J'ai fait un test de personnalité. J'étais apparemment trop nerveux. J'avais besoin de gens qui m'écoutent. Ils étaient accueillants : ils vous serrent la main, vous sourient, vous écoutent. Dans une grande ville, on ne rencontre pas cela souvent. J'avais vingt-huit ans. Par la suite, j'ai mis des prospectus dans les boîtes à lettres. Puis j'ai vu des gens dépenser des sommes astronomiques, donner la moitié de leur salaire, vendre leur voiture, divorcer, vendre leur commerce.
J'ai commencé à me poser des questions. Comme j'étais trop nerveux, on m'a dit de faire de l'audition dianétique. J'ai donc fait trois "intensives". On répète un mot, une image, une couleur, une odeur. On vous fait répéter des choses difficiles à vivre, vos souvenirs, la perte d'un parent... On déterre. Je suis remonté jusqu'à ma naissance. D'autres, jusqu'à leur vie antérieure ! 25 heures en trois jours. Jusqu'à devenir inconscient, tant on est fatigué, jusqu'à n'être plus dans son état normal. Je suis tombé dans l'irréalité. Ils vous donnent d'autres bases : ils ont la vérité, ils vous la font partager.
Finalement, c'est leur vérité, ce n'est pas la vôtre. C'est une réalité qui n'existe pas. Ils vous font miroiter n'importe quoi : j'ai signé un contrat d'un milliard d'années ! Et je ne crois pas à la réincarnation. Il faut être un peu bargeot. Je n'avais plus conscience de la réalité.
Je suis parti à Copenhague aux frais des Assedic parce qu'ils m'ont promis un emploi. Mais là-bas... Travailler quinze heures par jour pour mille francs par mois, ce n'est pas supportable. L'armée ne m'a jamais plu. La Scientologie est fermée, cloisonnée comme l'armée. Et ça je le refusais. Ici tout paraît gentil, mais à Copenhague, c'est une armée.
Xavier Delamare, quand je l'ai vu pour la première fois, était habillé en sous-officier de marine. Cela n'a rien à voir avec une religion. Quand vous allez prier dans une église, on ne vous demande pas d'argent. Si vous voulez, vous achetez cinq francs un cierge... Là, pour être meilleur, il faut dépenser des milliers de francs. Ils m'ont demandé de vendre ma moto. Ils auraient pu demander n'importe quoi mais pas ça. Pas ma moto ! C'est ce qui m'a fait revenir sur terre. Alors, j'ai fait croire que je retournais à Marseille, que je vendrais tout et que je reviendrais. Puisqu'ils mentent tout le temps, je mentais aussi.
La séparation a été très difficile à assumer. J'ai vécu cela comme on vit un manque, une dépendance. Mais j'ai fini par porter plainte et ils m'ont rappelé, ils ont essayé de faire pression. Sous l'emprise de la peur, j'ai signé une décharge. Ils menaçaient de révéler à mon employeur que j'avais volé, quand j'étais adolescent, un vélo et une mobylette.
Je suis venu au procès mais j'avais encore peur. Et, en même temps, envie de leur rendre la monnaie de leur pièce. C'était ma peur à dominer, ma vie de victime à affirmer. Aujourd'hui je suis content. J'ai réussi à me retourner, à regarder l'avocat, à lui dire que s'il voulait, je pouvais lui donner le vélo et que s'il en trouvait le propriétaire, je rendrais la mob ! Je n'ai plus peur.
Vendredi, je vais passer des tests pour un emploi. J'ai tourné le dos au passé.
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