Témoins de Jéhovah

(Source : TRANSFERT N°18 Octobre 2001-Sectes : guerre ouverte sur le Web, par Julie Krassovsky)

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Jacques Luc n'est plus Témoin de Jéhovah. (Plus depuis six ans, il a créé un site web où il dénonce les magouilles et les mensonges de la secte. Un bon moyen d'aider, les adeptes à s'en sortir.

" De nombreuses personnes entrent chez les Témoins de Jéhovah, mais sachez que beaucoup en sortent aussi ", assure Jacques Luc sur son site. À 69 printemps, le webmestre belge tapote quotidiennement sur son clavier d'ordinateur pour aligner les arguments qui lui serviront, peut-être, à toucher quelques membres de la secte égarés sur ses pages.

Voilà bientôt quatre ans que cet ancien employé de l'industrie navale, aujourd'hui à la retraite, anime ce site d'aide aux adeptes des Témoins de Jéhovah. Presque six ans qu'il a quitté ses fonctions dans la secte, après plus de quarante ans passés en son sein. Une vie entière dédiée à l'étude et à la prédication, qu'il tente aujourd'hui de mettre à profit en aidant les autres.

L'organisme n'a pour lui aucun secret et l'homme sait prodiguer des conseils. Entré chez les Témoins à l'âge de 28 ans, Jacques a rapidement gravi les échelons dans la hiérarchie jéhoviste. " Frère ", " ancien " puis responsable d'une congrégation, il passait son temps à recueillir les doléances de ses frères. " Je m'occupais d'une soixantaine de Témoins. Lorsqu'ils avaient un souci, ils venaient me voir. Ce n'était pas toujours facile à gérer ", se souvient-il.

Depuis son départ de la secte, en 1996, Jacques continue de prêcher à sa manière, mais pour une autre paroisse, celle de la liberté de ton et de choix. Sur son site, rien n'agresse le visiteur et la phrase d'accueil invite à la confidence : " Ce site vous tend la main saisissez-là ". Son but : amener les Témoins à venir discuter avec lui sans méfiance puis établir le contact. " Ensuite, tout dépend si la personne vient pour critiquer mes pages ou si elle veut obtenir des précisions sur le culte des Témoins. Dans le deuxième cas, si c'est un "frère " qui fait une recherche sur Internet c'est qu'il n'est déjà plus très sûr ", affirme le retraité wallon. Car, c'est, à peu de choses près, ce qu'il lui est arrivé.

Plus d'amis
Lorsqu'en 1983, Jacques entend évoquer l'utilisation d'images subliminales par la secte, il est intrigué. C'est seulement en 1996 que les doutes ressurgissent. L'ancien a vent de l'attitude ambiguë des Témoins de Jéhovah durant la Seconde Guerre mondiale. Un ouvrage, publié à la même époque, décrit les tentatives de séduction de la secte envers le Reich Allemand, en 1933. Cette fois, le soupçon s'installe, . plus question d'éviter la recherche. Le sujet lui tient bien trop à coeur. Né de parents catholiques pratiquants, Jacques a été en partie élevé, pendant ses sept premières années, par des amis de ses parents, d'origine juive. " La plupart des membres de cette famille ont été exterminés. J'étais donc évidemment plus sensible à la question, dit-il. J'avais une connexion Internet depuis 1995, j'ai surfé sur le Réseau à la recherche d'indices. " Jacques découvre mieux sur un site américain : la reproduction d'une lettre dans laquelle la secte assure que ses idéaux sont proches de ceux du gouvernement national allemand. Il confronte les sites. Plusieurs font allusion au manque d'engagement de la secte face au nazisme, d'autres reviennent sur la déportation des Témoins pendant la guerre. " Ces deux vérités coexistaient. Mais en bon jéhoviste, j'ai tenu à prendre l'avis de ma hiérarchie. J'ai donc imprimé puis envoyé les documents que j'avais trouvés au bureau central des Témoins à Bruxelles afin qu'ils m'assurent de la fausseté de ces écrits ", raconte Jacques. Contre toute attente, le siège belge de la secte ne rassurera pas l'adepte. Bien au contraire. " Ils m'ont répondu, plus de trois mois après, de façon assez ridicule. Il fallait voir dans quelles circonstances s'était produite cette démarche, mes sources étant en anglais, peut-être avais-je mal compris... Cette réponse a été comme un aveu. "

Un déclic.
Six mois durant, Jacques et sa femme recherchent sur Internet des informations sur les images subliminales utilisées par le mouvement, entrent en contact avec quelques ex-Témoins, compulsent de nombreux ouvragés bibliques. En mars 1997, le couple décide de quitter la secte. Il n'assiste plus aux réunions de la congrégation et est aussitôt rejeté par les autres membres. " Chez les Témoins, on ne vous menace pas si vous souhaitez vous en aller. Mais lorsque vous quittez la secte, vous perdez tous vos amis. Votre quotidien s'effondre. C'est un chantage affectif permanent. "

Surf déconseillé
Le site de Jacques Luc verra le jour l'année suivante, en octobre 1998. Il n'est pas un professionnel de l'informatique mais, aidé par un ami, il ébauche ses pages sur la Toile. Son but ? " Dénoncer la magouille et aider les victimes ", assure-t-il dans un rire aigu. L'ex-adepte ne fait montre d'aucune rancoeur. Ses pages web sont d'ailleurs à son image. " Sans agressivité. le site de jacques n'en est pas moins percutant, c'est un incontournable sur la
Toile ", confie Patrick Alain, l'un de ses amis français, rencontré sur le Net. Également ancien membre de la secte, Patrick animait l'un des premiers
sites francophones consacrés uniquement aux Témoins de Jéhovah, avant d'être rejoint sur la Toile par Jacques Luc. " Le 21 mai 1998, Jacques m'a contacté par mail pour échanger des commentaires sur les Témoins avec moi. II n'avait pas encore son site. Jacques était une vraie mine d'informations. II m'envoyait des infos pour que je les publie sur le mien ", se souvient Patrick. C'est justement grâce à son importante documentation sur la secte que le site de Jacques Luc fait référence. Le secret de sa bibliothèque jéhoviste tient pourtant à un détail. " Officiellement, je fais encore partie de la secte, je ne suis pas considéré comme un " exclu ". Pourquoi ? Tout simplement parce que je n'ai jamais officialisé mon départ. Je suis donc un membre inactif. Cela me permet de continuer à recevoir leurs publications et d'attirer plus facilement des adeptes hésitants sur mon site. " Dans le monde très fermé des jéhovistes, il est bien sûr interdit de fréquenter des " Apostats " (ex-adeptes) et très " déconseillé " de surfer sur le Net. " Certains bravent l'interdiction. D'autres sont mis en confiance quand je leur dis que je n'ai pas été exclu de la secte. Ils consentent à me parler via la messagerie électronique. "

Site de Jacques Luc : http://www.multimania.com/jgluc

Sites de référence des ex-témoins de Jéhovah
http://perso.libertysurf.fr/dbisserier/index.htm
http://www.multimania.com/maynacque/
http://www.palain.org/index.html
http://perso.libertysurf.fr/pages/infosectes/tj/temoign/index.htm

Forum de discussion des ex-Témoins de Jéhovah: http://www.chez.com/tjliberté

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