La visite de Li Peng, à deux semaines du référendum, s'insère parfaitement dans le discours dominant des fédéralistes : c'est parce que le Québec fait partie du Canada que le premier ministre, Québécois lui-même, réussit à faire arrêter Li Peng à Montréal.
Extrapolons : c'est parce qu'il appartient au Canada que le Québec peut faire partie de grands ensembles comme l'Association de libre-échange pour l'Amérique du Nord (ALÉNA), ou l'Association pour la coopération économique dans le Pacifique (APEC).
Il y a donc une prime, les économistes appellent cela une « rente », à l'appartenance à un grand ensemble économique et politique. « Faux » dit Raël, alias Claude Vorilhon, dont le livre tout frais sorti des presses de Copie Minut à Laval, et inspiré par l'apparition soudaine d'un « vieil homme, debout, les bras dressés vers le ciel formant le V de la victoire », s'intitule évidemment : Vive le Québec libre !. Un sous-titre, « Faire du Québec la Suisse d'Amérique du Nord » a cependant accroché mon attention.
La thèse de Raël prend le contre-pied du discours « minorisateur » des fédéralistes selon lequel le Québec est trop petit pour jouer un rôle de soliste dans le concert des nations. Son poids démographique, 7,2 millions d'habitants, le place quelque part entre le Malawi et l'Autriche et bien avant le Luxembourg, la Nouvelle-Zélande, la Norvège, Israël, la Finlande, le Danemark et... la Suisse. Raël prédit d'ailleurs l'éclatement des grandes fédérations de Russie, de Chine et même des États-Unis, suggère que l'ONU passe une résolution obligeant les États dépassant une certaine taille à se diviser en deux ou plusieurs États indépendants, et conclut qu'il s'agit, pour le Québec, « de quitter une fédération trop petite, le Canada, pour devenir membre d'une autre à sa mesure, le futur gouvernement mondial. »
Un discours fédéraliste réducteur vous dirait que le Québec est trop petit pour de telles ambitions. « Pas du tout » dit Raël qui attend avec impatience sa citoyenneté canadienne pour voter en faveur de l'émission d'un passeport québécois, « Gouvernements et grandes fortunes se bousculent à Genève et à Lausanne et se tourneraient en aussi grand nombre vers Montréal si :
Raël prétend que 90 % des membres de son Mouvement sont indépendantistes. « Si mon livre peut influencer quelques dixièmes de pourcentage de l'électorat, ce sera toujours ça », dit-il en annonçant que les redevances de son livre seront versées au Comité du OUI. Dans le fond, Raël ne propose rien d'autre qu'un « projet de société » : petite, neutre et pacifiste, ouverte aux capitaux étrangers...
Faire du Québec un gros Liechtenstein de l'Amérique du Nord en somme. Ou inventer une façon de se tenir à l'écart des grandes ensembles sans en être totalement exclu : les dirigeants chinois s'arrêtent aussi souvent à Berne ou Zurich qu'ils ne visitent Ottawa ou Montréal.
Certains de mes amis se demandent ce qu'il m'arrive de m'intéresser ainsi au prophète du Mouvement Raëlien. « Qui est Raël ? », objectent-ils. Mais qui était Guy Bertrand jusqu'à ce que certains trouvent de leur intérêt de le prendre au sérieux ? « Et Raël parle aux extraterrestres ! » Certes. Mais à qui parle donc Jean Chrétien ?
« Qui est Raël ? » Mais qui était Guy Bertrand...
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