II est difficile de parler en général des enfants des adeptes de Moon. En France du moins, ils sont peu nombreux et leur situation est très variable : elle dépend des fonctions et surtout du rang hiérarchique de leurs parents dans l'organisation. Quelques-uns, ceux des "chefs", mariés il y a une dizaine d'années, sont d'âge scolaire et fréquentent l'école, sans que des problèmes particuliers soient venus à notre connaissance. Nous savons qu'à certains moments, il y avait au château de Mauny un groupe de jeunes enfants. Pour d'autres, "on se débrouille", une "mère bénie", ou sans enfants, gardant les enfants de plusieurs autres. En Angleterre, il y a une nursery-crèche au QG londonien de Lancaster Gate.
Les extraits de sermons de M. Moon qui sont cités ci-dessous montrent bien que, de toute façon, le bien des enfants eux-mêmes n'est pas pris en considération. Ce qui compte, ce sont les "Principes", ce sont les décisions de "Père" quand il met en oeuvre une tactique nouvelle ; décisions qui peuvent changer brusquement - et changer brutalement le sort des enfants.
La meilleure manière pour les femmes de surmonter la tentation (de refuser d'obéir à cet ordre céleste) était de considérer leurs maris comme leurs ennemis...
Pour la même raison, chaque mère devait considérer ses enfants comme son second ennemi. Alors, même si les enfants pleuraient et tentaient de l'empêcher de partir, cela ne lui faisait pas mal ni ne lui brisait le coeur... C'est pourquoi la Bible enseigne que, dans les derniers jours, les membres de votre famille les plus proches sont votre pire ennemi...
A cette époque, toutes les mères bénies ont reçu leur ordre de marche, et rien n'a pu les arrêter. Elles ont décidé d'abandonner leurs enfants et de les laisser à quelqu'un pour s'en occuper. Dans ce pays, vous avez beaucoup d'organisations de bienfaisance, mais en Corée il n'y a rien de tel. Alors elles ont écrit un petit mot et ont laissé leurs enfants chez des membres de leur famille, qui n'en voulaient pas, sachant qu'elles seraient critiquées. Leurs lettres disaient : "Je n'abandonne pas mon enfant. Je l'aime, et je reviendrai dans trois ans. Voulez-vous, s'il vous plaît, vous occuper de lui jusqu'à ce que je revienne ?".
Ici, en Amérique, j'ai commencé une nursery pour
qu'on s'occupe des enfants des couples bénis mais en Corée
les membres n'avaient pas ce luxe. Il y a des années, quand les
couples partaient témoigner, ils laissaient leurs enfants dans des
orphelinats publics ou passaient les bébés à leurs
parents par-dessus la haie du jardin, avant de s'en aller. Ce n'est pas
le moment de vous accrocher à vos enfants, parce que vous devez
réaliser la condition... Dieu a abandonné son fils Jésus,
alors pourquoi ne pouvez-vous pas abandonner votre enfant et partir pour
le salut du monde ? C'est la stratégie de Dieu la plus logique..."
L'enfant est né, déclaré comme adultérin et donné aussitôt à l'homme qui s'est déclaré le père.
Que pensez-vous de cette pratique ? ".
Quand un couple marié (" béni ") par Moon est stérile, un autre couple mooniste ayant déjà des enfants en conçoit un pour le donner au premier. A la naissance, le bébé est emmené par les nouveaux parents. L'ADFI avait signalé une douzaine de ces dons d'enfants dans l'État américain d'Alabama. Dans cet État, la loi permet d'adopter un enfant avant sa naissance, à condition qu'aucun intermédiaire n'intervienne et qu'il n'y ait pas de rétribution.
Bulles avait connaissance de deux cas en France, où la loi ne permet pas de disposer d'un enfant avant sa naissance.
Dans le cas signalé après la conférence de Mme Moon, la mère donneuse, qui réside et a accouché en France, n'a indiqué à l'hôpital que son nom de jeune fille. Quelques jours plus tard, un monsieur suisse s'est présenté, a reconnu l'enfant et l'a emmené. Pour l'état civil, l'enfant est réputé né de ce monsieur et de la mère donneuse. ( mater certissima...). Or ces deux personnes, moonistes de longue date, sont mariées chacune de leur côté (par Moon, bien sûr).
L'ironie de l'affaire est que cet enfant est déclaré comme le fruit d'un double adultère (entre la mère donneuse et le monsieur qui a reconnu le bébé) ce qui est tout à fait contraire aux beaux principes sur lesquels Mme Moon a tant insisté. Le couple donneur assure avoir engendré et conçu l'enfant. La grand-mère non mooniste n'a été mise au courant que lorsque l'affaire s'est ébruitée dans l'entourage de ses enfants.
Si bizarre, scandaleuse et contre nature que cette pratique nous apparaisse, il faut voir qu'elle est en accord avec les doctrines moonistes, et en est même la conséquence obligatoire. Le monde ne peut être sauvé que par les " familles idéales " : grands-parents, parents, enfants. Mais ces familles ne se constituent que par la bénédiction de Moon, quand il marie les couples qu'il a choisis, sans les connaître (sur photos). A l'origine, le breuvage contenant (un peu) du sang de Moon que boivent les mariés, représente l'acte par lequel le nouveau Messie lavait la femme de la souillure d'Eve. Les époux ainsi purifiés donnaient naissance, quand ils y sont autorisés et invités, à des enfants exempts du péché originel.
Or il y a, parmi les couples moonistes, la même proportion de stérilité que dans l'ensemble de la population. On peut ainsi calculer le nombre de couples à qui il faut impérativement donner une descendance, sous peine d'exclusion du royaume de Dieu. Comme ils ne peuvent pas adopter un enfant " satanique ", il faut qu'un couple mooniste leur fournisse un " enfant sans péché ". " Dieu est mathématique ", disait un disciple subjugué par les " Principes Divins " de Moon.
Qui désigne les couples donneurs ? On n'a pas de trace écrite d'instructions dans ce sens, et il est peu probable qu'on en trouve jamais. On sait seulement que les couples qui acceptent sont très admirés: " Je trouve cela merveilleux. Je suis bien dans ma peau " ... disait, le soir de la conférence, la mère donneuse, très entourée. Les familles donneuses retirent-elles quelque avantage de leur sacrifice ? Certainement pas en argent, car tout appartient à Moon ; mais à coup sûr en dignité à l'intérieur de la hiérarchie de l'organisation mooniste, dispensatrice des situations plus ou moins avantageuses.
" Je combattrai avec ma vie ", dit la " promesse " des moonistes, répétée toutes les semaines. Même s'ils ne le savaient pas au départ, cela inclut la vie qu'ils donneront: leur enfant. Que pensera plus tard cet enfant qui ne connaîtra pas ses vrais parents et qu'en pensent déjà ses quatre frères et soeurs ?
Pour nous, comme pour la grand-mère, c'est tout simplement inhumain. Cela nous montre jusqu'à quel point peut aller la manipulation des sentiments, même le plus profond : l'amour maternel. (L'échangisme entre couples et enfants se pratique dans d'autres " sectes " : mais leur " immoralité " est considérée avec horreur par les vertueux moonistes). Passe encore que Moon choisisse les conjoints: on nous a dit que les mariages " arrangés " avaient longtemps été courants chez nous et le sont encore dans bien des pays. Mais qu'il décide (lui ou ses représentants) à qui sera donné un enfant à naître, détruisant le lien affectif le plus fort qui existe - rien ne saurait le justifier.
A côté de cela, le fait que la loi française sur l'adoption soit superbement ignorée peut paraître secondaire. Mais on en vient à se dire que d'autre lois peuvent être tout aussi allègrement transgressées, si tel est l'intérêt de l'organisation, sans que les transgresseurs éprouvent le moindre scrupule.
Question subsidiaire : Moon a marié de façon posthume un de ses fils qui s'était tué, à 17 ans, au volant de sa voiture de sport, à une fille de son adjoint, Bo Hi Pak. Mais il leur faut aussi un enfant. Sans doute un couple choisi aura eu le privilège de leur en fournir un.
Plus fort encore : M. Moon a jugé indispensable de marier
Jésus (qui a échoué, entre autres raisons, parce qu'il
ne s'est pas marié) avec une Coréenne, nous a-t-on dit. A
eux aussi, il aura fallu donner un enfant !
Un cas concernant un enfant français, a été rendu public par sa grand-mère.
Le co-fondateur en France de l'organisation Moon a assuré qu'il "désapprouve totalement le fait que [les parents naturels de l'enfant] aient fait une fausse déclaration devant la loi" (sic). "D'autre part", ajoute-t-il, "ni notre église, ni moi-même n'avons jamais donné de directives concernant le don d'enfant. C'est un domaine qui relève de l'entière responsabilité" [des intéressés] (19/11/1993).
Contrairement à ce que nous pensions à l'époque, il existe bien des instructions écrites et imprimées à ce sujet. Nous les avons trouvées dans une publication mooniste destinée aux "familles bénies" (mariées par Moon) : "Blessed Family", 1er avril 1985, vol 4 ("Journal international pour les familles bénies du mouvement de l'unification", The Rose of sharon Press Inc., GPO Box 2432, New York, NY 1O116).
P. 95 : Questions et réponses du "Rev." Kwak Chun Hwan, l'une des autorités les plus révérées de l'église de l'unification :
Question : "Y a-t-il une tradition spécifique à suivre pour cette offrande, la plus précieuse ? Par exemple, cela devrait-il se faire uniquement à l'intérieur de la trinité (le traducteur avoue ignorer ce que signifie ici "trinité") ou seulement à l'intérieur du même niveau de bénédiction ?"
Réponse: "le plus idéal (sic : the most ideal) est d'adopter un enfant issu de la propre trinité du couple. Cependant il n'y a pas de règle absolue. Sil n'est pas possible de recevoir un enfant par la voie de la trinité, vous pouvez en recevoir un du même niveau de bénédiction ; si ce n'est pas possible, un arrangement avec n'importe quel autre couple béni est acceptable".
Question : "Nous aimerions avoir un enfant pour un couple sans enfant. Devrions-nous avoir d'abord nos propres enfants ? Y a-t-il pour nous des directives à suivre ?"
Réponse : "Intérieurement le don d'un enfant est le partage de l'amour le plus profond du couple. Extérieurement les neuf mois de grossesse, l'accouchement et la naissance de l'enfant ne sont pas faciles à vivre pour la mère et les parents. Pour celle raison, il est préférable que vous ayez d'abord un enfant à vous. Cela apportera de la consolation à votre coeur quand vous ferez cette offrande extrêmement précieuse. Il est également sage d'offrir l'enfant jeune, même avant la conception. Cependant ce n'est pas une condition nécessaire."
Je répète que le plus idéal est d'offrir [un enfant] à un couple sans enfant de votre trinité ou de votre niveau de bénédiction. Vous pouvez trouver un couple vous-même ou informer votre figure centrale, ou le Département des Familles bénies, de votre intention de le faire, et cela peut être arrangé par eux. "
Précisons que le bébé mentionné plus haut a retrouvé, par décision de justice, ses parents naturels et son véritable état civil, falsifié selon les déclarations du "père adoptif".
Il y a eu une enquête sociale et une évaluation psychologique pour s'assurer que l'enfant ne serait pas mal accepté par ses parents et ses quatre frères et soeurs.
Dans une communication de Watchman Fellowship, Alabama (un groupe chrétien) il est relaté comment le couple Paul Werner (61 et 59 ans, ancien chef des moonistes en Allemagne, devenu vice-président du chantier naval "Master Marine" de Moon à Bayou-la Batre) a reçu en mai 1988 un enfant des Klammerstein (Autrichiens). Dans tous les cas (il y en aurait eu déjà une douzaine à l'époque, selon Me Hager, avocat de l'église de Moon) les couples sont arrivés au neuvième mois de grossesse de la femme, et sont repartis presque aussitôt, après avoir donné l'enfant (Cité dans CAN News Chicago, février 1989).
Voici comment les enfants moonistes doivent se prosterner, front
contre terre, devant leurs parents (eux-mêmes assis sur leurs talons,
à l'orientale, devant un autel décoré du portrait
des "vrais parents" flanqué de fleurs et d'un cierge allumé)
lors du renouvellement de la promesse tous les dimanches matin.
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