Le comité de discipline de l'Ordre des psychologues du Québec a poursuivi hier sa laborieuse enquête sur Daniel Chabot, un de ses membres en règle auquel il reproche trois infractions à son code de déontologie.
Première et deuxième infractions reprochées au psychologue qui enseigne au Cégep de Rosemont : une affirmation exagérée et revêtant un caractère purement sensationnel, à savoir « oui à la masturbation ». La même affirmation a été publiée aussi sous forme de publicité dans le journal La Presse les 26 juin et 3 juillet 1993, puis répétée dans des dépliants, le tout annonçant une conférence sur le sujet. Troisième infraction : le psychologue-enseignant a écrit un livre, édité par la Fondation raélienne, intitulé "Raël : analyse des effets psychiques et physiques de son enseignement".
L'ouvrage est présenté comme une analyse faite par Chabot « à la lumière de son expertise psychologique », et se présente comme un exercice scientifique alors que l'auteur omet d'annoncer qu'il est le président du Mouvement raélien au Canada. L'avocat de l'Ordre des psychologues du Québec, Me Patrick de Niverville, fera d'ailleurs intégrer dans la plainte le titre de « guide-évêque » que porte Daniel Chabot dans la hiérarchie raélienne, grade qu'il partage avec six autres Québécois et seulement une quinzaine d'autres membres du Mouvement raélien à travers le monde. Un expert, le professeur François Doré, professeur agrégé de psychologie à Laval, est venu dire que l'ouvrage de Daniel Chabot ne pouvait pas passer pour un ouvrage scientifique, et que le lecteur n'était pas mis en garde contre l'affiliation de l'auteur à un mouvement. Son ouvrage ne présente donc aucune garantie d'objectivité.
Le guide-évêque Chabot fait également d'autres affirmations qualifiées de « fausses » par l'Ordre des psychologues, soit que « aujourd'hui, sur la Terre, aucun individu n'enseigne l'éveil de la conscience comme le fait Raël... » etc. Et enfin, l'assertion figurant à l'endos de l'ouvrage que « ce livre constitue d'ailleurs la seule étude sérieuse sur le raëlisme permettant de se faire une opinion objective sur cette philosophie ».
On a entendu d'autres témoins, comme le professeur Normand Turgeon,
des Hautes études commerciales - résolument opposé
à l'utilisation de tabous comme la masturbation et l'onanisme dans
le contexte de l'éducation « religieuse » dans
la « société canadienne ». Puis un publicitaire
de BCP Stratégie, Pierrre Mérineau, est venu expliquer que
par définition une publicité devait choquer. Et il a comparé
le Oui à la masturbation de la conférence de Daniel
Chabot à la pub de Benetton, qui veut capter l'attention par le
choc et le scandale voulus.
(...)
Dans un jugement rendu le 26 juin, le comité de discipline de l'Ordre des psychologues du Québec a déclaré M. Chabot coupable d'avoir enfreint l'article 66 du Code de déontologie qui stipule que « dans ses déclarations publiques traitant de psychologie, le psychologue doit éviter le recours à l'exagération ainsi que toute affirmation revêtant un caractère purement sensationnel ».
Or, selon l'ordre des psychologues, il est clair qu'en reproduisant notamment l'affirmation « Oui à la masturbation » en caractères « plus que volumineux », dans le dépliant annonçant sa conférence, M. Chabot a voulu attirer lourdement l'attention sur le mot masturbation, un « mot qui, à tort ou à raison, peut encore aujourd'hui, dans notre société, choquer ou à tout le moins surprendre ».
Le comité blâme également M. Chabot pour s'être
servi de son titre de psychologue dans son livre « Raël :
analyse des effets psychiques et physiques de son enseignement »
sans jamais mentionner qu'il était le Guide-évêque
du mouvement raélien au Canada.
Le psychologue Daniel Chabot, professeur au cégep de Rosemont, est condamné à des amendes totalisant 5000 $ et au remboursement des frais d'expertise engagés par sa corporation professionnelle.
(...)
Selon Maître Patrick de Niverville qui agissait dans ce dossier pour le syndic de l'Ordre des psychologues du Québec, les frais d'expertise se situeront vraisemblablement autour de 5.000 $. Devant le comité de discipline, Me Niverville avait suggéré des amendes totalisant 10.000 $. Lors de l'audition sur la sanction, l'avocat de M. Chabot avait fait notamment valoir que son client n'avait aucun antécédent disciplinaire, n'avait cherché à obtenir aucun avantage pécuniaire, n'avait causé aucun tort et que le livre sur Raël n'avait eu qu'une faible diffusion.
Finalement, le comité a estimé que les gestes faits par le psychologue Chabot avaient eu une large diffusion dans le public et qu'il fallait en tenir compte dans la sanction.
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