Mouvement raelien

Les raéliens pratiquent un rite morbide sur leurs morts

(Source : Cyber Presse, 17 janvier 2003 par Denis Lessard (La Presse)

Le Québec est l'un des rares endroits au monde où les disciples de Raël peuvent pratiquer un rite fort singulier et bien peu connu: l'excision d'une partie de l'os du front des membres décédés de la communauté.

Président de la Corporation des thanatologues du Québec (475 directeurs de funérailles), Yvan Rodrigue confirme que ses membres reçoivent parfois de telles demandes de la part de disciples de Claude Vorilhon (Raël). Le mouvement raélien est même, selon lui, la seule religion à demander qu'un prélèvement soit fait sur le corps de ses membres défunts. Cette pratique «soulève bien des questions, cela ouvre un débat moral», convient M. Rodrigue, selon qui toutefois elle n'est pas illégale. «Ils disent placer les morceaux d'os prélevés dans un temple en Israël où, supposément, les extraterrestres vont venir les cloner», explique-t-il.

Deux professeurs de droit, spécialisés dans les questions éthiques soulevées par le développement des biotechnologies apportent un point de vue différent.

Pour Me Judith Deleury, professeur de droit à l'Université Laval, ce rite des raéliens au Québec «soulève des interrogations. Il est prévu que des autorisations soient demandées pour fins de transplantation ou de recherche, mais pour des raisons comme celles-là, il y a des problèmes. On peut invoquer la liberté de religion, mais, comme toute liberté, elle a ses limites», résume-t-elle.

Me Dominique Goubau, autre spécialiste des questions éthiques à la faculté de droit de l'Université Laval, était stupéfait d'apprendre l'existence de telles pratiques. «Le Code civil dit qu'il appartient à la personne de disposer de son corps, pour les funérailles ou avec un objectif altruiste, pour transplantation ou recherche médicale, or ce n'est pas le cas ici», précise-t-il.

«Il y a la notion d'ordre public, c'est évident qu'on ne peut pas faire n'importe quoi avec un corps, explique-t-il. La législation sur les inhumations vient encadrer ce qu'on peut faire avec le corps d'un défunt. Il n'est pas évident du tout que parce que la loi ne l'interdit pas expressément, ce serait autorisé en vertu de notre loi civile. Il faudrait rechercher davantage, mais à première vue, il y a un problème-là, juridique et éthique»
, a ajouté Me Goubau.

Sur l'embaumement, le règlement prévoit que si l'on doit prélever un organe, il doit être mis dans un contenant et remis dans le corps. «Il y a des règles touchant l'intégrité des corps des personnes décédées», précise Me Goubau.

Selon lui, on doit se demander si cette pratique est conforme aux dispositions du Code criminel sur le respect du corps. Toute la législation canadienne et québécoise est «basée sur le respect du corps, et cela n'appartient pas seulement à la personne, mais à la société aussi... on ne peut pas faire n'importe quoi», a-t-il insisté.

Des cas

Lors du décès d'un raélien, «on nous demande ça à l'occasion, on y répond, c'est un peu laissé au jugement du directeur de funérailles», rapporte M. Rodrigue. Ainsi, Lépine Cloutier, à Québec, où il travaille, a répondu trois ou quatre fois favorablement à cette demande de membres de la secte qui assistent à la «cérémonie».

«Cela fait 20 ans que je suis là-dedans, et les raéliens sont le seul mouvement ou secte qui demande des choses comme cela qui sont un peu spéciales, souligne M. Rodrigue. La demande est faite par la famille immédiate», ajoute le thanatologue.

Depuis les années 1990, avec la réforme du Code civil au Québec, les familles ont beaucoup plus de latitude sur l'utilisation des restes de leurs proches décédés, déplore-t-il. «Je ne sais pas ce qu'ils font avec ces parties du corps humain; si c'est traité avec beaucoup de respect, je suis à l'aise avec cela», dit-il cependant.

En 1978, Raël avait frappé à la porte du ministre de la Justice, Marc-André Bédard, pour réclamer que le Code civil du Québec prévoie expressément la possibilité de pratiquer cette intervention, ce qui ne fut jamais accordé.

Dans une entrevue à La Presse cette semaine, une porte-parole du mouvement raélien au Canada, Nicole Bertrand, qui a enseigné pendant 17 ans les mathématiques à Saint-Jérôme, soulignait avoir prévu cette intervention dans son contrat préalable d'arrangement funéraire. «Il y a des pays où ce n'est pas possible. (...) En France, il y a des lois plus complexes», a-t-elle expliqué. Si vous en parlez, c'est important de dire pourquoi, c'est pour réitérer notre conviction que, grâce à la science, on peut recréer un individu. L'os frontal se conserve très bien comparativement à d'autres parties du corps», a-t-elle précisé. Ces reliques sont envoyées en Israël, en attendant le retour des Elohims (des extraterrestres).

Mike Kropveld, le directeur général d'Info-secte met toujours un bémol avant de faire des commentaires sur le mouvement raélien. Dans un reportage récent à NBC, des spécialistes estimaient que le mouvement raélien aurait dû payer 500 millions de dollars pour obtenir autant de publicité qu'il en a eu avec les annonces, toujours non prouvées, de clonage humain réussi. «Raël a déjà gagné, quoi qu'il arrive», observe M. Kropveld.



Mouvement raëlien


Home Page

Sectes = danger !