Actualités sur la Scientologie

  Année 1999.

Allemagne

Scientologie et entreprises allemandes

Note d'information du Réseau Voltaire, 15 mars 1999.

Les entreprises allemandes échouent à se protéger des infiltrations de l'Église de scientologie.

[Texte intégral]

Selon Focus du 8 février 1999, l'Office fédéral de protection de la Constitution suivrait avec la plus extrême attention les pressions exercées par l'Église de scientologie à l'encontre de plus de huit cents entreprises allemandes. De nombreuses entreprises allemandes implantées à l'étranger, suivant l'exemple des autorités fédérales, entendaient se prémunir contre l'infiltration des scientologues et leur activité supposée de renseignement au profit des États-Unis. Elles les avaient donc explicitement écartés de leur recrutement et se sont vues menacées de poursuites judiciaires devant des juridictions internationales.


Allemagne

Surveillée en Allemagne

France Soir, 9 septembre 1999, par L.F.

[Extrait]

L'Allemagne ne transige pas avec l'église de scientologie accusée "d''exercer une influence totalitaire sur les institutions et la société", elle a été déchue par le gouvernement fédéral de son statut de communauté religieuse et placée sous la surveillance de l'Etat. Toute mesure fiscale en sa faveur a été interdite et elle est désormais assujettie au régime des entreprises commerciales.

En Bavière, depuis le 1 er novembre 1996, les scientologues se sont vu refuser l'accès à la fonction publique locale. Partis politiques et associations se sont également mobilisés pour demander l'interdiction des films de Tom Cruise "Mission Impossible" et de John Travolta "Phénomène". En février 1998, John Travolta se vantait d'avoir convaincu le président américain Bill Clinton d'intervenir auprès de l'Allemagne afin de reconnaître l'Eglise de scientologie comme religion.


Allemagne

La scientologie à l'index

Le point, n°1409, 17 septembre 1999, par Pascale Hugues (à Berlin).

[Extrait encadré]

Entre les scientologues et l'Etat allemand, la guerre est déclarée. Le 6 juin 1997, les ministres de l'Intérieur des seize Länder, réunis en conclave, décidaient de placer les organisations scientologues sous la surveillance du Verfassungsschutz, les services généraux allemands. Seul le Land du Schleswig-Holstein, dans le Nord, refusait de prendre cette mesure. Si les scientologues estiment à 30.000 le nombre de leurs adeptes en Allemagne, les chiffres publiés par le Verfassungsschutz tournent autour de 5.000 à 6.000 personnes.

C'est la Bavière qui s'est le plus énergiquement mobilisée pour empêcher la propagation des idées scientologues. Depuis trois ans, les particuliers et les entreprises privées doivent, pour décrocher un contrat avec certains secteurs "sensibles" de la fonction publique, signer un formulaire stipulant qu'ils ne sont pas adeptes des idées de Ron Hubbard.

Ainsi, les psychologues engagés dans des centres de conseil du Land, les enseignants affectés à la formation continue des fonctionnaires de l'Etat bavarois, les cabinets d'architectes, les firmes d'ordinateurs commissionnées pour installer le système informatique d'un Ministère ou d'une institution régionale doivent, publiquement, prendre leurs distances par rapport à la scientologie. Et gare à qui mentirait ou tenterait de dissimuler son enthousiasme ! La loi prévoit des peines et des amendes importantes.

Même mesure pour les fonctionnaires du Land bavarois et en particulier pour les instituteurs et les professeurs, tenus de déclarer officiellement, s'ils entretiennent des contacts avec la scientologie et, en cas de réponse positive, d'en décliner la nature. Le Ministère bavarois de l'intérieur se félicite du net recul de la Scientologie depuis "ces mesures", pourtant, très controversées, qui rappellent le Berufserbot, l'interdiction d'accès à la fonction publique décrétée dans les années 70 pour les membres du DKP, le parti communiste allemand.

Les Bavarois restent indifférents aux attaques des scientologues américains. Ceux-ci, soutenus en outre par Dustin Hoffman et Oliver Stone, ont fait publier de grands communiqués dans la presse allemande accusant l'Etat allemand de recourir à des mesures discriminatoires directement héritées du Illè Reich. Une telle comparaison est un affront fait à la mémoire des victimes de l'Holocauste, proteste-t-on au ministère bavarois de l'Intérieur. Pour défendre ses mesures, il a créé un site Internet en anglais expliquant les méfaits de la Scientologie. Un site très visité par les surfeurs américains. Le Bade-Wuremberg a mis en place, en février 1997, une ligne de téléphone confidentielle où les victimes de l'organisation peuvent demander de l'aide aux spécialistes des services de renseignement. Les scientologues menacent depuis des années de faire appel à l'Office de protection de la Constitution pour prouver la nature anticonstitutionnelle de ces mesures.

Voir aussi L'Allemagne mène la vie dure aux scientologues. Libération, 20 septembre 1999.


Allemagne

Les coups tordus de leurs détectives

Le Soir Bruxelles, 4 octobre 1999, par Alain Lallemand.

[Texte intégral]

En Allemagne, le service de sécurité de Hambourg a publié en mai 1998 un rapport sur le «service secret de la scientologie. Principes, missions, structures, méthodes et objectifs». Le «département d'enquête» de l'OSA y est présenté comme le moteur principal des coups tordus actuels de l'Eglise de scientologie, sans que celle-ci, cependant, se salisse les mains.

L'OSA, aujourd'hui, réalise souvent ses opérations à haut risque ou sensibles par le biais de professionnels - des détectives privés en général - qui n'ont officiellement aucun lien avec l'organisation.

Ces professionnels travaillent sous la direction de bureaux d'avocats qui, à leur tour, n'ont rien à voir officiellement avec l'OSA ou la scientologie, mais qui en fait, du moins en théorie, travaillent avec le «département juridique» de l'OSA. (...) Utilisant ce genre de structure, il est très difficile voire impossible de prouver légalement l'implication de l'OSA.

Ce genre de structure n'a pas pour seul avantage de rendre plus lourd le travail des juges d'instruction: il induit également une meilleure protection juridique des renseignements collectés:

Aujourd'hui, la majorité des informations explosives sont détenues par les avocats de la scientologie. Leurs fichiers sont protégés par la loi et ne peuvent être confisqués sans prendre de mesures particulières. Aux Etats-Unis, il n'est possible d'envisager des actions contre les avocats que si des preuves solides de crimes sont présentées. Dans la majorité des cas, cela est extrêmement difficile voire impossible. A cause de la relation spéciale de confiance entre l'avocat et son client, le personnel de l'avocat est lui aussi protégé par un droit de refus de témoigner.

Mais pour le reste, le rapport hambourgeois ne s'écarte guère de ce qui fut révélé dans d'autres pays. Comment la scientologie s'attaque-t-elle, en Allemagne, à ses ennemis Réponse: articles abusifs dans la presse scientologue, «lettres d'informations» visant des personnes publiques, collecte ouverte et couverte d'information sur les personnes critiques (dénigrement, appels téléphoniques qui se prétendent légitimes, «surveillances», etc.), diffusion de lettres aux employeurs avec fausses accusations, saccages, menaces, espionnage par détectives privés, infiltration d'agents de la scientologie dans les organisations critiques, intimidation par menaces de poursuites, accusations criminelles en usant de charges tronquées, référés, plaintes au civil. L'OSA, affirme d'anciens membres, continue comme toujours à entretenir des listes noires de leurs opposants.

Une grande part de ces actions reste donc du domaine juridique, par voie de tribunaux, quitte à enfoncer la porte de procédures téméraires et vexatoires. Le coût, pour la scientologie, de ce harcèlement juridique envers ses opposants, serait de 20 millions de dollars par an (780 millions de francs belges): on poursuit davantage pour harceler et décourager que pour gagner, relève le rapport hambourgeois. Dans les années quatre-vingt, par exemple, la scientologie est parvenue indirectement à forcer un juge à retirer sa plainte contre l'Eglise après qu'il se fut fait attraper - par des détectives privés travaillant pour l'OSA - dans un traquenard avec une prostituée.
 
 


Belgique

La scientologie dans le collimateur de la justice belge

AFP, 1.10.1999
Le Soir (Bruxelles), 1er octobre 1999, par Alain Lallemand.

[Synthèse des informations]

Bruxelles. Il y a maintenant plus de trois ans qu'on y songeait en Belgique, sans bien savoir si le Parquet de la capitale et la gendarmerie auraient les moyens humains et techniques de réussir pareille opération. Ce jeudi après-midi, le juge bruxellois Jean-Claude Van Espen est cependant passé à l'action, déclenchant 25 perquisitions en Belgique et en France contre les principaux paravents commerciaux et associatifs de l'Eglise de scientologie en Belgique. Ont notamment été visés non seulement l'ancien et le nouveau siège belge de la secte à Ixelles et à Uccle, mais également une association de Xhendelesse, Citizens Commission on Human Rights Belgium, ainsi que les sociétés de management U-man Belgium, Valgo International Consult, PR Consult (Malines), Impact Consulting (Louvain), Delta (Heindonck) et Advance Consulting (Bruxelles). Une possible perquisition à Knokke, lieu de séjour d'un des administrateurs de l'association de Xhendelesse, n'a pas été confirmée.

Par contre, la France a été appelée à la rescousse pour d'autres perquisitions, probablement au domicile à Lamorlaye (Chantilly) d'un des administrateurs d'U-man Belgium, et à Paris où deux interceptions, manquées, étaient espérées.

Aucune inculpation n'a été prononcée pour le moment et les différentes personnes auditionnées jeudi soir ont toutes été relâchées, mais il faudra encore "plusieurs semaines" aux enquêteurs pour "éplucher" les tonnes de pièces saisies, a indiqué le porte-parole du parquet de Bruxelles.

"Ces sociétés commerciales offrent des formations de "management" à des entreprises belges de renom, afin de gagner leur sympathie", selon le porte-parole du parquet.

Les perquisitions entrent dans le cadre de l'instruction du juge financier bruxellois Jean-Claude Van Espen, lancée en 1997 suite à une plainte pour escroquerie et abus de confiance d'une ancienne adepte de la scientologie, qui a cherché en vain à récupérer une partie de l'argent qu'elle avait versé. "Les dossiers de membres (saisis jeudi) ne sont pas simplement des contrats d'adhésion, ils contiennent des données personnelles et intimes. L'instruction pourrait donc être élargie à des infractions concernant la législation sur la vie privée", a indiqué le porte-parole du parquet. Ces données personnelles sont notamment des descriptions psychologiques et des informations relatives à l'état de santé des adeptes.

Les enquêteurs ont également saisi deux "électromètres", appareils destinés à révéler les souffrances intérieures des futurs membres de la secte lors de leurs premières auditions.

Ils ont aussi découvert des lettres, destinées aux principaux responsables politiques du pays, dans lesquelles la scientologie se plaint d'avoir été citée en avril 1997 dans le rapport d'une commission d'enquête parlementaire sur les sectes. Ce rapport indiquait notamment que la scientologie avait environ 5.000 adeptes en Belgique et qu'elle y fait payer ses "cours" de 8.000 à  80.000 francs belges (de 200 à 2.000 euros).

Les perquisitions constituent la première action d'envergure de la justice belge contre la secte depuis son implantation en Belgique en 1974, alors que celle-ci a eu de nombreux démêlés avec la justice dans le monde, notamment pour escroquerie ou exercice illégal de la médecine.

Compte emblématique à la Krédietbank

La secte disposerait d'au moins cinq comptes en banque légaux au Luxembourg, à la Kredietbank Luxembourg (KB Lux), sur lesquels figuraient en 1993 plusieurs dizaines de millions d'euros.

Les enquêteurs craignent à ce point un vice de procédure ou, comme ce fut le cas en France, une disparition de pièces du dossier d'instruction, que le black-out total a été décrété sur les événements judiciaires d'hier. Par ailleurs, des dispositions particulières ont été prises pour multiplier les copies du dossier et les endroits où ces copies étaient déposées.

Car ce qu'ont trouvé les enquêteurs aura forcément un impact sur d'autres dossiers ouverts contre la secte à l'étranger. Et pour cause: incidemment, la Belgique est obligée de s'intéresser au financement international de la secte via le Luxembourg. Et plus particulièrement via la Kredietbank Luxembourg, où existaient non pas quatre mais cinq comptes liés à l'église. Et le cinquième compte, à première vue un vulgaire compte courant découvert par le juge Jean-Claude Leys puis transmis pour information au juge Van Espen, réactualise tout ce que l'Europe pensait connaître des finances internationales de la secte depuis l'ouverture de l'instruction de Lyon.

Ce cinquième compte était crédité, fin 1993, de 1,8 milliard de francs, et divisé en une quinzaine de sous-comptes baptisés «church. scientol. Tor» (pour Toronto),«Cali» (pour Californie), «Toky» (Tokyo), «Los» (Los Angeles), «Cura» (Curaçao), etc. Il s'agit de comptes anonymes dont tous les numéros se suivaient, dotés de numéros de code disparates. Bien que légaux, ils donnent l'impression de lever un coin du voile sur la structure financière mondiale de la scientologie, et plus particulièrement sur l'une de ses pompes à finances : l'Association internationale des scientologues (AIS). C'est à cet organisme que les adeptes les plus aisés versent leur soutien financier à la secte. Ont aussi été relevées de nombreuses transactions entre ces comptes luxembourgeois et d'autres points de chute financiers - dont la Barclays Bank - au nom de l'AIS.

Question: jusqu'où l'instruction belge pourra-t-elle aller


Belgique

Raid sur les pompes à finance de la scientologie

Le Soir (Bruxelles), 1er octobre 1999. Par Alain Lallemand.

[texte intégral]

Les sociétés de management de la secte étaient au coeur des perquisitions de ce jeudi. Explications.

Si on se réfère à la liste des sites perquisitionnés ce jeudi par les enquêteurs de la cellule terrorisme (CelTer) de la gendarmerie de Bruxelles, l'opération belge contre l'Eglise de scientologie était axée contre l'association faîtière belge et les sociétés commerciales liées à la secte de Lafayette Ron Hubbard. Puis, dans une moindre mesure, contre l'un des paravents associatifs du mouvement, la Citizens Commission on Human Rights ASBL (CCHR), dont le siège est implanté au domicile d'un particulier, à Xhendelesse.

Citizens Commission on Human Rights Belgium

Commençons par la périphérie : la CCHR, constituée en 1993 et désormais présidée par Dominique Vandenneucker, de Xhendelesse, est l'association qui s'occupe de la protection des droits des patients mentalement perturbés, en d'autres termes le relais de l'Eglise de scientologie dans sa lutte contre les psychiatres et institutions psychiatriques. La scientologie a toujours eu une dent contre les psys, leur préférant le système d'analyse de leur gourou. Un système qui, pourtant, est désormais dépassé depuis un demi-siècle.

Si l'association belge dispose d'une boîte postale à Herve, la maison mère de cette association-paravent se trouve à Los Angeles, y a été créée en 1969 et bénéficie du soutien financier d'une autre association-paravent de la scientologie, l'Association internationale des scientologues.

Le CCHR belge a été à l'origine en 1998 de la diffusion d'une brochure baptisée «Psychiatrie. Les enfants trahis et drogués», dont le contenu a fait dresser les cheveux de bien des spécialistes.

L'Eglise de Scientologie avait déménagé à Uccle

Selon les témoignages que nous avons pu recueillir, le CCHR belge est juste une cellule bénéficiant de l'un ou l'autre ordinateur(s) et d'une ligne de téléphone sécurisée (brouillée). Mais ce n'est pas là le centre de ce dossier, de toute façon fort secondaire : il semble exister un contentieux quant à la garde d'un enfant, dont les deux administrateurs de l'ASBL sont le père et le parrain.

Seconde cible, plus importante : l'ASBL belge représentant légalement l'Eglise de scientologie en Belgique. L'association «Eglise de scientologie de Belgique», créée en janvier 1974, se situait encore, jusqu'au week-end dernier, au 61 de la rue Prince Royal, à Ixelles. Mais l'association avait lancé au début du mois un avis à ses membres pour aider au déménagement de la secte... le week-end dernier. C'est donc non seulement à l'ancienne, mais également à la nouvelle adresse, au 9 de la rue Général Mac Arthur à Uccle, que les perquisitions ont eu lieu.

Là, on est au coeur des qualifications d'escroquerie et abus de confiance retenues par le juge Van Espen: l'un des classiques de l'Eglise de scientologie, sur lequel nous reviendrons dans les prochains jours, est l'usage d'un appareil baptisé «électromètre» - en fait un simple ohm-mètre - pour tenter de détecter les images mentales négatives qui tétanisent les nouveaux adeptes en scientologie, et les empêcheraient d'accéder à un état de lucidité minimal baptisé «état de clair».

Les sociétés U-Man Blegium et Valgo International Consult

Les expertises judiciaires françaises réalisées sur ce matériel, notamment dans le cadre du procès de Lyon, démontrent que le prix de revient de l'électromètre et son efficacité sont sans rapport avec les prix exorbitants auxquels les différents modèles sont vendus.

Mais le véritable coeur de l'opération - en tout cas en termes d'effectifs de gendarmerie - se centre autour de la société U-man Belgium (déjà épinglée par la commission parlementaire sur les sectes, et bien avant elle encore), ainsi que sur les sociétés qui détiennent ou ont détenu des postes d'administrateur au sein d'U-man, à savoir les sociétés Valgo International Consult, Delta, Impact Consulting, PR Consult et Advance Consulting (laquelle ne siège plus au conseil d'administration d'U-man depuis l'année dernière).

C'est une des particularités des scientologues : leur fondateur ayant développé une série de concepts destinés, à l'origine, au management interne de la secte et à l'optimisation des capacités des adeptes (capacité de vente, de suggestion, de «maniement» des futures recrues), cette technique est désormais commercialisée par des sociétés, elles-mêmes tenues par des scientologues, sociétés qui versent à la secte américaine des royalties.

Il n'y a dès lors rien d'étonnant à constater que les perquisitions ont frappé ce jeudi certaines sociétés de management, infiltrées dans plusieurs grosses entreprises belges. U-man venait précisément de relancer une campagne de mailing publicitaire pour vanter ses produits.

Existent enfin deux volets moins connus du dossier : le premier porte sur l'un des scientologues les plus importants de Belgique, Patrick Valtin, qui occupe, au nom de la société belge Valgo International Consult, un siège d'administrateur au sein d'U-man.

Perquisitions en France

Grand donateur de fonds au bénéfice de l'Association internationale des scientologues (AIS), ce Belge a récemment quitté le village de Braives (Hesbaye) pour s'installer en France, à Lamorlaye. Une perquisition à son domicile français était donc logique, et le Parquet de Bruxelles confirme l'existence de perquisitions en France, ordonnées par la Belgique. La gendarmerie de Chantilly n'a pu, cependant, nous confirmer le déroulement d'une perquisition au domicile de M.Valtin. Nous pensons savoir par ailleurs que deux «cibles» parisiennes étaient également visées, mais manquées. L'une se trouverait à l'heure actuelle aux Etats-Unis.

Deuxième dossier particulier: celui de Martin Weightman, anglophone résidant en Belgique et s'occupant du «service de renseignement» de la secte, l'Office of special affairs (OSA). Un département fort controversé en France et qui porte chez nous le nom de «European Human Rights and Public Affairs Office».

Weightman, intercepté hier à Ixelles, est un élément important de cette enquête dans la mesure où le juge Van Espen pourrait s'intéresser, au vu des documents saisis, à d'éventuelles infractions à la législation sur les fichiers informatiques et la protection de la vie privée. Car c'est l'OSA qui demande aux adeptes de communiquer les coordonnées de toutes leurs relations, afin de pouvoir le cas échéant utiliser l'une ou l'autre amitié pour arriver à ses fins.


Belgique

Jean Vernette (1): Sur l'Eglise de Scientologie et la floraison de nouveaux mouvements religieux

Le Soir , 2 octobre 1999.

[ Texte intégral des propos recueillis par Christian Laporte ]

- Quel diagnostic posez-vous sur l'Église de scientologie

Il faut distinguer la dimension psychotechnique et l'aspect proprement religieux. Le recours à certaines techniques psychologiques soulève bon nombre de questions.

Déontologiques d'abord : la déontologie d'un psychologue, d'un analyste, d'un professeur voire d'un éducateur est de faire dépasser le stade de la dépendance inévitable à un maître pour aboutir à une autonomie où le " client" n'a plus besoin de ce soutien. Or dans l'Église de scientologie, la visée consiste au contraire à maintenir un état permanent de dépendance financière.

Ensuite, il y a une période inévitable de perte de repères dans une cure psychologique, mais la réharmonisation de l'ensemble ne doit pas être orchestrée au point de produire une fixation durable sur le groupe ou sur la personne de l'animateur. Or en scientologie, tout est orchestré pour insérer l'adepte dans une nouvelle vision du monde.

Troisième remarque : il faut exprimer de sérieuses réserves par rapport aux psychotechniques utilisées parce que leur enseignement mêle des apports d'origines diverses - la psychologie clinique, des apports orientaux, la psychanalyse sans dire les références et sans les relier à une vision cohérente de chacune de ces pratiques.

- Puis il y a le volet religieux...

L'Eglise de scientologie se présente comme une organisation religieuse avec des rituels
- décalqués sur des rituels protestants américains classiques - et avec une doctrine où la notion de Dieu est introduite comme par la bande dans ce que les scientologues appellent la 8ème dynamique.

En outre, les scientologues arborent une croix qui n'est cependant pas le symbole religieux que l'on sait ; elle représente les huit dynamiques de la scientologie...

On peut concevoir que certaines personnes y trouvent une religion de substitution après avoir fait la découverte positive de la dimension spirituelle de l'homme. Mais c'est une religion qui est très différente du christianisme sur deux points essentiels.

S'il y est question de Dieu, c'est comme une énergie impersonnelle et cosmique et non comme
une personne. Ensuite, là où les chrétiens envisagent la résurrection, les scientologues se fixent comme but vital la réincarnation. La croyance en des vies successives est du reste constitutive de l'univers scientologique.

-  L'emploi du terme "Eglise" + n'est-il donc pas un peu usurpé

Il est très périlleux de vouloir définir les autres à partir de ses propres définitions. De toute façon en régime de laïcité, personne ne peut se prononcer à ce sujet.

- Les mises en garde que vous venez de faire sont bien connues. Comment
expliquer alors que la scientologie continue à se développer

Mais il faut se replacer dans un contexte plus large : les gens sont en quête d'un mieux-vivre
pour leur esprit, leur corps, leur sexualité et pour leurs relations par rapport aux autres. Conséquence Les premiers résultats gratifiants de la psychotechnique les engagent à continuer malgré le prix élevé du service. En outre, le marché des psychologues techniques est un marché libre, ouvert à tous, qui s'avère être particulièrement juteux en termes de bénéfices. C'est un gisement très profitable..
.
- Dans certains Etats, la scientologie a officiellement pignon sur rue. Est-ce uniquement pour des motifs de liberté religieuse

Il faut lui reconnaître un certain jusqu'au-boutisme. Ces reconnaissances sont en fait la conséquence de pressions incessantes pour être reconnue comme religion. Il y a aussi des facteurs séduisants comme l'exemption fiscale aux Etats Unis. Cela dit, il ne faut pas confondre la Scientologie comme organisation et ceux qui la professent individuellement ou sont souvent fort respectables.

Le droit à la différence doit être respecté pour autant que l'on ne sorte pas du cadre de la légalité.

- Vous étudiez depuis longtemps le phénomène des sectes et les formes anciennes et
nouvelles du sentiment religieux. Mais l'Eglise catholique ne présente-t-elle pas
aussi des caractéristiques sectaires

Il faut faire attention à la définition de "secte"- et de " sectaire" : pour la presse japonaise Jean-Paul Il dirige aussi une secte... Là, c'est une question de définition mais il ne fait pas de doute que l'Église peut-elle aussi connaître des dérives sectaires. On l'a dit à propos de certaines communautés nouvelles, notamment charismatiques dans une étude comme "Les naufragés de l'esprit" (NDLR un livre qui s'en prit : à certaines expériences de petits groupes qui avaient mai tourné sous l'influence d'un "berger"gourou trop envahissant...)

Mais il y a des procédures pour arrêter les excès : les nouveaux mouvements d'Eglise
ne se meuvent pas librement, sans contrôle, ils relèvent aussi de la vigilance des évêques
(NDLR en Belgique, c'est Mgr Léonard qui en a la charge). Et si problèmes il y a, il faut les confier aux tribunaux ecclésiastiques. Il va de soi que notre vigilance, s'étend aussi à ces expériences-là.

Si l'Église se préoccupe de la place des sectes dans la société, c'est pour aider les fidèles dans leurs démarches mais aussi parce que la multiplication indéfinie de nouveaux groupes est révélatrice de certaines motivations métaphysiques chez les femmes et les hommes de notre temps.

Il faut donc faire un travail d'écolage spirituel. Les médias ont aussi un grand rôle à jouer...

(1) Ecclésiastique, sociologue et Écrivain, délégué de l'épiscopat français pour les questions des sectes et des nouvelles croyances


Belgique

Sciento Co: 66 à 131 milliards de revenus

Le Soir , 2 octobre 1999, par Alain Lallemand

[Texte intégral]

La puissance financière de la scientologie en Europe avait déjà été décortiquée en 1996 au procès de Lyon. Rétroactes.

C'est ici, au confluent du Rhône et de la Saône, au palais de Justice de Lyon, qu'ont été compilés les éléments d'information les plus complets sur les flux financiers et la percée de l'Eglise de scientologie dans la société européenne. Une grande enquête menée par le juge Fenech suite au suicide, le 24 mars 1988, d'un jeune adepte de 31 ans, Patrice Vic, jeune dessinateur industriel. Le jour précédant le drame, il venait de se mettre dans une situation financière impossible pour suivre des cours de scientologie...

En première instance (1996), le tribunal français retiendra l'escroquerie, la tentative d'escroquerie, l'homicide involontaire et l'abus de confiance, et condamnera pour tout ou partie de ces délits une quinzaine de cadres, membres ou proches de l'Eglise de scientologie.

On relèvera peu, en Belgique, à cette époque, que se trouve au nombre des condamnés un prêtre catholique belge, ex-directeur de collège et installé dans la région de Charleroi. La procédure établit qu'il avait perçu plus de trois millions de francs belges de dons, qu'il a ensuite utilisés «en scientologie».

Le jugement d'instance fera l'objet d'un appel, et l'arrêt du 28 juillet 1997 sera lui-même réformé par la Cour de cassation ce 30 juin 1999. En définitive, seules six personnes seront effectivement condamnées, dont le responsable de l'Eglise de scientologie de Lyon.
 

LES LEÇONS FINANCIERES

Parce que l'enquête lyonnaise a visiblement inspiré le juge -bruxellois Van Espen et ses enquêteurs - qui se sont rendus sur place ces derniers mois et empruntent des schémas d'enquête similaires  -, les déboires lyonnais de la secte prennent aujourd'hui valeur de leçon. Le parquet de Bruxelles ne devrait pas éprouver beaucoup de peine à établir l'escroquerie, le matériel intellectuel et technique vendu par l'«Eglise» en Belgique étant sensiblement le même qu'en France. Il est en outre vendu selon les mêmes schémas commerciaux, selon des directives immuables édictées par la secte.

Selon les déclarations effectuées devant le tribunal par Etienne Mozul, alors chef de la section financière du SRPJ (la «police judiciaire») de Lyon, l'Eglise de scientologie représentait, au début de la décennie, pour l'Europe et l'Afrique, un chiffre d'affaires annuel d'un peu plus de 20 milliards de francs belges. Et lorsquel'Assemblée nationale française s'est à nouveau penchée sur ces chiffres en 1999 , elle a estimé que la scientologie devait peser, au niveau mondial, entre 66 et 131 milliards de FB de revenus chaque année...

Et encore ne s'agit-il ici que de projections minimales, puisqu'il faudrait intégrer aux flux financiers détectables l'ensemble de cette économie parallèle qui consiste à payer des prestations de services scientologues par du «bénévolat» réalisé au sein de la secte: [la scientologie] a en effet institutionnalisé ce procédé en ouvrant des centres où les adeptes les moins fortunés travaillent gratuitement, dans des conditions extrêmement précaires, pour financer leur parcours scientologue. On a là un exemple caractérisé d'une vente déguisée en faux bénévolat, note le rapporteur de la commission d'enquête sur la situation financière des sectes.

UN CASSE-TETE BANCAIRE

Mais d'où proviennent les chiffres mentionnés plus haut Les hommes du commissaire Mozul avaient mis la main, à la Kredietbank-Luxembourg, sur un premier compte baptisé «Lucas», compte qui sera clôturé après l'ouverture de l'instruction lyonnaise contre la scientologie. C'est ce compte, divisé en quinze sous-comptes (pour chaque devise traitée), qui sert de point de chute au «denier du culte» versé à la maison mère par chaque mission scientologue d'Europe et d'Afrique. Chacune de ces dernières verse entre 5 et 15% de ses revenus sur ce compte. Or, de janvier 1988 à mai 1991, il est alimenté de 943.545.652 FF, soit environ 6.189.661.700 FB. Donc, si on retient un «denier du culte» d'environ 10%, et que l'on ramène ces virements à une base annuelle, on peut estimer que le chiffre d'affaires annuel de la secte pour l'Europe et l'Afrique devrait être d'un peu plus de vingt milliards de francs belges.
L'Assemblée nationale effectue un calcul différent: se basant sur des documents internes à la secte, elle affirme que chaque adepte doit rapporter à la secte environ 98.400 FB chaque année. Soit, pour la France, un chiffre d'affaires annuel de 394 millions de francs. S'il y a six millions d'adeptes de par le monde, alors ses revenus annuels doivent être de l'ordre de 66 à 131 milliards de francs.

Le fait est que cette analyse théorique est sans doute... plus correcte que celle effectuée par les enquêteurs judiciaires, dans la mesure où les policiers admettent eux-mêmes qu'il faut ajouter, aux sommes détectées sur le compte «Lucas», des flux d'argent versés directement à des responsables locaux, et des fonds virés à des centres internationaux comme celui de Copenhague.

Les développements de l'enquête belge et la découverte de cinq nouveaux comptes (nos éditions de vendredi) vont sans doute permettre de valider, prolonger et réactualiser l'enquête française: en vérifiant si, effectivement, on peut estimer le chiffre d'affaire annuel de la scientologie en Belgique à environ un demi-milliard (98.400 X 5.000 adeptes ); l'actualiser en remplaçant l'analyse des anciens comptes luxembourgeois par de nouvelles analyses.

(1) Jacques Guyard, Jean-Pierre Brard, «Les sectes et l'argent. Rapport fait au nom de la commission d'enquête sur la situation financière, patrimoniale et fiscale des sectes, ainsi que sur leurs activités économiques et leurs relations avec les milieux économiques et financiers», rapport no 1687, Assemblée nationale, 10 juin 1999.


Belgique

OSA, le siège des barbouzes de la Scientologie

Le Soir (Bruxelles), 4 octobre 1999, par Alain Lallemand.

[texte intégral]

La secte fiche tant ses adeptes que ses opposants et peut s'immiscer dans leur vie privée. Démonstration.

Le parquet de Bruxelles l'a confirmé dès le lendemain des perquisitions de ce jeudi contre l'Eglise de scientologie: de nombreux fichiers individuels ont été retrouvés, fichiers manuels puis restranscrits sur support informatique (nos éditions de samedi). Dans ces fichiers: des profils psychologiques, des pièces de nature médicale.

En réponse, Martin Weightman, responsable du bureau européen des droits de l'homme de la scientologie, l'a clairement affirmé vendredi: ces dossiers ne seraient en aucun cas un historique médical digne de ce nom, et n'auraient qu'une utilité pastorale (sic).

L'expérience française, allemande et suisse démontre pourtant que la secte dispose bien d'un véritable service de renseignement, qu'elle s'intéresse à tout relais de pouvoirs, et qu'elle procède au recensement de ses opposants - dits «suppressifs» - notamment en vue de préparer des actions d'intimidation dont on retrouve la trace judiciaire en d'autres pays d'Europe.

En 1993, notre confrère français Serge Faubert avait publié chez Calmann-Lévy (1) des reproductions de ces listes, les noms étant cotés en fonction de leur danger pour la scientologie ou, au contraire, de leur sympathie pour la secte. Le but de la scientologie était, à l'époque, affirmait Faubert, de s'infiltrer au plus près du président François Mitterrand. La secte commettra à cet égard un aveu étourdissant: au lieu de poursuivre notre confrère pour diffamation, la secte le poursuivit pour... vol de documents.

La simple tenue de pareils fichiers, si elle est confirmée par l'instruction belge, tombe déjà sous le coup de la législation protégeant la vie privée. Une condamnation de l'Eglise pour ce genre de fichiers ne serait pas une première: en septembre 1998, la société Action Academy, paravent de la secte, a été condamnée par le tribunal de grande instance de Paris pour traitement automatisé de données sans déclaration préalable et recueil irrégulier de données sensibles; en décembre 1996, le Centre Hubbard de dianétique de Lille a été condamné par le tribunal de grande instance de Lille pour infraction à la loi relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés.

Mais cette récolte de renseignement, quoique condamnable, n'est qu'un premier stade: la secte peut en venir ensuite à l'intimidation. Le psychiatre français Jean-Marie Abgrall, qui fut expert judiciaire dans les procédures contre la scientologie, en a témoigné devant la commission d'enquête parlementaire belge. Témoignage que nous publions ci-contre en encadré. Y apparaissent deux noms, deux départements de la scientologie qui posent problème dans plusieurs pays au monde: l'OSA (Office of special affairs) ou Bureau des affaires spéciales, auquel doit être relié en Belgique Martin Weightman; puis la Citizens commission on Human Rights (CCHR) ou Commission des citoyens pour les droits de l'homme, qui était la cible du juge Van Espen dans la région de Herve. Les agissements de la secte en matière de renseignements, fichiers, «propagande noire» n'étaient pas a priori au coeur de l'instruction du juge bruxellois. Mais cela va-t-il changer

(1) Serge Faubert, «Une secte au coeur de la République», Calmann-Lévy, 1993.


Belgique

En France: intimidations, menaces, vols, sabotages

Le Soir (Bruxelles), 4 octobre 1999.

[Texte intégral]

Dans cet extrait du rapport belge de la commission d'enquête sur les sectes, le psychiatre français
Jean-Marie Abgrall synthétise les agissements dont il a été victime face à la scientologie.

Dès le début de son travail en qualité d'expert, M. Abgrall a fait l'objet à la fois de pressions, d'offres de transactions, de menaces et de tentatives de déstabilisation afin de l'empêcher de remettre à la justice un rapport qui risquait de servir de base à d'éventuelles décisions judiciaires.

Il s'est notamment rendu compte qu'on lui volait du courrier, dont des listings de chèques reprenant le nom de ses patients. Un membre de la «Commission des citoyens pour les droits de l'homme» (directement liée à l'Eglise de scientologie) a fait courir le bruit qu'il s'adonnait à des attouchements sur des mineurs et qu'il touchait des pots-de-vin.

Le témoin a également été obligé de faire protéger sa fille. Son véhicule a été saboté à deux reprises. Il a finalement porté plainte, notamment pour tentative de subornation de témoin, pour vol de correspondance, vol de documents, violences verbales, violences aggravées, etc.

Après de nombreux incidents de procédure, plusieurs scientologues ont été renvoyés devant le tribunal correctionnel de Toulon en septembre 1996.

Le témoin indique qu'au départ, personne ne le prenait au sérieux lorsqu'il portait plainte. Un juge d'instruction a néanmoins découvert la confession d'un adepte dans un local de l'Eglise de scientologie.

Il avouait avoir volé du courrier de M. Abgrall, avoir enquêté auprès de ses voisins et l'avoir harcelé au téléphone.
«Il disait avoir fait cela avec Remi Petit, sur les ordres de Patricia Forestier, membre de l'«Office of special affairs» (réseau de renseignement de l'Eglise de scientologie). Avant de pouvoir être confronté avec Patricia Forestier, Rémi Petit est décédé d'une cause inconnue. (...)»


Belgique

Vers quinze jours de perquisition

Le Soir (Bruxelles), 5 octobre 1999, par Alain Lallemand.

[texte intégral]

Les perquisitions de jeudi dernier contre la scientologie ne sont... toujours pas terminées, et pourraient ne s'achever qu'en milieu de semaine prochaine. Oui, vous avez bien lu: jusqu'à deux semaines de perquisitions continues.

Pour une raison technique éminemment simple: le volume de documents à saisir et répertorier est à ce point volumineux que des pièces d'habitation entières ont été placées sous scellés et ne seront explorées qu'au cours des prochains jours. Par ailleurs, l'instruction doit être extrêmement rigoureuse et vigilante, car l'Eglise de scientologie ne manquera pas d'exercer tous ses droits dans le cadre de la procédure. Les enquêteurs semblent donc procéder à un relevé précis de chaque document saisi.

L'Eglise a d'ailleurs réagi par voie de communiqué à la saisie de dossiers individuels: elle assimile certains de ces documents à des confessions religieuses et affirme que ces écrits sont de nature totalement confidentielle et privée et ne peuvent être communiqués à quiconque, sous peine de violer l'intimité de ceux qui ont accepté que leurs propos soient ainsi consignés. Et de poursuivre: Nous nous réservons de nous prévaloir le cas échéant de la protection accordée à la vie privée et à la liberté de religion par la Convention européenne des droits de l'homme.

Une fois encore, les adeptes de la scientologie, qui sont les auteurs matériels d'une lettre en ce sens envoyée au juge Van Espen, semblent méconnaître la loi belge - et le droit international auquel elle se réfère-: si la scientologie avait déclaré sa qualité de «maître de fichier», le fichage aurait été autorisé, moyennant contrôle de la légalité et de la légitimité de son contenu par la commission ad hoc. Ce que la secte ne souhaitait sans doute pas. Mais il s'agit d'une obligation, partant du principe qu'il n'est aucun objectif - même philosophique ou religieux - qui puisse faire l'économie, précisément... des droits de l'homme. Et le fait que les adeptes aient éventuellement donné leur accord préalable à la constitution de ces dossiers est de fait une condition de leur légalité mais n'est pas la seule.
 
 




Belgique

"Après l'Allemagne et la France, la justice belge s'en prend à l'Église de scientologie"

Télé MOUSTIQUE, 9 octobre 1999, par A.V.

Cet article reprends plusieurs éléments d'articles précédents. Cette "récapitulation" nous  a paru intéressante. Mathieu Cossu.

[Texte intégral ]

Doctrine et méthodes de la multinationale sectaire qui veut se faire reconnaître comme religion.

25 perquisitions, 120 gendarmes déployés, des tonnes de documents emportés jeudi à Bruxelles, Malines, Anvers, Verviers, Knokke... des prolongements en France: la justice belge a sorti le grand jeu avec l'Église de Scientologie. Après deux ans d'instruction pour escroquerie et abus de confiance sur plainte d'une ancienne adepte, qui a laissé 700.000 Francs en cinq ans dans l'aventure, le juge financier Jean-Claude Van Espen a mis le paquet.

La justice s'intéresse aux méthodes de recrutement de la secte, à ce que coûte un parcours d'adepte, les différents cours, l'achat des livres, des méthodes, des gadgets... par lesquel il faut passer pour progresser vers l'être parfait. Mais aussi les liens entre la ribambelle d'entreprises commerciales qui gravitent autour de la secte et lui servent de pompe à Finances, Ainsi les pandores se sont-ils présentés chez U-Man Belgium, Valgo International Consult à Malines, Delta à Heindonck, Impact Consulting à Louvain, PR Consult à Malines, Advance Consulting à Bruxelles, toutes societés commerciales et auprès d'ASBL ,comme l'Église de scientologie proprement dite à Bruxelles (en plein déménagement) et son Office des opérations spéciales (OSA le service de renseigment de la secte), Creativ Onderwijs à Anvers ou la Citizens Commission on Human Rights qui a son siège belge à Xhendelesse.

Parmi les pièces saisies, des documents comptables et des milliers de dossiers de membres, résultat des confessions auxquelles chacun doit se livrer sous prétexte de mieux se connaître lui-même et qui comprennent, selon le parquet, des données "personnelles et intimes". Lesquelles pourraient tomber sous le coup de la loi sur la protection de la vie privée.

La fortune selon Ron

"Le meilleur moyen de devenir millionnaire est de créer une religion." Lafayette Ronald Hubbard (1911 1986), Ron pour les fidèles, gourou Fondateur de la scientologie, annonçait la couleur en 1947, - alors qu'il n'était encore qu'un auteur de science-fiction et un scénariste de BD porté sur l'occultisme. Trois ans plus tard, il publie La Dianétique (un best-seller aux Etats-Unis), sous-titré "La puissance de la pensée sur le corps". Mieux que Freud - quoiqu'en lui empruntant beaucoup - la méthode Hubbard doit résoudre définitivement les problèmes du monde en permettant à chaque humain de devenir "Clair". Plus prosaïquement, il s'agit d'une variante de la cure psychanalytique (ce n'est pas pour rien que l'ennemi n°1 des scientologues est la psychiatrie concurrente). Remplacez "patient" par "PC" (Pré-Clair), "thérapeute" par "auditeur" "traumatisme" par "engramme", "inconscient" par " mental analytique", 'névrose" par "aberration"... et vous y êtes.

Presque.....

Car la Dianétique reprend des recherches abandonnées par Freud (se remémorer non pas des rêves mais des souvenirs traumatiques enfouis, en remontant jusqu'aux "incidents" prénataux) mêlées aux techniques de l'hypnose. Une fois le premier "engramme" remémoré, raconté et éliminé, l'individu devient "Clairs" donc libéré de tous ses blocages et ses carences. Avec la promesse de résultats miraculeux comme l'augmentation du QI (quotient intellectuel) ou "la guérison dès taches de peau, des éruptions cutanées et même de la cécité et de la surdité".

Autre différence avec la psychanalyse, le thérapeute, pardon, l'auditeur, peut être à peu près n'importe qui ayant acheté, au prix fort, "la formation d'auditeur". Quant au Pré-Clair, il devra, lui, acquérir l'E-meter, l'Electropsychomètre. L'appareil-clé de la cure. En réalité un banal ohmmètre servant à mesurer la résistance électrique du corps grâce à deux électrodes cylindriques que l'interviewé tient en main au cours des séances d'audition. Sur le principe, en moins sophistiqué, du détecteur de mensonges, il repère les variations de la résistance électrique du corps humain provoquées par l'émotion, la moiteur, etc. Un appareil dont le coût de fabrication est estimé à moins de 10.000 FB mais vendu par l'Église de scientologie dix à vingt fois plus cher selon le modèle.

Le règne de Xenu

Avec sa dianétique, Ron Hubbard surfe sur la vague du succès clés en main des années 50 - genre comment devenir millionnaire, irrésistible en amour, super- intelligent, etc. en dix leçons. Mais lui, veut aller plus loin. Puisque par l'audition, on pouvait remonter jusqu'à sa naissance et même avant - le foetus subissant lui aussi des engrammes, sans parler de ceux des vies antérieures -, pourquoi ne pas en faire la base d' une religion Scientifique comme son nom l'indique.

Les premières années pourtant, son ère des catacombes, la scientologie réfute le terme de religion, lui préférant "philosophie religieuse",".science nouvelle", se voulant "ni une psychothérapie, ni une religion". Mais les droits de son livre et les entrées du Collège Hubbard qu'il a fondé pour enseigner sa methode ne lui suffisent pas. Comment augmenter et pérenniser les rentrées d'argent Comme il l'évoquait en 1947. En créant une religion. Qui dit religion dit doctrine. Ron Hubbard puise celle de la scientologie dans ce qu'il connaît le mieux. la science-fiction. Ainsi serions-nous tous des êtres immatériels appelés "thétans" - la version scientologie de l'esprit ou de l'âme, distincte de notre enveloppe charnelle -, qui existent depuis des milliards d'années et se réincarnent. A cette époque lointaine, I'Univers était organisé en une Confédération galactique de 76 planètes dirigée par le puissant Xenu. Bien qu'immatériels, les centaines de milliards de Thétans qui peuplaient chacune des planètes posaient un problème de surpopulation à Xenu, lequel décida d'en exterminer une bonne partie par une armée de mercenaires (aux aussi purs esprits ). C'est ce que la doctrine scientologue appelle l'Incident I. L'Incident II, lui, est intervenu voici 75 millions d'années quand Xenu a fait sauter les Thétans morts à la bombe H après les avoir agglutinés et déposés sur 17 montagnes et volcans terrestres.

Voilà de quoi Ron Hubbard eut la révélation en décembre 1967. C'est à cette époque que la scientologie, assaillie de critiques et aux prises avec le Fisc américain notamment, joue à fond la carte religieuse et commence à célébrer des cérémonies.

Mais ce genre d'élucubrations intergalactiques n'est pas destiné aux nouveaux adeptes. Pour en partager le secret, il faut avoir passé pas mal d'années dans la secte, des centaines d'heures d'auditions et de lavage de cerveau et dépensé quelques millions sur le "Pont vers la liberté totale" (The Bridge ta Total Freedom) pour atteindre le niveau 3 (sur huit) sur l'échelle des Thétans Opérants (OT) A ce stade, le scientologue déjà capable d'opérer sans avoir besoin de son corps.

0 temps suspends ton vol ...

Une publication scientologue danoise Advanced rapporte sous forme de "témoignages", (qu'on n'est pas obligé de croire) les "exploit" d'OT 3 dignes de Superman. L'un d'eux raconte comment dans le métro, il a paralysé par la pensée deux malfrats qui tentaient de harceler une jeune femme jusqu'à ce que celle-ci descende de la rame. Un autre a empêché sa fille de tomber d'un pont, alors qu'elle était déjà inclinée à 45' au-dessus de l'eau; en arrêtant le temps jusqu'à ce qu'il puisse l'attraper. "Je me souviens des gouttes de pluie immobiles", ajoute-t-il. D'autres ont fait pleuvoir, chassé les fantômes, se sont baladés à 6.000 m d'altitude au-dessus des continents, etc.

Ce n'est bien sûr pas ces délires que la secte met en avant pour recruter. Elle se donne plutôt un visa e rationnel fait appel à des techniques de manipulation efficaces. Les cadres de la secte (qui revendique 8 millions d'adeptes dans le monde et 5.000 en Belgique) ont les pieds sur terre. Une fois passé son test de personnalité gratuit ( qui porte le nom ronflant d'Oxford Capacity Analysis) et sa mise en condition, la recrue est prise en main, isolée de son entourage et attirée vers des sessions de plus en plus coûteuses. La scientologie étant présentée, via des techniques de vente éprouvées, comme seule capable de remédier à ses problèmes. Réels ou suggérés.

Le parfait lobbyiste

Principales cibles de la secte: les lieux d'influence, de pouvoir, de richesse. La scientologie n'a rien d'une Eglise des pauvres. Elle joue la performance. "Un contremaître ne pourrait pas diriger ses équipes de façon vraiment efficace sans des aptitudes de professionnel de la scientologie" dit un texte scientologue. On comprend qu'avec un discours pareil, ses instituts de management séduisent les grandes entreprises. C'est d'ailleurs un mot d'ordre de la secte: "Visez les points-clefs par n'importe quel moyen. Devenez la dirigeante d'un club de femmes, le directeur du personnel d'une société, le chef d'un bon orchestre, le secrétaire d'un président". Les textes sciento c'est aussi un manuel du parfait lobbyiste.

Auteur de La Scientologie, laboratoire du futur (Ed Golias) , le politologue Paul Ariès souligne que "Si la scienlogie forme aujourd'hui des cadres de multinationales, c'est que ses méthodes ne sont pas très éloignées des méthodes de management des grandes entreprises. C'est le culte de la technique, de la performance, la religion de la marchandisation de l'Homme". Et d'ajouter: "En Amérique où le processus de mondialisation est beaucoup plus avancé qu'en Europe, la scientologie est considérée comme une religion (cela date de l'ère Clinton) et se vante d'être soutenue par des grandes firmes comme McDonald et Coca-Cola".

La scientologie elle-même fait figure de multinationale. Ses revenus annuels seraient de 66 à 131 milliards de FB par an (selon le rapport d'une commission parlementaire française sur les sectes). Des dizaines d'instituts, écoles, associations, ligues, sociétés commerciales opèrent dans son giron - et lui versent des contributions. Aux Etats-Unis, l'administration Clinton n'a rien à lui refuser. Dans son dernier rapport sur les libertés religieuses dans le monde, rendu public le mois dernier, le Département d'Etat américain, à côté de l'Irak, de la Chine la Serbie, s'en prend à l'Allemagne et à la France, notamment accusées de discrimination envers les religions nouvelles et minoritaires. Le texte préconise même des sanctions contre ces pays en vertu d'une loi d'octobre 1998 sur la liberté religieuse. Laquelle bien sûr, vue de Washington, doit s'appliquer dans le monde entier."Trouvez un scandale et attaquez"

Les relations de l'administration américaine et de la scientologie n'ont pas toujours été aussi bonnes. Confrontée aux "tracasseries" du fisc, plusieurs fois condamnée par les tribunaux, la secte avait mené en 1977 une vaste opération de noyautage de l'administration sous le nom de code "Blanche Neige". Sa reconnaissance comme religion en 1993 sonnera la fin de ses ennuis Financiers.

Restent les plaintes d'anciens adeptes, pelés jusqu'au trognon mais l'Eglise ne manque pas de moyens pour les dissuader. C'est le rôle de l'OSA (Office of Spécial Affairs, anciennement Guardian Office), le service de renseignement de la secte. Fidèle aux préceptes de Ron Hubbard: "Si vous êtes attaqués sur un point vulnérable par quelque individu que ce soit, fabriquez ou trouvez une menace contre eux pour les amener à négocier la paix. Ne vous défendez jamais, attaquez".

Les "agents suppressifs", c'est-à-dire tous ceux qui cherchent noise ou portent tort à la scientologie sont avertis. Avec eux pas de quartier : "faites enquêter sur eux, trouvez le scandale et attaquez". Cela vise les journalistes critiques, des fonctionnaires, des juges, des politiciens ou d'ancien adeptes qui font un peu trop de pub sur leur départ de la secte. Parmi les armes dont elle dispose envers les récalcitrants : menaces, filatures, intimidations et bien sûr les fameux dossiers individuels.

Parmi ces "personnes suppressives", Gerry Armstrong figure en bonne place. Chargé de reconstituer la biographie de Ron Hubbard, il perdit la foi scientologue en découvrant les écrits intimes du génie protéiforme et en s'apercevant que celui-ci avait menti sur presque toute la ligne. Et que sa vie avait été une suite d'affaires véreuses et foireuses, de fraudes fiscales, de fuites devant ses créanciers... et que lorsqu'il a fait de la scientologie une religion, c'était pour échapper au Fisc américain.

Quant au fils du gourou, Ronald De Wolf, i1 a préféré renoncer au nom de son père et n'est pas tendre non plus pour papa Ron : "99 % de ce que mon père a écrit sur sa propre vie est faux", déclarait-il en 1982.

On n'est jamais mieux servi que par les siens.


Belgique

Secte et big business

Le Soir Illustré, 9 décembre1999 par J.-Fr. Deliège

[Texte intégral]

Le Dr. Jean-Marie Abgrall, psychiatre et expert judiciaire, a décrypté les méthodes de la secte.

Selon lui, les nouveaux membres sont mis sous dépendance grâce à une "auto-intoxication" générée par les séances de "purification". Il s'agit de séances où alternent les passages en sauna, la prise de vitamines à très fortes doses et la course à pied.

Tout cela conduit à une augmentation anormale de la concentration d'urée dans le cerveau, qui met la victime en état de dépendance; on peut alors lui faire croire n'importe quoi.

Même chose pour l'électromètre, cette machine miracle de la Scientologie. Il s'agit, en fait, d'un simple ohmmètre qui mesure la résistance cutanée à un courant électrique. Si l'on est inquiet, on a les mains humides et le courant passe mieux. Résultat: l'ohmmètre réagit, ce qui signifie que vous entretenez une mauvaise relation avec la personne qui vous "auditionne".

En fait, ces "auditions" s'adressent à des personnes très suggestives au niveau de leur rationalité. Ce qui explique qu'elles vont être entraînées dans un système pervers qui fait que leur entrée en scientologie et leur progression dans la hiérarchie de la secte va leur coûter de plus en plus cher.

Créée au début des années cinquante par un prolifique auteur de science-fiction, Lafayette Ron Hubbard, la scientologie a connu un développement à deux vitesses aux États-Unis et en Europe.

Aux États-Unis, après une longue bataille procédurale, elle a fini par obtenir l'exonération fiscale. Autrement dit, elle y est très officiellement considérée comme une association cultuelle, une religion. Il faut dire que l'Église de Scientologie n'a jamais hésité à financer les campagnes électorales des personnalités les plus en vue. Cela aide, évidemment, au point de voir des officiels américains faire, à l'occasion, pression sur la France ou l'Allemagne qui mènent un combat judiciaire contre la Scientologie.

Car, dans ces deux pays, tout comme en Belgique, la Scientologie est considérée comme une secte particulièrement nuisible. En Allemagne, certains lands interdisent l'accès à la fonction publique aux membres de l'Église de Scientologie.

En France, des membres de la secte ont été condamnés pour des faits d'escroquerie et d'homicide involontaire.

En Belgique, une vingtaine de perquisitions ont eu lieu, en septembre dernier, à l'initiative du juge d'instruction Van Espen qui mène, avec la BSR de Bruxelles, une enquête financière sur la Scientologie.

Car, il est évident que l'Église de scientologie n'est jamais qu'une entreprise purement commerciale, qui génère d'importants profits en exploitant la naïveté, la crédulité de ceux qui, un jour ou l'autre, frappent à sa porte.

Argent noir dans les slips!

Roger Gonnet fondateur de l'Église de Scientologie à Lyon au milieu des années 70, connaît bien ce système, qu'il a décidé de dénoncer sans relâche depuis qu'il a quitté la secte en 82. "Quand j'ai débuté, raconte-t-il, j'ai ouvert une franchise. je devais verser 15% de commission à l'Église sur mon chiffre d'affaires. Il fallait aussi que j'achète un stock de livres, des électromètres, des magnétophones, etc. à des prix 10 fois supérieurs à leur valeur réelle". Puis, il y avait les cours payés jusqu'à 10.000 FB l'heure. "Environ 80% de nos bénéfices remontaient dans l'organisation. Et tout se faisait en noir. Pas question, dès lors, de faire remonter l'argent vers le siège européen de Copenhague par la voie bancaire. Nous allions porter l'argent nous-mêmes en cachant les billets dans nos slips et nos soutiens-gorge".

Aujourd'hui, la Scientologie a dépassé ce stade artisanal. Ses transferts de fonds se chiffrent désormais en milliards de francs et elle utilise les canaux classiques pour faire voyager de l'argent pas toujours très clair.

Tant en France qu'en Belgique, les enquêtes judiciaires ont ainsi mis au jour l'existence de comptes en banque luxembourgeois auprès d'une banque qui n'est pas inconnue de nos lecteurs: la KB Lux.

Il faut dire que pour atteindre le niveau "OT 8" dans la secte, aujourd'hui le niveau le plus élevé, il faut débourser près de 15 millions de francs belges.

A l'heure actuelle, il y a environ 50.000 scientologues actifs à travers le monde. Mais les gogos qui tombent dans leurs mains pour quelques semaines ou quelques mois, le temps de dilapider leu économies, sont beaucoup plus nombreux. Et c'est eux qui font fortune de la secte.


Danemark

Windows 2000 Disk Defragmenter, livré par la Scientologie

Site de Cyril Malka, AFP 13 décembre 1999

[Texte intégral]

Scientology a livré un programme qui est intégré dans Microsoft Windows 2000, écrit le journal Computerworld Online le 13. decembre ). Le produit risque maintenant d'être boycotté par l'église catholique, toutes les institutions allemandes et les firmes allemandes. Un dirigeant du mouvement Scientologue à, au travers de sa société, Executive Software, livré le programme "Windows 2000 Disk Defragmenter" qui est produit par la firme Executive Software et basé sur le produit de la firme nommé 'Diskeeper'.

La firme est fondée et dirigé par Craigh Jensen qui est Operating Thetan VIII, le plus haut niveau que l'on puisse obtenir en ce moment .

Intégré dans Windows 2000 ce programme défragmente le disque dur ce qui veut dire qu'il 'nettoie' le disque dur.

Chez Microsoft-Danmark, le directeur des ventes, Søren Rasmussen ne connaissait rien de cette coopération. " C'est la première fois que j'entends ça", dit-il lorsque Computerworld Online téléphone, "mais notre opinion de base est que nous ne faisons aucune discrimination des firmes, associés ou employés. Surtout pas à cause de leur religion!" dit Søren Rasmussen.

Mais lorsque l'on achète Windows 2000, on enrichi automatiquement Scientology.

N'est-ce pas une combination malheureuse Nous ne regardons pas à l'orientation religieuse de nos associés. Il n'est pas sûr que nous la connaissions. Ça ne nous intéresse pas et c'est sûrement pour cette raison que nous n'avons pas pensé qu'il pouvait y avoir une connection entre notre produit et Scientology, dit Søren Rasmussen.

Il est impossible de désinstaller le programme Diskeeper. Le programme se réetabli lorsqu'on essaye.


Etats-Unis

Le lobby scientologue

Le point, n° 1409, 17 septembre 1999, par Jean-Sébastien Stehli.

[Extrait encadré]

Dans son rapport annuel sur l'état des droits humains de par le monde, qui vient tout juste de sortir, le Département d'Etat épingle les traditionnels mauvais élèves de la classe : de la Serbie à la Chine en passant par l'Irak. Mais le document consacre une place importante à la France et à l'Allemagne.

Le ministère des Affaires étrangères américain détaille en effet, par le menu, le traitement par les gouvernements de ces deux Etats d'une secte made in America l'Eglise de Scientologie. Paragraphe après paragraphe, le rapport relève jusqu'aux plus petits détails. Par exemple, que " les représentants officiels du ministère des Affaires étrangères allemand ont refusé d'engager un dialogue avec l'Eglise et ont décidé de ne pas rencontrer son avocat ".

On pouvait imaginer qu'en cette fin de siècle, qui ne manque pas de dictateurs et de viol des droits humains, l'administration américaine aurait autre chose à faire que de chercher noise aux contempteurs de la secte. Apparemment, non.

"Ce pays a été fondé par des gens qui cherchaient avant tout la liberté de culte, souligne Susan Elbow, porte-parole au Département d'Etat. Il y a la croyance fondamentale dans la liberté religieuse. Celle-ci est en effet garantie par le premier amendement de la Constitution.

Les Américains ont été alertés par des annonces pleine page dans leurs journaux :  le Washington Post, entre autres, et par les campagnes de ses stars de Hollywood : Tom Cruise ou John Travolta, sur les "sévices" subis par les adeptes de l'Eglise de Scientologie.

Comme l'explique l'Allemand Josef Joffe, membre du Olin Institute for Strategic Studies à Harvard, dans une longue analyse intitulée " Germany vs the Scientologists ", le contrôle de Berlin sur l'Eglise de Scientologie évoque " des analogies avec la chasse aux sorcières, d'Innocent VIII à Joe McCarthy."  Il poursuit: " C'est le langage que toute société, qu'elle soit médiévale ou moderne, utilise pour exprimer son anxiété collective et pour légitimiser ses fantasmes "éliminationnistes ". " Rien que cela ! " La plupart des gens ne considèrent sans doute pas la Scientologie comme une religion, mais ils ne veulent pas pour autant que son droit d'expression soit limité, explique Robert L. Hardgrave, spécialiste des libertés civiques à l'université du Texas, à Austin. Le gouvernement américain est absolument aveugle à toute différence entre religions et sectes. La Scientologie a des pratiques bizarres Que dire alors de ces Eglises dans les Appalaches où les fidèles doivent manipuler des serpents venimeux pendant l'office La foi n'est pas une affaire de délibération rationnelle, note Josef Joffe, et encore moins de choix public. Si la liberté doit avoir un vrai sens, le test véritable est la manière dont nous traitons les groupes que nous trouvons ridicules ou même répugnants. "

La tolérance du gouvernement américain tient aussi à une raison plus prosaïque. Hollywood, qui forme le contingent le plus visible des disciples de la Scientologie, est un des principaux financiers de la politique américaine.


France

Réouverture de l'Institut Aubert

AFP, 25 janvier 1999.

L'Institut Aubert, qui avait été fermée officiellement " pour raisons de sécurité " en novembre dernier, a reçu son autorisation de réouverture par le maire de Saint-Mandé Patrick Gérard (DL) après des travaux de mise aux normes approuvés par la commission de sécurité municipale.

D'autre part, un des parents d'élèves, père d'un enfant de 2 ans, a porté plainte auprès du parquet de Créteil pour " présentation mensongère des objectifs et des méthodes " de l'institution, " application de principes sectaires sur un enfant à l'insu de ses parents, non-conformité au droit de l'enfance et préjudices sur l'éducation et la scolarité de l'enfant ".


France

La juge retrouve des dossiers mais pas les bons

Libération, 3 mars 1999, par David Dufresne.

Le cafouillage s'amplifie après la disparition d'une partie de l'instruction.

[Résumé + Commentaire d'Emmanuel Marin]

Un tome et demi de l'instruction avaient disparu, la juge Marie-Paule Moracchini en a retrouvé six autres, à la grande surprise de la chambre d'accusation, qui écrit : "[ces] six tomes intitulés "pièces annexes" ont été nouvellement versés à la procédure sans que les pièces qu'ils contiennent ne comportent une cotation".

Ces pièces n'ont donc pas été exploitées. Or, selon les informations du journaliste, "y figureraient des rapports d'expertise, des éléments concernant une autre procédure concernant la secte, déjà jugée à Lyon, quelques lettres de parties civiles faisant état de pressions, mais aussi, et ce n'est pas rien, plusieurs plaintes qui remonteraient à 1983 et qui s'étaient, semble-t-il, elles aussi perdues dans les limbes."

Mais comme les documents disparus n'ont toujours pas été retrouvés, "la chambre d'accusation n'est toujours pas en mesure de statuer sur les suites à donner ou non au dossier". Le nouveau délai donné à la juge pour retrouver les documents se termine cette fois le 15 mars 1999.

Les avocats des parties civiles crient victoire pour certains, sont plus circonspects pour d'autres. L'avocat de la secte, Me Olivier Metzner, rappelle lui que le seul point important est celui de la prescription. Si aucune demande d'acte de procédure interruptif de prescription n'est retrouvée, l'affaire s'arrêtera là.

[La juge concernée, Marie-Paule Moracchini, défraie actuellement la chronique judiciaire pour une autre instruction. Elle a eu affaire encore une fois à la chambre d'accusation mais pour, cette fois, un... zèle surprenant. Cette juge est en effet celle qui avait demandé le traitement psychiatrique du substitut Albert Lévy dans le cadre de la plainte du maire FN de Toulon contre un article de VSD reproduisant un procès-verbal d'audition confidentiel. Cette demande de traitement psychiatrique, pour un homme de justice censé être paranoïaque et "voir le FN partout à Toulon", a été annulée le 1er octobre 1998 par la chambre d'accusation. Albert Lévy, qui avait a quitté Toulon pour Lyon. Un résumé récent de l'affaire peut être lu dans Libération du 15 Avril 1999, dans un article de Fabien Tassel, "Le substitut Lévy a subi une enquête zélée : L'instruction a déployé d'étonnants moyens contre quelques gêneurs varois. En vain."]


France

Handicapés et exploités : Scientologie business

Charlie Hebdo, 3 mars 1999, par Xavier Pasquini.

Droit de réponse et commentaire de Xavier Pasquini dans Charli-Hebdo, 24 mars 1999.

Pour effectuer le conditionnement d'une de ses revues, la Scientologie utilise les services d'handicapés mentaux...

[Résumé]

Pour le 14 février, le Centre d'Aide par le Travail de Rosebrie, dans lequel travaillent des handicapés mentaux, devait étiquetter 40 000  brochures de l'Eglise de scientologie, via la CCDH, consistant en une démolition du principe même des soins psychiatriques qu'ils suivent : "La psychiatrie détruit la religion". Refusant la clause morale de protection des personnes handicapées mise en avant par l'élu du personnel, le directeur du CAT mit la pression sur cette personne et confia enfin le travail à une équipe de CDD. "Informée de cette affaire, la Mission interministérielle de lutte contre les sectes a porté ces faits à la connaissance du procureur de la République de Créteil".

X. Pasquini rappelle ensuite la lutte menée par les psychiatres contre la scientologie, qui cherche à infilter des organismes psychiatriques relevant des services de l'Etat, et qui arrive quelquefois à organiser, sous couvert d'une association-paravent, des colloques auxquels participent des personnes respectables, servant ainsi, à leur insu, de caution.
[Texte intégral du droit de réponse + Commentaire de Xavier Pasquini]

Le centre horticole de Rosebrie, situé à Mandres-les-Roses, est un centre d'aide par le travail accueillant des travailleurs handicapés mentaux.

Le directeur a reçu d'une société française dénommé Intercom, avec laquelle il avait l'habitude de travailler, une commande pour l'étiquetage de revues, tâche pouvant être accomplie par les travailleurs handicapés.

A réception des palettes contenant les revues, l'attention du directuer a été appelée sur le fait que cette revue serait publié par une association financée par la Scientologie.

Le directeur prend alors immédiatement l'initiative de saisir la gendarmerie qui dépêche ses inspecteurs et mène une enquête.
A la question : " cette revue est-elle interdite ", la gendarmerie répond : "non."

C'est ce que le directeur du C.A.T. a expliqué aux éducateurs qui s'étaient légitimement, comme le directeur lui-même, interrogés sur la conduite à tenir.

Aucun de ces éducateurs, contrairement à ce qui est indiqué dans l'article, n'a été contraint d'effectuer l'étiquetage et encore moins sous la menace d'un licenciement.

De même, aucun d'entre eux ne s'est opposé à l'accomplissement de cette tâche par les travailleurs handicapés mentaux.

Il est dès lors totalement inexact de laisser croire que les salariés aient pu faire l'objet de pressions et que le directeur du centre d'aide par le travail ait pu adopter un comportement constitutif du délit d'abus de faiblesse alors qu'à l'inverse il a effectué les démarches et pris les précautions nécessaires à leur protection.

Enfin, ni le C.A.T., ni son directeur n'ont de près ou de loin le moindre lien avec une quelconque secte, et par conséquent avec la Scientologie, comme le laissent entendre le titre et la teneur de l'article.

Ils se réservent d'ailleurs de porter plainte pour diffamation.

M. Sundas, Directeur du C.A.T. Horticole de Rosebrie.

[L'article que j'ai écrit fait référence à un courrier officiel de la Mission interministérielle de lutte contre les sectes adressé au procureur de la République et dénonçant la situation existant au C.A.T. "Centre horticole de Rosebrie". Contrairement à ce qu'il est dit dans le "droit de réponse", les éducateurs se sont opposés, puisqu'ils ont alerté la Mission interministérielle. A aucun moment je n'ai écrit que le C.A.T. ou son directeur avait un lien avec la Scientologie. Je n'ai pas écrit non plus que la publication de la secte était interdite. Toutefois, la vraie question est toujours posée : "Est-il illégitime de faire exécuter le conditionnement de cette revue sectaire dont la couverture et le contenu sont extrêmement agressifs envers les traitements psychiatriques par des handicapés mentaux eux-mêmes sous traitement psychiatrique "]


France

Les scientologues recrutent par l'E-mail

Libération, 8 mars 1999, par Stéphane Arteta.

L'Eglise de Scientologie se met au cyber. Grâce au courrier électronique, la secte élargit son terrain de chasse.

[Texte intégral]

L'Eglise de Scientologie, la secte fondée par l'illuminé Ron Hubbard, qui peut se targuer de la présence dans ses rangs de personnalités tels Tom Cruise ou John Travolta, ne se contente plus de recruter de futurs membres dans les soirées hollywoodiennes, en alpaguant le passant sur le trottoir ou en gavant les boîtes aux lettres de prospectus. L'organisation sectaire se met aux nouvelles technologies pour chasser l'adepte. Avec le soucis d'élargir toujours le champs de ses futursmembres.

On en veut pour preuve les questionnaires électroniques reçus récemment par de nombreux internautes. Ces junk e-mails consistent en un test, pompeusement baptisé Oxford Capacity Analysis, vaguement freudien, pseudo-scientifique («Test d'Analyse Oxford des Capacités fondé sur des recherches scientifiques») et presque comique si on ne savait pas ses auteurs redoutables. Et c'est cadeau: «Testez-vous gratuitement»,annonce fièrement l'e-mail en début de page."

Vraiment Un enrôlement à l'oeil, fallait pas. Merci beaucoup, c'est trop d'honneur. Au programme: 200 questions, rien moins, pour un e-mailde 25 ko. Le but: découvrir «vos atouts et vos faiblesses (...) pourmieux diriger votre vie», identifier «les facteurs qui vous stressent»,et autres vicieuses promesses du même genre. Parmi les questions: «Avez-vous parfois des tressaillements musculaires, sans qu'il n'y ait aucune raison logique à cela », «Est-ce que l'idée d'infliger de la souffrance au gibier, aux petits animaux ou aux poissons vous empêcherait de chasser ou de pêcher », «Avez-vous un cercle restreint d'amis intimes plutôt que de nombreux amis et relations », «La vie est-elle une lutte constante pour survivre», ou encore «Méditez-vous fréquemment sur la mort, la maladie, la douleur ou sur des chagrins ».On en passe, et des pires. L'objectif est d'évaluer la personnalité del'interrogé. L'internaute sensible, fragile, émotif est une cibleidéale. Attention, un test traduisant une nature résolument optimiste ne met pas pour autant à l'abri du harcèlement des scientologues. Certains en ont fait l'amère expérience. Car une fois le cyber questionnaire retourné, la proie est férrée. L'Eglise de Scientologie détectera toujours une faiblesse et un remède adapté, quelque soit la teneur des réponses.Répondre est d'autant plus risqué qu'il faut indiquer son état civil, adresse, téléphone, et profession. «Les résultats de ce test sont strictement personnels et confidentiels», précise le mail. Pas très rassurant pour autant: l'un des «consultants» de la secte se propose ensuite (avec insistance si besoin) de vous expliquer «gratuitement les résultats de votre test.». Explication gratuite, généralement suivied'une onéreuse proposition de prise en charge psychologique longue durée. C'est seulement à la fin du questionnaire que vous savez à qui vous avez affaire, avec l'adresse du site Dianetics et un charabia maison. «La Scientologie est une philosophie religieuse appliquée. La Dianétique est une technologie de guérison spirituelle. Vos coordonnées sont transmises à l'Eglise de Scientologie afin que vous receviez des  informations sur la religion de Scientologie et sur la Dianétique.». Le masque est tombé. La référence rassurante à la loi informatique et libertés, qui protège l'internaute contre les atteintes à sa vie privée,  ne doit pas tromper. Un tel arguti juridique a bien peu de valeur dans la gueule d'un loup.

Attention au grand méchant spam !


France

Scientologie et justice

L'Express, 11 mars 1999, par François Koch.

Vols de dossiers, plaintes retirées contre un chèque, non-lieux étranges... Les juges peinent à poursuivre les gourous. Et manquent souvent de pugnacité.

[Résumé]

François Koch effectue un tour d'horizon des procès en cours concernant quelques sectes, dont principalement la scientologie. Il commence par livrer le témoignage de Pierre, ex-scientologue : "En revenant de Copenhague, le siège européen de la secte, je me balançais pendant des heures, assis dans mon lit. Je me recroquevillais aussi en position foetale et j'enlaçais des arbres. Toujours muet. J'avais perdu 20 kilos." Les différentes "prestations" de la secte lui ont coûté 191 000 francs, qu'il veut récupérer ainsi que les préjudices subis (sans compter les dépenses de soins nécessaires pour retrouver la santé). Or, seize ans après le dépôt de sa plainte en 1983, il risque d'assister à un enterrement de la procédure "à cause de la très énigmatique disparition d'une partie du dossier ou de la coupable négligence d'un juge".

"Pierre est ulcéré. Il a juste été entendu par un policier en 1985 et puis, plus rien. Reçue par le doyen Etienne Guilbaud, sa plainte a été transmise en 1988 à un autre juge d'instruction, Marie-Paule Moracchini. En 1993, Pierre est à bout de patience et change d'avocat. Son nouveau conseil, Me Jean-Michel Pesenti, va consulter le dossier au cabinet de la magistrate et ne trouve aucune trace de la procédure engagée ! Seule la scientologie n'a paradoxalement aucun doute sur son existence, puisque la secte lui propose en 1994 un chèque de 191 000 francs en échange du retrait de sa plainte."

Une mésaventure similaire est celle de Julia Darcondo, ayant également déposé plainte en 1983 après avoir perdu 600 000 francs dans la secte : "J'ai été entendue par le juge en 1984. Il y a cinq ans, la secte m'a offert 500 000 francs pour que je retire la plainte... qui avait pourtant disparu du dossier !". Me Jean-Michel Pesenti cite une autre anomalie : "La juge Marie-Paule Moracchini m'a déclaré en juin 1997 qu'elle possédait une lettre de désistement de la main d'un de mes clients. Or l'intéréssé nie avoir signé un tel document... qui ne figure d'ailleurs pas dans le dossier." S'il y a eu un faux, qui l'a introduit ?

C'est finalement la saisie par l'avocat de la mère de J.E. Cordero, lésé de 1 113 000 francs par la secte, de la cour d'appel de Paris en mai 1997 qui permettra de découvrir les fameuses disparitions de dossiers. La juge Marie-Paule Morachini, qui n'a pas voulu répondre aux questions du journaliste, "aurait dit avoir transmis un dossier complet et soutiendrait que sa copie présente les mêmes "trous", ce qui accrédite plutôt la thèse du vol. Et pourtant - coup de théâtre - les magistrats de la cour d'appel rendent un nouvel arrêt, 25 février dernier, dans lequel ils constatent que le tome IX "semble avoir été reconstitué par des copies de pièces" !"

Comment la juge a pu laisser dormir un tel dossier pendant 5 ans tout en laissant croire que l'enquête était sur le point de se terminer ? La secte l'aurait-elle abusée ? "La secte lui aurait fait savoir que toutes les parties civiles allaient se désister. Et, effectivement, via une lettre type rédigée par la Scientologie elle-même, 15 victimes ont signé le retrait de leur plainte entre juin 1993 et septembre 1994. Mais il en restait 8. Un peu comme dans le dossier lyonnais, où, sur 32 plaignants du début, seuls 10 demeuraient en lice lors de l'audience correctionnelle d'octobre 1996. Les parties civiles subissent souvent un véritable harcèlement, gros chèque à l'appui. Beaucoup, de guerre lasse, finissent par céder."

Mais des magistrats ayant retrouvé dans la mémoire d'un ordinateur une trace de la plainte disparue de Pierre, il existe un espoir que les plaintes reprennent leurs cours. Me Pesenti a de plus d'ores et déjà déposé au nom de ses 4 clients une plainte pour "soustraction frauduleuse de document remis à personne investie de l'autorité publique dans l'exercice de ses fonctions". Si malgré tout le dossier était enterré, l'avocat pourrait enfin saisir le tribunal administratif pour obtenir des dommages et intérêts de l'Etat.

Le procès de Paris n'est pas le seul procès au déroulement curieux concernant la scientologie : le journaliste aborde l'affaire du procès de Marseille : "Une affaire qui démarre en 1990, où 7 scientologues sont mis en examen pour escroquerie, exercice illégal de la médecine et violences, et qui n'est toujours pas jugée.. alors que l'instruction est terminée depuis six ans ! A cause d'une monumentale erreur du juge d'instruction, qui n'a tout bonnement pas notifié les cinq rapports de l'expert psychiatre Jean-Marie Abgrall aux mis en examens et aux parties civiles. Le tribunal de grande instance de Marseille a donc sans surprise annulé en janvier 1995 l'ordonnance de renvoi en correctionnelle du magistrat instructeur."

Cependant quatre ans supplémentaires n'ont pas permis au procès d'avancer ? Empêche-t-on le juge de travailler sereinement ? Les pressions sur l'expert et les plaignants sont avérées. Ainsi, le procureur de Marseille écrit dans son réquisitoire : "L'expert et les plaignants ont fait l'objet de menaces ou de chantage. Des dossiers ont été constitués sur des magistrats afin d'être exploités dans le cadre dit "de la propagande noire", autre méthode utilisée par les scientologues à l'encontre de personnes susceptibles de mettre à leur activité lucrative." Le journaliste ajoute, concernant le juge, cette fois : "Des scientologues seraient venus faire du "tapage" devant le bureau de la juge d'instruction et auraient fait des déclarations publiques très critiques en utilisant une information sur sa vie privée."

François Koch cite également des cas de pressions dans le cas du Mandarom - secte s'étant attirée les bonnes grâces d'élus locaux . Il termine sur l'affaire des perquisitions massives au sein de la secte de la Famille (ex-Enfants de Dieu) qui laisse un goût amer aux enquêteurs : "Il y a eu des fuites, et les familles d'adeptes restés sur place avaient soigneusement préparé leurs interrogatoires avec les gendarmes".

[Ces deux derniers cas sont traités à part dans la revue de presse : voir suite Mandarom et suite La Famille]


France

Un maire parisien contre la scientologie

Libération, 24 avril 1999.

[Texte intégral]

Le maire du XIIè arrondissement de Paris, où siège l'Eglise de scientologie d'Ile-de-France, a dénoncé hier la grande exposition qui s'ouvre aujourd'hui dans les salons Saint-Honoré à l'occasion des quarante ans de l'association en Europe. Jean-François Pernin (UDF) appelle à une mobilisation de tous "contre cette secte dangereuse dont le prosélytisme a trop duré".


France

La préfecture de police de Paris autorise des concerts  de la scientologie

Libération, 7 mai 1999, par Daniel Licht.

[Résumé]

" C'est une secte dangereuse et on les laisse manifester en toute liberté."

Cet article nous rappelle que la scientologie a exhibé son orchestre de  soft-swing et distribué ses tracts à travers la capitale, entre autre là ou la préfecture interdit toute distribution de tracts. " On nous rebat les oreilles pour nous dire que c'est une secte dangereuse et on les laisse manifester en toute liberté. C'est vraiment scandaleux" s'insurge un commerçant.

Un traitement de faveur a été accordé à la scientologie puisque c'est avec l'accord de la préfecture que cette manifestation a eu lieu.

Monsier Alain Vivien, Président de la Mission interministérielle de lutte contre les sectes a écrit au préfet de police, Philippe Massoni, pour faire part de son étonnement devant une telle mansuétude. Madame Janine Tavernier, présidente de l'UNADFI a fait de même.


France

 Electropsychomètre et logorrhée pour tous

Libération, 7 mai 1999, par Daniel Licht.

[Résumé]

Dans un grand hôtel, la secte expose ses croyances.

C'est dans les sous-sols moquettés d'un grand hôtel parisien que la scientologie a décidé, cette semaine, de s'exposer : "Nous voulons que les gens aient une autre image de nous, sortir des histoires de procès et parler du fond", explique Danielle Gounord, porte parole et ex-présidente de la scientologie en France.
C'est une opération de séduction avec l'environnement requis et notamment une démonstration du fameux électromètre défini par la scientologie comme "un ustensile religieux d'une religion du XXIème siècle", démonstration qui ne semble pas impressionner une dame, Pasteur de l'Eglise réformée.

Classée secte dangereuse par le Parlement français mais reconnue comme religion par le fisc américain, la scientologie faisait cette exposition à l'occasion du 40ème anniversaire de son implantation en Europe.

Un commerçant retraité  a déclaré, nous apprend l'article :"Il n'y a pas à chercher de religion là dedans, c'est de la superstition, comme la voyance. Je me demande si ceux qui y sont ont la tête solide...".


France

  La  Scientologie ne saurait être reconnue comme religion par les tribunaux

Le1er juillet 1999
PREMIER  MINISTRE 
Mission Interministérielle de Lutte contre les Sectes


COMMUNIQUE DE PRESSE

La Scientologie ne saurait être reconnue
comme religion par les tribunaux.

La Mission Interministérielle de Lutte contre les Sectes prend acte, avec satisfaction, de l'arrêt de la Cour de Cassationdu 30 juin 1999.

Tout d'abord, le caractère non discutable de l'aide apportée par Mme Gounord et MM. Chapelet et Veau aux deux "églises" scientologues implantées à Lyon est clairement réaffirmé.

Deuxièmement la Cour de Cassation se borne à relever que l'examen de la procédure, qui excluait les personnes précitées de toute sanction dans l'affaire d'escroquerie commise à Lyon par trois responsables scientologues, n'a pas permis de prouver qu'elles aient directement, "par provocation ou par instruction, pris part à la conception ou à l'execution" des dites manoeuvres frauduleuses. La Cour, implicitement, rappelle qu'il n'existe aucune immunité pénale particulière.

Troisièmement la Cour de cassation rappelle qu'il n'appartient pas au juge de se prononcer sur le caractère de religion d'une association. L'attendu de la Cour d'appel de Lyon, dont la Scientologie tirait abusivement qu'elle était "reconnue comme une religion" par un tribunal français est anéanti.


France

  Scientologie : La  Secte du samedi soir

Charlie Hebdo, 4 août 1999, par Xavier Pasquini.

[Extraits]

Voilà trois ans, Travolta jouait dans Phénomène, un film de propagande scientologue destiné au grand public. Aujourd'hui, il remet ça.

[Extrait]

Il tourne actuellement au Québec Battlefield Earth, tiré d'un roman de science-fiction écrit paj Ron Hubbard, fondateur de l'Eglise de Scientologie. Cette fois il s'est encore plus impliqué en étant aussi le co-producteur du film avec Jonathan Krane.

L'histoire se passe en 2800. Il interprète le rôle du chef de la sécurité des « Psychlos », qui impose sa loi aux humains qui survivent sur la planète Terre. Selon Travolta, qui ne veut pas affoler le grand public, il n'y a rien de scientologique dans cette affaire. Ça ressemble à un gros mensonge.
 


France

Scientologie :  Coucou, c'est la sciento !

Charlie Hebdo, 25 août 1999, par Joëlle Levert.

[texte intégral]

Le 17 août, on apprenait par une dépêche AFP que la Commission des citoyens pour les droits de l'Homme (CCDH) organisait une caravane pour protester contre les internements psychiatriques abusifs. Seulement voilà, la CCDH est une émanation de la Scientologie. Pour la secte, un dépressif remis sur pieds, c'est un adhérent potentiel en moins..

Sus au Prozac et aux psys, les paumés sont nos millions !

Mais ce détail ne figurait pas dans la depêche. Pas plus que dans les deux précédentes, qui ronronnaient déjà sur la caravane cycliste de la CCDH. On y présentait même le comité comme une « ONG basée à Paris ». À ce rythme-là, l'AFP va bientôt nous expliquer que la Sciento est une célèbre association humanitaire.


France

  Scientologie : Les dossiers détruits de la scientologie

Libération, 9 septembre 1999, par David Dufresne.

[Texte intégral]

Trois tonnes de documents disparues du tribunal de Marseille.

Ce devait être le deuxième grand procès de la Scientologie. Après celui de Lyon, avant celui de Paris.

A partir du 20 septembre, sept membres de la secte devaient comparaître devant les assises de Marseille pour escroquerie (lire ci-contre). Mais voilà. Alors qu'un tome et demi du dossier d'instruction avait déjà disparu à Paris dans une affaire concernant la Scientologie, ce sont cette fois les scellés de l'instruction marseillaise qui se sont évaporés, et même pire : ils ont été détruits.

Selon nos informations, trois tonnes et demie de documents sont ainsi passés au pilon. Et le plus étonnant, c'est que l'incroyable incident remonterait à 1998. Mais ce n'est qu'hier, en fin d'après-midi, que le président du tribunal de Marseille a convoqué dans l'urgence avocats et procureur pour l'expliquer.

L'affaire est jugée une première fois en 1995. Pour être aussitôt renvoyée, pour des questions de procédure. Le dossier retourne donc chez le juge, et les scellés, au greffe. Rien de plus normal. Jusqu'à ce qu'un problème survienne.

Version officielle de la justice : au bout de trois ans, le greffe aurait imaginé que l'affaire était close. Car après ce délai, un dossier est prescrit. Croyant bien faire, le greffe a donc détruit deux électromètres "religieux" de la secte, des dossiers d'adeptes et des pièces comptables. Ce sont ces dernières, surtout, qui posent problème. Dans le bureau du président du tribunal, hier, c'est le choc.

En tout cas, c'est vraiment pas de chance. Dans la soirée, Denis Barthélemy, secrétaire général de la mission interministérielle de lutte contre les sectes, s'avoue dubitatif. Et pas mal inquiet : « On est en droit de se poser des questions devant la répétition de tels faits. » Jean-Michel Pesenti, avocat d'une des victimes, annonce qu'il va saisir la garde des Sceaux dès ce matin.

Précisément, hier soir, à la Chancellerie, on se disait « très préoccupé ». Et on envisageait une inspection. Et puis, il y a Jean Dupuis, un des hauts responsables de la secte. D'abord, il a éclaté de rire. Et, ensuite, l'esprit maison a repris le dessus contre « cette manouvre malhonnête destinée à nous discréditer ».


France

  Scientologie : Une audience qui s'annonçait rude

Libération, 8 septembre 1999, par Dino Dimeo.

[Texte intégral]

L'instruction, démarrée en 1989, dévoilait les malversations de la secte.

L'Eglise de Scientologie compte 10.000 membres en France dont « mille à deux mille de purs, de vrais, de durs ». Quand la Sûreté urbaine de Marseille déboule, en mai 1990, dans les locaux de l'Eglise de scientologie à Nice et à Marseille, c'est le jackpot.

Depuis quelques mois, les policiers ont mis la secte sous surveillance et sur écoutes. Mais ils n'ont encore rien vu. Dans les tiroirs, ils saisissent les fichiers des adhérents, des pièces comptables et, surtout, des documents plus confidentiels, comme les « PC Folders » (pour «dossier pré-clair», fiche qui suit l'itinéraire des membres au sein de la Scientologie). Et mieux encore, des circulaires internes du grand gourou L. Ron Hubbard, où la finalité financière de l'Eglise s'étale en grand. Mais une partie de tout cela a été détruite.

A l'époque, en tout cas, les premières plaintes déposées en 1989 pour « escroquerie » sont instruites. Dix ans plus tard, c'est le procès: le 20 septembre, à Marseille. Et à lire l'ordonnance de renvoi des responsables locaux de la secte devant les assises, signée par la juge Françoise Issenjou, et que Libération s'est procurée, l'audience s'annonce rude pour les scientologues.

Vendre. Les notes d'Hubbard, d'abord.

Ainsi, celle où le défunt fondateur de la secte décortique le rôle de ses orgs (ses bureaux) : « Votre org tanguera dangereusement si vous ne vendez pas d'énormes quantités de livres tous les jours. » « La seule raison pour laquelle les orgs existent est de vendre, et délivrer des matériaux et des services au public. » Mais ce n'est pas tout. Le mentor, ex-écrivain de SF, qui a écrit, beaucoup, et pensé, à tout, précise même l'une des « missions » des orgs : le hard sell (vente à la dure). Une mission qui tient en deux points:

«1) Signifie d'être déterminé à ce que les gens achètent,
2) Etre concerné par la personne, ne pas être raisonnable avec les stops et les barrières, mais faire en sorte que la personne paye et prenne le service.»
Et question services, la Scientologie est bonne vendeuse. A Marseille en 1989, comme aujourd'hui partout dans le monde. Tests, « auditions », livres, cassettes : c'est toujours le même embarras du choix, la même technique. Un test gratuit, et plus, si affinités. A Marseille, les juges et le parquet s'arrêtent surtout sur deux des « services » vendus aujourd'hui encore par la secte : l'électromètre et les séances de purification. Le premier, muni de deux électrodes et d'un cadran, est officiellement un « appareil religieux pour aider l'auditeur et le pré-clair à localiser les zones de détresse ou de tourment spirituel » (1). Mais quand les magistrats font faire une expertise technique, les conclusions étrillent « un appareil électronique ordinaire, qui permettait de faire une évaluation d'une tension électrique en relation avec une entité mal définie, et non une mesure véritable, dont la notice jointe [...] l'entourait sans raison de mystère et d'éloges dithyrambiques ». Sauf, peut-être, pour faire passer le prix du joujou, qui peut atteindre les 30.000 F.

Quant aux « purifications », les magistrats notent qu'à Marseille et à Nice elles « se pratiquaient grâce à des séances de sauna intenses, accompagnées de courses à pied et suivies d'absorption massives de vitamines A, B, C, PP ou de produits prétendus tels (non commercialisés en France) dosés par téléphone et en fonction des réactions rapportées au conseiller purificateur ». Coût : 12.000 F pour une purification normale. 10 000 F de plus pour une « intensive ».

Belles sommes. Résultat, quand les policiers dénichent dans d'autres tiroirs les recettes totales du bureau niçois de la Scientologie, ils tombent sur une belle somme : 7 millions de francs, rien que pour 1989.

D'où la comparution, pour escroquerie, de Xavier Delamare, le responsable local d'alors, avec six autres membres de l'Eglise. C'est que ceux-ci sont tombés sur un déçu coriace : Raymond Scapillato, 46 ans, gérant de société. Contrairement à d'autres, l'homme n'a jamais retiré sa plainte. Et a tenu bon. Malgré la lassitude, malgré les lettres de menace à peine voilées, toutes anonymes.

Décembre 1989 : Scapillato débarque au centre de dianétique de la rue Marengo, Marseille, VIe. Il achète ses premiers bouquins estampillés Hubbard et subit une quarantaine d'heures d'audition en un mois. Selon les inspecteurs, elles suscitent chez lui des « bouffées délirantes qui avaient entraîné une modification de son comportement et de l'affect ». Mais qu'à cela ne tienne, le centre Marengo a la solution : un « traitement » à Paris, pour 150.000 F. Scapillato décline. Alors, on lui offre un mini-séjour à 15.000 F. Puis, en février 1990, l'homme adresse une lettre de réclamation. La secte lui rembourse quelques livres et un cours : 1.161 F et 1.680 F.

La face business. C'est l'instruction qui commence. Et les aveux distillés, comme ceux du responsable, Xavier Delamare, qui reconnaissait devant les enquêteurs que l'un de ses buts était « d'être la meilleure mission d'Europe » à coups de « ventes maximum ».

C'est ici tout l'enjeu du procès, jugé « essentiel » par Jean-Michel Pesenti, l'avocat de Raymond Scapillato : la face business pur de la secte.

Chez les intéressés, on minimise. On parle d'« affaire périmée », de « dérapages locaux qui ne concernent pas l'Eglise elle-même » et surtout de « remake de Lyon ». Allusion au procès de 1996 qui avait vu la condamnation de plusieurs responsables de la secte, mais la reconnaissance par la cour d'appel de Lyon, l'année suivante, que « l'Eglise de scientologie peut revendiquer le titre de religion ».

Il n'empêche. Jean Dupuis, l'un des responsables nationaux actuels de l'Eglise, le lâche dans un sourire : « On sera à Marseille s'ils ont besoin de nous. » Du coup, le grand jeu sera sûrement de mise. Comme à Lyon. Comme à chaque fois. Sauf si tout ça est compromis, in extremis, par la disparition soudaine des scellés.

(1) Qu'est-ce que la Scientologie, L. Ron Hubbard, New Era, 843 pp., 1998.


France

Scientologie : L'Institut Aubert a fermé

Le Parisien, 9 septembre 1999, par R.B.

[Texte intégral]

Vincennes. La quarantaine d'élèves qui fréquentaient encore l'Institut Aubert jusqu'à fin juin dernier ont dû trouver une place ailleurs. L'école privée, hors contrat, gérée par l'église de scientologie a finalement fermé ses portes, contrainte et forcée.

La vieille bâtisse de style anglais, occupée jusqu'à présent par l'institut Aubert, sur l'une des principales artères de Vincennes, devrait en effet changer de locataire à la demande du bailleur. La société gérant l'institut a été condamnée par le tribunal civil de grande instance de Créteil à « libérer les lieux », à la demande du propriétaire.

Cette décision rendue publique en février dernier, s'est donc appliquée dès la fin de l'année scolaire. A l'origine de cette affaire : des irrégularités constatées dans la cession du bail.

Mais les membres de l'institut et des parents, qui ne cachent d'ailleurs pas leur appartenance à la scientologie, dénoncent une « chasse aux sorcières ». Occupant ces lieux depuis quelques années, l'institut Aubert a plusieurs fois défrayé la chronique pour l'appartenance de sa directrice à l'église de scientologie. L'établissement a déjà fermé ses portes une première fois, en novembre dernier, suite à l'intervention de la mairie de Vincennes.

Après la visite de la commission de sécurité, la ville avait demandé sa fermeture officiellement pour des « raisons de sécurité ». Les responsables de l'école avaient alors effectué des travaux de remise aux normes et avaient rouvert après le feu vert de la même commission au début de l'année.

« Une bonne nouvelle »

Depuis, une dizaine de parents, découvrant les principes pédagogiques du fondateur de la secte de scientologie, Ron Hubbard, utilisés dans l'établissement avaient retiré leurs enfants de l'Institut. L'un des parents avait d'ailleurs déposé plainte auprès du procureur de Créteil pour « présentation mensongère des objectifs et méthodes pratiquées par cette institution ». L'enquête suit son cours. Evoquant brièvement cette fermeture définitive dans son éditorial du magazine municipal, le maire de Vincennes, Patrick Gérard, parle d'une « bonne nouvelle pour ceux qui s'inquiètent de l'emprise des sectes ».


France

Scientologie : Guigou enquête au tribunal

Libération , 9 septembre 1999, par David Dufresne

[Texte intégral]
 

«Quand une organisation cherche à mettre 
la main sur des services
de l'Etat, elle doit être dissoute.» 

Alain Vivien, de la Mission de lutte contre les sectes 

L'affaire des pièces sous scellés détruites au greffe du tribunal de Marseille, dans le cadre d'une instruction contre l'Eglise de scientologie (lire Libération d'hier), n'entame pas le moral de la porte-parole de la secte, Danielle Gounord, qui se dit même de «bonne humeur» : «Tout ça ne change rien.» C'est promis, le 20 septembre, les scientologues seront là, au tribunal correctionnel de Marseille, pour soutenir sept anciens responsables ou membres locaux poursuivis pour escroquerie, et pas question, pour l'heure, de soulever des questions de procédure chez ceux qui sont pourtant maîtres en la matière : «Nous n'avons aucun intérêt à demander le renvoi du procès, répète Danielle Gounord. Il faut qu'on en finisse. Cette instruction moisissait depuis dix ans au tribunal de Marseille.» Et Mourad Oussedik, avocat d'un des prévenus, de confirmer les propos de la porte-voix de la secte tout en s'insurgeant contre «le tapage qui n'a pour but que de faire indirectement pression sur les magistrats marseillais, à la veille du procès».

Question tapage, l'avocat est dans le vrai. Après les révélations des scellés détruits, les déclarations sont tombées hier en rafales. Comme pour souligner le malaise. A commencer par Elisabeth Guigou: «C'est un événement très grave (...). Est-ce une erreur ? Est-ce un sabotage ?» Et qu'importe si la thèse de l'erreur est «en première analyse» retenue, le ministère de la Justice décide de faire vite, en diligentant dans la matinée une enquête administrative au sein des services du greffe du tribunal de Marseille, coupables d'avoir procédé à l'incroyable pilonnage.

Chambre forte.

En espérant que cette inspection soit plus fructueuse que celle qui a déjà concerné l'Eglise de scientologie. C'était à l'automne 1998. En plein cour du palais de justice de Paris, on apprend qu'un tome et demi, sur les dix tomes d'une instruction menée depuis 1989 contre la scientologie, a disparu. Depuis, l'original du dossier non perdu est calé au fond d'une armoire blindée, à la chambre d'accusation, et son double placé dans une chambre forte. Quant à l'inspection décidée alors par Elisabeth Guigou, elle n'a encore donné aucune «réponse claire» sur le pourquoi de la disparition des documents, reconnaissait-on hier au ministère.

Doutes.

Alors, forcément, après le volet parisien de l'an dernier, l'épisode marseillais d'hier est venu instiller sérieusement le doute. Parmi les premiers à réagir, il y a Raymond Forni (PS), vice-président de l'Assemblée nationale : «Je ne crois pas à l'erreur accidentelle. Ma conviction est qu'il y a une infiltration de l'appareil judiciaire par des mouvements sectaires. Et pas forcément chez les magistrats.» Puis, Alain Vivien, président de la Mission interministérielle de lutte contre les sectes (Mils) : «La version officielle de la destruction des scellés à Marseille - une erreur humaine - est peu probable.» Adversaire de longue date des adeptes de L. Ron Hubbard, Alain Vivien est même allé plus loin : «Quand une organisation milite pour remplacer le système républicain par une "élite" et cherche à mettre la main sur des services de l'Etat, elle doit être dissoute. Comme le SAC, en son temps. Pour nous, cette affaire est un test. Peut-on laisser faire dans une démocratie de telles pratiques ?» Et le test tombe à pile pour la Mils, qui boucle un rapport sur l'infiltration des sectes au cour de l'administration qui doit être remis à Jospin à la fin de l'année.

1.700 affaires.

Seulement voilà, le parquet de Marseille s'en tient à une version des faits très éloignée de tout cela : d'une part, les 3,5 tonnes de pièces détruites ne concernaient pas uniquement la scientologie, comme nous l'écrivions par erreur hier, mais plus de 1.700 affaires. Deuzio, le parquet assure qu'il s'agirait d'une « méprise survenue dans la gestion des scellés » et non d'une « action volontaire et malveillante ». Tertio, le pilonnage ne comprendrait que des « pièces annexes », sans grande importance, jamais consultées ni par le juge, ni par le parquet, ni par les avocats au cours des dix années d'instruction.

N'empêche, erreur ou non, tout cela ne dissipe pas le malaise. Ainsi, de source judiciaire, on précise qu'il aurait suffi en fait qu'une fiche d'archivage soit « mal lue, mal comprise ou mal rédigée » pour que l'incroyable incident se produise. En clair : que le préposé à la destruction ait cru l'affaire close et la destruction réglementaire. C'est court. Ensuite, il y a la date de l'incident : novembre 1998. Au plus fort du scandale des dossiers évaporés au cour du tribunal de grande instance de Paris, donc. Enfin, s'il s'agit de pièces secondaires, leur listing tient tout de même sur quatre pages et comprendrait, outre de la littérature maison sans grand intérêt judiciaire, des relevés bancaires et quelques pièces comptables. Dans le cadre d'une affaire d'escroquerie, c'est plutôt dommage. Quand bien même ces pièces seraient insignifiantes, on reconnaît, au parquet de Marseille, que leur disparition « risque de troubler le procès » à venir.

Cafouillage.

Enfin, selon nos informations, il y a aurait eu un sacré cafouillage au tribunal de Marseille au moment de la découverte de la méprise, en juin dernier. Entre le procureur et le parquet général, il y a divergence de vues : le premier veut avertir victimes et prévenus. Le parquet général, lui, préfère demander conseil à la chancellerie. Et quand le ministère de la Justice est enfin mis au courant, on a perdu du temps, et Place Vendôme, on tombe des nues et on pique une petite colère. Car on sait l'affaire sensible.


France

Guigou souhaite que l'on empêche les sectes de "nuire"

AP,  9 septembre 1999.

[Texte intégral]

PARIS - Elisabeth Guigou a durci le ton à l'encontre des sectes jeudi, en estimant qu'il faut "les empêcher de nuire", et réaffirmé son intention d'aller jusqu'au bout dans l'enquête sur la disparition à Marseille d'un dossier d'enquête sur l'Eglise de scientologie.

"On sait que ces sectes, celle-ci en particulier, sont extrêmement puissantes. Elles sont fondées sur des réseaux économiques et des réseaux d'argent qui leur donnent des moyens d'action considérables. Elles abusent des gens faibles, crédules qui sont en situation d'infériorité ou de fragilité pour des raisons personnelles, professionnelles, familiales. Et je pense en effet qu'il faut les empêcher de nuire", a déclaré la ministre de la Justice sur RTL.

Elisabeth Guigou a ajouté comprendre que le président de la mission interministérielle de lutte contre les sectes, Alain Vivien, "pose
cette question" de l'interdiction.

Le garde des Sceaux a précisé qu'elle rendrait publiques les conclusions de l'enquête sur la disparition à Marseille d'un dossier judiciaire sur l'Eglise de scientologie parce qu'elle ne veut pas que "subsiste le moindre doute".

Elle a précisé qu'elle devrait avoir "assez rapidement" les résultats de l'enquête confiée à l'Inspection générale des services judiciaires.

L'audience devant le tribunal correctionnel de Marseille, prévue le 20 septembre, devrait pouvoir se tenir malgré la disparition des scellés, estime-t-on au ministère.

Sept personnes, membres de l'Eglise de scientologie, doivent comparaître pour "escroquerie et exercice illégal de la médecine".

Un avocat de Nancy a révélé jeudi une autre affaire de disparition de pièces dans un dossier concernant la scientologie mais les autorités judiciaires ont aussitôt démenti cette information.

Me Alain Behr a déclaré avoir constaté en janvier dernier que 110 pièces d'un dossier, qui en compte au total 200 et concerne la plainte d'une jeune scientologue contre sa mère, qui voulait la soustraire à l'Eglise, avaient disparu entre les juridictions de Verdun et de Caen.

Mais un magistrat a fait savoir que ces pièces avaient été retirées légalement à la suite de décisions rendues par les cours d'appel de Verdun et Caen.

"Infiltration des milieux judiciaires"

"Ce n'est pas une affaire de l'Eglise de scientologie, c'est un conflit familial dans lequel une des parties accuse l'autre partie d'appartenir à l'Eglise de scientologie", a déclaré l'avocat général Eric Enquebeck, chargé des questions "sensibles" à la cour d'appel de Caen.

"Une centaine de pièces concernant ce dossier ont été retirées légalement à la suite de la décision de la chambre de mise en accusation de la cour d'appel de Nancy", a-t-il déclaré.

Rapatrié à Caen, le dossier contenait encore certaines des pièces annulées à Nancy pour vice de procédure et la cour d'appel de Caen les a fait retirer.

* La cour d'appel de Caen a toutefois découvert jeudi à la mi-journée l'omission, par le tribunal de Verdun, d'une centaine de pièces qui devaient être envoyées à Caen dans l'après-midi.

* Selon Eric Enquebeck, "une centaine de pièces (sur les 600 du dossier) n'avaient pas été transmises par le tribunal de Verdun".
"Elles le seront dans l'après-midi", a-t-il ajouté.

Invité sur France Info, Raymond Forni, premier vice-président socialiste de l'Assemblée nationale, a évoqué pour sa part une "infiltration" des milieux judiciaires.

"Le hasard ferait bien les choses pour l'Eglise de scientologie. Je ne crois donc pas du tout au hasard dans cette affaire, je crois au contraire à une infiltration des milieux judiciaires par l'Eglise de scientologie, je ne parle pas forcément des magistrats mais de tous ceux qui participent à l'oeuvre de justice, des fonctionnaires, quels que soient leur rang et leur niveau", a-t-il dit.

"Je ne sais pas si la République est en danger mais le crédit de l'institution judiciaire est en cause", a-t-il dit.

"Cela ne me paraît pas vraisemblable, compte tenu du nombre de dossiers en France concernant l'Eglise de scientologie, qu'à deux reprises, ou trois reprises plus exactement, il y ait eu des disparitions de pièces dans des conditions plus que douteuses et je me réjouis de la décision de vient de prendre Mme Guigou", a-t-il ajouté.

L'Eglise de scientologie a dénoncé pour sa part mercredi "une campagne de calomnies" et a relevé "la volonté de nuisance de ses détracteurs qui, bien que sachant que la destruction est survenue à la suite d'une erreur du greffe de Marseille, n'ont pas hésité à l'impliquer".

L'affaire de Marseille est intervenue après une première disparition mystérieuse de documents dans une autre enquête concernant l'Eglise de scientologie à Paris à la fin de l'année dernière.

Dans cette affaire, où une quinzaine de membres de l'Eglise de scientologie sont poursuivis pour "escroquerie" ou "exercice illégal de la médecine", les parties civiles avaient constaté le 12 octobre 1998 la disparition d'un tome et demi du dossier conduit par le juge Marie-Paule Moracchini.

Les avocats de la scientologie ont demandé l'annulation du dossier mais, le 24 juin dernier, le parquet général de Paris a demandé à la chambre d'accusation d'ordonner la poursuite de l'enquête et le dessaisissement du juge Moracchini. La chambre d'accusation rendra sa décision le 29 septembre.

Elisabeth Guigou avait ordonné une enquête administrative, qui n'est toujours pas terminée.
 


France

Dossiers disparus : "Calomniée", la Scientologie porte plainte

AP,  9 septembre 1999.

[Texte intégral]

PARIS - Après l'affaire de la destruction de pièces judiciaires au Tribunal de Marseille, l'Eglise de Scientologie a dénoncé jeudi dans un communiqué "les élucubrations ahurissantes proférées par une clique de détracteurs au travers des médias" et promis des suites judiciaires.

"Afin de faire cesser des déclarations sans fondement qui visent à faire pression sur les magistrats et interférer dans la tenue d'un procès équitable des Scientologues à Marseille", les scientologues "calomniés" annoncent donc qu'ils déposent une plainte pénale contre X, "visant les protagonistes qui ont proféré des mensonges et qui les ont gravement mis en cause durant ces deux derniers jours", précise la porte-parole Danièle Gounord.



France

Le débat sur l'Eglise de Scientologie est relancé.

Le Monde, 10 septembre 1999, par Nathaniel Herzberg et Luc Leroux à Marseille.

[Extrait]

LE DÉBAT sur l'Eglise de scientologie est relancé. En quelques jours, deux affaires de pièces judiciaires manquantes - à Marseille et à Caen -, ont provoqué des polémiques sur cette secte qui compterait environ cinq mille adeptes en France. Interrogée sur RTL, jeudi 9 septembre, la garde des sceaux, Elisabeth Guigou, a déclaré : « On sait que ces sectes, celle-ci en particulier, sont extrêmement puissantes. Elles sont fondées sur des réseaux économiques et des réseaux d'argent qui leur donnent des moyens d'action considérables. Elles abusent des gens faibles, crédules, qui sont en situation d'infériorité ou de fragilité pour des raisons personnelles, professionnelles, familiales. Et je pense (...) qu'il faut les empêcher de nuire ».

Mme Guigou a ajouté, à propos des scientologues éventuellement employés dans la fonction publique : « Il y a certainement des gens qui se sont laissés abuser ».

Ces propos ont suscité une vive réaction au siège de la Scientologie, aux Etats-Unis. Dans un communiqué rendu public à Los Angeles, son président, Heber Jentzsch, a indiqué qu'il tenait « la ministre personnellement responsable de tout tort dont tout membre de la communauté scientologue pourrait être victime du fait de ces déclarations ».

(...)


France

Scientologie : les limites de la loi

Libération, 10 septembre 1999, par David Dufresne et Armelle Thoraval.

[Texte Intégral]

 La justice s'interroge sur l'efficacité de l'arsenal législatif antisecte.
 

Selon la chancellerie, 250 affaires (enquêtes préliminaires, instructions ou condamnations) relatives aux sectes sont en cours en France. La justice, en ses palais, c'est le foutoir. Mais la Justice, au ministère, c'est en ordre. Et la Place Vendôme ne peut être soupçonnée d'aucune complaisance avec la scientologie.

Elisabeth Guigou a tenté de faire passer ce message hier matin à propos des deux affaires qui discréditent sa grande maison : la disparition de tomes d'instruction au palais de justice de Paris et la destruction de pièces à conviction au greffe du tribunal de Marseille dans deux dossiers concernant les scientologues. «Je pense qu'il faut les empêcher de nuire», a-t-elle expliqué à propos des sectes. Elle est allée plus loin, en estimant que l'on pouvait «se poser la question de l'interdiction de l'Eglise de scientologie» quand elle intervient dans les rouages de l'Etat».

Poser une question n'est pas y répondre. En l'occurrence, la réponse n'est pas près d'arriver. Car ouvrir le débat sur l'interdiction des scientologues dans la fonction publique revient à déclencher la querelle sur les mouvements qui sont des sectes et ceux qui auraient le statut de religion. Et à ouvrir un front plus fondamental : peut-on porter atteinte à la liberté de croyance, inscrite dans le marbre des principes constitutionnels français ?

Entre la Place Vendôme et la Mission interministérielle de lutte contre les sectes (Mils), les débats sont plus pragmatiques. Faut-il créer un délit spécifique concernant la manipulation mentale ? Pour l'instant, les spécialistes peinent à en définir le contour. En revanche, les travaux sont plus avancés sur le volet «collectif» des sectes.

Depuis 1994, il est possible de traîner devant les tribunaux les personnes morales (associations, sociétés). Utiliser la responsabilité des personnes morales (qui coûte très cher en amendes) pourrait permettre de frapper les sectes au cour et au portefeuille. La mission tourne aussi autour de la notion de «bande organisée» qui pourrait être appliquée à certaines infractions. Enfin, Denis Barthélemy, secrétaire général de la Mils, souligne que la loi du 10 janvier 1936 sur les «groupes de combat et milices privées» permet de dissoudre une organisation : or, la mission rappelle que la scientologie dispose d'un Office of Special Affairs (OSA, décrit comme une officine de renseignements). D'où des aménagements législatifs qui devraient être proposés d'ici la fin de l'année par la Mils à Lionel Jospin.

Le dispositif actuel est plus réduit ; une circulaire de sensibilisation des parquets généraux a été prise en décembre 1998. Un réseau de 35 correspondants a été créé dans les parquets généraux, qui doivent se réunir le 16 septembre pour faire le point sur l'ensemble des dossiers en cours. Actuellement, 250 affaires (enquêtes préliminaires, instructions ou condamnations) ont été repérées par la chancellerie. Des dossiers démarrés avec l'arsenal législatif classique: escroquerie, mise en danger d'autrui, non-assistance à personne en danger, violence avec préméditation, agression sexuelle.

La chancellerie soulignait, hier, ces efforts accomplis. Mais voilà, sur le terrain, le scepticisme est de mise. Mercredi soir, Jean-Michel Pesenti, l'avocat de la victime marseillaise qui poursuit la secte, envoyait une lettre de deux pages à Elisabeth Guigou. Pour lui dire son «inquiétude» face aux nombreux «dysfonctionnements» et, surtout, pour lui rappeler que la fameuse circulaire de sensibilisation des parquets de l'année dernière semble n'avoir «recueilli que peu d'écho» à Marseille. Idem du côté de Janine Tavernier, présidente de l'Unadfi (Union nationale de défense des familles et des individus), principale association antisecte : «Je suis très choquée du double langage inacceptable. D'un côté, un rapport parlementaire classe la scientologie comme mouvement sectaire dangereux. De l'autre, elle a toujours pignon sur rue.» Et recrute chaque jour.


France

Scientologie : Comment la secte appelle à « feinter » la justice

Libération , 10 septembre 1999, par David Dufresne.

[Texte intégral]

Extraits du règlement interne et secret édicté par le fondateur de la Scientologie.

C'est un document interne de l'Eglise de scientologie, signé du fondateur de la secte, L. Ron Hubbard. Dans le jargon scientologue, il s'agit d'une « lettre de règlement » éditée par le « département des affaires du gouvernement de la Scientologie ». Daté du 15 août 1960, figurant encore dans le tome VII du Livre vert des lettres de règlements de l'Eglise de scientologie, le texte est toujours appliqué dans la secte. Pour une raison simple: il fait partie intégrante du règlement interne, et confidentiel, de la Scientologie. La traduction ici reproduite avait été versée au dossier du procès de Lyon (1996).

Sans nullement prétendre expliquer les disparitions ou la destruction de pièces qui se sont dernièrement produites aux palais de justice de Paris et de Marseille, le document éclaire cependant l'ambiguïté de la secte devant les enjeux judiciaires.
 

Extraits de la littérature scientologue

«Face aux dangers qui nous viennent des gouvernements et des tribunaux, il n'y a que deux erreurs qu'on puisse commettre:

  • a) ne rien faire; 
  • b) se défendre. Face à toute menace, voici ce qu'il faut faire: 
    • 1) découvrir si nous voulons jouer le jeu qui s'offre à nous, ou pas. 
    • 2) Si nous ne voulons pas, il faut éviter le jeu par une feinte. Dans l'autre cas, il faut attaquer par le point le plus vulnérable que l'on peut apercevoir dans les rangs de l'ennemi. 
    • 3) Faire suffisamment de bruit pour dissuader l'ennemi. 
    • 4) Ne pas essayer d'en tirer de l'argent. 
    • 5) Faire en sorte que les attaques lancées par nous vendent la Scientologie au public. 
    • 6) Gagner. Si vous êtes attaqué sur un point vulnérable par quelque individu ou quelque organisation que ce soit, fabriquez ou trouvez une menace suffisante contre eux pour les amener à négocier la paix. La paix s'achète en négociant un avantage; débrouillez-vous pour vous mettre dans une position où vous aurez l'avantage, et alors, posez vos conditions. 
Ne vous défendez jamais, attaquez toujours. Ne restez pas inactif; c'est l'attaque imprévue sur l'arrière des premiers rangs de l'ennemi qui paie le plus ».


France

La Scientologie lave le cerveau de la société

Charlie Hebdo, 15 septembre 1999, par Anne Kerloc'h

[Extraits]

[...]

Le gourou fait du marketing.

La secte vise les lieux d'influence. A la Sciento, on ne tape pas dans le paumé pouilleux, mais plutôt dans ; cadre sup' et les professions libérales. On ne s'habille pas de vieux chiffons orangés pour prier les extraterrestres. Mais on se fait doctement évaluer par un électromètre et on suit des stages pseudo-psy de « Dianétique » pour devenir un « thétan » surhumain et supra-performant (« un contre-maître ne pourrait pas diriger ses équipes de façon vraiment efficace sans des aptitudes de professionnel en Scientologie », proclame un texte sciento).
Il suffit de regarder les documents internes (bien que la secte, qui a une tendance nette à la réécriture de l'histoire, ait pour habitude de tout nier, en bloc). « Visez les points clefs par n'importe quel moyen. Devenez la dirigeante d'un club de femmes, le directeur du personnel d'une société, le chef d'un bon orchestre, le secrétaire d'un président. » Et en avant pour le lobbying. Quant à ceux qui gênent... les « agents suppressifs », en langage sectaire, la méthode est simple : « Lorsque ce type d'agents agissent ou semblent très suppressifs [sic], faites enquêter sur eux, trouvez le scandale, et attaquez. »

Selon le témoignage d'un ancien adepte de la secte, Jesse Prince, archivé chez les associations de lutte contre les sectes (l'UNADFI et le CCMM), ce genre de programme est recommandé pour déstabiliser les juges.

[...]

A la Sciento, y a tout c'qui faut des juges et des libéraux.

Paul Ariès, politologue et auteur de La Scientologie, laboratoire du futur (éditions Golias), remarque : « Quand on est infiltré, c'est qu'on est perméable. Si la Scientologie fourre aujourd'hui des cadres de multinationales, c'est que ces méthodes ne sont pas très éloignées des méthodes de management des grandes entreprises. C'est le culte de la technique, de la performance, la religion de la marchandisation de l'Homme. » La Scientologie (trois millions d'adeptes, dont 10.000 en France) progresse sur l'ultralibéralisme. « Il y a des points de contact entre la Scientologie et le monde moderne. En Amérique, où le processus de mondialisation est beaucoup plus avancé qu'en Europe, la Scientologie est considérée comme une religion et se vante d'être soutenue par des grandes firmes comme McDonald's et Coca-Cola. Le meilleur moyen de combattre la secte, c'est de réaffirmer nos valeurs démocratiques d'égalité, de fratemité et, dans l'entreprise, de dignité des salariés. »
[...]

En avril, un journaliste espagnol d'El Païs-Semanal (supplément du dimanche d'El Païs) s'est livré à un show pro-Sciento en interviewant l'acteur John Travolta. Extraits de l'interview : « La Scientologie est-elle un moyen d'éviter les drogues et l'alcool qui circulaient à Hollywood ? » (réponse de Travolta : Ah, que oui ! ) « La Scientologie vous a-t-elle aidé à fuir le star-system ? » (Travolta : Oh, que voui ! ). Et ce passage insensé : « En1975, vous avez eu un rhume et un mal de gorge lors du tournage de Devil's rain. L'actrice Joan Prater vous a guéri simplement en vous touchant et en appliquant les techniques de la Scientologie. Cela fut votre premier contact avec cette religion ? »

Et si ça se trouve, ce journaliste si illuminé n'était même pas un adepte...


France

Scientologie : "L'erreur" est divine

Libération, 16 septembre 1999, par David Dufresne.

[Texte intégral]

Les pièces à conviction du procès de Marseille détruites par méprise.

C'est « fâcheux, très fâcheux » mais la destruction, à Marseille, des scellés du dossier d'instruction contre l'Eglise de scientologie est « une erreur ». Elisabeth Guigou en est persuadée, depuis que les inspecteurs dépêchés au tribunal de Marseille lui ont remis leur rapport. Ainsi donc, c'est la thèse défendue par le parquet de Marseille, depuis les révélations de l'affaire (Libération du 8 septembre), que la chancellerie fait désormais sienne. Selon la ministre, le greffier en charge des scellés à Marseille « a confondu le jugement de renvoi » devant le tribunal correctionnel dont le procès de la Scientologie avait fait l'objet en 1995, avec « un jugement définitif ».

Selon nos informations, le préposé à la destruction des documents n'aurait fait que son travail. Accrochée aux bacs contenant les fameuses pièces bientôt détruites, la fiche de renseignements aurait été mal rédigée, sans doute en 1995, lors de la première audience. Une main avait écrit « Jugé » (donc passible d'être détruit), au lieu de « renvoyé avant dire droit » ou « renvoyé à l'instruction ». D'où la méprise.

Guigou au créneau.

Reste qu'en 1995, le renvoi du procès avait fait grand bruit. On s'étonne donc que la justice ait été si peu vigilante sur ce dossier. D'autant qu'au moment de la destruction des scellés, en novembre, une autre affaire concernant la Scientologie défrayait la chronique: celle des dossiers d'instruction disparus en plein Palais de justice de Paris. Interrogée hier sur ce mystère, Elisabeth Guigou a déclaré que l'enquête ne lui avait pas encore livré « de conclusions définitives sur les responsabilités ». Mais « sur les circonstances » de la volatilisation des dossiers, oui. La garde des Sceaux attend que la justice prenne ses décisions pour en dire un peu plus.

N'empêche. Le doute est désormais de mise. Et à la question : « Vous n'avez aucun élément sur l'infiltration de l'appareil judiciaire par la Scientologie », Elisabeth Guigou a répondu : « Je n'ai pas dit cela. A Marseille et à Paris, on y verra clair et on situera les responsabilités. »

En attendant, les avocats de la Scientologie aiguisent leurs arguments pour lundi, jour du procès à Marseille. Selon l'un d'eux, Jean-Yves Le Borgne, ils demanderont le renvoi du procès. Pour cause de « diabolisation » et de « sérénité » perdue.


France

Scientologie : La "bavure locale" des scientologues

L'Express, n°2515, 16 septembre 1999, par François Koch

[Texte intégral]

Après neuf ans d'instruction, la secte comparaît, notamment, pour escroquerie. Pressions, menaces, disparition de scellés: un procès pas ordinaire.

Raymond Scapillato, victime de la secte, témoignera devant le tribunal de Marseille, le 20 septembre.

La Scientologie a fait de Raymond Scapillato un handicapé. En 1990, ce père de deux enfants entre dans la secte, croyant pouvoir s'y débarrasser à la fois de fortes douleurs au genou droit et de conflits familiaux. Il subit alors une trentaine d'heures d'audition associant l'hypnose et le «rêve éveillé dirigé». Résultat: des séquelles spectaculaires.

Lorsque cet électricien de 55 ans entend ou lit certains mots, les muscles de sa jambe ou de son bras droit se raidissent de manière incontrôlée et très douloureuse. Un phénomène post-hypnotique confirmé après expertise psychiatrique. Incapable de travailler, il touche une pension d'invalidité.

Raymond Scapillato sera la seule des dix victimes de la Scientologie de la Côte d'Azur à venir témoigner devant le tribunal correctionnel de Marseille, le 20 septembre, au procès de sept responsables de la secte renvoyés pour escroquerie, exercice illégal de la médecine et violences avec préméditation.

L'une des victimes niçoises avait cru que le Centre de dianétique, enseigne fréquente de la secte, pourrait être une bouée de sauvetage après une dépression nerveuse : elle a englouti près de 300.000 francs en auditions, cours et autres séances de purification.

En 1996, le patron de la Scientologie de Lyon avait été condamné à trois ans de prison avec sursis et 500.000 francs d'amende pour homicide involontaire et escroquerie. Une affaire exceptionnelle qui ne concernait en rien l'ensemble de la Scientologie, avaient plaidé ses responsables. « Si les dirigeants de la Scientologie à Nice et Marseille sont condamnés, la thèse de la secte sur une "exception lyonnaise'' va s'effondrer », se réjouit Me Jean-Michel Pesenti, l'avocat de Raymond Scapillato et de l'UNADFI (Union nationale des associations de défense des familles et de l'individu).

Enjeu bien perçu à la tête de la branche française de la secte, qui déclare déjà que l'affaire marseillaise, elle aussi, ne serait qu'une « dérive locale ».Une affaire suivie aussi de près par le président international de la Scientologie, Heber C. Jentzsch. De son siège de Los Angeles, celui-ci a demandé des excuses à Elisabeth Guigou, n'appréciant pas du tout que la ministre française de la Justice qualifie, la semaine dernière, d' « événement très grave » la destruction de scellés annexes du dossier marseillais. La garde des Sceaux s'était même posé la question de l'interdiction de la secte en France. A Marseille, pourtant, la malencontreuse destruction de scellés n'empêchera pas l'audience correctionnelle de se tenir.

En revanche, la disparition, en 1998, de nombreuses pièces du dossier d'instruction parisien, ouvert en 1983 à l'encontre de responsables de la Scientologie francilienne, pourrait entraîner son classement pour prescription ! Des responsables au plus haut niveau de l'Etat et des parlementaires ont vu dans ces évanouissements de pièces judiciaires l'ouvre de la secte. Des soupçons sans preuves. « Il y a une telle psychose médiatique contre la Scientologie que j'envisage de demander un renvoi du procès afin qu'il puisse être équitable », soutient Me Jean-Yves Le Borgne, avocat du patron de la secte à Nice-Marseille.

Le représentant du parquet pourrait alors rappeler ce qu'écrivait le procureur de Marseille en 1994, visant les pressions de scientologues : « Durant toute l'instruction, l'expert et les plaignants ont fait l'objet de menaces ou de chantage. Des dossiers ont été constitués sur des magistrats dans le but d'être exploités dans le cadre dit de la "propagande noire''. » Cinq ans plus tard, le même procureur observe dans son réquisitoire de renvoi que les centres de dianétique sont « bien éloignés dans leurs pratiques des notions de foi, de croyance et de religion que l'on a tenté - tardivement - de réintroduire dans la procédure ». A coup sûr, les défenseurs des scientologues poursuivis plaideront, eux, l'atteinte à la liberté d'une minorité religieuse.

Un argument qui n'a pas suffi à Lyon.


France

Scientologie : Les scientologues s'en prennent à la justice

Le Nouvel Obs, n°1819, 16 septembre 1999, par Hubert Prolongeau.

[Texte intégral]

Des documents judiciaires concernant l'Eglise de Scientologie égarés à Marseille, à Verdun... D'autres volés... Les rapports de la secte et de la justice ne sont jamais simples. En mars 1997, infiltré anonymement chez les scientologues pour un reportage, j'avais été convié à une réunion de l'IAS (International Association of Scientologists) dont le but est, en stimulant leur enthousiasme, de pousser les adeptes à donner encore plus à la cause.

Trois dangers étaient clairement désignés : les psychiatres, les journalistes et la justice. Pour lutter contre celle-ci, il n'y avait qu'une tactique : obstruer son action. Et, pour ce faire, engager des avocats, dont les frais pour le seul procès intenté à Lyon (qui, du coup, dura dix ans, de 1989 à 1999) se montaient, nous affirma-t-on, à... 20.000 heures à 2.500 francs l'heure. Donc, adeptes, donnez pour la bonne cause !

Les méthodes de lutte étaient décrites dans des documents internes distribués aux adhérents : les « Hubbard Common Orders » ou HCO. La tactique est onéreuse mais simple. L'attaque étant la meilleure défense, les scientologues multiplient à chaque procès les mettant en cause les plaintes contre leurs détracteurs.

A Lyon, ils ont porté plainte contre la police pour violence et vol de documents, contre les psychiatres pour violation du secret professionnel et diffamation... Ces actions annexes encombrent et retardent la procédure.


France

La Scientologie compte porter plainte contre la France auprès de l'ONU

AP , 20 septembre 1999.

[Extraits]

PARIS - Au soir de la première journée du procès à Marseille de sept de ses membres, la Scientologie a annoncé lundi son intention de porter plainte auprès de ``la Commission des droits de l'Homme des Nations unies et d'autres organisations internationales de défense des droits de l'Homme''. Elle s'estime victime de "l'intolérance religieuse du gouvernement" français, qui "menace (son) droit à un procès équitable", et compte notamment en référer dès "cette semaine à l'OSCE" (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe).

Le président de la branche internationale de l'Eglise de Scientologie, Heber jentszsch, a accusé Alain Vivien, président de la mission intergouvernementale sur les sectes, "d'essayer de tourner le système judiciaire français en cirque romain''. "Depuis dix ans, les défendants sont victimes de harcèlement: prison, hystérie médiatique tout le mois dernier; et les dossiers qui pourraient aider à prouver leur innocence sont détruites", a-t-il poursuivi, faisant référence à la destruction accidentelle de scellés.

Selon Heber Jentzsch, "M. Vivien devrait être démis de ses fonctions et sa mission démantelée". Il l'a également accusé d'avoir "outrepassé sa position officielle" et de "collusion avec le groupe anti-religieux ADFI", ce qui "viole la Convention européenne des droits de l'Homme".


France

Faut-il interdire la Scientologie ?

L'Humanité, 20 septembre 1999. Propos recueillis par Emilie Rive.

[Texte intégral]

Jean-Pierre Brard : une interdiction utile (1)

Pour envisager, aujourd'hui, de lutter plus efficacement contre la Scientologie et de façon plus générale contre les sectes, il faut savoir que les choses ont complètement changé en cinq ans. Les déviances sectaires sont devenues une préoccupation de société. Le monde politique, en retard sur cette prise de conscience, a mis les bouchées doubles. Ainsi, à ma connaissance, n'avait-on jamais vu, à l'Assemblée nationale - sauf sur la Corse, mais on reconnaîtra que le sujet est très particulier -, se constituer deux commissions d'enquête, en quatre ans, sur le même thème. Aujourd'hui, se manifeste une vraie volonté d'appréhender le problème et de mettre au point des dispositifs qui protègent mieux les libertés individuelles et collectives.

Certes, il existe déjà un arsenal juridique d'une certaine efficacité, mais subsistent, encore souvent, des sous-estimations du phénomène. Notre commission demande que des magistrats soient spécialisés sur ces questions. Les disparitions de dossiers à Paris ou de pièces à conviction à Marseille en montrent la nécessité. Le ministère de la Justice doit faire des enquêtes précises et prendre des dispositions pour que cela ne recommence pas. Si les magistrats ont fait leur travail parfaitement, il faut que le ministère le dise. Sinon, il faut que des sanctions soient prises. On ne peut rester dans le doute et le flou. C'est l'autorité même de la justice qui est en cause. Comme on sait que les sectes infiltrent les pouvoirs, toutes les interprétations sont possibles.

Sans compter que la justice n'est pas la seule concernée. Le terme " secte " n'existe pas dans l'administration fiscale, laquelle s'occupe de fraude, mais pas de voir si les sectes fraudent. Les sectes ne sont donc l'objet d'aucune investigation spécifique.

Mais il faut, aussi, préciser la législation dans les domaines sur lesquels les sectes ont jeté leur dévolu. La formation professionnelle, par exemple, qui représente, chaque année, un marché de plus de cent trente milliards de francs, quasi sans règle ni contrôle. N'importe quel malfrat peut obtenir un numéro d'enregistrement en prétendant faire de la formation professionnelle. Et ce numéro sera présenté comme un agrément. Sont dans la même situation l'éducation et la santé, où des pêcheurs en eaux troubles font commerce de la crédulité des gens.

Mais, à mon avis, cela ne suffira pas contre les sectes les plus dangereuses. Pour mieux protéger les libertés individuelles, je raisonne toujours par analogie avec les ligues factieuses : suite aux émeutes de 1934, la législation a permis d'interdire, dissoudre et empêcher la reconstitution des ligues factieuses. Nous pourrions aller progressivement vers une législation de même inspiration, quand l'ordre public et les libertés sont menacées, en s'appuyant sur les dix critères du rapport parlementaire de 1995. Quand ces critères convergent, la nature sectaire du groupe est établie. Nous devons nous déterminer par rapport au respect ou non de la loi. C'est la seule ligne de partage.

Or, la dangerosité de la Scientologie a été démontrée de multiples façons. Le procès de Lyon a montré que la pression mentale débouche sur le suicide. Les scientologues ont été condamnés. Ce n'est plus discutable. Notre rapport a montré à quel point les scientologues s'intéressent aux réseaux économiques, en s'y infiltrant. Nous devons en tirer les conclusions. Autre élément d'appréciation : l'OSA, l'Office des affaires spéciales, véritable service secret, a eu maille à partir avec un expert des tribunaux, Jean-Marie Abgrall, et a été évoqué dans les procédures judiciaires. Plus les démêlées avec le fisc. Cela ne peut pas continuer. Interdire la Scientologie est une action utile et possible parce que la société française est très consciente aujourd'hui des risques et a commencé à sécréter les anticorps pour s'en protéger. C'est aux institutions, maintenant, de conforter ce mouvement.

Bien sûr, il existe les pressions américaines. Clinton soutient la Scientologie comme Bush a soutenu Moon. Les Anglo-Saxons ont une conception très formelle de la liberté. En Grande-Bretagne, rappelons-nous l'affaire Boby Sand, l'Irlandais mort d'une grève de la faim sous Thatcher. Chez nous, quand on a le sentiment que la santé est en péril, on hospitalise de force, s'il le faut. Cette notion de non-assistance à personne en danger est une vraie protection des personnes, y compris à leur corps défendant. Les lois extraterritoriales américaines permettent aux Etats-Unis de sanctionner les Etats qui ne respectent pas leurs conceptions. La France a les moyens de résister, mais les petits Etats sont complètement vulnérables. Le Danemark, par exemple, était prêt à reconnaître à la Scientologie un statut d'organisation non gouvernementale. Il aurait permis à la secte de s'en prévaloir dans tous les Etats de l'Union. Les réactions françaises ont eu une certaine efficacité puisque, pour l'instant, l'affaire est bloquée. La mission interministérielle de lutte contre les sectes a, de ce point de vue international, un rôle essentiel.

(1) Député et maire de Montreuil, Jean-Pierre Brard est vice-président de la commission parlementaire d'enquête.

Henri Leclerc : l'interdiction renforcerait les solidarités (2)

Il faut lutter contre la Scientologie, dans la mesure où il semble établi, avec des condamnations prononcées, avec le rapport sur les sectes, avec des gens qui ont enquêté sur cette question, avec les témoignages dont un certain nombre de ses anciens membres font part, que la Scientologie est une secte dangereuse. C'est vrai qu'elle est qualifiée de religion aux Etats-Unis, qu'elle y est établie et que cela nécessite une étude particulièrement approfondie de ses mécanismes, sur lesquels les réactions ne sont pas les mêmes partout. Mais il reste certain que lutter contre la Scientologie, c'est lutter contre les infractions qu'elle commet.

Il me paraît ahurissant que l'on mette sept ans, huit ans, dix ans à juger des faits de nature pénale. C'est tout à fait anormal. Aujourd'hui, on a la possibilité de mettre plusieurs juges d'instruction sur une affaire. On peut donc dire qu'il y a négligence. Les juges d'instruction sont multipliés sur les affaires financières qu'ils considèrent particulièrement graves. D'accord. Mais, je crois que des accusations d'escroqueries contre des personnes qui prétendent agir pour des motifs religieux sont également particulièrement graves. Dans ces conditions, ces affaires doivent être jugées le plus rapidement possible. Et, au cours de procès publics, les agissements de cette secte doivent être débattus contradictoirement et démasqués.

Un certain nombre d'articles du code permettent d'intervenir. Le problème aujourd'hui est d'essayer de savoir si on affine les infractions pénales. Pour l'instant, elles sont essentiellement relatives aux biens. Le problème qui se pose est celui des " manipulations mentales ", l'atteinte aux libertés des personnes. Là, les choses sont beaucoup plus difficiles, parce que nous sommes dans le domaine de la conscience. On a dit que les religions violaient les consciences. Pourtant la liberté religieuse est reconnue. Donc, il faut être prudent dans la définition de ces infractions nouvelles.

Je suis tout à fait hostile à l'interdiction. Comme je suis hostile à l'interdiction du Front national. J'ai toujours été contre l'interdiction des mouvements extrêmes quels qu'ils soient. Parce que l'interdiction des mouvements et des groupes qui se fondent sur un consensus idéologique ne fait que renforcer les solidarités et renforce les influences. L'interdiction n'a jamais arrêté les idées, elle n'a fait que les renforcer. · partir du moment où nous mettons le doigt dans l'interdiction d'un parti politique, fût-il extrémiste, ou d'un groupe qui prétend être une religion, fût-elle une secte, nous ouvrons la porte à des mécanismes particulièrement dangereux et on ne sait plus où on pourra s'arrêter.

La loi sur la dissolution des groupes armés a servi à dissoudre des mouvements d'extrême gauche. C'est en vertu de cette loi qu'ont eu lieu des attaques redoutables contre le mouvement ouvrier et le mouvement révolutionnaire. Cette loi de précaution et de défense de la République contre les groupes factieux a été utilisée d'une façon différente. Et c'est pour cela qu'il faut faire attention. Je suis étonné que la force des convictions républicaines ne suffise pas pour mener un combat contre ces gens-là. Nous avons mené un combat assez fort contre le Front national. Il s'est autodétruit peut-être, mais c'est aussi en raison de la violence des coups qui lui ont été portés. Il n'y a pas eu besoin de le dissoudre. Il faudrait agir de la même façon avec les sectes.

Mais encore faut-il que l'opinion publique comprenne la gravité du phénomène. Il faut que des enquêtes plus approfondies soient menées, pas seulement par les commissions parlementaires, qui ont fait un très bon travail en profondeur, par les associations qui luttent, par la mission interministérielle de lutte contre les sectes. Il faut aussi que les journalistes fassent des enquêtes avec la même fougue que celle qu'ils déploient sur la corruption politique. Les choses changeraient peut-être. L'opinion publique doit être suffisamment informée pour comprendre le danger. Il faut révéler des faits précis à partir d'analyses, d'études, d'enquêtes approfondies, avec des campagnes de presse, des campagnes d'opinion. Il est nécessaire aussi qu'une lutte politique soit menée. Qu'il y ait partout où les sectes se réunissent des informations qui soient une dénonciation publique, précise. Au besoin, on peut organiser des manifestations sur certains faits qui révoltent particulièrement l'opinion.

Seulement, il faut aussi que la justice soit claire. Sur la disparition des pièces à conviction de Marseille, par exemple, la garde des Sceaux dit, après enquête administrative, que la disparition est accidentelle. J'espère que des journalistes vont vérifier qu'on ne nous raconte pas des histoires. Un accident peut arriver. Mais je voudrais savoir comment les choses se sont passées. Il faut s'interroger aussi sur la responsabilité des juges qui ont commis des fautes pareilles, même si celles-ci résultent de négligences. Pourquoi seraient-ils toujours irresponsables ? Ou il y a disparition volontaire et c'est gravissime, c'est une trahison du service public et cela nécessite sanctions exemplaires et poursuites pénales. Ou il y a disparition accidentelle et, dans les deux cas, il y a une responsabilité administrative : qui est responsable de cette disparition ? Cela peut relever de la faute professionnelle grave. C'est un vrai problème de crédibilité de l'Etat.

(2) Avocat au barreau de Paris, Henri Leclerc est président de la Ligue des droits de l'homme.


France

Scientologie : L'enquête parisienne relancée

Libération, 30 septembre 1999, par Dino Dimeo et Claude Paris (AFP)

[Texte intégral]

Hier, la chambre d'accusation a écarté la prescription.

Après le procès de Marseille, la semaine dernière, l'Eglise de scientologie a connu hier un nouvel épisode judiciaire. Cette fois, c'est de l'instruction parisienne contre la secte dont il s'agit.

Démarrée en 1989, elle a déja connu quelques soubresauts. Dont le principal fut la découverte, en novembre dernier, de la disparition, en plein palais de justice de Paris, d'un tome et demi sur les dix que compte le dossier.

Décision «tortueuse». Décision, hier, de la chambre d'accusation de la cour d'appel de Paris:

Aussi, hier après-midi, du côté des parties civiles, on arborait sourireet satisfaction. «C'est une victoire. On continue», lançait Me Olivier Morice, l'un de leurs avocats. Et pourtant. La victoire est limitée, comme le reconnaît Nicolay Fakiroff, autre conseil des parties civiles: «On nous déclare que notre dossier n'est pas fini, après plus de dix ans d'instruction. Il n'y a pas de quoi sauter au plafond.» D'autant que Me Fakiroff estime la décision de la chambre d'accusation quelque peu «tortueuse».

Pourvoi. Notamment sur la prescription, plaidée par la secte depuis le scandale de la disparition des pièces. Dans son arrêt, la chambre considère en effet que si prescription il doit y avoir, «il apparaît qu'elle a été suspendue» pour une raison d'«obstacle de droit», à savoir «la disparition d'une partie de la procédure». En clair: selon la chambre d'accusation, la question de la prescription ne se pose pas puisqu'il y a cas de force majeure: l'incroyable disparition des pièces.

Fine procédurière, la secte s'est d'ailleurs emparée de l'attendu pour annoncer un pourvoi en cassation. Me Olivier Metzner, son avocat: «Grosso modo, la chambre d'accusation nous dit que s'il ne manquait pas de pièces, il y aurait prescription. Mais comme il en manque, il n'y a pas prescription. Ça ne tient pas.» Ainsi donc, la scientologie, qui se dit victime d'un «climat détestable», ne compte pas lâcher l'affaire. Et la procédure risque de connaître d'autres vicissitudes, d'autres longueurs.

D'autant que certaines parties civiles, comme celles représentées par Me Jean-Michel Pesenti, se disent «pas très rassurées de voir le dossier retourner dans le bureau du juge Moracchini». Leurs griefs? Ils trouvent «contradictoire» cette décision de la chambre d'accusation, qui
reconnaît dans le même temps la «disparition d'une partie de la procédure, dans des circonstances indéterminées, et la non-reconstitution de la partie manquante, imputable au seul service public de la justice».

Et tout le monde de demander les résultats de l'enquête interne du ministère sur les pièces disparues.


France

Bug scientologique aux Banques populaires

Libération, 19 octobre 1999, par David Dufresne

[Texte intégral]

Elles ont utilisé les services informatiques de CML, société proche de la secte.

Une secte très entreprenante

En 1979, Ron Hubbard, le fondateur de l'Eglise de scientologie, a créé pour les managers le World Institute of Scientology Enterprises (Wise). Auquel les entreprises affiliées reversent de 250 dollars à 7 % de royalties pour pouvoir utiliser les méthodes de gestion du gourou. En France, le rapport parlementaire «Les sectes et l'argent» estime à «plus d'une centaine» les entreprises concernées. Un chiffre, en fait, difficile à vérifier depuis que la secte ne communique plus la liste des entreprises, «parce que, dès qu'elles sont connues, explique Danièle Gounord, sa porte-parole, elles deviennent la cible de pressions et d'enquêtes policières». Quitte à ce que ce culte du secret nourrisse tous les fantasmes. Thomas Lardeur (1): «Il y a le scientologue qui monte sa boîte et qui a droit à la liberté de conscience. Et il y a le scientologue affilié à Wise, qui verse des royalties. Là, se pose la question de la transparence.» D'autant que, selon un rapport officiel, Wise poursuit parfois d'étranges buts. Ainsi, en Allemagne, des documents auraient été saisis «faisant état de directives de Wise en vue de la prise de contrôle de l'économie mondiale» (2).

Aux Banques populaires, en juillet 1998, on n'était pas peu fier de présenter le nouveau joyau que venait d'acquérir le groupe, un logiciel du nom de Talent View. Dans le bulletin maison, La lettre Actifs, quelques lignes suffisaient pour saluer cette «nouvelle vision des ressources humaines», cet «outil de gestion globale».

Mais voilà. Le 21 septembre, c'est l'affolement. Et le début d'une affaire que révèle Libération.

Peu avant la réunion d'une commission paritaire du groupe, à Paris, un représentant de la direction des ressources humaines de l'établissement avoue son embarras aux syndicats. L'entreprise qui commercialise le fameux logiciel, CML Technologies, pose problème. Un syndicaliste: «On nous a prévenus que la direction cherchait à se séparer de CML, qu'il y avait des problèmes techniques et commerciaux avec eux mais, surtout, que la DRH les soupçonnait d'être scientologues.» Et vu l'ambiance actuelle autour de la secte, ça ne traîne pas. Exit CML. Surtout que la «convivialité de Talent View» est telle que, toujours selon la lettre interne des Banques populaires, le programme permet à quiconque y ayant accès (directeurs d'agence, de services...) de «consulter les principales données concernant leurs collaborateurs» et de «saisir leurs entretiens d'évaluation». Bref, de collecter des «informations collectives et individuelles» sur les milliers d'employés du groupe. Le genre de choses qui font écrire aux Renseignements généraux, dans une note datée du 8 octobre 1999 et intitulée «De nouveaux cas d'infiltration par l'Eglise de scientologie», que ces données qui «appartiennent au secret professionnel sont divulguées à une société administrée et animée par plusieurs scientologues avérés». Une société, en outre, qui dit également avoir comme clients, sensibles eux aussi, des firmes comme Matra Communication, Dassault Système ou le Crédit Lyonnais.

«Secret de polichinelle».

Côté syndicats des Banques populaires, on est formel. Depuis quelques jours, l'aspect secte de l'affaire serait même devenu un "secret de polichinelle» au sein de la banque. Les souvenirs de «gens de chez CML dans les bureaux» pour la maintenance refont surface. Tout comme les consignes de «ne rien dire». Tanguy Duchenney, le directeur des ressources humaines de la chambre syndicale des Banques populaires, celui-là même qui a mis un terme aux relations avec CML Technologies, avance, lui, tout autre chose. C'est parce que CML, «commercialement très agressive», aurait voulu vendre à une agence du groupe un autre programme, «qui aurait mis en péril le système de centralisation» des Banques populaires, qu'il a pris sa décision. Et la banque s'est assise sur le contrat de maintenance et de formation signé avec CML. Reste la réunion informelle du 21 septembre, celle de l'annonce aux syndicats. Réponse: «Les syndicats disent ce qu'ils veulent, la scientologie n'est pas notre problème.»

Mais, dans cette affaire, les subtilités semblent décidément de mise. Ainsi, à CML Technologies, Jean-Pierre Pons, tout récent gérant de la SARL, est catégorique. Sa version correspond trait pour trait à celle de la DRH des Banques populaires. Jean-Pierre Pons assure qu'il ne demande pas à ses employés leur «appartenance religieuse. Il est hors de question de mélanger le boulot et la spiritualité». Et l'homme de répéter que «CML Technologies n'a aucun lien, en tant que personne morale, avec la scientologie». Tout juste admet-il que «trois ou quatre» de la vingtaine de ses salariés (dont certains de ses fondateurs) ont, eux, un rapport avec la scientologie.

Page sur le Web. Tout comme lui, mais c'est une «vieille histoire»: Jean-Pierre Pons affirme avoir rompu avec la secte il y a cinq ans. Seulement, celle qui le précédait au poste de gérant à CML, Aline Lollichon, est moins catégorique. Elle confirme à demi-mot qu'il y a bien deux versions quant à l'éjection de CML des Banques populaires. L'une «officielle», l'autre «officieuse». Et Aline Lollichon de parler de «rupture purement orale», «sans trace écrite». Quant à l'appartenance de certains dirigeants et actionnaires de CML à la scientologie, même mystère: «Je ne réponds pas à cette question par téléphone.» Dommage. Car il y a quelques mois encore, Aline Lollichon possédait une page sur le Web «Meet the scientologists on-line» (3), réservée aux adeptes sûrs. Une page, qui a disparu depuis mais dont différents moteurs de recherche du Web ont gardé des traces, sur laquelle elle expliquait ses «succès en scientologie», pourquoi elle était scientologue, quelle était sa citation préférée de Ron Hubbard, le fondateur de l'Eglise de scientologie.

Interdiction de gérer. Mais ce n'est pas tout. Il y a le passé. Et pour Jean-Pierre Pons et Michel Lollichon, époux d'Aline et actuel directeur commercial de CML, il est tenace. C'était en 1990. Avec quelques associés, les deux montent Claryus, une société anonyme qui évolue dans le même secteur que CML. Surprise, un an plus tard, le nom de Claryus apparaît sur le listing officiel du World Institute of Scientology Enterprises (lire encadré). En clair: l'entreprise elle-même s'affiche scientologue. Hélas, la «technique de management Hubbard» ne lui portera vraiment pas chance. Après plusieurs millions de pertes, le 26 mai 1994, Michel Lollichon est condamné en appel à dix ans d'interdiction de gérer. En décembre, Claryus est radié du registre du commerce (4). Mais, dans l'intervalle, le 30 septembre 1994, CML Technologies est né. Avec un objet similaire (informatique et formation) à celui de Claryus et, surtout, avec une partie de son équipe. Résultat, cinq ans plus tard, la suspicion est de rigueur. Et l'avenir de CML s'annonce sombre.
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(1) Auteur du très complet Les sectes dans l'entreprise, Editions d'organisation, 1999.
(2) Département fédéral de justice et police suisse, juillet 1998.
(3) http://on-line.scientology.org/
(4) Claryus est également épinglé dans le rapport parlementaire «Les sectes et l'argent» de juin 1999.

France

Arrêt de la Cour de Cassation du 30 juin 1999

( Source BULLES n° 64, 4ème trimestre 1999)

Par son arrêt du 30 juin 1999, la Cour de Cassation a rejeté le pourvoi du Procureur Général près de la Cour d'Appel de Lyon contre l'arrêt du 28 juillet 1997 de la 4ème Chambre de cette Cour d'Appel dans l'affaire de la Scientologie.
Deux principales remarques peuvent être faites à ce sujet :
- La relaxe des principaux responsables parisiens de la Scientologie est confirmée par la Cour de Cassation. Les principaux motifs se résument en ce qui suit : tout en reconnaissant que « s'il n'est pas discutable que tous trois ont apporté une aide ponctuelle aux deux églises implantées à Lyon en entretenant avec elles certains liens de coopération, l'examen exhaustif de la procédure ne permet pas de conclure qu'ils aient, par provocation ou instructions, pris part à la conception ou à l'exécution des manouvres frauduleuses mises en ouvre par ..., ni qu'ils aient sciemment favorisé le fonctionnement de ces entreprises poursuivant leur activité selon des procédés
frauduleux ».

- Le caractère religieux ou non de la Scientologie n'a pas sa place dans le procès en cause. La Cour de Cassation est tout à fait formelle là-dessus et parfaitement claire : la mention, que la Cour d'Appel avait faite dans un attendu de son arrêt, selon laquelle la Scientologie « pouvait revendiquer le titre de religion », et qui a été interprétée de mille manières selon l'intérêt des locuteurs ..., est inutile et hors sujet ; d'après la Cour de Cassation, elle est « un motif inopérant mais surabondant, dépourvu en l'espèce de toute portée juridique ».

Un arrêt qui malheureusement ne tranche pas la question de la responsabilité de l'organisation de la Scientologie française en tant que telle dans cette affaire, mais qui indique clairement que la Cour d'Appel de Lyon avait dépassé les limites de sa compétence en introduisant un attendu malencontreux.
Note : La Scientologie s'est immédiatement emparée de cet arrêt de la Cour de Cassation pour s'en féliciter car, dit-elle, « il signifie que la pratique de la Scientologie est en soi parfaitement licite dans le cadre de la séparation de l'église et de l'État ». On a de l'imagination à la Scientologie ...


France

Les scientologues de l'an 2000

( Source REGARDS SUR , n°9, septembre, octobre 1999)


Devant la concurrence des ésotérismes de tout poil, des satanistes, millénaristes et autres aventurières du prochain Millénaire, les scientologues s'inquiètent pour leurs parts de marché !

Ils viennent de lancer une campagne appétissante : "Devenez clair (= adhérent de base) avant l'an 2000".

Comme ce type de publicité ne rencontre qu'un succès limité, la scientologie a décidé de relancer sa campagne, après visite des supérieurs américains inquiets des modestes résultats de Mme Gounord et de ses amis.

La gérante française de New Era Publications a été virée et remplacée par une Danoise. Trois directeurs de service ont été installés, parés de titres ronflants : un "supérieur des cas" (contrôleur des adeptes), un "chef de procurement des permanents" (recruteur) et une plus banale "directrice de revue".

Toutes ces initiatives, et quelques autres encore, ont probablement pour objet de redynamiser la politique commerciale de la secte, car l'argument du prochain millénaire a peu de chances de se reproduire dans les années qui viennent !

Parions que si les rentrées ne se révèlent pas suffisantes, la direction française, OT VIII ou non, pourrait se retrouver bientôt marginalisée comme un vulgaire cadre d'entreprise.

Spiritualité, quand tu nous tiens !

A noter que parmi les auditeurs de la campagne publicitaire "Devenez clair avant l'an 2000"  figurerait Mme.....condamnée par la 4è Chambre de la cour d'appel de Lyon, le 28 juillet 1997, à huit mois de prison avec sursis et 10.000 F d'amende pour faits d'escroquerie dans une affaire concernant certaines de ses activités au sein de la Scientologie.
Cette dernière est l'épouse d'un certain M....... qui ne serait pas inconnu des services de police (vol et suppression de données informatiques dans les Hauts de Seine).

Du beau monde !


France

Prison pour les scientologues recruteurs

Libération, 16 novembre 1999, par David Dufresne

[Texte intégral]

Après le jugement du procès de Marseille, la secte entend contre-attaquer.

A la barre du tribunal correctionnel de Marseille, en septembre, lors du procès de l'Eglise de scientologie, le responsable local de la secte dans les années 80 avait eu ces mots pour sa défense : «Réduire la scientologie à l'argent, c'est une perversion de la vérité.»

En vain. Les juges de Xavier Delamare n'ont pas cru à ses bonnes paroles. Hier, ils l'ont condamné à deux ans de prison dont six mois ferme et 100 000 francs d'amende pour escroquerie. Son tort : avoir usé de méthodes frauduleuses pour recruter de nouveaux adeptes. Quatre autres scientologues, alors sous les ordres de ce patron qui voulait faire de ses succursales niçoise et marseillaise les «meilleures missions d'Europe», à coups d'«avancées spirituelles comptabilisées» et de «ventes à la dure» de K7 ou de livres, ont écopé de peines de prison avec sursis, pour «escroquerie» ou «tentative d'escroquerie».De six mois à un an, selon leur degré d'implication, leur talent à faire passer des «auditions» ou à s'occuper des tests maison. Tandis que deux autres membres ont été relaxés.

Pour la secte, la douche est froide. Même si certaines charges retenues contre elle ont finalement tourné court. Alors, elle, si soucieuse de son image, s'est empressée dès l'annonce du délibéré de contre-attaquer. D'abord, en critiquant ces «décisions sévères», «inévitables dans le climat actuel» où il fallait «que la justice aille dans les rails». En désignant, ensuite, leur fidèle Xavier Delamare comme «le bouc émissaire d'une affaire qui a une sérieuse coloration politique». En arguant, une fois de plus, que les faits reprochés aux adeptes phocéens de L. Ron Hubbard, le fondateur de la secte, remontaient à douze ans, que tout ça n'était plus bien d'actualité, que le ménage aurait été fait au sein de la secte et, surtout, que «le principal accusé avait reconnu à la barre avoir violé les règlements de l'Eglise».

Pour un peu, la porte-parole de la secte, Danièle Gounord, qui ignorait hier soir si son mouvement fera appel ou non, éprouverait même du soulagement : «Rien dans le jugement ne met en cause l'Eglise de scientologie en tant que telle. Il n'évoque que des individualités.»

Que nenni, a rétorqué Jean-Michel Pesenti, l'avocat des victimes. Pour lui, le «stade des dérives locales» ne tient pas, il a été «largement dépassé».

Déjà présent au procès de Lyon, en 1996, Me Pesenti sait de quoi il parle : mis à part l'homicide involontaire d'un jeune adepte qui avait alors valu à un responsable lyonnais d'être condamné à trois ans avec sursis, le procès de Marseille sonnait comme un bis repetita de celui de Lyon.

Mêmes règlements intérieurs, même fonctionnement, mêmes escroqueries, ou presque. D'où la déclaration de Me Pesenti, hier : «Nous attendons maintenant l'interdiction pure et simple de la secte.» Une phrase qui fait mal.

Et pourtant. Dès dimanche, l'Eglise de scientologie avait pris soin de mettre la pression sur l'avocat. En annonçant le dépôt d'une plainte pour diffamation contre lui et contre Raymond Forni (PS), vice-président de l'Assemblée nationale. Aux deux, la secte reproche certaines de leurs déclarations sur l'affaire des scellés détruits au greffe du tribunal de Marseille, qui avait précédé le procès.

Danièle Gounord, la porte-voix de la scientologie, est d'ailleurs catégorique : la secte s'apprête à attaquer tous azimuts. Sur sa liste : Alain Vivien, le président de la Mission interministérielle de lutte contre les sectes, que la scientologie tient pour l'«inquisiteur n° 1 en France». Mais aussi la Belgique, coupable à ses yeux de «violation des droits de l'homme» après les vingt-cinq perquisitions à Bruxelles le 30 septembre. C'est que la scientologie, qui sait son image sacrément écornée et son agenda judiciaire plutôt chargé, n'est pas du genre à prendre des coups sans en rendre.

Et celui de Marseille est sérieux.
 
 


France

Scientologie U.S.A et République française.

La Croix, 24 novembre 1999, par Yannick Laude

[Extraits relevés sur  lelivrelibre ]

La scientologie pourrait gagner un procès contre la France

Union européenne, la France avait refusé que la scientologie anglo-saxonne aide financièrement son homologue française.

Condamnée par la justice française, la scientologie trouve un réconfort  auprès de la justice européenne.

Si la Cour de justice de Luxembourg  suit les conclusions de l'avocat général, Antonio Saggio - ce qui est le  cas dans la plupart des affaires qui lui sont soumises - la République  française sera ondamnée pour avoir refusé aux scientologues anglais et  américains de renglouer les caisses de la branche française.

L'affaire remonte à 1995.

Criblée de dettes, notamment vis-à-vis de  l'Urssaf, l'association parisienne de la scientologie sollicite le  secours financiers de ses soeurs anglo-saxonne. Mais en avril 1995,  Edouard Balladur s'oppose à la reprise du patrimoine de la scientologie  parisienne par les scientologues américains. Cette décision est  confirmée par Alain Juppé qui, en novembre suivant, refuse l'apurement  des dettes des scientologues parisiens par la branche anglaise.(...)

Les  scientologues ne se laissent pas démonter et demandent officiellement en  février 1996 au premier ministre, Alain Juppé, d'abroger les articles  litigieux du décret, lesquels ne respectent pas la législation  européenne - qui s'impose au droit national - de libre circulation des  capitaux. Ils appuient leur requête par un recours devant le tribunal  administratif. (...) L'avocat général invite la Cour à suivre sa  jusrisprudence : pas de discrimination. (...) La décision risque de  tomber à un bien mauvais moment puisque le gouvernement français s'est  engagé depuis peu dans une politique résolue de lutte contre les sectes.


France

Une nouvelle offensive de la Scientologie à l'école

Le Monde, 10 décembre 1999

[Résumé]

La Scientologie a adressé aux inspecteurs et chefs d'établissement une brochure "Psychiatrie, les enfants trahis et drogués" accompagnée d'une lettre de la CCDH (Commission des Citoyens pour les Droits de l'Homme) affiliée à la secte, présentant la psychiatrie comme l'une des principales causes de la violence dans les écoles.

Cette lettre désigne la psychiatrie comme l'une des causes principales de la violence à l'école, avec "la dégradation de la morale"ou "les effets des jeux video"

Le Ministère de l'Education Nationale a informé le personnel.


France

Examen d'un tract : "Test de personnalité"

Bulles , n°64, 4ème trimestre 1999

[Texte intégral]

Un tract est distribué à Paris aux issues des stations de Métro.

II est diffusé, avec des modifications d'aspect et des variantes de détail depuis plusieurs années.

En gros caractères la gratuité du test est annoncée ; mais en petits caractères, voire en caractères microscopiques, page 4, on apprend que " Dianétique " est une marque de produits et de services, il s'agit donc d'une affaire commerciale.

L'origine américaine est dissimulée, mais l'argent collecté à travers les filiales de la Scientologie va, en partie, de la France vers les USA, où le système Ron Hubbard est dans un paradis fiscal, car considéré comme une religion et, compte tenu de la législation américaine, très libérale.

Baptisé " Oxford capacity test ", le test de personnalité n'a aucune référence précise concernant son origine et justifiant cette appellation que l'on pourrait considérer comme flatteuse.

Les questions posées sont habiles, mais tendent à dévaloriser et démoraliser le sujet qui se teste. Elles démontrent qu'il a besoin d'aide. Certaines questions tentent une effraction de votre vie privée, certaines réponses pourraient ultérieurement être utilisées contre vous.

Le questionnaire vous fait communiquer votre adresse et vous dirige vers un consultant.

La prise en main va pouvoir commencer ainsi que les demandes d'argent pour progresser sur le chemin d'un bonheur supposé.

Les questions du test sont très nombreuses (200) et cherchent à dissimuler les objectifs véritables. Elles sont présentées dans un désordre calculé, mais elles se complètent et peuvent se regrouper par thèmes.

Regroupement de questions :

- Vous avez une personnalité perturbée (phobies, égocentrisme, troubles psychiques) : O. 37, 45, 47, 55.
- Vous êtes suicidaire : O. 113. -
- Vous avez un certain goût pour la violence ou des pulsions perverses (châtiments corporels sur enfants, cruauté vis?à?vis des animaux) : Q. 31, 98, 143. -
- Vous avouez des délits, des conflits familiaux ou avec autrui, ou la connaissance de tels faits : O. 30, 76, 82, 115, 178. -
- Vous indiquez vos tendances politiques et sociales (racisme) : Q. 129, 140.-
- Vous informez sur vos ressources économiques et votre éventuel libéralisme pour la secte (acceptation d'un endettement) : Q. 52, 96, 125. -

De nombreuses questions suggèrent que vous êtes déprimé, en situation d'échec, que votre comportement est anormal (tics, mutisme, loquacité, instabilité ...) - Le test cherche à savoir si vous êtes influencé ou influençable, ou capable d'influencer. - Les divers aspects possibles de la manipulation de la personnalité sont recherchés. Les questions pouvaient paraître simple et neutres, mais en répondant vous avez ouvert des pistes possibles sans le savoir. Ensuite votre consultant pourra vous en faire dire ou faire plus.

La réponse à ce test est nominative ; à travers cette réponse, vous vous révélez à des inconnus qui seront en mesure de vous évaluer et d'exploiter vos réponses.

Une réponse est donc dangereuse. Ne vous laissez pas prendre!


 Grèce

Espionnage scientologue en Grèce

(souce : des documents top secrets entre les mains de la Scientologie)

Apogevmetani (Grèce), par Victoria Dagounaki. 2 février 1999.

[Résumé]

Le KEFE (l'association scientlogique grecque dissoute "Centre de Philosophie appliquée de Grèce") était en possession d'un document contenant des informations secrètes sur l'aviation militaire grecque. C'est une photocopie de la carte aérienne décrivant la zone militaire capitale de l'aéroport d'Hellikon. Ce document particulier fut découvert dans le dossier désigné sous le titre " OSA ", saisis par le procureur en 1995.

L'Unité A2 d'Investigations (Intelligence) de l'Aviation Militaire a entamé une enquête pour déterminer comment un tel document a pu tomber entre les mains d'une secte comme la Scientologie.

Un autre événement soulève des questions : pourquoi ce dossier d'OSA, tout comme beaucoup d'autres, ne soit pas parvenu à la Cour d'Appel lors du procès du 9 décembre à l'encontre de 15 scientologues inculpés de fabriquer systématiquement des dossiers sur les politiques, les journalistes, les religieux et autres personnalités grecques ? Le procès a été reculé au 12 février, si bien que les dossiers sont enfin à la disposition de la Cour d'Appel. Mais il s'avère que nombre des dossiers ont été vidés d'un certain nombre de documents importants.

Il est en tout cas indiscutable que la Scientologie était au moins en possession de ce secret militaire, qu'elle avait entre ses mains cette carte de l'installation Hellène de l'Armée de l'Air. Ce n'était certes pas pour " vendre des services religieux " aux pilotes ou techniciens des Bases Aériennes.

Voilà une affaire qui n'est pas sans rappeler celle de la disparation d'une partie d'un dossier entre les mains de la justice en France.


Luxembourg

 Les milliards luxembourgeois de la Scientologie

Le Soir Illustré, 29 septembre 1999, par J-F.Del

[Texte intégral]

Une secte sous enquêtes

Peut-il désormais se passer une semaine en Belgique sans que soient évoqués des dossiers tournant autour de la Kredietbank (KBC) et de sa société soeur luxembourgeoise, la KB Lux ? Cette fois, on apprend que la banque luxembourgeoise a accueilli les comptes en banque de quatre sociétés directement liées à l'Église de Scientologie. Rappelons que dans la plupart des pays européens, contrairement à ce qui se passe aux Etats-Unis, l'Église de Scientologie est considérée comme une secte. Les quatre sociétés possédant ces comptes sont «Church of scientology religious trust», «Church of spiritual technology Los Angeles», «Sovereign service Ltd for trust of scientologist AG» et «AISE».

De source officieuse plus de 3.5 milliards de francs ont été déposés sur ces comptes au départ desquels on découvre d'importants mouvements financiers avec le Japon, le Canada et les Etats-Unis. Des mouvements qui pourraient bientôt faire l'objet d'une instruction financière. Rappelons d'ailleurs que l'Église de scientologie est déjà l'objet, en Belgique, d'une instruction menée par le juge Jean-Claude Van Espen.



  Suisse

Fermeture d'une école dirigée par une scientologue

La Tribune, le 1er octobre 1999

[Résumé]

Le gouvernement lucernois [NDA : Lucerne est une ville du centre de la Suisse] a fermé une école primaire privée dirigée par une scientologue à Littau. Un manque de confiance en la responsable est à la base de sa décision.

Cette école était fréquentée par sept éléves depuis août. Dès le début, des rumeurs ont parlé d'une secte. Les enfants seront intégrés dans les écoles publiques de leurs communes de domicile.

Selon le chef de l'instruction publique lucernois, l'enseignante est un membre actif et haut placé de l'Eglise de Scientologie.

L'institutrice qualifie la décision des autorités de scandaleuse, l'assimile à une interdiction d'exercer sa profession. Elle a annoncé son intention de recourir.



  Suisse

Un espionnage "inacceptable"

Le Soir Bruxelles, 4 octobre 1999, par Alain Lallemand.

[Texte intégral]

La Suisse a enquêté sur les activités de renseignement de la secte, puis publié en juillet 1998, via le département fédéral de justice et police, un petit rapport sur «la scientologie en Suisse» destiné à la commission consultative en matière de protection de l'Etat.

Ce rapport rappelle l'opération Snow White lancée en 1973 par la secte aux Etats-Unis et visant à infiltrer des administrations américaines afin de se procurer des documents pouvant intéresser l'Eglise. Durant des mois, les espions de la scientologie réussirent à se procurer des dizaines de milliers de pages de matériel en partie sensible et confidentiel et même, une fois au moins, à placer des micros clandestins dans une réunion de l'Internal Revenue Service (IRS) afin de savoir ce qui s'y était dit. L'organisme qui assurait cette opération d'espionnage ne s'appelait pas encore OSA mais agissait sous le nom de «Guardian's office» (GO).

Dissous - selon la secte - en 1983, le GO a cédé la place à l'OSA, mais avec la même ligne d'action, affirme la Suisse. Et le rapport de citer une lettre interne qui serait toujours d'actualité:

L'objet du département est d'élargir l'impact de la scientologie sur les gouvernements et d'autres organisations. (...) Les tactiques défensives sont découragées dans le département. (...) Seules les attaques résolvent les menaces (...) En cas d'attaque sur quelque point vulnérable par quiconque ou qui que ce soit ou n'importe quelle organisation, trouvez toujours ou fabriquez suffisamment de menaces contre eux pour les inciter à demander la paix. (...) Ne vous défendez jamais, attaquez toujours.

S'appuyant sur l'expérience américaine, sur des découvertes grecques et suisses, le rapport aura des conclusions meurtrières pour l'OSA et la scientologie en général:

La scientologie inclut des branches qui se livrent à des activités analogues à celles d'un service de renseignements. (...) Leur approche se fonde sur une vision conspirationniste qui permet en même temps au mouvement de surévaluer sa propre importance en imaginant jouer un rôle capital à l'échelle mondiale. Ces activités peuvent aller, le cas échéant, jusqu'à des tentatives d'infiltration de services de l'Etat, ou au moins d'opérations pour obtenir des renseignements qui en proviennent. (...) Il est inacceptable qu'une association privée (religieuse ou non) entretienne ses propres activités de recherche de renseignements, quelle que soit l'extension de celles-ci, surtout s'il apparaît qu'elles ne sont pas seulement susceptibles de s'en prendre à des associations d'opposants, mais ne reculeraient pas devant l'infiltration des structures de l'Etat lui-même si cela devenait nécessaire. (...) Des activités de cette nature peuvent amener le mouvement à avoir accès à des informations intéressant la sécurité du pays, et l'existence de tels services présente donc en elle-même un certain potentiel de risque, même s'ils ne visent pas spécifiquement l'Etat. (...)