(Source
: témoignage))
Mis en ligne le 9 juillet 2003
Mon aventure avec le Reiki a commencé
en 1999, avec une conférence donnée dans ma région. A...,
l'intervenant, un petit gringalet au regard pétillant, nous parlait d'une
énergie de guérison, de niveaux d'énergie, de plan astral
: tout cela était nouveau pour moi, évoquant cependant les magnétiseurs
de nos campagnes. J'étais à l'époque un peu déprimée
et cherchais les moyens d'aller mieux sans recourir aux antidépresseurs.
Le coût du stage étant modeste, je me dis que cela valait le coup
d'être tenté, et que je pourrais peut-être me faire de nouveaux
amis.
Le fameux week-end arriva. Nous étions 5 femmes
de 25 à 45 ans. J'étais la seule à n'avoir eu d'autre contact
avec le Reiki que cette conférence !. Après nous avoir fait signer
un papier attestant que nous n'avions jamais été traitées
pour maladie mentale ( !) Alain commença son enseignement. D'abord la légende
du Reiki, truffée d'ailleurs d'inexactitudes historiques (le fondateur,
Mikao Usui, n'a jamais été moine chrétien, ni enseignant
en Université..) --peu importe -, ensuite un exposé succinct d'anthropologie
orientale : corps astral, chakras./, ainsi qu'un protocole de positions de mains
à effectuer sur soi ou sur une autre personne pour communiquer l'énergie.Ma
curiosité était grande !
Vint le temps qu'A...
appelait "les instructions ", pour lesquelles il nous convoquait individuellement
dans une pièce. Mon tour arriva, il me fit asseoir et commença des
sortes de passes magnétiques derrière ma nuque, sur mes mains
Je
devais garder les yeux fermés. Je vécus une sorte de vertige difficile
à décrire, une sensations inconnue. Plus tard je sus que j'avais
subi ce que les bouddhistes des écoles ésotériques appelaient
une initiation tantrique, réservée dans cette tradition à
des moines " super-entraînés ". Cette opération
dura une dizaine de minutes. De retour dans la pièce commune, je devais
opérer sur moi les positions de main apprise plus tôt. Oh surprise
! cela marchait ! Une espèce de flux magnétique (le même que
celui ressenti précédemment) coulait dans mes mains. Formidable
! Les autres filles commentaient l'expérience : pour toutes il s'était
passé " quelque chose ".
C'est ainsi qu'au
fil des mois nous nous sommes retrouvées pour échanger des 'soins',
confronter nos expériences,
Cela m'amusait beaucoup mais je sentais
confusément la nécessité d'y voir plus clair.
Certains faits me dérangeaient : Certaines filles affirmaient avoir des contacts avec des " guides ", des " êtres de lumière ", ou autres entités bienveillantes, et personne ne remettait en question leurs dons de médium. Une autre était comme habitée pendant les soins par une force qui agissait à travers elle, manipulant la personne avec des gestes qu'elle ne contrôlait pas, et cela m'impressionnait. Alain venait parfois à nos séances d'échange. Certains de ses dires heurtaient ma foi chrétienne .
D'autant plus que ses
interprétations des dogmes bouddhistes (réincarnation, karma,..)
me semblaient peu orthodoxes. Il assimilait également l'énergie
du Reiki à l'Esprit-Saint chrétien, et je n'étais pas d'accord
! Je découvris au fil de mes lectures que la traditon initiale du Reiki,
ancrée dans le bouddhisme shingon japonais, avait subi maints changements
depuis sa création il y a un siècle . Un peu comme si les prêtres
d'une religion s'amusaient à transformer les sacrements, les liturgies,
les symboles, au gré de leur fantaisie. Il n'y avait plus un Reiki, mais
des Reikis, inscrits dans la mouvance du nouvel âge que je découvrais,
avec ses excès et sa confusion.
Du côté
familial, cette nouvelle pratique engendra des bouleversements.Mon mari me laissait
faire mes expériences, posant un regard amusé et sceptique sur tout
cela. Mes enfants étaient vaguement intrigués, mais appréciaient
l'intervention du Reiki sur un petit bobo, une douleur,
Mais les choses
se gâtèrent à la mort de mon père . Je lui fis des
séances à l'hôpital, tout en m'en appliquant aussi à
moi-même. Je me rends compte maintenant que j'étais en décalage
total avec mes frère et surs , qui eux vivaient le stress, le chagrin.
Moi, j'étais' bien', une belle sur m'a confié par la suite
que j'avais un air un peu absent, comme si j'avais créé une barrière
entre l'évènement douloureux et moi. Bref mon air énigmatique
et mes impositions de mains n'ont pas été du goût de tout
le monde : je me suis retrouvée insultée, stigmatisée, mise
au ban de la famille, sans trop comprendre ce qui s'était passé.
Après l'enterrement je reçus des lettres
d'insultes de mon frère, qui essaya d'impliquer mon mari dans le "
complot " : Il fallait me faire renoncer au plus vite à ces pratiques
occultes qui me rendaient folle ! Mon mari me soutint, car il comprit combien
je souffrais de l'intolérance de mes frères et soeurs. J'avais eu
du chagrin, j'étais restée jusqu'au bout au chevet de mon père,
je l'avais aidé comme je pouvais dans ses derniers moments, mais j'avais
exprimé mon émotion de façon très différente,
très " zen ", et cela ma famille n'y était pas préparée
et avait interprété mon attitude comme du mépris , de l'indifférence
Un
beau gâchis.
Rentrée chez moi , ces douloureux
évènements m'amenèrent à consulter un psychologue.
Au fil des séances je compris les motivations inconscientes qui m'avaient
tournée vers le Reiki, je pus exprimer mes craintes face à ses dérives
" new-âge ", peu compatibles avec ma foi, me positionner face
à une certaine " volonté de puissance " qui anime ceux
qui font vocation de soigner leur prochain par " imposition " (ce mot
est révélateur !) des mains, bref je commençai à y
voir plus clair et à faire le tri : Qu'est-ce que je pouvais garder du
Reiki ? où se situait le danger ?
Les choses se
compliquèrent quand C.. vient se confier à moi : avide de bien-être,
elle avait franchi tous les degrés duRReiki jusqu'à celui de maître,
et là les choses se gâtèrent : elle entendait des esprits,
sentait leur présence, se mit à délirer. Aïe ! Mon psy
me conseilla un bon psychiatre qui parvint à la soigner. C
a coupé
les ponts avec le Reiki, elle dit qu'elle est allée trop loin. Je sus par
la suite qu'elle avait connu jadis une dépression avec 'bouffées
délirantes ".Mes convictions se renforcèrent : le Reiki est
loin d'être aussi anodin et merveilleux que le prétendent ses propagateurs,
surtout pour les personnes fragiles.
La fréquentation
d'Internet a renforcé mon impression : les forums de Reiki montrent bien
la confusion qui règne dans ce domaine. Petit à petit je me suis
éloignée de ce milieu. Il est trop tôt pour faire un bilan,
et je ne peux pas affirmer honnêtement que le Reiki soit une mauvaise chose,
puisque j'y ai toujours recours ponctuellement (très peu sur les tiers,
mais plutôt sur moi-même) , et je connais quelques personnes qui n'ont
pas été affectées par sa pratique. Ce que je lui reprocherais,
c'est son environnement new-age ainsi que la formation hâtive de ses maîtres
et de ses pratiquants. C'est devenu une affaire commerciale juteuse, les stages
sont de plus en plus chers, et le stage d'enseignant dépasse souvent les
1 500 euros. Malgré cela, de nombreuses personnes le passent sans avoir
la carrure nécessaire pour transmettre des enseignements subtils et délicats.
Ils transmettent "du n'importe quoi ", ce qui dans ce domaine est bien
ennuyeux.
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