St Petersburg Time Novembre 2009

Série de reportagse spciale consacré à la Scientologie[The Truth Rundown ] octobre 2009 [ Voir seconde série d'articles]

Joe Childs peut être joint à childs@sptimes.com. Thomas C. Tobin à tobin@sptimes.com. [Traduction Roger Gonnet]

"ils essaient de vous y ramener"

Depuis des années, la scientologie pourchasse et ramène ses membres qui tentent de s'en aller.

D'anciens staffs décrivent commet l'église les a pourchassés, enfermés, coupés de leurs familles et de leurs amis, soumis à des mois d'interrogatoires, humiliés, et soumis à des travaux physiques forcés.

L'un d'eux décrit avoir été enfermé dans une pièce et gardé 24 heures sur 24.

Certains expliquent qu'ils ont subi l'espionnage de leur église des années durant après l'avoir quittée.

D'autres expliquent qu'on leur imposait une condition pour les laisser partir: il devaient signer des déclarations louangeuses pouvant ensuite être utilisées pour les dénigrer si jamais ils parlaient.

Le St Petersburg Times a interviewé d'anciens scientologues de haut rang ayant coordonné les services d'investigation secrets et supervisé les méthodes pour faire revenir les staffs qui auraient quitté ou qui "blowaient" (ndt: le terme signifie littérallement s'envoler, éclater, la scientologie s'en sert pour toute personne quittant la secte).

Ils expliquent que l'église, menée par David Miscavige, tient à empècher que ceux qui s'en vont de risquer de raconter les secrets de leur existence en scientologie.

Marty Rathbun, ancien confident de Miscavige et très haut gradé, explique que le chef ciblait plus particu!lièrement ceux qui avaient tourné dans les sphères du pouvoir de la secte et qui auraient pu menacer sa position si on les laissait faire à l'extérieur.

Lorsque le fondateur Hubbard était à la tête de l'organisation, "il n'y avait pas de clotures", explique Rathbun, Si quelqu'un voulait filer, il filait. Ce n'est que lorsque les purges internes démarrèrent avec Miscavige - il créait des ennemis - devenant alors une menace à son encontre, qu'ils ont démarré ce scénario accélérateur..../...

L'Hiver dans les Montagnes Rocheuses

Tom Cruise et Nicole Kidman devaient se marier la veille de Noël 1990. Où? Dans un vaste chalet loué à l'extérieur de Telluride, Colorado, une station de sports d'hiver à l'entrée de la vallée des Montagnes Rocheuses.

Le couple avait joué ensemble dans "Jours de tonnerre" (Days of Thunder). Lui, la mégastar, elle, l'australienne en pleine ascension.

Un petit contingent de la base scientologes internationale de Hemet (Californie) monta dans l'avion de Cruise pour le Colorado.

Miscavige serait témoin de l'acteur principal, Ray Mithoff, scientologue de longue date proche de Hubbard, officierait. Le chef patissier Pinucio Tisi, officierait de son côté aux fourneaux avec le chef "cinq étoiles" Sinar Parman, pour péparer la fiesta.

Parman avait fait partie depuis 12 ans de l'équipe scientologue dévouée, la Sea Org, Il avait démarré en 1978, après un apprentissage au Century Plaza Hotel de Los Angeles. Il était le Chef cuisinier personnel d'Hubbard depuis deux ans. (Le fondateur aimait viandes-patates, ainsi que le poisson).

Parman oeuvra ensuite en cuisine pour les "paroissiens" stars à la Base de Hemet.

Il cuisina la soupe poulet-nouilles selon la recette de la grand-mère de Nicole Kidman, l'acteur le complimenta et John Travolta lui remit un carton de Camel pour son anniversaire. Cruise lui fit cadeau d'une veste portée dans "Day and Thunder" et de cigares de la Havane.

Cruise insista pour que le ministre (Mithoff) et les cuisiniers emmènent leurs épouses pour cette journée.

Noël dans les Rocheuses avec Cruise? Jackie Wolff, la femme de Parman, en était carrément tourneboulée!

Lorsqu'ils s'étaient mariés quatre années auparavant, Wolff était assistante personnelle de Miscavige et de sa femme Shelley (Michelle). Elle repassait leurs chemises, préparait le petit-déjeuner du couple, les repas et en-cas, et les réveillait chaque jour.

Depuis, elle travaillait au service du personnel et recrutait des membres pour la Sea Org.

Avant de s'envoler pour la noce, chacun mit la main à la poche en vue d'un échange de cadeaux. Wolff acheta un court roman d'Hubbard pour l'acteur, pour 50 dollars: une semaine de son salaire.

Cruise amena sa suite dans un hôtel dans hotel de Telluride, mais ils passèrent l'essentiel de leur temps au chalet en location. Parman cusiniait, Wolff s'occupait des décorations de Noël, nettoyait les chambres et aidait en cuisine.

Les Miscavige demandèrent qu'on ne donne pas de cadeaux d'origine scientologue - un clin d'oeil aux invités non-scientologues de la noce. Du coup, Wolff partit en ville acheter un cadeau de remplacement, un passe-montagne de ski.

Cruise et Kidman firent leurs promesses à la veillée de Noël comme prévu. Les invités sablèrent le champagne et Parman servit le repas, avec gigot d'agneau.

Le lendemain matin, Wolff et Parman virent que des policiers barraient l'accès à des paparrazis. Cruise s'arrangea pour que les policiers puissent se restaurer.

Les jeunes mariés emmenèrent les invités skier pour la journée. Wolff se souvient très bien de Tom Cruise descendant les pistes avec son nouveau passe-montagne.

De RETOUR AU TRAVAIL

Les lumières de Telluride baissèrent dès que Parman et sa femme reprirent le travail à la base scientologue.

Parman raconte que l'église refusa de lui payer un supplément de salaire pourtant promis pour son travail au mariage Cruise-Kidman. Il comptait sur cet argent. Sa carte bleue était passée dans le rouge à cause des achats de vètements nécessaires pour Telluride, et il payait ses propres repa s! Il se demandait comment le salaire de la Sea Org pourrait payer cette nouvelle dette.

Ce n'était pas la première fois qu'il avait fait du bon boulot pour se voir ensuite pénalisé: "Je baignais dans mon jus, si l'on peut dire..."

Ce n'était pas mieux du côté de son épouse. Ses chefs lui donnaient des ordres contradictoires; il arrivait souvent qu'elle travaille très tard et dorme sous son bureau.

Chacun de son côté, Parman et Wolff pensaient quitter la Sea Org. Mais de telles idées étaient tabou: les époux feraient des "Rapports de Connaissance" (KRs) si leur partenaire violait cette règle. Et si l'un des deux ne faisait pas un rapport quand il l'aurait fallu, et que ce non-rapport ressorte pendant une "confession" scientologue, il risquait aussi des ennuis.

Wolff sentit que son mari était aussi frustré qu'elle.

"J'ai pris le risque d'amener ça sur le tapis, et quand il a été d'accord, c'était comme un "Okay...".

Hubbard reconnaissait que la Sea Org n'était pas pour tout le monde. Le 7 décembre 1976, il publia un ordre intitulé "Leaving and Leaves" - Congés et Départs - à propos du maniement des staffs qui partaient. Il expliquait que ça ne servait pas à grand chose de garder des employés qui ne voulaient pas rester; mais il ajoutait aussi que tous ceux qui partaient devaient subir une "Vérification de sécurité" (Sec Check) afin de protéger le staff et la scientologie.

L'église s'intéressait à sa sécurité depuis ses débuts sous Hubbard, puis sous Miscavige, car elle était sans cesse sous le coup d'investigations officielles et de procès.

Les staffs se servaient de cabines téléphoniques et de dépôts du courrier faits selon des règles complexes pour empècher que des informations ne tombent entre de mauvaises mains. Les membres de la Sea Org utilisaient des pseudonymes. Le vrai prénom de Rathbun, c'est Marty, et non Mark. Le chef de la sécurité Morehead utilisait "Jackson" comme patronyme.

On faisait tout façon CIA, explique Parman. C'était ainsi qu'on vivait alors.

A la mort d'Hubbard en 1986, ses lettres de règlements devinrent la boussole de l'église. Mais 'Congés et Départs" présentait une contradiction: si on laisse partir les gens comme ils veulent, comme le demandait cette règle, cela pouvait compromettre la sécurité. Mais si on les gardait jusqu'au moment où on avait acquis la certitude qu'ils ne présentaient plus de risques sécuritaires, ils risquaient d'estimer qu'on les séquestrait.

Les anciens de la Sea Org disent que sous la houlette de Miscavige, l'église mit davatage de pression sur la sécurité. Ca devint plus difficile d'en sortir.

Si des staffs comme Parman et Wolff voulaient s'en aller, on leur demandait de "router off" - s'en aller selon des règles draconiennes - protocole pouvant exiger des mois. Cela incluait un régime de tâches ménagères quotidiennes et de "sec checks", des confessions destinées à soutirer tout ce que pensait la personne, et les raisons pour lesquelles elle voulait partir.

Sinon, il leur restait le choix de "blower" - filer à la cloche de bois, prendre la poudre d'escampette, moyen plus expéditif mais déclenchant la "déconnexion" forcée par l'église. Si les gens partaient sans faire convenablement leur "routage off", ils étaient alors "déclarés suppressifs" et perdaient leurs amis et leur famille scientologues.

Parman et Wolff avaient une décision à prendre.

LE CHEF DE LA SECURITE

S'en aller présentait un second obstacle: ils partageaient une petite maison appartenant à l'église avec le couple de Gary Morehead, chef de la sécurité de 1990 à 1997: c'est lui qui dirigerait l'équipe qui les pourchasserait.

Morehead a raconté avoir établi avec Rathbun un "exercice pour les blows", un plan que suivait l'église lorsque quelqu'un s'en allait sans permission, ce qui se produisait peut-être une fois par mois.

L'exercice consistait à deviner quel chelin le fuyard suivrait afin de le rattraper avant qu'il ne partage les secrets avec avocats ou avec les médias.

"J'étais sous pression pour les retrouver, explique Morehead en faisant allusion à ceux qui lui donnaient les ordres. Et j'avais vraiment intérêt à les retrouver, je ne vous dis que ça."

Le personnel filait aux aéroports, aux arrèts de bus. Les scientologues appelaient les hotels jalonnant la voie probable qu'emprunterait le fuyard, en prétendant vérifier leur réservation. Ils appelaient les parents.

L'intensité de cette chasse dépendait surtout de ce que savait le fuyard, raconte Rathbun, alors l'un des principaux lieutenants de Miscavige. Rathbun supervisait et participait aux missions de récupération des staffs.

Rathbun : "Tout dépendait de la proximité de la personne avec Miscavige, de ce qu'elle savait de lui et des problèmes que pouvaient poser les informations en sa possession."

Il explique que Miscavige démarrait chacune de ses journées en demandant s'il y avait eu des problèmes pendant la nuit, et si quelqu'un avait filé.

"Je devais le lui raconter et soutenir l'assaut provoqué."

Morehead, qui faisait ces rapports à Rathbun, décrivait les partants comme des "canons d'informations libérées" - "Il fallait qu'ils reviennent, qu'ils soient contrôlés avant qu'ils aient le temps de faire du dégât."

Rathbun confirme: "je pouvais donner des ordres à autant de staffs que je voulais, mettre dix gars sur la route si utile. C'est surprenant à quel point on a réussi la plupart du temps à récupérer les fuyards avant qu'ils n'arrivent à leur destination."

Lorsqu'ils ne réussissaient pas de suite, dit-il, ils continuaient, et ça pouvait durer des semaines s'il le fallait."

Morehead se rappelle d'une nuit où Julie Caetano, staff Sea Org, a sauté dans le van d'un artisan, et qu'il la poursuivie dans deux voitures de la base.

Morehead : "On les a suivis pendant trois heures avec des pointes à 160 à l'heure, dans les comtés de Riverside et San Bernardino, jusqu'au moment où le van a traversé un terrain cahotique." Le lendemain, ils se sont relancés à la poursuite de Caetano, qui a accepté de rentrer.

L'église n'a pas répondu aux questions à propos de cet incident.

Mike Rinder, l'ancien patron des services secrets scientlogues, relate que son service cherchait parfois les fuyards en utilisant leurs cartes de crédit et comptes bancaires. [NDT: le traducteur connaît le cas d'un fuyard rattrapé ainsi en pays étranger alors qu'il allait à sa banque.]

Les numéros de compte provenaient de Morehead, dont les gardes ouvraient tout le courrier de la base, et notaient toutes les nouvelles informations financières personnelles. Morehead explique qu'on racontait aux staffs que leur courrier personnel devait être ouvert pour raisons de sécurité. On ne leur disait pas qu'on notait leurs infos financières.

"J'avais les comptes et cartes de crédit, les numéros de sécurité sociale et renseignements de l'état civil, les numéros de téléphone etc. de tout le monde, excepté les super-super-cadres, j'avais tout ça, dit-il."

L'église se servait aussi de ce qu'elle avait appris lors des séances de "conseil" (auditions) de ces fuyards, c'est ainsi qu'elle pouvait déterminer leurs faiblesses et les pressions possibles pour les faire revenir, explique-t-il.

Ils utilisaient aussi les "dossiers d'éthique" relatant les transgressions, des "confessions", et de l'ensemble de ce que l'église avait obtenu sur des questionnaires remplis par les staffs, y compris tous les jobs qu'ils avaient tenus, les amis, leurs relations sexuelles.

Lorsqu'elle récupérait un fuyard, l'équipe se servait parfois d'autres personnes pour influencer l'individu pour qu'il revienne.

On disait à ceux qu'on récupérait qu'ils risquaient la déconnexion de leurs amis et de leur famille.

On leur expliquait que le monde d'au-dehors était sans pitié, truffé de drogues, de crime et de folie...

Et pour finir: "Ils mettaient leur éternité en jeu."

La scientologie enseigne que les gens sont des êtres spirituels passant de vies en vies et habitant dans une suite infinie de corps. Seule l'église se dit capable de provoquer la conscience de ces choses et de l'aider à s'y retrouver.

C'est là l'argument définitif utilisé par l'équipe de récupération lorsqu'elle retrouvait une cible: "Tu pars mais tu risques de perdre tout ce pourquoi tu as travaillé: ton éternité."

"Comment contrôle-t-on une personne? En la menaçant de lui faire perdre ce qu'elle pense avoir de plus précieux, dit Rinder. C'est ça la prison mentale dans laquelle les gens étaient internés."

L'église dit que Morehead et son équipe agissaient "sans s'inquiéter du bien-être du membre du staff en fuite."

Dans le bulletin intitulé "Blows Off" daté du 31 décembre 1959, Hubbard explique que quelqu'un qui veut s'en aller a fait quelque chose de nuisible contre l'église, que cette personne le cache et que c'est ce qui la perturbe. La seule solution responsable serait alors d'aider la personne à nettoyer ses exactions.

Morehead dit qu'il le croyait, quand il tentait de récupérer les gens.

"Dans ma tête, la sécurité était d'abord secondaire ; mais petit à petit, on découvrait que tout était orienté vers la sécurité: on en avait rien plus à foutre, de la personne."

DEMARRER UNE VIE NOUVELLE

Parman et Wolff, alors âgés d'environ 35 ans, voulaient repartir pour une nouvelle vie, et non pas attendre que l'église leur dise qu'ils étaient prèts.

Un mois après le mariage Cruise-Kidman, ils prirent une semaine pour mettre au point leur "blow" et choisirent un dimanche matin, c'est à dire un moment où le personnel peut prendre son repos hebdomadaire. Il s'écoulerait des heures avant le premier appel.

Ils savaient d'avance que l'église les rechercheraient en raison des postes qu'ils avaient tenus. Tous deux avaient travaillé avec Miscavige, et Parman avait passé pas mal de temps avec Hubbard et d'autres célébrités de l'église.

Ils attendirent que Morehead et sa femme s'endorment dans leur chambre, ramassèrent quelques affaires et filèrent.

Une heure plus tard, ils s'arrètèrent dans une station pour casser la croûte et décompresser. Ils allèrent ensuite chez les parents de Parma, à Los Angelès, empruntèrent 2000 dollars et prirent la route nord le long de la côte.

Un jour ou deux plus tard, Parman gagna quelques centaines de dollars au craps avant de les reperdre, tandis que sa femme achetait quelques habits qu'elle pensait nécessaires pour trouver un job dans le monde non-scientologue.

"On va dans la chambre d'hotel et il y a une télé - et oh! maintenant, on a le droit de regarder la télé! c'était l'aventure, raconte-t-elle."

Ils appelèrent leurs parents et apprirent que l'église avait téléphoné, et les cherchait. Les soeurs de Wolff avaient aussi eu droit à des appels, mais personne n'avait trahi leur localisation.

Ensuite, ils allèrent chez le cousin du beau-père de Madame Wolff à Carson City. Elle se forma à la vente. Son mari fit le manutentionnaire et le déménageur.

Parman: "c'était bien; ici, on avait de l'espoir."

Ils se croyaient en sûreté, dit Wolff. On pensait qu'ils ne nous retrouveraient jamais chez le cousin du beau-père.

EN CHASSE

L'église engagea des enquèteurs privés pour faire parler les parents du couple, relate Morehead.

"Ils attendaient jours après jour, et prenaient les membres de la famille en filature. La famille ignorait complètement ces filatures provoquées par l'église.

La surveillance paya au bout de quelques jours. On découvrit le couple dans leur logement provisoire et dans le magasin de meubles.

De retour à la base, Morehead et son équipe ne perdirent pas de temps. "Plus les fuites duraient longtemps, moins c'était facile de ramener les gens. Les familles avaient des arguments pour qu'ils restent."

Ils prirent un vol pour l'aéroprt international d'Ontario, à une demi-heure de voiture.

Je n'ai jamais conduit aussi vite de ma vie, raconte Morehead, muni par sécurité de 3000 dollars - il fallait qu'on soit là, là, c'était la compulsion qui nous faisait avancer vers Carson City.

DECOUVERTS

Parman entendit taper à la porte aux premières heures du matin. Il regarda par la fenètre.

"On se regarda, et "Oh mon dieu, mon dieu, qu'est-ce qu'on va faire ? Je tremblais, j'étais énervée, et ..."qu'est-ce qu'on va leur dire..."

L'idée de refuser d'ouvrir la porte et de demander au groupe de partir ne les effleura pas. Parman et Wolff étaient si énervés qu'ils réagirent en obéissant. Ils invitèrent le groupe dans la salle de séjour.

L'entourage scientologue incluait deux officiers de sécurité et deux enquèteurs privés en plus de Morehead.

L'équipe leur délivra le message, qu'ils appellent "Facteur de Réalité" ou "R-Factor"; ce message provenait des superviseurs ayant examiné leurs dossiers de "conseil" (audition) à la base. L'équipe demandait que les Parman les accompagnent à leur hotel, qu'ils fassent des "Sec Checks" et pensent à "router off" de la Sea Org dans les règles.

Ils dirent qu'il y avait des "auditeurs" qui attendaient à l'hotel, un pour chacun, afin des les aider.

Le couple leur dit qu'il irait. Parman baissa la garde face à l'argument prétendant que son éternité état en jeu.

"C'est leur gros hameçon, raconte-t-il: c'est votre avenir pour les millénaires à venir, ils appuient à fond là-dessus."

Pendant plus d'une heure, l'équipe de sécurité fouilla leurs affaires, leurs sacs, leurs vètements. Ils dirent chercher des photos du mariage de Cruise et Kidman... et ne trouvèrent rien du tout.

LES FUYARDS REVIENNENT

La scientologie décrit "l'audition" ou "auditing" comme un genre de conseil spirituel.

L'auditeur qui dirige la séance pose des questions prévues pour localiser des images mentales douloureuses dans le passé, celles-ci étant supposées limiter son potentiel. Le sujet tient deux boites de métal reliées à un appareil dénommé "électromètre" , censé mesurer les courants ou "charges" associés à des épisodes ou incidents perturbants.

Il y a aussi le Sec Checking, un genre d'audition destinée à découvrir si la personne aurait fait quelque chose de néfaste pour le groupe.

Des staffs ayant filé à l'anglaise comme Parman et sa femme sont baptisés scientologiquement "Particules de sécurité" et isolés de tous les autres, afin d'empècher que ces autres ne copient leur tendance à s'enfuir.

A la base, ils furent souvent envoyés à la "Old Gilman House", derrière un marais. A Clearwater, ces "particules de sécurité" sont assignées au Hacienda Garden sur North Saturn Avenue, une unité du 'Rundown force de réhabilitation' également connue sous le charmant terme de "la bauge à cochons".

Une grande part des fuyards est envoyée au Projet Force de Réhabilitation. Là, il leur est interdit de prendre la parole si on ne la leur adresse pas; ils sont isolés de leur famille, et souvent soumis à des "sec checks" quotidiens, des heures durant.

L'église explique que le RPF est un programme que les individus auraient choisi, fournissant un environnement d'isolement à un membre du personnel, afin de l'encourager à s'analyser. En mélant du travail physique à des périodes d'études "religieuses", des sec-checks et des auditions, les employés peuvent se réformer.

Bruce Hines répond que le RPF consiste en contrôle mental. Il a 58 ans maintenant, il enseigne la physique à l'université du Colorado à Denver. Il a quitté la scientologie voici six ans après y avoir passé trente années.

Il pense avoir audité des employés quelques 15000 heures, dont un tiers à effectuer des "sec checks".

"Faire un sec-check à un fuyard, ça s'appelle "interrogratoire" en scientologie. Les exactions découvertes durant les sec checks sont notées par l'auditeur et fréquemment postées sur le tableau d'affichage ou claironnées lors du rassemblement quotidien."

Il continue: "Quoi que vous ayiez fait, on le fait savoir; et plus c'est moche ou juteux, mieux c'est. C'est ça que je pratiquais quand j'étais un vérificateur des sec-checks, un sec-checker.

"Si la personne a blowé, qu'elle a filé sans atorisation, on espère qu'ils passeront de l'état d'esprit:" Je ne veux pas être ici. Laissez-moi partir. Vous, les gars, vous me séquestrez." à cet autre état d'esprit : "J'ai fait du mal à cette organisation, s'il vous plaît, laissez-moi rester avec vous."

Pour sortir du RPF, explique Hines, le staff doit découvrir pourquoi il est destructif.

"On ne s'intéresse pas à ce qu'on a fait de mal, mais aux choses néfastes qui vous y ont poussé. Ca part de l'idée qu'on est là parce qu'on a le mal en soi. Et qu'on doit l'en extirper."

Le porte-parole mondial scientologue Tommy Davis répond que "c'est extrèmement offensant" de décrire les confessionaux scientologues de cette manière. "Donner à l'individu l'opportnité de se débarrasser des transgressions est aussi vieux que la religion elle-même," dit-il.

Fin 1994, une séance d'auditon d'un VIP scientologue avait mal tourné. Hines dit que Miscavige l'a réprimandé, et il a passé six de ses huit dernières années scientologues dans le RPF, comme auditeur de ces staffs qui passaient leurs journées à nettoyer la Base, à repeindre de vieux mobil-homes, et à construire des remises.

Pour avoir le droit de s'en aller du RPF, la "particule de sécurité" doit démontrer que ses intentions néfastes ont disparu. Il faut qu'il démontre une volonté nouvelle, un nouveau sens des responsabilités. Les membres de la Sea Org appelent cela une "ressource auto-générée".

Hines l'a baptisée: "complètement d'accord avec tout".

PRENDRE LA DECISION

A l'hotel de Carson City, Parman et Wolff furent audités et "sec-checkés" jour après jour pendant plus d'une semaine.

Entre les séances, ils jouaient aux cartes ou regardaient la télévision. Après cela, l'équipe de récupération leur dit qu'il était temps de prendre leur décision. Revenir à la Base, préserver votre éternité, vos relations familiales... "Si vous voulez partir, routez off dans les règles -- partez après avoir obéi à tout ce que prévoit la scientlogie en pareil cas, pourrait-on traduire.

Wolff: "Nous avons discuté avec Sinar et décidé de rentrer à la Base. Aussitôt, c'était comme si on était déjà dans l'avion, dans l'heure qui suivit."

L'église avait jusque là payé les tickets d'avion, la nourriture et l'hotel pour neuf personnes, des gardes assurées 24h sur 24 par les privés, et d'autres frais.

Morehead : "On avait vraiment beaucoup beaucoup dépensé sur ces deux-là."

ASSOUPLISSEMENTS

Avant de rentrer sur Hemet, Wolff appela sa mère en lui assurant qu'elle avait encore l'intention de quitter la scientologie, mais qu'elle désirait le faire selon les règles de l'église. Elle voulait pouvoir continuer la scientologie si elle s'en allait, donc, il fallait qu'elle soit encore "en bon standing" [expression scientologaise disant que la secte considère que vous êtes en bons termes avec elle et avec les scientologues]

C'est un ami qui avait entraîné Wolff dans l'église 11 ans auparavant, alors qu'elle avait 25 ans. Elle se souvient encore d'avoir réalisé quelque chose en regardant des rosiers alors qu'elle était petite fille.

"Je savais que j'avais déjà vécu avant, que je vivrais de nouveau ensuite, mais j'ignorais comment ça se passait. C'est ce qui a fait entamer ma recherche. Que faisions-nous sur cette planète?"

Son audition scientologue lui fit se souvenir de sa vie précédente: conductrice ayant perdu le contrôle de sa voiture, elle avait percuté un transformateur et était morte électrocutée. C'était moi, ça," raconte Wolff.

C'est ce qui lui revint lorsque Morehead et son équipe dirent que c'aurait été une erreur de mettre leur éternité spirituelle au placard...

De retour à Hemet, le couple passa ses journées à la Old Gilman House. Ils étudièrent des livres scientologues et réhabilitèrent une vieille serre.

S'ils violaient un règlement, s'ils parlaient de leurs frustrations, ça se retrouvait tôt ou tard dans leurs vérifications de sécurité. Dans ce monde de confession permanente, aucune pensée n'était à l'abri dans leurs têtes.

Au bout de six mois, Wolff s'assouplit: "En quelque sorte, on commence à mieux se sentir en soi, et à avoir des remords pour ce qu'on a fait. Comme si on avait déserté notre groupe, comment peut-on faire une chose pareille?"

Paul Kellerhaus, de la sécurité de la base, s'assit avec elle et poussa Wolff a prendre une décision, raconte-t-elle: il suggéra que son mari voulait maintenant rester à l'église. Est-ce qu'elle voulait divorcer, de son côté?

"J'ai probablement voulu m'en aller jus'à la dernière seconde; j'étais déterminée, je refusais de changer ma décision, et puis soudain, j'hésitais: ohlala, ça pourrait arriver, si je m'en allais, ça serait tout aussi pénible..."

Elle se mit à pleurer: "Okay, je reste."

Elle explique que Kellerhaus se servit de sa décision pour obtenir la même chose de son mari, qui décida aussi de rester.

LE VRAI DEPART

En juillet 1991, ils démarrèrent leurs nouveaux jobs à la base, Wolff devenue jardinière et Parman, électricien. Dix mois après, ils tentèrent à nouveau leur chance de parvenir à une nouvelle existence. Ils ne se cassèrent même pas la tête pour se cacher.

Ils chargèrent la voiture aux premières heures de la matinée et partirent pour Los Angelès, chez les parents de Parman.

Il emmena sa femme à Disneyland pour son anniversaire, et prit un poste de Valet dans une boutique d'hotel hollywoodien. Wolff aida ses beaux-parents à repeindre et s'occuper d'embellissements de leur maison.

Ils eurent très vite la visite d'un "superviseur des cas" [c'est un "technicien" chargé de planifier et corriger les auditions et les auditeurs] de l'église, accompagné de deux auditeurs. Le couple accepta le "routage off" mais en disant qu'ils ne remettrait pas les pieds à la base. L'église s'arrangea pour les faire venir à son grand complexe hollywoodien pour y recevoir davantage d'auditions, de sec-checks et de cours scientologues.

Ils rentraient le soir chez les parents de Parman.

Cette routine prit huit mois, de mai 1992 à janvier 1993.

Wolff se souvient de ce qu'elle pensait: "Je veux partir. Je ne changerai plus d'avis."

Ca tint jusqu'à ce qu'on lui donne un boulot qui lui plut au département Trésorerie de l'église. "Ca a modifié ma décision."

A la demande de l'église, elle parla avec Parman pour qu'il reste.

Il revint en bonne grâces et récupéra un poste de chef cuistot.

Wolff fut mutée à un poste de recherche portant sur les vidéos que l'église montre dans ses nombreuses célébrations. Elle y allait parfois : c'étaient des affaires ténébreuses parsemant des laïus enflammés ou des explications à propos du brillant avenir de la scientologie.

A la même époque, le couple se séparait: ils divorcèrent en 1998.

Wolff s'en alla pour la troisième fois en 1999. Ils la retrouvèrent chez sa soeur, et elle revint de nouveau, espérant "router off"...

On la fit cette fois vivre dans une remorque à côté de la Old Gilman House, avec une fille qui s'y trouvait depuis un an. Elles faisaient leur cuisine sur une plaque dans ce que Wolff décrit comme un garage reconverti. Elle y passa plus de six mois.

Wolff se souvient d'un petit groupe qui passa à l'extérieur , une nuit du nouvel-an 1999, lorsque les cloches sonnèrent à minuit, et qu'elles observaient ce qui se passait de l'autre côté du marais -- "on était là, à pleurer... "

En attendant, Parman était devnu le chef personnel de Miscavige, souvent en voyage avec le dirigeant, qui tenait à rester mince.

"Je lui donnais quelque chose comme cinq repas quotidiens, qui devaient compter un nombre exact de calories, tant de proteïnes, tant de carbohydrates, et tant de graisse, et tout ça devait avoir bon goût."

En 2001, lorsque tomba la nouvelle du décès inexpliqué de Lisa McPherson, Parman accompagna longuement Miscavige à Clearwater.

C'est alors qu'au cours d'une séance d'audition, il se rendit compte que les promesses de liberté spirituelle de l'église ne tenaient pas la route. Un des principaux majors du "centre de technologie religieuse" (RTC) de la secte lui demanda en séance d'audition à l'électromètre comment il se sentait par rapport aux séances.

Parman était en réalité furieux, ce que l'appareil aurait dû détecter, mais ni lui ni l'auditeur ne virent quoi que ce soit.

Il s'étonna...Comment est-ce possible? Le lendemain, entre le repas du matin et celui du midi pour Miscavige, il alla s'offrir une vieille Honda Civic à 1800 dollars et partit. Des semaines plus tard, alors qu'il état chez ses parents, il se rendit compte du travail d'un privé qui le suivait.

Peu après, des représentants de l'église prirent contact et le prièrent de revenir. Parman leur répondit qu'il voulait qu'on lui fiche la paix.

Il signa en 2001 des papiers demandant qu'il ne parle pas de ce qu'il avait vécu dans l'église. Il était officiellement dehors...

Cette année-là, son ex-épouse travaillait sur la ligne d'assemblage et de réparation des électromètres, dont elle devint la contremaître. Le nombre de ses staffs diminua de moitié, mais on la pria de continuer à produire autant. Elle bossait fréquemment de 8h30 jusqu'au lendemain à 2, 3 ou 4 heures du matin.

En octobre 2003, on l'appela au hall du mess de la Base, pour une séance de confession en groupe. Wolff dut prendre le micro face à quelques centaines de staffs, avec les supervisuers de la séance qui l'incitaient à parler, les staffs qui se fichaient d'elle et l'enguirandaient de ne pas avoir atteint ses cibles de production.

Pour la 4e fois au cours de ses 24 années en scienotlogie, Wolff demanda à "router out".

L'église l'expédia dans un ranch isolé à "Happy Valley", où les vérifications de sécurité prirent près de quatre mois.

"Si j'avais eu assez de tripes, dit-elle, j'aurais juste pris la poudre d'escampette, c'est tout, mais j'avais trop peur, vous savez?"

Elle confessa tout ce qu'elle put imaginer, mais l'électromètre continuait à indiquer qu'elle ne disait pas tout. C'était vraiment un cauchemar, dit-elle.

On finit par lui dire "Ca y est."

Wolff signa une déclaration datée du 12 janvier 2004, où elle s'accusait de tout et où l'église était blanche comme neige. "Je sais que ce que j'ai fait viole les règles de l'église, je ne blâme personne sauf moi-même. "

Elle reçut un "préavis" de 500 dollars et partit chez sa soeur à Orange County.

Sa maman, Detta Groff, explique que toute la famille retenait son souffle, craignant qu'elle ne reparte encore. Elle raconte que sa fille en a bavé.

" Mais elle cherchait quelque chose, c'était déjà un soulagement qu'elle soit revenue."

Lorsque nous avons questionné la scientologie à propos du départ du couple, elle a dit que s'ils revenaient à chaque fois, c'était leur décision... l'église dit que Wolff faisait un sale boulot et qu'on l'en avait expulsée. Elle dit que Parman exagère son importance en parlant des célébrités pour qui il a fait la cuisine.

Parman et Wolff nt signé des documents confessant leurs "fautes" afin que l'église les laisse tranquilles. Ils affirment qu'ils ne seraient pas revenus à la Sea Org si l'église n'avait pas répété ses interventions répétes mais jamais demandées.

"Ils font comme s'il n'y avait pas eu de pressions, explique Wolff, ils collent un vernis sur la réalité de ce qui s'est vraiment passé."

Parman rappelle que la première fois qu'ils étaient partis, ils étaient excités d'avoir commencé une vie nouvelle, et d'avoir trouvé du travail.

"Dire qu'on serait rentrés en l'ayant décidé? Pourquoi serions-nous partis dans un autre état? Pourquoi avoir essayé de disparaître, alors?"


 

Ce qui s'est passé à Las Vegas

Joe Childs peut être joint à childs@sptimes.com. Thomas C. Tobin à tobin@sptimes.com. [Traduction Roger Gonnet]

Ils vivaient à l'étroit dans un appartement de deux pièces, c'est tout ce qu'ils pouvaient s'offrir. Deux couples et un célibataire ayant quitté la scientologie venus démarrer une affaire d'hypothèques à côté du Casino Palace Station.

C'étaient des visages dans la foule.

Sauf que les deux filles comptaient beaucoup dans l'histoire scientologue: Terri et Janis Gilham avaient été deux des quatre "messagères" des origines pour L. Ron Hubbard.

Le fondateur faisait tourner son affaire depuis le bateau "Apollo", d'où il pondait des bulletins manuscrits en vert, ou à l'encre rouge sur papier blanc.

Huit années durant, Terri 13 ans et Janis 11 ans à leurs débuts, virent Hubbard presque chaque jour. En tant que messagères, elles faisaient venir les gens à des audiences privées et trimballaient des notes manuscrites du fondateur destinées au monde scientologue.

Leurs parents avaient ouvert l'une des premières missions scientologues australiennes, dans leur maison de Melbourne. En 1969, les petites rejoignirent Hubbard sur le bateau, leurs parents aidant à la croissance scientologue aux USA.

L'épouse d'Hubbard fut nommée tutrice légale de Terri et Janis. Hubbard, c'était la figure du père. Il s'intéressa à leurs études et à leur bien-être.

Vingt ans plus tard, elles n'étaient plus en cour. Encore « croyantes », les soeurs et leurs maris quittèrent l'église. Ils n'étaient pas d'accord avec la direction prise par le successeur d'Hubbard, David Miscavige, et le trouvaient trop dirigiste.

Livrés à eux-mêmes à Las Vegas, ils vivaient d'affaires hypothécaires et se prélassaient au bord de la piscine du complexe de leur résidence, le Polo Club.

Ils ignoraient qu'on les surveillait.

Terri et Fernando Gamboa avaient quitté en premier la Sea Org en janvier 1990.

Huit mois plus tard, c'était au tour de Janis et de son mari Paul Grady, d'abandonner le complexe de 45 hectares situé à Hemet, à l'est de Los Angelès, après avoir ramassé une très grosse drache suivie de méchantes insultes de Miscavige.

La boue avait envahi un petit vallon et des villas préparées pour l'arrivée de Tom Cruise et Nicole Kidman. Miscavige s'en prit aux staffs qu'il accusait d'avoir mal préparé le terrain au-dessus, et annonça qu'ils travailleraient 24 h sur 24 pour nettoyer les dégâts.

Sans les Gradys: ils fuirent vers une petite ville au nord de Los Angelès.

Mark Fisher s'en alla la même nuit et alla chez sa soeur à Hollywood. Quand il se reveilla, il vit un garde de sécurité de la secte : sa soeur avait vendu la mèche.

Fisher avait été aide de camp de Miscavige pendant près de sept ans. C'est lui et son staff qui réveillait le couple et promenaient leurs beagles, Chesley et Chelsea. Ils nettoyaient les flingues du chef après ses entraînements au tir. Quand Miscavige était d'humeur, ils les prenait en voiture pour aller voir un film.

Pour être parti sans autorisation, Fisher dut arracher les mauvaises herbes et subir les questions plusieurs heures par jour pendant un mois. Le 15 septembre 1990, Fisher disait au revoir à sa femme dans un bureau de la sécurité de la base. Il lui fit un chèque de 8000 dollars, la moitié de leurs économies, lui donna leurs meubles et leurs ouvres, monta dans sa Honda et partit.

A la fin du mois, une opportunité s'ouvrit à Las Vegas.

Un paroissien scientologue avait ouvert un office d'hypothèques et dit à Janis, Terri et leurs maris qu'il leur apprendrait le métier. S'ils se débrouillaient bien, ils pourraient reprendre l'affaire. Janis contacta Fisher qui vint aussi.

Janis était enceinte de cinq mois lorsqu'il vinrent au Polo Club. Elle eut une chambre avec son mari, Terri et Fernando prirent l'autre, et Fisher dormait sur le canapé.

Deux mois plus tard, leur petite start-up « City Mortgage » eut besoin d'un autre agent en hypothèques: c'est Daniel Lubow qui répondit à l'annonce.

Il expliqua que le marché était coriace dans la vallée de San Fernando où il disait vivre avec sa femme et leurs deux enfants. Il ferait les quatre heures de trajet lors des week-ends. Terri l'embaucha.

"Dave était vraiment sympa, dit Fisher. Un gars gentil, quelqu'un avec qui on prendrait volontiers un pot."

Les Gamboas et les Gradys n'ont pas accepté d'être interviewés pour cet article. Mais Fisher et d'autres scientologues engagés à City Mortgage ont décrit ce qu'ils ont vu et entendu.

Lubow trouva un appartement au Polo Club et bossa evc les cinq autres dans l'affaire.

Il n'avait jamais joué au racquetball, mais s'y mit souvent et joua avec Fernando. Il recontrait les cinq amis à la piscine ; [and grilled out with them: traduction pas trouvée] Il fut excité lorsqu'il dut assister à la naissance du fils de Janis dans la salle de séjour.

La conversation tourna autour de la scientologie. Terri et Janis lui parlèrent de leur vie avec Hubbard, de l'expansion de l'église. Tous lui dirent de lire la dianétique.

Lubow posa la question qui s'imposait: "pourquoi donc étaient-ils partis? "

Ils dirent que c'était à cause de Miscavige, mais qu'ils pouvaient revenir.

Beau-parleur, le Lubow. son appartement donnait en face du petit parking: il pouvait voir leur porte depuis la sienne.

LE NOUVEAU TYPE: FERRIS

En 1994, les acteurs originels revinrent à City Mortgage. Les Gradys, qui avaient continué à faire tourner la boutique, rembauchèrent Fisher; les Gamboa étaient de retour d'Australie.

Lubow avait nettoyé son bureau et revint en Californie. Mais il rendit visite à ses amis à Las Vegas. Les cinq anciens scientologues ne le mirent pas en face de son espionnage. Ils pensaient que l'église leur enverrait simplement quelqu'un d'autre.

« Il nous fallait tout repenser, » dit Fisher.

City Mortgage durait depuis 4 ans, et avait engagé d'autres anciens scientologues Kenny Lipton et Gene Decheff.

Lipton y bossa jusqu'en 1998, et mourut du cancer. Decheff habite désormais Spokane et raconte que ses amis l'ont mis en garde contre Lubow, «soupçonné d'être là pour espionner et transmettre des informations à quelqu'un ».

La société avait besoin d'autres employés; Terri engagea Pam Khan, qui habitait Vegas avec son mari.

Pam devint rapidement une amie, et conseilla son propre mari, Ferris, comme agent pour s'occuper des prèts.

Pam avait vu juste. Ferris Khan faisait des prèts et était sympa hors du contexte du boulot.

Le 7 septembre 1996, Vegas était en ébullition. Mike Tyson contre Bruce Sheldon au MGM Grand. Les Gamboas avaient un dîner et se repaissaient de la chaine TV privée. Khan prit la cuisine et présenta un brillant repas de saumon.

- Fantastique, d'après Fisher.

En 1998, Pam Khan annonça qu'elle attendait un gosse; ses amis de City Mortgage lui firent cadeau d'un douchette pour bébés, et d'un dîner d'adieu quand ils s'envolèrent pour Phoenix.

Khan resta à Vegas quelques mois de plus avant de la rejoindre. Fisher et lui se passaient de nombreux coups de téléphone.

Fisher raconta que Khan lui avait confié qu'il démarrait une société de téléphones portables et qu'il donnerait 7500 dollars à Fisher pour lui préparer un manuel destiné aux employés.

Khan posait des questions sur la sciento - en 1999, les sites web anti-scientologie obtenaient de plus en plus de visiteurs sur Internet. Qu'est-ce que Fisher savait à ce propos ? Que savait-il du groupe de protestataires venus à Clearwater , inspirés par le décès de Lisa McPherson, la scientologue décédée en 1995 après 17 jours « aux bons soins » des employés scientologues ?

Fisher savait pas mal de choses sur ces manifestants. Deux des porteurs d'anneau, Jesse Prince et Stacy Brooks, étaient des amis, d'anciens scientologues avec qui Fisher avait travaillé dans les années 70-80.

Allons en Foride, dit Fisher à Khan: "ça pourrait être vraiment pas mal de faire un bras d'honneur à Miscavige. »

LA DIVERSION FISHER

Miscavige était à Clearwater avec Rathbun et Rinder, réfléchissant aux suites de la mort de Lisa McPherson.

Le juge qui suivait le procès en homicide lancé par la famille McPherson réfléchissait de son côté à ajouter Miscavige comme défenseur cité. La famille arguait du fait qu'il était impliqué dans les décisions scientologues heure après heure, les avocats scientologues rétorquant qu'il n'était que le chef spirituel et n'avait rien à voir dans les opérations au jour le jour.

Le 14 décembre 1999, le juge accorda à la famille d'ajouter Miscavige en défense.

Un rapport arriva juste après de Las Vegas: Mark Fisher pensait venir à Clearwater.

Rathbun raconte : « Miscavige flippa ! il était certain que Fisher, qui avait bossé des années en direct avec lui, allait venir à Clearwater témoigner du fait qu'il commandait bel et bien l'église. »

Rathbun: "Miscavige m'a convoqué avec Rinder: il nous a dit qu'on s'arrange pour que Fisher ne vienne surtout pas en Floride. »

Rathbun appela alors Linda Hamel aux services d'espionnage sciento en Californie. Il lui dit « Eh, qu'est-ce qui se passe avec Lubow ? » Est-ce qu'il ne peut pas se dépatouiller pour trouver un moyen d'éviter que Fisher ne se pointe ici?

Mais Lubow avait été retiré de Las Vegas et avait une autre mission. « On a quelqu'un d'autre qui le remplace là-bas, » lui répondit Linda Hamel. « On a élaboré une plan B avec Linda, » nous dira Rathbun.

PUERTO VALLARTA

Khan à Fisher : "Laisse tomber Clearwater".

"Tu vois, on a cet investisseur que je connais à Puerto Vallarta. Ca sera bien plus intéressant.

Le 'financier' était en Italie mais visitait Puerto Vallarta la semaine où ils devaient aller en Floride. Khan dit qu'il avait besoin de le rencontrer et d'obtenir son aval pour la société de téléphones qu'il démarrait.

Au lieu de filer sur la Floride, Khan et Fisher partirent donc vers un cinq étoiles où ils se prélassèrent en faisant du parachute ascensionnel, de la plongée et des soirées. Ils dinèrent le troisième soir avec l'investisseur, et Khan lui donna le manuel qu'il avait préparé. Puis retour vers les boites de nuit.

« Les vacances, quoi, » dira Fisher.

Khan paya tout; au moins 7000 dollars d'après Fisher.

De retour à Clearwater, Hamel envoya une vidéo de Fisher en train de faire la fiesta dans une boite de Puerto Vallarta. Il la passa à Miscavige. Rathbun : « Miscavige a carrément pris son pied en la regardant ».

Rathbun et Rinder ne connaissaient pas le vrai nom de Ferris Khan; ils savaient seulement qu'un autre agent avait remplacé Lubow et qu'il avait emmené Fisher à Mexico.

« L'église » paya toutes les dépenses engagées dans les boites de nuit pour divertir Fisher. Jusqu'au dernier centime, d'après Rathbun.

COMMENT FAIT L'EGLISE

En questionnant la sciento sur ces évènements, le journal a posé ses questions par écrit à propos de l'implication de Lubow chez les cinq de Las Vegas. L'église a répondu par écrit en ne citant jamais Lubow.

Le porte-parole Tommy Davis a dit que ni Miscavige ni les officiels de l'église ne louaient les services d'enquèteurs privés, mais les avocats de la secte, si. Davis explique donner consigne à ses avocats et à leurs agents de se conformer à toutes les lois, régulations,et aux normes déontologiques les plus élevées.

Davis a donné au Times des déclarations d'avocats travaillant avec la scientologie depuis longtemps: Elliot Abelson et Kendrick Moxon, lesquels annoncent qu'il est courant pour des avocats d'utiliser des privés pour prouver de fausses allégations d'adversaires potentiels. Il ajoutent avoir donné instruction aux privés de se conformer aux lois et aux règles de leur profession. Les avocats disent n'avoir jamais communiqué avec Miscavige des privés ni des résultats des investigations.

Abelson: "il n'est pas impliqué."

Rinder, qui a supervisé les espionnages depuis 25 ans en tant que chef de l'OSA, explique que ça marche ainsi pour essayer de cacher le donneur d'ordre.

'' C'est une protection "ils peuvent se pointer et dire: ce type a été engagé par un avocat."

Ce sont les employés des services d'OSA qui choisissaient les enquèteurs, après quoi Abelson et Moxon les engageaient. Les avocats oeuvraient en tant que contractuels indépendants de l'église, mais depuis des bureaux installés au 10e étage du bâtiment scientologues sur Hollywood Boulevard. Rinder ajoute que les avocats discutaient des honoraires des Privés et les expédiaient à OSA pour mise en oeuvre, l'église transférant les fonds à Abelson et Moxon pour payer les gars.

« On utilisait sans cesse les mêmes personnes, dit Rinder; une dizaine ; on mettait ce qu'il fallait. S'il en fallait 10, on en prenait dix, si un seul suffisait, on en prenait un. »

Les services d'espionnage de l'église ciblaient principalement ceux dont on craignait qu'ils puissent faire du tort à la scientologie, dans la rue, en justice ou dans les médias, ont indiqué Rinder et Rathbun.

Au début des années 80, Miscavige, avec Rathbun, Rinder et d'autres, réformèrent l'ancienne division d'espionnage de la secte, le Guardian Office. Sa patronne, Mary Sue Hubbard et 10 autres scientologues furent condamnés en 1979 en cour fédérale pour conspiration, vols de documents et obstuction à la justice [ndt : dommage qu'on ne mette pas les orgs scientologues en examen en France pour obstruction à la justice.]

Mais Rathbun pense encore qu'il fallait anticiper les mouvements des ennemis potentiels. [ndt : bizarre, même maintenant, il considère donc encore son ancienne « religion » comme une armée.]

« La prédiction devint notre mot d'ordre. »

" Ce fut au départ notre justification et notre norme applicable; en d'autres termes, c'était normal d'infiltrer quelqu'un pouvu que ce soit seulement destiné à la prédiction. »

Si quelqu'un provoquait des ennuis, par exemple un plaignant, une plainte en justice, un journaliste soulevant la controverse, ça entraînait la « ODC», la « collection visible d'informations », et on extrayait les infos de sources publiques.

Pour tout ce qui apparaissait ainsi dans le viseur, l'ODC état la réaction quasi automatique, dir Rathbun. Mais si l'église pensait qu'une menace grave existait, elle travaillait en sous-main. Là, c'est l'attaque « CDC » : « covert data collection », « Collection de données en se cachant ».

« La CDC, la collecte cachée d'infos, impliquait l'usage d'informateurs et d'enquèteurs privés. » [ndt: lorsque la secte a engagé des enquèteurs contre Alain Vivien, premier président de la MILS dès 1998, contre moi et sans doute contre quelques autres, elle a embauché des privés sous un faux nom en Suisse , ces privés suisses ont servi de relais pour engager des privés français, que les privés suisses munissaient par ailleurs de diffamations fournies par la secte, afin de les répandre sur notre compte. Ces privés ont été expédiés en justice à Créteil.]

" Rinder: "On cherche deux choses: les relations/connexions, et deuxièmement, les crasses, les crimes, n'importe quel truc qu'on pourrait utiliser pour décrédibiliser la source de l'attaque, pour la salir."

"L'église" utilise un terme technique pour cette pratique: Dead Agent, c'est transformer l'agent de l'ennemi en agent mort. [ndt : cette règle est tellement inepte que la plupart de ceux qu'il ont ainsi attaqués sont nettement plus crédibles que s'ils ne l'avaient pas été! Bref, plus t'es attaqué par devant ou par derrière, plus t'as dit vrai :-)) ]

Lubow n'a pas répondu à notre demande d'interview.

En réponse à nos questions à propos des explications de Rathbun et Rinder, « l'église » a fourni la déclaration du premier adjoint de Rinder, qui travailla 20 ans avec lui. Ce Kurt Weiland prétend que Rathbun et Rnder « omettent le contexte » d'OSA et présentent de façon pipée le travail de «professionnels juristes expérimentés ».

Weiland: " Leurs allégations sont faites pour paraître extraordinaires à la plupart des lecteurs qui n'ont pas conscience que c'est un facteur courant lors des litiges - en cours ou anticipés."

Weiland conclut dans sa déclaration sur Rathbun et Rinder: "Ils emploient à l'heure qu'il est la tactique passée qu'ils décrient, en usant de fausses assertions, d'insinuations, ils ont créé un site web truffé de mensonges et tromperies sur l'église. Paradoxalement, ce sont eux qui géraient les activités qu'ils reprochent à l'église. »

Si leurs affirmations à propos de l'église étaient exactes, ce qui n'est pas le cas, ainsi que je le démontre ici, il leur faudrait pointer leur doigt sur eux-mêmes et personne d'autres ».


 

Joe Childs peut être joint à childs@sptimes.com. Thomas C. Tobin à tobin@sptimes.com. [Traduction Roger Gonnet], Dimanche 1er novembre 2009

Je veux seulement continuer ma vie après la scientologie.

"Je pensais que je perdais mon éternité.

A 56 ans, elle s'est installée comme graphiste d'art à Dallas, et ajoute qu'elle parle cette fois publiquement pour faire un récit de première main sur ce qui arrivé à quelqu'un qui était là-bas. »

Elle a passé 17 ans dans la force d'action scientologue, la Sea Org, animée par la mantra de l'église : la scientologie tient l'avenir de la planète entre ses mains.

Elle nous raconte une vie d'intense répétition des préceptes scientologique et "d'éthique", un style de vie ereintant où les membres de la Sea Org - l'organisation maritime - passent leur temps à prouver leur loyauté envers leur « église". Si vos chefs ont le moindre doute quant à vos pensées ou vos performances, vous avez droit à des tâches humiliantes et des périodes de privation de sommeil.

Perkins ajoute que lorsque le salut éternel paraît être la récompense, on en viendrait à imaginer que ça vaut . tout. Même lorsqu'elle décida qu'elle en avait assez subi, et qu'elle quitta la Sea Org, elle avait la sensation de commettre une chose terrible.

Si n'importe qui était venu et m'avait parlé, je serais rentrée. Je l'aurais fait de mon plein gré. N'importe qui aurait pu me ramener : j'étais tellement effrayée. »

Elle tremblait en racontant son histoire auTimes depuis une salle de réunion au travail : je tremble. nous a-t-elle avoué »

L'histoire commence en mai 1977.

A 23 ans, Betsy était serveuse au Fort Harrison de la scientologie à Clearwater. Elle avait abandonné l'université du nouveau Mexique pour suivre un anglais blond à l'église. Elle épousa Chris Byrne trois mois après avoir signé son contrat Sea Org d'un milliard d'années.

Le 7 mai, l'église lui dit qu'elle était malintentionnée. Mauvaise.

Pendant un "sec-check » - une vérification de sécurité - elle répondit mal à une question, ce qui provoqua un mouvement erratique de l'aiguille de l'appareil scientologue, l'électromètre. Un "rockslam", censé signifier qu'elle avait de mauvaises intentions.

Ses chefs l'assignèrent au Projet Force de Réhabilitation, le "RPF", un système de travaux où l'on met les staffs Sea Org qui ont besoin de se réformer. Elle et ses collègues y passaient 5 heures par jour à des questionnements de sécurité, des sec-checks, et auditer : ''On vous dit que tous vos buts, vos idéaux, toutes les choses en quoi vous croyez sont influencées directement par tout le mal qui est en vous, et que vous êtes si mauvais qu'il faut vous isoler de votre mari, de votre groupe, de votre organisation - de tout. »

On lui expliqua qu'elle était dans une condition éthique très basse. Que la seule voie pour en sortir consistait à prendre responsabilité de ses crimes. « A l'époque, je n'avais aucune idée de « mes crimes » sauf que quelque part, je pensais que j'étais une destructrice, une suppressive de l'humanité.»

Elle identifia ses mauvaises actions, par exemple exagérer une action réussie, commettre un acte nuisible dans une vie antérieure. Elle apprit ensuite à « empècher les contre-pensées » et extirper le mal. Au bout d'un an et demi, un comité de révision détermina que le mouvement de l'aguille constaté à l'origine, le « rockslam », était un faux rockslam, et on l'envoya sur un poste de bonne à tout faire.

. . . Sept ans plus tard, l'église avait muté le couple à la base de Hemet, Californie. Chris y conduisait une pelleteuse, et Betsy supervisait des cours scientologues.

Vers janver 1984, des auditeurs leur firent un "sec-check"; Chris révéla qu'il se sentait démotivé. Betsy avoua qu'elle le savait mais l'avait « retenu" » (caché) : c'est une violation des règles. On les expédia tous deux au RPF.

Leur garde au RPF était Amy Scobee, une ancienne officier de la Sea Org; elle relate qu'ils ont travaillé fébrilement au cours de la première année à rénover un manoir qu'on préparait pour que le fondateur scientologue Hubbard puisse y habiter dans sa prochaine vie.

Cette besogne leur prit quatre ans: le mariage de Betsy Byrne y sombra.

Elle fut ensuite assignée à une tache dans les studios de production de films, où elle rencontra Shawn Morrison. Ils se marièrent en juillet 1990.

Deux ans plus tard à Noël ils eurent droit à un congé et allèrent rendre visite à la maman de Shawn à Burbank.

La maman de Betsy vint les voir depuis Oakland; elle remarqua les cernes de sa fille. Après le repas, elles se parlèrent en se tenant la main, et Betsy lui dit « Maman, je crois que j'aurai bientôt besoin de toi. ».

« D'accord; dis-moi, je serai là bien sûr. »

. . . Betsy Morrison se fit un journal pendant ses heures de repos au cours des mois suivants. Trois heures de sommeil par nuit en moyenne.

Les journées interminables, l'intimidation, les menaces, tout cela eut des conséquences désastreuses.

Pour que la production soit toujouts éléve, les superviseurs lançaient des "sec checks" pour trouver les anomalies. Betsy estime qu'elle a du remplir une centaine de ces « admissions » faites par écrit, où l'on promet de ne plus refaire les mêmes fautes, au cours de ses 17 ans dans la secte.

du genre "rebooter l'ordinateur, formater le disque dur et remettre ça," compare-t'elle. Vous rebootez le mental selon la formulation demandée." Le processus est destiné à faire le bien du groupe en premier lieu, avant celui de la personne, et du mariage.

''Quand on additionne ça au manque de sommeil, ça vous fait supposer que vous ne valez rien, que vous méritez ça, et vous restez coincé jusqu'à ce que vous ayiez fait quelque chose qui vous fasse de nouveau accepter dans l'équipe." . . . Le 29 mars 1993, elle se réveilla trop tard et manqua le bus scientologue qui l'emmenait au travail. Elle regarda s'il y avait des gardes à l'entrée de l'appartement. Personne en vue.

Elle compta sa fortne: environ 200 dollars, ramassa quelques affaires , appela un taxi et fila vers laéroport d'Ontario, Californie, pour acheter un ticket pour San Francisco. Sa maman était très excitée, elle était angoisssée.

En partaint ainsi, elle jetait aux orties sa "vie éternelle", abdandonnait la mission de "clarifier la planète". Elle quittait son mari.

Mais elle avait besoin de sommeil.

" C'est la raison pour laquelle je suis partie. Je devenais de plus en plus dingue. Et je ne pouvais plus encaisser, physiquement.''

Sa mère, Betty Jane Wilhoit, l'avait retrouvée à San Francisco et emmenée chez une amie, car les services de sécurité de l'église iraient en premier lieu chez la mère. Quelques jours plus tard, Betsy partait chez son père à Dallas.

Les semaines s'écoulaient. elle trouva un job de test de logiciels. Le 15 avril, elle repartait à Oakland.

Madame Wilhoit l'attendait à l'aéroport, quand elle vit deux hommes s'approcher de l'agent à la porte. Ils demandèrent si Betsy arrivait bien par ce vol-là.

Sa maman courut vers le jet et entra dans l'avion, pour arrèter sa fille.

''Reste ici, ils sont là pour toi."

Ils attendirent que l'avion soit vide. Le commandant de bord vint les voir: Madame Wilhoit lui expliqua que les types à l'entrée attendaient sa fille qui fuyait de son "église".

Betsy et sa maman furent escortées par la sécurité de l'aéroport à leur véhicule en passant par une porte dérobée.

. . . En réponse aux questions écrites du Times, l'église à fourni une lettre qu'elle avait expédiée au chef de la sécurité Gary Morehead cinq jours après cette arrivée mouvementée à l'aéroport d'Oakland. L'église fit observer que la lettre ne mentionnait pas les « deux personnes à l'aéroport » -- « Cet indident ne s'est jamais produit » .

''Dans sa lettre, Betsy disait: "Je n'ai pas l'intention de faire de tort à la scientologie. Si vous me laissez tranquille, je vous laisse tranquille. ».

La scientologie a répondu « avoir respecté sa demande."


Joe Childs peut être joint à childs@sptimes.com. Thomas C. Tobin à tobin@sptimes.com. [Traduction Roger Gonnet] Lundi 2 Novembre 2009

La scientologie surveille-t-elle Pat Broeker depuis deux décennies?

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cette photo datant de 35 ans, on découvre Pat Broeker, élevé au titre de “Officier Loyal” par L. Ron Hubbard, le rang le plus élevé jamais accordé par le fondateur.

Pat Broeker peut dire ce que personne d’autre en scientologie ne pourrait: il est d’un rang scientologue supérieur à celui de David Miscavige.

Il a quitté la scientologie en 1989 pour entamer une vie nouvelle au Colorado. Mais Miscavige s’inquiète beaucoup de ce qu’il fait.

" Marty Rathbun raconte: “Miscavige est venu me voir pour me dire “Marty, tu trouves ce gars. Je veux savoir ses moindres faits et gestes.”

Broeker et son épouse Annie assistèrent Hubbard à la fin de sa vie. Hubbard attribua à chacun d’eux le titre de « Officier Loyal », un rang supérieur à celui du capitaine Miscavige.

Pat Broeker possédait aussi autre chose: les documents de recherche d’Hubbard sur les niveaux supérieurs de cours et d’audition/conseil de la scientologie, achevés au cours des années précédentes. Sans ces documents, Broeker serait bien moins valable pour la secte. Rathbun relate que Miscavige et lui ont éléboré un plan.

Lors d’un voyage de Miscavige et Broeker à Washington, Rathbun a raconté au gardien du ranch de Broeker que le FBI allait faire une descente, et qu’il fallait donc qu’il parte immédiatement avec les documents sensibles. Rathbun ajoute qu’ensuite, Miscavige et lui les ont déposés dans un coffre-fort de l’église.

Broeker était refait: il partit pour les Rocheuses.

Miscavige voulait qu’il soit surveillé, dit Rathbun, il s’arrangea pour que deux détectives privés le trouvent et restent dans ses parages.

L’un des deux devint compagnon de boisson de Broeker et lui donna un téléphone sans fil comme cadeau de Noël. A cette époque, on pouvait encore capter les conversations de ces appareils à quelque distance grâce à un scanner de la police : c’était légal.

Rathbun raconte: “Dave adorait l’idée. Il voulait entendre autant de conversations de Pat que possible. On les a enregistrées pendant peut-être un an ; on savait tout ce qu’il faisait. »

Broeker déménagea au Wyoming, et les privés l’y suivirent.

Rathbun dit que son engagement direct sur le sujet Broeker prit fin en 1992, lorsqu’il partit à Washington aider Miscavige à négocier le deal d’exemption d’impôts avec l’IRS.

Rathbun a continué avec Miscavige une décade de plus, et son associé le plus proche, Mike Rinder, a quitté la scientologie il y a deux ans.

Ils ont repris leurs relations et discussions en mars cette année, à Denver où Rinder habite désormais. Rathbun se souvient avoir commencé à espionner Broeker en 1989.

Rinder a de plus récents souvenirs: en 2007, Miscavige lui a demandé de réduire les dépenses de son département, don’t celles concernant les opérations secrètes.

Rinder a demandé à ses lieutenants ce que signifiait une ligne des dépenses don’t il ne comprenait pas le sens. On lui répondit que c’était pour l’opération Broeker, et qu’on ne pouvait en aucun cas y toucher.

Broeker n’a pas répondu aux demandes d’interview que nous avions fait passer par sa famille.

 

Prise en tenaille entre son mari et la scientologie, Annie Tidman [ex-Broeker, puis ex-Logan] a choisi la secte

Thomas C. Tobin et Joe Childs, Reporters au Times 14 novembre 2009 06:30 AM


 

Le sujet de l’article, Annie Tidman, nie que ce qui suit se soit produit. L’avocat n’a pas accepté que Madame Tidman réponde à nos questions. Les sources de cet article sont les entretiens avec son ex-mari et quatre autres ex-scientologues.

Au matin du 17 novembre 1992, Annie Logan quittait la base de l’église de scientologie de Californie sans autorisation.

Elle prit un taxi pour l’aéroport international de l’Ontario. Son mari Jim Logan avait payé son ticket pour Boston d’avance, mais la ligne aérienne n’arriva pas à trouver son nom sur la liste des passagers. Elle appela les parents de Jim à Nova Scotia, nerveuse, craignant que des staffs de l’église ne la poursuivent.

Jim: “elle était angoissée, sachant que plus il y aurait de retard, plus ils risquaient de l’avoir. »

Jim et Annie avaient un plan: elle prendrait le vol de Boston, puis la correspondance pour Portland (Maine), où il l’attendrait, pour l’amener à Nova Scotia, où ils espéraient entamer une famille et une vie nouvelle. Ils demeureraient scientologues, mais ne feraient plus partie du groupe de travail de l’église, l’Organisation Maritime (Sea Org).

Il lui donna le nom qu’il avait fait inscrire sur le ticket, et elle le rappela quelques instants plus tard, plus calmement. Elle avait réussi à passer la sécurité de l’aéroport. « T’as intérêt à être à l’arrivée, » dit-elle.

Jim Logan prit sa voiture dans la tempète de neige pour l’attendre à Portland. Mais elle n’arriva jamais. Ils ne se parlèrent plus jamais ensuite.

Avait appris ce qui se passait pendant la matinée à la base scientologue de Hemet.

Annie Logan était partie.

“C’était une alarme Niveau Cinq, raconte cet ancien cadre dirigeant de l’église. Je savais que c’était une énorme catastrophe.”

Elle était entrée en scientologie jeune adolescente, et avait travaillé comme assistante de Ron Hubbard pendant toute sa jeunesse, jusque bien après ses 20 ans. Elle était l’une des quatre « Messagères  de Ron » des origines. Elle faisait les commissions, dirigeait les staffs et portait son courrier.

Elle épousa Pat Broeker, et tous deux devinrent les assistants proches d’Hubbard durant ses dernières années. Elle demeura avec le fondateur jusqu’à la fin, l’une des quelques rares personnes à pouvoir détailler le récit « officiel » entourant le décès d’Hubbard en 1986, récit très surveillé par l’église car touchant aux intentions du fondateur concernant la nouvelle direction de l’église, ainsi qu’ à ses finances.

Annie Broeker devint une cadre dirigeante de l’église avec la bénédiction d’Hubbard. Mais elle fut écartée par Miscavige, le jeune loup aux dents longues qui s’empara des rènes de la secte après la mort d’Hubbard.

Voici ce qui s’est passé lorsqu’elle est partie et quand elle revint; c’est là une autre illustration révélatrice des fonctionnements internes et du contrôle exercé par l’église sur les staffs.

Le matin où elle s’en alla, l’équipe de sécurité scientologue découvrit rapidement quel vol elle devait prendre et Rathbun la suivit..

Lieutenant de Miscavige depuis bien longtemps, Rathbun partait souvent à la poursuite de staffs partis en douce, en particulier les staffs d’importance.

"J’ai attrapé ma sacoche, un téléphone cellulaire, je les ai collés dans mes poches, j’ai sauté dans ma voiture et crié à ma secrétaire ; “Prends-moi un ticket dans le premier vol pour Boston… et j’ai foncé à 160 vers Ontario. »

La mission de Rathbun consistait à intercepter Annie Logan avant qu’elle n’arrive auprès de son mari, et la ramener à la Sea Org. Son avion atterit à Boston 20 minutes après le sien.

Fonça alors vers les passagers en correspondance pour Portland, descendit quelques marches et cria “Annie!”

"Annie!"

Elle se retourna.

« Vraiment, quand elle m’aperçut, elle fut effarée, ses épaules en tombèrent, raconte Rathbun. Elle était vaincue ; je n’ai même pas eu à discuter, à la persuader : elle était carrément effondrée. »

Elle revint vers le terminal avec Rathbun, qui joua sur sa loyauté envers Hubbard. Il lui dit que son départ risquait de perturber les tractations de l’église avec le fisc pour obtenir l’exemption d’impôts, au bout d’une guerre de près de 40 ans avec l’IRS.

« Les ennemis risquaient de se presser à sa porte pour obtenir des infos sur Hubbard, ses biens et les finances de l’église », lui dit-il.

Elle accepta de revenir en Californie, relate Rathbun. Il ajoute avoir appelé Miscavige pour lui annoncer qu’il serait dans le premier avion du lendemain.

Mais Miscavige répondit à Rathbun qu’il avait déjà arrangé leur retour le jour même dans un des avions appartenant à John Travolta, afin de ne risquer aucune nouvelle tentative de fuite d’Annie Logan.

Annie rentra au “bercail”.

L’agent publicité de Travolta, contacté à propos de ce qui touchait la scientologie, a répondu que ces affirmations étaient “outrageusement ridicules”. [ndt : un ancien très haut dirigeant de la secte, Jesse Prince, a relaté qu’un avion de Travolta ont aussi servi à rapatrier dans la base de Hemet le père de Miscavige, accusé et poursuivi pour viol]

INTRUSION OUTRAGEUSE”

Annie a 53 ans désormais. Elle se fait appeler par son nom de jeune fille, Annie Tidman.

Son avocate Richelle Kemler a refusé qu’elle réponde à nos questions. Elle a prétendu que le St Petersburg Times se basait sur des sources partiales, désinformées et discréditées.

« Toutes les déclarations qu’on lui attribue et toutes les activités dont parle le Times sont fausses », écrivit Kemler.

Dans un autre courrier, Kemler parle “d’intrusion outrageuse dans sa vie privée.”

Le porte-parole scientologue Tommy Davis a dénigré l’article, le qualifiant de “Journalisme tabloïde »  (article de feuille de chou)».

« Votre dernier coup bas, c’est votre récente obssession quant à Annie Tidman, amie chère et proche de M. Miscavige depuis 30 ans. Vous avez déjà prouvé que vous n’acceptiez pas les faits simples s’ils contredisent ce que vous écrivez, mais l’hypocrisie et l’illogisme pur et simple de votre dernière invention sont effarants. »

'' Tommy Davis a critiqué « l’aveuglement » du Times face à ce qu’a raconté Jim Logan, dont il dit qu’il a été expulsé de la Sea Org pour mauvaise conduite par rapport aux normes de la religion.

DEPART, PUIS PLANIFICATION

Pat Broeker partit de l’église, puis il divorça d’avec Annie. Le 22 juin 1990, elle se remariait.

Son second mari Jim Logan n’hésitait pas à faire connaître ses opinions lorsqu’il pensait que les règles d’Hubbard n’étaient pas respectées. Il écrivit des rapports critiques de Miscavige et d’autres cadres.

Morehead, ex-chef de la sécurité de la base de Hemet: « Il prenait position. S’il avait une opinion, il la faisait savoir. Il y a des trucs qu’il ne laissait pas passer. »

La hiérarchie réagit en juillet 1992 par un “Ordre de Non-Enturbulation” [scientologais : ordre impératif de se taire sur certains sujets afin de ne pas causer de ‘troubles’] afin de mettre un terme aux problèmes causés par Logan, et l’agitation qu’il provoquait auprès de ses collègues. [ndt : le traducteur a eu le même type de problèmes lorsqu’il commença à critiquer vivement, par les voies officielles scientologues, l’absurdité de l’augmentation énorme des tarifs de la secte]

Début octobre, la secte estima que Jim Logan avait violé cet ordre de « non-enturbulation” et le déclara « Personne Suppressive », «un  SP », c'est-à-dire quelqu’un qui ne s’intéresse qu’aux mauvaises nouvelles, ne peut faire exécuter les ordres, ne confesse pas ses propres crimes, est destructif pour les autres, et doit être écarté du groupe. [version scientologue de : ‘ennemi de l’humanité’]

Morehead faisait partie de ceux qui escortèrent Jim Logan à la “Old Gilman House”, un coin isolé de la base de 45 hectares où l’on balance les “SPs” et d’autres employés posant probème. Il dit avoir agi sur ordre de Miscavige.

Quelques jours plus tard commençait le processus destiné à le jeter à la porte de la Sea Org. On lui permit de voir sa femme. Logan raconte qu’elle lui a dit : «Ils ne peuvent pas me forcer à divorcer. » 

Il raconte qu’ils ont parlé par énigmes de leur avenir. Il tenterait de se réhabiliter aux yeux de la scientologie, tandis qu’elle essaierait de quitter la Sea Org. Dans six mois peut-être pourraient-ils repartir ensemble du bon pied à Nova Scotia.

Jim Logan vécut son dernier jour à la Sea Org le 8 octobre 1992; il dit que les chefs de l’église leur firent voir une série de règlements hubbardiens expliquant qu’elle devait « déconnecter » de son mari. 

Le jour même, Annie Logan déposait sa demande de divorce au Comté de Riverside, Californie [comté où se trouve le QG de Hemet]. Le soir même, à 20 h30, un cadre de l’église remettait les documents à Jim Logan. On l’amena à l’arrêt de bus pour Los Angelès, muni d’un ticket pour Bangkor, Maine.

A cours des cinq semaines suivantes, il dit avoir discuté secrètement avec sa femme une douzaine de fois.

Au début, explique Jim, ils discutèrent d’un plan destiné à ce qu’elle quitte la Sea Org, mais elle trouvait le temps long à démarrer une vie nouvelle. « On voulait des gosses, on voulait une famille. « 

Ils discutèrent d’annulation de la procédure de divorce qu’ils avaient entamée en présence d’officiels scientologues de la base. Logan lui dit que c’était à elle de franchir le pas, puisque c’est elle qui avait déposé la demande.

CHER JIM . . .

Lorsqu’il ne vit pas arriver Annie à Portland, Jim Logan raconte avoir appelé l’aéroport de Boston qui lui dit que l’avion avait été retardé à Denver, et qu’il y aurait un autre retard du vol Boston-Portland. Elle arriverait sans doute le lendemain matin à Portland.

Il attendit jusqu’au lendemain. Pas d’Annie.

Ca s’abattit d’un bloc sur moi: Mon dieu, elle est repartie là-bas… je ne savais pas ce qui s’était passé.”

Il prit l’avion pour Boston pour en savoir davantage. On ne put que lui apprendre qu’elle avait bien atteri là-bas, mais qu’elle n’avait pas pris le vol pour Portland.

Il appela la sécurité à la base de Hemet, qui lui répondit qu’elle était bien là. Elle était revenue à la Sea Org.

" J’étais inimaginablement dévasté, » raconte Jim Logan.

Quelques jours passèrent, et Jim reçut une enveloppe à Nova Scotia, avec une lettre adressée au tribunal de Riverside, signée “Annie Logan”.

"La lettre disait: “Mon mariage est réconcilié, la demande de divorce n’est plus nécessaire et je désire y mettre fin.”

Elle disait avoir déménagé à Nova Scotia et demandé qu’on lui adresse les documents stoppant la demande de divorce.

Jim avoir constaté qu’elle avait adressé ce courrier avant de partir à Boston, pour qu’il la fasse suivre aux officiels de Riverside. Il y avait une enveloppe timbrée avec l’adresse de Nova Scotia.

Des années plus tard, Jim fait observer que cette lettre est la preuve évidente que son épouse voulait le rejoindre, un plan que Rathbun s’est débrouillé pour court-circuiter.

A Noël cette année-là, Jim adressa des fleurs à sa femme. Elle lui répondit en février:

Cher Jim, je tiens à te dire après longue réflexion que j’ai décidé de rester dans la Sea Org, pour la raison simple que mes buts et désirs sont ceux de ce groupe et ne peuvent être atteints que grâce à lui.”

Elle signait d’une formule scientologue toute faite: “ML, Annie. (beaucoup d’amour, Annie)

Il dit n’avoir plus eu de communications depuis 17 ans.

HAPPY VALLEY

Lorsque Annie Logan revint en Californie, Rathbn dit avoir reçu l’ordre de Miscavige de l’expédier dans un ranch isolé à 20 minutes de la base internationale, le “Happy Valley”.

Rathbun explique avoir parfois reçu des instructions quant à son séjour là-bas.

Rathbun, Morehead et un autre membre de la Sea Org disent qu’Annie est restée environ deux ans à Happy Valley, durant lesquels le divorce fut prononcé et où elle reprit son nom de jeune fille, Annie Tidman.

Un quatrième ex-membre, Jim Mortland, dit qu’elle y serait restée à peu près un an. Mortland était le chef de la division « estates » (litt : propriétés), celle qui encadre l’entretien et la construction des biens scientologues de la zone ; il dit que « ce n’était pas un secret » qu’Annie Tidman soit à Happy Valley.

L’ex-chef de la sécurité de la base (pendant l’essentiel des années 90) explique avoir préparé la maison où Tidman allait vivre. Une partie de son travail consistait à emmener chaque jour un « auditeur » scientologue là-bas pour y donner des séances à Annie.

Morehead explique que le personnel de sécurité surveillait Annie de près: l’un dans la maison, l’autre dehors. “Ils devaient l’avoir à tout instant à portée de main, dit-il; si elle avait filé, ça aurait déclenché l’enfer.”

Il ajoute que le staff comprenait que si Tidman tentait de filer, on ne la retiendrait pas physiquement, on l’accompagnait jusqu’à ce que de l’aide arrive pour la convaincre de rester.

De toute manière, la ville la plus proche, Hemet, était à trois heures à pied, et la maison était en plein désert.

Amy Scobee raconte avoir travaillé avec Tidman vers la fin des années 1990 et à nouveau vers 2000. Scobee et Annie travaillaient au département cinématographique de l’église, souvent tard dans la nuit. « On allait discuter, prendre un café et rire un grand coup… »

Scobee raconte qu’Annie Tidman lui a beaucoup parlé de son passage à Happy Valley. Elle dit qu’au début, Tidman regrettait d’être rentrée et d’avoir abandonné Jim Logan. « Elle l’aimait  -- et regimbait à demeurer à Happy Valley.  Il lui a fallu pas mal de temps avant de changer d’avis.

Amy Scobee relate que Tidman a relu les livres d’Hubbard, et qu’elle a fini par décider d rester à la Sea Org. Elle raconte que Tidman lui a dit avoir décidé de ne jamais se remarier.

“Au bout du compte, elle avait l’impression d’être devenue quelqu’un d’autre,” dit-elle.

Le porte-parole scientologue Tommy Davis n’a pas réagi aux questions spécifiques touchant les récits de Rathbun, Jim Logan, Morehead et les autres. Il a ajouté que son absence de réponses ne devrait pas être interprété comme une « quelconque admission qu’il y ait la moindre parcelle de vérité dans leurs histoires débiles ».

Kemler, l’avocate de Tidman, a écrit que Tidman n’avait jamais été séquestrée ni autrement maintenue à aucun moment par l’église contre son gré » [ndt : si Annie parvient à quitter la secte, on peut lui conseiller d’avance d’enseigner à son ‘avocate’ à défendre les droits de ses clients et non ceux d’une maffia criminelle]

Elle est formelle: jamais Tidman n’aurait parlé avec Morehead à cette époque, et elle n’aurait pas prononcé les paroles que lui attribue Amy Scobee.

Le 26 août 1993, fut prononcé le divorce d’Annie et Jim Logan.

Joe Childs : childs@sptimes.com

Thomas C. Tobin : tobin@sptimes.com.


Annie M. Tidman, 53 ans , est entrée en scientologie à 9 ans en 1965 avec ses parents. Jeune fille, elle fut nommée « Messagère » du fondateur L. Ron Hubbard, à bord du navire Apollo. Elle fut assistante très proche de Hubbard jusqu’en 1986, avec son premier mari Pat Broeker, puis devint cadre très importante de l’église, mais fut écartée par David Miscavige. Remariée à Jim Logan, elle divorça en août 1993. Elle est encore en scientologie.

REPONSE DE LA SCIENTOLOGIE:

Le Times a envoyé des questions écrites à la secte à propos d’Annie Tidman, et demandé deux fois à la rencontrer. On le lui a refusé. « Tous ce qu’on lui attribue est faux et toutes les actions décrites dans votre lettre du 19 octore sont fausses, » a écrit l’avocate Richelle L. Kemler. Dans un second courrier, l’avocate qualifie le travail du Times « d’intrusion extraordinaire dans la vie privée [d’Annie Tidman ] ». Dans un courrier de trois pages, le porte-parole Tommy Davis explique que Tidman et le patron de l’église sont amis depuis 30 ans et dénonce le fait que le Times ait fait l’article.

Davis a également :


• accusé le journal « d’avoir atteint d’encore pires tréfonds du journalisme tabloïde   et d’avoir accepté comme paroles d’évangile les déclarations de n’importe qui critiquant la scientologie ».

• dit que le journal se fiait aux dires de son ex-mari Jim Logan, qui avait “été expulsé de la Sea Org et cen tant que membre de l’église pour conduite incorrecte par rapport aux exigences de la religion » Davis demande pourquoi Logan est demeuré silencieux 17 ans durant et pourquoi il s’est décidé à « sortir toute sa rancœur »..

• accusé le journal de faire deux poids deux mesures en mettant en avant les dires de Logan, mais en donnant bien moins d’importance à ce que disent les ex-épouses des transfuges Marty Rathbun, Mike Rinder et Tom De Vocht. Il continue : « Il est évident que ce qui vous guide pour vos choix de citer les ex-épouses, c’est de savoir si ça va dans le sens de votre récit. »

• dit que ça n’a aucune logique de prétendre qu’une femme adulte serait restée contre son gré pendant 17 ans à la Sea Org.

• dit de ne pas supposer “qu’une absence de réponse à chacune et à n’importe laquelle de vos affirmations effroyablement ridicules puisse servir de preuve quelconque à ces histoires débiles ».

• dit que le Times avait négligé de parler de “l’expansion sans précédent de l’église, y compris les nouveaux locaux de Rome et Washington»


CE QUE DIT JIM LOGAN DESORMAIS:

• " Je n’ai jamais rien dit de critique sur la scientologie. Jamais. Je suis scientologue. J’étudie le sujet chaque jour. Il a changé mon existence. Il raconte que les employés de l’église l’ont appelé ce mois-ci pour mettre à jour leurs fiches, et qu’ils voulaient lui vendre la série d’ouvrages connus comme « Les Basiques »

• Il dit ne pas s’être conduit de façon incorrecte par rapport aux règles de la religion, et avoir été injustement expulsé.

• Il a décidé de parler publiquement après ces 17 années de silence lorsqu’il devint évident l’an passé que l’église ne l’accepterait plus dans ses rangs, ce qui viole les règles d’Hubbard. Il dit avoir achevé les étapes exigées, mais que l’église n’a pas réagi. « C’est pour ça que je prends la parole. »

• Davis « paraît incapable de discerner et déterminer la validité d’une relation (avec Annie Tidman) dont il ne connaît virtuellement rien du tout, et qu’il prétend du coup que ça n’a pas d’importance.  C’est répugnant et absurde. »