Le web fournit une littérature abondante concernant Lyndon Larouche, par exemple les sites larouchistes. D'autres s'acharnent à montrer le côté néfaste de ce mouvement. Lyndon Larouche est suivi depuis 30 ans par des auteurs comme Chip Berlet et Bellman, Dennis King, Dennis Tourish et Tim Wohlforth.
La plupart des documents anti-larouchistes référencés ici mettent en avant le comportement sectaire de ce groupe. Les auteurs anglo-saxons cités plus haut, classent ce mouvement comme une secte politique.
La France n'est pas très familière avec cette catégorie de déviances. J.M. Abgrall n'en fait pas mention dans son ouvrage " La Mécanique des Sectes " (1996). Le POE (Parti Ouvrier Européen), ancien nom de Solidarité&Progrès, n'est pas dans la liste des sectes établie en 1995. Sous son nouveau nom, ce mouvement est actif sur un certain nombre de campus français : Paris, Rennes, Nantes, Lyon, Grenoble, et peut-être d'autres.
Né en 1922, Lyndon Larouche a commencé son activité politique dès 1947 quand il rejoint le SWP (Socialist Workers Party), principal groupe trotskiste aux Etats-Unis. En 1965, il quitte ce parti pour rejoindre un petit groupe trotskiste (American Commitee for the Fourth International). Tim Wohlforth voit le début du comportement sectaire de Lyndon Larouche en 19681. Il est alors très actif lors des grèves de Columbia University et fonde le National Caucus of Labor Committees (NCLC), affilié au Students for a Democratic Society (SDS). En 1973, il radicalise son mouvement, après avoir coupé ses liens avec le SDS, et tenté de prendre le pouvoir sur la gauche, en allant jusqu'à l'utilisation de la violence physique, lors de l'opération Mop-Up2. En 1976, il se présente à l'élection présidentielle sous l'étiquette du U.S Labor Party et en 1984, il crée le Schiller Institute, avec l'aide de sa femme Helga-Zepp Larouche, une Allemande. En 1987, Lyndon Larouche est jugé devant la cour de justice de Boston, pour une escroquerie présumée. Procès annulé en raison de délais de procédure trop longs. Un deuxième procès, en Virginie, en 1989, pour escroquerie financière et fraude fiscale, l'a condamné à 15 ans de détention. Il est libéré 5 ans après. Depuis, il s'est présenté régulièrement à l'investiture démocrate pour les élections présidentielles américaines, en essayant de se faire reconnaître comme membre du Parti Démocrate.
En France, Jacques Cheminade, dirigeant de Solidarité et Progrès et représentant de Lyndon Larouche, s'est présenté aux élections présidentielles en 1995. N'ayant pas obtenu les 500 signatures nécessaires, il n'a pu renouveler l'expérience en 2002. II a été, par ailleurs, déjà condamné à plusieurs reprises : en 1992 il a été condamné à 15 mois de prison avec sursis pour escroquerie (en janvier 1996 la 13ème chambre de la cour d'appel de Paris a allégé cette peine), en octobre 2004 le tribunal correctionnel de Lyon l'a condamné à 15000 Euros d'amende pour diffamation publique. Ce jugement a été confirmé en février 2005 par la cour d'appel de Lyon (Jacques Cheminade aurait prévu de se pourvoir en cassation).
Bien qu'on puisse trouver chez le militant de base d'un parti politique des caractéristiques d'engagement, d'enthousiasme très forts, certaines spécificités du mouvement de Lyndon Larouche permettent de le différencier d'un parti politique tradition
nel :- Culte de la personnalité : Lyndon Larouche est pour ainsi dire le " Grand
Homme ", dont les images et les écrits inondent les sites larouchistes.
- Elitisme : les membres du mouvement sont les " Golden Souls " de Lyndon
Larouche.
- Diabolisation de l'extérieur : famille, amis, et tous ceux qui attaquent Lyndon Larouche.
- Emprise sur l'individu : elle est très forte, le changement de personnalité d'un nouveau membre est très rapide. Sa famille ne le reconnaît plus et a du mal à communiquer avec lui.
- Théorie du complot : fonds de commerce de Larouche, marqué par des attaques incessantes contre les grands banquiers britanniques, un certain nombre de personnalités juives, l'administration américaine, etc.
- " Mode de recrutement : prosélytisme basé sur la séduction (" Tu as toutes les capacités pour améliorer le monde ") et le sentiment de culpabilité des per-sonnes approchées (" Si tu ne viens pas avec nous, cela veut dire que tu ne veux rien faire pour améliorer le monde ").
- Occupations quotidiennes : tous les jours, le membre s'auto-persuade du bien-fondé et de la haute valeur des idées larouchistes, simplement en pratiquant sa démarche prosélyte. L'occupation intellectuelle est permanente, 12 à 15 heures/jour, même le week-end.
- Mode de vie : les membres sont regroupés dans des appartements, d'où un contrôle plus facile.
A la lecture des ces éléments, l'aspect coercitif de ce mouvement est clair.
Lyndon Larouche s'est toujours intéressé
de près à la culture et aux sciences. Le Schiller Institute est
le bras culturel du mouvement. " Fidelio ", et " 21st Century Science
& Technology ", sont des parutions larouchistes. De même que "
Fusion " revue française vendue en kiosque au rayon scientifique.
L'année
2004 a vu la sortie de leur pamphlet " Children of Satan 1113 ", dans
lequel Larouche s'en prend au Congrès pour la Liberté de la Culture4.
Ce qui suit est une tentative pour mettre à jour l'utilisation par Lyndon Larouche de la culture comme instrument de propagande largement utilisé en interne.
A lire les écrits de Lyndon
Larouche, on ne peut nier la culture profonde de l'individu, même si son
interprétation des faits historiques/scientifiques/culturels pourrait certainement
faire l'objet de critiques d'experts. Tout est organisé autour de Lyn.
Dans les articles écrits par ses collaborateurs, la référence
est toujours Lyn, ce qu'il a dit, écrit ou fait.
Lyndon Larouche est
un grand communicateur. En 2003, le Schiller Institute a organisé 8 conférences
ou écoles de cadre aux Etats-Unis, et 6 en 2004. Il faudrait y ajouter
celles données en Europe et ailleurs. Lyndon Larouche intervient longuement
dans chacune de ces conférences. L'ego surdimensionné du personnage5
éclate dans cet extrait de son article " Insanity as Geometry : Rumsfeld
as Stangelove II "6 où il explique que la société actuelle
a besoin d'un leader exceptionnel aussi bien politique que scientifique ou artistique
et qu'il se voit obligé de jouer ce rôle.
Le site des jeunes larouchistes est un lieu privilégié de propagande. La page des " Classics " met en référence des auteurs, artistes, écrivains, scientifiques des siècles passés, avec un certain nombre de leurs écrits, à côté de Lyndon Larouche7, le présentant ainsi comme un grand homme ayant sa place aux côtés de personnages illustres. Par ailleurs, sa biographie interne8 le présente comme un économiste de renommée internationale.
Dans
le mouvement des jeunes larouchistes, l'utilisation de la musique est permanente,
par le biais de chorales. Le but de l'apprentissage de chants est leur utilisation
ultérieure, dans la rue, afin d'attirer l'attention des passants. Ces chants
sont aussi l'occasion de présentations lors de leurs nombreuses conférences.
Ces
chorales sont aussi un moyen pour ancrer l'individu dans un groupe soudé
autour d'un certain nombre de valeurs, en lui donnant le sentiment d'être
important, de faire partie d'une élite. Faire en sorte que les jeunes larouchistes
se sentent importants est un des moyens de séduction utilisé pour
les attirer dans le mouvement.
Lyndon Larouche rejette un certain nombre
de formes artistiques. Tout ce qui n'est pas " classique " est considéré
comme de l'art dégénéré, ce qui rappelle un discours
abondamment produit sous des régimes totalitaires. Un petit nombre de compositeurs
trouvent grâce aux yeux de Lyndon Larouche, comme Beethoven, J.S. Bach,
Mozart, Brahms, Verdi par exemple. Sont rejetés les compositeurs baroques,
les contemporains, entre autres, les peintres impressionnistes ou fauvistes.
Beethoven
tient une place particulière dans l'esprit de Lyndon Larouche. En effet,
selon Dennis Tourish et Tim Wohlforth, il a utilisé, dans les années
70, la musique de ce compositeur pour "déprogrammer" un membre,
Alice Weitzman, qu'il pensait être un agent de la CIA, en la maintenant
captive et en lui faisant écouter la musique de ce compositeur à
fort volumes.
Le pamphlet larouchiste " Children of Satan-11f' "
montre bien la virulence avec la-quelle des peintres contemporains, des compositeurs
ou des écrivains sont rejetés. Des mots très durs sortent
de la plume ou de la bouche du " larouchiste " Jeffrey Steinberg quand
il en parle (" bruit hideux" pour qualifier un extrait du "Sacre
du Printemps " de Stravinsky).
Les jeunes membres voient leurs choix culturels
se restreindre. Les " bons " choix culturels viennent d'en-haut.
Le complot juif mondial étant le fonds
de commerce de Lyndon Larouche, il n'est pas étonnant que les artistes
juifs soient stigmatisés dans ses écrits. Quand on les examine,
on réalise très vite que ses attaques envers les personnalités
politiques ou artistiques visent la plupart du temps des personnalités
juives (exemple, les néo-conservateurs américains Paul Wolfowitz,
Richard Perle, ou H. Kissinger). De la même façon, les artistes juifs
sont stigmatisés. " Le Congrès pour la Liberté de la
Culture " comprenant un certain nombre d'artistes juifs10, on ne s'étonnera
pas que cette institution ait été la cible des larouchistes.
Lyndon
Larouche rejette même l'idée d'une culture juive. Comme il l'écrit
en 1973, dans le dossier " The case of Ludwig Feuerbach ", inclus dans
la revue larouchiste "Campaigner" : il n'y a pas de culture juive autonome
mais seulement une variété particulière de culture chrétienne.
Là encore, il s'agit d'un exemple parmi d'autres.
De
l'analyse des pages web " larouchiste ", on peut déduire la stratégie
utilisée dans ce mouvement :
1. Larouche est présenté
comme le grand penseur-philosophe-politiciensavant-économiste-musicologue
du siècle11, et il est mis en parallèle avec des personnalités
incontestables, Martin Luther King, Théodore Roosevelt, etc.
2.
Le " grand homme " annonce un cataclysme économique sans précédent,
mais il a La solution.
3. Son infaillibilité est présentée
ainsi aux jeunes membres : " Larouche ne s'est jamais trompé. "
4.
Les sites larouchistes sont inondés des écrits du " grand homme
" pour donner l'illusion d'une importance immense de l'individu. Le jeune
larouchiste croit que toute cette communication est faite à destination
de la planète entière, car c'est bien ce que mérite un "
grand homme " : la diffusion de ses idées. C'est d'ailleurs ce qu'on
lui demande de faire tous les jours dans la rue.
5. Les jeunes larouchistes
n'ont plus qu'un seul horizon : Larouche. Tout ce qui est externe est diabolisé,
en particulier parents et amis, ainsi que toutes les idées artistiques,
scientifiques, politiques qui n'auraient pas reçu l'estampille " Larouche
".
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1
Dennis Tourish, Tim Wolhforth, On The Edge : Political Cuits Right and left, 2001,
pages 71-72.
2 Initiée par Larouche, cette opération, dont le
but était d'établir l'hégémonie du NCLC sur le mouvement
révolutionnaire américain, se concrétisa, de mai à
septembre 1973, par des actions violentes à l'encontre de divers partis
de gauche.
3 http://solidariteetprogres.online.fr/Dossiers/Culture/CCF.html.
4
Créé en 1950 Il s'agissait d'un projet de diplomatie culturelle
internationale basé sur le regroupement d'intellectuels (écrivains,
artistes...) ayant pour but de lutter contre le stalinisme. Le financement, américain,
s'effectuait par le biais de fondations (Ford, Rockefeller,...) En 1967, un article
du New York Time révéla que l'organisme financier était en
fait la CIA.
5 http:/Iwww.ex-iwp.org/docs/1999/Earty
LaRouche.htm.
6
http://Iarouchein2004.net/pages/writings/2003/030326insanity.htm.
7 http://www.wlym.com/pages/classics.html.
8
http://larouchein2004.net/pages/biography.htm
- Economist.
9 On The Edge :Political Cuits Right and left par Dennis Tourish,
Tim Wolhforth 2001, pages 74-75.
10 Pierre Grémion, Intelligence de
l'Anti-Communisme-Le Congrès pour la Liberté de la Culture 1950-1975,
Fayard.
11 La mégalomanie de Lyndon Larouche a déjà été
évoquée dans le numéro 40 de Bulles p.19, 1993.
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