005 page : 6788
Réponse publiée au JO le : 15/11/2005 page : 10642
Rubrique : ésotérisme
Tête d'analyse : sectes
Analyse : groupes Gurdjieff. statut
Texte de la QUESTION : M. Philippe Vuilque appelle l'attention de M. le ministre de la santé et des solidarités sur les agissements des « groupes Gurdjieff ». Penseur du début du XXe siècle, mort en 1949, ayant influé sur nombre de personnes, dont des intellectuels, Gurdjieff a donné naissance à de multiples groupes dans le monde se réclamant de sa doctrine. Toutefois, il semble que de nombreux groupes qui éclosent en France tout en s'en réclamant connaissent des dérives sectaires graves. Il lui demande de bien vouloir faire le point sur ces groupuscules et les dérives dont il a connaissance.

Texte de la REPONSE : Les « groupes Gurdjieff », contemporains de leur initiateur (G.I. Gurdjieff, décédé en 1949), lui ont survécu : il en existe un grand nombre, dans un grand nombre de pays, qui, sous ce nom ou sous d'autres appellations, constituent une nébuleuse internationale dont les pratiques ésotériques sont réputées rester secrètes, ce qui n'empêche pas la multiplication de sites Internet qui en font la publicité et l'apologie. Les groupes Gurdjieff et leurs multiples émanations ont trouvé un terrain propice à leur développement dans une proximité avec les mouvements dits « New Age » qui, à partir des années soixante, ont diffusé des systèmes de croyances et de pratiques plus ou moins mêlés d'emprunts à des religions et/ou à de philosophies orientales, et présentés comme de nature à favoriser le « développement personnel ». Le ministre de la santé et des solidarités ne dispose pas, au regard de ses missions de protection de la santé publique, d'informations relatives aux groupes Gurdjieff. Interrogée sur ces groupes, la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (MIVILUDES) indique qu'elle n'a pas connaissance, hormis une situation au demeurant controversée, de crimes ou délits ayant une relation causale avec une appartenance à la mouvance « Gurdjieff ».
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U.S.A : Actualités diverses

Le musée d'histoire naturelle de New York défie les néo-créationnistes

AFP, 16 novembre 2005 par Giles Hewitt

[Texte intégral]

(PRESENTATION)

NEW YORK - Alors que le débat fait rage aux Etats-Unis entre les partisans de la théorie de l'évolution de Charles Darwin et ceux du créationnisme, le musée d'histoire naturelle de New York a choisi son camp en organisant une exposition consacrée au naturaliste britannique.

Préparée depuis trois ans, cette exposition, qui s'ouvre samedi, entend montrer à quel point l'oeuvre de Darwin appartient aux grandes théories qui ont fondé les sciences actuelles, comme la relativité d'Einstein. L'exposition est un avant-goût des célébrations du bicentenaire de la naissance de l'auteur de "l'origine des espèces", en 2009.

"Certains diraient que les sciences sont menacées dans ce pays", a dit Ellen Futter, présidente du musée d'histoire naturelle de New York en présentant l'exposition. "Le vrai coupable est l'état épouvantablement bas de la culture et de l'enseignement scientifiques dans ce pays par rapport aux avancées scientifiques stupéfiantes du XXIe siècle", a-t-elle ajouté. L'exposition, intitulée simplement "Darwin", est destinée aux "écoliers des Etats-Unis", a estimé de son côté Niles Eldrige, le commissaire de l'exposition.

Une partie de l'exposition est consacrée à la question "qu'est-ce qu'une théorie?" et tente de clarifier la distinction entre théories scientifiques et explications non-scientifiques au sujet des origines et la diversité de la vie. Car la question est loin d'être tranchée aux Etats-Unis.

Dans un récent sondage Gallup, 53% des Américains interrogés estimaient vraisemblable que l'espèce humaine ait été créée par Dieu comme cela est décrit dans la Génèse.

Au Kansas (centre), le Bureau d'Etat pour l'Education vient de décider d'autoriser l'enseignement, dans les lycées, de la thèse de l'origine divine du monde, parallèlement à la théorie de l'évolution de Charles Darwin, donnant ainsi satisfaction à la droite religieuse.

En revanche, en Pennsylvanie (est), tous les membres du Conseil de l'éducation de la région rurale de Dover, qui avait décidé de permettre l'enseignement des thèses du "dessein intelligent" au côté de la théorie de Darwin ont été battus aux élections la semaine dernière, remplacés par des partisans de la théorie de l'évolution.

La théorie du "dessein intelligent", une thèse défendue par les néo-créationnistes, est présentée comme une alternative, mais dénoncée par les scientifiques comme le dernier avatar du créationnisme. Elle a reçu des renforts de poids. Pour s'attirer les bonnes grâces des conservateurs, le président George W. Bush avait estimé que les deux "écoles de pensée" devaient être expliquées aux enfants.

Le "dessein intelligent" se garde bien de reprendre les récits de la Génèse pour ne pas se faire l'apôtre d'une seule religion, mais avance l'idée que l'évolution est guidée par un être supérieur.

Le créationnisme a disparu après une décision de la Cour suprême, en 1987, considérant que cette vision ne pouvait pas être enseignée étant religieuse.

Loin de ces polémiques, l'exposition de New York présente aussi des détails personnels sur la vie de Darwin. Des extraits de lettres de son père: "vous êtes bon à rien sauf à tirer sur des chiens et des rats. Vous serez un déshonneur pour vous et votre famille" ou encore des notes de Darwin appliquant sa méthodologie scientifique à sa vie sentimentale.

Ainsi, s'interrogeant sur le bien-fondé de se marier, il notait, dans un cahier, dans la colonne pour: "compagnon constant et ami pour les vieux jours... mieux qu'un chien de toute façon" et, dans la colonne contre: "moins d'argent pour les livres" et "perte de temps terrible".



U.S.A : Religions

Ces réacs qui jugent au nom de Dieu

Nouvel Obs , Semaine du jeudi 17 novembre 2005 - n°2141 par Philippe Boulet-Gercourt

[Texte intégral]

Amérique : L'invasion intégriste

Ils sont à la Maison-Blanche, contrôlent déjà le Sénat, la Chambre des Représentants et la Cour suprême. Aujourd'hui, les ultras de la droite religieuse veulent aussi truffer d'hommes à eux tout l'appareil judiciaire

De notre correspondant aux Etats-Unis

Etes-vous minimaliste ? Constructionniste strict ? Ou bien évolutionniste, partisan d'une « Constitution vivante » ? Si vous vous grattez l'occiput d'un air perplexe, bienvenue dans le club des 99,9% d'Américains qui ne comprennent rien à ces questions. Sinon, vous étiez peut-être présent au dîner annuel de la Federalist Society, jeudi dernier à Washington. Auquel cas vous n'aurez sûrement pas manqué le discours de Karl Rove. Après des semaines de silence, tout occupé à éviter une mise en examen dans le « Plamegate », le gourou de la Maison-Blanche a choisi cette association pour faire une réapparition très remarquée. La Federalist Society ? Un club sélect et puissant de juristes comptant quelques membres de gauche pour faire joli mais qui, en réalité, se trouve au coeur de la plus importante croisade conservatrice de la présidence Bush : une mainmise complète sur la justice.

Le choix de Karl Rove ne doit rien au hasard. Il a rejoint le dîner en compagnie de Leonard Leo, le vice-président de l'association, qui vient de prendre un congé de sept mois pour aider à la confirmation de conservateurs à la Cour suprême. Leo fait partie d'une bande surnommée « les quatre cavaliers », qui organise chaque lundi matin une conférence téléphonique avec la Maison-Blanche. Karl Rove y participe souvent. On y échange les derniers potins sur la campagne visant à truffer de magistrats réacs l'appareil judiciaire. Une campagne de longue haleine, démarrée dans les années 1980 par Edwin Meese, attorney general sous Ronald Reagan et l'un des « quatre cavaliers ».

Or ces hommes sont aujourd'hui tout près d'atteindre leur but : les « nominés » républicains contrôlent dix des treize cours d'appel fédérales, un chiffre qui devrait passer à douze en 2008. A cette date, selon le « National Law Journal », près de 85% des juges de cour d'appel auront été choisis par les républicains. Le jackpot est évidemment la Cour suprême où, après la confirmation de John Roberts comme chief justice, les républicains durs sont en passe d'obtenir une majorité solide avec la nomination de Samuel Alito, membre éminent... de la Federalist Society.

Pourquoi cette obsession de la droite ? Après tout, les républicains contrôlent déjà la présidence, le Sénat, la Chambre des Représentants et ils ont nommé six des neufs juges de la Cour suprême. Pour justifier leur acharnement, les conservateurs avancent une explication commode, peaufinée au fil des années. L'Amérique serait victime d'un « impérialisme judiciaire » de la part de juges transformés en « législateurs revêtus d'une robe », comme l'a répété Rove jeudi dernier. Bush, pour sa part, ne manque pas une occasion de dénoncer ces magistrats qui « légifèrent depuis leur banc » au lieu d'appliquer « strictement » la Constitution, toute la Constitution, rien que la Constitution.

Dans sa version populiste, peu raffinée, cette critique dénonce des juges gauchistes non élus qui osent contredire la vox populi. Par exemple, la décision de la 9e cour d'appel d'interdire la récitation du serment d'allégeance dans les écoles publiques parce qu'il contenait les mots « under God » (« sous l'autorité de Dieu »). Cette décision aurait pu provoquer un débat juridique digne de ce nom. Non seulement parce que ces deux mots « under God » ont été ajoutés en 1954 pour contrer le communisme, en plein délire maccarthyste, mais aussi parce que la Constitution interdit explicitement
« l'établissement d'une religion ». En fait de débat, ce jugement - invalidé par la suite - avait suscité un torrent de critiques, certains suggérant même de castrer la 9e cour d'appel en limitant son autorité à la seule Californie.

Deuxième exemple, plus récent : la décision des tribunaux au sujet de Terry Schiavo, cette femme de Floride vivant dans un état végétatif, que son mari voulait « débrancher ». La loi était tellement claire que « lorsque Terry Schiavo mourut finalement, le 31 mars, les cours d'appel s'étaient prononcées à plus de vingt reprises contre les Schindler [lesparents de Terry, qui voulaient la maintenir en vie], écrit Catherine Crier, auteur d'un livre virulent sur l'offensive de la droite dans les tribunaux (1). Pendant toute cette affaire, les cours ont résisté aux tentatives du Parlement de Floride, du Congrès, du gouverneur Bush et du président Bush de violer la Constitution ». Autrement dit : la droite conservatrice respecte la lettre de la loi... sauf quand les décisions des juges vont à l'encontre de ce qu'elle exige ou de ce qu'elle décrète être le souhait de la majorité.

Plus subtile, la justification théorique des « fondamentalistes » est défendue à la Cour suprême par le juge Scalia, le juge Thomas et, s'il est confirmé par le Sénat, le juge Alito. Leur philosophie : dans son interprétation par les juges, la Constitution doit signifier exactement ce qu'elle signifiait au moment de sa ratification. Ni plus, ni moins. A première vue, l'idée de débarrasser ce texte admirable de toute interprétation politique posthume ne peut que séduire, et l'on comprend que Bush ait placé son offensive judiciaire sous le signe de l'« objectivité ». Mais dans la réalité, la rigidité des fondamentalistes est un leurre - ou plutôt, un cache-sexe commode pour les ultras réactionnaires. Dans leur style, les fondamentalistes comme Scalia sont un modèle d'intolérance. Ils ravalent ceux qui les critiquent au rang de « crétins » et leur haine des évolutionnistes - ceux qui pensent que la Constitution est un organe vivant dont l'interprétation évolue nécessairement au fil des siècles - n'a d'égale que l'hostilité des « créationnistes » à l'égard de Darwin. Leur lecture stricte de la Constitution « trouve un parallèle dans l'interprétation littérale du Coran ou de la Bible », remarque Cass Sunstein, auteur du meilleur ouvrage sur cette croisade radicale (2). Et les conséquences de leur philosophie sont potentiellement terrifiantes.

Dans son livre, le professeur Sunstein en imagine quelques-unes : à s'en tenir à la lettre de la Constitution, les Etats peuvent interdire la vente de contraceptifs ; des éléments clés des lois contre la pollution ou sur les accidents du travail sont inconstitutionnels ; le gouvernement fédéral peut discriminer sur la base de la race ou du sexe ; les Etats de l'Union peuvent établir des Eglises officielles ; le président dispose de pouvoirs élargis pour détenir les personnes suspectes de terrorisme ou celles susceptibles de les avoir aidées ; d'importantes dispositions de lois comme celle sur la propreté de l'eau ou les espèces menacées, et peut-être les droits civiques, ne sont plus du ressort de l'Etat fédéral ; même les lois les plus modestes de contrôle des armes à feu ne sont plus valides. Ajoutons à cette liste le droit à l'avortement qui, selon les Scalia & Co, n'a aucun fondement dans la Constitution.

Sur le fond, cette lecture littérale est aussi abusive qu'une lecture myope des textes sacrés. Encore un exemple : Antonin Scalia - comme Karl Rove, jeudi dernier - s'est déclaré scandalisé par une récente décision de la Cour suprême interdisant l'exécution de condamnés mineurs au moment où ils ont commis leur crime. Selon Scalia, le seule question réelle était de savoir si l'exécution d'un mineur était considérée comme « cruelle et inhabituelle » - donc interdite - au moment où le Bill of Rights a été ratifié. L'idée que les juges aient pris en considération le fait que cette exécution était aujourd'hui interdite ou tombée en désuétude dans presque tous les Etats de l'Union, ou que les Etats-Unis restaient l'un des seuls pays au monde à exécuter des mineurs, est à ses yeux une erreur - pis, une hérésie !

Autre exemple, la séparation de l'Eglise et de l'Etat. La Constitution est floue sur cette question, comme l'a reconnu la juge Sandra O'Connor en s'exclamant : « Il est difficile de fixer la frontière ! » Précisément, objecte Scalia, « pourquoi la Cour suprême prétend-elle fixer une frontière qui est impossible à fixer, si la Constitution ne l'exige pas ? Pourquoi ne pas autoriser les manifestations religieuses dans n'importe quel lieu public ? » En réalité, la Constitution n'a jamais prétendu rivaliser avec les Dix Commandements. Elle n'est pas une loi intemporelle gravée dans le marbre. Nombre de ses formulations - comme le bannissement des châtiments « cruels et inhabituels » - sont volontairement floues, susceptibles d'être précisées par les générations qui suivent, et c'est d'ailleurs cette souplesse, cette simplicité qui lui donnent tout son génie. Du vivant des pères fondateurs, l'interprétation de la Constitution était déjà une activité riche et intense. En 1802, par exemple, Thomas Jefferson insistait sur le fait que la Constitution établissait un « mur de séparation entre l'Eglise et l'Etat »...

La prétendue objectivité des fondamentalistes et des idéologues de la droite recouvre en fait une ambition bien plus sinistre. Il s'agit d'imposer par la voie judiciaire des réformes dont une majorité d'Américains ne veulent pas. Catherine Crier revisite les sondages récents et montre que les deux tiers des citoyens ne veulent pas voir annulée « Roe vs Wade » (la célèbre décision sur l'avortement). Sur l'euthanasie, le contrôle des armes ou encore la culture des cellules souches, les Américains affichent des positions tout aussi modérées. La seule façon d'imposer ses vues, pour la droite religieuse, reste donc la voie judiciaire. D'où son acharnement obsessionnel, monomaniaque et, jusqu'à présent, couronné de succès.

(1) « Contempt. How the Right is Wronging American Justice », par Catherine Crier, Rugged Land, 2005.
(2) « Radicals in Robes. Why Extreme Right-Wing Courts Are Wrong for America », par Cass Sunstein, Basic Books, 2005.



France : Respirianisme

Jasmuheen, le gourou qui affame ses adeptes

Le Parisien, 20 novembre 2005 par Julien Dumont

[Texte intégral

C'est une femme aux cheveux blonds et au visage doux. Jasmuheen, grande prêtresse du respirianisme, prétend pratiquer un jeûne total depuis 1993 et se nourrir uniquement d'air et de lumière. S'abstenir de s'alimenter peut, selon cette Australienne, permettre d'accéder au plus haut niveau spirituel.

Agée de 48 ans, elle revendique des dizaines de milliers d'adeptes dans le monde - sûrement moins en réalité - dont plusieurs milliers en France. Ceux-ci sont aujourd'hui à la fête puisque leur égérie est en visite dans l'Hexagone. Jasmuheen a donné deux conférences, à Paris mercredi et à Lyon jeudi, puis s'est retirée avec une centaine de personnes à Devesset, un village d'Ardèche, pour une retraite spirituelle d'une semaine. Un « séminaire » sous haute surveillance. La Miviludes (mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) a en effet alerté le ministère de l'Intérieur et la préfecture de l'Ardèche qui promet « la plus grande vigilance ». « Nous serons attentifs (à ce rassemblement) afin d'éviter les troubles à l'ordre public ou la mise en danger de personnes, assure Patrick Duprat, le directeur de cabinet de la préfecture. Mais cette retraite est fréquentée par des adultes libres. »

Des décès bien embarrassants pour la grande prêtresse

Libres, certains en doutent. Pour les responsables de la lutte contre les sectes, Mivilude, renseignements généraux et Unadfi (Union nationale des associations de défense des familles et de l'individu), ce mouvement peut être qualifié de dangereux (lire interview ci-dessous) . Lors de la conférence parisienne, une participante a ainsi déclaré avoir entamé son jeûne et ressentir d'importants troubles de la vision, de la mémoire et de l'équilibre. Jasmuheen, de son vrai nom Ellen Greve, aurait répondu que cela était normal car « le stade de la pureté n'était pas encore atteint ». « Elle était égale à elle-même, confie un participant. Elle est arrivée vêtue d'une grande robe, assistée d'un interprète. » Pour certains, le mouvement de Jasmuheen présente plusieurs caractéristiques inquiétantes : un gourou à la tête du groupe, l'isolement et l'affaiblissement physique des adeptes, leur participation financière. La retraite dans l'Ardèche revient ainsi à près de 1 000 € par personne. Les livres de l'Australienne se sont déjà vendus à des dizaines de milliers d'exemplaires. Jasmuheen traîne pourtant derrière elle des décès bien embarrassants, mais qui ne semblent pas refroidir les adeptes. En Australie, deux dirigeants d'une association proche du gourou ont été condamnés après la mort d'une femme, Lani Morris. En Ecosse, une autre disciple, Verity Linn, a été retrouvée sans vie en haut d'une colline. Elle avait dans sa poche le livre de Jasmuheen. Un décès, celui de Timo Degen, a été signalé en Allemagne en 1997.
« Ce livre est une invitation au suicide » En France, aucune plainte n'a été enregistrée à ce jour, mais l'Unadfi a recueilli plusieurs témoignages inquiétants. Une mère de famille a ainsi écrit : « Mon fils m'a expliqué la semaine dernière qu'il avait suivi à la lettre les consignes contenues dans le livre intitulé Vivre de lumière , (le premier ouvrage de Jasmuheen) . Il ressemble à un rescapé des camps de la mort et ce livre constitue à mon avis une invitation au suicide. » Des procédures sont en cours pour vérifier si les livres de Jasmuheen sont légalement déposés. Mise au défi d'apporter la preuve de ses dires par une équipe de télévision australienne, elle a accepté il y a quelques années d'être filmée à son domicile. Au bout du troisième jour de jeûne, elle avait dû être conduite à l'hôpital. Elle avait expliqué avoir été victime d'« interférences polluantes ». Un spécialiste du sujet assure même qu'elle a déjà été « surprise dans les toilettes d'un avion en train de manger en cachette ».

Voir article ci-dessous



France : Respirianisme

« Ce mouvement est très inquiétant »

Le Parisien, 20 novembre 2005 propos recueillis par Julien Dumont

[Texte intégral

Jean-Michel Roulet, président de la Miviludes (lutte contre les sectes)

Vous avez alerté le ministère de l'Intérieur et la préfecture d'Ardèche sur la campagne française de Jasmuheen. Pourquoi ?
Jean-Michel Roulet.
L'ensemble des éléments recueillis laisse penser que ce mouvement est inquiétant et que plusieurs critères correspondent à la définition d'activité sectaire dangereuse.
Une personne dirige le groupe en se prétendant investie de pouvoirs, sinon divins, au moins surhumains. Elle préconise des pratiques qui manifestement ne sont pas réalistes. Le sous-titre de son premier livre est : « Cinq ans sans nourriture terrestre » ! Jasmuheen reconnaît même que des adeptes sont morts, mais le justifie en expliquant qu'ils n'avaient pas respecté ses prescriptions. En se targuant de ses soi-disant pouvoirs, elle crée une véritable atteinte aux libertés de l'individu de l'ordre de la manipulation mentale. Tout cela est très rentable puisque, si les conférences ne dépassent pas les 30 €, la retraite revient à 500 € plus la même chose pour l'hébergement.

« Elle prétend qu'il ne faut plus absorber de vitamines car on peut les attraper dans l'air »

Le mouvement affirme que les adeptes pourront se nourrir de produits végétariens pendant ce séminaire. Il n'y a donc pas de jeûne...
Il s'agit d'une première étape comme il y en a dans toutes les sectes. Il faut ensuite continuer de payer pour progresser dans la voie de la sagesse définie par le gourou. C'est ainsi que l'on passe d'une nourriture classique à un régime végétalien avant de définitivement se dispenser de nourriture, la parole de Jasmuheen remplaçant le reste. Encore une fois, cette parole est chère.

Pour toutes ces raisons, le respirianisme est-il un mouvement dangereux ?
Oui. La preuve, il y a déjà eu trois morts. Le gourou prétend ainsi qu'il ne faut plus absorber de vitamines car on peut les attraper dans l'air. C'est aberrant. On est dans la négation des progrès scientifiques et médicaux. Je ne suis pas sûr que les tribunaux puissent être saisis pour exercice illégal de la médecine, mais cela se rapproche de la mise en danger de la vie d'autrui et de l'escroquerie. C'est très dangereux. Certaines personnes sont prêtes à tout pour perdre du poids, elles sont parfois prêtes à écouter n'importe qui.

Y prône-t-on le refus de soin ?
Jasmuheen prétend en effet que son approche de la bonté et de la générosité peut guérir des maladies.

Au vu de ces éléments, comment se fait-il qu'elle puisse réunir ses adeptes sans problème ?
Il n'y a, à ce jour, pas assez d'éléments pour demander l'interdiction de sa venue. Mais j'ai demandé au préfet et aux services spécialisés de réunir d'éventuels motifs. S'il se passe quoi que ce soit en Ardèche, un malaise par exemple, il y aura motif d'interdiction et d'expulsion pour Jasmuheen.

Voir article ci-dessus



France : Respirianisme

Le "respirianisme " dangereux pour la santé ?

Le Dauphiné libéré, 22 novembre 2005 par Francis Gruzelle

[Texte intégral

Après deux conférences à Paris et à Lyon, l'Australienne Ellen Greve, alias "Jasmuheen ", qui prône le respirianisme, anime jusqu'à vendredi un séminaire au Village du lac, à Devesset, ouvert à 150 disciples. Son stage soulève des questions...

Pas de débordement ou de trouble à l'ordre public, malgré les inquiétudes manifestées ici ou là. Le maire de Devesset, Maurice Cellier, confirme : « On n'a rien constaté d'anormal... On sait que le Village du lac organise souvent des stages, et tout se passe bien. il n'y a jamais eu de problème... ».

Les inquiétudes manifestées par certains acteurs de la lutte contre les sectes seraient directement liées à trois décès bien embarrassants (un en Australie, un en Écosse, un en Allemagne en 1997) de disciples ayant acheté et lu Living on light, A Source of Nutrition for the New Millennium, l'ouvrage écrit par Ellen Greve voici une dizaine d'années, et publié à plusieurs dizaines de milliers d'exemplaires

Il est vrai que la structure d'accueil de ce séminaire pas tout à fait comme les autres n'est pas en cause. Les propriétaires du site, Jacques et Michel Bonhomme, sont honorablement connus sur le plateau ardéchois, et, depuis cinq ans, une foule de stagiaires participent, été comme hiver, à un programme très éclectique, allant des stages de chant à la dévotion érotique, en passant par les constellations familiales ou le parler en public.

Propriétaire des lieux, Jacques Bonhomme souligne : « Ce groupe de 150 participants, sans enfant, a déjà organisé un stage l'an passé, qui s'est déroulé dans de très bonnes conditions... Au départ, on n'a pas tout compris, mais on a accueilli " Jasmuheen " pour qu'elle puisse animer son stage... Avec l'intervention des médias, on découvre la suspicion. Nous, sur place, on ne rencontre aucun problème avec les participants et les organisateurs... ».

Des propos confirmés par Céline et Régis Brun, qui dirigent, au Village du lac, la partie hôtellerie et restauration. Avec humour, Régis Brun fait remarquer que les participants « ont un appétit féroce » et qu'ils « ne se laissent pas mourir de faim... ».

Les voisins du site ne tarissent pas d'éloges sur le Village du lac, à l'image de Franck Delépine, directeur du site du lac, du camping voisin et des activités de loisirs, qui insiste : « Michel et Jacques Bonhomme sont très connus dans la région, et ils font partie des gens avec qui on entretient de très bonnes relations amicales et commerciales... »

Au coeur du village, les participants à ce séminaire passent la plus grande partie de la journée dans la vaste salle de réunion ou dans le réfectoire au moment des petits-déjeuners et des repas. Quelques instants, l'égérie australienne du respirianisme délaisse ses admirateurs pendant une petite heure pour répondre à nos questions .

Les organisateurs français de ce séminaire, comme l'Australienne Ellen Greve, ont joué hier la transparence, considérant comme un " bienfait " de pouvoir se retrouver « dans cette région magnifique et dans un centre où les gens sont extrêmement accueillants. Ils nous fournissent des repas végétariens magnifiques pour tout le monde et s'occupent très bien de nous. Et nous avons le plaisir de nous retrouver dans le silence de la montagne, là où il y a de bonnes énergies, de l'harmonie. Dans ce secteur où il n'y a pas de guerre, pas de terrorisme, nous nous retrouvons pour partager notre vision, nos points de vue, et pour méditer sur ce monde meilleur ! »



France : Religions

Questions sur le protestantisme

Primo Europe , 23 novembre 2005

[Texte intégral]

Un grand hebdomadaire français a posé un certain nombre de questions à Pierre Lefebvre, de Primo Europe. Ne sachant l'usage qui sera fait de cette interview, nous vous la livrons ci-après dans son intégralité.

D'après quelques enquêtes, il y a en France 830 000 évangéliques pratiquants, ce chiffre est-il surévalué ?

Pas du tout. En 1985, il y avait 400.000 protestants réformés (ou supposés tel, mais 80.000 fidèles pratiquants leur foi), et déjà plus de 600.000 évangéliques. Si l’on suppose un taux de croissance des Evangéliques de 10 % par an, ce qui est une hypothèse basse, ces chiffres sont tout à fait plausibles.

Depuis quand le mouvement évangélique s'est-il installé en France ?

Nous pourrions dire que les premiers « évangéliques » sont venus en France juste après la Réforme avec les anabaptistes. C’est un mouvement prônant la responsabilité individuelle dans l’acte de conversion au Christianisme. Les anabaptistes refusaient le baptême des enfants et encourageaient le baptême des adultes, signe, selon eux, d’une véritable conversion opérée en toute connaissance de cause. L’Eglise Baptiste qui fait actuellement partie de la Fédération Protestante de France en est l’héritière. Le mouvement Mennonite, issu des Pays Bas, surtout représenté dans l’Est de la France, en est une des composantes historiques.

Puis il y eut le mouvement pentecôtiste à la fin du 19° siècle, issu d’un réveil spirituel aux Pays de Galles. Les pentecôtistes prônent le retour à l’Eglise d’origine dont il est question dans le livre des Actes des Apôtres. Ils sont majoritairement favorables aux dons de l’Esprit qui se manifestent par le Parler en Langues (Glossolalie), les miracles, les guérisons, etc..

La mouvance évangélique compte aussi les Darbystes, mouvement qui prône la pureté des actes et la stricte observance des Ecritures (Ancien et Nouveau Testament), les Méthodistes et plusieurs autres que nous ne pouvons tous citer.

Depuis quand les évangéliques sont-ils supérieurement numériques aux Réformés, et protestants plus traditionnels ?

Impossible de répondre de manière certaine à cette question. Pourquoi ? La mouvance évangélique se distingue par une multitude de petites Eglises dont certaines ne sont absolument pas fédérées en grands mouvements nationaux, mis à part les Eglises évangéliques historiques. On peut raisonnablement émettre l’hypothèse que le surnombre date des années 70.

Pourquoi l'Eglise Réformée de France a t-elle perdu autant de fidèles ?

Vous me demandez là plus une opinion qu’une information. L’ERF a incontestablement une richesse théologique et philosophique sans égal. Jacques Ellul, Paul Ricoeur, décédé dernièrement, en furent quelques unes des grandes figures. Mais l’ERF, en tant qu’institution, a abandonné le caractère professant, lui préférant en quelque sorte le combat politique. Ce mouvement au sein de l’ERF a remporté l’adhésion de plusieurs générations de pasteurs, surtout suite aux évènements de Mai 68, bien que certaines paroisses aient déjà pris des positions pro-FLN durant la guerre d’Algérie, croyant lutter contre la colonisation. Ils n'avaient pas tort mais ont certainement laissé quelques plumes spirituelles dans ce combat.

Les protestants Réformés qui ne se reconnaissaient pas dans ce discours de gauche, Théologie de la Libération et autres, se sont tournés vers d’autres Eglises confessantes ou professantes selon le cas. Il faudrait bien sur, approfondir cette distinction. Car l’idée selon laquelle les évangéliques sont de droite et les Réformés de gauche n’est rien moins que parcellaire et infondée.

Il semblerait qu'au sein de la mouvance évangélique, les Pentecôtistes soient les plus actifs. Qu'en est-il réellement?

Cela a été vrai durant une vingtaine d’années. Je dirais que les Pentecôtistes faisaient plus de bruit. L’Eglise Baptiste était plus discrète dans la manifestation de sa foi, ce qui ne signifie pas qu’elle soit moins convaincue.

Mais, vers les années 75, le Renouveau Charismatique est venu perturbé ce bel ordonnancement. Ce renouveau est bel et bien né dans le Protestantisme, même si l’Eglise Catholique n’a pas tardé à lui faire une place, voire le récupérer.

Une des conséquences de ce Renouveau a été une reconnaissance des richesses mutuelles à l’intérieur de la famille protestante. Pentecôtistes, Evangéliques, Baptistes, Réformés ont parfois pris l’habitude de se réunir, de prier et d’entamer des actions d’Evangélisation communes, dans le domaine social, parfois avec des Catholiques.

Le premier chapiteau mis à disposition de Coluche aux débuts des Restos du Coeur était la Tente de l'Unité, gérée par un mouvement charismatique composé de Protestants et de Catholiques.

D'après vous, l'évangélisme en France est vigoureux grâce à l'immigration?

Il se passe en France le même phénomène qu’en Afrique ou en Amérique Latine. Les manières de professer la foi chrétienne correspondent mieux à certains types de structures mentales, issues de l’histoire ou de la Tradition. Les Eglises évangéliques sont des structures moins pyramidales que l’Eglise Catholique. Chaque Eglise locale est souveraine dans sa manière de professer la foi, donc plus directement en lien avec les chrétiens de la base. Ils ont vraiment l’impression de vivre une foi personnelle, et non plus soumise à une hiérarchie, que celle-ci repose sur un homme, comme chez les Catholiques ou chez les Protestants Réformés avec le système synodal, celui-ci ayant ses richesses.

Les Eglises évangéliques laissent donc plus de place à la libre expression. Ses célébrations ne comportent aucune liturgie avouée ou clairement définie. On prie ensemble et chacun peut prier à haute voix durant le culte ou les réunions, ce qui, pour certains, correspond mieux à leur conception de la relation au Christ.

Mais on ne peut pas dire pour autant que c’est l’immigration qui donne une nouvelle jeunesse au mouvement évangélique. Celui-ci était vigoureux avant. Puis, je vois ce à quoi vous faites allusion. Les églises évangéliques qui ont fait la Une de l’actualité il y a peu avec cette malheureuse et idiote provocation du député Brard, de Montreuil, sont composées en majorité de personnes venant de la Guadeloupe et de la Martinique. On ne peut donc pas parler d’immigration, dans ce cas d’espèce.

N'y a-il pas un risque d'enfermement communautariste ?

Je n’en vois pas. Les protestants et évangéliques, qui, il faut le souligner, clament à juste titre leur appartenance à la Réforme, ont plusieurs choses en commun mais l’une est un attachement profond à la communauté nationale. La loi française doit être, selon eux, respectée pour autant qu’elle ne soit pas contraire à la loi divine. C’est ainsi que le concept de désobéissance civile (refus de porter les armes, par exemple) est fortement présent dans certaines Eglises évangéliques (Mennonites, entre autres).

Mais il n’ y pas eu de cas ou une Eglise évangélique aurait appelé à des actions revendicatrices plus ou moins violentes contre l’Etat. Cela est étranger à l’esprit protestant qui a historiquement refusé la contrainte et qui refuse encore de la faire subir à d’autres.

Comment fonctionne exactement le financement du culte dans le protestantisme ?

Les Protestants sont en général plus généreux avec leur Eglise. Les protestants ont, depuis le début, un rapport à l’argent différent des catholiques. Les grandes banques protestantes sont encore bien présentes dans le monde des affaires. Pour un Protestant, l’argent n’est pas sale. Les protestants n’ont jamais fait de la pauvreté une vertu. La phrase du Christ « rendez à César ce qui lui appartient et à Dieu ce qui est à Dieu » est celle qui est souvent citée lors des collectes.

Ceci étant, la générosité au sein de l’Eglise Réformée de France a une légère tendance à s’évaporer. L’Eglise Réformée de France, malgré ses cris de victoires après chaque synode, va mal financièrement parlant et cela dure depuis une trentaine d’années. Elle pourrait avoir plus de pasteurs mais les protestants donnent de moins en moins, et ils sont surtout de moins en moins nombreux.

Pouvez vous me parler de la dîme ?

La dîme est une pratique tirée de l’Ancien Testament (Torah) et de quelques récits des Evangiles. Un chrétien pratiquant ne ressent pas comme une obligation de donner 10 % de ses revenus pour l’Eglise. Il le fait volontiers, parce que c’est une façon de vivre sa foi et son engagement.

C’est ainsi que les Eglises évangéliques ont en général plus de moyens financiers que les protestants traditionnels. Dire que tous les évangéliques pratiquent ce don serait exagéré mais ils tendent à cela. Le revenu des Eglises est donc en adéquation avec cette pratique. Si vous ajoutez à cela certains prédicateurs possédant un réel don de communication, vous obtenez parfois des résultats saisissants.

Est-il vrai que pour le financement des lieux de culte, les Protestants font appel à l'argent public ?

En France, le protestantisme traditionnel peut être considéré sous 2 angles : La situation des Eglises protestantes en Alsace Lorraine, sous le régime du concordat et ceux de la France de l’intérieur,( c’est ainsi qu’eux-mêmes nous nomment de manière ironique). Les pasteurs des Eglises protestantes dans le concordat sont nommés par le ministre de l’Intérieur. Ils sont assimilés aux fonctionnaires et touchent à peu près l’équivalent d’un salaire de professeur de lycée.

Si vous y ajoutez les cours de religion dans les collèges et lycées, qui sont, eux, payés au tarif des heures supplémentaires, vous pouvez parvenir à des revenus confortables en étant pasteur. Les prêtres et les rabbins sont logés à la même enseigne. Les locaux, temples et presbytères sont eux à la charge de l’état ou des communes.

Hors ces deux départements, l’Eglise Réformée a des « arrangements avec le Diable ». Bien sur, elle se dit laïque et prône une séparation totale avec l’Etat, mais dés qu’il s’agit d’installer le chauffage ou refaire la toiture, on fait appel aux collectivités territoriales ou au Ministère de la culture si c’est un bâtiment classé. Et cela arrive souvent.

Comme il arrive aussi souvent qu’une Eglise locale soit obligée de vendre son temple ou son presbytère pour atteindre ses objectifs financiers si les collectivités sont résolument contre le fait d’aider une Eglise. En général, celles-ci ne s’y risquent pas puisqu’elles aident grassement l’Eglise Catholique dans l’entretien de ses locaux. Elles se sentent obligés de faire un peu de même avec les Protestants.

Avez vous entendu parler de certaines communes qui refusent l'implantation de lieu de culte évangélique ?

Non, pas véritablement. Mais il n’est pas rare que certains élus locaux deviennent très méfiants dés qu’une Eglise Evangélique prend une certaine importance numérique. La phobie des sectes rend nos élus de plus en plus agressifs.

Il faut dire aussi qu’il y en a peu qui soient véritablement informés de ce qu’est le mouvement évangélique. Il y en a encore qui confonde laïcité et laïcisme. La méconnaissance entraîne la peur et la peur entraîne des tentations de rejet. Ce n’est pas le cas pour l’instant, mais il n’est pas exclu que cela se produise.

Y-a t-il des mouvements évangéliques selon vous qui soit très proches des sectes et qu'il faut éviter de fréquenter ?

Bien entendu, certaines Eglises évangéliques ont des comportements sectaires, mais c’est une infime minorité. Toute idéologie, même politique, comporte un aspect sectaire. Les évangéliques sont tout à fait conscients de ce problème. Un pasteur ou un conducteur spirituel peut parfois exercer une immense influence sur sa communauté. Il peut donc la faire partir sur des chemins aventureux. Ce qu’il faut bien comprendre avec les protestants en général, c’est l’individualisme qui est consubstantiel de leur théologie. « Chaque protestant est un Pape, la Bible à la main ». Cette phrase résume bien l’état d’esprit protestant. On ne se laisse jamais imposer quoique ce soit de l’extérieur.

"Libre devant Dieu et les hommes", c’est ainsi qu’un protestant se définit. Pour cette raison, un leader protestant évangélique peut, de sa propre initiative, décréter qu’il faut mettre l’accent sur tel ou tel point de doctrine, à un tel point que ceux qui ne pensent pas exactement comme lui sont voués à l’enfer.

Il y a en France plus de 2000 Eglises évangéliques, pour 48 dénominations. Cela peut désarçonner l’observateur distrait. Et toutes ces églises se sont séparées sur un point de doctrine parfois mineur. Qu’il y en aient certains qui ont dépassé ou dépassent encore les bornes est tout à fait dans l’ordre des choses.

Il faut dire cependant qu’il n’y a jamais eu un seul cas d’atteinte à l’ordre public de la part de ces églises.

Enfin, les évangéliques pratiquent en majorité ce que nous pourrions appeler l’auto-discipline. Lorsqu’un pasteur dérape et part dans un délire sectaire, il entraîne certes des disciples mais il se trouve aussitôt mis à l’écart du mouvement évangélique et son aventure se termine en général avec lui, quand ce n’est pas plus tôt.

Quel est dans les années à venir le grand défi des évangéliques et des protestants en général ?

Il y en a plusieurs. Pour les Protestants traditionnels, (Réformés, Luthériens), ce sera de retrouver ce qui fait la force de l’engagement. Ces Eglises ne pourront plus longtemps se contenter de demi-mesures théologiques. La nomination de Ratzinger au poste de Pape est un des symptômes de ce que ces Eglises vont devoir affronter fraternellement et dans le dialogue. Le Catholicisme va se braquer sur certaines positions et il va falloir que les Protestants se définissent par rapport à lui. Nous allons entrer dans une période passionnante de l’Histoire de l’Eglise.

Les évangéliques vont devoir, eux, continuer à démontrer que leur engagement spirituel est compatible avec la vie sociale. Mais, dans une société de plus en plus permissive, et parfois contraire à leurs convictions les plus profondes, cela leur demandera parfois d’être encore plus irréprochables sur l’essentiel de leur message. Et cela passera par une formation théologique poussée des responsables de ces Eglises. Le mouvement évangélique français compte déjà plusieurs théologiens de niveau international (Faculté de Vaux sur Seine et d'Aix en Provence).

Les Evangéliques vont être confrontés à deux religions montantes en France, le matérialisme post-capitaliste et l’Islam. Les arguments apologétiques vont devoir être correctement abordés.

Concernant l’Islam, les évangéliques, qui se font un devoir d’annoncer l’Evangile de manière ouverte, vont être confrontés rapidement à un choix crucial entre conviction et tolérance. Quid par exemple des musulmans qui se convertissent au Christianisme dans ces Eglises et qui sont menacés de mort, ici même, en France, pour apostasie, par leur anciens co-religionnaires ?

Ils vont aussi devoir affronter les railleries et les calomnies de la part de médias a-culturés sur le plan de l’histoire des Idées et des croyances.

Protestants Réformés ou Evangéliques, tous vont de toute façon être amené à repenser leur conception de la liberté face à un monde et à des idéologies qui amènent de plus en plus de contraintes.



U.S.A : Religions

La Bible contre la science: une guerre sans fin dans une Amérique dévote

AFP, 24 novembre 2005 par Jean-Louis SANTINI

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WASHINGTON - La bataille aux Etats-Unis entre défenseurs de la théorie de l'évolution et ses critiques créationnistes qui viennent de remporter une victoire dans le Kansas (centre), révèle une division culturelle persistante dans un pays où la religion a une place très importante.

Le Conseil élu de l'éducation du Kansas (centre) a voté le 8 novembre pour autoriser l'enseignement, dans les lycées publics, de la thèse "du dessein intelligent", --un avatar du créationnisme selon lequel l'homme ne descend pas du singe mais est une création divine-- , en parallèle avec la théorie de Charles Darwin sur l'origine des espèces.

En octobre 2004, un vote similaire était intervenu dans une petite ville de Pennsylvanie (est) conduisant des parents à intenter un procès dans lequel le juge doit encore trancher.

La campagne néo-créationniste, qui s'étend à une quarantaine d'Etats, inquiète l'Académie américaine des Sciences qui a récemment dédié un site internet à la défense de la théorie de l'évolution, fondement de la biologie moderne.

Cette vaste offensive anti-évolutionniste s'inscrit dans le droit fil du célèbre "procès du singe" en 1925 dans le Tennessee (sud) qui a inspiré le film "Inherit the Wind" (l'héritage du vent) avec Spencer Tracy. John Scopes, un professeur de biologie, fut poursuivi par les autorités du Tennessee et condamné à une amende de 100 dollars pour avoir enseigné "illégalement les théories de Darwin".

Il a fallu attendre 1968 pour que la Cour Suprême des Etats-Unis juge anticonstitutionnelle l'interdiction d'enseigner la théorie de l'évolution au nom de la séparation de l'Eglise et de l'Etat dans une procédure opposant une enseignante à l'Etat d'Arkansas (sud).

Enfin en 1987, la Cour Suprême a jugé contraire à la Constitution de rendre obligatoire l'enseignement du créationnisme car cela reviendrait à promouvoir une croyance religieuse dans l'éducation publique.

Depuis ces revers, les créationnistes ont changé de tactique pour se présenter comme des victimes d'une pensée dominante sur l'origine de l'homme. Ils ne réclament plus l'enseignement du créationnisme comme tel mais exigent que l'on accepte que la théorie de l'évolution du naturaliste anglais du 19e siècle puisse être remise en cause au nom de la liberté de choix.
Le président George W. Bush s'était prononcé en août pour cette approche en déclarant que "l'éducation consiste à présenter les différentes écoles de pensée".

Dans son ouvrage, "Darwin's Black Box", ou les défis biochimiques à l'évolution, publié en 1995, Michael Behe, biologiste, considéré comme le père du "dessein intelligent", explique que certains mécanismes moléculaires sont trop complexes pour résulter du processus de sélection naturelle décrit par Darwin.

"Cette polémique sur les origines de l'homme s'inscrit dans le cadre de la guerre culturelle opposant les chrétiens conservateurs et le reste du pays sur l'avortement ou la légalisation du mariage homosexuel", a expliqué à l'AFP David Masci, expert au Pew Center, un institut indépendant de recherche.

Comme l'a montré l'élection de M. Bush, ce groupe pèse lourd électoralement et ses convictions religieuses sont, avec certaines nuances, majoritaires aux Etats-Unis, a-t-il souligné.

Selon un sondage de l'institut Gallup effectué fin 2004, 42% des Américains croient que Dieu a créé l'Homme comme l'affirme la Bible et 18% pensent que l'évolution a été guidée par une volonté divine. Seuls 26% des personnes interrogées adhérent à la théorie de Darwin.

Au total 65% des Américains souhaiteraient un enseignement de l'évolution et du créationnisme, ce qui reflète l'esprit même du premier amendement de la constitution américaine sur la liberté d'expression et de pratiquer une religion, a relevé David Masci.



France : Témoins de Jéhovah

Témoins de Jéhovah /Autorité Parentale

UNADFI , 25 novembre 2005

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Le juge de la cour d’appel d’Aix en Provence considérant que les obligations et prescriptions imposées à un enfant de 5 ans ne sont pas appropriées à son développement psychologique, à son épanouissement et à son intégration dans la société, fait droit à la demande du père tendant à l’interdiction d’emmener l’enfant sur les lieux de culte TJ. Mais ne peut interdire à la mère de mettre l’enfant en présence d’adeptes, ce qui relève de sa liberté personnelle.( CA Aix en Provence, 6e ch., 08 sept. 2005)



Italie : Satanisme

Secte satanique au Tessin: ouverture d'une enquête

ATS , 25 novembre 2005

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LUGANO - Le Ministère public tessinois a ouvert une procédure pénale contre un homme soupçonné d'actes sexuels sur des personnes incapables de discernement. La procédure est liée à une enquête pénale sur la présence de sectes sataniques au Tessin.

Dans un communiqué diffusé en fin de journée, le parquet tessinois confirme que la procédure pénale a été ouverte à la suite de dénonciations liées à l'existence d'une secte satanique au Tessin.

Les faits reprochés au suspect, qui a été appréhendé jeudi puis relâché au terme de son interrogatoire, ont eu lieu entre 2001 et la mi-2003. Le parquet a précisé que l'enquête se poursuit et que plusieurs autres interrogatoires et perquisitions ont eu lieu dans le canton.

Le soupçon que des sectes sataniques existent au Tessin remonte à plusieurs mois.

Les chefs de la secte italienne "Bestie di Satana" (Bêtes de Satan) avaient affirmé que des messes esotériques et autres sacrifices rituels avaient aussi lieu dans le sud du Tessin. Ces révélations avaient été faites durant leur procès pour trois meurtres commis en 1998 et 2004 dans la région de Varèse, à proximité de la frontière tessinoise.

Dans une émission diffusée jeudi soir, la Télévision de la Suisse italienne (TSI) a recueilli les témoignages de deux femmes. Sous le couvert de l'anonymat, celles-ci ont confirmé qu'une secte satanique opérait au Tessin depuis plusieurs années. Elles ont raconté qu'elles avaient réussi à en sortir et ont décrit les rituels du groupe qui se réunissait sous la houlette d'un chef spirituel.

Pour échapper à cet homme qui avait initié des mineures à des pratiques sexuelles à connotation satanique, une des deux femmes s'est réfugiée à l'étranger. L'autre a raconté que son ami a été acculé au suicide par le chef de la secte.



Japon : AUM

La secte Aum «encore dangereuse» et toujours à surveiller

Cyberpresse, 25 novembre 2005

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JAPON - Tokyo - L'agence de la sécurité publique japonaise a sollicité vendredi l'extension de la mise sous surveillance de la secte Aum Vérité Suprême, responsable notamment d'une spectaculaire attaque mortelle au gaz sarin à Tokyo en 1995.

Une commission gouvernementale doit décider bientôt si la secte doit être tenue sous surveillance pour une nouvelle période de trois ans à compter du 31 janvier prochain.

Dans son rapport remis à la commission gouvernementale, l'agence de sécurité précise que la secte compte encore quelque 1650 fidèles et 28 établissements, et qu'elle représente toujours un danger.

«La dangerosité de cette secte n'a pas changé, comme le montrent la stabilité du nombre de ses fidèles et le fait qu'elle semble se remettre à vénérer le gourou (fondateur) Shoko Asahara», a commenté le ministre de la Justice japonais, Seiken Sugiura.

Ancien acupuncteur, Asahara, 50 ans, a été condamné en février 2004 à la pendaison pour l'attentat du métro de Tokyo qui avait fait 12 morts et 5.500 blessés, ainsi que pour 15 autres homicides.

Les avocats du gourou ont récemment fait savoir qu'ils allaient remettre à la justice des certificats médicaux attestant du déséquilibre mental de leur client qui, espèrent-ils, pourra ainsi échapper à la potence.



Zembie : Satanisme

Quatorze Zambiens arrêtés après des attaques contre une église

Journal du Jura , 27 novembre 2005

[Texte intégral]

 

LUSAKA - Quatorze Zambiens ont été arrêtés à Lusaka après des émeutes provoquées par des accusations de satanisme et de sacrifices humains contre une église pentecôtiste, a annoncé dimanche la police.

Les émeutes et des actes de vandalisme ont commencé samedi soir et se sont poursuivis toute la nuit, a précisé la police.

"Nous avons arrêté et nous détenons 14 personnes, et nous gardons pour leur sécurité les chefs de l'église parce que la population veut les tuer", a précisé le porte-parole de la police, Chrispin Kapela.

Des milliers de personnes ont attaqué l'édifice dans le centre de Lusaka, à la suite de rumeurs selon lesquelles deux personnes avaient été enlevées et devaient être sacrifiées dans les locaux de l'église.

Cette église controversée, l'Eglise universelle du Royaume de Dieu, avait été interdite il y a quelques années, mais avait été ensuite autorisée par la justice à reprendre ses activités.



France :Actualité diverses - Témoins de Jéhovah

1905 : le statu quo ne satisfait complètement aucun culte

AFP , 27 novembre 2005 par Laurence Chabert

[Texte intégral]

1905: le statu quo ne satisfait complètement aucun culte, selon M. Machelon

PARIS - Le professeur Jean-Pierre Machelon, président de la Commission de réflexion juridique sur les relations des cultes avec les pouvoirs publics qui vient d'entamer ses travaux, pense que la législation en vigueur peut être aménagée car le statu quo ne satisfait complètement aucun culte.

"Tous les cultes ont des motifs plus ou moins graves d'être insatisfaits du statu quo", a déclaré à l'AFP M. Machelon, professeur de droit public à l'université René Descartes-Paris V et directeur d'études à l'Ecole pratique des hautes études.

"Le culte aujourd'hui n'est pas le culte de 1905: les temps ont changé et il n'est pas absurde de vouloir éviter un décalage entre le droit et la réalité sociale".

"La législation sur les cultes est un ensemble extrêmement complexe, il y a donc de l'espace pour une réflexion juridique constructive, dans le respect de la laïcité", estime-t-il. Mais "l'essentiel de la loi de 1905 doit être respecté, il ne s'agit pas de bouleverser les équilibres auxquels tout le monde tient, simplement d'aménager le cadre juridique pour permettre de régler les problèmes d'aujourd'hui".

La Commission, qui a pour rapporteur Laurence Marion, auditeur au Conseil d'Etat, a eu sa première réunion de travail vendredi en présence de tous ses membres. Le prochain rendez-vous est fixé au 8 décembre, veille du centenaire de la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l'Etat. M. Machelon entend faire travailler la Commission "à un rythme soutenu" afin de pouvoir remettre son rapport en juin au ministre de l'Intérieur chargé des cultes, Nicolas Sarkozy. Les auditions débuteront en janvier et "ne seront pas publiques", précise-t-il.

En annonçant la composition de la Commission la semaine dernière, le ministère avait précisé qu'elle entendrait "les représentants des grandes religions de France et toutes les personnes (élus, responsables associatifs, hauts fonctionnaires, universitaires) dont l'audition lui semblera nécessaire". Les membres de la Commission sont pour la plupart avocats, professeurs de droit ou membres du Conseil d'Etat. Nommés à titre individuel, ils reflètent également les grandes sensibilités religieuses en France.

Des mouvements souvent considérés comme sectaires en France, comme les Témoins de Jéhovah, en sont absents mais "il y a des sujets qui ne peuvent être évités et ils ne seront pas évités", dit M. Machelon, précisant que "le droit français ne peut être abordé en faisant abstraction de la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'Homme".

"Nous avons à proposer des solutions juridiques à des problèmes juridiques qu'il nous revient d'identifier avec précision et nous n'avons pas à craindre de proposer des modifications des lois et règlements", insiste M. Machelon, soulignant que la loi de 1905 a déjà été modifiée dix fois depuis sa promulgation.

Selon lui, "la loi de 1905 n'est pas claire sur tous les points et comprend des dispositions contradictoires". Ainsi, l'article 2 dispose que la République ne reconnaît aucun culte mais "cela ne veut pas dire qu'elle ne connaît pas les cultes: elle y est bien obligée pour leur garantir le libre exercice exigé par l'article 1, garantie qui implique des actions positives".

"Ces contradictions n'ont fait que se développer du fait de l'augmentation des subventionnements indirects au XXe siècle", poursuit-il. "Aujourd'hui, les termes de la loi sont interprétés d'une façon qui n'était pas évidente à l'époque de sa promulgation".



France : Bibliographie

Dans la secte

BDBoum , 25 novembre 2005

[Texte intégral]

22ème festival de bande dessinée à Blois 25.26 et 27 novembre 2005

Prix Région Centre

S. et B. RICARD lauréat 2004 pour l'album "Beyrouth, clichés 1990" © bd BOUM
Ce trophée récompense une bande dessinée (parue dans l’année) pour sa portée citoyenne : le volet éducatif, l’intérêt pour faire valoir des valeurs telles que la solidarité et l’engagement sont des critères de sélection.

Liste des nominés 2005 :
- Les mauvaises gens, Etienne Davodeau, Editions Delcourt,
- L'eau et la terre, Séra, Editions Delcourt,
- Elle ne pleure pas elle chante, Thierry Murat et Corbyeran, d'aprés Amelie Sarn, Editions Delcourt,
- Bonne santé, Charles Masson, Editions Casterman,
- Marzi, Marzena Sowa, Sylvain Savoia, Editions Dupuis,
- Les damnés de Nanterre, Chantal Montellier, Editions Denoel Graphic,
- Dans la secte, Louis Alloing, Editions La Boite à Bulles,
- Drancy-Berlin, Oswiecem, Sqarzoni et Ponchart, Editions Les Requins Marteaux,
- La bouche séche, J-P Peyraud, Editions Treize Etrange,
- Mourrir au Paradis, P. Christin et A. Mounier, Editions Dargaud

Membres du jury :
Un membre du Conseil Régional, Isabelle Gaudron, vice-présidente du Conseil Régional, et les membres du conseil d’administration de bdBOUM



France : Sectes

Demande de dissolution de l'Unadfi: jugement reporté au 6 décembre

AFP , 29 novembre 2005

[Texte intégral]

PARIS - Le tribunal de grande instance (TGI) de Paris, qui devait rendre mardi sa décision sur une demande de dissolution de l'Unadfi, spécialisée dans l'information sur les sectes, se prononcera le 6 décembre, a-t-on appris auprès du tribunal.

Ce jugement, qui devait initialement être rendu le 15 novembre, avait déjà été reporté une première fois à ce mardi. Un collectif d'avocats lié à l'association "Cap pour la liberté de conscience" a assigné l'Unadfi pour demander sa dissolution en l'accusant d'être "une police de la pensée".

L'association "Cap pour la liberté de conscience" se présente comme "un tremplin d'information et d'action pour les individus et les groupes" victimes d'une "chasse aux sorcières" anti-sectes.

Le collectif demande également des dommages-intérêts pour une dizaine de personnes, adhérents ou proches de mouvements comme l'Eglise de scientologie ou la secte d'inspiration catholique Ivi, qui auraient eu à subir des préjudices liés à des dénonciations de l'Unadfi.



France : Actualités diverses ( Respirianisme ?)

Six mois sans boire ni manger: un nouveau bouddha ?

AFP , 29 novembre 2005

[Texte intégral]

Assis en position du lotus sous un arbre, un adolescent népalais, présenté par ses adorateurs comme méditant depuis six mois sans boire ni manger, a suscité dévotion en masse et interrogations des autorités sur celui que certains qualifient de réincarnation du bouddha. Des dizaines de milliers de bouddhistes, curieux et dévots, sont déjà allés voir, dans le sud-est du Népal, l'adolescent de 15 ans, qui médite assis sous un Figuier banian, les yeux clos, comme le fit le fondateur du bouddhisme Siddhartha Gautama, il y 2.500 ans.

Les autorités ont annoncé lundi qu'elles allaient enquêter sur Ram Bahadur Bomjon, qui selon ses adorateurs n'a pas bougé depuis qu'il a commencé sa méditation. "Beaucoup croient en lui mais certains pensent que c'est trop incroyable", a expliqué Shanta Raj Subedi, le chef du district de Bara situé à 150 km au sud-est de Katmandou. "Parce que cela est lié à la religion, nous devons établir la vérité avant de faire quoi que ce soit", a-t-il ajouté. Le responsable a demandé au ministère de l'Intérieur et à l'Académie royale des sciences et technologies de se renseigner sur l'adolescent. "Nous essayons aussi de faire venir des lamas (enseignants) des monastères bouddhistes pour examiner cela", a poursuivi M. Subedi.

Quoi qu'il en soit de la vérité, l'adolescent a déjà un fort impact dans le le petit royaume himalayen, où 5% de la population de près de 25 millions d'habitants est bouddhiste, avec des curieux et dévots ne cessant de venir près du site, achetant CD et photographies officielles. "Je me suis sentie très bien, très heureuse et calme quand je suis allée sur le lieu où le jeune homme médite", a raconté à l'AFP Padma Kamal qui s'est rendue à Bara samedi. "Nous avons entendu dire que des gens dotés de pouvoirs spéciaux pouvaient méditer pendant de longues périodes sans nourriture ni boisson", a-t-elle ajouté.

Les visiteurs sont maintenus à une distance de 60 mètres de l'adolescent et ne sont pas autorisés à prendre eux-mêmes des photographies, selon les témoins. Des médecins interrogés sur la possibilité d'un jeûne total de six mois ont affirmé que dans ces conditions la survie était peu probable au-delà de quelques semaines. "Normalement, on peut rester vivant sans nourriture ni eau pendant moins d'un mois", a dit le docteur Khagendra Bahadur Shrestha de Katmandou. Govinda Chitrakar, le secrétaire général de l'organisation bouddhiste Lumbini Development Trust, a indiqué qu'il se rendrait la semaine prochaine à Bara. Lumbini est le lieu de naissance du fondateur du bouddhiste, près de la frontière avec l'Inde.