(Québec - ) Présente depuis plus d'une vingtaine d'années dans la région, l'Église de scientologie s'était faite relativement discrète jusqu'à maintenant. L'ouverture d'ici la fin de l'année d'un tout nouveau lieu de culte sur la rue Saint-Joseph devrait lui donner beaucoup plus de visibilité. Une façon de gonfler ses rangs et ses coffres, selon le sociologue Stephen A. Kent.
Le Soleil révélait dans son numéro d'hier que les scientologues de Québec s'apprêtaient à investir 4 millions $ dans la construction d'une église en plein coeur du Nouvo Saint-Roch. Les autorisations ont été accordées par la Ville de Québec et, selon la porte-parole du mouvement, les travaux devraient commencer sous peu.Le montant de l'investissement, qui s'ajoute aux 1,9 million $ déjà déboursés pour acquérir l'immeuble, en fait sourciller plus d'un, compte tenu du nombre relativement modeste des membres du chapitre de Québec, soit environ 350.
Professeur à l'Université de l'Alberta et auteur de nombreux articles sur la scientologie, Stephen A. Kent croit que cet investissement s'inscrit dans une grande poussée internationale entreprise il y a déjà quelques années par l'Église de scientologie. «Comme les établissements n'attiraient pas suffisamment de membres, on a pensé qu'en construisant de nouvelles églises, appelées des "Orgs Idéales", les gens seraient plus curieux.»
Ces églises de nouvelle génération sont déjà présentes dans plusieurs villes du monde et de nombreux chapitres sont en campagne de financement pour bâtir la leur.
«Ça représente des dizaines de millions de dollars d'investissements pour un mouvement relativement modeste, souligne Stephen Kent. On peut se demander d'où vient tout cet argent. Certains craignent que d'énormes pressions financières soient imposées aux membres.»
Selon le spécialiste, un exemple de ces pressions est la réédition des premiers ouvrages du fondateur de la scientologie, L. Ron Hubbard. «De nombreuses erreurs d'édition, de mise en pages et de typographie auraient été trouvées dans ces ouvrages. On a tout réédité et on insiste pour que les membres rachètent les nouvelles versions. Évidemment, l'enseignement acquis grâce aux anciennes éditions n'est plus valable et il faut recommencer.»
Main-d'oeuvre
Une autre interrogation de Stephen A. Kent est la provenance de la main-d'oeuvre qui effectuera les travaux à Québec. Plusieurs des établissements de scientologie auraient été bâtis grâce au travail «bénévole» des membres du Rehabilitation Project Force, un programme de rééducation des membres déviants. Dans une présentation devant la Société pour l'étude scientifique de la religion, à San Diego en 1997, le spécialiste a associé ce programme à du lavage de cerveau.
«Dans le passé, plusieurs membres ont été intégrés de force à ce programme qui inclut, entre autres, huit heures de travail physique par jour, indique-t-il. L'aspect volontaire est plutôt douteux quand on sait que l'on peut réclamer aux membres qui quittent plusieurs dizaines de milliers de dollars pour des cours et des formations qu'ils ont obtenus gratuitement.»
Prudence
Mike Kropveld, directeur d'Info-secte, recommande la prudence à l'égard de l'Église de scientologie. «Avant d'adhérer à un groupe, les gens devraient s'informer et se questionner sur le fonctionnement interne du mouvement. Ça fait longtemps que la scientologie n'a pas eu de condamnations au Canada, mais ça ne veut pas dire que tout est rose non plus.»
(Thetford Mines) - Le cardinal Marc Ouellet s'est interrogé mercredi sur les critères du gouvernement du Québec pour reconnaître les corporations religieuses au lendemain de l'annonce de la construction par l'Église de scientologie d'un lieu de culte au coût de 4 millions $ dans le quartier Saint-Roch.
«Je sais qu'en Europe, notamment en Allemagne, en Belgique et en France, il y a des endroits où on refuse d'accorder à l'Église de scientologie le statut de religion», fait remarquer d'entrée de jeu Mgr Ouellet, avouant qu'il allait s'intéresser à ce dossier qui fait jaser dans les médias depuis quelques jours.
Ici, l'Église de scientologie profite depuis décembre 1993 du statut de corporation religieuse auprès de l'inspecteur général des institutions financières du Québec, une situation que le primat de l'Église catholique au Canada a de la difficulté à comprendre. «Je ne sais pas en vertu de quel principe ce statut leur a été accordé. Mais malheureusement, au Québec, tout est permis! On dirait qu'ici, n'importe qui peut s'inventer une Église!», déplore-t-il au sujet du mouvement lancé en 1952 par l'auteur de récits de science-fiction L. Ron Hubbard.
Liberté
L'archevêque de Québec insiste sur le fait qu'il est favorable à la liberté de religion. «Par exemple, la communauté musulmane de Québec va ériger une nouvelle mosquée. Je n'ai aucun problème avec ça! La religion musulmane est l'une des grandes religions reconnues. Qu'ils aient un lieu de culte à Québec, je suis tout à fait d'accord!»
Par contre, le cardinal Ouellet ne place pas la scientologie sur un pied d'égalité avec l'islam ou la religion catholique. «La scientologie, c'est autre chose. Pour moi, cette communauté n'est pas une Église», indique-t-il.
Il estime également qu'il manque au Québec une certaine réflexion en ce qui concerne les critères de reconnaissance des religions. «L'État n'a pas de critères pour reconnaître les religions, ça fait partie de nos déficiences», poursuit-il.
«Et pourtant, pendant qu'on enlève des libertés à l'Église catholique, on ouvre en même temps toutes sortes de soupirails!» ajoute-t-il, invitant les gouvernements à s'informer davantage sur l'Église de scientologie.
«Nos gouvernements devraient s'enquérir de ce que certains pays d'Europe ont fait par rapport à ce groupe-là et sur les problèmes qu'il peut soulever plutôt que de lancer à l'aveuglette le statut de corporation religieuse à un tel organisme», conclut-il.
«Org idéale»
L'Église de scientologie compterait environ 350 fidèles à Québec et la construction de l'église de nouvelle génération, appelée «Org Idéale», devrait commencer sous peu pour être complétée d'ici quatre à six mois dans un bâtiment de la rue Saint-Joseph acheté pour près de 2 millions $ en 2006.
Les Légionnaires du Christ admettent la double vie de leur fondateur
La Croix, 9 février 2009 par Claire LESEGRETAIN, Elodie MAUROT avec Isabelle de GAULMYN (à Rome)
[Texte intégral]
La communication de la congrégation porte sur l’existence d’une fille de leur fondateur, mais ne permet pas, en revanche, de savoir si elle accepte les accusations de pédophilie portées contre lui
«C’est un coup ! Cela nous a choqués ! On a du mal à comprendre ! » Le P. Julien Durodié, porte-parole de la province de France des Légionnaires du Christ, ne cache pas l’émotion qui l’a saisi ainsi que les autres prêtres Légionnaires du Christ et laïcs du mouvement Regnum Christi (LC/RC), en apprenant, « il y a deux semaines », l’existence d’une fille de leur fondateur, le P. Marcial Maciel.
Depuis quinze jours, le supérieur de la congrégation, le P. Alvaro Corcuera, d’origine mexicaine, a commencé à en informer les responsables du mouvement : le P. Maciel, mort à 87 ans en janvier 2008, avait eu une liaison avec une femme avec laquelle il a eu une fille, née à la fin des années 1980.
Le 4 février, le New York Times révélait publiquement cette paternité du P. Maciel. « Nous n’avons pas de détails sur sa fille et nous ne souhaitons pas en avoir par respect pour les personnes concernées », poursuit le P. Durodié, tout en affirmant que l’éventualité – dont parle le New York Times – « d’une demande d’une part de l’héritage » du P. Maciel par cette femme lui semble « une démarche ridicule ».
Beaucoup plus flous sur les accusations de pédophilie « Le responsable a en effet décidé il y a quelques mois de diligenter une enquête interne sur les dernières années de notre fondateur, après avoir entendu parler de choses diverses, explique le P. Pedro Barrajon, recteur de l’université des Légionnaires du Christ à Rome. Il a eu cette certitude de la fille, et décidé de le faire savoir. »
Selon d’autres sources cependant, il n’avait pas le choix : une campagne orchestrée contre les Légionnaires du Christ, à partir de l’existence de cette jeune femme, se préparait au Mexique, et le responsable des Légionnaires a donc dû communiquer précipitamment.
En revanche, les Légionnaires restent beaucoup plus flous sur les accusations de pédophilie qui avaient été portées contre le P. Maciel et avaient entraîné l’ouverture d’une enquête de la Congrégation pour la doctrine de la foi en 1997. Certains continuent à la refuser : « Depuis le début de sa vie de prêtre, il y a eu les mêmes accusations de pédophilie, mais il n’y a jamais eu de preuve », poursuit le P. Durodié.
Mais d’autres, qui, il y a encore quelques semaines, niaient tout en bloc, se montrent désormais plus prudents : « Nous nous en tenons au communiqué signé par Benoît XVI le 19 mai 2006, qui avait obligé le P. Maciel à “se retirer dans la prière et la pénitence”, commente encore le P. Barrajon. Il y a ce terme de “pénitence” qui suppose une faute, mais nous ne pouvons dire plus, car nous ne savons pas. »
Les Légionnaires reconnaissent des fautes
Aux États-Unis, Jim Fair, porte-parole américain des Légionnaires, va plus loin : « Nous n’avons pas les résultats de l’enquête menée par le Vatican qui a conduit au retrait public du P. Maciel, mais il est juste de considérer que ces accusations devaient avoir une crédibilité. »
Dans leur communication, tant en interne qu’en externe, les Légionnaires du Christ reconnaissent « les fautes » de leur fondateur, mais sans préciser explicitement lesquelles.
Sur un blog du groupe de presse catholique américain Our Sunday Visitor, le P. Thomas Williams, Légionnaire du Christ américain vivant à Rome et professeur de théologie à l’Université pontificale Regina Apostolorum, répond : « Durant l’enquête » de 2005, « il est devenu clair que certaines des accusations étaient fausses de manière évidente (contradictions de dates, de lieux, etc.), alors que d’autres semblaient plausibles, voire même probables. Il est impossible de dire ce qui est arrivé dans le passé. Parmi ces accusations, je ne sais lesquelles sont les plus probablement vraies, mais ce qui semble évident, c’est que certaines d’entre elles doivent en effet être vraies. »
"La tempête va durer"
Quant au P. Corcuera, il a envoyé une lettre, datée du 4 février, aux membres de Regnum Christi (la branche laïque des Légionnaires) pour leur exprimer son soutien « le plus sincère et affectueux ». « Nous vivons actuellement des moments de douleur et de souffrance », poursuit le directeur, avant de se dire « reconnaissant » à l’égard du P. Maciel d’avoir été « l’instrument de Dieu qui a donné un sens à toute ma vie pour cheminer vers le salut éternel. (…). Il est vrai aussi qu’il fut un homme et que ces faits que nous avons découverts nous ont contrariés et surpris – et je crois que nous ne pourrons pas les expliquer avec notre compréhension –, mais ils sont déjà dans le jugement de Dieu. » Jamais le responsable des Légionnaires ne précise les faits reprochés au fondateur.
« Nous devons demander pardon, comme mouvement, parce qu’il y a eu scandale, estime encore le P. Barrajon, mais il faut distinguer le fondateur du mouvement : nous avons beaucoup reçu de lui. En même temps, notre engagement est fondé sur le Christ, et non sur le P. Maciel. »
Sans illusion cependant : « La tempête va durer, notamment aux États-Unis, et aussi au Mexique. La porte est ouverte, et sans doute d’autres vont venir témoigner contre lui, nous n’en avons pas fini… »
(Québec) L'Église de scientologie reçoit l'appui du Mouvement raëlien dans son projet d'implanter un lieu de culte dans le quartier Saint-Roch.
Les raëliens ont réagi aux propos du cardinal Marc Ouellet, qui s'interrogeait la semaine dernière sur les critères de reconnaissance des religions au Québec. Celui-ci refusait de considérer l'Église de scientologie en tant que religion. «Je ne sais pas en vertu de quel principe ce statut leur a été accordé. Mais malheureusement, au Québec, tout est permis! On dirait qu'ici, n'importe qui peut s'inventer une Église!», s'insurgeait le cardinal Ouellet.«Parce que les églises catholiques se vident, le clergé fait maintenant pression pour empêcher les minorités religieuses d'obtenir leur statut de corporation religieuse», affirme Marc Rivard, porte-parole du Mouvement raëlien.
Il perçoit dans les propos du cardinal Ouellet une menace contre les minorités religieuses du Québec. «Nos droits sont déjà trop souvent bafoués, alors peu importe la religion, nous allons nous porter à sa défense si on attaque sa légitimité.»
Marc Rivard croit que le Québec doit devenir un exemple de tolérance envers les minorités religieuses. «Toute la population qui vit dans ce Québec de plus en plus cosmopolite doit trouver l'ouverture nécessaire pour découvrir une spiritualité qui lui convient», conclut-il.
13ème législature Question N° : 24712 de M. Mariani Thierry ( Union pour un Mouvement Populaire - Vaucluse ) QE Ministère interrogé : Intérieur, outre-mer et collectivités territoriales Ministère attributaire : Intérieur, outre-mer et collectivités territoriales Question publiée au JO le : 10/06/2008 page : 4832
Réponse publiée au JO le : 10/02/2009 page : 1363
Rubrique : ésotérisme
Tête d'analyse : sectes
Analyse : commission d'enquête. classement. actualisation Texte de la QUESTION : M. Thierry Mariani appelle l'attention de Mme la ministre de l'intérieur, de l'outre-mer et des collectivités territoriales sur l'association "Tradition, famille, propriété", association déclarée dont le siège social se trouve 12 avenue de Lowendal, 75007 Paris. Cette association a en effet été répertoriée comme secte par la commission d'enquête parlementaire de 1995. Aussi, il souhaite savoir, treize ans plus tard, si cette association est toujours considérée comme une secte. Texte de la REPONSE : La publication de listes de mouvements à caractère sectaire n'a jamais été pratiquée par les services de l'État. Le seul inventaire réalisé jusqu'à présent est le fait de la représentation nationale, à l'occasion de la commission parlementaire d'enquête sur les sectes en France, constituée en 1995 et qui a permis de lister 172 associations, sans que toutefois ne s'attache à cette liste aucune conséquence juridique. Conformément à sa conception de la laïcité, exprimée par l'article 10 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, la République française ne saurait s'immiscer dans les croyances auxquelles peuvent librement adhérer les personnes, mais se doit d'assurer conjointement la protection de la liberté de conscience et celle de l'ordre public, et notamment de protéger les personnes contre les dérives sectaires. Le respect de ces exigences d'égale valeur rend délicate la lutte contre ces dérives par les pouvoirs publics. De manière plus générale, la ministre de l'intérieur, de l'outre-mer et des collectivités territoriales a rappelé aux préfets, par circulaire du 25 février 2008, que le suivi des mouvements dont les agissements sont susceptibles de faire l'objet de procédures judiciaires nécessite un recoupement d'informations entre les services membres du groupe de travail spécifiquement consacré aux dérives sectaires au sein des conseils départementaux de prévention de la délinquance, d'aide aux victimes et de lutte contre la drogue, les dérives sectaires et les violences faites aux femmes, sur le modèle du fonctionnement des groupements d'intervention régionaux. L'action menée dans les départements l'est en étroite collaboration avec les procureurs de la République. À ce jour, les agissements des membres de l'association Tradition, Famille, Propriété n'ont jamais fait l'objet de procédures judicaires et ne peuvent être qualifiés de dérives sectaires constituant des agissements susceptibles d'être pénalement sanctionnés. UMP 13 REP_PUB Provence-Alpes-Côte-d'Azur O
Le député André Frédéric, ancien "patron" du groupe de travail sur les sectes à la Chambre, a (ré)introduit mercredi une proposition de loi sur l’abus de faiblesse, qui doit permettre de combattre les excès des organisations sectaires, à la commission Justice de la Chambre. Il y a présenté son continu et les motivations qui rendent ce progrès législatif nécessaire et le premier tour de table des partis a été favorable, le député socialiste recevant globalement leur soutien, y compris celui du représentant du gouvernement. On va dès lors demander l’avis du Conseil d’Etat et procéder à deux auditions, celles des spécialistes du CIAOSN (centre d’observation des sectes) et de la Miviludes, organisation gouvernementale française contre les dérives sectaires. (R. P.)
Tensions autour d'un projet de nouvelle "liste noire"
Le Parisien, 13 février 2009 par Anne-Cécile Juillet
[Texte intégral]
Un bras de fer s'negage entre Georges fenech, président de la MIVILUDES et le ministère de l'intérieur en charge des cultes.le Premier ministre, François Fillon sous l'autorité duquel la Miviludes est placée devra arbitrer.
La semaine dernière, Matignon a reçu un courrier, signé de Michele Alliot-Marie, réclamant aux service de François Fillon de bien "cadrer" l'action de la Miviludes, après que son président, fin janvier, a émis l'idée de proposer une nouvelle de la politique suivie par sa mission.
Plus qu'une nouvelle orientation, en réalité, Georges Fenech a surtout l'intention d'émettre une nouvelle liste sur le modèle de celle que la commission d'enquête parlementaire de 1995 avait établie et qui n'avait pas manqué de placer la France, au sein des instances internationales, commepourfendeuse de la liberté de conscience.
"Plutôt qu'à une liste en tant que telle, précise Georges Fenech, contacté hier soir alors qu'il rentrait d'une visite impromptue au siège de la communauté des Béatitudes, en Haute-Garonne, je réfléchisen effet à la mise en place d'un référentiel des mouvances et des pratiques témoignant de dérives sectaires."
Quitte à jouer sur les mots, en évitant le terme "liste" qui renvoie à une conception contestée en matière de lutte contre les dérives sectaires ? Fenech balaie d'un revers de main." je pense que ce référentiel est utile, pour les associations, les pouvoirs publics, les collectivités locales? C'est un outil qui, à mon sens, manque à ce jour" poursuit le président de la Miviludes, fort d'une phrase lâchée, il y a un an jour pour jour, sur le plateau de France 2, par françois Fillon lui-même, en pleine "polémique Mignon" sur les sectes.
"Le Sujet qui fâche"
"Le Premier ministre avait précisé que, dans le cadre de la lutte contre les dérives sectaires, le rôle de la Miviludes était aussi de remettre à jour les données concernant les mouvements déviant."
Place Beauvau, le fait d'éxhumer le principe même d'une "liste noire" ne passe pas. la politique de Michele Alliot-Marie en la matière s'inscrit dans la continuité d'une circulaire de 2005, établie par Jean-Pierre Raffarin, qui renonçait à l'établissement de listes, établies a priori, de mouvements susceptibles de commettre des dérives sectaires pour adopter une logique visant à qualifier juridiquement des faits pouvant constituer des infractions pénales.
La ministre de l'Intérieur, fait part, dans ce courrier, adressé à François Fillon, de son "étonnement" face à ce changement de cap de la part de la Miviludes, "sans concertation interministérielle préalable" et pointe sévèrement du doigt la démarche :atteinte à la liberté de conscience, retour en arrière, fragilisation de la France sur la scène Européenne et internationale, pointée du doigt, notamment, à chaque rapport du Département d'Etat américain , mais aussi de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), sur son intrangisance en matière de liberté religieuse. "La liste, c'est le sujet qui fâche" lâche un observateur averti. La polémique est relancée.
LILLE (AFP) — La cour d'appel de Douai a relaxé mardi un médecin, ex-membre de la secte Graal, condamné en première instance pour non-assistance à personne en danger après la mort, en 1997, d'une patiente cancéreuse traitée par homéopathie.
Gérard Guéniot, 62 ans, avait été condamné à deux ans de prison avec sursis et à l'interdiction définitive d'exercer, en juin 2006, par le tribunal correctionnel de Lille.
En appel, le parquet avait requis la confirmation de cette condamnation.
Craignant de suivre une chimiothérapie, Evelyne Marsaleix, une mère de deux enfants atteinte d'un cancer du sein, avait consulté deux médecins lillois, M. Guéniot et un confrère, Michel Saint-Omer, tous deux adeptes de médecine douce et anciens membres du Graal.
Ce mouvement, qui recommande notamment les thérapies parallèles plutôt que la médecine classique, avait été classé comme secte dans un rapport parlementaire de 1995.
Les médecins avaient notamment fait observer à leur patiente un jeûne de 21 jours et prescrit des soins à base de cataplasme d'argile ainsi qu'un traitement avec des gélules homéopathiques à base de gui. La malade était décédée en janvier 1997 à l'âge de 31 ans.
L'Association de défense des familles et de l'individu victimes de sectes (ADFI), qui s'était constituée partie civile, a vivement regretté mardi la relaxe du Dr Guéniot.
"On est triste. Les filles de Mme Marsaleix, aujourd'hui âgées de 18 et 15 ans, attendaient une condamnation", a indiqué à l'AFP la présidente de l'ADFI-Nord-Pas-de-Calais, Charline Delporte.
Pour l'un des avocats du médecin, François Jacquot, c'est "la fin d'une horreur judiciaire qui a duré 15 ans". Au cours des audiences, il avait plaidé que le médecin n'avait vu qu'une seule fois Mme Marsaleix, "22 mois avant sa mort".
Le Dr Saint-Omer, jugé aussi en juin 2006 pour le même chef, avait été condamné à deux ans de prison avec sursis. Il n'avait pas fait appel.
Le parquet général de Paris a requis vendredi le renvoi en correctionnelle de membres de l'Eglise de Scientologie accusés "d'escroquerie et d'exercice illégal de la médecine", a annoncé à l'AFP une source judiciaire.
L'arrêt de la cour d'appel devait être mis en délibéré dans la soirée à une date qui n'a pas été communiquée.
Au terme de 25 années de procédure, un juge d'instruction parisien avait rendu courant octobre 2007 une ordonnance de non-lieu général contre laquelle trois parties civiles avaient fait appel.
Depuis lors, deux d'entre elles, des personnes physiques, se sont désistées après avoir trouvé un accord avec l'Eglise de Scientologie.
L'Union nationale des associations de défense des familles et de l'individu (Unadefi) a en revanche maintenu son appel. "Il ne résulte pas de l'information (judiciaire, ndlr) (de) charge contre quiconque d'avoir commis les infractions visées", avait estimé le juge Jean-Christophe Hullin dans son ordonnance rendu le 12 octobre.
Dans ses réquisitions aux fins de non-lieu, rendues le 4 septembre 2006, le parquet avait également estimé que l'information judiciaire n'avait pas permis de mettre en évidence que les interlocuteurs des plaignants aient frauduleusement opéré des manoeuvres ou extorqué des fonds.
Ceci, selon le ministère public, "dans la mesure où elles-mêmes apparaissent avoir été convaincues de l'efficacité des prestations proposées et animées d'une foi authentique dans leurs démarches".
Pour le parquet général en revanche, l'Eglise de Scientologie apparaît dans ce dossier comme une entreprise commerciale exploitant la vulnérabilité des personnes, selon une source judiciaire.
Ouverte en 1989, cette enquête judiciaire visait les faits "d'escroquerie, d'extorsion de fonds et d'exercice illégal de la médecine".
Le plaignant à l'origine de cette procédure, Juan Esteban Cordero, un jeune pianiste aux parents fortunés avait versé en 1988 plus d'un million de francs (150.000 euros) à l'Eglise de Scientologie.
Vingt personnes, dont l'ancien président de l'Eglise de Scientologie Jean-Paul Chapellet, et de nombreux cadres de l'organisation, avaient été mis en examen dans ce dossier et deux autres entendues en tant que témoins assistés.
Religion. La Miviludes a entendu la communauté de Bonnecombe et s'est rendue au siège de Blagnac. Vendredi dernier, les membres de la communauté des Béatitudes de Bonnecombe se sont rendus à Toulouse. Ils ont été entendus par le président de la Miviludes (Mission interministérielles de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires), Georges Fenech et deux conseillers. Ont également été entendus Liliane Poinceau et Régis Léonard, conseillers municipaux d'opposition de Blagnac, Bernard Keller, maire de Blagnac, des familles de victimes supposées, et Mgr Legall, archevêque de Toulouse. Par ailleurs, Georges Fenech et ses conseillers se sont rendus au siège blagnacois national et international des Béatitudes où ils ont rencontré le modérateur général Françoic-Xavier Wallays, son adjoint et plusieurs membres. « J'ai initié une méthode qui est d'aller sur le terrain plutôt que de rester dans un bureau. Je me suis déjà déplacé à Dijon et en Guadeloupe et maintenant Toulouse. Nous avions reçu une vingtaine de plaintes ou de signalements, d'anciens membres ou de leurs familles, concernant les Béatitudes : agressions sexuelles, ruptures familiales, abandon de patrimoine pour travailler ensuite bénévolement, pratiques psycho spirituelles, confusion entre pratique religieuse de congrégation de vie consacrée alors qu'une demande de statut de congrégation est instruite par le bureau des cultes du ministère de l'Intérieur ».
Le préfet saisi
Georges Fenech explique : « J'ai saisi le préfet de Haute-Garonne pour vérifier le fonctionnement sur la légalité du travail bénévole, et pour qu'il demande où sont les filles d'un couple sans nouvelle d'elles. Je vais réunir le conseil qui m'entoure. Nous sommes au stade de la réflexion. Mais il faut une surveillance de la Miviludes », conclut Georges Fenech.
Pour leur part, Liliane Poinceau et Régis Léonard, vont demander au conseil municipal de Blagnac de revenir sur sa décision de mai 2008, de donner au préfet - dans le cadre de la demande des Béatitudes -, un avis favorable (à la majorité) au statut de congrégation et d'adopter un avis défavorable.
Bonnecombe : « Enfin nous ne sommes plus seuls! »
Naomi, Cyril et le père Jean-Baptiste, membre de la communauté des Béatitudes à Bonnecombe, privé de leurs droits communautaires, ont été entendus par la Miviludes. Voici leurs réactions après cette entrevue.
Naomi : « Le président de la Miviludes a pris au sérieux les dérives de la communauté des Béatitudes au point de se déplacer lui-même. C'est la première fois que je voyais d'autres victimes (présumées N.D.L.R.) de la communauté en dehors de l'affaire Pierre-Etienne. En entendant tous ces témoignages je constate que c'est toujours le même mode de fonctionnement qui s'est exercé dans les dérives ».
Cyrille : « Après tant d'année à la communauté, je suis enfin soulagé de voir que les pouvoirs publics se penchent sur les graves dérives en prenant en compte les éléments que nous avons pu leur apporter… Enfin nous ne sommes plus seuls ! »
Murielle (qui n'est pas membre mais réside à Bonnecombe et a accompagné Pierre-étienne Albert pour se dénoncer sur des agressions sexuelles) : « Ce dossier ''Béatitudes'' ne laisse pas indifférent. J'avais espéré que dans l'Église il y ait ce même intérêt, je reste déçue qu'un certain nombre de portes soient restées fermées alors que c'est à l'institution ecclésiale de se sentir la première concernée. Il serait temps que les autorités d'Église prennent les moyens de travailler avec les pouvoirs publics, afin que les victimes et les dénonciateurs des dérives n'aient pas à faire eux-mêmes leur travail. Il est fort dommageable que les autorités d'Église laissent au gouvernement français la gestion de leurs insuffisances ; elles devraient sortir de leurs réunions et venir sur le terrain comme l'a fait Mr Fénech qui lui, a montré de l'intérêt non seulement envers les souffrances des personnes, mais qui de plus agit ».
Père Jean-Baptiste Tison : J'ai apprécié la sollicitude de Mr Fénech qui s'est donné la pleine de se déplacer avec ses conseillers, prenant à cœur un dossier aussi lourd et complexe. Je pense qu'enfin nous allons pouvoir aller jusqu'au bout d'une terrible vérité qui ne fait que commencer à émerger ».
"Sous couvert thérapeutique, de nouvelles sectes se développent"
Le Progrès, 20 février 2009 par Michel Rivet-Paturel
[Texte intégral]
Georges Fenech est Président de la MILIVUDES (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires).
>> La Milivudes que vous présidez travaillerait sur une nouvelle classification des sectes ?
Nous menons actuellement une réflexion - et nous n’en sommes qu’à ce stade-là - sur l’utilité de disposer d’un outil général sur les pratiques condamnables, référençant tous les mouvements sectaires.
>> Une sorte de liste donc ?
Non il ne s’agit pas de dresser une liste dessinant le paysage sectaire comme en 1995 mais de créer un outil de travail. Les résultats de nos travaux seront soumis in fine au Premier ministre.
>> Accessible à tout le monde ?
Au service des pouvoirs publics mais aussi des citoyens naturellement.
>> Concrètement quelle sera la différence avec la liste de 1995 ?
Il ne s’agira pas d’une liste exhaustive de tous les mouvements pouvant être considérés comme sectaires mais de mettre en évidence les pratiques de certains mouvements qui peuvent être dangereuses pour la santé publique. Nous ne jetterons personne en pâture mais on explicitera à travers ce qui pourra être une sorte de tableau les difficultés et dangers rencontrés. Ainsi, le public pourra savoir les pratiques de tel ou tel mouvement.
>> Y a-t-il une stagnation ou une croissance du phénomène sectaire ?
Pas du tout de stagnation mais au contraire une prolifération avec des méthodes pseudo-thérapeutiques par des mouvements voire dans certains cas des charlatans seuls dans leur coin mais qui font des victimes.
>> Peut-on parler de nouvelles tendances ?
Il est manifeste que se développent depuis quelque temps ces approches sous couverts thérapeutiques, ce qui ne va pas sans inquiéter d’ailleurs le ministère de la Santé qui travaille lui aussi sur un outil de référence.
>> Peut-on évaluer le nombre de mouvements sectaires et leur nombre global d’adeptes ?
On reçoit beaucoup de signalements mais nous n’avons pas la capacité à faire de semblables évaluations. On peut tout de même citer quelques exemples : rien que pour la méthode Hamer, on estime qu’il y a au moins un millier de personnes qui la pratiquent.
L'idée que le monde est d'essence divine, véhiculée par des lycéens créationnistes, nourrit une contestation de plus en plus fréquente de l'enseignement de la théorie darwinienne de l'évolution, témoignent des professeurs de sciences de la vie et de la terre (SVT) et de philosophie, interrogés par l'AFP.
"Nous avons depuis 5-6 ans des retours du terrain qui indiquent une montée du créationnisme en France alors qu'auparavant, c'était exceptionnel", dit Annie Mamecier, doyenne du groupe des Sciences de la vie et de la terre à l'Inspection générale de l'Education nationale.
Le créationnisme rejette l'idée de l'évolution et postule que Dieu a crée l'univers en une semaine. Né chez les chrétiens au XIXe siècle, il a été relayé par les Témoins de Jéhovah et par des créationnistes islamistes depuis les années 1980. Mme Mamecier évalue "entre 5 et 10%" le nombre d'élèves qui expriment durant les cours ou sur leurs copies leur hostilité aux théories de Darwin et précise que "les élèves qui manifestent le plus sont d'origine musulmane". "Il y a deux types de réactions: des réactions plutôt isolées venant d'élèves qui ont été élevés dans une croyance religieuse et des réactions un peu plus organisées, qui se rapprochent du dessein organisé américain et viennent d'élèves relativement manipulés".
Sophie Mouge, professeure de SVT au lycée Jean-Jaurès à Montreuil, a essuyé deux contestations parmi les 31 élèves de sa classe, lors d'un cours sur l'évolution des végétaux. "Ca s'est traduit par de petits ricanements quand je parlais. Les élèves cherchaient à me tourner en dérision. Un élève m'a dit Non, non, dans le Coran, ça n'est pas écrit cela!", raconte la jeune femme.
Pour Jean-Baptiste de Panafieu, qui a passé plusieurs mois au lycée Jean-Jaurès dans le cadre d'un documentaire, ces élèves contestataires "puisent leurs informations sur internet, sur des sites créationnistes, antidarwiniens, comme le site du turc Harun Yahya". En janvier 2007, ce prédicateur avait envoyé massivement aux établissements scolaires l'Atlas de la Création, un livre développant au nom du Coran les thèses créationnistes.Le ministère de l'Education nationale avait riposté en organisant en novembre 2008 un colloque pour "donner aux enseignants des moyens de répondre aux attaques", rappelle Annie Mamecier. Mais pour Carole Diamant, professeure de philosophie au lycée Auguste Blanqui à Saint-Ouen et auteure de "Ecole terrain miné" (éditions Liana Levi, 2005), les "critiques" des élèves sont plus profondes et ont évolué depuis le début des années 2000."Quand j'ai écrit mon livre, en 2004, la critique était superficielle, spontanée et répétée. C'est quelque chose qui faisait référence à des prêches ou à une opinion religieuse entendue ici ou là", explique Carole Diamant. "Aujourd'hui, les enfants sont sûrs de leurs croyances. Ils restent sur leurs positions. Ils disent: +Allez-y, racontez-nous Darwin mais nous, on n'y croit pas!+". D'après Pierre Clément, professeur à l'université Lyon 1 et co-auteur d'une étude sur le créationnisme effectuée dans dix-neuf pays, la France compterait "2% de professeurs créationnistes", à comparer avec les "50% de profs créationnistes au Liban ou au Burkina Faso". Toutefois, "la France est le pays où il y a le moins de créationnistes radicaux", insiste Pierre Clément en ajoutant: "Il y a certes une pression du créationnisme mais la France résiste très bien."
Condamné à 5 ans de prison pour des agressions sexuelles commises sur une fillette de moins de 14 ans, Daniel Cormier est de retour en Cour pour subir son procès dans le dossier du viol présumé d'une autre fillette.
Les crimes maintenant reprochés à Daniel Cormier sont antérieurs à ceux qui ont entraîné sa condamnation. Il aurait agressé une autre enfant entre 1993 et 1995. La Couronne avait choisi, au début du précédent procès, de séparer les deux causes.
L'homme de 57 ans avait été reconnu coupable d'agression sexuelle le 15 octobre dernier. La preuve avait démontré que les agressions avaient duré quatre ans, alors que la fillette était âgée de 9 à 13 ans.
Daniel Cormier prétendait que les relations qu'il entretenait avec sa victime étaient légales, puisqu'il avait épousé la fillette alors qu'elle était âgée de 10 ans, lors d'une cérémonie bidon en 1999. La fillette fréquentait avec sa mère l'Église du Centre-Ville, fondée par M. Cormier.
13ème législature
Question N° : 32586 de M. Morel-A-L'Huissier Pierre ( Union pour un Mouvement Populaire - Lozère )QE Ministère interrogé : Intérieur, outre-mer et collectivités territoriales
Ministère attributaire : Intérieur, outre-mer et collectivités territoriales Question publiée au JO le : 14/10/2008 page : 8738
Réponse publiée au JO le : 24/02/2009 page : 1856
Rubrique : ministères et secrétariats d'État
Tête d'analyse : intérieur, outre-mer et collectivités territoriales : structures administratives
Analyse : service de renseignement intérieur. restructuration Texte de la QUESTION : M. Pierre Morel-A-L'Huissier attire l'attention de Mme la ministre de l'intérieur, de l'outre-mer et des collectivités territoriales sur la restructuration des services des renseignements généraux et de la direction de la surveillance du territoire. Il lui demande s'il est envisagé de créer un GIR-dérive sectaire dans chaque département.
Texte de la REPONSE : Les services de police et de gendarmerie sont de longue date mobilisés face aux risques sectaires. Au sein de la police nationale, le suivi de ce type de mouvements susceptibles de porter atteinte à l'ordre public est assuré par les services d'information générale de la sécurité publique tandis que la direction centrale du renseignement intérieur participe à la surveillance des organisations susceptibles d'attenter à la sécurité nationale. À Paris, ces dossiers relèvent de la direction du renseignement de la préfecture de police. La direction centrale de la police judiciaire, dont l'office central pour la répression des violences aux personnes dispose d'un groupe d'enquêtes sur les sectes, est pour sa part compétente concernant les pratiques d'endoctrinement constitutives d'infractions pénales. L'action de la gendarmerie en la matière repose notamment sur le service technique de recherche judiciaire et de documentation, qui analyse les dérives sectaires à partir du renseignement collecté localement, tandis que les enquêtes judiciaires sont conduites par les différentes unités. La police et la gendarmerie sont par ailleurs dotées d'un « référent secte » auprès de la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (MIVILUDES), rattachée au Premier ministre. Le ministre de l'intérieur, de l'outre-mer et des collectivités territoriales a décidé de relancer l'action des forces de sécurité dans ce domaine et d'adapter les méthodes face à des défis en constante évolution, liés à des formes d'action plus diffuses (formation, accompagnement personnel, activités paramédicales, etc.). Le ministre a donc réuni au mois de février 2008 les préfets, les directeurs généraux de la police et de la gendarmerie nationales et le préfet de police pour leur demander de faire preuve d'une vigilance et d'une mobilisation accrues en renforçant le travail d'observation, de renseignement et de signalement systématique, et rappelé toute l'attention dont les victimes doivent bénéficier. Le ministre a demandé à la police judiciaire de porter une attention particulière à ces questions afin que des poursuites judiciaires soient diligentées chaque fois que des agissements sont susceptibles de recevoir une qualification pénale. À cette fin, il a également décidé de mettre en oeuvre une approche décloisonnée de la lutte contre les dérives sectaires, sur le modèle des GIR, notamment afin de permettre la constatation d'infractions fiscales ou financières. Les différents services de l'État seront désormais mobilisés dans chaque département par les préfets, en liaison avec les procureurs de la République, pour joindre leur action à celle des forces de sécurité et appréhender le phénomène dans un cadre interministériel coordonné. À cet effet, une circulaire a été adressée le 25 février aux préfets, qui leur rappelle en particulier la rigueur juridique qui doit être apportée aux actions menées en la matière. Par ailleurs, le suivi des mouvements dont les agissements sont susceptibles d'entraîner l'ouverture de procédures judiciaires doit dorénavant faire l'objet d'une centralisation et d'un recoupement des informations entre les services de l'État concernés dans un groupe de travail restreint sur cette thématique, au sein des conseils départementaux de prévention de la délinquance, d'aide aux victimes et de lutte contre la drogue, les dérives sectaires et les violences faites aux femmes. Le ministre demande que ce groupe s'inspire, dans ses méthodes de travail, du fonctionnement des GIR. S'il n'est donc pas envisagé de créer à proprement parler des « GIR-dérives sectaires » dans chaque département, une dynamique nouvelle n'en est pas moins mise en oeuvre pour lutter contre ce type de dérives, avec des modes d'action innovants et largement inspirés de ceux des GIR.
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UMP 13 REP_PUB Languedoc-Roussillon O
13ème législature
Question N° : 33133 de M. Ciotti Éric ( Union pour un Mouvement Populaire - Alpes-Maritimes )QE
Ministère interrogé : Intérieur, outre-mer et collectivités territoriales Ministère attributaire : Intérieur, outre-mer et collectivités territoriales
Question publiée au JO le : 21/10/2008 page : 8953
Réponse publiée au JO le : 24/02/2009 page : 1856
Rubrique : ésotérisme
Tête d'analyse : sectes
Analyse : rapport. propositions Texte de la QUESTION : M. Éric Ciotti interroge Mme la ministre de l'intérieur, de l'outre-mer et des collectivités territoriales sur la proposition formulée dans le rapport intitulé « La justice face aux dérives sectaires » remis par M. Georges Fenech au Premier ministre consistant à instituer des « GIR-dérives sectaires » dans chaque département. Il lui demande de bien vouloir lui indiquer son sentiment sur cette proposition et le cas échéant les délais de mise en oeuvre de cette mesure. Texte de la REPONSE : même réponse que réponse précédente
L’incarcération de Michel Vitry, faux prêtre mais vrai gourou au Tampon, pour agressions sexuelles sur huit de ses « fidèles » remet sous les feux de l’actu, un an jour pour jour après l’ouverture du procès du Petit Lys d’Amour, les phénomènes sectaires et les manipulations mentales qu’ils drainent.
La Réunion abriterait moins d’une vingtaine de sectes et tout au plus 5 000 adeptes, selon une enquête qui date de… six ans. Comparé à la métropole (près de 200 sectes, 250 000 membres) l’île ne serait pas un pays de cocagne pour ces dérives criminelles.
C’est le discours que nous servent les autorités depuis toujours. Mais les moyens mis en place pour enrayer, contrôler ces groupuscules et surtout leurs leaders sont-ils suffisants ?
À cet égard, l’exemple de la Sainte-Famille est édifiant. Ce groupe de prière - c’est ainsi qu’il se définit ! - a pu prospérer pendant des années, se réunissant en de multiples endroits du sud de l’île, dans de pseudo-chapelles ou au pied de calvaires érigés par la communauté catholique. Et ce malgré les mises en garde de Mgr Aubry, les témoignages et plaintes répétés des voisins !
Chez nous, les gourous, créateurs de sectes, jouent essentiellement sur la peur et la guérison pour enfermer les disciples dans leurs délires. Axées sur la religiosité et non sur l’argent, exploitant largement le filon du surnaturel et de la crédulité, les sectes pei ne seraient donc pas plus dangereuses qu’ailleurs. A voir.
L’affaire Verbard hier et celle de la Sainte-Famille aujourd’hui nous ramènent à une réalité plus cruelle.
Si la pratique religieuse ne s’accompagne pas d’un approfondissement de la foi et des connaissances religieuses, l’embrigadement sectaire peut très vite arriver. En France (ce n’est pas le cas partout dans le monde), la liberté de penser et de croire est totale… tant qu’il n’y a pas atteinte à l’intégrité financière et physique. L’exemple de la Sainte-Famille rappelle les risques qu’il y a à sous-estimer des phénomènes qui, dans une société déstabilisée et en crise, ne peuvent que se multiplier.
QUIMPER, (AFP) - Quatre jeunes gens, défenseurs de "cultes païens anciens" et adeptes du rock "black métal", ont comparu jeudi devant le tribunal correctionnel de Quimper pour la destruction en série en 2007 d'édifices religieux en Bretagne, dont une chapelle du XVIè siècle.
Comparaissant libres et contestant appartenir aux mouvances néo-nazie ou satanique, les quatre jeunes, âgés de 23 à 28 ans, ont reconnu les destructions et dégradations, après de fortes consommations d'alcool, d'une douzaine de lieux de culte dans neuf communes finistériennes.
Parmi ces lieux, la chapelle de Loqueffret, inscrite au titre des monuments historiques depuis 1926, avait été incendiée en juin 2007. Une signature "TABM", soit "True Armorik Black Metal", avait été retrouvée sur les lieux ainsi que sur les sites de huit autres chapelles et calvaires victimes de dégradations dans le sud du département. En s'en prenant à des chapelles ou des calvaires, les quatre accusés ont expliqué en substance qu'ils voulaient montrer leur hostilité à la religion chrétienne, toute puissante à leurs yeux et à laquelle ils reprochent d'avoir fait disparaître des cultes païens plus anciens.
Vêtu d'un long manteau de cuir noir qu'il a quitté à l'audience, le principal auteur des dégradations, Benoît Hascoët, 23 ans, a expliqué avoir été élevé dans un milieu "très religieux et très strict".
Il a assuré ne pas avoir abandonné l'idéologie "anti-ecclésiastique" partagée par son groupe mais, en réponse à une question de la présidente Marie-Annick Rossignol, il a déclaré souhaiter désormais faire la promotion de ces cultes païens par "des moyens légaux". "Quel gâchis que la destruction d'éléments forts d'un peuple attaché à ses racines et à ses traditions", a affirmé le vice-procureur de la République Jean-Yves Goueffon. Soulignant qu'une chapelle du XVIe siècle était à jamais détruite, il a estimé que ces jeunes gens étaient "doublement coupables d'avoir bafoué l'histoire et le bien commun". "Les convictions sont là, mais on ne peut pas juger sur ces convictions, qu'elles soient fondées ou non", a prévenu Me Sophie Ouvrans, l'avocate de Hascoët en demandant que la peine prononcée à l'encontre de son client ne dépasse pas les 10 mois d'incarcération effectués en préventive. Des peines allant de 9 mois de prison avec sursis à 3 ans dont 18 mois avec sursis pour Benoît Hascoët ont été requises. Le jugement a été mis en délibéré au 26 mars.