Les Enfants de Dieu n'ont rien perdu de leur nocivité

(sources : BULLES du 3ème trimestre 1991).

 

Depuis leur apparition, dans les années 60, en Californie, les Enfants de Dieu nous ont habitués à de rapides changements de cap, au gré des humeurs, des fantasmes de leur leader, Moïse David ou " MO ".

 Arrivés et bien accueillis en France en 1972, regroupés en petites colonies strictement hiérarchisées, ils sont connus par les bandes dessinées distribuées sur la voie publique et par leurs chansons... ils annoncent ainsi l'amour de Dieu... et récoltent beaucoup d'argent.

Vers 1974, ils défraient la chronique - et désolent leurs familles - quand on découvre le nouveau visage de leur prosélytisme : le flirty fishing, autre forme de prostitution pour l'" amour de Jésus ".

 En 1978, c'est le massacre de Guyana : ce suicide des 908 disciples d'un autre guru : Jim Jones.

 Dès lors, sous l'empire de la peur, vont se succéder ordres et contre-ordres pour Enfants de Dieu. Les directives parviennent aux adeptes par les " Lettres de MO ", réseau serré de correspondance, dont )es destinataires, pour les tiers, sont insaisissables.


L'entrée dans la clandestinité

C'est d'abord un long texte, fiche de détails pratiques : " Entrée dans la clandestinité ", allant de pair avec la dissolution de l'Association déclarée " Enfants de Dieu " qui sera désormais " Famille d'Amour ".

 Un an plus tard, avec la lettre " Avec la Foi, vous camperez ", la consigne est donnée de vivre en caravanes ou en camping-cars, plus mobiles, moins coûteux, plus discrets... En 1980, nouveau tournant : vendez ou laissez vos caravanes... et " Partez pour l'Amérique Latine ". Suit un long document donnant toutes précisions utiles pour le voyage et le séjour, des conseils pour la santé et celui " de vivre aux frais des 'clients' s'il se peut ".

 1982-83. Peu de lettres de " MO ". Mais là-bas, le dénuement de certains adeptes semble extrême. Il y a de nombreux enfants... des jeunes femmes enceintes sont rapatriées. A peine rétablies, une nouvelle destination leur est programmée : l'Inde ou l'Indonésie.
 

Les nouvelles se font rares

Depuis cette date, les Enfants de Dieu ne faisaient guère parler d'eux en France. Ils étaient encore une centaine, disséminés en appartements, observant à la lettre les consignes de clandestinité, liés par les fameuses " Lettres de MO " : " A moins qu'on ne m'attrape, on ne peut pas arrêter les lettres. Je suis le principal qui doit surveiller ses pas et essayer de ne pas être capturé ", écrivait-il à cette époque.

 De rares nouvelles parvenaient aux familles, de Macao, de Hong-Kong, du Japon, où ils ouvraient " Les Écoles du XXIè siècle ".

 Le Japon fut sans doute pour Moïse David le dernier espoir : " Le Japon est peut-être la plus grande moisson sur la terre... la plus importante avant que le Seigneur revienne (G.N. 329. Août 1988). Dieu aime le Japon ".

 " Nos enfants vont gouverner le monde ; ils vont parcourir les villes, les départements, les provinces, les gouvernements, les nations... " (G.N. 90).

 Ce sera aussi le terrain de ses dernières illusions, car bientôt s'annonce la débâcle : " Cela devient difficile d'avoir du soutien et ça réduit les ressources de toute la famille ". " Juste à la fin de cette année (1990), nous pouvons découvrir que c'est notre première année de déclin... les rentrées d'argent diminuent... notre famille au Japon a eu son dernier Bing Bang. Il n'y a presque plus de place où aller, que chez soi... " (G.N. 9).

 La partie serait-elle perdue ? En Extrême-Orient, restent encore les Philippines. Malgré les mises en garde du Cardinal Sin, les Enfants de Dieu ont réussi, flirty-fishing aidant, à infiltrer l'armée qui assure à " Jumbo ", immeuble que la secte possède à Manille, une protection de jour et de nuit.

 Le Brésil demeure un lieu d'asile idéal pour ceux qui ne trouvent pas refuge ailleurs. A Rio de Janeiro, fonctionne un centre hautement lucratif d'enregistrement et de production de cassettes vidéo et audio-visuelles. Belo Horizonte est le centre opérationnel d'où partent toutes les directives pour l'Amérique du Sud.

 Rien d'étonnant, devant toutes ces mutations, de voir des Enfants de Dieu " revenir au pays ". Les voici donc à nouveau en France, sur les parkings, dans les restaurants, où les jeunes enfants captent l'attention par leur gentillesse et vendent cassettes et posters... Une nouvelle association est fondée : l'Action Missionnaire Internationale, qui paraît s'étendre aux pays de l'Est. Elle cherche à recruter des adhérents, mais davantage recherche des commerçants, des grossistes qui leur fournissent alimentation et vêtements à moindre frais.

 En vérité, les effectifs diminuent. Le livre de Deborah David, la fille de Moïse David, dénonçant - à regret - les turpitudes de son père, a provoqué des défections. Des parents, ex-adeptes, cherchent à récupérer leurs enfants. Depuis 1982, les lettres ne sont plus signées " Father David ". Elles s'intitulent " Good News ", émanent de Zurich où les Enfants de Dieu, ont depuis toujours un centre important et une école. Les dernières qui portent le nom du guru sont incohérentes, violentes, explosant d'invectives contre le " système diabolique " qu'est notre société.

 Reconnu comme sénile et alcoolique depuis plusieurs années, Moïse David vit-il encore ? Certains le disent au Brésil.

 La direction de la secte revient-elle à Maria ? Il semble que cette femme qu'il avait épousée en 1974 ait largement contribué au développement exacerbé des abus sexuels chez les Enfants de Dieu. Devant les conséquences qui pèsent sur les enfants qui en furent victimes, devant la peur du sida, Maria aurait lancé de nouvelles directives : contrôle strict du flirty-fishing, test du Sida obligatoire.
 

La seconde génération

Même si la secte est en régression, c'est pour cette deuxième génération que le problème reste entier et alarmant.

 Ils étaient 5.800 en 1985... Certains vivent " en familles ". Ce qui ne veut pas dire avec leurs parents. D'autres, en " colonies ". Il en existe dans le midi de la France, en Italie, en Espagne, on entretient autour d'eux un climat apocalyptique, nourri de prophéties, en images, en cassettes... On les persuade qu'ils vont acquérir des pouvoirs supra-normaux destinés à promouvoir la suprématie des " Jeunes filles du Paradis " (?).

 Mais, hélas, ce sont des épidémies qui se sont déclarées (épidémie d'herpès en 1990) nécessitant la création de centres de rééducation et de soins. C'est en Espagne que des colonies, repérées, ont été visitées. Les rapports médicaux concernant vingt-deux enfants font apparaître des blocages mentaux chez les mineurs (de 11 mois à 14 ans). Enfants déjà pervertis ou profondément blessés, sous l'autorité de la Généralitat, ils sont confiés à un centre d'accueil de Barcelone. 22 enfants sur 5.000. Et les autres ?

  

 
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