Communauté de la Nativité

(source : Bulles n° 67 3ème trimestre 2000)

 


La Communauté de la Nativité un témoignage sur le procès

Les 27 et 28 janvier 2000, un jeune homme de 33 ans comparaissait devant la Cour d'Assises de la Dordogne, accusé d'avoir froidement abattu son père dix-huit mois auparavant.

Compte tenu des faits, la préméditation était patente et l'accusé encourait une peine de réclusion à perpétuité. L'accusé était membre de la Communauté de la Nativité, un groupe religieux créé en 1966, groupe dont la victime avait fait partie (y entraînant sa femme et ses enfants) et avec lequel elle avait rompu.

De cette Communauté et de son influence, il a été beaucoup question au cours du procès ; un certain nombre d'anciens adeptes sont venus témoigner de ce qu'ils avaient vécu.

Que convient-il de retenir de cette tragique affaire et de ce procès ?

Trois points méritent l'attention :

· La dérive sectaire incontestable de ce groupe.
· La prise en compte par la Cour du rôle nocif qu'il a joué sur l'évolution psychologique de l'accusé, dont la fragilité psychologique a été soulignée par les experts.
· L'absence d'intervention des instances religieuses alors même qu'elles avaient été alertées sur ce qui se passait dans la Communauté.

La Communauté de la Nativité semble avoir été à ses débuts un groupe de prières tout à fait respectable et n'appelant aucune suspicion. Puis, petit à petit, ce fut la dérive sous l'influence et la prise de pouvoir de ses dirigeants.

Telle que nous apparaît la Communauté dans ce qu'elle est devenue, elle contient tous les ingrédients d'une secte :

· deux gourous, tout puissants ;
· une entreprise de manipulation mentale permanente et de destructuration des adeptes ;
· l'incitation à la rupture avec les familles par une présentation calomnieuse des parents des adeptes, qualifiés de " malades mentaux, incarnations du démon " et responsables, selon les dirigeants, de par leur rôle éducatif néfaste du mal de vivre de leurs enfants ;
· la captation d'argent : les adeptes vivant à l'extérieur étaient tenus de verser la dîme ; ceux vivant dans la communauté voyaient leurs revenus perçus directement par la Communauté et virés sur les comptes bancaires de celle-ci ;
· la maltraitance, non seulement psychologique mais aussi physique : " le mal doit sortir par le corps ", l'insoumission aux ordres des dirigeants était châtiée physiquement ; certains adeptes font mention de bleus, de traces de strangulation, d'enfermement des jours entiers dans une pièce isolée.

La démolition systématique des adeptes renégats auprès des membres de leur famille encore dans la Communauté ; l'accusé n'y a pas échappé qui s'est vu imposer l'image d'un père terrifiant, anormal, satanique.

C'est à ce père fantasmatique qu'il a voulu échapper en tuant le père réel.

Il est intéressant de noter la prise en compte de ces éléments par les magistrats. Si l'Avocat Général a rappelé, en préambule de son réquisitoire, que le procès en cours n'était pas celui de la Nativité mais celui d'un parricide avec préméditation, il n'a pas évacué cet aspect du problème - pouvant constituer des circonstances atténuantes - et sa réquisition en est le reflet puisque la peine demandée a été relativement légère, compte tenu de la gravité des faits : douze ans de réclusion.

Ces éléments semblent ne pas avoir non plus échappé aux jurés, qui ont confirmé la peine. Combien de temps encore la Communauté de la Nativité aurait-elle sévi si ce drame n'en avait pas révélé les pratiques ?

Certes, les Dominicains alertés par un ancien adepte et le rapport d'un prêtre diligenté pour aller voir ce qui se passait, avaient pris de la distance en rompant l'agrément de " Fraternité Dominicaine " qu'ils avaient accordé à la Nativité, mais à aucun moment ils n'ont pris de mesures visant à mettre fin à cette Communauté.

L'Évêque de Limoges, dont dépendait la Nativité, ne semble pas avoir accordé crédit aux informations qui lui étaient fournies.

Aucune sanction n'a été prise à l'encontre de l'abbé gourou en second de la Nativité, qui reste prêtre. Il aurait simplement été " mis à la disposition de l'Évêque de Périgueux ", lequel lui aurait adressé (dixit l'abbé) une lettre de soutien à l'occasion de sa comparution au procès.


 
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