Dans un rapport adressé au ministère de l'Intérieur (rapport classé confidentiel), le BfV parvient à la conclusion que la secte remplit les conditions requises pour être soumise à surveillance. L'expertise terminée en novembre doit être examinée sous peu par les ministres de l'Intérieur des länder. Il est probable qu'ils donneront leur accord pour une enquête. Dès le mois de mai, le ministre fédéral de la Justice et ceux des länder avaient demandé l'examen des méthodes et des buts de la secte. Ses faits et gestes ont effrayé les politiciens : c'est ainsi qu'une décision unique dans l'histoire des partis allemands a été prise au printemps à Dresde lors du congrès de la CDU, "l'appartenance à l'Eglise de Scientologie est jugée incompatible avec l'appartenance à la CDU". De même, le SPD (Social démocrate), à Hambourg, n'admet aucun scientologue dans ses sections locales.
L'Eglise de Scientologie est sûrement l'entreprise la plus contestée et la plus influente parmi les sectes qui prospèrent, même en Allemagne de l'est. Rien qu'en ex-Allemagne fédérale, ce groupe "racoleur d'âmes" comprend dix églises et trente missions. Le nombre d'adeptes allemands est estimé par les experts entre 20.000 et 200.000 et le chiffre d'affaires annuel de 15 millions à 1 milliard de marks.
Camouflée sous des noms bien innocents d'organisations filiales, cette entreprise représentée dans plus de trente pays et dont le siège principal se trouve à Los Angeles essaie depuis quelque temps de prendre pied dans l'économie allemande (Cf. der Spiegel n° 14 - 1991).
Selon le BfV, les scientologues gagnent dangereusement de l'influence également dans le monde politique. Les visées de la Scientologie seraient d'ailleurs dans une important mesure, et toujours selon le même rapport, d'ordre politique. L'organisation sectaire, toutefois, ne participe ni directement, ni indirectement aux élections et n'a pas de programme politique mais les membres de la secte orienteraient leur activité exclusivement dans l'esprit de la Scientologie, même dans la vie politique.
La Scientologie ne connaît aucune structure interne démocratique. Les services de Cologne rejoignent pleinement dans leur interprétation le parquet de Munich qui, il y a quelques années, arrivait à la conclusion qu'avec la Scientologie, il s'agissait d'une "idéologie aux principes fondamentaux résolument totalitaires".
Pour le BfV, l'utilisation du détecteur de mensonges ainsi que les pratiques de lavage de cerveau montrent que la Scientologie nie dans ses principes la dignité de l'homme. Les enquêteurs fondent leur jugement sur le témoignage d'un ex-scientologue, Norbert Potthoff qui, jusqu'en 1978, fut l'attaché de presse et l'un des dirigeants de la Scientologie de Düsseldorf. Pour Potthof, le véritable danger vient de ces esprits troublés qui lisent la littérature Hubbard et qui l'appliquent mot à mot.
Le rapport du BfV concède tout au plus à la secte les caractéristiques d'une "communauté idéologique". On peut bien sûr mettre sous surveillance de telles organisations mais selon l'article 140 de la Constitution, elles sont largement à l'abri d'une interdiction.
L'enquête menée par le BfV sur les scientologues pourrait dégénérer en une guerre des "taupes" car la Scientologie dispose elle aussi depuis longtemps d'un service de renseignements qui, chez ses adversaires, sait déceler leur points faibles.
Actualités sur la Scientologie en 1993 |
Home Page Sectes = danger ! |