Dévôts de Krishna

Aick-Isckon ou Krishna ?
Un choix difficile

Source: Bulles du 2ème trimestre 1987

 

Cet article fait suite aux réflexions parues dans l'article de l'ADFI sous le titre " La conscience de Krishna. Après l'imposture, connaîtra-t-elle le renouveau ? ".

 

Le temps semble bien arrivé pour les Dévôts de Krishna de se préciser dans un choix qui risque bien d'être aussi difficile que déterminant.

 Pour certains, la solution aux énormes problèmes de l'heure ne peut venir que dans un assainissement des structures partant des États-Unis (pourtant bien ébranlées), pour d'autres c'est au contraire le retour vers les maîtres indiens, à la source doctrinale épurée de tout mercantilisme. D'autres encore, plus catégoriques, ont coupé toutes relations avec les groupes et les gourous, convaincus que l'enseignement de Prabhupada n'a pas été bien compris ni assimilé par les Occidentaux et que certains en ont fait de tels abus de pouvoirs et de libertés qu'il n'est que logique que la situation de la secte soit ce qu'elle est actuellement : une désintégration complète du mouvement sur le plan mondial.

 " L'Hindouisme aujourd'hui " de septembre-octobre 1986, dans un article dont l'objectivité ne rend que plus sévère l'analyse, évoquant l'évolution de l'AICK durant ces douze dernières années, ne craint pas de dénoncer les activités criminelles et immorales dont furent responsables les Gourous de l'ISCKON.

 Le problème fondamental qui en fut la cause, fut bien en vérité la distorsion du centre même, de la philosophie CHAITRANYA que certains leaders lui donnèrent pour servir leurs convenances et leurs intérêts. De ce fait, il ne serait plus possible d'espérer un véritable nettoyage des structures actuelles et il semble nécessaire que la hiérarchie d'ISCKON soit dissoute.

 Si certains Dévôts espèrent encore en Krishna et lui gardent leur Foi, il est peut-être grand temps pour ceux qui l'ignorent encore, de savoir que leur Dieu et l'AICK-ISCKON sont deux expressions bien différentes, qu'à Vrindavan, pays natal de Krishna, l'association américaine et les Dévôts occidentaux n'occupent qu'une très petite place et que les Hindous s'étonnent souvent de leur comportement ou d'expressions rituelles qui ne sont pas tout à fait du crû indien.

 Il faut également préciser que lors des grandes fêtes indiennes dédiées à Krishna qui rassemblent des centaines de milliers de personnes, participent aussi, mais en très faible minorité, des Dévôts européens qui n'en sont nullement les organisateurs. Par contre, ils sont connus pour leur activité dans la diffusion de la Bhagavad Gita dans le monde et leur prédisposition à utiliser les clichés qui peuvent les servir, comme les photos de personnalités ou les annonces d'actions pseudo-humanitaires.

 Depuis plusieurs mois cependant, en Inde comme ailleurs, les revers éprouvent le mouvement qui s'effrite et c'est cet aspect local de la situation de la Conscience de Krishna qui, joignant les effets occidentaux, permet au journal indien d'en faire la synthèse.

 En France, de Luçay-le-Mâle, dernier bastion des Dévôts, une trentaine de personnes, enfants compris, maintiennent le rituel, observent le rythme des fêtes. Au cours des cérémonies où rien ne manque des fastes anciens, on oublie les rigueurs du quotidien. Les manques d'eau, d'électricité, les besoins d'argent sont peut-être compensés par les promesses de la venue d'un Gourou indien qui apporterait les secours financiers de l'Inde (?) !!

 En attendant, la commune de Lucay-le-Mâle, commence à reloger les familles, les enfants vont maintenant à l'école communale et les Dévôts s'appliquent à faire oublier aux habitants qu'ils étaient des impurs Kharmis dont sans vergogne on pouvait abuser.

 Aux dernières nouvelles qui nous parviennent des États-Unis, la revue américaine " Rolling Stone " du 9 avril 87, dans un reportage de sept pages, relate les événements très graves qui sensibilisèrent le mouvement et furent cause de son déclin. On y parle de meurtres, de vols, de trafics de drogue, de femmes battues, de sinistres histoires, de nature bien justement à ternir définitivement les nom de l'ISCKON. A décider peut-être aussi les Dévôts encore hésitants à opter enfin pour la voie rassurante du retour aux sources et de l'agriculture, sous le regard paisible des vaches sacrées.

  


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