Les sénateurs, notamment, sont l'objet des attentions d'une association anti-drogue "coordonnée" par la Scientologie. Dans un premier temps, de discrets émissaires ont pris contact avec leurs attachés parlementaires. Enhardis, les Scientos en sont maintenant à s'adresser directement aux sénateurs pour leur proposer de venir sur place voir d'autres centres Narconon de désintoxication fondés par la secte. Evidemment pas celui de Bavière, qui a donné lieu récemment à un terrifiant reportage de l'hebdo "Der Spiegel". Mais les parlementaires pourraient visiter, par exemple, le Narconon de Suisse. Et "à une date de votre choix", cher sénateur.
Les Scientos viennent, de la même façon, de manipuler Chirac, comme l'a déjà signalé "Libération". Le 25 janvier, le maire de Paris avait patronné un spectacle organisé au Théâtre du Gymnase de l'Ecole de l'Eveil, une des succursales de la secte les plus connues. Aujourd'hui, l'Hôtel de ville se perd en explications embarrassées et noie le poisson. Mais si Chirac s'est fait piéger par des gens qui envoient à sa place des cartons d'invitation ("Le maire de Paris vous prie..."), dit froidement le texte du bristol), qu'est-ce qu'il attend pour porter plainte
Perplexité aussi, dans les rangs d'Amnesty International,
dont la direction a choisi la cantatrice Julia Migenes comme vedette de
son gala du 25 mai prochain, au Palais des congrès. En voyant le
nom de leur organisation humanitaire mêlé à celui de
Julia Migenès, porte-parole officiel des Scientologues, nombre d'adhérents
d'Amnesty ont jugé qu'il s'agissait là d'une sacrée
fausse note.
U-Man relève de la Scientologie (le livre "Sectes,
état d'urgence" en a fait mention). On ne peut que s'étonner
que des entreprises acceptent un tel test et qu'elles puissent persister
à les maintenir pour leur personnel, alors qu'il est empirique et
discriminatoire.
Parmi ces organisations, l'une des principales est "CCI" (Coordination-Communication-Innovation), installée au château de Philippseich (Hesse) qui organise des "séminaires" auxquels les patrons (scientologues ou sympathisants) envoient leur personnel. Ceux qui refusent courent le risque d'être virés comme "personnes suppressives". On note aussi "U-Man International" à Berlin, "On Top Management Training Individuel", MCJ (Motivationstraining Coaching Jahn) à Munich, Dr Gach & associés à Dinslaken... ces entreprises changent assez souvent de nom.
Les patrons qui ont recours services de ces cabinets n'enregistrent pas que des succès. La Wirtschaftswoche du 22 mars 1991 cite des faillites et même un suicide. Ainsi Rudolf Willems, négociant en aciers à Dusseldorf, s'est suicidé après avoir été contraint de déposer son bilan. Le syndic a découvert que 400.000 dollars étaient passés de la caisse de l'entreprise dans celle de la Scientologie "pour achat de livres...". Les "Celebrity Centers" servent à appâter les "managers" et en général toute personne ayant de l'influence et voulant la garder et l'augmenter. Artistes, chanteurs, stars, en tout genre vantent dans des conférences les bienfaits de la Dianétique.
Selon la Wirtschaftswoche, Götz Brase, agent immobilier à Hambourg, mettait en pratique l'"éthique" scientologique ("le but de l'éthique est d'éliminer de notre entourage les intentions adverses").
Aussi utilisait-il tous les moyens de pression (y compris des coups de téléphone nocturnes) pour faire partir les locataires des immeubles qu'il voulait rendre vides. La Fédération allemande des Agences immobilières l'a prié de démissionner de la Fédération, sous peine d'être expulsé. Ce qu'il a fait. Mais il est sur la liste des grands "patrons" (généralement donateurs) de la Scientologie : il a acheté récemment un château à Seedorf (Holstein) pour (dit-on) 1,7 million de DM (environ 5,38 millions de F) où la Scientologie voulait installer un internat. Les villageois, par leur résistance massive, ont réduit ce projet à néant, comme auparavant à Hoisdorf, près de Hambourg.
La reprise - ou tentative de reprise - de quelques entreprises privatisables n'a pas échappé à la vigilance de la Confédération syndicaliste DGB. Elle y a vu une "pénétration des scientologues dans la sphère économique qui représenterait un danger non négligeable pour la démocratie à l'intérieur des entreprises est-allemandes".
La Jeune Union s'inquiète des efforts de pénétration de la Scientologie par des méthodes agressives de recrutement et de des "efforts intensifiés d'infiltration dans l'économie et d'autres domaines".
Elle signale que jusqu'ici, la Scientologie a réussi à échapper à des condamnations en revendiquant la protection de la Loi Fondamentale en tant que communauté religieuse et idéologique. En conséquence, la Jeune Union demande que soit précisée la Loi sue l'usure.
"Nous proposons pour un paragraphe 302 b le texte suivant :
Elle demande que soit instituée une aide aux victimes (prise en charge de traitements éventuellement nécessaires et de la réinsertion au sortir de la secte), et qu'un soutien soit apporté aux groupes d'aide aux (ex-) scientologues et à leurs familles, sur le plan psychologique et juridique.
La Jeune Union demande l'interdiction de la publicité pour la Scientologie et ses organismes-paravents dans tous les médias publics, et une information régulière et complète dans les écoles, les maisons et associations de jeunes sur le "contrôle mental" et son utilisation abusive par la Scientologie (et d'autres sectes) dans le but de dominer l'intellect sans méfiance.
Il faut interdire à des personnes sans compétence d'utiliser - sous le couvert de la liberté de religion - des méthodes qui doivent être réservées aux psychologues et psychothérapeutes dûment formés.
La Jeune Union demande que soit organisée chaque année
une "semaine d'information sur les pratiques des sectes destructrices"
sous le patronage du Ministère Fédéral de la Jeunesse,
en collaboration avec les médias publics et privés. Cela
est particulièrement nécessaire dans les nouveaux Länders
(ex-RDA) où les gens sont "particulièrement vulnérables
aux assauts criminels des sectes destructrices (sous prétexte d'aide)
dans une période de grands bouleversements avec tous les problèmes
qu'ils entraînent".
Ce prix ne peut que raffermir le courage de ceux qui luttent pour la vérité, sachant à quelles attaques, tentatives d'intimidation, de diffamation la Scientologie s'est livrée contre Richard Behar, aussi bien pendant les six mois qu'a duré son enquête qu'après la publication de l'article. Les millions de dollars dépensés par la Scientologie pour payer des détectives privés et une série de pages publicitaires et d'encarts dans le quotidien américain usa Today, l'ont été en pure perte et ont plutôt nui à l'organisation : elles corroborent les constatations de l'article de Time. Beaucoup de gens trouvent que ces sommes énormes seraient mieux employées à des fins authentiquement humanitaires.
Richard Behar a reçu un autre prix pour son article sur la Scientologie : le Worth Bungham Prize lui a été remis par le Président Bush au cours du dîner des correspondants de la Maison Blanche, le 9 mai 1992.
Ce prix a pour but d'honorer un journaliste d'investigation qui a fourni une contribution importante à un sujet d'intérêt public qui se trouve actuellement "mal couvert", et où il existe une atmosphère de "tolérance laxiste" pour des phénomènes nuisibles à l'intérêt public.
Près d'un an après, la Scientologie a porté plainte contre Time Magazine devant le Tribunal fédéral de Manhattan (New York), le 27/04/92. La Scientologie allègue que l'article porte tort à sa réputation et a diminué sa capacité à recruter de nouveaux membres. Il aurait été "fabriqué avec malveillance pour essayer de détruire la religion de la Scientologie". Elle réclame 416 millions de dollars.
Peter Castoglio, porte-parole de Time, a déclaré : cet article est un travail journalistique solide, basé sur une recherche en profondeur, et nous le soutenons". (St Petersburg Times, Floride, 29/04/92).
Le Centre hébergeait au moment de ce refus 27 patients. Narconon voulait arriver à en traiter 75 à la fois.
Le Bureau de la santé mentale a entendu de nombreux témoignages pour et contre ce centre, et délibéré durant plusieurs heures. Les raisons du refus sont, entre autres, que :
Bien que les liens entre la Scientologie et Narconon soient bien
connus, le Bureau a précisé qu'il ne les avait pas pris en
considération, mais seulement la sécurité des patients
et l'efficacité du traitement. (The Oklahoman Times, Oklahoma
City, 14/12/91).
Ils diffusent des tracts diffamatoires personnalisés dans l'entourage des personnes visées.
Ils enquêtent auprès des voisins.
Ils les harcèlent au téléphone.
Ils font stationner devant leur domicile privé des véhicules portant de grands panneaux sur lesquels figurent des accusations diffamatoires personnalisés: "incitation à la haine, a ruiné un chef d'entreprise, etc".
Pourquoi ces manoeuvres A l'évidence parce que la Scientologie se remet difficilement de la cascade d'inculpations qui frappent depuis plusieurs années et dans plusieurs pays ses dirigeants, détériorant son image de marque.
La méthode Coué ne suffit plus. Ce n'est pas en répétant sans cesse que tout va bien pour eux que les dirigeants de la Scientologie peuvent calmer le vent de panique qui souffle sur ses adeptes.
C'est pourquoi ils en reviennent à la bonne vieille méthode de la "propagande noire" que leur recommandait dès 1974 leur fondateur: détruire la personnalité de ceux qui leur portent tort et les discréditer de manière à ce qu'ils soient mis au ban de la société.
Quel édifiant programme pour une organisation qui voudrait
se faire passer pour une "philosophie religieuse appliquée dont
le but est d'améliorer les capacités des individus..." !
Mais la Scientologie se fait fort également de permettre l'élimination des maladies somatiques par des séances d'"auditions dianétique". Pour ce faire, elle utilise à sa façon la vieille technique psychanalytique de l'abréaction : faire renaître chez le patient des souvenirs traumatisants afin de provoquer des décharges émotionnelles libératrices (remarquons que cet emprunt annule, à lui seul, la prétendue originalité de la technique Hubbard). L'audition dianétique libère si peu que la maladie persiste ou se manifeste. Mais le scientologue apprendra en classe OT que des thétans dégénérés, vivant en parasites sur les individus, sont responsables de bien des maux en ce monde.
L'irrationnel est aussi présent dans les autres procédés de guérison proposés, qu'il s'agisse de "procédure de purification" qui préserverait des conséquences d'éventuelles explosions de bombes atomiques, ou de procédures d'assistance aux "personnes blessées, malades ou traumatisées" (l'"assist par le toucher").
Faut-il préciser que l'auto-suggestion, partition fréquemment jouée par le clavier des sectes, est utilisée à plein dans ce genre de traitement pseudo-thérapeutique