(Source: extrait de la brochure "Les sectes en France", édité
en juin 1991 par le CCMM)
Le sens de ce mot est à peu près impossible à définir
avec exactitude. Il couvre en effet des groupes très divers, dont
certains sont inoffensifs, voire bienfaisants, en tout cas légitimes.
Ce n'est évidemment pas contre ceux-là que nous luttons,
mais contre ceux dont la malfaisance est prouvée. En d'autres termes,
comptent seuls pour nous des agissements, non des croyances. Comme le déclare
notre Charte, les "croyances, si aberrantes ou bizarres qu'elles puissent
paraître, ne nous concernent pas". Contrevenir à ce principe
mettrait gravement en danger la liberté, à laquelle nous
sommes attachés de tout notre être. En revanche, des actes
malfaisants appellent une réplique d'autant plus vigoureuse que,
dans le cas particulier, c'est à des entreprises totalitaires que
nous avons affaire ; en les combattant, nous combattons très
précisément pour la liberté et la dignité de
la personne humaine.
La question si souvent posée : "Ce groupe est-il une secte ?" est
donc pour nous sans fondement. Ce n'est pas aux sectes en général
que nous en avons, mais à des entreprises nomméments désignées,
celles-là même que nous examinons ici et dont la malfaisance
ressort de leurs agissements. Or, un de leurs traits majeurs est de se
dérober derrière un écran de chatoyants nuages. Le
but de cet opuscule est de révéler la réalité
concrète sous le masque idéaliste, de laisser simplement
parler la vérité telle qu'elle est.
Bien entendu, nous ne pouvons nous dispenser de présenter
la doctrine propre à chaque secte ; mais cet examen, si réduit
soit-il, n'a qu'un objet : mieux faire comprendre la pratique et les agissements
qui seuls nous importent. A forer minutieusement notre route dans cette
jungle touffue et étouffante des sectes nous finissons par nous
laisser prendre à la prodigieuse diversité apparente des
espèces qui la constituent. Sectes pseudo-chrétiennes, pseudo-hindouistes,
ou philosophiques, ou scientifiques, ou écologistes, ou naturistes,
existe-t-il seulement des traits communs entre elles ?
En réalité, elles sont toutes semblables et quasiment
interchangeables. On s'en convaincra si on met en parallèle
les caractéristiques qui composent chacune de ces sectes.
2. Pouvoir du gourou
Essayons de décrire sommairement cette image composite. La "doctrine",
imanquablement, propose paix, bonheur, amour, l'âge d'or ; ajoutons-y
la toute puissance de l'esprit sur la matière, avec des pouvoirs
supra-normaux dévolus à ceux des adeptes qui iront jusqu'au
bout. Cet âge d'or doit advenir très vite, dès que
la secte aura conquis le monde ; pour cela, un seul chemin, celui que définit
la secte elle-même. Les adeptes sont seuls sauvés, ils sont
l'élite des hommes.
Inmanquablement, on trouve à l'origine un homme qui
a une révélation. Qu'elle vienne de Dieu ou de lui-même,
qu'il se baptise gourou, maître, révérend, berger,
commandant ou quoi que ce soit d'autre, peu importe : il est celui qui
sait tout, sans autre preuve que sa parole. Et il règne absolument,
sans discussion. Dans la plupart des sectes (pas dans toutes), ce pouvoir
dictatorial, totalitaire, s'exerce par l'intermédiaire d'une
hiérarchie rigoureuse de chefs et de sous-chefs, cascadant du
haut vers le bas sans jamais ombre de système électif. Là
où cette struture n'existe pas, l'obéissance est néanmoins
aussi complète par une soumission spontanée, sans révolte
aucune de l'esprit critique.
Inmanquablement, les dirigeants jouissent de la vie et les adeptes
travaillent, exploités comme des esclaves au mépris de
toute législation sociale. Inmanquablement, la secte dispose
de richesses sans commune mesure avec le nombre de ses adhérents.
Inmanquablement, ces richesses profitent aux seuls dirigeants, tandis
que les adeptes vivent dans le dénuement, quand ce n'est pas
dans la misère psychologique.
Inmanquablement enfin, le drame est présent, voire
la tragédie : familles brisées ou dépouillées,
jeunes vies ruinées, suicides parfois atroces, délabrement
psychique...
3. Régression des adeptes
Considérons maintenant de nouveau, dans cette origine synthétique,
la variété apparente des sectes. On y distingue en gros une
obédience orientale (hindouiste, japonaise, coréenne), une
occidentale et une écologiste. Toutes les sectes orientalistes
suivent le même cheminement : le gourou émigre aux Etats-Unis,
y habille ses idées d'un vêtement religieux, profite ainsi
d'allègements fiscaux, s'enrichit, et s'attaque alors à l'Europe
pour achever sa conquête du monde. Inmanquablement, le message
proposé dénonce les valeurs fondamentales de la civilisation
moderne : esprit critique, tolérance, respect de la personne
humaine, liberté démocratique, croyance en la volonté
individuelle, l'initiative, l'action, le progrès. Quant aux sectes
d'origine occidentale et pseudo-écologiste, ou elles se teintent
d'hindouisme en rejoignant donc leurs soeurs orientalistes, ou elles prennent
un aspect carrément faciste, ou elles jouent d'un anarchisme si
outré qu'il détruit les valeurs morales élémentaires
et la notion même de la société civilisée. Finalement,
le résultat concret est le même pour toutes les sectes
orientalistes ou non : régression de l'homme, destruction
de ses pouvoirs rationnels, soumission absolue à un maître,
élitisme, le tout pouvant aller jusqu'à une monarchie esclavagiste
de droit divin. Fait typique : à peu près toutes les sectes
dénoncent la médecine officielle, et ne croient qu'aux recettes
de sorcier.
Ainsi les ravages qu'elles opèrent dans les personnalités
individuelles, outre la rupture avec les liens familiaux, les sectes
examinées ici représentent un effort pour déstabiliser
en profondeur notre civilisation, dans son esprit même.