Deux Témoins viennent chaque semaine pendant 2 heures étudier la Bible avec vous, munis de la "Traduction du Monde Nouveau" (version jéhoviste de la Bible) et d'un manuel édité par leurs soins. Dans ce manuel, truffé de citations bibliques que l'on ne contrôle pas, chaque paragraphe étudié contient la réponse aux questions posées au bas des pages. Peut-être votre famille (conjoint, parents) est-elle d'accord avec cette formation: tout ira bien. Sinon, averti d'une hostilité probable de ceux qui n'aiment pas Dieu, vous avez à vous fortifier contre leurs attaques, à dissimuler, ... au besoin déjà il faut rompre.
La deuxième étape incite à une meilleure connaissance de la Communauté, et à vous introduire aux réunions publiques du dimanche matin à la salle du Royaume. Un accueil chaleureux, fraternel vous séduit d'emblée. La réunion commence par un exposé sur l'ensemble de l'Association, suivi d'une heure d'étude de "La Tour de Garde ". Reprenant la méthode qui a déjà fait ses preuves, lecture d'un texte ... questions - réponses sans contestation ni éclairage supplémentaire.
Dès lors convaincu que seuls les TJ détiennent la vérité, que seuls ils seront sauvés du "Monde de Satan", il faut agir en conséquence : "sortir de Babylone la Grande", s'imposer un nouveau style de vie, rompre avec son Église d'origine (par exemple un catholique doit demander sa radiation des registres officiels de Baptême) et manifester cette rupture en refusant d'entrer dans quelque lieu de culte que soit, fût-ce pour l'enterrement de son père.
D'adepte vous devenez prosélyte ... alors commence le porte-à-porte: accompagné d'un(e) ancien(ne) qui vous apprendra comment entamer un dialogue, comment placer les revues "Réveillez-vous" et "La Tour de Garde", s'il se peut livres et cassettes, et vous aidera à rédiger votre rapport mensuel d'activité : nombre d'heures de visites, de revues vendues...
Expérience fatigante, souvent difficile, qui vous accule à poursuivre votre formation. Pour ce faire il existe l'École Théocratique, une heure supplémentaire par semaine, vrai cours de marketing comprenant devoirs, exercices, corrigés et commentés en public. Ils feront de vous un parfait "démarcheur" pour prêcher le Royaume ... et cela vous vaudra une heure supplémentaire de présence: "la réunion de service" qui précise les directives de l'Association.
Il y a mieux encore: comment refuser "L'étude du Livre" (un de ceux édités par l'Association) qui a lieu chaque semaine, en groupe, chez un TJ ?
Ce parcours du combattant a manifesté votre zèle et la solidité de vos convictions. Les anciens vont vous imposer une dernière épreuve: cent questions. C'est la qualité de vos réponses qui décidera de votre admission au Baptême. Celui-ci se fera par immersion dans le cadre d'un grand rassemblement festif et vous serez embrigadés, corps et âme, dans l'Association des Témoins de Jéhovah.
Mais le plus contraignant, ce sont les heures de "porte à porte". De douze heures par mois, obligatoires, suivies d'un rapport sur les personnes contactées, on passe à 150 heures pour les pionniers. A ceux-ci incombe encore la préparation des réunions, des conférences.
Vie de famille exemplaire, disent les Témoins. Dans le meilleur ... ou le plus triste des cas, si toute la famille est jéhoviste, il s'agit d'un monde clos, d'une famille repliée sur elle même dans laquelle ne pénètre aucun rayon de lumière, aucun souffle qui viendrait du dehors, ni par le chant (pas même la Marseillaise !) ni par la musique, ni par le jeu, ni par la danse. La réaction du jeune garçon qui témoignait récemment à l'émission "Bas les Masques" était typique : ne pouvoir rien voir, rien faire ..., "j'étouffais".
Dans ce bastion moral, psychologique, les TJ sont-ils heureux ? Pourquoi pas, tant que la conviction d'être dans l'unique droit chemin, l'attente d'Harmaguédon, le zèle du prosélyte, la pression d'un horaire surchargé évitent toute confrontation avec l'extérieur, toute possibilité et même toute velléité d'exercer son sens critique ... Sécurité du milieu sectaire qui, pour les TJ, n'a que deux portes de sortie: Harmaguédon ... ou l'exclusion !
La pratique de transfusions sanguines exposerait les TJ contrevenants à l'exclusion, ce qui, selon la doctrine jéhoviste, est la peine maximale car elle signifie la mort dans des conditions affreuses lors la proche bataille d'Harmaguédon.
Pour les opérations à coeur ouvert, le temps n'est plus où l'appareil d'oxygénation sanguine extra-corporelle nécessitait jusqu'à 15 litres de sang. Maintenant bien peu suffit pour amorcer la pompe; pourtant un TJ, candidat à une opération cardiaque vitale pour lui, l'a refusée au prétexte que cela aurait équivalu à un acte d'anthropophagie. C'est ce qu'auraient prononcé les Anciens de sa congrégation.
Plus inquiétant encore: une consultante, nullement jéhoviste, s'est présentée dans uni bonne clinique parisienne, lorsque, employant le discours propre aux TJ, l'anesthésiste a tenté de la persuader de refuser même l'auto-transfusion. N'oublions pas que l'organisation des TJ a mis à la disposition de ses adeptes une liste de 1.800 praticiens français indiqués comme coopérants, ce qui n'a pas été du goût du Conseil de l'Ordre.
Singulière contradiction : les TJ pour qui l'usage de composants du plasma sanguin est impensable, ont une certaine latitude concernant l'injection d'extraits de celui-ci (immuno-globulines procurant une immunité momentanée à des personnes non vaccinées, globulines nécessaires dans certains états d'immuno-déficiences, fibrinogène ou encore Facteur VIII). Ces produits, dont le dernier notamment sauve la vie aux hémophiles, ne se présentent pas en effet sous l'aspect de liquides rouges, mais de poudres blanches solubles dans l'eau.
Il faut croire tout de même que le Béthel, à Brooklyn, a trouvé opportun de ne pas condamner à mort délibérément les frères hémophiles. L'incohérence saute aux yeux avec cette entorse à de prétendus interdits bibliques. L'avantage semble être double pour le Béthel: se donner un brevet d'humanité et procurer une impression de libre choix personnel.
Cette incohérence n'est pas la seule car l'interdit de la transfusion n'a pas toujours existé ; elle remonte au début des années trente dans cette secte multinationale ; c'est même un bel exemple de versatilité doctrinale, comme l'a justement souligné le psychanalyste danois Cyril Malka qui a soigné de nombreux TJ ou ex-TJ (Kristelig Dagblad, 1993).
Voici tout un ensemble de raisons pour être extrêmement surpris de trouver un article, favorable aux thèses jéhovistes sur le sang, publié dans un organe quasi-officiel comme la Gazette du Palais (11 - 12 janvier 1995) sous la plume d'un magistrat en exercice.
Et puis, le Consistoire s'est aperçu que cette attitude rigide imposée aux jeunes Témoins comportait au moins un grave inconvénient: celui d'interdire par la suite, du fait de leur condamnation, l'accès de ces jeunes gens à la haute fonction publique, privant ainsi l'Organisation des TJ d'un important moyen d'influence. De son côté l'Autorité militaire, harcelée par des organisations se réclamant des Droits de l'Homme pour porter le délit d'insoumission sur le terrain du respect d'une "conviction religieuse", et soucieuse de ne pas encombrer les prisons, acceptait de négocier avec le Consistoire.
Depuis le 15 février 1995, les TJ triomphent sans beaucoup de retenue. En effet, sans grand souci de la loi qui régit le statut d'objecteur de conscience, l'Administration a accepté d'accorder automatiquement ce statut à tout jeune TJ, faisant officiellement état de son appartenance à la secte, lui évitant d'avoir à demander expressément ce statut. Curieusement, la dite Administration, qui fait donc litière de la neutralité constitutionnelle de l'État face aux opinions religieuses en tenant compte de celles-ci pour les TJ, au moment de leur incorporation, retrouve sa vertu lorsque le jeune Témoin est confié au Bureau des Affaires Sociales chargé de la gestion des objecteurs de conscience. En effet ce Bureau n'a pas le droit de connaître son appartenance aux Témoins de Jéhovah, et encore moins d'en tenir compte pour son affectation.
Il ne s'agirait encore que d'un accord verbal, mais qui est bel et bien entré en vigueur en février 1995, et dont on ne peut que s'interroger sur l'a validité et s'inquiéter de la brèche ouverte dans l'un des fondements même du civisme des jeunes français.
Le jour de l'an. Les Témoins ne doivent en aucun cas présenter leurs voeux. Pas de réjouissances, le changement d'année passe inaperçu.
L'Epiphanie. Pas de joyeuses et amicales réunions autour de la traditionnelle Galette des Rois.
Mardi gras. Pas de carnaval, et pas question de faire sauter les crêpes.
Le premier avril. Il ne vous accrochera pas de " poisson d'avril " dans le dos. Cette coutume amusante qui provient du paganisme est interdite chez les TJ, même à leurs enfants.
Pâques. C'est la mort du Christ qui est primordiale à leurs yeux, la Résurrection est passée sous silence. Et bien sûr pour les enfants, pas de cloches ni d'oeufs à chercher dans le jardin.
L'Ascension et la Pentecôte. Les Témoins de Jéhovah ne nient pas l'existence de ces événements, mais ne trouvent pas nécessaire de les fêter.
Le 1er Mai. Ne pas offrir de muguet.
Le 8 mai, le 14 juillet, et le 11 novembre. La Patrie ne doit pas être honorée. Il est interdit aux enfants d'apprendre ou de chanter l'Hymne National ou autres chants patriotiques.
Fête des mères et fête des pères. A l'école, les enfants de Témoins de Jéhovah sont déjà obligés de se mettre en "Dehors du Monde", en refusant de confectionner un cadeau, ou d'apprendre un poème pour leurs parents.
15 août. Ils ne doivent pas prier Marie et encore moins la glorifier. Pour exaucer leurs prières, seul Jésus sert d'intermédiaire entre les humains et Jéhovah.
La Toussaint. Ils ne doivent pas honorer les morts ni prier pour eux. Après la mort, plus rien ne subsiste.
Noël. Cette grande fête familiale est rejetée par les Témoins de Jéhovah. Pas de sapin, pas de crèche, pour les enfants, aucun jouet, c'est un jour comme les autre. Avant Jésus-Christ, les païens fêtaient le jour renaissant, au solstice d'hiver.
Les anniversaires. Deux raisons sont émises par les Témoins de Jéhovah pour ne pas fêter les anniversaires : Deux sont relatés dans la Bible, ils se sont terminés par un bain de sang. Les humains ne doivent pas être honorés comme il a été mentionné plus haut, même l'anniversaire de Jésus n'est pas fêté. Les enfants de Témoins de Jéhovah sont là aussi privés de cadeaux, ils n'ont pas la joie de souffler les bougies de leur gâteau d'anniversaire. Ils n'ont pas le droit de partager cet événement joyeux avec leurs camarades.
L'Association des Témoins de Jéhovah, garante de la haute moralité de ses membres et veillant scrupuleusement à ce que leur conduite soit au-dessus de tout reproche, se considère-t-elle au dessus des lois ? La lecture du précepte jéhoviste : on doit obéir à toutes les lois humaines qui ne sont pas en conflit avec les lois divines le laisse penser. Il suffit d'ailleurs de rappeler deux des interdits les plus connus : interdiction du service militaire ou civil, interdiction de la transfusion sanguine.
Les tribunaux de première et deuxième instance ont jugé que l'obéissance à des commandements même religieux n'est ni un fait justificatif ni une excuse absolutoire en cas de non observance des lois. Ils ont confirmé que le droit français n'accordait pas de prééminence normalisée à la liberté religieuse sur les autres libertés publiques. Particulièrement pointilleux dans le choix de leurs termes, ils désignent clairement l'Association des Témoins de Jéhovah sous l'appellation de "secte". Il est constant qu'en sanctionnant systématiquement les atteintes portées par cette secte religieuse aux individus, aux familles et à la Nation, en s'opposant systématiquement aux visées totalitaires de la "Théocratie" jéhoviste ils ne font que protéger l'ordre public.
L'étude de la jurisprudence dans le domaine de la famille est, à ce titre, exemplaire:
Cependant, si la juridiction française à tous ses niveaux semble homogène, il est bon de rappeler que le contentieux n'est que la partie visible de l'iceberg. Des milliers de conflits familiaux ouverts ou larvés, dont pâtissent quotidiennement conjoints, parents et autres victimes, restent ignorés de la justice. Ceci est dû, en partie, à l'attitude de l'opinion publique qui, abusée par la bonne conduite des jéhovistes, s'étonne qu'on puisse les "attaquer", en partie à l'attitude de trop nombreux juges ou avocats qui, ignorant tout des activités et agissements réels de l'Association des Témoins de Jéhovah, rechignent, de bonne foi, à s'engager dans des contentieux impliquant à priori les libertés publiques d'opinion et de culte.
Nota: Les minutes ou, à tout le moins, les résumés des jugements sur lesquels est basé cet article sont disponibles à l'UNADFI.
En pratique, les parents peuvent difficilement transgresser les règles jéhovistes pour l'éducation de leurs enfants. Certains litiges concernant la famille ou les manquements au respect de la doctrine sont réglés par le Collège des Anciens qui se réunissent en "comité judiciaire". Une distinction est faite entre les cas où les problèmes seraient du ressort du Collège des Anciens et les cas relevant des "tribunaux humains".
Tous les aspects de la vie de l'enfant sont régis par des règles strictes. Le contrôle de la hiérarchie s'exerce par l'intermédiaire des parents. Ces enfants doivent inhiber leur singularité; leur surmoi est constitué par les parents et le Collège des Anciens sans interaction avec la société. Il est inutile de revenir sur les problèmes posés par le refus des transfusions sanguines, ce point ayant fait l'objet d'une importante production, y compris juridique (cf. "les problèmes médicaux").
Les enfants des TJ sont actuellement baptisés dès l'âge de 12 ans si les deux parents sont Témoins. Le baptême étant un engagement important ayant pour finalité de servir Jéhovah, les adolescents qui pourraient se questionner seront pris en tenaille entre leurs désirs propres et l'obéissance aux règles. Tout écart sera puni par l'exclusion. Peut-on prendre le risque de l'exclusion si on n'a pas d'amis et de soutiens familiaux en dehors du groupe? Par ailleurs l'exclusion est non seulement une "mort" dans le temps présent, mais aussi une promesse de destruction lors de la guerre d'Harmaguédon. Un enfant conditionné dans ce sens aura du mal à s'émanciper. Les enfants des TJ sont certes scolarisés à l'école publique, ce qui laisse supposer que leur marginalisation n'est pas absolue. Mais, ils ne sont pas intégrés à l'école de la même manière que les autres élèves. Une brochure, publiée par la Watch Tower Bible Society et distribuée aux enseignants, explique les différents refus des TJ et marginalise d'emblée ces enfants à l'école. Une récente affaire dans une école primaire à Narbonne est révélatrice: les enfants des TJ refusaient au nom de leurs convictions religieuses de chanter l'hymne européen (l'hymne à la joie de Beethoven) et la Marseillaise prévus au programme de leur cours de musique. Ce fait n'est pas anodin car de même que le port ostentatoire d'un insigne religieux met en cause la laïcité, il est signe du refus de l'apprentissage de la citoyenneté à l'école. Par ailleurs ces enfants subissent une formation complémentaire à la Salle du Royaume qui va neutraliser celle de l'école. La brochure "L'École" explique: "Leur objectif principal est de devenir de bons ministres de Dieu, et ils apprécient l'aide que l'école peut leur apporter en ce sens".
Les enfants découvrent dans la littérature interne à la secte un monde idyllique (aussi bien dans le contenu que dans le graphisme) promettant pour les seuls Témoins un paradis terrestre. Pour ces enfants l'accès à la réalité sociale est ainsi amoindri voire compromis, et cela risque de conditionner toute leur vie d'adulte.
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