(source: Bulles n°70, 1er trimestre 2001)
Sectes et liberté religieuse en France - Un faux débat ?
Sectes et nouveaux mouvements religieux - Un malentendu soigneusement entretenu
Le cadre dans lequel s'exerce la liberté religieuse en France
Pourquoi alors une telle polémique ?
Les compagnons de route
Que peut faire la loi ?
Le fond de l'affaire
Les responsabilités
Conclusion
On se frotte les yeux ; on n'en croit pas ses oreilles. Quoi,
la liberté religieuse est si en danger que cela ? Quoi, la douce France
renoue avec les dragonnades (le mot a été employé) et avec
la Sainte Inquisition, avec la " police de l'esprit ", pourquoi pas
avec les pogroms ? Que se passe t il donc dans ce pays pour que l'inquiétude
d'une reprise des persécutions soit aussi vive chez certains ? Qui sont
donc les coupables de cette infamie ? Où est la " bête
immonde " qui détruit la liberté de conscience ?
Pourtant, à la réflexion, on n'a jamais entendu, et cela depuis
un bon nombre d'années, quelqu'un se plaindre qu'il ait été
empêché d'aller à l'église, au temple, à la
synagogue ou à la mosquée, ni d'ailleurs d'enseigner le catéchisme,
la Tora ou le Coran. Jamais les responsables des religions ne se sont plaints
d'une quelconque discrimination à leur égard. Alors, que se passe
t il donc ? Les " anciens mouvements religieux " seraient laissés
tranquilles, et
les " nouveaux " seraient martyrisés ? Curieux pays
où ce qui est nouveau serait ainsi systématiquement combattu.
Non, apparemment, ce pays ne combat pas systématiquement tout ce qui
est nouveau dans le domaine religieux. Non, il n'y a pas de dragonnades version
XXIème siècle, pas plus que de pogroms ou de persécutions,
et encore moins de martyrs pour leur foi. Si cela était, cela se saurait...
Alors, encore une fois, que se passe t il?
Les sectes, dont on trouvera ci après quelques définitions, adorent,
on le sait, s'autoproclamer " nouveaux mouvements religieux ", même
si par ailleurs elles n'ont rien de commun, de près ni de loin avec ce
que l'on appelle communément " religion ". Mais on verra
que, en fait, la vraie question n'est pas là. La réponse est donnée
dans les définitions qui suivent.
Les deux premières émanent d'organismes officiels. Elles sont
reprises ici en raison du fait qu'elles sont destinées à servir
de références, malgré quelques mises au point nécessaires,
semble t il, pour couvrir totalement le champ visé.
L'une a été donnée par la Mission Interministérielle
de Lutte contre les Sectes (MILS) dans son premier rapport annuel, en
janvier 2000
"La secte est une association de structure totalitaire, déclarant
ou non des objectifs religieux, dont le comportement porte atteinte aux Droits
de l'Homme et à l'équilibre social".
L'autre, très intéressante également, émane de
la loi belge du 2 juin 1998, dans son article 2:
"Pour l'application de la présente loi, on entend par organisation
sectaire nuisible, tout groupement à vocation philosophique ou religieuse,
ou se prétendant tel, qui, dans son organisation ou sa pratique, se livre
à des activités illégales, dommageables, nuit aux individus
ou à la société ou porte atteinte à la dignité
humaine".
Il existe bien d'autres définitions, notamment celle donnée dans le rapport de la commission d'enquête parlementaire publié en janvier 1996. Toutes définissent les sectes par la nuisance de leurs comportements, lesquels portent gravement atteinte aux droits et à la dignité de l'homme, et à l'équilibre de la société.
On donnera ici l'une des définitions retenues par l'UNADFI, qui figure
dans le numéro 36 de BULLES (4ème trimestre 1992, page 3), intitulée
" Les critères de l'UNADFI "
"Pour l'UNADFI, une secte est un groupe où, à partir d'une
situation de séduction, on cherche à obtenir de l'adepte une adhésion
inconditionnelle et définitive. Pour y parvenir, on pratique, à
son insu, une manipulation mentale (viol psychique) qui aboutit à une
modification profonde de sa personnalité et de ses comportements sociaux.
Pour le maintenir dans le groupe, on exerce ensuite des pressions de toute nature.
Les propositions du groupe, séduisantes en apparence, reposent en fait
sur une tromperie multiforme (intellectuelle, morale, financière). De
tels agissements peuvent aboutir à la destruction de la personne et de
la famille. Ils représentent également une menace pour la société
démocratique. Il s'agit d'un réel danger ".'
Le père Jacques Trouslard a donné, dans le n° 48 de BULLES, une description très complète de la secte qui peut se résumer autour des trois caractéristiques nocives essentielles suivantes
Une triple technique perverse d'endoctrinement: technique cognitive, comportementale
et affective.
Une triple destruction : destruction de la personne, de la famille et de la
société.
Une triple escroquerie : escroquerie intellectuelle, morale et financière.
Citons aussi la description qu'ont fait des sectes le Tribunal et la Cour d'Appel
de Lyon lors du procès de la Scientologie dans les années 1990:
" Emploi de manoeuvres frauduleuses, promesses, menaces, abus d'autorité
ou de pouvoir, machination ou artifices, utilisation de techniques de conditionnement
ou de contrainte morale, qui provoquent chez les adeptes une situation de faiblesse,
de vulnérabilité, de dépendance et de complicité...
".
Pas une de ces définitions ne porte de jugement négatif sur les
éventuels aspects religieux, ou non, de la secte. Cela est parfaitement
normal, car cet aspect n'est pas, justement, une caractéristique du phénomène
sectaire. La secte est une fabrique de dépendance.
Ainsi, les sectes, en se plaignant d'être persécutées en
tant que mouvements religieux, déplacent systématiquement et sciemment
le débat sur ce qui ne fait pas partie de ce qui les caractérise,
c'est à dire leur éventuel côté religieux... Ce faisant,
elles cherchent à rameuter à leur secours beaucoup de braves gens
ignorants de leur réelle nature, ainsi que des personnes pas ignorantes
du tout qui, avec ou sans leur aide, font profession de les défendre.
Et le tour est joué
la France persécute de bonnes religions qui ont la fâcheuse idée
d'être " nouvelles ", mais qui n'ont rien à se
reprocher. On les persécute en tant que religion, ce qui est contraire
à tous les accords internationaux sur les droits de l'homme et tout ce
qui s'ensuit.
Immense tromperie et machiavélique imposture !
Ces sectes veulent qu'on les considère comme d'authentiques religions
et le clament à qui veut l'entendre. Que dire alors de ces groupes, qui
font des pieds et des mains pour se faire " reconnaître "
comme de vraies religions? Dans la mesure où l'on pourrait effectivement
les considérer comme telles, en quoi consiste la liberté ou la
non liberté purement religieuse pour elles ?
La réponse est simple : la Constitution de la République, la loi
du 9 décembre 1905 et les textes subséquents définissent
le cadre dans lequel s'exerce la liberté religieuse dans l'Etat laïc
français. Qu'est ce alors qu'un mouvement religieux en France? C'est
un mouvement qui répond aux dispositions de la loi de 1905, à
savoir qui essentiellement exerce un culte.
La loi ne définit pas la notion de culte de manière explicite,
et c'est dommage. Y a t il des sectes qui exercent un culte au sens de la loi
de 1905 ? La réponse est: Non. La seule exception connue à cette
question consiste en quelques rares cas isolés de dégrèvements
de taxe foncière pour quelques " salles du royaume " des Témoins
de Jéhovah. En toute rigueur administrative, ces "salles du Royaume"
sont donc concernées localement par la loi du 9 décembre 1905,
en tant que religion, qu'elles se rattachent ou non à un groupe sectaire.
La loi du 9 décembre 1905, par ses articles 1 et 2, assure la liberté
de conscience et garantit le libre exercice des cultes, sous réserves
de dispositions précises qui y figurent, visant " l'intérêt
de l'ordre public ". L'Etat ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne
aucune religion. Le principe fondamental de la Constitution, qui institue la
laïcité de la République, (Réf. : BULLES n° 63,
3è` trimestre 1999, pages 3 à 5), est en effet que tout citoyen,
et toute organisation quelle qu'elle soit, fut elle religieuse, est soumise
aux lois, à toutes les lois, de la République.
On sait que dans les pays anglo saxons, notamment aux Etats Unis, il n'en est
pas tout à fait de même, et que la liberté d'exercice de
rites ou d'obligations religieuses est parfois considérée comme
d'un degré de légitimité supérieur à celui
de la loi.
Cette situation n'est pas celle de la France, où d'ailleurs elle serait
pratiquement incompréhensible, ni en fait d'autres pays européens
notamment, où le respect absolu, et par tous les citoyens, de la loi
constitue le ciment fondamental et la condition nécessaire de la cohésion
républicaine.
S'il y avait persécution religieuse par les autorités de l'Etat, pourquoi donc, et au nom de quoi, celle ci ne viserait elle que les " nouveaux " mouvements religieux, et pas les " anciens " ? La loi est claire, et connue de tous en matière de libertés, et ni le législateur ni la Justice ne peuvent transiger sur son application par tous sans exception. Il n'y a dans cette évidence aucune tendance intolérante ou persécutrice ...Aussi, est ce à tort que les sectes se révoltent si certaines de leurs pratiques, qu'elles qualifient de " religieuses ", ne sont pas autorisées, ou font l'objet de plaintes, à partir du moment où elles sont en contradiction avec la loi. Il ne s'agit là que de l'application simple du droit commun, et cela n'a rien à voir avec le caractère sectaire ou non de l'organisation qui en est l'objet. Un mouvement religieux authentique peut présenter une dérive sectaire; il n'en reste pas moins religieux. Le caractère religieux ou non d'un mouvement tient à sa croyance, et au culte qui en découle ; le caractère sectaire tient à des comportements contraires aux droits et à la dignité de l'homme.
Mais ne nous y trompons pas. Les croyances, les philosophies, les pratiques, les "cultes" des sectes qui proclament leur caractère soi disant "religieux", ne sont pas religieux au sens de la loi de 1905, nous l'avons vu. Même s'ils l'étaient, cela ne changerait strictement rien au fait que ceux et celles de ces croyances, philosophies, pratiques et "cultes" qui sont contraires à la Constitution et à la loi, ou qui bafouent ou violent les droits et la dignité de l'Homme, ne peuvent en aucun cas être tolérés, et doivent être combattus. C'est d'abord aux responsables du respect de la Loi qu'il appartient de sanctionner ce type d'actes et de la faire respecter. Ce n'est pas parce que l'on enseigne aux adeptes l'exploitation de la sexualité dès le plus jeune âge, ou que l'on interdit la transfusion sanguine, ou encore que l'on sépare systématiquement les enfants de leurs parents, ou que l'on professe et pratique toute autre prescription illégale et les sectes sont là dessus très fécondes, tout cela en prétendant qu'il s'agit d'actes religieux que la loi ne s'impose pas aux auteurs de ces actes comme à tout le monde. De plus, on sait que ces pratiques font des victimes, nombreuses et souvent irrémédiablement détruites, parmi les adeptes et leur famille. Ces victimes doivent être défendues, soutenues et aidées, et les pratiques en cause dénoncées vigoureusement et sans relâche. Quand de plus s'y ajoute un comportement sectaire caractérisé, au sens des définitions qui précèdent, tout, croyances, philosophies, pratiques, cultes et comportements sont évidemment à dénoncer et à combattre, tant par les pouvoirs publics responsables que, pour leur part, par les associations telles que l'UNADFI.
Parce que le vrai débat sur les sectes, que celles ci et leurs défenseurs
s'échinent à escamoter, n'est pas, on l'a vu, du domaine des religions.
Leur intérêt est de se poser en victimes, puisqu'elles sont combattues.
Se battre sur
leurs comportements et leurs objectifs ? Ce serait la déroute assurée.
Alors, leur reste, en dépit de la loi, le domaine religieux. Elles foncent
tête baissée dans la brèche, en détournant le débat
sur les aspects religieux, en affirmant contre toute vraisemblance que c'est
en tant que religions qu'elles
sont combattues et persécutées, au mépris de la loi française
et des accords internationaux. Elles ne font pas dans le détail, certaines
d'entre elles affirmant par exemple que tous les groupes figurant dans la liste
de 173 groupes réputés sectaires donnée par le rapport
parlementaire de 1995 sont des " nouveaux mouvements religieux ",
ce qui est parfaitement absurde.
Leur stratégie en la matière est simple : elle consiste à
contraindre l'interlocuteur à venir discuter sur le terrain qu'elles
ont choisi elles mêmes, même s'il n'est pas très sûr
et même si ce n'est pas le vrai terrain du débat. Ainsi, en le
forçant à discuter de liberté religieuse, on évite
le vrai débat, celui relatif à la nature même du phénomène
sectaire, et on tente de culpabiliser l'interlocuteur
Cette esquive du vrai débat est assez efficace, puisqu'elle arrive à
tromper son monde, y compris certaines instances internationales très
officielles, souvent efficacement noyautées à dessein, telles
que l'O SCE ou la Fédération d'Helsinki et même le très
pointilleux " Bureau of Democracy, Human Rights, and Labor " du Département
d'Etat du gouvernement des Etats Unis, lequel publie depuis deux ans des rapports
très critiques sur l'attitude jugée inquisitoriale, intolérante
et persécutrice, et donc contraire aux droits de l'homme, des autorités
françaises à l'égard des " nouveaux mouvements religieux
"
Mais les sectes ne sont pas les seules à avoir intérêt
à fausser le débat. Leurs défenseurs sont, par exemple
ceux des libertaires que révulse la moindre idée de restriction
à la liberté sans limite, mais surtout ceux qui ont, d'une
façon ou d'une autre, partie liée avec elles. Ils pratiquent la
même stratégie, ayant tout intérêt à présenter
les sectes comme des victimes d'un honteux et incompréhensible ostracisme
antireligieux de la part des autorités, tout en escamotant naturellement
la vraie raison de l'attitude de celles ci. Cela permet des effets de manche
grandioses où l'hypocrisie le dispute à la mauvaise foi. Cela
permet de plus à certains d'entre eux de défendre indirectement
d'autres intérêts minoritaires auxquels ils sont attachés,
en un combat qui amalgame des minorités disparates dans un objectif commun
de reconnaissance officielle.
Il y a plus grave : ces laudateurs des sectes ont des alliés objectifs,
donc involontaires parmi ceux qui n'ont pas la conscience tout à fait
tranquille à cet égard. Parmi ceux là on relève
notamment des responsables de religions parfaitement connues et honorables,
qui entretiennent parfois dans leurs flancs des groupes audacieux, souvent marginaux,
mais parfois au contraire bien près du centre, difficilement contrôlables
et gênants, parce qu'ils déploient à l'occasion des moyens
typiquement sectaires ou parce qu'ils dérivent vers des comportements
de cette nature, et par lesquels le scandale peut arriver sans crier gare...
Dans ce cas, il leur faut veiller au grain et les défendre vis à
vis de l'extérieur, quitte à régler leurs problèmes
en interne. On prend alors la défense des " nouveaux mouvements
religieux " et des expériences plus ou moins osées, en passant
sous silence, voire en défendant, là aussi, s'il le faut, des
aspects inadmissibles de comportements, qui, à la limite, sont traités
comme péchés de jeunesse. Si une telle attitude peut à
la rigueur s'expliquer en tant que moyen de protection, pas excellent certes,
mais pas tout à fait nul, elle présente un inconvénient
majeur : en effet, le seul fait que cette manière volontairement aveugle
de traiter ce problème soit employée par des organisations religieuses
éminemment respectables autorise les sectes à s'appuyer sur elles
pour se glisser par assimilation derrière le rideau de fumée ainsi
vertueusement tendu. Ce faisant, leur but est de créer la plus grande
confusion dans les esprits, confusion qui finalement nuit gravement à
l'image des grandes religions, contrairement à ce qu'espèrent
ceux de leurs défenseurs qui ont choisi ce moyen de protection. C'est
ainsi que l'on voit même des sectes notoires prendre hypocritement la
défense des Ordres monastiques chrétiens, en laissant entendre
qu'ils emploient les mêmes méthodes manipulatrices qu'elles mêmes.
Le courage et l'honnêteté, ne seraient ils pas alors pour les religions
" historiques " de reconnaître franchement les éventuelles
dérives et de les combattre au grand jour sans arrière pensée
?
Les mêmes alliés objectifs des défenseurs des sectes se
satisferaient d'une situation où n'existerait aucune loi spécifique
sur les nuisances des sectes.
Sur ce point, l'évêque de Soissons a donné une réponse
magistrale à propos de l'Église catholique. Il a écrit
ce qui suit, sujet de la proposition de loi qui vient d'être votée
par l'Assemblée Nationale le 30 mai dernier " tendant à
renforcer la prévention et la répression des mouvements sectaires
portant atteinte aux droits de l'homme et aux libertés fondamentales
" (Ref.: BULLES n° 67 3è` trimestre 2000) :
" L Église catholique ne peut que se réjouir du vote de
cette loi. Il est en effet nécessaire de protéger par la loi les
personnes, les familles, la société, les religions elles mêmes.
Trop de sectes, en effet, violent impunément les libertés fondamentales
et la dignité humaine. L Église catholique n'a pas à craindre
cette loi qui ne veut en aucun cas porter atteinte aux religions et aux croyances.
D'autre part, le "Droit canonique " de l Église catholique
attache une importance capitale au respect des libertés tant dans les
ordres religieux que dans la vie ordinaire des communautés chrétiennes.
Le respect des consciences et des libertés n'est il pas au coeur de l'Évangile
du Christ, venu pour libérer et servir la dignité sacrée
de toute personne humaine ? Droits de l'homme et vie chrétienne vécue
dans la vérité sont inséparables. "
La hiérarchie de l'Église Catholique semble être de plus
en plus consciente du problème sectaire et prendre les dispositions nécessaires
contre les dérives (voir encadré en fin d'article).
Le détournement du débat est hélas facilité par
l'état de la législation en matière de religions. En effet,
comme il est indiqué plus haut, la loi du 9 décembre 1905 sur
la séparation des Eglises et de l'État, qui est le texte fondamental
en la matière, si elle définit très clairement les rapports
entre les Eglises et l'État, ne donne aucune définition des religions.
Tout juste parle telle de " cultes ", sans non plus définir
cette notion. C'est ce flou de la loi sur un point aussi sensible qui autorise
toutes les interprétations, ce dont ne se privent pas les sectes, certaines
n'hésitant pas par exemple à se baptiser " religion athée
". N'importe quelle philosophie, aussi légère ou absurde
soit elle, et quels que soient ses procédés et agissements, peut
s'autoproclamer religion sans que personne puisse se référer à
un texte faisant autorité pour le contredire.
De là à appeler " nouveau mouvement religieux "
tout et n'importe quoi, il n'y a qu'un pas que les sectes et leurs encenseurs
franchissent allègrement, on l'a vu, ajoutant ainsi volontairement à
la confusion générale, au bénéfice de la tromperie
systématique dont elles font leur ordinaire.
Rien de tout ce qui est évoqué plus haut n'est innocent. Des
enjeux très importants sont cachés derrière la vertueuse
référence aux droits de l'homme invoquée à tout
bout de champ par les sectes et leurs défenseurs.
Il y va tout simplement de leur survie, car la couverture religieuse est le
seul moyen de défense qui a des chances de paraître plausible auprès
de l'ignorant des réalités sectaires, et parce qu'elles ne peuvent
vivre que dans et par la tromperie, voire l'escroquerie
tromperie au recrutement,
- tromperie sur les objectifs réels,
- tromperie sur la " doctrine ",
tromperie sur les besoins financiers,
- tromperie sur l'emploi des ressources fnancières,
- tromperie sur l'avenir personnel des adeptes,
- tromperie sur le caractère " religieux " de la secte,
- tromperie vis à vis de la société.
Que la vérité éclate, voici les sectes désarçonnées.
D'où cet acharnement à vouloir se faire reconnaître comme
religions, afin de devenir intouchables... D'où cet acharnement à
lutter contre tout ce qui, de près ou de loin, tend à les remettre
à leur vraie place, parmi les groupes néfastes pour les individus,
les familles et la société... D'où cet acharnement à
déplacer sans cesse le débat pour l'empêtrer dans des marécages
éloignés de leurs pratiques répréhensibles. Et puis,
la religion, cela permet de bénéficier d'exonérations fiscales
intéressantes... Comme le dit Jean Louis SCHLEGEL, dans un article intitulé
" Les sectes à l'âge démocratique "
" l'opposition est donc, avant tout, entre sectes et sociétés
démocratiques, et non pas entre sectes et Eglises ':
Les premiers responsables de cette situation sont évidemment les sectes
elles mêmes, ce qui n'a rien d'étonnant. Non seulement elles savent
manier la tromperie et le mensonge dans leurs paroles et leurs écrits,
mais, de manière beaucoup plus subtile et efficace, elles savent fort
bien infiltrer et noyauter les structures et instances où se prennent
des décisions et où se préparent rapports et résolutions.
Les structures les plus ouvertes démocratiquement sont de ce point de
vue les plus vulnérables. Ainsi fleurissent dans les instances internationales
ou nationales, aux Etats Unis particulièrement, des ONG patronnées
et financées par des " nouveaux mouvements religieux " bien
connus.
Parmi les responsables de cette situation, figurent aussi les " supporters
" des sectes. II ne s'agit pas là de personnes isolées, dont
la bonne foi aurait été trompée par la faconde de quelques
hérauts convaincants. II s'agit des mêmes que ceux que l'on retrouve
dans les colloques évoqués en introduction sur la " liberté
religieuse " en France : intellectuels, historiens et sociologues des religions,
professeurs, avocats. Ces " spécialistes " des sectes, qu'ils
soient convaincus ou complices, vous servent doctement leur vision des choses,
en usant et en abusant au besoin de leur position dans la société.
Ils vous démontrent, en prétendant recourir dans leur analyse
à la méthode scientifique, que les sectes ne présentent
aucun danger, qu'elles sont persécutées, en tant que religions
naturellement, et que s'il y a quelques dérives chez certaines d'entre
elles, elles sont le fait de cas isolés, regrettables, certes, mais facilement
corrigibles et n'entamant en rien la respectabilité de la secte. Ils
les analysent comme on contemplerait un décor de théâtre,
sans s'occuper ni de la pièce qui s'y joue ni de ce qui se passe dans
les coulisses, en se limitant à la description de leur façade,
c'est à dire sur la manière dont elles présentent leur
doctrine, leurs rites et leur culte, et par là en escamotant l'essentiel,
à savoir l'observation directe de ce qu'elles sont en réalité,
de leurs objectifs fondamentaux, et de ce qu'elles font concrètement.
Faire l'impasse totale sur une observation de cette importance tout en prétendant
faire oeuvre scientifique est tout simplement se moquer du monde.
La méthode scientifique d'analyse d'une question est une astreinte rigoureuse
nécessitant d'abord et avant tout d'identifier et de nommer tous les
aspects sous lesquels elle se présente, puis à observer et étudier
chacun de ces aspects, et enfin de tenter une synthèse (réf :
BULLES no 53). Ces " spécialistes " rendent un très
mauvais service à la méthode scientifique, en la violant délibérément.
Ce n'est pas ainsi qu'ils la feront progresser, ni du reste qu'ils acquerront
une quelconque crédibilité auprès des vrais scientifiques.
Ne parlons pas de ceux qui sont animés de la seule volonté de
nuire. L'invective est leur principal argument, et ils cultivent essentiellement
la diffamation et la contrevérité. Ce serait leur faire trop d'honneur
que de parler de leurs méthodes d'action.
Le tableau présenté ci dessus a pour objectif de replacer dans son cadre réel le phénomène sectaire en regard des religions. Ce qui est écrit là a déjà été écrit maintes et maintes fois, sous une forme ou sous une autre, par des personnes particulièrement autorisées. Et pourtant, on a l'impression que rien n'y fait. Les mêmes hypocrisies, les mêmes mensonges, continuent, et continueront sans doute, à être proférés par les mêmes voix, indéfiniment, car leurs auteurs savent qu'à force de répéter une affirmation, même notoirement fausse, on achève d'ébranler les convictions les plus ancrées. N'en doutons pas : leur objectif est bien d'arriver à pénétrer dans le pré carré honorable et fiscalement intéressant des religions, si possible par la grande porte. Certains y croient. Hélas, ils n'ont objectivement pas tort, puisqu'il existe des précédents à l'étranger, même tout près de chez nous. Nous voilà donc prévenus. C'est pourquoi tout acte délictueux doit relever des juridictions civiles, les lois de la République s'appliquant à tous.
L'Eglise Catholique reconnaît (dans un article très remarqué du bulletin SNOP du 15 janvier 2001 signé de Monseigneur Vernette, Secrétaire du Service National " Pastorale et Sectes ") qu'il lui arrive de constater des dérives sectaires dans certains des groupes qui se réclament d'elle, ou même qui sont reconnus officiellement. L'auteur déclare que les difficultés causées par ces dérives, difficultés qu'il ne nie pas, doivent trouver le plus souvent leur solution dans le cadre des structures et règles administratives et judiciaires de l'autorité ecclésiale, en particulier par un recours plus systématique aux dispositions du Code de droit canonique. Ce pas en avant dans une prise de conscience ainsi clairement affirmée méritait d'être souligné. |