Cette action peut être dirigée, non pas directement vers celui qui ne sait pas, mais vers la mise en place, à l'attention du plus grand nombre, de moyens propres à réduire le risque, voire à l'écarter (ainsi la prévention des accidents de la route, des incendies, des noyades, etc.) par la construction d'infrastructures ainsi que par la mise en place de règlements et d'une organisation appropriée (gendarmerie, police, pompiers, etc.) pour obtenir le résultat recherché. Le Code Pénal lui-même, malgré sa philosophie avant tout répressive, joue un rôle très fort dans la prévention des crimes et des délits.
Cette action de prévention peut être aussi dirigée directement vers les personnes par l'information et la formation. Celles-ci sont alors fondées sur l'expérience des uns et des autres, sur des faits, des écrits. La formation peut comporter des expérimentations, des cours théoriques, des examens. Dans ce cas, la prévention a pour but de fournir des éléments d'information et d'action permettant aux intéressés d'éviter ou de réduire le risque qu'ils affrontent.
Toute action de prévention, qu'elle soit conduite par les pouvoirs publics, des associations, des entreprises ou par de simples particuliers, comporte, dans des proportions variables évidemment, les deux aspects rappelés ci-dessus. La prévention est un investissement, parfois lourd et contraignant, toujours utile et nécessaire, bien que son impact réel ne soit pas mesurable en termes rigoureux. Comme tout investissement, elle est une option sur l'avenir dont les résultats ne se manifestent qu'après sa mise en ouvre. D'où, d'ailleurs, la difficulté du choix des cibles, des méthodes et des moyens, ainsi que de l'ampleur de ces derniers, à mettre en place pour obtenir une prévention efficace.
Mais comment l'exercer, si l'on n'a pas une connaissance suffisante du danger qui vous menace ? La réponse est simple, à formuler tout au moins. Il faut s'informer et faire jouer son bon sens au regard de l'expérience et des connaissances préexistantes :
Il va presque de soi que nous interdisons à nos membres toute méthode expéditive ou violente, par exemple pour empêcher qu'une personne en voie de capture par une secte y entre pour de bon. Cela ne fait que donner plus d'importance au travail préventif sur l'entourage, car celui-ci doit faire à temps tout son possible, et peut même s'y montrer un peu rusé sans pourtant mentir. Par exemple, devant un jeune lourdement sollicité par une secte, et qui est sur le point de participer à quelque week-end prolongé, en un endroit privé de communications, parmi des gens ne disant ni leurs attaches, ni leurs qualifications précises, c'est une urgence, car c'est là que le piège va se déclencher. Il importe de lui proposer une activité plus attrayante pour lui durant ce même week-end. Notons au passage que, sans ce travail de prévention mené sur et avec l'entourage, des faits violents se produiraient probablement assez souvent .
Ces principes étant posés, nous pensons que notre rôle et notre responsabilité d'informer préventivement a une analogie, toutes proportions gardées, avec celui de l'État moderne. Celui-ci est ressenti par les masses comme légitime, digne d'être obéi, lorsqu'il assume son rôle : fournir le cadre de la délibération la plus claire et la moins violente possible entre concitoyens, bref, le cadre si précieux de la paix civile .La seule idéologie qu'on lui reconnaisse le droit et le devoir de proposer et développer est cette règle du jeu consensuelle qu'est la démocratie, car celle-ci constitue le principe même de légitimité, source d'un consensus maintenant quasi-universel, encore qu'en devenir. Sans lui, on va vers un vide où nul parachute n'est opérant ni même offert. C'est pourtant cette illusion du parachute dans le vide qu'entretiennent les groupes sectaires totalitaires .
L'État se trouve là devant un problème vital de prévention. Il nous y reconnaît une place, et il le fait précisément dans la mesure où nous jouons loyalement le jeu dans le respect du pluralisme.
Donnons un exemple d'action judiciaire où a pu jouer une prise en compte d'éléments de la doctrine sectaire. Le 13 février 1998, le Tribunal Cantonal de l'État de Fribourg a débouté une plainte du Mouvement raëlien opposé à l'imprimerie St. Paul SA dans une affaire de prétendue diffamation. Ce tribunal a pu le faire en particulier grâce au concours de l'UNADFI qui, lors de la procédure, avait cité des extraits de la littérature du fondateur du mouvement : " Le livre qui dit la vérité ", et ce qui en dérive dans sa revue " Apocalypse ", des passages de " La méditation sensuelle " et de " La géniocratie ". A travers ces écrits, la Cour a reconnu valable l'affirmation de la journaliste accusée, car " la secte de Raël prône "théoriquement" dans ses écrits la pédophilie et l'inceste ". Son article n'était donc " ni mensonger, ni diffamatoire ".
Ainsi dans le travail de prévention une chose est de respecter le pluralisme, une autre est de laisser une secte recruter impunément sur des bases contraires aux droits de l'homme.
Faute de cette volonté préventive, on observera le développement de son antithèse, sous la forme d'un cartel comme celui amorcé par la FIREPHIM (Fédération Internationale des Religions et des Philosophies Minoritaires), nantie de ses avocats polyvalents bien rodés. Ce cartel vise a faire subir aux associations de défense européennes le même sort fatal que celui de nos homologues américaines : l'épuisement psychologique et financier. Il y va tout simplement de la civilisation des droits de l'homme. Le rempart associatif neutralisé qui animera la prévention ? Les États risquent alors d'être directement aux prises avec les sectes totalitaires, et de connaître des démêlés comme ceux qui opposent l'État allemand à la Scientologie appuyée par le Pouvoir fédéral US.
A l'Est, le problème de prévention se pose dans toute sa crudité. C'est ainsi qu'un Institut de criminologie dans une grande Université polonaise déclare en février 1998 : " L'Institut explore aussi les aspects criminels liés à la possible mise sous influence de gens, particulièrement lorsque celle-ci en vient à la manipulation dans les sectes. Toute action des organisations de destruction psychique, de groupes socialement toxiques, de sectes, concernant le conditionnement forcé (mind control), est considéré comme un des plus grands dangers, sinon le plus grand auquel la civilisation actuelle est confrontée ". Ces universitaires-là savent de quoi ils parlent.
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