Actualités sur les sectes en décembre 2007

Scientologie Gulli trompé par la Scientologie
Religions Une enquête sur les fortunes des richissimes télévangélistes
Témoins de Jéhovah Accommodements raisonnables, les Témoins de Jéhovah surreprésentés
Scientologie La Scientologie jugée "inconstitutionnelle" par le ministre allemande l'Intérieur
Sectes La MIVILUDES alerte les entreprises sur le risque sectaire
Sectes Les entreprises, terrain de chasse privilégié pour les sectes
Sectes Les sectes dans les entreprises
Sectes Entreprises : comment échapper aux sectes
Sectes Entreprises - attention au risque sectaire
Formation Evitez les pièges des stages de perfectionnement personnel
Sectes Protéger l'enfance de l'emprise sectaire
Soins Psy Chez les psys le casse-tête de l'amendement Accoyer

(*) Articles et documents qui, compte tenu de leur taille, ne sont pas ci-dessous, mais sur une page particulière ou sur le Web


France : Scientologie

Gulli trompé par la Scientologie

France info, 5 décembre 2007

http://www.france-info.com/spip.php?article47595&theme=9&sous_theme=12#

[Texte intégral]

La chaîne pour enfants sur le câble a diffusé à son insu une série de vidéos d’une association parrainée par l’église de Scientologie. C’est une révélation France Info, ce matin.
            Le point avec Matthieu Aron  (1'27")

Une chaine de télévision pour la jeunesse, la chaine Gulli, et un réseau de salles de cinéma, UGC, ont diffusé il y a une dizaine de jours une série de clips vidéo réalisés par une association parrainée par l’église de Scientologie. Cette association américaine s’appelle Des jeunes pour les droits de l’Homme est parrainée par l’église et sa représentante en France n’est autre que la porte-parole de l’église de Scientologie à Paris.

Human Right 2
envoyé par
Mumuse

Les clips sont en fait une déclinaison de la déclaration universelle des droits de l’Homme et ne présentent rien de choquant. Mais la présence de la secte de manière peu explicite sur une chaîne pour enfants fait tout de même débat.
            Ecoutez, la réaction du président de la mission interministerielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, le préfet Jean Michel Roulet  (0'41")

D’ailleurs, Gulli comme UGC ignoraient totalement les liens existant entre l’association "Des jeunes pour les droits de l’homme" et l’église de Scientologie. Une fois alertés, ils ont aussitôt cessé la diffusion des vidéos. Il semblerait que d’autres chaines de télévision diffuseraient aussi ces clips vidéo.
http://www.france-info.com/spip.php?article47595&theme=9&sous_theme=12 .


Etats-Unis : Religions

Une enquête sur les fortunes des richissimes télévangélistes

DIA, 5 décembre 2007

DIA » Eglise et communauté réligieuses

Washington,  - (D.I.A.)– Plusieurs richissimes télévangélistes américains sont sous la loupe de la Commission des finances du Sénat à Washington. Une enquête a été lancée pour examiner les comptes de six influents prédicateurs protestants: Kenneth Copeland, Benny Hinn, Joyce Meyer, Creflo Dollar, Paula White et l'évêque Eddie Long.

Des plaintes sont venues du public concernant les salaires de magnats que ces pasteurs s'octroient, leur résidence luxueuse, l'usage d'avions privés et de  Rolls Royce. Ils appartiennent tous à une faction évangélique charismatique se réclamant de l'"Evangile de la prospérité".

Kenneth Copeland et sa femme Gloria, par exemple, sont à la tête d'un empire multimillionnaire, "Kenneth Copeland ministries", avec de nombreux médias, allant de la télévision aux magazines en passant par internet. (Cf. www.kcm.org/media). Il diffuse quotidiennement l'émission  "Believers Voice of Victory". Copeland possède trois avions, mais son "Eglise" en a encore d'autres.

Au mois de novembre 2007,  le sénateur de l'Iowa Charles Grassley,  une personnalité républicaine de premier plan au sein de la Commission des finances du Sénat, qu'il préside depuis 2003, a annoncé le lancement d'une enquête sur ces prédicateurs pleins aux as. Grassley leur a envoyé à chacun une lettre leur demandant des détails sur leurs achats, les cadeaux qu'ils ont reçus et les "love offerings", les "offrandes d’amour" venant de leurs fidèles. Il exige une réponse pour le 6 décembre 2007 afin de lancer une investigation sur une éventuelle gestion financière frauduleuse de la part de ces ministres du culte exempts de taxes.

- Les Eglises doivent se soumettre comme tout le monde aux lois fiscales

Charles Grassley a déclaré au quotidien "Des Moines Register", en Iowa, que la religion n'est pas la question derrière cette enquête. "Les Eglises ne sont en rien différentes de n'importe quelle autre organisation sans but lucratif et elles doivent se soumettre aux mêmes lois fiscales". Les six télévangélistes ont tous été accusés de mener un style de vie extravagant, en prêchant l'"Evangile de la prospérité", en vendant la parole de Dieu comme un produit commercial.

Cette théologie est basée sur une vague interprétation de passages bibliques suggérant que Dieu pourvoira les croyants de biens matériels, comme dans le chapitre 8, verset 18 du Deutéronome. Le sénateur Charles Grassley, sur la base de données fournies par la Trinity Foundation, une fondation basée à Dallas qui rassemble des informations sur les télévangélistes (Cf. www.trinityfi.org), révèle que des personnes sont désormais sans domicile pour avoir donné jusqu'à leur dernier dollar à ces télévangélistes richissimes.

Selon Ole Anthony, président de la Trinity Foundation – qui donne des informations sur la corruption dans les milieux du télévangélisme – un pourcentage significatif de ceux que sa fondation aide ont tout dépensé dans cette "loterie céleste". Pour se défendre, les télévangélistes visés sortent l'arme de la "persécution religieuse" par le gouvernement et affirment que personne n'a le droit de questionner "ce qu'ils font au nom de Dieu".

 "En raison de leur célébrité et de leur argent, ils commencent à croire qu'ils sont des êtres particuliers. Si vous écoutez leur programme, c'est comme s'ils avaient eux-mêmes une discussion personnelle avec Dieu 8 à 10 heures par jour",  relève Ole Anthony, qui pourfend ces zélateurs de "l'Evangile de la prospérité".

 A une année des élections présidentielles américaines, alors que plus d'un candidat aime à apparaître en compagnie de ces télévangélistes influents, l'aura de cette "droite chrétienne" est en train de diminuer. (APIC)


Canada : Témoins de Jéhovah

Accommodements raisonnables, les Témoins de Jéhovah surreprésentés

Le Soleil, 7 décembre 2007 par Simon Boivin

[Texte intégral]

Même s’ils sont peu nombreux, les témoins de Jéhovah sont parmi les demandeurs d’accommodements religieux les plus actifs auprès des écoles du Québec.

Québec a rendu public, jeudi, le rapport du comité Fleury sur l’intégration et l’accommodement raisonnable, ratifié par 22 signataires. Les directions de 351 écoles ont été sondées pour en savoir plus sur les demandes liées à des motifs religieux.

Les chrétiens sont près de six millions au Québec. Au total, cette catégorie de croyants a fait au moins une demande d’accommodement dans 197 écoles. Les témoins de Jéhovah, qui regroupent à peine 29 000 fidèles, ont fait de même dans 152 établissements.

«Si l’on tient compte du poids relatif des confessions religieuses dans la population totale du Québec, on observe que les témoins de Jéhovah sont très fortement surreprésentés», note le rapport.

Les musulmans ont fait au moins une demande dans 153 écoles, mais sont presque quatre fois plus nombreux que les témoins de Jéhovah. Les Juifs se sont manifestés dans 62 institutions primaires ou secondaires.

Notons que les données ne reflètent pas la quantité de demandes d’accommodement d’un groupe, mais bien le nombre d’établissements où au moins une requête a été étudiée.

«Rôle conseil»

Le comité a été mis sur pied dans la foulée du jugement de la Cour suprême sur le port du kirpan à l’école. Son mandat était de définir et de baliser les accommodements afin de guider les dirigeants d’institutions primaires et secondaires confrontés à certaines demandes. Une équipe ministérielle sera aussi mise sur pied en février prochain pour accompagner et jouer un «rôle conseil» auprès des institutions qui le désirent.

«Ce que nous proposons, c’est de rappeler que l’école publique, c’est une école laïque, a indiqué Bergman Fleury. Nous n’avons pas jugé important de proposer une liste d’interdits à l’école, mais des balises qui permettent de prendre des décisions en faisant confiance au jugement des directions d’école.»

Au cas par cas

La plupart des demandes devront être évaluées au cas par cas selon la situation de chaque enfant. Cela pourrait donner lieu à des décisions différentes d’une commission scolaire à une autre, convient la ministre de l’Éducation, Michelle Courchesne. Et rien n’empêchera les mécontents d’emprunter la voie des tribunaux.

Les requêtes des différentes confessions ont souvent trait à des absences lors de fêtes religieuses ou une exemption pour certaines activités.

Les balises tracées par le rapport Fleury ne sont pas de nature à interdire des accommodements qui existent présentement. En fait, le tout apparaît plutôt sous contrôle à la ministre Courchesne. «Les constats nous disent qu’il n’y a pas de situation très alarmiste au moment où l’on se parle», dit-elle.


Allemagne : Scientologie

La Scientologie jugée "inconstitutionnelle" par le ministre allemande l'Intérieur

AP, 9 décembre 2007

[Texte intégral]

Le ministre allemand de l'Intérieur Wolfgang Schäuble (chrétien-démocrate) affirme dimanche que l'Eglise de scientologie est "inconstitutionnelle" et que le mouvement pourrait être interdit dans le pays.

"La Scientologie est une organisation anticonstitutionnelle", affirme le ministre dans un entretien au quotidien populaire "Bild". Cette déclaration intervient au lendemain de la décision des ministres de l'Intérieur des 16 Bundesländer en faveur d'une interdiction de l'Eglise.Selon Wolfgang Schäuble, l'organisation limite "les droits humains essentiels et basiques comme la dignité de l'homme ou le droit à l'égalité de traitement".

Il explique que les différents agences du renseignement intérieur devront poursuivre leurs travaux et envisager "les prochaines étapes".Pour la présidente de l'Eglise de scientologie de Berlin, Sabine Weber, cette position est absurde et fondée sur une vision biaisée des pratiques scientologues. "De mon point de vue, ce n'est pas la Scientologie qui viole la constitution, mais les ministres de l'Intérieur eux-mêmes. En tentant d'interdire notre organisation, ils violent nos droits constitutionnels."

L'Eglise de scientologie, qui compterait quelque 6.000 adeptes en Allemagne, est surveillée de près par les autorités allemandes depuis une dizaine d'années.


France : Sectes

La MIVILUDES alerte les entreprises sur le risque sectaire

AFP, 13 décembre 2007 par Chantal Vallette

[Texte intégral]

PARIS - L'entreprise n'est pas à l'abri du risque sectaire, qui peut influer sur les ressources humaines, la sécurité des fichiers, la gouvernance elle-même, estime la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) qui vient de publier un guide sur le sujet.

Selon le président de la Miviludes, Jean-Michel Roulet, la réalisation d'un tel guide pratique s'est "imposé" quand il est devenu évident que les sectes délaissaient le prosélytisme auprès des individus pour s'intéresser aux secteurs économiques. Par le biais des métiers de conseil, de formation, d'assistance et de "reconstruction" psychologique, les mouvements à caractère sectaire En outre, la mise en état de sujétion (ou emprise sur l'individu) peut devenir un risque pour le bon fonctionnement de l'entreprise.

Autrement dit, les entreprises risquent de contribuer au financement des sectes et aussi d'être déstabilisées par leur influence.

Au printemps 2007, la Miviludes a adressé un questionnaire à une série d'entreprises et d'organisations professionnelles et consulaires sur la perception du risque sectaire. Certains ont répondu d'emblée "ça ne peut pas nous arriver" avant de constater que le risque existait.

Progressivement, les entreprises, en se concentrant sur leur coeur de métier, rétrécissent et externalisent de plus en plus de prestations, multipliant ainsi les points d'entrée possibles des mouvements sectaires dans
leur structure. Leur activité touche à la fois les personnes (vente de livres, stages, produits) et les entreprises elles-même (fourniture de logiciels, services de maintenance) au point quelquefois d'influencer la stratégie et la prise de décision.

Le vice-président du Club des directeurs de sécurité des entreprises (CDSE), Hervé Pierre, souligne lui aussi que l'externalisation a multiplié les risques pour la sécurité des entreprises.
"
Il est devenu plus difficile de maîtriser tous les risques au fur et à mesure que l'entreprise fait appel à des sociétés multiples, en France et à l'étranger", a-t-il confié à l'AFP, soulignant que "toutes les grandes entreprises françaises ont été confrontées au moins une fois" à un risque provoqué par une dérive sectaire.
Il insiste ainsi sur l'importance de mieux chercher à "savoir à qui on a affaire", sans toutefois tomber dans l'excès consistant à voir des sectes partout, et à tomber dans la discrimination, ajoute-t-il en substance.

Déjà en 2006, dans son rapport intitulé "Intelligence économique, risques financiers et stratégiques", le Conseil économique et social mettait en avant "le besoin de protection contre la désinformation et les dérives sectaires" et estimait que le risque d'infiltration de l'entreprise dans des points stratégiques devait "être pris au sérieux". Il relevait aussi que le monde économique était visé par les mouvements à caractère sectaire comme étant le plus susceptible de satisfaire leurs importants besoins de financement.

La liberté de croyance et le droit d'association sont des droits fondamentaux, rappelle la Miviludes. "En revanche, souligne-t-elle, peut être incriminante la manière dont certaines associations exploitent le créneau
associatif (...) pour porter atteinte à la sécurité des personnes et des entreprises"
. Elle considère que le risque sectaire est "une préoccupation à intégrer dans la sécurité de l'entreprise".


France : Sectes

Les entreprises, terrain de chasse privilégié pour les sectes

Europe 1, 13 décembre 2007

[Texte intégral]

La mission interministérielle de lutte et de vigilance contre les dérives sectaires publie jeudi un guide destiné en priorité aux entreprises. Car elles sont de plus en plus nombreuses à demander de l'aide pour savoir si elles sont infiltrées par des sectes. Certains mouvements sectaires se font notamment passer pour des spécialistes de la formation professionnelle pour mieux se rapprocher des salariés.

Sur le papier, il s'agit de "coaching", de "développement personnel". Derrière ces discours, présentés et vendus aux entreprises comme de la formation professionnelle, peuvent se cacher des sectes. La mission interministérielle de lutte et de vigilance contre les dérives sectaires, la Miviludes, a été contactée plusieurs centaines de fois par des entreprises dont les salariés ont tiré la sonnette d'alarme après des formations au contenu plutôt étrange. Petites mais aussi grandes voire très grandes entreprises sont concernées par cette menace sectaire.

"Quand vous respirez mieux par la narine droite, c'est ce que le cerveau gauche fonctionne mieux" : ce cadre d'une grande banque a contacté son délégué syndical après un stage de formation sur la "dynamique professionnelle". Car au fil des jours de la formation, le propos s'éloignait de plus en plus des méthodes de management classiques. Mais il est parfois difficile de faire la distinction entre des cours de motivation un peu originaux et un discours volontairement orienté.

Pour être alerté quand il le faut, la Milivudes publie jeudi un guide destiné spécialement aux entreprises et intitulé "L'entreprise face au risque sectaire". Car la formation professionnelle en entreprise est un filon doublement payant pour les sectes : rémunérées pour donner des conseils, elles ont aussi la possibilité d'entrer en contact avec de possibles futurs adeptes.

Pour en savoir plus : le site de la Milivudes


France : Sectes

Les sectes dans les entreprises

TF1, 14 décembre 2007

[Texte intégral]

http://tf1.lci.fr/infos/jt-tf1/societe/0,,3652183,00-entreprise-terrain-chasse-pour-sectes-.html

 Les sectes dans les entreprises 

  Témoignage - Un guide sur les risques de dérives sectaires en entreprise vient d'être publié. Un glissement de l'activité des sectes vers le monde de l'entreprise est observé depuis deux ans.
Un employé d'une grande entreprise touché par le phénomène témoigne.
Maud DESCAMPS -


Même sur leur lieu de travail, les employés ne sont plus à l'abri  des sectes. La Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) vient de publier un guide sur le sujet à destination des entreprises, des administrations et des organisations professionnelles.

Au cours des deux dernières années, la mission interministérielle a constaté un glissement de l'activité des sectes vers la formation, le conseil, l'assistance psychologique et plus généralement vers le monde de l'entreprise. Elle considère, aujourd'hui, que le risque sectaire est "une préoccupation à intégrer dans la sécurité de l'entreprise".

L'externalisation multiplie les risques

Au printemps 2007, la Miviludes avait adressé un questionnaire à une série d'entreprises sur la perception du risque sectaire. Certains avaient répondu d'emblée "ça ne peut pas nous arriver" avant de constater que le risque existait. L'externalisation grandissante des prestations multiplie les points d'entrée possibles pour les mouvements sectaires dans les structures professionnelles.

Un phénomène dont a fait l'expérience un ancien cadre supérieur dans une grande entreprise. Il y  a suivi, entre 2000 et 2003, une série de séminaires censés améliorer la cohésion du comité de direction dont il faisait partie. Jeux dégradants, questions sur les pratiques sexuelles ou encore séances d'introspection étaient étrangement pratiqués pendant ces "formations". Ce n'est qu'au bout de trois années qu'il a enfin pu alerter sa direction générale, sachant qu'il serait renvoyé du comité de direction dont il était membre.


France : Sectes

Entreprises : comment échapper aux sectes

Les Echos, 14 décembre 2007 par Carine Fouteau

[Texte intégral]

« Démultiplication des risques » dans les entreprises : la mission interministérielle de lutte et de vigilance contre les dérives sectaires (Miviludes) tire la sonnette d'alarme sur un phénomène méconnu donnant lieu à plus de fantasmes que d'actions préventives : l'infiltration des sectes dans le monde économique. Comment les détecter et comment s'en débarrasser ? Pour répondre à ces questions, la mission a présenté, hier, un guide à l'usage des dirigeants d'entreprise, des DRH et de relais comme les chambres consulaires et les organisations syndicales et patronales (*). « En interrogeant nombre d'acteurs de la vie économique, nous nous sommes rendu compte du manque d'information », indique Henri-Pierre Debord, conseiller auprès de la mission. Bien ancrés, les clichés contribuent à sous-estimer le problème : les adeptes, peut-on lire dans le guide, ne sont pas forcément « des personnes désespérées, hallucinées ou simplement fragiles qui se livrent à toutes sortes de rituels étranges ». Ils auraient plutôt le profil de « l'ingénieur type Polytechnique ou Centrale ou du parapsy de haut niveau », note-t-il.

Selon la mission, le risque est grandissant car les sectes, pour assouvir leurs besoins de financement, ont intérêt à investir le secteur économique, plus lucratif que les individus et leurs familles. Elles peuvent, par ailleurs, tirer profit du développement de l'externalisation et des partenariats, en se nichant dans ces interstices. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si leurs domaines de prédilection sont la formation professionnelle, les métiers de la sécurité, les professions du conseil et de l'audit et les chantiers liés aux systèmes informatisés.

Pour combattre ces mouvances, encore faut-il les identifier, ce qui n'est pas aisé puisqu'il n'existe pas de définition juridique du mot secte. Aussi la mission, considérant que l'emprise sectaire consiste en une « mise en état de sujétion », fournit-elle une liste de critères, parmi lesquels : la déstabilisation mentale, détectable aux changements « brutaux » de comportement, au prosélytisme « agressif » ou encore au rejet du monde extérieur ; des exigences financières « exorbitantes » ; des discours « antisociaux » ; des démêlés judiciaires ; ou encore des atteintes à l'intégrité physique.

Actes malveillants
Que faire une fois le risque identifié ? La liberté des croyances, des cultes, des rites et des pratiques propres à chacun étant garantie, l'entreprise ne peut se retourner contre une conviction, mais contre un comportement. Qu'il se réfère au New Age, à des concepts apocalyptiques ou à des techniques psychologisantes, le groupe sectaire « comprend la réalisation d'actes malveillants très préjudiciables pour l'entreprise », tels que la distorsion des processus de décision, la prise illégale d'intérêt, le non-respect de principes du droit des affaires et le conflit d'intérêt entre la gouvernance et la prestation de services externalisés. C'est sur ce terrain-là et lui seul que les sectes apparaissent attaquables, selon la mission.


France : Sectes

Entreprises - attention au risque sectaire

France Soir, 14 décembre 2007 par Isabelle Horlans
[Texte intégral]

Stage d’optimisation des performances, séance de développement du mieux-être ou de croissance personnelle, les patrons raffolent des séminaires qui augmentent le rendement de leurs cadres. Mais gare à l’entrisme sectaire !

Le phénomène n’est pas nouveau : l’infiltration du monde de l’entreprise par des gourous préoccupe depuis vingt ans les associations de lutte contre les sectes – la plus connue, l’Unadfi, tirait déjà la sonnette d’alarme au début des années 90. Plus préoccupant, l’accroissement du nombre d’organismes de formation continue qui proposent leurs services et finissent par embobiner des salariés. Profitant d’un rapport de sujétion, le formateur peut transformer un cadre mou du genou en adepte épanoui qui fera du prosélytisme dans sa boîte.

La Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) publie un guide à destination des acteurs de la vie économique (1).

Esotérisme, new age, tout est bon

La montée du chômage, la concurrence effrénée au bureau, la rentabilité exigée, la perte de confiance en soi et l’émergence de services novateurs ont boosté la formation professionnelle, un juteux marché. Les organismes, qui bénéficient du laxisme de l’administration, incapable de contrôler le sérieux de leurs activités, se partagent une manne de 22 milliards d’euros chaque année. Coup double pour les sectes qui apprécient l’argent vite gagné et les nouveaux membres.

D’où l’apparition d’intervenants du troisième type qui, sous prétexte d’améliorer vos performances au boulot, proposent des ersatz de séances psychanalytiques ou ésotériques, des méthodes new age et des questionnaires psychologiques destinés à révéler vos faiblesses. Les structures piégées – multinationales, PME, chambres de commerce… – pour avoir souhaité améliorer la « self-réalisation » de leur personnel sont de plus en plus nombreuses.

Se poser les bonnes questions

Saisie de plaintes et de signalements, la Miviludes a déjà recensé des charlatans mais, en vertu du respect des libertés fondamentales, elle n’a pas le droit d’en publier la liste. Elle peut cependant renseigner le DRH qui s’interroge sur une offre de service . Le guide invite à se poser les questions idoines : quels sont les thèmes de prédilection du groupe ? Se considère-t-il comme une élite ? Utilise-t-il son propre jargon ? Le temps de sommeil et le mode alimentaire sont-ils modifiés ? Les douze thèmes détaillés dans l’ouvrage doivent permettre aux stagiaires de savoir s’ils risquent l’endoctrinement et, le cas échéant, d’alerter leur hiérarchie.

(1) L’Entreprise face au risque sectaire, éd. Documentation française, 18 euros.


France : Formation

Evitez les pièges des stages de perfectionnement personnel

L'Expansion, 20 décembre 2007

[Texte intégral]

« Mieux gérer ses émotions », « Apprivoiser son stress », « Etablir des relations positives »... autant d'intitulés de formation a priori attractifs. Prenez la peine de valider 5 points-clefs avant de vous lancer.

« Mieux gérer ses émotions », « Apprivoiser son stress » ou encore « Etablir des relations positives »... autant d’intitulés de stages de développement personnel qui connaissent un franc succès auprès des cadres soucieux d’améliorer leur relationnel. Oui, mais voilà : cette catégorie de stages courts fait partie des formations « à risque élevé de déception potentielle». Afin d’y voir un peu plus clair au milieu de la pléthore de formations proposées, voici 5 points-clefs à vérifier avant de se lancer.

1 - Lisez attentivement la brochure

L’objectif est de détecter ce qui entre dans le domaine du développement personnel… ou du délire d’un gourou. « Apprendre à établir des relations positives » et « Trouver son karma » sont deux stages aux finalités bien distinctes ! « Un langage trop ésotérique doit donner l’alerte » note l’auteur et journaliste Martine Doriac. Idem pour des horaires ne s’inscrivant pas dans le cadre légal ». A bannir, donc, tous les stages cosmiques au cœur d’un cadre champêtre ayant lieu le week-end.

2- Entrez en contact téléphonique avec l’animateur

« Un même stage proposé par le même organisme peut être plus ou moins bon suivant l’intervenant » prévient Jacques Soyer, ancien responsable de formation. Je conseille donc d’entrer en contact assez vite avec cet animateur afin de lui poser quelques questions, même par téléphone, de type « Quel est l’objectif du stage ? », « Que saurai-je faire après ces 3 jours ? ». A la clarté de ses réponses, vous sentirez assez vite si vous avez affaire à quelqu’un de sérieux ou pas ».

3- Méfiez-vous des modes

Les spécialistes interrogés dans cet article

- Martine Doriac est l’auteur du « Guide des organismes de formation continue » (Editions du Management, 2007).
- Jacques Soyer est co-auteur avec Sylvie Faisandier de l’ouvrage « Fonction formation » (Editions d’Organisation, 2007).
A moins d’avoir du temps et de l’argent à perdre en expérimentations, mieux vaut opter pour la valeur sûre en se tournant vers des stages qui existent depuis un certain nombre d’années. Les intitulés et le contenu du stage seront certes plus classiques, mais le concept solide. « Il y a encore dix ans, on a assisté à une vague de formations dites de « mise en danger » où l’on grimpait sur les tables avant d’attaquer un parcours de paint ball en forêt » souligne Martine Doriac. L’efficacité de ces méthodes n’a jamais été prouvée ».

4- Renseignez-vous sur les participants

Le profil des autres stagiaires est un point important à connaître. Imaginez un informaticien se retrouvant isolé au milieu d’un groupe de commerciaux pour un stage de motivation…

5- Misez sur le moyen terme

Un cours de développement personnel ne porte pas ses fruits en 48 h, d’où l’intérêt, pour ce type de stages, d’être enseigné sous forme de modules répartis dans le temps. « Il existe une tendance actuelle, que je trouve très bénéfique, qui consiste à étaler les 3 jours de formation en deux ou trois sessions séparées d’au moins deux semaines » souligne Martien Doriac. En développement personnel, on travaille sur la durée. Prendre du recul est indispensable ». 


France : Sectes

Protéger l'enfance de l'emprise sectaire

Ouest-France, 22 décembre 2007

[Texte intégral]

Jean-Yves Radigois, directeur de l'action sociale (CCAS) de Pontivy, est doctorant à la faculté d'éducation de l'université de Sherbrooke au Québec et à l'institut de psychologie et sociologie appliquée de l'université catholique de l'ouest, à Angers. Ses travaux portent sur l'évaluation sociale de risques de négligence ou maltraitances d'enfants dans des groupes à dérive sectaire. Il a déjà publié de nombreux articles scientifiques et est intervenu à maintes reprises dans des commissions internationales. Il nous a accordé cet entretien.

- Quel est l'objet de vos travaux ?

« Mon travail est axé sur le champ de l'action sociale. Il vise à la protection de l'enfance face à des abus considérés comme sectaires. La plupart du temps ces abus sont générés par la sujétion des parents à un groupe d'influence à caractère sectaire. Les parents appliquent alors les consignes du chef de ce groupe. Il peut en résulter toutes sortes de dérives dommageables aux enfants, parfois désastreuses. Ces dommages engendrent la plupart du temps un renfermement de l'enfant et un comportement anormal. Toutefois, ces troubles du comportement peuvent avoir une tout autre origine. »

- Qui risque d'être assujetti à une emprise sectaire ?

80 % des gens ont vécu un deuil réel ou symbolique, c'est-à-dire une rupture affective, une perte d'emploi et, en définitive, de repères. La pression sociale, la perte de sens, le manque de perspectives sont aussi des facteurs de risque. Les principales victimes sont des personnes intelligentes et cultivées. En tout cas, ce ne sont jamais des personnes égoïstes ou psychiquement instables.

- Comment succombe-t-on à cette emprise ?

Les personnes ne font pas une démarche volontaire. Ce sont les groupes qui opèrent. Dans un premier temps, ils repèrent les gens déboussolés, fragilisés. Ensuite, ils bombardent la personne d'amour, ils flattent : « On vous attendait pour... Vous aller changer... », on prêche de beaux sentiments. Il faut savoir que nous avons tous besoin d'accorder notre confiance à quelqu'un. La stratégie des groupes sectaires se nourrit de ce besoin vital. Une fois la dépendance acquise, le groupe exerce son jeu d'influence.

On parle alors d'addiction dogmatique. La personne sous influence se soumet à ce diktat. Elle consent à son enfermement. S'il s'agit de parents, ils peuvent entraîner les enfants dans cette sujétion au groupe et toutes les dérives sont possibles en terme de négligence ou/et maltraitance. »

- Comment repérer ces groupes d'influence ?

Je n'emploie pas volontairement le terme de secte parce qu'il est parfois galvaudé. Les comportements atypiques ou discrets de groupes ne signifient pas qu'ils soient des sectes, bien au contraire. Il y a souvent là, une confusion. Je préfère parler de comportements sectaires. Ces groupes d'influence à caractère sectaire ont toutes les configurations, grandes ou petites. Ils peuvent se cacher dans des formations, chez des pseudo-psychothérapeutes et autres. Ils s'infiltrent ou ont pignon sur rue.


France : Soins Psy

Chez les psys le casse-tête de l'amendement Accoyer

Libération, 27 décembre 2007 par Eric Favereau

[Texte intégral]

Santé. Censé réglementer la profession, le texte de 2004 rajoute de la confusion.

 Et c’est reparti. L’année 2008 sera à nouveau une année… Accoyer, du nom certes du président de l’Assemblée nationale mais surtout de l’auteur d’un amendement vieux de trois ans, autour de la psychothérapie. Un amendement qui a provoqué une ébullition chez les fils de Sigmund Freud comme rarement l’histoire en a connu. En accord avec le président de l’Assemblée, la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, a en effet décidé de boucler le dossier. Se donnant pour tâche de sortir «rapidement» des décrets d’application de l’article 52 de la loi du 9 août 2004.

Un bien beau défi… Car comment régler une aventure législative absolument confuse ? Tentons quelques repères.

En 2004, simple député de Haute-Savoie, le bon docteur Accoyer s’est donc découvert un combat : il a voulu «en finir avec les escrocs de l’âme qui s’autoproclament psychothérapeutes, qui installent leur plaque en bas de chez eux, et trompent les malheureux». Louable intention, mais notre député a manqué un peu de finesse dans sa démarche. Et cette lourdeur initiale a été fortement relayée, ensuite, par les différents ministres de la Santé qui ont eu à traiter la question, de Jean-François Mattei à Philippe Douste-Blazy, puis Xavier Bertrand. Tous ont sorti leurs gros sabots, bousculant sans ménagement des questions éternelles. Fallait-il par exemple inclure les psychanalystes dans le terme de psychothérapeute ? Avec le risque que les fils de Freud, par nature rebelles à l’Etat, se révoltent . Ensuite, comment définir une formation minimum ? Etait-ce à l’université de le faire, ou fallait-il faire confiance aux instituts privés ? Comment, de plus, ne pas se laisser emporter par des conflits entre une psychologie très biologisante et une autre, centrée autour de la parole ? A cela s’ajoutait un contexte tendu autour de la problématique de l’évaluation. La vie, le sens de la vie, peut-il ainsi s’évaluer ? Qui peut parler à la place de l’autre ?

Guerres intestines. Bref, ce n’était pas simple. Et le résultat a été à la hauteur de la tâche : totalement confus. Et violent. D’abord, c’est le milieu psychanalytique qui est monté au créneau, hurlant au scandale, «l’Etat voulant légiférer leurs pratiques rebelles». Ensuite, les différentes écoles de psychothérapie se sont écharpées sur la longueur et le contenu des études imposées. Après de nombreux colloques, guerres intestines et débats, un article de la loi a été voté, puis remodelé, puis revoté. Et au final… une mauvaise loi en 2004. «Mais voilà, le texte voté est inapplicable, car il est absolument contradictoire», a remarqué aussitôt le sénateur socialiste Jean-Pierre Sueur. Et comment lui donner tort ? Dans un alinéa, il est dit que «tout médecin, psychologue diplômé ou psychanalyste peut se prévaloir du titre de psychothérapeute». Puis, dans un autre, il est stipulé au contraire que «tout professionnel - médecin, psychanalyste, psychologue, psychothérapeute - doit suivre une formation en psychopathologie pour se prévaloir d’un titre». Le tout et son contraire.

Même le Conseil d’Etat s’en est ému, critiquant la loi, refusant de signer les décrets. Et, dans un des nombreux avis qu’il a rendus, il a juste concédé que «l’on peut supposer que l’intention du législateur était de subordonner l’inscription à une liste de psychothérapeutes à une formation de psychologie clinique». En somme, tous ceux qui veulent se targuer du titre de psychothérapeute doivent avoir une formation de psychologie clinique, tel était le souhait caché du législateur.

«Attendez, il faut reprendre la concertation, et voir si tout cela est bien nécessaire», explique, aujourd’hui, Jean-Pierre Sueur. Cette prudence n’est pas partagée par Bernard Accoyer, devenu entre-temps président de l’Assemblée. «Je ne laisserai pas tomber. Pour rien au monde, je veux attaquer la psychanalyse, qui me paraît une des démarches intellectuelles les plus fortes. Mais pour autant je ne veux pas que n’importe qui se déclare psychothérapeute.» La ministre de la Santé, que l’on dit proche du monde analytique, a bien entendu. Un groupe de travail vient d’être mis en place pour rédiger les décrets. Objectif : des décrets en janvier. «L’idée est qu’il y ait des commissions départementales d’agrément. Le diplôme de psychologie clinique, qui sera exigé pour user du titre de psychothérapeute, ne sera pas que le fait de l’université. Des instituts pourront passer contrat», dit-on auprès de la ministre.Quant aux psychanalystes qui ne veulent pas se servir du titre de psychothérapeute, nul besoin d’homologation officielle pour exercer.

Mandarins. Cela sera-t-il suffisant pour éviter le démarrage de nouvelles hostilités ? «Ne vous inquiétez pas, ironise un bon connaisseur du dossier, s’ils veulent rouvrir le débat, cela va partir dans tous les sens.» D’autant que Jacques-Alain Miller, figure de proue des lacaniens, a décidé de lancer de son côté une nouvelle bataille. «Depuis quelques temps, les mandarins de l’université sont en train d’expulser de leurs rangs les psychanalystes. Notre réponse va être terrible…»



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