La pratique
Le " Gohonzon "
La "Zad"
"La maison qui abrite votre vie"
Cher C.E.D.I.S.
" Les daimoku, comme un aimant, attirent les bienfaits (8) "
Nul besoin de comprendre, récitez !
"De la répétition au conditionnement"
Entre espoir et terreur
Les dangers du mantra
Notes
La pratique
L'essentiel de la pratique pour les adeptes de la Soka Gakkai consiste en la lecture biquotidienne (Gongyo) d'extraits des 2ème et 16ème chapitres du Sûtra du Lotus (chapitres " Hoben " et " Juryô "), ainsi que la récitation matin et soir, parfois des heures durant, de la formule sacrée [magique ? ] " Nam Myo Renge Kyo (1)", appelée "Daimoku (2)".
"Un tel dépouillement de l'office cultuel est jugé par la plupart des membres comme une simplification du bouddhisme qui le démocratise en le mettant à la portée de tout un chacun (... ) (3)."Le " Gohonzon "
A l'exception de certains grands rassemblements, la pratique se déroule à domicile. L'adepte, seul ou en famille, récite " gongyo " et " daimoku ", mains jointes devant le Gohonzon, sorte de parchemin sur lequel figure la calligraphie de la formule symbolisant la "Loi merveilleuse" : "Nam myo renge kyo".
"Le Gohonzon joue ainsi le rôle d'un lieu enchanté où, l'espace d'une pratique, tout peut être possible à condition que la foi, la shinjin, soit entière et déterminée et que le doute sans cesse renaissant soit combattu comme une tentation pernicieuse (3)."
Ce Gohonzon que possède le pratiquant est une réplique du " Daigohonzon " (Grand Gohonzon), gravé par Nichiren lui-même, et dont l'original se trouve au "Grand Temple Taisekiji"(Japon). Le Gohonzon est remis officiellement lors d'une cérémonie solennelle durant laquelle l'adepte prête serment de rejeter les "enseignements provisoires", promettant une loyauté exclusive envers la Loi et ses maîtres (4).
La "Zad" "
Par petits groupes, les adeptes se réunissent régulièrement pour pratiquer et étudier les écrits de D. Ikeda, ou ceux de Nichiren revus et corrigés par le même Ikeda, c'est la " zadankai".
La "zad", qui se déroule au domicile de l'un des pratiquants, est également le lieu de discussion et de témoignage où l'on va raconter son "expérience bouddhique", et vanter les bienfaits obtenus par la pratique.
Ces réunions sont dirigées par le "kumisho", et bien que l'ambiance ne soit pas formaliste, elles n'en sont pas moins soigneusement préparées : "en effet, chaque réunion de discussion a été répétée quelques jours à l'avance par les responsables de groupe; ils déterminent le thème et prévoient quelles expériences ils vont raconter (...). Les gens sont assis en cercle dans la salle de séjour où se tient la "zad" (...). La réunion débute par une brève auto présentation des participants semblable à celle des groupes de rencontre de type psychothérapeutiques, qui se limite habituellement à quelques traits : nom, âge, métier, date de début de pratique, à quoi on ajoute parfois une assertion convenue du genre "et je suis très heureux d'être là (5)."
"La maison qui abrite votre vie"
Le pratiquant se doit de respecter et de protéger le Gohonzon, celui-ci symbolisant sa vie tout entière qui en sera le reflet. " [Pour lui], le Gohonzon est la chose la plus précieuse de sa vie, la première à sauver en cas d'incendie dans un appartement, par exemple (6). " Par conséquent, pas question de le punaiser sur le mur du salon, le précieux parchemin est enchâssé dans un meuble/autel appelé "Butsudan", auquel on se doit d'attribuer une place d'honneur au sein de l'habitat, et sur lequel doivent être déposées chaque jour des offrandes symboliques: eau, fruits, encens, bougies, feuillages. "Bien entendu, personne ne vous dit quel doit être, et à quoi doit ressembler votre butsudan. Mais il représente la maison qui abrite votre vie. Alors trois morceaux de cagettes, c'est un peu court. Surtout si l'on vous dit que mieux vous enchâsserez votre gohonzon, et mieux votre vie se verra protégée (Extrait du témoignage d'une ex- adepte)."
Cher C.E.D.I.S.
L'adepte peut fabriquer de ses propres mains son butsudan, mais le précieux meuble peut également être commandé auprès de la société "CEDIS"(Compagnie Européenne de Distribution et de Services). Cette S.A.R.L. basée à Arcueil (94), et à la tête de laquelle nous retrouvons Yoshio Chiba, l'actuel président de Soka Gakkai France, fabrique et commercialise les multiples accessoires nécessaires à la pratique : des autels bouddhiques aux indispensables gongs, des chapelets aux présentoirs à offrandes, des diverses coupes à eau et à riz en passant par les bougeoirs, bacs à encens, vases, fournitures pour l'éclairage interne de l'autel, etc. Cedis propose également les différents ouvrages et les incontournables publications internes : livrets de pratiques, brochures d'étude, textes et discours de Daisaku Ikeda, etc. Ainsi, le pratiquant pourra choisir son butsudan sur catalogue pour un prix variant de 970,00 francs (147 €) à 8200,00 francs (1250 €).(tarifs octobre 2000) (7).
Ce n'est pas donné, mais rien ne vous oblige à choisir le modèle de luxe, si ce n'est que " mieux vous enchâsserez votre Gohonzon et mieux votre vie se verra protégée."
" Les daimoku, comme un aimant, attirent les bienfaits (8)
"Avec la prière, en récitant daimoku, on acquiert de la sagesse. Chaque matin, on expose son désir, sa décision de réaliser la paix mondiale dans sa famille, au sein de son couple, dans son travail, etc. Et puis après, on agit au quotidien. Pas à pas, on répète ce processus tous les jours, ce qui nous conduit vers la réalisation de nos souhaits (9)."
Par cette pratique, l'adepte est censé obtenir de multiples bienfaits, dans tous les domaines de sa vie : santé, travail, relations, vie sentimentale, etc. Une pratique assidue et "correcte" conduit immanquablement au succès désiré. Chercheuse en science politique, Florence Lacroix (l0), qui s'intéresse de près à la Soka Gakkai depuis plusieurs années, en connaît bien les mécanismes : " L'idée de base est que le karma est allégeable et modifiable par une pratique "correcte". Toute l'astuce réside dans l'adjectif "correct". Si vous pratiquez correctement, vous devez obtenir la réalisation de vos désirs, de la rencontre avec l'âme sur à la guérison du sida, en passant par un travail, une promotion, l'achat d'une maison, le règlement de vos problèmes relationnels avec belle-maman, ou avec votre femme, votre impuissance, votre stérilité etc. Vous pouvez tout obtenir par une pratique correcte. " Rien de magique vous diront les adeptes, mais une pratique agissant comme un "accélérateur de vie", une pratique permettant de tout "transformer". " Cette notion de "transformer" est très importante pour les pratiquants car, tout le temps, on vous dit qu'il n'y a pas de miracles, mais que la vie est comme une balance : d'un côté, il y a le mauvais karma (dû aux mauvaises actions commises dans cette vie et dans les vies précédentes), et pour "racheter" ce mauvais karma, une seule solution : pratiquer (Extrait du témoignage d'une ex-adepte). "
Et la puissance de la récitation, nous dit-on est immense : " Nam Myo Renge Kyo est semblable au rugissement d'un lion. " Les publications comme le journal " Cap sur la paix " et le mensuel " Troisième Civilisation (TC) " regorgent de témoignages et de récits d'expériences attestant de l'efficacité de cette pratique ; morceaux choisis :
" En 1996, la bonne fortune accumulée grâce aux activités bouddhiques, et de nombreux daimoku m'ont permis de réussir le concours d'entrée à l'école d'infirmière et de poursuivre mes études dans de bonnes conditions financières ("Cap sur la paix"n°320, 16 mars 2000) "
" (...) c'est avec beaucoup de découragement que j'entamais ce travail (...) Mais c'était compter sans les effets de ma pratique. Dès qu'un obstacle apparaissait (et ils furent nombreux), ils étaient pulvérisés et remplacés par des bienfaits sans aucune mesure ! (...), ma pratique était très efficace, me permettant d'accroître la qualité de mon travail, me donnant chaque fois un peu plus de force dans ma détermination (TC n°465, mai 2000, p11 ). "
" Je confondais plaisir de la bonne chère avec alcoolisme ! (...), je pris la ferme décision d'arrêter de me détruire par cette drogue (...), et je commençais ce long combat à renfort de daimoku (...) Maintenant je sais que si je n'avais pas rencontré la Loi bouddhique merveilleuse, j'aurais certainement plongé dans l'alcoolisme profond (TC n°463, mars 2000, p11). "
" (...) Il me fallait de l'argent. Je pratiquais en exprimant mon désir de trouver la meilleure solution. Dans le même temps, la mairie de Nîmes instaura un RMI et je me vis attribuer exactement la somme qu'il me fallait par mois. (...)A peine avais-je terminé les trois heures de pratique que je m'étais fixées que le téléphone a sonné. C'était un ami, à qui j'ai tout naturellement expliqué ce qui m'arrivait. Après m'avoir écouté, il m'a dit qu'il venait de recevoir une grosse somme d'argent et qu'il m'envoyait ce dont j'avais besoin... (TC n°465, mai 2000, p.18 )"
" (...) Après des années d'efforts et de travail, j'ai en quelques heures perdu tout ce que j'avais construit et plus, sans compter les problèmes qui sont venus derrière, touchant mon environnement proche. (...)Tout m'échappait, je n'arrivais pas à restaurer mes affaires. Comme j'avais épuisé toutes les ressources possibles et que je n'ai aucun mal à faire beaucoup de daimoku, je me suis décidé à pratiquer jusqu'à ce que ma situation change, et cela m'a pris des jours et des jours... et la situation a changé. "
"J'avais contracté un virus inconnu par les médecins et mes chances de survie étaient de 2 % (...), en faisant daimoku, mon corps a produit des anticorps et j'ai réussi de cette façon à expurger le virus [sic] (TC n°465, mai 2000, p.18 )."
"Grâce à la maladie, j'ai pu vérifier la grande force de la Loi bouddhique (...). Ma femme m'a dit: " les médecins ne peuvent rien pour toi. Tu dois pratiquer " (...), je me suis alors mis à réciter Nam Myo Renge Kyo. Au bout de quatre jours, mon état s'est amélioré et à la grande surprise du corps médical, j'ai évité l'intervention chirurgicale. ( ) J'ai maintenant 76 ans (...). En pensant rétrospectivement aux trente-huit premières années de ma vie, maladies et accidents de toutes sortes, il m'apparaît clairement que mon karma était de mourir jeune. Je suis persuadé que c'est grâce à la pratique bouddhique, en suivant les directives du président Ikeda, que j'ai pu ainsi prolonger ma vie
(TC n°463, mars 2000, p.32 )."
Bien sûr, les résultats ne sont pas forcément immédiats, mais il faut persister, et surtout ne pas douter : "Pendant mes cinq premières années de pratique, alors que j'avais "la tête dans le sable", j'ai parfois douté de l'issue de ce combat. Ces résultats concrets ont dépassé mes espoirs ("Cap sur la paix" n°320, 16 mars 2000)."
Si la récitation permet d'ambitieuses réalisations, les aspirations et les buts recherchés par le pratiquant peuvent être parfois beaucoup plus prosaïques : " J'ai 26 ans et je suis née dans une famille de pratiquants. Très jeune j'ai compris que je pouvais utiliser la pratique pour résoudre tout type de difficulté ; Je ne m'en privais pas et j'utilisais les daimoku épisodiquement : lorsque je voulais avoir une bonne note à l'école, ou pour ne pas tomber du tire-fesses pendant les vacances de ski... ("Cap sur la paix"n°320, 16 mars 2000). "
Nul besoin de comprendre, récitez !
Il suffirait donc de pratiquer, pour obtenir les succès désirés, et pour que les bienfaits de toutes sortes se produisent immanquablement. Et les résultats sont garantis sans qu'il soit absolument nécessaire de comprendre le sens de ces litanies, comme nous l'explique D. Ikeda dans cet extrait du journal jeunesse de SGF "Cap sur la paix"(n°320 du 16 mars 2000) :
Question : " Pourquoi obtient-on des bienfaits en récitant gongyo et daimoku même si l'on en comprend pas le sens ? "
Réponse d'Ikeda : " Un nourrisson tète le lait de sa mère. A-t-il besoin pour cela de connaître la composition chimique du lait qu'il boit ? Sans savoir pourquoi, si ce bébé tète, il grandit. Il en va de même pour la récitation de gongyo et daimoku. Naturellement, si nous en comprenons le sens, c'est encore mieux, mais cela ne fera que renforcer notre foi en la Loi merveilleuse (...), même si nous ne comprenons pas le sens de ce que nous récitons, quand nous faisons gongyo et daimoku, notre voix est entendu par les bouddhas, les bodhisattvas et les divinités bouddhiques à travers le temps et l'espace, éveillant les fonctions protectrices dans la vie et dans l'univers. Cela reste invisible mais tout l'univers se met en marche pour que notre prière se réalise. "
"De la répétition au conditionnement"
Cette pratique qui pourrait à première vue s'apparenter à une inoffensive "méthode Coué" peut en réalité constituer un redoutable outil d'enfermement. En effet, l'adepte s'autopersuade que tous les événements heureux qui surviennent dans sa vie sont dus à la pratique. Ainsi, les réussites professionnelles ou personnelles sont immanquablement mises sur le compte de la pratique, et constituent autant de "preuves actuelles" de son indéniable efficacité. "La preuve actuelle ou concrète (...) est la plus déterminante (...), elle ne laisse aucun doute : c'est la victoire dans notre vie quotidienne, l'atteinte de notre but et surtout le bonheur que donne en toutes circonstances un état de vie éveillé (11)."
En revanche, les difficultés rencontrées par le pratiquant, les problèmes de toutes sortes, les échecs sentimentaux ou professionnels, témoigneront d'une pratique incorrecte ou insuffisante. La non-réalisation des désirs de l'adepte ne remettra pas en question le bien-fondé et "l'efficacité" de cette pratique, mais la sincérité de sa croyance et de son engagement. L'absence de résultats n'aura pas pour conséquence d'éloigner l'adepte de cette pratique, mais au contraire de l'enfermer dans une logique le conduisant à pratiquer toujours davantage.
Entre espoir et terreur
A ce stade, l'attitude de l'adepte pourrait être comparée à celle d'un individu souffrant d'une passion maladive du jeu. En effet, comme le joueur contraint par une pulsion irrésistible à remiser sans cesse dans l'espoir de "se refaire", et d'enfin "rafler la mise", l'adepte s'enferme dans un comportement compulsif qui l'entraîne à pratiquer toujours plus, dans l'espoir irraisonné du "gain" tant espéré. Impossible d'avoir tant perdu pour ne pas finir par gagner. Impossible, après tant d'efforts et de sacrifices, de ne pas obtenir enfin de bénéfices. L'adepte ne peut pas s'arrêter maintenant, alors qu'il n'est peut-être qu'à quelques "daimoku" du résultat.
"Ce résultat si merveilleux, si attendu porte un nom, c'est le "kuduku", et son contraire, c'est le "bachi" (prononcer "batchi"). Celui-là, c'est le résultat négatif, celui qui nous tombe dessus parce que l'on a planté des causes négatives. Par exemple, lorsque l'on dit du mal de la pratique, des pratiquants, ou quand d'une façon ou d'une autre on a cherché à nuire à la Soka Gakkai, et le bachi peut être terrible : maladie grave, accident soudain... (...).
C'est pourquoi vous ne rencontrez pas de pratiquants pour dénoncer les pratiques de la Soka Gakkai, car ils ont peur du bachi, et puis ils ont fait tant d'efforts pendant tant de temps, qu'ils espèrent qu'un jour, peut-être, ils ramasseront tout de même le kuduku qui changera leur vie en joie (Extrait du témoignage d'une ex-adepte).
" L'absence de résultats qui tend à marginaliser l'adepte vis à vis du groupe, le conduit parfois à un véritable déni de la réalité, comme nous l'explique Florence Lacroix : "Si l'adepte n'obtient pas la réalisation de ses désirs, souvent légitimes d'ailleurs, c'est qu'il pratique mal. Alors, un supérieur hiérarchique l'aide à rectifier le tir, mais si ça ne donne rien, la non réalisation de ce désir devient une menace pour la cohésion du groupe. Surtout s'il commence à douter. (...) Il est à un moment où, à force de se voir accusé de ne pas pratiquer correctement, l'adepte culpabilisé va finir par altérer sa propre évaluation de sa situation et peu à peu, abdiquer sa faculté de jugement. Il va en arriver à s'autopersuader que sa situation s'améliore à vue d'il, que certes ça pourrait aller mieux, mais que ça pourrait aussi être pire. ".
Arrêter la pratique signifie pour l'adepte, non seulement renoncer aux bienfaits qu'il aurait pu obtenir en persévérant, mais également perdre tout ce qu'il croit avoir acquis depuis le début grâce à elle. Ayant souvent rencontré l'organisation et commencé à pratiquer alors qu'il traversait une situation difficile, l'idée même de s'en éloigner fait naître en lui une insupportable angoisse, et le laisse en proie à une véritable terreur : " La terreur, c'est quand l'adepte est persuadé que s'il arrête la pratique et sort de la Soka Gakkai, il perdra non seulement ce qu'il aurait pu obtenir dans une pratique "correcte", donc un bienfait virtuel, mais aussi ce qu'il possède déjà, la santé, un revenu minimum, son domicile, son conjoint, etc. Il se sent habité par une peur irraisonnée qui s'étend par cercles concentriques à chacun des domaines de la vie.
La terreur est à la mesure de l'espoir dont elle est la face noire. Son jaillissement sanctionne la perte de l'espoir. Autrement dit, l'adepte a le choix entre se claquemurer dans un espoir déréalisant ou éprouver une terreur épouvantable et qui crée une tension bien plus éprouvante. La terreur est mitoyenne de l'espoir, et c'est cette mitoyenneté qui enferme l'adepte dans une déréalisation parfois stupéfiante. Elle est alimentée par les menaces spirituelles faites téléphoniquement ou par courrier aux adeptes qui s'éloignent de la secte. Ils doivent alors s'attendre à développer un cancer, à perdre leur emploi ou leur conjoint, etc. (Florence Lacroix). "
Les dangers du mantra
Un mantra est une formule sacrée (phrase ou simple syllabe) censée posséder un pouvoir spirituel. L'usage du mantra se retrouve dans l'hindouisme et le bouddhisme (principalement dans le courant "Vajrayana "). "Le principe est simple : il s'agit de répéter un son, une syllabe ou une phrase à un rythme variable. (...) L'important n'est pas la signification de la phrase prononcée, mais bien la prononciation rituelle du mantra dont l'efficacité résulte de la répétition rythmée du son, soit à haute voix, soit à voix basse, soit encore mentalement (...) (12).
" Mais l'emploi du mantra n'est pas anodin et sa répétition forcenée peut présenter des risques : "[le mantra] peut avoir une signification ou non. On le dit et le redit des centaines ou des milliers de fois par jour pour apaiser son esprit et progresser. Mais attention ! Le mantra n'est pas neutre. (...)
La fréquence de la répétition doit être adaptée aux possibilités des uns et des autres. S'il est mal dosé, il peut provoquer des troubles : excitation, hallucinations, auto hypnose (...) (13)." De nombreux spécialistes comme le docteur Jean-Marie Abgrall (14), s'accordent sur les dangers possibles d'une telle pratique : "L'emploi des mantra est une des techniques les plus répandues dans les sectes. Son apparence caricaturale, sa banalisation masquent bien souvent des dangers véritables. Le mot mantra vient du sanscrit "formule sacrée". Dans les sectes, il est de surcroît un "instrument de pensée." (...)
Cette répétition permet d'obtenir une baisse de vigilance qui peut conduire au sommeil hypnotique, voire à la transe (15)." On connaît le fameux mantra "Hare Krishna, Hare Krishna, Krishna, Krishna, Krishna, Hare, etc." des membres de l'A.I.C.K. (16). " La Soka Gakkai (...) utilise largement ce processus de répétition pour ancrer les termes et la doctrine dans le mental, de même que pour impliquer physiquement et psychologiquement le sujet qui consacre par ce biais temps et énergie à la secte (17). "
La pratique exigée des adeptes de la Soka Gakkai, comme nous l'avons vu, consiste en la récitation de la formule "Nam Myho Renge Kyo", dont la répétition est censée apporter d'innombrables bienfaits et conduire immanquablement au succès désiré. La durée de la récitation peut être variable et peut se voir prolongée pendant des heures en vue d'un résultat déterminé. Ainsi, le pratiquant peut être amené à faire un million de daimoku dans un but précis, ou pour obtenir la solution d'un problème.
Une telle pratique peut paraître saugrenue, mais il ne faut toutefois pas en négliger les effets et les dangers, ni "minimiser le phénomène d'hypnose auto-suggestive des mantras répétés à l'infini (parfois durant des heures, des nuits entières. . . ) qui crée une accoutumance et produit un effet aliénant (18)." S'il est vrai que ces séances de récitation procurent à court terme des sensations d'apaisement et de bien-être, il n'en demeure pas moins qu'elles peuvent fragiliser le psychisme de la personne à son insu, la rendant perméable à toutes formes de suggestions, l'entraînant malgré elle "au seuil de l'auto hypnose, dans une zone où elle perdra tout esprit critique et laissera pénétrer sans le savoir le discours du Maître au plus profond de son subconscient même (19)."
__________________
1. Namu Signifie dévotion en sanskrit et Myoho-Renge-Kyo est le titre du sûtra du lotus en japonais. Le mantra Namu-Myoho-Renge-Kyo veut dire " dévotion au sûtra du lotus " et s'appelle le Dai-moku (le titre sacré) dans le bouddhisme de Nichiren. (...) Il Y a aussi une différence dans la prononciation de Dai-Moku, les autres mouvements [se réclamant de Nichiren] ont adopté Namu-Myoho-Renge-Kyo, alors que la Nichiren Shoshu (et la soka Gakkai) utilisent Nam'Myoho-Renge-Kyo (Extrait de : "A profile of Soka Gakkai", re-arranged by T. Hirano, 1996)."
2. " On dit "réciter Daimoku", faire Daimoku" ou "pratiquer" pour nommer l'action de réciter Nam Myoho Renge Kyo (Extrait du glossaire du mensuel de SGF "Troisième Civilisation' n°464, juin 1999). "
3. Louis Hourmant, "Sectes et démocratie", sous la direction de Françoise Champion et Martine Cohen, Seuil, janvier 1999.
4. D'après "Bulles" (bulletin de l'U.N.A.D.F.I.) n°15, 3ème trimestre 1987.
5. Louis Hourmant, "Sectes et démocratie", op. cit.
6. Ibid.
7. Ces prix concernent le butsudan seul, butsudan qu'il est d'usage de rehausser d'un socle (prix : de 460 F (70 €) à 1300 F (198 €)) et d'installer sur un meuble/support surmonté d'une tablette haute (prix: de 4100 F (625 €)à 5200 F(792 €)), la tablette basse est en supplément (prix : de 1100 F (167 €)à 1300 F(198 €)).
8. Extrait de 'Troisième Civilisation" (mensuel de Soka Gakkai France) n°463, mars 2000 (p.32 ).
9. Extrait de "Troisième Civilisation" n°465, mai 2000 (p.19).
10. Op. cit.
11. Extrait de "Troisième Civilisation" n°460, décembre 1999 (p.l7).
12. Jean-Marie Abgrall, "La mécanique des sectes", Payot et Rivages, 1996.
13. Bernard Fillaire, "Le grand décervelage", Plon, 1993.
14. Jean-Marie Abgrall est psychiatre, criminologue, et expert auprès des tribunaux. Spécialiste du phénomène sectaire, il est l'auteur de nombreux ouvrage sur le sujet.
15. ln "La mécanique des sectes", op. cit.
16. " Association Internationale pour la Conscience de Krishna ".
17. Laetitia Schlesser-Gamelin, "Le langage des sectes", Editions Salvator, mars 1999.
18. Note A.D.F.I. décembre 1997.
19. Max Bouderlique, "Sectes, les manipulations mentales", Chroniques sociales, mars 1996.
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