Les convulsions du Rajneeshisme

(source : BULLES du 1er trimestre 1986)


 Contradiction en RFA

Selon le Stadtanzeiger de Cologne (N° 27, 15 janvier - 2 février, 1986), le tribunal administratif de Cologne a estimé que le gouvernement allemand ne doit pas qualifier le mouvement du Bhagwan Shree Rajneesh de « secte pseudo-religieuse » (la date du jugement n'est pas précisée, mais il s'agit de la fin de 1985). Ce faisant, l'État contreviendrait à la liberté de religion, fondée sur l'article 4 de la Loi Fondamentale ( = Constitution) de la République Fédérale.

Neuf associations de disciples de Rajneesh avaient attaqué le Gouvernement Fédéral, parce qu'ils se sentaient limités dans le « libre exercice de leur religion ». Lors du débat, l'avocat du Gouvernement avait argué que la communauté du Bhagwan n'était pas « une véritable communauté religieuse », mais était plutôt comparable à un « empire économique ». L'avocat des Rajneeshistes, Swami Santosh Hafiz (dans la vie civile Maître Christian Gamke) avait déclaré : « Tout ce qu'on nous reproche peut se dire aussi des grandes Églises ».

La 10ème chambre du tribunal administratif de Cologne a donc reconnu aux adeptes du Bhagwan le droit au « libre exercice de leur religion ». On peut l'appeler « culte » ou « secte », mais sans le qualificatif de « destructeur » ou de « pseudo-religieux ».

Ce jugement est tout à fait remarquable par le fait qu'il est en contradiction complète avec... le Bhagwan lui-même. Celui-ci, en effet, avait le 1er octobre 1985, fait brûler publiquement des milliers d'exemplaires du « Livre du Rajneeshisme », après avoir annoncé, le 16 Septembre, que la « religion du Rajneeshisme » n'existait plus. Il avait donné aux « sannyasins » la permission de s'habiller dans toutes les couleurs (et pas seulement les divers tons de rouge, rose, orange, obligatoires jusque-là) et d'ôter la « mala », chapelet-collier en perles de bois avec en médaillon la photo plastifiée du Gourou. Mais cela s'est passé en Oregon et le téléphone n'a pas dû fonctionner : la procédure a suivi son cours, et un tribunal allemand a accordé la protection constitutionnelle à une « religion »... que son fondateur et chef avait déclarée non-existante !

Le Bhagwan a d'ailleurs déclaré dans une interview au Corriere della Sera de Milan (18 février 1986) qu'il était opposé à toutes les religions, ne retirait rien de ses attaques contre (entre autres) : le Pape, Mère Thérésa, les autres gourous... L'homme nouveau qu'il veut créer « n'aura qu'un seul monde : ce monde ; ce sera l'homme sacré, l'homme total. Débarrassé du poids du péché, il sera si léger qu'il pourra voler... ».

 Les étapes du Bhagwan errant

Nous avions laissé Rajneesh dans l'État de Himachal, au pied de l'Himalaya. Mais, le gouvernement indien ayant refusé de prolonger les visas des dix personnes venues avec lui de l'Oregon et annoncé qu'il n'accorderait plus de visas à ses disciples étrangers, le Maître, après un bref séjour au Népal, est parti pour la Crète. (Le gouvernement indien craignait une invasion de riches « hippies » - l'expérience de Poona lui a suffi). Expulsé de Grèce, il a dit partir pour l'Espagne (non sans quelques paroles aimables pour les Grecs « fascistes », selon lui, et qui n'ont rien appris depuis la mort de Socrate).

Mais, indésirable en Allemagne, il le fut aussi en Espagne, ainsi qu'en Grande-Bretagne (en raison des charges graves dont il s'est reconnu coupable aux États-Unis). Il a atterri finalement à Shannon (Irlande), le pilote ayant prétendu avoir un malade à bord. Il ne devait rester que quelques jours dans un grand hôtel de Limerick, avant de repartir en principe vers les Caraïbes. Son arrivée n'ayant pas été confirmée, on ne savait pas très bien où avait atterri son avion. Ouf ! Il est retrouvé, en Uruguay (International Herald Tribune, 19-20 avril 86). Il y a reçu un permis de séjour d'un an. Un porte-parole du Service Civil National de l'enregistrement l'a annoncé. Ce permis est renouvelable et lui permet aussi de conduire des affaires. Selon un journal local, Rajneesh et une dizaine de disciples sont installés à Punta del Este, la station chic au bord de la mer, à cent quarante kilomètres environ à l'est de Montevideo.

 Rajneeshpuram démantelée

Pendant ce temps, en Oregon, Rajneeshpuram était démantelée matériellement et légalement. Le 10 Décembre 1985, le juge fédéral Helen J. Frye décidait que la ville-communauté était un « mélange inconstitutionnel d'Église et d'État ». « C'est la violation la plus flagrante de la séparation de l'Église et de l'État dans l'histoire moderne de l'Amérique », a déclaré le Procureur, David B. Frohmayer.

 

 
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