(Source : Cyber presse 11 janvier 2003)
Denis Lessard
La PresseLe nom de Raël (alias Claude Vorilhon) est sur les lèvres de bien des gens, un peu partout sur la planète, depuis l'annonce, en décembre dernier, que les raéliens auraient réussi un premier clonage humain. La Presse s'est entretenue cette semaine avec deux ex-raéliens, qui expliquent comment Raël et quelques collaborateurs obtiennent les faveurs des plus jeunes et jolies membres de la secte.
Les fils d'Élohim «s'aperçurent que les filles des hommes étaient belles. Ils prirent donc pour eux des femmes parmi toutes celles qu'ils avaient élues». La Genèse le dit... et Raël aussi.
La promesse d'une sexualité sans contraintes, les contacts et la promiscuité des «méditations sensuelles» organisées par les raéliens sont un puissant ingrédient de la fascination qu'exerce cette secte sur le public.
Depuis des années, les liens entre le mouvement raélien et une sexualité sans contraintes font les manchettes. Au Québec, le mouvement avait soulevé la controverse en 1993 en distribuant des condoms à la porte des écoles. En 1995, le président canadien du mouvement raélien, Daniel Chabot, psychologue, s'était vu imposer une amende de 5000 $ par l'Ordre des psychologues du Québec pour une série de conférences où il faisait l'apologie de la masturbation.
Désormais en rupture avec le mouvement auquel ils ont adhéré pendant des années, le Montréalais Érick Lamarche et la Française Dominique St-Hilaire (cette dernière a été jointe par La Presse en banlieue de Bordeaux), sont formels : Raël et une poignée de collaborateurs, les «guides», obtiennent sans problème les faveurs d'une cohorte de disciples féminines choisies parmi les plus jeunes et les plus jolies.
Personne n'est contraint, mais des mois, voire des années de conditionnement en faveur d'une libéralisation de la sexualité font vite tomber toutes les barrières, une situation dont profitent largement Raël et une poignée de ses lieutenants.
«Pour certaines personnes, les plus jeunes, les plus jolies, cela peut être la partouze permanente», convient Mme St-Hilaire. De ses stages de «méditation sensuelle» à Valcourt, Érick Lamarche se rappelle surtout «la cinquième étape, celle de l'érotisation, où on caresse les corps, les parties génitales, où on découvre l'autre corps... comme un autre univers». «Les gens ne se retiennent pas», explique-t-il, mais on parle davantage de séances de massage lascif que de sexualité explicite.
Claude Vorilhon, alias Raël, «adore qu'on le serve», explique Mme St-Hilaire, comme les Élohims, «qui font une faveur aux hommes en leur permettant de les servir quand ils reviendront sur Terre».
Pour le servir, il a créé l'«Ordre des Anges» en 1998, une caste de femmes choisies parmi les disciples.
Diffusé dans les «méditations sensuelles», le message des Élohims «reçu télépathiquement» par Raël le 13 décembre 1997 est on ne peut plus explicite.
Raël précise que les extraterrestres arriveront «avec une pléthore de robots biologiques pour nous servir». Mais les Élohims «vous aiment tellement... que nous souhaitons que quelques humains aient la possibilité, outre les contacts officiels... de nous approcher et de manifester leur amour. Nous les Élohims avons manifesté à travers l'Histoire le plaisir que nous avions à être au contact des filles des hommes», écrit Raël dans le texte supposément dicté par les extraterrestres.
Les Élohims ont «demandé à notre dernier prophète Raël de fonder un ordre religieux qui regroupera les jeunes femmes qui souhaitent consciemment mettre au service de leurs Créateurs (les Élohims) et de leurs Prophètes (Raël est le seul prophète vivant) leur beauté intérieure et extérieure».
Les Élohims veulent des individus «d'une grande beauté... puisque les tares physiques sont dues aux erreurs des générations passées».
Au surplus, poursuit Raël dans son texte, «les élues des Élohims si elles ont commencé leur vie sexuelle devront passer tous les tests médicaux disponibles pour s'assurer qu'elles ne sont porteuses d'aucune maladie sexuellement transmissible ou contagieuse».
«C'est comme si les extraterrestres, avec toute leur science, ne seront pas capables de détecter si les anges sont malades», lance Érick Lamarche avec un clin d'oeil. L'Ordre des Anges, une sélection des femmes les plus attirantes parmi les raéliens, a clairement été mis en place pour créer une forme de harem pour Claude Vorilhon.
Ironiquement, tant de femmes disciples de Raël ont spontanément revendiqué le privilège de faire partie des «Anges» qu'on a vite mis en place des castes, comme il en existe dans l'ensemble de la secte, explique Dominique St-Hilaire.
Les anges «ordinaires» sont des «Plumes blanches» et ne présentent guère d'intérêt pour le «prophète bien-aimé». D'autres, en revanche, les «Plumes roses», n'ont le droit d'avoir des rapports sexuels qu'entre elles ou avec les Élohims (les extraterrestres). Seule exception : elles peuvent avoir comme partenaire leur «prophète», en l'occurrence Claude Vorilhon.
«Elles sont libres de refuser ou d'accepter, mais si Raël demande, on ne refuse pas», d'expliquer Mme St-Hilaire, qui, entrée dans le mouvement à la fin de la trentaine, précisait récemment à l'animateur Paul Arcand qu'elle était «trop vieille» pour «sa sainteté».
Même parmi ce groupe sélect des «Plumes roses», Raël a créé un corps d'élite, les «Cordons dorés», choisies parmi les plus jeunes et les plus jolies adeptes, celles qui l'entourent et le servent dans ses manifestations publiques. La chambre et le bureau de Raël étaient tapissés de photos de jeune nymphes nues et, tout récemment, les courriels internes de la secte proposaient d'ériger au Jardin du prophète, à Valcourt, une statue de Raël nu entouré de figurants dans des poses suggestives.
«Les guides sont les mieux placés pour pouvoir cruiser, comme vous dites !» explique Mme St-Hilaire. «Il règne dans le mouvement une ambiance de liberté sexuelle qui fait qu'il n'y a pas de problème si vous êtes porté sur la chose», explique-t-elle.
L'ancienne disciple française dit avoir été témoin de situations où des mineures, proches de la majorité toutefois, «ont été sollicitées ou ont sollicité», mais jamais d'actes de pédophilie.
Même constat chez M. Lamarche, qui est toutefois révolté par la mise en place d'une autre caste, revendiquée par une mère raélienne pour les jeunes filles mineures parmi l'Ordre des Anges, les «Plumes noires», à qui tout contact sexuel est interdit avant l'âge de 18 ans.
«Imaginez ce qui se passe après des années d'un tel endoctrinement», dénonce M. Lamarche.
Dans le volumineux dossier qu'il collige sur les activités des raéliens, M. Lamarche montre l'extrait d'une publication interne de la secte. Sophie, la femme québécoise de Claude Vorilhon, avait tout juste 16 ans quand elle convola, au milieu des années 1990, avec le «prophète bien aimé».
La jeune Québécoise, dont la mère était déjà raélienne, expliquait qu'elle s'était aussi mariée religieusement pour éviter les problèmes juridiques : elle était encore mineure. «Le mariage officiel, c'était aussi parce que Raël avait bien envie d'avoir un passeport canadien», observe Dominique St-Hilaire.
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