France : sectes

Le contrôle de l'obligation scolaire

Proposition de loi

(source : BULLES du 3ème trimestre 1998)

Devant le rejet de la proposition de résolution présentée par JP Brard, certains parlementaires ne sont pas restés inactifs. Le Rapport annuel 1997 de l'Observatoire Interministériel sur les Sectes  publiait en annexe (p. 51) les recommandations des députés JP Brard, J Guyard et A. Gest pour " renforcer le contrôle scolaire et la protection sanitaire des enfants. Cette proposition a pour but la sauvegarde des enfants hébergés dans des sectes, dont l'éducation et la santé sont souvent compromises ".

Le Sénateur S Mathieu présentait, le 24 juillet 1997, une proposition de loi " relative à l'obligation de scolarité " , suivie et remplacée par la proposition du Sénateur N About pour " renforcer le contrôle de l'obligation scolaire " (29 janvier 1998).


L'UNADFI et le problème des enfants des sectes non scolarisés

La défense des Droits de l'Enfant a été, depuis toujours, l'une des préoccu-pations majeures de I'UNADFI. Rappelons seulement :
  • le numéro spécial de BULLES n° 23, en 1989, " Sectes et Droits de l'Homme ", à l'occasion du bicentenaire de la déclaration des Droits de l'Homme, dans lequel on dénonçait les atteintes graves aux Droits de l'Enfant ;
  • le BULLES n°31, en 1991, intitulé " Sectes et Droits de l'Enfant " ;
  • Les Enfants des Sectes d'Hayat El Mountacir, publié en 1994 chez Fayard.
  • Que de drames l'UNADFI et les ADFI régionales n'ont-elles pas dénoncés.

    S'agissant plus particulièrement du droit de l'enfant à recevoir une instruction et une éducation qui permettent son développement intellectuel, physique, psychologique, moral et social, nous avions alerté l'opinion et les pouvoirs publics sur le fait que les enfants, dont les parents appartiennent à une secte, et qui ne sont pas scolarisés dans un établissement d'enseignement public ou privé sous contrat simple ou d'association, étaient souvent victimes des carences graves suivantes :

    a) Non déclaration des enfants

    Contrairement à la législation actuellement en vigueur, de nombreux parents ne déclaraient pas à la mairie que leurs enfants n'étaient pas scolarisés dans un établissement d'enseignement public ou privé, ou bien les responsables des sectes n'en déclaraient qu'un petit nombre. Les sanctions prévues par la loi à cet effet n'étaient pas suffisamment dissuasives, et les parents savaient pertinemment qu'elles n'étaient pas toujours appliquées.

    b) Instruction déficiente

    L'instruction donnée à l'enfant par sa famille ou la secte laissait souvent à désirer. Mais comment pouvait-on s'en assurer ? Les lois de 1882 et 1936 prévoyait certes d'effectuer un contrôle, mais un contrôle insuffisant et inadapté à l'évolution des conditions actuelles de l'instruction. D'autre part, aucune sanction n'était prévue au cas où le contrôle faisait apparaître les déficiences de l'instruction.

    c) Éducation a-civique et a-sociale

    Quelle éducation pouvait être donnée dans ces sectes dont on connaît les pratiques a-civiques et a-sociales ? La loi n'imposait qu'une obligation d'instruction . Et là encore quel contrôle était possible ? L'UNADFI sait bien comment des éducateurs sociaux, des psychologues, des médecins, des psychiatres, des enseignants, des experts judi-ciaires ont pu être trompés par le gourou de la secte, par les parents, ou par les enfants. Consciente de toutes ces violations des Droits de l'Enfant, c'est avec grand intérêt que l'UNADFI a pris connaissance du projet de loi proposé par le sénateur N. About.

    La proposition de loi

    Le 29 janvier 1998, le sénateur N. About présentait au Sénat une proposition de loi " tendant à renforcer le contrôle de l'obligation scolaire " pour pallier les insuffisances des lois du 28 mars 1882 et du 11 août 1936.

    Après avoir rappelé les limites des articles des lois de 1882 et 1936 :

    La proposition de loi répond aux trois objectifs suivants :

    a) Le contrôle du niveau scolaire plus fréquent

  • instaurer un contrôle scolaire annuel jusqu'à seize ans,
  • instaurer un véritable examen qui permette de vérifier si l'enseignement reçu est conforme aux programmes officiels dispensés aux enfants de son âge,
  • assurer le suivi pédagogique de l'enfant,
  • effectuer le contrôle scolaire dans un établissement d'enseignement public, hors du milieu familial.
  • b) Les obligations concernant les enfants non scolarisés

  • l'obligation pour les personnes responsables d'un enfant non scolarisé dans une école publique ou privée d'avertir le maire,
  • l'obligation, dans les huit jours suivant l'avertissement de l'inspecteur d'académie, de déclarer que l'instruction sera donnée en famille,
  • l'obligation de placer l'enfant, en cas de résultat scolaire insuffisant, dans un établissement d'enseignement public ou privé sous contrat (sous huit jours), signaler le choix de l'école au maire, sinon inscription d'office,
  • l 'obligation de faire connaître les motifs exacts de l'absence de l'enfant et de ne pas laisser l'enfant manquer la classe quatre demi-journées dans le mois, sans excuse valable ou motif légitime,
  • toute infraction en ces domaines sera punie de trois mois d'emprisonnement et de 300.000 F d'amende.
  • c) L'interdiction du démarchage à domicile

  • les enfants d'âge scolaire, ne peuvent, sans autorisation individuelle, être employés, ni bénévolement, ni contre rémunération, pour faire du démarchage à domicile, à des fins commerciales, idéologiques ou religieuses, ou pour distribuer des tracts,
  • les autorisations individuelles sont accordées ou retirées par le Préfet sur avis d'une commission départementale pour la protection de l'enfance.
  • L'UNADFI souhaite que cette proposition de loi puisse être votée le plus rapidement possible, car elle offre une possibilité de réprimer et sanctionner les abus concernant l'instruction et l'éducation dont sont exclus les enfants des sectes.

     

     
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